Thomas Campione et Fabrice Croiseaux
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Romain Gamba
acteurs mettre en œuvre des offres qui intègrent ce risque, qui permettent de gérer cette volatilité. Je pense notamment à des fonds dédiés, comme le fonds de LaGrange Digital Asset Management. Au-delà du bitcoin ou de l’ether, il y a aussi une multitude de possibilités d’investissement dans les cryptos, qui permettent aussi de diversifier et de limiter le risque. Avec la finance décentralisée, concept qui répond à l’acronyme DeFi, il existe par ailleurs un large panel de nouveaux produits s’appuyant sur la blockchain et les cryptos, chacun ayant ses propriétés et fonctionnalités. Ils répondent à diverses stratégies d’investissement et à des besoins particuliers des investisseurs. La gestion de fortune peut dès lors envisager une multitude de stratégies s’appuyant sur des produits crypto, procéder à des financements, à des prêts, construire des produits dérivés… Les acteurs du wealth management ont la possibilité d’accompagner les clients dans leurs divers besoins, de manière plus efficiente. T. C. La volatilité ne doit pas être considérée seule. Il faut toujours l’envisager selon le risque et la perspective de retour sur investissement. Si l’on considère le rendement par unité de risque, l’investissement soumis à une forte volatilité reste néanmoins très intéressant. On constate une rentabilité largement supérieure aux autres classes d’actifs présentant un niveau de risque comparable. La perspective du rendement n’est pas le seul élément qui permet d’expliquer l’attrait des cryptos. On peut évoquer aussi une dimension sociale associée à l’adoption de celles-ci. Certains citoyens cherchent à limiter leur dépendance au système financier traditionnel, à se prémunir, par exemple, contre une éventuelle menace de voir un jour leurs avoirs bloqués pour une raison ou pour une autre. On a notamment vu cela au Canada récemment, avec une menace de demander aux banques de geler les avoirs bancaires des manifestants prenant part au blocage de la capitale. Quels éléments freinent encore les acteurs de la gestion de fortune dans l’intégration des crypto-actifs au sein de leurs offres ? F. C. Ces solutions sont encore difficiles d’accès. Pouvoir les intégrer au cœur d’une offre implique de développer une compréhension poussée des différents produits. Il y a une dimension technique qu’il faut pouvoir appréhender, de nouvelles compétences au niveau des métiers de la gestion patrimoniale à développer. La sphère crypto, en effet, ne répond pas tout à faire aux mêmes règles que la finance traditionnelle. Pour sécuriser les avoirs de ses clients, il faut donc approfondir les connaissances. Aujourd’hui, les acteurs sont encore frileux. Toutefois, ils prennent conscience du risque de se voir court-circuités s’ils ne permettent pas à leurs clients d’accéder à ces actifs. L’enjeu, plus qu’un accès aux
«Rester dans la zone de flou qui prévaut actuellement est contre-productif pour la place financière.» FABRICE CROISEAUX CEO, InTech
cryptos, est de pouvoir créer de la valeur ajoutée, en conseillant le client, en mettant en œuvre des stratégies d’investissement adaptées. T. C. La technologie est encore sujette à de nombreuses idées reçues. Pour beaucoup, de manière caricaturale, la crypto se limite au bitcoin et reste associée au financement du terrorisme. Or, il existe une grande diversité d’actifs numériques, chacun ayant un rôle ou une fonctionnalité différents. Le recours à la crypto pour soutenir des activités illégales, en outre, est loin de se vérifier. Au départ de la blockchain, toutes les transactions peuvent être tracées. On peut plus aisément retrouver l’auteur d’une activité illégale. La persistance de ces idées reçues révèle qu’il y a encore beaucoup d’éducation à faire à ce sujet. S’ils veulent développer une offre autour de cette activité, les professionnels du wealth management doivent gratter au-delà de la surface, s’immerger dans le sujet. Parce que le champ des possibilités offertes par la crypto semble particulièrement étendu… T. C. On dénombre environ 16.000 cryptos existantes. 90% d’entre elles n’ont pas d’intérêt. Cependant, c’est un secteur qui bouge extrêmement vite. De nouveaux actifs apparaissent tous les jours. S’il y a de tout, et beaucoup de n’importe quoi, il y a aussi des pépites. C’est un grand enjeu de parvenir à les identifier. Au-delà des «usual suspects» que sont le bitcoin et l’ether, dénicher le prochain Cardano ou Solana (deux protocoles crypto qui se sont imposés ces derniers mois) n’a rien d’évident. F. C. Oui, le champ des possibles est très vaste. Un autre avantage réside dans la tokénisation des actifs que permet la technologie. Cette possibilité permet de fractionner plus facilement des biens, comme des œuvres d’art ou un immeuble. Cela présente plusieurs avantages. D’abord, cela permet d’abaisser le montant du