Inflight Summer 2022

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Ristretto #PlaceFinanciĂšre

«On ne peut pas basculer vers un modĂšle de banque 100% virtuel» Digitalisation, critĂšres ESG, crĂ©dit hypothĂ©caire : Sandrine de Vuyst, head of retail and private banking chez ING Luxembourg, balise les thĂšmes de l’actualitĂ© du secteur bancaire.

À quoi ressemblera, selon vous, la banque de demain ? Aujourd’hui, on regarde davantage les besoins des clients que l’offre de produits et de services, comme c’était le cas il y a encore quelques annĂ©es. Le point de dĂ©part, c’est le client et sa satisfaction. La banque de demain sera avant tout celle des clients. À nous de satisfaire ces besoins de maniĂšre facile et rapide. FacilitĂ© et rapiditĂ© seront les maĂźtres-mots.

Notre politique est de donner accĂšs au plus grand nombre de services possible via le digital. Pour faire un changement d’adresse ou bloquer une carte, il n’est plus nĂ©cessaire d’aller en agence. Il y a toujours des gens qui voudront le faire physiquement. C’est pour eux que nous avons gardĂ© quelques agences ouvertes classiquement de 9 heures Ă  17 heures. Mais nous avons d’autres agences qui fonctionnent sur rendez-vous, de 8 heures Ă  19 heures, pour des services Ă  valeur ajoutĂ©e qui ne peuvent pas se faire aujourd’hui au travers d’une application mobile, et pour lesquels je crois que, mĂȘme dans le futur, on souhaitera toujours avoir du relationnel.

Comment cela se traduit-il sur le terrain ? D’abord par un recours accru Ă  la digitalisation. Mais sans que cela ne fasse perdre la nĂ©cessaire personnalisation de la relation avec le client.

Les agences ne sont donc pas condamnĂ©es Ă  disparaĂźtre ? Je crois que les agences ont encore de beaux jours devant elles. Le Luxembourg n’est pas prĂȘt pour un modĂšle exclusivement digital.

La digitalisation est une tendance lourde dans l’industrie. Les banquiers de demain seront-ils des dĂ©veloppeurs en baskets ? Personnellement, j’ai au dĂ©part une formation plus orientĂ©e « ventes », mais il est vrai que pour amĂ©liorer l’expĂ©rience de nos clients, il faut s’intĂ©resser soi-mĂȘme de prĂšs Ă  la digitalisation et Ă  tout le dĂ©veloppement informatique qui se cache derriĂšre. Et l’on peut d’ailleurs trĂšs bien ĂȘtre une dĂ©veloppeuse en talons, il n’y a pas de contre-indication !

L’autre grande attente des clients concerne les critĂšres ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance). Comment cela se retrouve-t-il dans votre fonctionnement et dans votre offre aux clients ? Le groupe ING travaille lĂ -dessus depuis de trĂšs nombreuses annĂ©es. Dans la banque de dĂ©tail, formaliser une telle offre de crĂ©dit est plus compliquĂ©. Notamment pour les prĂȘts hypothĂ©caires. Prenons l’exemple de l’environnement. On pourrait envisager de faciliter les prĂȘts pour Ă©quiper les maisons de panneaux solaires. Mais ces prĂȘts vont profiter Ă  des mĂ©nages qui ont les moyens de se lancer dans ce type de travaux. Les mĂ©nages Ă  plus faibles revenus vont alors se voir octroyer des taux plus Ă©levĂ©s parce qu’ils n’ont pas la surface financiĂšre.

Que recouvre le mot digitalisation chez ING ? Le fil directeur est la facilitĂ© avec laquelle on apporte les informations Ă  nos clients. Des informations pertinentes. Cela passe par notre application mobile, que l’on fait Ă©voluer en permanence.

Restons sur le marchĂ© hypothĂ©caire. Comment le voyez-vous Ă©voluer avec la hausse actuelle des taux ? La hausse spectaculaire et rapide des taux ces derniers mois se rĂ©percute de maniĂšre limitĂ©e, pour l’instant, sur le volume des crĂ©dits. Cela devrait se voir plus nettement dans les mois qui viennent.

Tous les services sont-ils par essence « digitalisables » ? Tout dĂ©pend du segment dans lequel on se trouve. Dans la banque de dĂ©tail et dans le service aux petites entreprises, l’accessibilitĂ© est le mot-clĂ©. Mais dans certains segments comme la banque privĂ©e ou le wholesale banking, le relationnel reste trĂšs important. Il peut y avoir toute une sĂ©rie de choses qui peuvent se faire Ă  distance, mais on ne peut pas basculer vers un modĂšle 100 % virtuel. C’est pour cela aussi que nous avons revu le mode de fonctionnement de nos agences. Justement, quelle est la place des agences bancaires dans le modĂšle opĂ©rationnel de la banque aujourd’hui ?

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SUMMER 2022

Pensez-vous qu’il y a une bulle immobiliĂšre prĂȘte Ă  Ă©clater ? La hausse des taux engendre des incertitudes, c’est certain. Mais la demande est toujours supĂ©rieure Ă  l’offre. Tant qu’il y aura de nouvelles personnes qui viendront s’installer au Grand-DuchĂ©, je ne pense pas que l’on pourra parler de bulle.

Sandrine de Vuyst ne constate pas de signes d’une bulle immobiliùre.

Interview MARC FASSONE Photo GUY WOLFF


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