10 | 21.3.2022 | AIDE HUMANITAIRE
Notre travail est un petit pansement sur une plaie trop grande Aline Iosca dirige actuellement
depuis la Pologne le transport de biens de première nécessité vers l’Ukraine. En temps normal, elle travaille en Suisse pour Migros Online et Digitec Galaxus. Cette experte en logistique raconte sa vie à deux pas de la guerre. Texte: Lisa Stutz
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Le 24 février, c’était mon anniversaire. J’ai alors pressenti que je devrais bientôt faire mes valises. C’est le jour où Poutine a déclenché la guerre en Ukraine. Cela fait plus de dix ans que je participe à des opérations d’aide humanitaire d’urgence. Je fais partie de deux pools de miliciens auxquels le Corps suisse d’aide humanitaire du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) ainsi que la Croix-Rouge suisse (CRS) peuvent faire appel en cas d’urgence. Cette fois, les deux ont appelé. Je suis experte en logistique dans le commerce en ligne. Au départ, j’ai fait un apprentissage en tant que détaillante, puis j’ai évolué vers la logistique dans le commerce électronique et je suis devenue responsable de la chaîne d’approvisionnement chez Digitec Galaxus. L’occasion d’aider des personnes dans le besoin grâce à mes compétences
professionnelles s’est rapidement présentée. En effet, je suis tombée sur une annonce pour un poste dans la logistique à la CroixRouge et la dernière phrase précisait: «Avec disponibilité pour des interventions occasionnelles dans des zones touchées par une catastrophe.» J’ai compris que je pouvais faire bouger les choses! Certes, ce poste n’était pas pour moi, mais j’ai fait des recherches et j’ai posé ma candidature pour faire partie des deux pools d’experts externes du DFAE et de la CRS. C’était juste après le grave tremblement de terre en Haïti, on cherchait de nouvelles personnes pour la logistique. Pourtant, ce n’était pas si facile d’y entrer. J’ai passé plusieurs entretiens de recrutement, j’ai dû
réussir des évaluations et passer des tests psychologiques. On est bien préparé aux situations d’urgence. Ce n’est pas parce que j’ai beaucoup de connaissances spécialisées qu’on peut m’envoyer immédiatement dans une zone de crise. Qui sont les acteurs mondiaux de l’aide humanitaire? Comment gérer les personnes traumatisées? Comment travailler avec des partenaires locaux? Il y avait beaucoup à apprendre. Finalement, j’ai obtenu le statut «disponible». Ma première mission a eu lieu en 2013 au Tchad, en Afrique, après des inondations. Depuis, j’ai effectué une quinzaine d’autres missions de plusieurs semaines. Et maintenant, la guerre en Ukraine. Avant de partir, j’ai dû
Aline Iosca, 42 ans, vit avec son conjoint à Zurich et travaille pour Migros Online et Digitec Galaxus dans le cadre de projets logistiques. Par ailleurs, elle effectue des interventions d’urgence pour le Corps suisse d’aide humanitaire, qui fait partie du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), et pour la Croix-Rouge suisse.
Les spécialistes peuvent trouver des infos sur les opérations d’aide dans les zones de crise sur cinfo.ch