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ce stade, il est difficile d’estimer les risques de diffusion de la crise à l’étranger »

Entretien

Pour le professeur de criminologie, Alain Bauer, responsable du pôle Sécurité et Défense au CNAM, l’impact du conflit au Moyen-Orient sur les Français juifs est difficile à estimer, à ce jour, avec précision.

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Comment la guerre déclenchée par le Hamas contre Israël pourrait-elle « impacter » la France et menacer ses citoyens juifs ?

Alain Bauer : Depuis le 3 octobre 1980, qui avait marqué le premier attentat contre des juifs à la synagogue de la rue Copernic à Paris, la France est régulièrement le théâtre d’attentats ou de tentatives d’attentats liés aux conflits du Moyen-Orient. Ils sont planifiés ou exécutés par des organisations palestiniennes ou proches, soit par des agents agissant pour des États, incluant la Libye, l’Iran, la Syrie… Tout événement au Proche ou Moyen- victimes d’agressions ou d’insultes. À ce jour, il est difficile d’estimer les risques de diffusion de la crise, mais il est certain que la conjonction rare

La France a-t-elle un rôle à jouer dans le conflit en cours ?

A.B. : La posture diplomatique de la France et sa relation particulière avec le Qatar pour aider à libérer ses otages et les autres otages pourraient lui permettre de redorer son image et de reprendre sa place parmi les nations ou même, sur les ruines des accords d’Oslo, de sauver les « accords d’Abraham » lors de l’intervention au Kosovo, il s’est réduit à six mois. Le temps d’alerte est fonction de la menace, de l’ennemi. Depuis les attentats du 11 septembre, le massacre de Beslan, le conflit en Syrie, l’annexion de la Crimée, la tuerie du Bataclan ou encore l’offensive de l’Azerbaïdjan et de la Turquie dans le HautKarabakh, le temps d’alerte est désormais presque nul. Demain, les armées n’auront que peu ou pas de temps pour réagir. C’est ce que nous venons de voir en Israël.

Chacun est encore terrifié en France par la violence des attaques du Hamas. Qu’est-ce qui a changé depuis le 11 septembre 2001 ?

Justement. Comment cette nouvelle guerre et la « surprise stratégique » qu’elle représente s’articule-t-elle avec l’état global, si instable, des relations internationales, selon vous ? Y a-t-il un risque de contagion mondiale ?

Orient ne provoque pas de résurgence des attentats, même si des poussées d’antisémitisme plus fortes se font sentir depuis quelques années, avec une croissance du nombre de d’acteurs (palestiniens, libanais ou iraniens) ayant déjà opéré contre les intérêts français ou la communauté juive en France impose une très grande prudence.

A.B. : Par le passé, au seuil d’une guerre « conventionnelle», les armées disposaient d’un temps d’alerte, c’est-à-dire d’une période relativement longue avant d’engager le combat (Temps d’alerte = T décision + T préparation + T entraînement + T déploiement). Pour ce qui est de la Première Guerre mondiale, on peut estimer un temps d’alerte de quatre années. Pour la Seconde, environ de dix mois, c’est la « drôle de guerre ». En 1990, lors de la guerre du Golfe ou en 1999,

À l’étranger, les citoyens israéliens appelés à la prudence

C onfirmant les craintes du Conseil national de sécurité israélien, deux touristes israéliens ont été tués dimanche par un policier égyptien à Alexandrie, en Égypte. Ce dernier aurait tiré à l’aveuglette sur un groupe de dix-sept Israéliens en visite dans le pays. Le Conseil national de sécurité avait appelé dans un communiqué les ressortissants israéliens à éviter les destinations sensibles.

« À la lumière de la guerre qui a éclaté à la suite de l’attaque terroriste meurtrière du Hamas contre Israël » , le Conseil national de sécurité a fait part de son « inquiétude » face à « la motivation accrue de terroristes et d’assaillants solitaires pour mener des attaques dans divers pays ».

Appelant « les Israéliens à reconsidérer leurs voyages prévus à l’étranger » il les appelle « à faire preuve de prudence et à réduire – autant que possible – leur

A.B. : L’humanité semble vouée à vivre éternellement entre conflits et intermèdes pacifiques. Depuis l’avènement de l’ère de l’Anthropocène, les sociétés humaines se complexifient mais les guerres tribales, régionales, continentales ou mondiales n’ont pas cessé pour autant. Comme je l’explique dans mon dernier livre*, « le cœur du monde bat au rythme de conflits qui arrachent constamment à l’inventivité humaine des progrès nouveaux, autant pour détruire que pour restaurer, autant pour tuer à coup sûr que pour mettre en sûreté, autant pour conquérir que pour sanctuariser » n Propos recueillis par Esther Amar

* Au c ommencement était la guerre, Ed. Fayard, 486 pages, 23,90 € présence dans les espaces publics » Et de conclure : « À la lumière des développements et des événements, les Israéliens pourraient avoir de plus en plus de difficultés à rentrer dans leur pays compte tenu du nombre réduit de vols étrangers vers Israël » n Caroll Azoulay

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