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Pourquoi Golda ne sort pas au cinéma
ENQUÊTE On se lève tous pour Golda, le long-métrage de Guy Nattiv, sera diffusé sur Canal + dès le 11 octobre ! Mais pourquoi donc, s’interrogent d’aucuns, cette absence du film en salle ? É léments de réponse.
Soirée de gala à la Berlinale, ouverture cet été au Festival de Jérusalem avec la présence d’Helen Mirren, projections multiples au Festival du cinéma américain de Deauville, Golda, le film du réalisateur israélien Guy Nattiv, oscarisé pour son court-métrage Skin semblait prometteur. S’il fait le buzz aux États-Unis avec une sortie nationale importante, en Israël aussi, mais avec un public frileux, il n’en est rien en France.
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Que dire de l’Angleterre où le film sort et qui voit déjà les appels au boycott et le BDS aux portes des cinémas ?
En France, il sera sur Canal +, en prime time, dès le samedi 11 octobre, à 21hO5 et en replay. Une possibilité magnifique pour le distributeur du film Sébastien Auscher, fondateur de Program Store, ravi de cette aubaine : cela permet à une grande audience de le voir dans cette case où la chaîne ne diffuse que des films prestigieux en avant-première. Il nous raconte la genèse de cette aventure commencée il y a deux ans dès la lecture du scénario qu’il adore : À nous deux Golda. Il trouve la prestation d’Helen Mirren hallucinante ; elle est déjà sur la liste des Oscars comme meilleure actrice. La partie est gagnée désormais, il en devient distributeur et il va se battre. En France, pour une sortie en salle c’est compliqué, les portes se ferment. Golda se concentre essentiellement sur la guerre de Kippour. Malgré un casting international - Camille Cottin, Lior Ashkenazi et Liev Schreiber -, il est loin de faire l’unanimité : « trop théâtral », « trop téléfilm », « trop touchy », disent les distributeurs. Elle fume tout le temps, ajoute une grande dame du cinéma avec beaucoup d’humour. Sioniste convaincue, elle trouve bizarre que les grands généraux de la première heure s’expriment dans le film en anglais. Derrière cette déclinaison générale, y aurait-il d’autres raisons obscures de ne pas distribuer le film ? Comme un refus d’Israël, une haine diffuse ? Sébastien Auscher réfute cette théorie. Alors, il prend un temps de réflexion.
Il va se tourner vers les chaînes de télévision. Avec cette diffusion sur Canal +, il se réserve un succès plus avantageux qu’avec une projection en salle, toujours menaçante d’un échec cuisant. De surcroît, Sébastien Auscher peut espérer le diffuser, ensuite, sur une plus grande chaîne accessible à tous. Guillaume de Seille, producteur d’Arizona, qui, à son actif, a plus de 60 coproductions, s’insurge contre la diabolisation des sites de cinéma en ligne. « C’est formidable pour les jeunes qui sont en province et cela leur permet de voir des films même en avant-première et de citer MUBI, une plateforme branchée qui a permis de faire connaître Paul Mescal, une star ». Pour lui, cela fait partie des outils contemporains, qui pérennisent l’existence d’un film. Il trouve Golda sombre. Et, pour lui, malgré le casting éblouissant, la mayonnaise n’a pas pris. Aussi juge-t-il sa présence sur Canal + très positive. Nombre de gros distributeurs achètent des quantités de films pour les diffuser directement sur la plateforme. Suggérer qu’il n’a pas été distribué en raison d’un biais négatif contre Israël n’apparaît pas, de loin, comme l’hypothèse la plus valide. Il faut préciser qu’il s’agit d’une coproduction anglaise et qu’il n’y a rien de très aventureux dans le film ou d’engagé, à part le profil de cette incroyable héroïne d’Israël, Golda. Israël, en outre, est devenu une véritable startup à séries, les longs-métrages y ont moins la cote.