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Et Jean-Pierre Elkabbach s’est tu…
HOMMAGE Il était le journaliste le plus charismatique et le roi de l’interview politique, Haïm Jean-Pierre Elkabbach s’est éteint à l’âge de 86 ans.
Georges Marchais s’était matérialisée à jamais : Taisez -vous, Elkabbach ! À force d’entendre cette voix célèbre, ce regard sombre et velouté, ce je ne sais quoi de sultanesque, de noire passion, on a fini par penser qu’un type comme lui ne pourrait jamais mourir ou que Dieu aurait oublié son dossier quelque part. Et même s’il n’apparaissait que de temps à autre, il vivait dans nos cœurs et faisait partie de l’histoire de la France. Un visage familier, un son qui rentrait dans les foyers, un charisme si fort qu’on ne pouvait pas l’oublier. Un journaliste à l’ancienne, Agra sur l’épaule et micro à la main : son arme fatale. C’était les grandes heures d’Europe N°1 et il en devient le magicien car il était le roi de l’interview politique. Et l’art de l’entretien, il le maîtrise à merveille. Il va rencontrer le monde entier : de Gaulle, Yasser Arafat, Yitzhak Rabin, Shimon Peres… La liste est longue. Il y a aussi Anouar el-Sadate, Nelson Mandela, Audrey Hepburn, Vladimir Poutine qu’il voit en 2014 et dont la préoccupation n’est pas encore l’Ukraine mais le bloc URSS/ USA et bien sûr tous les politiques français. Une pointe d’amitié avec Jacques Chirac. Il était direct et savait donner les bons conseils. A moi jeune journaliste travaillant dans un journal de mode chic, il disait : «on ne discerne pas l’information de la publicité». Une manière de me dire, partez. Et d’autres conseils, que j’ai suivis. Son regard était bienveillant, prégnant. Puis, il aura occupé tous les postes importants de la télévision jusqu’à créer Public Sénat, une chaîne privée. Récemment, il avait renoué avec le judaïsme. Il aimait avoir des conversations avec le grand rabbin de France
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Haïm Korsia, avec lequel il avait, outre le même prénom hébraïque, beaucoup d’affinités. Sentait-il la fin du voyage ? J’aime l’imaginer maintenant auprès de son père Charles, mort un jour de Kippour à l’office de la synagogue. Il n’avait alors que onze ans et demi. Et sous le ciel d’Oran d’un bleu si éclatant, ils se retrouvent enfin dans un rêve d’éternité.n Hélène Schoumann
ENQUÊTE Auteur de l’un des livres-événements de la rentrée, l’historien
Ivan Jablonka revient sur l’histoire du plus populaire, mais aussi du moins connu des Français. Plutôt que d’évoquer des détails intimes, l’auteur s’attache, en historien et en sociologue, à analyser la façon dont les chansons de Goldman ont changé nos vies et comment ce fils d’immigrés juifs polonais pénétrés d’idéaux progressistes a tendu un miroir à ses compatriotes. Entretien en chansons.

Goldman, c’est avant tout un nom, une identité : Comme toi; qui n’est pas ; Né en 17 en Leidenstadt ?
Ivan Jablonka : Comme toi est une chanson-clé du répertoire goldmanien, qui parle de l’assassinat d’une petite fille juive de 8 ans.
C’est une chanson sur la Shoah – sujet dont on ne parlait pas beaucoup – d’autant plus pudique et bouleversante qu’il n’y a pas les mots « juif », « guerre », « nazisme » ou «