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Entretien

Oleg Brodt est directeur R&D et innovation au Cyberpark de l’université Ben Gourion du Néguev, pôle mondial de la cyberdéfense, visité chaque année par des dizaines de décideurs et entrepreneurs. Il constate de nombreuses attaques par déni de service en marge du conflit « conventionnel » qui oppose le Hamas à Israël.

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Avez-vous constaté une recrudescence des attaques depuis samedi ?

Oleg Brodt : Chaque fois que nous sommes confrontés à un conflit militaire, les cyberattaques augmentent en Israël. Et cette guerre avec le Hamas ne fait pas exception. Nous avons été témoins de nombreuses attaques par déni de service dirigées contre des établissements universitaires, des entreprises, des gestionnaires de réseaux… pour voler des données. Un déni de service consiste à rendre inaccessible un serveur grâce à l'envoi de multiples requêtes pour le saturer ou à exploiter les failles de sécurité afin de provoquer développent des capacités cyberoffensives.

L’Iran est-il en cause ?

O.B. : Ce n’est un secret pour personne, le régime iranien a triplé et même quadruplé ses efforts pour attaquer Israël ces dernières années. Le responsable de la direction nationale israélienne de la cybersécurité a envoyé une alerte à toutes les organisations pour qu’elles se préparent aux cyberattaques. Nous nous attendons donc à des attaques massives. Par ailleurs, nous voyons sur les réseaux sociaux de nombreux professionnels israéliens se constituer en groupes de cybersécurité pour être avertis à temps des différentes pour les localiser et savoir s’ils sont en vie. Il semblerait également que des groupes tentent d'organiser des missions de sauvetage, ce qui devrait être laissé au gouvernement et aux autorités compétentes car ce sont des missions à haut risque.

Comment la cybersécurité a-t-elle évolué ?

O.B. : Les concepteurs d’Internet n’avaient pas intégré de dimension de protection en termes de cybersécurité. Ce « péché originel » de la technologie Internet s’amplifie et les défis croissent de façon exponentielle. Au point que ce réseau « intelligent » devrait être requalifié de « vulnérable » Rénover la structure existante mondiale représenterait un coût astronomique. Aujourd’hui encore, d’innombrables solutions et lignes de code non sécurisées, notamment pour l’IA, sont développées sans intégrer la sécurité dès la conception. Je pense aux objets connectés, entre autres. Au départ, les États utilisaient le cyberespace à des fins d’espionnage. Mais désormais les cybercriminels ont appris à monétiser leurs intrusions et exigent le paiement de rançons via des crypto-monnaies difficiles à tracer. Les dommages ne concernent plus uniquement les systèmes d’information mais aussi les infrastructures physiques impactant la vie des individus. Au point que le Pentagone a baptisé le cyberespace de « cinquième domaine », après la terre, la mer, l’air et l’espace. n Propos recueillis par Esther Amar une coupure ou une qualité de service fortement dégradée. Plusieurs groupes ont menacé d’attaquer Israël, comme le groupe russe Killnet, par exemple, ou des hackers qui soutiennent les terroristes islamistes. Les médias ont rapporté qu'une unité de hackers du Hamas située dans un bâtiment à Gaza avait tenté de bloquer le déploiement du Dôme de fer de Tsahal. Il est bien moins coûteux de former quelqu’un à la cyberguerre que de construire et de tirer un missile. De nombreux pays attaques qui sont sur le point de se produire. Il y a quelques années, il fallait un missile pour détruire une usine. Aujourd’hui, il suffit d’appuyer sur un bouton. Au moins la moitié des 500 start-ups israéliennes de cybersécurité travaillent dans des domaines tels que la détection des intrusions et les antivirus de nouvelle génération. C’est un atout majeur.

Les cybertech peuvent-elles aider à retrouver les otages ?

O.B. : Certains groupes essaient d'aider les familles des otages à Gaza

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