La Puce 104

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LA PUCE A l’OREILLE ÉDITO Chers lectrices, chers lecteurs

Sommaire du N° 104 • Edito • Alerte à stéréotypix • Assassinat du Dr Tiller • Femmes : des inégalités qui se perpétuent • Une animation en milieu scolaire • Le clitoris

Cette Puce à l’oreille N° 104, vous apparaît dans une présentation plus moderne, liée aux possibilités nouvelles données par l’informatique. Les personnes abonnées, pourront continuer à la recevoir sur papier si elles le désirent. Mais à partir de ce numéro, la possibilité nous est donnée d’élargir notre lectorat en la publiant aussi sur internet sur le site http://www.leplanning 34.org Suite aux inquiétudes relatives à l’engagement financier de l’Etat dont la ligne budgétaire avait

été diminuée de 42% pour 2009, nous avons le plaisir de vous informer que l’Etat s’est finalement engagé à rétablir de façon pérenne jusqu’en 2011 les subventions accordées en 2008. C’est pourquoi, nous tenons à remercier toutes les personnes qui nous ont témoigné leur

leurs prises de position et actions politiques ont rendu visibles et publics les enjeux de société qui sont au cœur de cette mission. Bonne lecture à tous et bon été. L’équipe de la Puce.

soutien et leur appui à l’action du Planning Familial, tant à titre individuel, qu’au nom de leur organisation en signant la pétition lancée le 29 Janvier dernier, et celles qui, par

• L’excision • Les femmes afghanes

MFPF 48 Boulevard Rabelais Téléphone : 04 67 64 62 19 Télécopie : 04 67 64 62 19 M-F-P-F.Montpellier@orange.fr

A compter du 1er septembre, retrouvez « La Puce » sur :

http://www.leplanning34.org


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ALERTE À STÉRÉOTYPIX ! Le 27 avril dernier dans l’amphithéâtre D de l’IUFM de Montpellier, l’association « Citoyennes Maintenant » a présenté le CD Rom «Alerte à Stéréotypix » : par le biais de cette action concrète, les militantes expriment leur engagement pour l’évolution de notre société vers une meilleure affirmation au quotidien de l’égalité de droits entre les hommes et les femmes. Ce travail est motivé par le constat que les représentations sur le sexe féminin impliquent une idée de hiérarchie entre les sexes. Ce regard porté par la société sur le sexe dit « faible » peut favoriser des attitudes de violence à l’encontre des femmes. Les militantes ont aussi fait le constat que les choix faits par les adolescents en matière d’orientation professionnelle sont largement conditionnés par le sexe auquel ils appartiennent. Comme l’a rappelé Danielle Antherieu dans sa présentation, « de nombreuses études sur ce sujet, démontrent que les stéréotypes de sexe se mettent en place dès la petite enfance. Ils sont transmis par les adultes et sont inscrits dans notre société. Nous avons décidé d’œuvrer pour lutter contre la mise en place de ces stéréotypes chaque fois qu’ils véhiculent une idée d’inégalité. Nous avons construit un outil pédagogique dans

ce but. » Le CD Rom est le résultat d’un travail en collaboration avec de nombreux professionnels à tous les niveaux et a été encouragé par diverses institutions. L’ expérience de terrain des participant a été précieuse tout au long de ce travail ; elle a enrichi la connaissance théorique du sujet qui était le point de départ de l’action des militants, tout comme leur propre expérience de parents, et de grands parents. La participation et l’encouragement de plusieurs institutions témoignent de l’intérêt de ce travail de « prévention ». Les formateurs de la petite enfance sont le premier public visé. L’association « Citoyennes maintenant » souhaite distribuer ce CD Rom dans le réseau de l’Education Nationale l’IUFM et les directions d’écoles maternelles. L’ensemble des intervenants auprès de la petite enfance – notamment les relais assistants maternels- est concerné par ce travail, sans oublier bien sûr les parents ! Une convention a d’ores et déjà été signée avec l’IRTS qui s’engage à l’utiliser auprès des étudiants dès la rentrée 2009-2010 « Citoyennes Maintenant » souhaite qu’une évaluation soit menée auprès des utilisateurs. En effet, il s’agit de le faire vivre pour qu’il s’intègre aux formations, comme se sont inté-

grées les sensibilisations à d’autres sujet transversaux tels l’écologie, la sécurité. Sa vocation étant de disparaître à terme parce que la déconstruction des stéréotypes sera fondue dans l’ensemble des pratiques. Voici le contenu du CD Rom : ◊ Présentation de quatre scènes de la vie quotidienne où les stéréotypes (c’est-à-dire, pour un adulte, ce qu’ « est » ou que « doit être » un garçon ou une fille) prennent le pas sur ce que, la fille ou le garçon sont réellement. ◊ Un livret d’accompagnement qui expose les motifs de ce travail, donne quelques repères et quelques définitions D ◊ Un document d’aide à l’utilisation de l’ensemble pour que la diffusion soit la plus large possible. Le théâtre-forum, utilisé comme méthode, est de plus en plus répandu dans les milieux de formation. Danielle Antherieu explique : « De nombreuses études ont démontré que l’environnement d’adultes conditionne largement la perception que l’enfant a ensuite de sa propre personnalité. Il est plus facile pour lui de se conformer à ce que l’on en attend et c’est ainsi que les schémas sexués se reproduisent.


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Le sexologue Gilbert Tordjman, poursuivi pour violes, est mort. En sortir reste toujours plus difficile. L’outil que nous avons construit a donc comme objectif final d’aider chaque individu, quel que soit son sexe, à acquérir la liberté d’être lui-même. Pour cela, il aide les adultes à prendre conscience des inégalités de fait que la société, par l’intermédiaire de ses adultes mais très souvent à leur insu, fait peser sur chaque individu, fille ou garçon. Nous pensons que l’assimilation inconsciente de ces inégalités dès le départ, impacte les choix de vie et peut se transformer en violence dans certaines situations conflictuelles. Nous espérons que notre travail permettra à chacun de réfléchir sur ces points et contribuera à infléchir ses

pratiques pour plus d’égalité entre les filles et les garçons. » Les associations (1) du réseau de « Citoyennes Maintenant » étaient invitées à la présentation du CD Rom « Alerte à Stéréotypix » et leurs suggestions d’utilisation de cet outil sont les bienvenues. Un CD Rom est disponible au Planning. (1)Le C.I.D.F., le Mouvement pour le Planning Familial, l’Amicale du Nid, Bâtir au Féminin, Féminin Pluriel, les cafés du Genre, la ligue des Droits de l’Homme, les C.E.M.E.A., Amnesty International, Chèvre-Feuille Etoilée, l’Ecole des Parents et des Educateurs, la Fédération des Conseils de Parents d’Elèves, l’I.P.E.I.C.C.

AVORTEMENT LE DR TILLER, TUÉ APRÈS DES ANNÉES DE HARCÈLEMENT PAR LES ANTI-IVG.

Cette disparition marque l’extinction de l’action publique contre le médecin qui devait comparaître, libre, aux assises à partir du 28 avril, pour répondre de l’accusation de 13 violes et une agression sexuelle entre 1992 et 2000. Il avait été mis en examen en mars 2002 après le dépôt de plaintes d’anciennes patientes l’accusant de viol et d’attouchements sexuels. Au total, une cinquantaine de femmes s’étaient manifestées mais beaucoup n’avaient pu porter plainte car les faits reprochés (que le Dr Tordjman contestait) étaient frappés de prescription (Source AFP)

Warren Hern est l'un des derniers médecins au monde (selon lui) à pratiquer l'avortement tardif, c'est-à-dire pendant le troisième trimestre de la grossesse. Sa clinique du Colorado est désormais sous haute surveillance. Une équipe de « US marshals », des agents du ministère de la Justice, vient d'être dépêchée sur place pour protéger le docteur et son établissement. Je suis le suivant sur la liste, a déclaré Hern après le meurtre de son ami et confrère George Tiller dimanche :« Cet homicide est la conséquence inévitable de plus de trente-cinq ans de terrorisme antiavortement, de violence et de harcèlements constants. Aussi ne suis-je nullement surpris de ce qui s'est passé. Depuis 1977 et selon la National Abortion Federation (pro-avortement), 6 100 actes de violence ont été commis contre des membres du corps médical pratiquant l'avortement aux Etats-Unis et au Canada. Le docteur George Tiller, 68 ans, abattu d'une balle alors qu'il assistait au service religieux de sa paroisse en compagnie de son épouse Jeanne, est la dernière victime d'un mouvement d'extrêmistes qui, s'il se dit « pro-vie », n'hésite pas à recourir à l'assassinat. Pour la bonne cause, paraît-il. Quatre docteurs ont déjà été descendus. Dix-sept autres ont été ciblés. Quant à George Tiller, il avait par deux fois survécu à des attentats. La première en 1986 lorsqu'une bombe fit voler sa clinique de Wichita (Kansas) en éclats. La seconde en 1993 lorsque Rachelle Shannon visa -et blessa- ses deux bras (elle est, depuis, en prison). A part ça, le docteur Tiller fut traîné au tribunal, menacé et harcelé pendant des années. Assiégée 24h/24 par des hordes de fanatiques brandissant des pancartes et d'effroyables photos de fœtus, sa clinique, le Women's Health Care Services, avait été reconstruite en version forteresse après l'attentat de 1986. Le mois dernier, enragés par une victoire juridique du docteur, des militants anti-avortement avaient réussi à désactiver le système de surveillance de l'établissement en sectionnant des câbles. Ils avaient aussi percé des trous dans le toit. La clinique avait été inondée par la pluie. L'étau se resserrait une fois de plus sur le docteur. En mars, Tiller avait été inculpé de 19 délits par un procureur du Kansas, Phill Kline. Selon le magistrat, le médecin violait la loi en pratiquant des IVG tardifs injustifiés sur des femmes saines de corps et d'esprit. Strictement réglementée, la procédure ne peut être exécutée que sur des futures mères dont la vie est mise en danger par leur fœtus, ou encore dans le cas où des fœtus, victimes de malformations, n'ont aucune chance de survie après la naissance. Le diagnostic doit de plus être confirmé par un second médecin n'ayant aucun lien financier ou intérêts communs avec le premier. Tiller était en autre accusé d'enfreindre cette clause de la loi. Depuis des années, il expliquait qu'il ne pratiquait ces IVG qu'en cas d'extrême danger pour la mère ou l'enfant, qu'il fallait bien que quelqu'un le fasse. Des femmes venaient de partout pour le consulter. ..


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Qu’en est -il en Languedoc Roussillon en 2009? Les inégalités salariales restent criantes (hors Paris le salaire horaire des Françaises est en moyenne inférieur de 18% à celui des Français), l’écart étant moindre dans notre région (-15%) pour la simple raison que l’ensemble des salaires y est globalement inférieur. Cet écart se serait un peu réduit depuis 2001, où il était estimé à 17%. En région, les secteurs les moins bien rémunérés : éducation, santé, action sociale, emploient 19% de salariées et à peine 5% d’hommes. Avec l’âge, l’écart entre les salaires s’amplifie : à 25 ans, le salaire horaire net moyen atteint 8,03 euros pour l’homme et 7,6 9euros pour la femme, soit -4%, mais après 55ans, l’écart est de 24% ! Il s’agit bien là de pratiques discriminatoires et inégalitaires. La loi est donc plus que nécessaire, encore faut il qu’elle soit appliquée.

FEMMES : DES INEGALITES QUI SE PERPETUENT Par Dominique Sarrazy

culièrement dans la vie professionnelle.

Nous souhaitons faire écho à un bilan sans complaisance dressé sous forme d’un rapport du Conseil Economique, social et environnemental ( CESE ) intitulé « 1968-2008 : Evolution et prospective de la situation des femmes dans la société française »signé par Pierrette CROSEMARIE et daté de février 2009.

Nous développerons ainsi dans plusieurs numéros de la Puce les différentes thématiques abordées dans cette communication en commençant par la sphère du travail.

En effet, la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre femmes et hommes a procédé à un examen rétrospectif et synthétique de l’évaluation des droits ouverts aux femmes durant les quarante dernières années, et a analysé dans différents domaines leur effectivité dans la société aujourd’hui. Ce rapport met en relief les progrès qui restent à réaliser afin que les femmes et les hommes soient égaux en droits et aussi dans les faits. Maîtrise de leur fécondité et choix de donner la vie, repérage et lutte contre les violences dont elles sont victimes, élévation importante de leur niveau de formation, affirmation de leur droit au travail et progression de leur participation à la vie politique, constituent des avancées majeures qui ont contribué à l’émancipation des femmes de 1968 à 2008. Cependant, de nombreuses résistances aux changements perpétuent les inégalités, tout parti-

I. LA SPHERE PROFESSIONNELLE Repères historiques Le droit au travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail, à un salaire égal pour un travail égal sont inscrits dans l’article 23 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Mais ce droit n’est toujours pas totalement acquis pour les femmes. Pourtant, droit inaliénable pour tous les êtres humains, il est la condition première de l’émancipation : droit à l’indépendance et à l’autonomie économique. Aujourd’hui, avec ou sans enfant, les femmes travaillent. Et pourtant, il n’est pas certain que leur droit au travail soit pleinement admis par la société. En effet, à y regarder de plus près, les femmes demeurent les plus touchées par les effets des crises économiques. Du point de vue de l’émancipation des femmes, la plupart des historiens considèrent que mai 1968 a constitué une rupture. Il s’agit d’un tournant dans l’histoire du travail des femmes : leur accès au travail leur ouvrait les perspectives

d’une vie différente. Elles ont accédé au travail pour exister, pour en partager les valeurs et aussi pour l’indépendance financière, socle de toutes les libertés. Cette affirmation du droit au travail ne s’est pas limitée à l’aspect idéologique, c’est un concept plus large qui va donner à la femme un statut complètement différent. Il influera aussi sur le partage des responsabilités et des tâches au sein du couple. Constat de certaines évolutions et discriminations persistantes Spécificité française, l’activité des femmes est particulièrement élevée dans la tranche d’âge de 25 à 49 ans : 85,6 % en 2006 (ce taux a un peu plus que doublé en quarante ans ). Durant cette période où les femmes ont des enfants et les élèvent, 8,5 sur 10 d’entre elles travaillent. C’est la fin de la discontinuité de la vie professionnelle des femmes. Ainsi le modèle antérieur selon lequel elles s’arrêtaient de travailler quand elles avaient des enfants et reprenaient une fois qu’ils avaient grandi, a cédé la place à un modèle d’activité continue qui était jusqu’à présent celui des hommes. Chez les plus de cinquante ans, l’activité des femmes continue également sa progression entamée depuis plus d’une décennie sous les effets conjugués d’une réduction des mesures de pré retraite et de l’impact


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démographique de l’arrivée à la cinquan- ment sur la retraite des femmes. taine des générations issues du baby- Pour le CESE, il convient de conforter le boom. droit au travail des femmes et de concréEn outre, féminisation et tertiarisation du tiser l’égalité professionnelle entre les salariat constituent une mutation structu- femmes et les hommes. relle qui se poursuit aujourd’hui encore. Quelques axes d’évolution préconiCette tendance se retrouve, à des de- sés grés divers, dans tous les pays de l’U1) développer la mixité des emplois et nion européenne. des fonctions dans tous les secteurs Si les femmes constituent désormais en France 47% de la population active, 2) développer la négociation collective et assurer l’égalité salariale deux tendances se côtoient : ◊ l’augmentation des emplois qualifiés 3) renforcer la prise en compte de la paattestée par le taux de féminisation des rentalité dans la vie professionnelle. cadres (37%) ◊ le renforcement de la précarité illustrée par la surreprésentation féminine des travailleurs à temps partiel (83%). Les résistances à l’égalité professionnelle et salariale demeurent fortes malgré un dispositif législatif et conventionnel de plus en plus incitatif. Plus globalement, les constats suivants peuvent être faits

Hommes et femmes ont en effet tout à gagner à s’impliquer davantage dans les questions d’égalité professionnelle et salariale : elles et ils véhiculent encore trop souvent des stéréotypes en décalage complet avec les évolutions sociétales des quarante dernières années, elles et ils bénéficieront des avancées en matière salariale, dans l’organisation du travail dans la mise en place des services et dans l’accès aux services publics.

◊ la réussite scolaire des filles n’a pas eu Sources : Rapport du CESE cité, Newencore raison de la ségrégation profes- sletter du MFPF n°157, Midi Libre du 07 sionnelle. Si les femmes ont opéré des mars 2009 avancées notables dans des professions où elles étaient minoritaires ou qui leur étaient fermées, leur présence s’est renforcée au sein des professions déjà fortement féminisées : enseignants, professions intermédiaires de la santé et du travail social, employées (administratifs, du commerce), personnels de services

Suite au numéro suivant…

◊ le plafond de verre (1) reste difficile à percer (1) le « plafond de verre » désigne « les barrières invisibles, artificielles, créées par des préjugés comportementaux et organisationnels qui empêchent les femmes d’accéder aux plus hautes responsabilités » ( BIT 1997) ◊ les responsabilités familiales continuent d’être inégalement partagées ◊ les écarts de salaires demeurent, selon les chiffrages, entre 5% et 11%, qui relèvent de la discrimination pure et simple ◊ ces différences de salaires durant la vie active se répercutent bien évidem-

Autres sources d’informations pour l’année en cours. Pour le CNDF (Collectif National pour les Droits des Femmes), l’année 2009 risque de voir les inégalités accentuées par la crise économique, dont les femmes pourraient être particulièrement victimes, alors que le chômage des femmes est déjà plus élevé que celui des hommes (9,6% contre 8,1%). Autres conséquence prévisible : le report ou l’abandon de la loi sur les sanctions financières aux entreprises récalcitrantes en matière d’égalité salariale, maintes fois promise pour 2010. Même le mouvement patronal Ethic s’est indigné du recul de la paritéD au sein des entreprises du CAC40, l’Oréal étant la seule société présentant un taux de mixité supérieur à 15% à tous les échelons. La situation s’aggrave même puisque, selon une étude de l’agence Capitalcom, la part des femmes dans l’effectif global des dirigeants du CAC 40 a baissé de 3,3 points sur un an. En outre, la maternité reste considérée comme un obstacle à la vie professionnelle :près d’un Français sur deux (46%) estime qu’être enceinte constitue un inconvénient dans la vie professionnelle, selon un sondage CSA réalisé pour la Halde à l’occasion de la Journée de la femme 2009. Et certaines sont encore licenciées pour cause de grossesse.


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Une animation en milieu scolaire. Extraits et commentaires Nous sommes dans un lycée professionnel à Montpellier, dans une classe de 1ère année section vente. Il y a une vingtaine de filles et seulement cinq garçons. L'enseignant accompagne la classe. Après la présentation d'usage, la discussion s'engage. Les propos retranscrits ci-dessous sont des moments de l'échange qui m'ont paru intéressants à extraire, car ils permettent de se questionner sur les enjeux d'une telle rencontre, tant pour les participants que pour les intervenants.

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« DES FOIS LA RÉPUTATION ELLE EST MÉRITÉE » Par Béatrice Cascales A (animatrice): A votre avis, pourquoi on vient vous rencontrer ? F (fille): Pour nous informer. F: Pour nous ouvrir l'esprit A: En matière d'information justement, est-ce que vous pensez savoir tout ce que vous avez besoin de savoir sur le corps, la sexualité, la prévention ? F: Oui. A: Et les autres, est-ce que vous pensez qu'il y a des sujets qu'on pourrait aborder aujourd'hui et qui seraient utiles ou intéressants ? F: Moi je pense qu'il faut parler du plaisir, c'est important. F: Moi, ça fait quatre fois que j'en ai, des interventions, et je trouve que ça sert à rien. A: Et pourquoi tu penses que ça sert à rien ? F: Parce que les jeunes qui veulent faire des bêtises, y a rien qui les en empêchera. F: Oui c'est vrai, en plus maintenant c'est la mode de le faire, y en a plein qui font ça comme ça juste pour s'amuser. A: Et à votre avis, quelles peuvent être les raisons pour lesquelles les gens ont des relations sexuelles ? G (garçon): Pour découvrir ce que c'est. F: Pour garder son copain, la plupart du temps c'est ça. F: Pour avoir des enfants aussi. F: Pour avoir du plaisir avec son copain. F: De toutes façons, ce que les gens font, du

moment qu'ils sont d'accord pour le faire, ça regarde personne. F: En tous cas moi je préfère une fille qui fait une pipe plutôt qu'une qui se fait mettre. A: Pourquoi ? F: Parce que c'est moins sale. A: Et c'est quoi qui est sale en fait ? F: Ben le gars on sait pas où il a mis sa bite avant. F: S'il s'est pas lavé, c'est dégueulasse ! A: Mais là c'est une question d'hygiène, alors vous imaginez des hommes qui auraient plusieurs relations sexuelles à la suite avec différentes personnes et sans se laver entre. C'est peut-être un cas particulier non ? Sinon est-ce que faire quelque chose de sexuel dont on a envie, ça salit ? F: Non mais nous, si on a des rapports, on s'fait facilement traiter de pute ou de salope, alors qu'un gars qui a plein de copines c'est un Don Juan ! A: Et qu'est-ce que vous en pensez, de cette différence de jugement ? F: C'est pas juste ! G: Ouais, mais c'est comme ça depuis toujours, on n'y peut rien. A: Là vous parlez des réputations, alors elles viennent d'où les réputations ? F: Des gens. F: Moi j'ai un copain et je m'en fous de c'que les gens disent de moi, je les emmerde ! F: Des fois la réputation, elle est méritée. F: Ouais, y a des filles qui s'la font ellesmêmes !

A: Qu'est-ce que voulez dire par là ? F: Y en a, elles abusent, elles ont les jambes écartées toute la journée, elles pensent qu'à ça, elles font que ça ! A: Ça doit être difficile de marcher quand on a les jambes "écartées toute la journée" non ? F: C'est une façon de parler Madame ! F: Elles passent leur temps à chauffer les mecs, à piquer les mecs des autres.... F: Ouais Madame, franchement quand vous êtes en boîte et que vous voyez deux personnes qui sortent des toilettes ensemble, c'est dégueulasse ! F: Ça c'est des vraies salopes, c'est des putes ! F: Des crasseuses compère ! Professeur: Moi j'aimerais savoir ce que pensent les garçons, qu'on n'entend pas beaucoup. Pour vous, c'est quoi une pute, ou une salope ? G: Une pute c'est une fille qui change de mec toutes les semaines. G: Pour moi une pute c'est une femme qui a des rapports sexuels pour de l'argent, sinon les autres filles elles font ce qu'elles veulent moi ça me regarde pas. A: Alors, à votre avis, pourquoi il y a des personnes qui ont beaucoup d'expériences sexuelles ? F: Peut-être parce qu'elles ont eu un chagrin d'amour; elles sont déçues alors elles font ça. G: Pour avoir du plaisir avec plusieurs person-


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nes. F: C'est sûr que c'est pour avoir du plaisir, on les force pas, mais c'est des salopes ! A: Au début de la discussion, vous disiez que c'était pas juste de juger les filles pour leur vie sexuelle alors qu'on ne juge pas les garçons de la même façon et là, c'est vous qui êtes en train de juger d'autres filles pour leur comportement sexuel. Vous disiez aussi tout à l'heure que ce que les gens font dans l'intimité ne regarde qu'eux mais maintenant vous avez l'air de dire que ce que font certaines filles de leur corps, c'est pas bien. Pourquoi ? F: Parce qu'elles se respectent pas. A: Comment on peut savoir ça à la place des autres ? Si des personnes ont le sentiment de se respecter ellesmêmes en faisant ce qu'elles ont envie de faire, c'est quoi le problème ? F: Le problème c'est qu'elles assument pas. A: C'est à dire ? F: Non elles assument, mais c'est leur comportement qui est vulgaire. F: Oui, mais ce que tu trouves vulgaire toi, peut-être c'est pas vulgaire pour tout le monde. On peut pas définir ce que c'est précisément la vulgarité. A: On en revient encore au regard des gens autour ; mais en quoi ce que fait cette personne est réellement mauvais pour elle-même ou pour les autres ? silence... F: On peut pas répondre à cette question ! D Cet échange, qui démarre avec une proposition « il faut parler du plaisir...», s'oriente ensuite vers le thème de la sexualité féminine, et se centre très vite sur le problème de la réputation. Il semble bien que ce sujet ait été au cœur des préoccupations d'un certain nombre de participantes ce jour-là. Il faut préciser, ce qui n'apparaît pas dans cette retranscription, que les deux tiers des filles présentes n'ont pas pris la parole du tout, peut-être par souci de préserver leur image, en pensant que celle-ci pourrait être menacée par le simple fait de s'exprimer oralement. Donc avant même que la question de la réputation n'apparaisse dans les

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discours, elle est déjà présente dans le silence de certaines personnes... La phrase: « des fois la réputation, elle est méritée » marque un tournant dans la discussion, de par le passage brutal d'un discours dénonçant l'injustice du jugement subi par les filles à des propos violents et virulents à l'encontre de celles qui feraient preuve d'une trop grande liberté sexuelle, autrement dit des filles d'un mauvais genre (c'est le cas de le dire). Une réputation « méritée » signifierait qu'il y a bien des comportements qui sont condamnables moralement « pour une fille ». D'où une distinction entre les vraies salopes et les fausses. Et l'injustice serait finalement d'être prise pour une vraie salope quand on est une fille respectable, et donc en l'occurrence une fille qui a du plaisir sexuel certes, mais avec son copain à condition évidemment de ne pas en changer toutes les semaines. L'existence de la vraie salope protègerait les filles qui ont une vie sexuelle, celle-ci risquant d'en faire des salopes (des fausses). Donc penser et dire qu'il y a des vraies salopes ou putes (bénévoles) permet aux jeunes filles qui ont des relations sexuelles de conserver un certain respect pour elles-mêmes dans un système de représentations sociales où le sexe est fondamentalement salissant pour la femme (sauf s'il est lavé par le sentiment amoureux si possible durable). Cette sentence prononcée agit comme un rappel à l'ordre, celui des normes toujours en vigueur. Il semble qu'à ce moment, l'enjeu de la rencontre ait changé pour une partie des personnes présentes, celles qui « l'ont déjà fait ». Protéger sa réputation devient une priorité. L'ambiance change, devient tendue et même si ce débat continue, je sens que mes questions mettent certaines personnes sous pression, ou agacent, comme si elles n'avaient pas à être posées. Elles font apparaître des explications successives telles que: « une salope c'est une fille qui a du plaisir avec plusieurs personnes/ une fille qui n'assume pas / une fille qui a un comportement vulgaire ». Un garçon semble proposer une autre vision de cette question quand il affirme:

« Protéger sa réputation devient une priorité. L'ambiance change, devient tendue et même si ce débat continue, je sens que mes questions mettent certaines personnes sous pression, ou agacent, comme si elles n'avaient pas à être posées »


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« pour moi une pute c'est une femme qui a des rapports sexuels pour de l'argent, sinon les autres filles elles font ce qu'elles veulent». Cette diversité de points de vue aboutit au constat implicite qu'il n'est pas possible de dire exactement ou objectivement ce qu'est une salope, ni pourquoi on pense que ce qu'elle fait n'est pas bien: « on peut pas répondre à cette question ». Continuer à réfléchir comporte un risque : celui de voir se transformer la figure de la salope, ou même de la faire disparaître. En revanche, s'arrêter de penser permet de conserver cette représentation en l'état et avec elle, le bouclier qui protège la réputation. En tant qu'animatrice, je me trouve aussi face à une alternative: ◊ insister encore pour approfondir la réflexion, quitte à mettre les personnes encore plus en état de défense, ce qui risque d'engendrer un certain malaise, de l'agressivité ou un blocage de la parole. ◊ prendre en compte ce « point de butée » et accepter d'en rester là, du moins sur cette problématique, afin de

conserver un climat suffisamment sécurisant où les personnes continuent à se sentir respectées, et pour pouvoir poursuivre l'échange dans de bonnes conditions. C'est cette option que je choisis, compte-tenu de la montée en « pression » que je ressens dans le groupe à ce moment-là. Cette alternative concerne directement la question de la posture d'animation. Il s'agira de trouver un équilibre entre ces deux positions. Celui-ci doit permettre, tout en laissant émerger des sujets ou des interrogations de la part des participants, d'accompagner leur réflexion sans chercher pour autant à diriger leur pensée vers la nôtre... Ce n'est pas facile ! Sachant qu'il y a des défenses ou des résistances « naturelles » à questionner des sujets qui ne sont pas supposés l'être (comme ceux qui se rattachent à un sentiment d'identité ou d'appartenance), la question qui se pose souvent est celle de la limite : jusqu'où puis-je aller pour permettre la réflexion quitte à déranger, déstabiliser les personnes, mais sans leur faire violence ?

LE CLITORIS, PETIT BOUT DE BONHEUR ! Par Françoise Michel

m'ont donné l'envie de bous. On n'en parle pas, transcrire quelques lignes on le connaît mal, on l'occulte." C'est ainsi Pourquoi vous parler à son propos. maintenant du clitoqu'Edouard Launet préfaris ? Un certain ce l'ouvrage de Rosemonnombre d'événede Pujol qui se veut rements récents aucueil de confidences et de tour de cet organe : témoignages de femmes un documentaire sur de tous âges et de tous Arte "le clitoris ce Les connaissances sur le milieux. cher inconnu", la clitoris, organe tabou par représentation épa- excellence, n’ont cessé, tante des depuis Hippocrate, d’être Le clitoris est une partie "monologues du rassemblées puis disper- érectile du sexe féminin vagin" en mars au sées à nouveau sous la situé au sommet des petiCorum à Montpel- pression de la norme so- tes lèvres. L’anatomie du lier, et le petit ma- ciale et de l'église catholi- clitoris est très semblable nuel de clitologie de que, puis de la psychana- à celle de la verge : il est constitué de deux corps Rosemonde Pujol lyse. nommé "un petit "Quoi un tabou ? Où ça ? caverneux (érectiles), d’un bout de bonheur" Comment ça ? Aujourd'hui gland, d’un frein et d’un indiqué par la biblio- encore ? Oui, le clitoris capuchon. Seule la partie graphie du MFPF est l'un des derniers ta- externe, le gland, de la

Qu’est-ce que cet organe ? De quoi est-il fait ? Que sait-on de lui ?

Anatomie.


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taille d’une petite groseille de 0,5 à 1 cm de diamètre recouverte par un capuchon est visible à la commissure des petites lèvres, mais il se prolonge à l’intérieur du corps par deux longues racines mesurant jusqu’à 8 cm de chaque côté de la vulve et de l’orifice vaginal. Le gland, en particulier, est très innervé, très vascularisé, et contient de nombreux récepteurs du plaisir, ce qui caractérise une zone très érogène. Le clitoris, comme le pénis, "possède un petit nerf moteur. Un nerf qui prend sa source là-haut, dans la glande hypophyse, à la base du cerveau, c'est le nerf érectile qui, pour le clitoris comme pour le pénis, aboutit aux sensations de joie, de bien-être et de jubilation que l'on appelle «orgasme»"

Selon certains gynécologues ou sexologues : Autres bienfaits

La fonction unique du clitoris est de générer du plaisir. Que vous l’appeliez «clito», «clitounet», «clicli» ou «bouton d’amour», le clitoris a une fonction importante dans le plaisir féminin lors d’une relation sexuelle. Aussi, consacrez-lui toute l’attention que mérite votre partenaire ! Le clitoris est innervé comme aucun autre organe humain, y compris le pénis de l’homme, avec

lequel il partage la même origine embryologique. Comme pour lui, une stimulation entraîne son érection mais, après un orgasme, il ne se relâche pas selon les mêmes modalités, ce qui rend possible la polyorgasmie chez la femme. Pour voir et toucher le clitoris, il faut que la femme ait les cuisses légèrement ouvertes. Il faut écarter les grandes puis les petites lèvres, et remonter entre les petites lèvres, car il se trouve à l’union de ces petites lèvres sous un capuchon qu’il faudra délicatement découvrir. Au doigt, le clitoris est perçu comme un petit renflement. Pendant l’excitation, il sort du capuchon, gonfle, durcit, s’allonge, change de couleur et devient plus sensible, exactement comme un sexe d’homme. Par contre, c’est au moment le plus fort de l’excitation, quand la femme est sur le point de jouir, qu’il disparaît soudain et se recroqueville sous le capuchon du début.

La caresse sur le sexe d’une femme comme sur celui d’un homme a deux buts. Le premier, faire venir l’excitation quand le corps et l’esprit sont au repos. Le deuxième, conduire au plaisir quand l’excitation est déjà là. Cet organe étant très sensible, la stimulation doit se faire très délicatement et en ayant pris soin du lubrifier les zones concernées. Certaines femmes ont un gland si sensible qu’il est impossible de le toucher directement. Avec les doigts, les lèvres, la langue... Du moment qu’elles sont faites délicatement, les caresses du clitoris sont la plupart du temps appréciées par les femmes et favorisent la venue du plaisir. Même chez les femmes qui se disent vaginales, environ 50 % avouent avoir besoin d’une stimulation clitoridienne pour parvenir à l’orgasme. La langue est souvent considérée comme le meilleur stimulant du clitoris, parce qu’elle est douce tout en étant

"la ménopause marque (ou devrait marquer) le début d'un nouvel épanouissement de la sexualité de la femme. D'un tout autre ordre que l'épanouissement classiquement attribué à la grossesse, avec ses craintes, ses peurs, ses risques pour l'enfant à venir. Ils affirment aussi, aidés par les psychologues et les biologistes, que l'excitation orgasmique fait partie des moyens de prolonger la vie en conservant des hormones en état de marche et non pas en dormance. (G) Le vagin devenu "inutile", c'est-à-dire destiné au seul plaisir comme c'est le cas naturel du clitoris. L'un en creux, l'autre en bosse, ils peuvent s'épanouir - nous épanouir - en accordant en solo ou en chœur et sans contraintes, leurs partitions musicales. A une condition toutefois : avoir appris les gammes et les doigtésG


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Témoignages 75 ans et plus : des avalanches d'interdits "Résultats globaux de ma quête 50% d'échec autant de réussites" ◊ Elle 78 ans, son mari 83 ans : "Lui : Je n'ai pas peur de le dire, c'est au bordel que les femmes m'ont fait connaître cette partie de leur vulve. Elle : Moi aussi j'ai eu de la chance de tomber sur un mari savant. Ils ont éclaté d'un bon rire. Ils se sont tapé sur l'épaule. Complices." ◊ Ancienne standardiste, 83 ans : "C'est quand même formidable d'avoir cet instrument, à nous seules, les femmes ! Mais c'est scandaleux de censurer ce plaisir humain, pas méchant, pas sale (on n'a pas besoin de se laver après) qui déclenche un orgasme extraordinaire ; peut-être parce qu'il est débarrassé de l'appréhension d'une grossesse redoutée ?"

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active. Ainsi, beaucoup de femmes connaissent surtout l’orgasme par cunnilingus. La tige peut également être stimulée. Un frottement appuyé à cet endroit produit des sensations très voluptueuses. Les positions où le pubis de l’homme appuie sur le pubis féminin permettent une telle stimulation. Les racines du clitoris aboutissant dans le vagin, sur les bords, des caresses relativement appuyées des deux côtés du vagin, tout près de l’entrée, peuvent aussi procurer de très fortes sensations. Mais il apparaît que le plaisir nécessite une coïncidence entre le sexe et le cerveau et que, pour les femmes, l’établissement de cette relation est le fruit d’un apprentissage, d’où l’importance d’une éducation sexuelle sans tabou dès l’adolescence.

Témoignages Les ados de 14 à 20 ans Connaissent-elles le clitoris et qui leur a appris : les parents, les profs, les films ? ◊ "On sait. On a appris tous seuls. Les parents : bouche cousue ! dans les films pornos on ne voit rien sauf les bites toujours dressées ! Même dans les livres scolaires il y a toutes les explications sur leurs parties sexuelles, les extérieures, les intérieures. Pour nous rien ! Si ! pour nous : l'utérus avec ses trompes en forme de corne et ses ovaires en forme d'oreillesG L'utérus comme une bête à cornes ! cocues d'avance ! L'utérus, les trompes, les ovaires. On sait tout ! (G) comme si on voulait nous inciter à faire tout de suite des enfants !" ◊ "Moi, c'est une copine qui m'a tout dit même les caresses avec le clitorisG dans la merG on faisait semblant de se baignerG j'ai recommencé seule, chez moi, dans la baignoire. Et sans baignoire aussiG Et j'ai appris à mon petit ami. J'en ai prlé à d'autres copines." ◊ "J'ai commencé à savoir que le clitoris existait je devais avoir 13 ou 14 ans : la télé, les journaux qui dénonçaient l'excision de filles encore plus jeunes que moi (G) Avec des camarades de mon lycée, tous intrigués et indignés

de cette mutilation, nous avons cherché sur le Net. (G) Une phrase nous a beaucoup interpellés et donné une clef de l'énigme. «faire l'amour avec plaisir c'est le bonheur que le Docteur Foldès offre aux Africaines excisées» (Il reconstituait les clitoris coupés). Cet organe engendrait donc du bonheur ? (G) Après vous avez tout compris ? Oui, grâce au Net et à tout ce que Foldès a dit dans une conférence rapportée sur le NetG De 30 à 50 ans : des mères ignorantes ou pudibondes ◊ Une commerçante 40 ans "Oh maisG vous m'en apprenez des chosesG" ◊ Une infirmière 50 ans, trois enfants : "Il est de bonne volonté mon mari. Mais avec le bout de sa langue, il ne vise pas toujours très bienG surtout quand mon clitoris est endormiG pas prêtG Alors je complète les caresses avec mes doigts. C'est ça l'harmonique, l'harmonie." ◊ Une sage-femme 47 ans : "Après un temps de silence, j'ai lu que les sages-femmes en 1600 ou 1700, caressaient le clitoris des femmes enceintes afin que le plaisir charnel de la mère rende le futur enfant plus beau et plus fortG Mais je n'ai jamais osé essayer". ◊ Serveuse de restaurant, NordAfricaine, 35 ans : "Chez nous, au Maroc, ce sont les mères qui apprennent aux filles. Ma mère m'a tout expliqué quand j'avais 11 ou 12 ans. C'est de mère à fille ; entre femmes. Et souvent, c'est nous qui l'apprenons à nos maris.". L'intergroupe 65-75 ans : des portes verrouillées "Mon enquête a échoué pour cette tranche d'âge. Comme elle est assez restreinte, il se peut que mes résultats ne reflètent pas la réalité. (G) J'ai eu l'impression de me trouver devant des rouleaux de barbelés ou des portes verrouillées." ◊ Une fonctionnaire chef de service 65 ans : "Ces choses-là c'est l'abomination, c'est de la luxure ! je ne veux pas en entendre parler ! c'est scandaleux !"


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◊ "J'ai surtout collectionné les : - Je suis bien comme ça ! - Mon mari m'aime, moi aussi, il n'y a rien à voir d'autre ! - J'ai plus l'âge de penser à ça ! D'ailleurs, ça ne m'a jamais amusée !" ◊ Enfin, une retraitée de 68 ans : "J'ai commencé à 16 ans, en Normandie ; je me suis apprise avec les juments. Un vétérinaire qui leur coupait le clitoris afin qu'elles courent mieux à Deauville, m'avait tout expliqué (G) Avec des copains, on a mis les explications du véto en pratique. Inutile de vous dire que depuis plus de cinquante ansG je m'en sers. Et j'ai appris à mon mari à s'en servir. Comme il est plus lent à jouir aujourd'hui (il a 75 ans) , et comme le clitoris, jeune ou vieux, est lent à la détente, on se retrouve, désormais au même rythme. Pour moi, c'est encore meilleur qu'avant." ◊ - 60 ans mariée sans enfant : "J'étais pensionnaire dans une institution catholique. Nous avions un

confesseur qui nous répétait la même question : Est-ce que vous vous êtes touchée ? Eh oui ! j'étais fautive. Et malgré des heures de prières imposées en guise de pénitence, je recommençais. Et le confesseur me grondaitG Mais la «chose» me revenait, sans que je le veuilleG Ce fut le cauchemar de mon adolescence. Ça a dû me bloquer. Pendant des années, je n'ai pas osé parler de clitoris à mon premier mari. C'est le second qui m'a remisG disonsG la pendule en marche." Je conclurai avec Sappho "Béni soit le Seigneur qui m'a donné dix doigts ◊ Pour que mon clitoris ait le plaisir du choix". Sources : "Un petit bout de bonheur" Rosemonde Pujol - Petit manuel de clitologie - Editeur JeanClaude Gawsewitch *Préface d'Edouard Launet www.clitoris-film.com ; blog.lesperlesduchat.com ; http://sante-az.aufeminin.com

EXCISION Par Françoise Michel On ne peut pas parler du clitoris sans parler de l'excision. www.web-libre.org Il s'agit d'ailleurs d'une question d'actualité puisque mardi 14 avril 2009, Valérie Létard, Secrétaire d'Etat à la solidarité, a lancé deux campagnes parallèles de prévention l'une contre les mariages forcés et l'autre contre les mutilations sexuelles féminines, "fléaux barbares, anachroniques et injustifiables". Deux brochures d'information invitent les femmes à "briser la loi du silence" en leur rappelant que "la loi française est applicable à toutes les jeunes filles, quelle que soit leur origine ethnique".

Extrait de sa conférence de Presse "Mesdames, messieurs, Le sujet dont nous débattons aujourd’hui est d’une grande gravité. Les mutilations sexuelles féminines, est-il besoin de le rappeler, sont à la fois inacceptables et lourdes de conséquences. Elles peuvent entraîner la mort. Leurs répercussions psychiques sont dramatiques. Elles sont une humiliation et une atteinte à la dignité des petites filles, des jeunes filles et des femmes inacceptables dans nos sociétés. Vu de France, le sujet peut paraître lointain à certains d’entre nous. Pourtant, la France n’est

pas épargnée. On estime entre 55000 et 65000 les fillettes et femmes mutilées ou menacées de l’être et il arrive souvent que les fillettes résidant en France soient excisées durant les vacances dans leur pays d’origine. Nous ne pouvons par le silence, cautionner de tels actes. Mieux prévenir, c’est mieux combattre, j’en suis convaincue. (D) "Je rappellerai que la France est le seul pays à avoir porté des affaires d’excision en justice. Cette jurisprudence s’est appuyée sur l’exercice du droit du sol et la protection des enfants. La pratique de l’excision sur des fillettes nées en France a suscité la réaction des pouvoirs publics et asso-

L’excision : Souffrances atroces et traumatisme durable. L'excision entraîne avant tout des souffrances atroces et les conséquences sur la santé sont désastreuses. C'est la plupart du temps un traumatisme durable, voire définitif pour les femmes concernées. Choc psychologique et douloureux dont les séquelles peuvent persister toute une vie ; conséquences physiologiques à court, moyen et long terme qui peuvent varier du handicap à la mort pour certaines femmes. A court terme, les risques d'infections et d'hémorragies sont particulièrement forts, à moyen et long terme, ce sont incontinence, douleurs intenses lors des rapports sexuels, risques importants pour la mère lors de l'accouchement, kystes, abcès, augmentation du risque de contamination par le virus du sida, et parfois stérilité, en particulier avec l'infibulation. Sans compter les jeunes filles qui décèdent suite à cette pratique.


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Réparation du clitoris possible Depuis 25 ans, le Dr Pierre Foldès, chirurgien urologue français, a mis au point une technique de réparation des dommages de l'excision. Seule solution : l'opération chirurgicale. Il enseigne cette technique et opère de nombreuses femmes en France et en Afrique pour leur permettre de retrouver leur intégrité physique. Le clitoris fait une dizaine de centimètres de longueur et lors de l’excision, c’est la partie externe qui est coupée. L'opération consiste à pratiquer une incision du pubis afin de "dégager" le reste du clitoris qui est toujours innervé. Cet acte chirurgical dure entre une demi-heure et une heure. La douleur se fait sentir pendant la dizaine de jours qui suit l’intervention. Au bout d’un mois et demi, le clitoris prend forme et permet aux femmes de récupérer la sensibilité du clitoris trois à six mois plus tard, dans plus de deux tiers des cas.

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accompagner, les orienter et même les protéger. (D)

ciatifs dès le début des années 80. Le premier procès a eu lieu en 1979. Pour renforcer la lutte contre les mutilations sexuelles féminines, la loi du 4 avril 2006 prévoit en particulier :

La brochure intitulée « Combattre l’excision » est destinée aux jeunes filles, aux femmes, aux familles, pour répondre au besoin d’information, et pour souligner le caractère répréhensible de tels actes."

◊ l’allongement du délai de prescription à vingt ans et à compter de la majorité de la victime ; ◊ la possibilité de réprimer ces pratiques lorsqu’elles sont commises à l’étranger sur une victime mineure étrangère résidant habituellement en France ;

Rappels sur l'excision

◊ l’obligation de lever le secret professionnel en cas de mutilations sexuelles sur mineure. Il est de notre devoir de protéger les fillettes et les jeunes filles menacées d’excision."

Sous l'appellation globale d'excision, trois types de mutilations sexuelles féminines existent : ◊ la plus pratiquée consiste à couper le prépuce du clitoris, sa membrane, ou simplement à l'inciser.

"Parallèlement à la répression, nous insistons sur la prévention. Il est essentiel de sensibiliser les parents et les enfants. (D) Il faut dire aux jeunes filles qu'elles ne sont pas seules, leur donner des outils, des contacts utiles, leur dire que leur entourage - un professeur, une assistante sociale, une association spécialisée - peut les

◊ la clitorectomie consiste en l'ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres ◊ l'infibulation qui représente 15 % des mutilations génitales féminines, principalement pratiquée en Afrique de

Ont participé à ce numéro : ◊ Béatrice

Cascales,

◊ Marianne

Loupiac,

◊ Françoise

Michel,

◊ Dominique

Sarrazy

◊ Marie-Christine

Vion,

l'Est, en est la forme la plus grave. Il s'agit d'une ablation du clitoris, des petites et des grandes lèvres. La vulve est ensuite suturée pour ne laisser ouvert qu'un espace permettant d'uriner et de laisser passer les flux menstruels. Sources : LEMONDE.FR - fr.reuters.com - nouvelobs.com - doctissimo.fr AFRIK.COM (2003) : Le clitoris retrouvé


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