ParDavidCantin
Tous les deux ans, le Carrefour international de théâtre de Québec est un événement printanier incontournable. Du 12 au 24 mai prochain, une vingtaine de spectacles, dont sept en provenance de l’étranger, seront à l’affiche dans différentes salles de la ville pour le plus grand bonheur des passionnés de cet art de la scène. En compagnie de la codirectrice de la manifestation culturelle, Marie Gignac, on résume brièvement le contenu de cette septième programmation.
Photo:GintsMalderis
De Daniele Finzi Pasca de Suisse à Arpad Schilling de Hongrie, il y a ici deux extrêmes qui se côtoient dans cette programmation 2004 du Carrefour international de théâtre de Québec. Inutile de le répéter, Marie Gignac semble plus satisfaite que jamais face à cette sélection qui devrait combler un très large public. Elle parle d’abord du retour très attendu de l’homme de théâtre Suisse, Daniele Finzi Pasca, sept ans après son mémorable Icaro. Cette fois, il revient avec sa plus récente création, Te Amo (Je t’aime), où l’on fait la connaissance de deux amies ayant vécu une longue séparation et dont les retrouvailles s’annoncent houleuses. La codirectrice avec Brigitte Haentjens parlent d’un spectacle tendre, poétique et clownesque. Beaucoup plus provocateur, W - Le Cirque des travailleurs du jeune metteur en scène hongrois Arpad Schilling s’inspire des théories d’Artaud en proposant une relecture plutôt rageuse du Woyzeck de Georg Büchner. Une pièce-choc, en réponse à l’inhumanité de la condition humaine. Dans un tout autre registre, Gignac souligne la présence de Or Press Escape où la soliste Edit Kaldor navigue, de festival en festival, son porta-
Du Québec, on retient d’abord la présence de l’extraordinaire metteur en scène Denis Marleau qui proposera sa toute dernière création: une adaptation multisensorielle du texte Le Moine noir de Tchekhov. Une valeur sûre. On a aussi très hâte d’assister à La Fête des morts de Céline Bonnier et Nathalie Claude, du Théâtre Momentum, qui se déroule dans un vrai cimetière (l’endroit exact reste à déterminer). Marie Gignac dit aussi beaucoup de bien d’Abel et Bela de Robert Pinget, à l’enseigne du Théâtre de Fortune de Montréal. Du Canada, on accueille à nouveau le travail de Daniel MacIvor. Du côté des artistes locaux, le Théâtre Niveau Parking présente L’Impératrice du dégoût de Lorraine Côté. En ce qui concerne la nouvelle garde, Cheech de François Létourneau dans une mise en scène très cinématographique de Frédéric Blanchette devrait plaire aux amateurs de comédie casse-tête. De Québec, la jeune Véronique Côté reprend Une année sans été, alors que Jean-Philippe Joubert fait de même avec Satie, agacement en tête de bois. Par ailleurs, Frédéric Dubois et Anne-Marie Olivier s’occuperont, à nouveau, des Labos de la jeune création en se risquant à un marathon théâtral de trois jours. Pour fêter les 60 ans des conservatoires de Québec et Montréal, le Carrefour met à l’affiche des productions crées par d’anciens élèves et interprétées par les finissants de la cuvée 2004. Antoine Laprise et Frédéric Blanchette sont les heureux élus, à titre de metteurs en scène pour Les Cercueils de zinc ainsi que Gestion de la ressource humaine. Côté famille, deux spectacles sont au programme: L’Eau, là de la Compagnie Agitez le bestiaire de France tout comme La Couturière de Jasmine Dubé. En terminant, Gignac confirme qu’il y aura de nombreuses activités périphériques, des midi-rencontres, un colloque autour du monologue au théâtre, ainsi que plusieurs lectures publiques. On n’oublie pas non plus le Zinc où il sera possible d’aller faire la fête en fin de soirée. Un rendez-vous à ne pas manquer.
Revidents
ble sous le bras, afin d’écrire sur le thème de la solitude à l’intérieur des grandes villes. Toujours dans le volet international, Du serpent de l’écrivain du roi et de Diderot en provenance de Belgique et des Pays-Bas s’interroge sur le vrai comme le faux au théâtre. Une proposition aussi anarchique que burlesque. Lors Noren, le plus grand auteur suédois depuis Strindberg, mettra en scène lui-même son texte Guerre, qui dresse le portrait d’une famille où l’on doit survivre face à la dégradation des liens affectifs. La comédienne de Québec jase aussi avec enthousiasme de Revidents (Le Réviseur), de Gogol, que porte à la scène Alvis Hernanis (Lettonie) dans une cantine soviétique des années 70. Acclamée un peu partout en Europe, cette pièce prend une tournure politique particulièrement satirique. Un univers pessimiste et glacial qui relève autant de la bande dessinée que de la chorégraphie.
NOS CHOIX FESTIVAL INTERNATIONAL DE MUSIQUE ACTUELLE DE VICTORIAVILLE Du 20 au 24 mai. À environ une heure de Québec, le Festival international de musique actuelle de Victoriaville attire chaque année son lot de curieux et de mélomanes. Pour ce 21e festival (du 20 au 24 mai), Michel Levasseur, son directeur artistique, présente une centaine de musiciens venus de quatorze pays. Au menu, l’imprévisible guitariste Derek Bailey, le collectif japonais Acid Mother’s Temple, le légendaire John Zorn, une premier arrêt pour Fennesz au Québec, le retour attendu de The Ex, ainsi que les Montréalais Fly Pan Am et Sam Shalabi. Une aventure musicale aussi inusitée que prestigieuse dans les environs. AUX PORTES DU ROYAUME Texte de Knut Hamsun. Mise en scène: Claude Poissant. Une production du Théâtre du Trident au Grand Théâtre de Québec, du 13 avril au 8 mai.
Photo:RollineLaporte
Œuvre importante de la littérature norvégienne, Aux portes du royaume est le premier volet d’une trilogie signée Knut Hamsun. Dans une mise en scène de Claude Poissant, on peut s’attendre à un véritable festin théâtral en compagnie d’Hugues Frenette, Yves Amyot, Anne-Marie Olivier, Paul Hébert et quatre autres interprètes. Un morceau de choix pour clore la saison du Trident.
Cheech 30
–MagazineLeClapn°116•du9avrilau3juin2004
WWW.CLAP.QC.CA