8 minute read

La filière forêt-bois

Second potentiel forestier d’Afrique, la forêt gabonaise couvre 22,8 millions d’hectares, soit 88% du territoire gabonais. 12,5 millions d’hectares ont été identifiés comme exploitables et les stocks actuels de bois s’élèvent à 400 millions de m³ dont 130 millions de m³ d’okoumé, essence mondialement réputée pour la fabrication de contre-plaqué. Environ 80 essences d’arbres sont actuellement exploitées alors que 400 autres espèces sont considérées comme exploitables.

Représentant 60 % du Produit intérieur brut (PIB) hors hydrocarbures, 5% du PIB global, 60% des exportations hors pétrole, la filière bois est l’un des piliers historiques de l’économie gabonaise et représente environ 17 000 emplois directs et indirects du secteur privé. La filière bois est ainsi le deuxième employeur après la fonction publique au Gabon. Le gouvernement souhaite faire passer la part de ce secteur à 15% du PIB dans un avenir proche car ce secteur est une valeur réelle pour la diversification économique. L’industrialisation permet la création de nombreux emplois tout en ap- portant une valeur ajoutée et donc un gain considérable pour l’économie.

Advertisement

Depuis l’interdiction en 2009 par l’Etat gabonais de l’exportation des grumes, la filière forêt-bois s’est développée. Alors que le pays comptait à cette période 82 usines de transformation du bois en activité, aujourd’hui il en compte 155 soit près du double neuf ans plus tard. L’interdiction d’exportation des grumes a permis d’éviter des émissions de gaz à effet de serre de l’ordre de 69 millions de tonnes de CO2. La filière forêt-bois a inexorablement subi un changement en profondeur depuis l’interdiction d’exportation de grumes.

L’industrialisation en marche

La Zone économique à régime privilégié (ZERP) de Nkok, qui s’étend sur 1 126 hectares, a largement contribué au développement du secteur bois. Elle compte aujourd’hui près de 78 entreprises dont plus de la moitié opère dans le secteur bois. Ces dernières traitent en moyenne mensuellement à elles seules 720 000 m3 de flux bois en grumes et en transforment 400 000 m3. Le dynamisme de toutes ces entreprises a permis au Gabon de devenir le premier producteur africain de placage et deuxième producteur mondial. L’objectif étant, comme l’a indiqué le chef de l’État en avril dernier, d’être le premier producteur mondial d’ici trois ans. Autre preuve de la vitalité du secteur, l’ouverture en juin 2018 du Centre d’exposition de mobilier en bois situé en plein cœur de la ZERP de Nkok.

En outre, un partenariat conclu entre le ministère des Petites et Moyennes Entreprises (PME), l’Agence Nationale de la Promotion des Investissements (ANPI), Junior Achievement (JA) Gabon et Gabon Wood hub a permis la création d’un incubateur dédié à la filière bois.

La Caisse des Dépôts et de Consignations (CDC) du Gabon obtenu un accord de crédit auprès de Afreximbank en novembre 2018. La CDC du Gabon va ainsi lancer le Fonds Dette pour le développement de l’Industrie du Bois, encore appelé Wood Industry Loan Fund (WILF), un organisme chargé de développer les entreprises de bois de la Zone économique spéciale (ZES) de Nkok au Gabon. Les prêts disponibles sous forme de crédits renouvelables à court terme seront destinés à une cinquantaine d’entreprises locales opérant dans le secteur du bois.

Devenir un leader mondial des bois tropicaux

Le Gabon a affirmé sa volonté de devenir un leader mondial des bois tropicaux certifiés grâce à une stratégie industrielle visant à gérer les stocks de façon durable et à valoriser la deuxième et troisième transformation. Le gouvernement souhaite se diriger vers une démarche durable. Ainsi, toutes les concessions devront avoir migré vers la certification, telle que le Pan-African Forest Certification (PAFC) en 2024. L’avantage fondamental des normes nationales PAFC Gabon repose dans leurs conceptions spécifiques, intégrant les enjeux environnementaux, socio-économiques, culturelles et juridiques du pays.

La certification doit permettre au bois gabonais de davantage pénétrer les marchés européens et américains, où les prix d’achat sont plus élevés. Afin d’améliorer l’attractivité de la filière bois auprès des investisseurs, le chef de l’État a fixé 2022 comme date butoir pour certifier l’ensemble des concessions forestières du pays. A ce jour, onze entreprises sont détentrices d’un label de certification.

L’extension à toutes les concessions forestières stimulera une production plus écoresponsable au niveau local, améliorera la qualité de notre production et créera par conséquent des emplois.

La préservation des forêts

Le Gabon dispose d’une biodiversité exceptionnelle grâce à sa forêt tropicale, un patrimoine naturel qui revêt un intérêt tout particulier pour l’Etat gabonais qui, au cours des dernières années, a affiné sa politique environnementale pour rendre son action effective. Des engagements ont été pris sur la scène internationale, une nouvelle organisation a été mise en place sur le plan local et de nombreuses actions sont conduites au quotidien pour atteindre les objectifs fixés et enrichir l’expérience du pays en matière de préservation de l’environnement.

Le Gabon ambitionne de devenir une référence et un modèle africain dans la lutte contre le changement climatique. Ainsi, le gouvernement s’est lancé dans une politique ambitieuse de mise en aménagement durable des concessions forestières, positionnant ainsi le Gabon en pointe en Afrique centrale. Engagé depuis quelques années dans un processus d’aménagement des forêts, le Gabon considère que sur l’ensemble des surfaces forestières, environ 8 millions d’hectares disposent d’un plan d’aménagement durable et le reste est soumis aux études préliminaires. De même, environ 2,5 millions d’hectares de forêt sont certifiés Forest Stewardship Council (FSC).Dans le cadre de l’Accord de Paris, le Gabon s’est engagé à réduire de 50% ses émissions de CO2 et le pays s’est lancé dans une optique de renforcement permanent du dispositif de protection de l’environnement. Il s’est doté le 22 juillet 2017 d’un cadre réglementaire spécifique à la surveillance des forêts, car l’exploitation et la déforestation représentent 80% de ses émissions actuelles. Avec la mise en place de l’Agence gabonaise d’études et d’observations spatiales (AGEOS), toutes les activités susceptibles de porter atteinte à l’intégrité forestière font dorénavant l’objet d’une surveillance satellitaire.

Investir

L’arrivée de nouveaux investisseurs et le renforcement de l’écosystème d’opérateurs existants est une priorité. Les opportunités d’affaires existent réellement au Gabon dans la filière bois. La ZERP de Nkok dédiera une large part de son activité à la transformation du bois. Le régime privilégié dont bénéficie majoritairement l’industrie du bois est bénéfique aux investisseurs, car il accorde des exonérations fiscales et douanières pendant 25 ans à toutes les entreprises installées sur le site. Nkok contribue, en outre, à exposer une vitrine des compétences des exploitants forestiers gabonais et des industriels dans la valorisation des matières premières par une industrie novatrice et de pointe.

Évolution de l’exploitation forestière

L’exploitation forestière

L’activité de l’exploitation forestière a enregistré des résultats en forte progression à fin décembre 2018. En effet, la production de grumes s’est élevée à environ 1,9 million de m3, en hausse de 11%. Au cours de la même période, les ventes de grumes aux industries locales ne disposant pas de permis forestiers ou d’essences appropriées ont atteint un volume de 533 392 m3, en baisse de 12 % par rapport à 2017.

Les industries du bois

Au terme de l’année 2018, les industries de transformation du bois ont enregistré une nouvelle progression de leurs performances industrielles et commerciales. En effet, la production de bois débités a augmenté de 13,7% à 963 834 m3, en lien avec l’amélioration des conditions d’approvisionnement des unités de production et de la montée en puissance des usines nouvellement installées, notamment celles situées dans la zone de Nkok. Sur le plan commercial, les ventes locales ont explosé pour se situer à 110 303 m3, tandis que les exportations ont progressé de 8% à 734 635 m3, attribuable à la fermeté de la demande de bois sciés sur le marché asiatique.

Les unités de sciage

Au terme de l’année 2018, on note une amélioration des performances industrielles et commerciales de l’activité de sciage. En effet, sur le plan industriel, la production de bois sciés a connu une hausse de 17,1% pour se situer à 610 927 m3. Cette embellie résulte d’un meilleur approvisionnement des unités de transformation en grumes et du renforcement du tissu industriel (investissements pour la modernisation des scieries). De même, les ventes locales et les exportations se sont situées respectivement à 70 508 m3 et 451 447 m3, toutes deux en croissance. Cette amélioration provient de la forte demande du marché local et des commandes soutenues du marché asiatique du bois scié.

Evolution de l’activité de production des industries du bois

Sources: DICB, échantillon des industries du bois

Évolution de l’activité de sciage

(en m3)

Sources : CoraWood, Sitrab, Hua Jia, Bso, Somivab, Ifeg, Tbni, Bsg, RFM, Ceb, Rougier Gabon, SAEF (ex-Safor), Tali Bois, Cbg, Bordamur, Trg, EGG, Mpb, Sbl, GWI, KHLL, Hua Sen,

Les unités de déroulage

• Le placage

Les unités de fabrication des placages ont consolidé les bonnes performances enregistrées depuis plus de deux ans à la faveur des industries installées dans la ZERP de Nkok. Ainsi, la production de placage est passée à 315 477 m 3, soit une augmentation de 14,8% par rapport à celle réalisée en 2017. Cette situation s’explique aussi par une accélération du rythme d’approvisionnement des usines en grumes. De même, les ventes locales ont atteint 31 695 m 3 , tandis que les exportations ont augmenté de 30,1% à 252 908 m 3, en lien avec l’amélioration des performances du cluster de Nkok et la fermeté de la demande du marché extérieur.

• Le contreplaqué

La branche de fabrication de contreplaqué a par contre enregistré des contreperformances en 2018. En effet, la production est passée de 51 232 m 3 en 2017 à 37 431 m 3, soit une chute de 26,9%. Cette évolution résulte des difficultés d’approvisionnement en grumes des principales unités de transformation de ce segment. Sur le plan commercial, les exportations ont suivi la même tendance baissière avec des ventes de 30 280 m3 en 2018, suite aux difficultés de logistique, notamment au niveau

Évolution de l’activité de placage

portuaire (baisse du rythme de déserte des navires). A contrario, les ventes locales ont enregistré une hausse de 28,6% à 8 101 m 3, en liaison avec l’affermissement des consommations du marché local.

Sources : RimbunanHijau, ThebaultTransbois, Cema, Cora Wood, Tgi, Pdg, CPBG, Sbl, Seef, OtimVeener, Evergreen Gabon Gsez, Rougier Gabon, AfricaViews, Gabon Veneer, Ignite Gabon, Ikoni International, Solid Wood Gabon, Sun Veneer, Greenply Gabon, Timberworkz, Crest Wood International, VD Afro Products, Afeefa Overseas Gabon, Prime Wood.

Évolution de l’activité de contreplaqué

International, VD Afro Products, Afeefa Overseas Gabon, Prime Wood.

Entretien avec Hervé Ekoué, Fondateur et Directeur général de Gorilla Furniture, entreprise accompagnant une initiative du gouvernement gabonais destinée à diversifier les sources de croissance et de développement durable.

Comment se structure votre société au Gabon ?

Créée en 2016, suite à la mise en place de la Zone Economique à Régime privilégié, issue d’un partenariat entre l’Etat gabonais et le Groupe Privé OLAM, GORILLA IN and OUT FURNITURES est une société spécialisée dans la troisième transformation du bois en produits finis.

Si l’activité était initialement centrée sur la production de caillebotis, de lames de terrasse, et de panneaux d’occultation, GORILLA à rapidement développé de nouveaux produits à destination du Mexique et de la France tels que divers mobiliers de jardin et d’intérieur. Un équipement de qualité industrielle et une organisation solide permettent de produire des produits de haute qualité.

Aussi, fort d’un effectif de plus de 70 employés, GORILLA est une société en pleine croissance, qui s’organise autour de trois pôles interdépendants que sont le Marketing, la Production et la Logistique.

La vision à moyen terme étant la certification FSC de l’outil et du process de production, il n’y a aucun doute que cette belle aventure aille bien plus loin que cela ne l’est à ce jour.

Par quelles actions participez-vous au développement durable ?

Nous combinons les trois facteurs que sont : l’efficacité économique, l’équité sociale et la qualité environnementale. Pour atteindre ces objectifs, nous nous basons sur la solidarité sociale, la participation individuelle et la formation de nos collaborateurs désireux au métier du bois, dans le but du transfert des compétences, la prévention collective et individuelle, l’assurance et le contrôle de l’origine de notre matière première ainsi que le sens de la responsabilité des dirigeants.

This article is from: