
4 minute read
La situation du système bancaire : Des financements pour l’économie
Le paysage bancaire gabonais compte dix banques agréées par la Commission bancaire d’Afrique centrale (COBAC) qui, elle-même, est rattachée à la Banque des Etats d’Afrique centrale (BEAC).
Filiale de grands groupes panafricains pour la plupart, les banques établies au Gabon se partagent un marché de 1,6 millions d’habitants où 30% de la population est bancarisée. Dans l’espace communautaire, ce niveau d’accès aux services financiers, bien qu’il soit en deçà de certains seuils observés dans les économies dynamiques, reste de loin le plus élevé de la CEMAC. Malgré une hausse de 10% du total bilan des banques gabonaises, la fragilité des bilans de certaines institutions, freine la croissance du crédit. Ainsi, en décembre 2018, le Fonds monétaire international (FMI) a souligné qu’il était nécessaire d’accélérer la liquidation des trois banques en difficulté et de s’attaquer promptement au niveau excessif des prêts improductifs afin de renforcer le secteur bancaire et d’encourager le crédit au secteur privé. Le FMI a demandé à l’Etat de vendre ses actions au sein de la Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Gabon (BICIG). La vente par l’actionnaire de référence, la banque française BNP Paribas, de 41% des parts qu’elle détenait dans le capital de la BICIG, avait abouti à faire du Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS), une entité publique, l’actionnaire majoritaire de la banque. Le Gabon qui enregistre un développement sans précédent de son secteur du numérique n’est pas en reste quant à la bancarisation à travers le « mobile banking » ou « finance mobile », synonyme d’inclusion financière. Sa simplicité d’utilisation en fait une solution alternative pour l’accès des populations les plus fragiles aux services financiers de base, en simplifiant la vie quotidienne de milliers de citadins en facilitant le paiement des factures courantes. La valeur totale des transactions sur le « mobile banking » a connu au Gabon, une progression fulgurante en très peu de temps.
Advertisement
Fin mai 2019, le chef de l’Etat a exhorté les groupes bancaires -notamment la BGFIBank, leader du secteur bancaire en Afrique centrale - d’accompagner les PME et les grandes entreprises gabonaises, principales pourvoyeuses d’emplois. La hausse des crédits accordés aux entreprises privées en 2018 est le signe de la confiance retrouvée dans
Banques
les perspectives économiques du pays. Mais, si les banques accordent leurs faveurs aux administrations publiques et au secteur privé, ce n’est pas le cas pour les entreprises publiques. En 2018, leurs crédits se sont contractés de 50,4% à 14 milliards de francs CFA.
L’analyse bilancielle
Au 31 décembre 2018, le total agrégé des bilans des banques a progressé de 10,8% à 2 433,8 milliards de FCFA contre 2 196,2 milliards un an plus tôt. Cette évolution est essentiellement liée à la hausse des dépôts de la clientèle (+ 11,5% à 2 071,9 milliards de FCFA à la fin de l’année 2018) et à une hausse des capitaux permanents (+ 12%).

Evolution de la situation bilancielle (en milliards de FCFA)
Sources : COBAC / DGEPF
Aussi, le taux de couverture des crédits par les dépôts s’est amélioré, passant de 124% au 31 décembre 2017 à 134,4% en décembre 2018. Par ailleurs, les créances en souffrance ont progressé de 39% à 289,8 milliards de FCFA à fin décembre 2018.
Les opérations avec la clientèle
Les ressources collectées
Les ressources collectées par le secteur bancaire gabonais se sont consolidées de 11,5% à 2 071,9 milliards de FCFA en 2018, tirées par les augmentations simultanées des dépôts à vue et à terme.

Les ressources à vue ont enregistré une augmentation de 14,7% à 1 271,7 milliards de FCFA, essentiellement liée à la hausse conjointe des dépôts des entreprises privées (+ 12,7%) et des dépôts non ventilés (+ 18,2%). Les ressources à vue ont représenté 61,4% du total des dépôts contre 59,7% à la même période l’année précédente.
Les ressources à terme collectées auprès de la clientèle, essentiellement constituées des comptes à terme et des comptes de dépôts à régime spécial (bons de caisse) se sont établies à 693,8 milliards de FCFA en décembre 2018 contre 659,6 milliards en décembre 2017, soit une hausse de 5,2%. Ces ressources ont représenté 33,5% du total des dépôts collectés. A fin décembre, les dépôts publics ont baissé de 41,9% à 103,1 milliards de FCFA. Ces dépôts ont représenté 5% du total des dépôts collectés contre 9,5% à la fin décembre 2017. Par contre, les dépôts du secteur privé non financier se sont consolidés de 12,7% à 1 743,7 milliards de FCFA au cours de la période sous-revue.
Les crédits distribués Au 31 décembre 2018, les crédits bruts distribués ont augmenté de 3,8% à 1 695,4 milliards de FCFA contre 1 633,2 milliards un an auparavant, impactés essentiellement par la hausse des crédits au secteur privé.
Banques
Evolution des ressources par type de compte (en milliards de FCFA)
Evolution des dépôts par type de déposants (en milliards de FCFA)
En glissement annuel, les crédits octroyés au secteur privé se sont raffermis de + 5,9% à 1 113,8 milliards de FCFA en décembre 2018. Ils ont représenté 65,7% du total des crédits contre 64,4% en décembre 2017. Les crédits octroyés aux administrations publiques se sont confortés de 6,4% à 491,2 milliards de FCFA à la fin du quatrième trimestre 2018. Ceux-ci ont représenté 29% de l’ensemble des crédits bruts distribués.
Les crédits consentis aux entreprises publiques qui ont représenté 1,7% du total des crédits bruts, ont régressé de 50,4% à 14 milliards de FCFA à la fin de l’année 2018 contre 28,2 milliards un an auparavant.
Enfin, on note une hausse des opérations de crédit-bail dont l’encours s’élève à 15,8 milliards de FCFA en décembre 2018 contre 11 milliards un an plus tôt.
Evolution des crédits bruts par type de bénéficiaires (en milliards de FCFA)