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Les mines : priorité au manganèse et à l’or

Le Gabon dispose d’un sous-sol très riche en ressources minérales avec plus de 900 indices miniers dont les plus importants sont le manganèse (réserves d’environ 250 millions de tonne), le fer (réserves de plus de 1 milliard de tonne), l’or et les terres rares. Toutefois, la filière des mines, reposant essentiellement sur l’exploitation du manganèse, contribue faiblement à l’économie gabonaise avec 6% du PIB. Le Gabon veut porter la part du secteur minier dans son PIB de 6% à 10% dans les deux ans.

Dans l’optique de faire de cette filière un pilier majeur de son économie, le Gabon a défini deux orientations stratégiques : l’optimisation de la valeur ajoutée par la transformation locale et la diversification de l’exploitation des minerais. Le Gabon s’est engagé dans une série d’investissements ayant permis la construction d’un barrage hydroélectrique destiné à approvisionner en énergie deux usines de transformation de manganèse qui ont vu le jour en 2014 et qui transforment, à ce jour, 10% de la production annuelle du Gabon. Aussi, le pays a renforcé la gouvernance de sa filière des mines notamment par la révision du code minier rendant le cadre des affaires plus attractif aux investisseurs. Le Gabon compte poursuivre cette dynamique afin de développer cette filière grâce à la diversification de l’exploitation minière et la transformation locale. Mis à part le manganèse, de nombreuses richesses minières sont à exploiter :

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• Fer : Le gouvernement va développer les gisements de Bélinga et Baniaka avec des réserves estimées à 1 milliard de tonnes.

• Or : Le Gabon produit officiellement une tonne d’or par an, mais, environ 4 tonnes d’or sortent illégalement du pays chaque année. Les réserves sont estimées entre

30 et 50 tonnes et des gisements primaires faciles à extraire ont été découverts lors d’explorations récentes. En plus de la construction d’une usine au sein de la zone économique spéciale de Nkok, un audit actuellement en cours permettra de réorganiser cette filière stratégique pour le gouvernement.

• Diamant : La production de diamants de qualité est essentiellement concentrée dans trois provinces : Ngounié à Makongonio, Woleu-Ntem à Mitzic et l’Ogooué-Ivindo à Makokou. L’adhésion du Gabon au Processus de Kimberley a pour intérêt économique de formaliser les exploitations minières artisanales et à petite échelle.

• Niobium : Réserves estimées à 300 tonnes. Indispensable à la sidérurgie mondiale et à l’industrie de pointe. Le gisement polymétallique de Mabounié, situé à 50 km de Lambaréné, est un réservoir de classe mondiale, de par sa composition et par le volume des réserves des minerais que l’on y trouve notamment, le Niobium, le tantale, les terres rares, l’uranium, auxquels s’ajoutent les phosphates.

• Phosphate : Réserves estimées à 140 millions de tonnes.

• Terres rares : Réserves estimées à 50 millions de tonnes.

• Plomb - zinc : Réserves estimées à 6 600 tonnes. Kroussou a un potentiel de plusieurs grands systèmes de minerai de zinc-plomb à haute teneur de sulfures. Outre l’adoption par le Parlement en décembre 2018 de la nouvelle loi minière du pays, la réforme permettra d’attirer davantage d’investissements directs étrangers, et de capter plus d’accompagnements de la part des bailleurs de fonds. Le Gabon mise aussi sur le regroupement en coopératives des producteurs d’or et de diamants dans l’exercice 2019 contribuant ainsi à l’amélioration du PIB du secteur minier de manière globale.

Evolution de l’activité de transformation de

L’industrie minière

En 2018, le Complexe Métallurgique de Moanda (CMM) a affiché des résultats en forte hausse. En effet, la production totale s’est accrue de 78,2%, se situant à 49 934 tonnes en liaison avec les bons résultats du Silico-manganèse dont la production a presque doublé en 2018 et le manganèse métal avec une hausse 36,6%.

Parallèlement, le chiffre d’affaires s’est amélioré de 68,7% à 32,7 milliards de francs sous l’effet de la bonne tenue des quantités vendues (+ 73,1%) au cours de la période sousrevue.

Au niveau de l’emploi, les effectifs ont diminué de 2,7% à 425 agents, représentant une masse salariale de 9,4 milliards de francs CFA.

Le manganèse

Le Gabon est le deuxième producteur mondial de manganèse avec 25% de la demande mondiale. Il dispose de nombreux gisements encore inexploités, notamment à Okondja dans le Haut Ogooué, ou encore à Ndjolé dans le Moyen Ogooué. Le Gabon dispose d’un minerai très compétitif par sa qualité, le classant parmi les meilleurs du monde. La découverte d’un nouveau gisement dont les réserves sont estimées à 60 millions de tonnes dans le SudEst du pays.

Le manganèse vit actuellement une reprise sur le plan des cours et de la production nationale. La compagnie historique Comilog extrait 90% du manganèse issu du sous-sol gabonais (environ 4 Mt), assure une première transformation et a ouvert en juin dernier le complexe métallurgique de Moanda pour la production de manganèse métal électrolytique et de silico-manganèse utilisés dans la production d’acier. Elle travaille sur un projet devant arriver à terme en 2022 permettant une augmentation de la production de plus de 30%. De nouveaux équipements ont été achetés et livrés récemment à la Comilog, pour réaliser, dès 2019, une augmentation de production à 440 000 tonnes. La transformation locale du manganèse représente un atout majeur.

Le projet d’exploitation de manganèse d’Okondja a démarré en janvier 2019 avec, à la clé, la création de 350 emplois directs et 400 emplois indirects. La mine d’Okondja, intègre la concession minière dénommée « Manganèse de Franceville » d’une durée de 25 ans renouvelable, sur une superficie de 835 km2. Elle comprend 14 plateaux dont Biniomi et Bordeaux, les plus connus avec des réserves “Jorc” estimées à 33 millions de tonnes de minerai. Exploité par la société Nouvelle Gabon Mining (NGM), le site d’Okondja pourrait produire au moins 250 000 tonnes pendant les deux premières années avant d’être portée à 1 million de tonnes à la troisième année de son développement. Avec l’entrée en production de ce gisement, le Gabon ambitionne de devenir le premier producteur mondial de manganèse en 2019.

La production mondiale d’acier au carbone, principal débouché du manganèse, a atteint un nouveau record historique en 2018 à 1 802 Mt, en hausse de 4,4% par rapport à 2017. Cette croissance a été soutenue non seulement par la demande en Chine (+ 6,6%), qui représente environ 52% de la production mondiale, mais également par la demande indienne (+ 4,9%) et de l’Amérique du Nord (+ 4,1%). La demande chinoise a été tirée par de nouvelles réglementations favorisant les nuances d’acier de meilleure qualité qui nécessitent davantage de manganèse.

Dans ce contexte favorable, la production nationale de minerai et d’agglomérés de manganèse a atteint 5,3 millions de tonnes en 2018 en progression de 6,8%, en raison des

Evolution

bonnes performances de Comilog (nouveau record de production de minerai à 4,2 Mt en 2018) et de la montée en puissance de Gabon Mining qui a accru sa production de plus de 30%. Il faut noter que le transport de la production vers les ports minéraliers a été ralenti par sept déraillements sur l’année dont deux concernant des trains Comilog.

Les difficultés d’évacuation expliquent la faible progression des exportations qui croissent de 2,8%. Les ventes quant à elles ont augmenté 5%, tirées par la fermeté de la demande mondiale, notamment les achats de la Chine, l’Europe et l’Inde. Corrélativement, le chiffre d’affaires a augmenté de 14,6% pour atteindre 789,2 milliards de FCFA en 2018 contre 688,9 milliards en 2017, aidé par des niveaux de prix très rémunérateurs. En effet, le prix moyen du minerai de manganèse CIF Chine 44% s’est maintenu à un niveau élevé à 7,1612 USD/dmtu sur l’année, en hausse de 20% par rapport à 2017.

Concernant l’emploi, les effectifs ont augmenté de 2,5% à 1 977 employés pour une masse salariale de 47,2 milliards de FCFA.

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