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Pêche et Aquaculture : des ressources à exploiter
Le Gabon dispose d’un potentiel de développement du secteur halieutique très important. Ce potentiel repose sur des atouts naturels constitués par ses 850 km de littoral et son réseau hydrographique vaste de plus 20 000 km2 comprenant une mosaïque de plan d’eau : fleuves, rivières, lacs, lagunes, retenues, mangroves, plaines inondées, etc.
Tous ces milieux naturels sont riches en biodiversité aquatique. L’autosuffisance alimentaire et nutritionnelle en protéines halieutiques reste accessible aussi bien pour combler les besoins du marché national que pour l’exportation vers les marchés régionaux et internationaux.
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La filière pêche et aquaculture contribue pour l’instant faiblement à l’économie gabonaise avec une contribution anecdotique de l’ordre de 1,2% du PIB. La production nationale ne couvre pas les besoins alimentaires du pays qui importe des produits de la mer pour une valeur annuelle moyenne de 15,5 milliards de FCFA, supérieure à ses exportations (environ 10 milliards de FCFA par an). Les Gabonais sont les premiers consommateurs de poisson en Afrique Centrale, avec une consommation moyenne annuelle de 40 kg / habitant.
Dans le cadre de la diversification de l’économie portée par le Plan de Relance de l’Economie (PRE), la pêche constitue un secteur très prometteur en matière de création d’emplois et de valeur ajoutée. Avec près de 10 000 acteurs, le secteur se situe au 3ème rang des emplois hors fonction publique, juste après le secteur bois et celui des services. Une des conditions du développement de la filière pêche et aquaculture est la mise en place d’infrastructures et de services portuaires adaptés aux opérations de débarquement et de manutention. Il est par ailleurs primordial de développer les capacités nationales nécessaires à la conservation, à la transformation et à la distribution des produits pour compléter les objectifs d’industrialisation.
L’orientation stratégique adoptée par le Gabon dans le cadre du Plan Stratégique Gabon Emergent (PSGE), vise à doubler la production de la filière et à tripler les revenus générés par celle-ci d’ici 2025. La dynamisation de la filière passe notamment par le débarquement sur le sol national de 100% des captures réalisées dans les eaux gabonaises, la structuration des pêcheries continentales, le développement de l’aquaculture et la transformation locale d’une portion significative des captures en produits de grande consommation pour le marché national et international. Cette stratégie exige une régulation du secteur et de meilleures pratiques de pêche pour limiter la pression sur les ressources halieutiques sauvages.
Les priorités d’intervention pour la pêche et l’aquaculture se déclinent autour de quatre axes thématiques, à savoir :
- l’amélioration de la connaissance sur les ressources halieutiques et leurs modalités d’exploitation durable ainsi que sur le suivi des performances économiques du secteur ;
- le développement de plans de gestion des pêcheries, en particulier pour les ressources maritimes démersales profondes et les ressources halieutiques continentales ;
- la lutte contre la pêche Illégale Non Déclarée Non Règlementée (INDNR) ;
- le développement d’une aquaculture commerciale par le renforcement des capacités de démonstration des stations piscicoles de l’Etat et l’encadrement rigoureux des promoteurs privés engagés à investir dans des unités de production aquacole.
Il est à noter que l’absence d’infrastructures de débarquement aussi bien pour la pêche artisanale que pour la pêche industrielle dont celle qui cible le thon en haute mer, a longtemps freiné l’industrialisation de ce secteur porteur pour l’économie gabonaise. C’est ainsi qu’en dépit du fait que les différents accords thoniers imposent le débarquement d’un minimum de 30% des captures réalisées dans les eaux gabonaises, l’obligation de débarquer, pourtant convenue d’accord parties, n’a pu être appliquée jusque-là faute d’infrastructures. Cela est un manque à gagner certain qui obère la contribution la filière pêche et aquaculture à l’économie nationale.
Pour remédier à cette situation, le Gouvernement a fait de la mise en place des infrastructures de débarquement et du suivi du secteur, une priorité. Trois centres de pêche, constituants également des marchés aux poissons, ont pu être érigés avec l’aide de la coopération japonaise au bénéfice du sous-secteur de la pêche artisanale. Un quai comportant un terminal de pêche a été mis en place et inauguré le 8 mai 2019 au port d’Owendo. Ceci a été rendu possible par une collaboration fructueuse entre le Gouvernement (action conjointe des départements ministériels de la pêche, de l’économie et des transport) et GSEZ-Ports du groupe OLAMGabon qui dispose d’un PPP. Les premières opérations de débarquement de poissons sont prévues ce mois de juillet 2019.
En matière de suivi du secteur, le Gabon a engagé des reformes de son cadre institutionnel et juridique. C’est ainsi que plusieurs instruments réglementaires ont été pris en application de la Loi 15/2005 portant Code des Pêches et de l’Aquaculture en République Gabonaise. Un appui de la FAO a servi au renforcement des capacités institutionnelles de l’administration des pêches pour lutter contre la pêche illicite, à travers le diagnostic approfondi du système de suivi contrôle et surveillance des pêches, le développement d’un Plan d’actions et d’investissement ainsi que d’un plan de développement pluriannuel du centre de surveillance des pêches, organe central du suivi, contrôle et surveillance (SCS) des activités. Une stratégie nationale, assortie d’un plan d’action qui identifie les besoins prioritaires pour le renforcement des cadres politiques, réglementaires et opérationnelles, a également été élaboré pour la mise en conformité avec l’Accord relatif aux Mesures du Ressort de l’Etat du Port et d’autres instruments internationaux auxquels le Gabon a adhéré.
Par ailleurs, le Gouvernement a mis en place en 2014 le Conseil National de la Mer (CNM) en vue d’une meilleure organisation de l’action de l’Etat en Mer. La coopération entre les différentes agences impliquées dans la surveillance du domaine maritime gabonais a ainsi pris forme avec notamment, pour ce qui est spécifiquement de la pêche, de de la mise en place depuis 2016 d’un opération mécanisme de surveillance des pêcheries thonières dénommée « Opération Albacore ».

La redynamisation de la pêche et de l’aquaculture est menée dans un cadre rigoureux de gestion durable de la biomasse et des écosystèmes clairement assignés par le Chef de l’Etat.
Le renforcement des capacités de l’administration des pêches contribuera au respect des normes de durabilité auxquels les opérateurs privés sont dorénavant soumis, tout en maintenant l’équilibre nécessaire à la compétitivité et la rentabilité du secteur. Cet équilibre est une préoccupation constante du Président de la République, dont l’ambition est de garantir une exploitation harmonieuse des ressources marines.
Le potentiel offert par les ressources halieutiques gabonaises est caractérisé par différentes niches de développement qui peuvent cibler les pêcheries continentales, les pêcheries profondes (poissons, crabes et crevettes de fonds non exploités) et le développement de capacités nationales de pêche au thon pour ce qui concerne les pêches de capture. Pour ce qui est de l’élevage, alternative a la baisse tendancielle des productions dans les stocks biologiques sauvages, l’aquaculture y compris la mariculture sont à développer sur un territoire richement baigné par les eaux.
Le dernier segment à développer a trait à la transformation et à la valorisation des produits halieutiques.
Toutes ces niches constituent des opportunités d’affaires pour des investisseurs et la rentabilité et le climat des affaires sont garanties par la charte des investissements et le dispositif institutionnel mis en place au travers de l’Agence Nationale de Promotion des Investissements (ANPI).