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Une fête spéciale de Tou Bichvat en Israël

En Israël, les fêtes de Tou Bichvat ont été empreintes de deux éléments spécifiques cette année: d’une part, la shemita et, d’autre part, du fait qu’il s’agissait des premières célébrations depuis 2019 n’ayant pas trop été entravées par le coronavirus.

Le KKL-JNF a de nouveau pu célébrer Tou Bichvat, le nouvel an des arbres, avec le grand public dans tout le pays; ce n’était pas arrivé depuis 2019.

Ainsi, son camion a sillonné tout le territoire, du nord au sud, pour faire diverses haltes et apporter un peu de joie en divers endroits: hôpitaux, EMS, bases militaires, foyers, centres urbains et autres.

Les représentants du KKL-JNF et des ambassadeurs locaux sont allés à la rencontre du public: c’est dans une ambiance de fête toute particulière qu’ils ont chanté les plus beaux airs de Tou Bichvat et dansé sur la musique provenant de la «scène» du camion. Enfin, les participants ont reçu des petits paquets remplis de fruits secs et de nombreuses surprises.

Les cérémonies ont bénéficié d’un accompagnement musical avec des chants de fêtes, des vidéos et des récits consacrés à la longue tradition des chagims.

Tous les participants ont apprécié les petits paquets concoctés selon la coutume de Tou Bichvat.

Pour cette édition, l’année de shemita a joué un rôle particulier. En effet, à cette occasion, qui se produit tous les sept ans et où la terre doit «se reposer», le KKL-JNF témoigne pour ainsi dire son amour en retour aux forêts et à l’environnement.

Des groupes organisés et des représentants du grand public sont venus de tout le pays dans les forêts exploitées par le KKL-JNF pour apporter leur aide et exécuter divers travaux, tels que: rétablir les forêts détruites ou endommagées, tailler les arbres mais aussi assainir et nettoyer des sentiers et des rues. Bien entendu, un certain côté ludique ne pouvait manquer à l’appel, à l’image des traditionnels Séders de Tou Bichvat, qui ont à nouveau eu lieu dans de nombreux villages, communes et villes.

Tou Bichvat en Suisse

Contrairement à Israël, les célébrations de Tou Bichvat en Suisse se sont à nouveau déroulées en grande partie en ligne à cause de la pandémie. Comme chaque année, des dattes ont été envoyées d’Israël aux donateurs suisses. Cette fois-ci, leur attention a notamment été attirée sur l’action «Des graines pour les arbres» (cf. également page 15) ainsi que sur l’année de shemita en cours. Une nouvelle fois, l’activité habituelle de distribution dans les écoles et auprès d’associations de jeunesse dans différentes communes n’a pu se dérouler que de manière virtuelle; elle a toutefois suscité un vif intérêt. À Berne, où tout a également eu lieu en ligne, un appel au don virtuel a été organisé pour remplacer les conteneurs des plantes sur la terrasse de toit de la maison communautaire, qui commençaient à dater. Parallèlement, les

amis du KKL-JNF ont pu goûter à un autre voyage virtuel vers Israël dans l’espoir qu’il soit bientôt possible de participer à nouveau à ce genre d’activités, et à toutes les autres, en chair et en os (cf. page 13).

Le KKL-JNF a 120 ans «L’institution la plus estimée du peuple Juif»

L’histoire du Fonds National Juif, de la fondation de l’État en 1948 jusqu’à nos jours.

Le KKL-JNF s’impose très vite comme l’une des organisa-

tions les plus importantes dans le cadre de la création de l’État juif, en mai 1948: à peine deux jours après la proclamation officielle de l’État d’Israël à Tel Aviv par David Ben Gourion face au monde entier et tandis que les attaques des armées arabes font déjà rage sur ce petit pays, le bureau principal du Fonds National Juif reçoit un courrier d’Aharon Chisling, alors ministre de l’agriculture du gouvernement provisoire d’Israël.

C’est avec une fierté manifeste qu’il adresse au KKL-JNF la première lettre dans le cadre de sa fonction de ministre et qualifie l’organisation «d’institution la plus estimée du peuple juif, qui a posé les bases en matière de société et de politique de sécurité pour la mise en place de l’État». Les responsables du KKL-JNF font parvenir leur réponse à Tel Aviv, depuis la ville de Jérusalem (encore) assiégée: «Le KKL-JNF, qui s’est efforcé, depuis sa création, de consolider l’unité agricole hébraïque d’Eretz Israel continuera, à l’avenir, de rester fidèle aux mêmes principes. Dans le cadre d’un régime hébraïque autonome, libre de restrictions hostiles, le KKL-JNF s’appliquera à créer des étendues de terre nationales en faveur des habitants et des nouveaux immigrants.» Des paroles qui sont immédiatement traduites en actes.

En guise d’héritage du mandat britannique, le gouvernement d’Israël reprend, dans un premier temps, environ 400 000 dounams de terrain (majoritairement rocheux), dont de vastes étendues dans le Néguev, au sud d’Israël.

La mise en valeur de ce secteur était urgente, aussi bien en termes de sécurité que de politique démographique.

Les portes du pays s’ouvrent alors pour les grandes vagues d’immigration, et le KKL-JNF s’implique en première ligne dans cette tâche primordiale mais difficile. Quant au gouvernement, il considère le KKL-JNF comme vital dans trois domaines clés: premièrement, la récupération de terres. Deuxièmement, le reboisement pour transformer le pays en un jardin verdoyant et assurer des revenus pour des milliers de nouveaux immigrants. Et troisièmement, la formation en vue de renforcer l’attachement des jeunes au pays et à l’État. Les premiers succès ne se font pas attendre

Pas plus tard qu’en 1950, le KKL-JNF peut se targuer non seulement d’avoir planté 8 millions d’arbres (dont 2 millions en une seule année) mais aussi d’avoir établi 25 nouvelles communes en Galilée, dans les montagnes de Judée et dans le couloir de Jérusalem.

L’un des autres points forts se situe au nord, où l’attention est concentrée sur les marécages de la Houla. L’assèchement et la revalorisation du sol boueux pour l’agriculture représentent la grande réalisation du KKL-JNF durant sa sixième décennie d’existence et la première année de l’État encore tout jeune.

Avec l’aide d’entreprises internationales et d’appareils techniques en provenance de l’étranger, le drainage de la Houla constitue le plus grand projet de développement de l’État jusqu’alors.

Des cérémonies de plantations à l’occasion de Tou Bichvat et des commémorations des prémices pour Chavouot sont ajoutées comme éléments fixes aux programmes d’enseignement des écoles dans les années 1960. À l’époque, chaque enfant en Israël a déjà planté au moins un arbre dans le cadre de sa scolarité. On trouve alors la célèbre «boîte bleue» dans presque toutes les salles de classe du pays et sur de nombreuses tables et commodes de familles juives de «Chuz Laaretz», en témoignage de leur attachement.

Mais bientôt, tout le pays, et par conséquent le KKL-JNF, doit faire face à un nouveau défi: la guerre des Six Jours en juin 1967. Vu l’accroissement du territoire à la suite des nombreuses conquêtes, on s’emploie durant des années à mettre en valeur des zones de lotissement additionnelles.

La guerre du Kippour, en 1973, incarne également une tâche ardue de grande ampleur, aussi bien pour le KKL-JNF que pour le pays dans son ensemble. Et les années suivantes ne sont pas non plus de tout repos: à partir d’environ 1975, l’économie forestière moderne commence à se développer en Israël.

Pose de conduites d'eau dans le Néguev Partenaire du KKL-JNF : David Ben Gourion

Plantation d'arbres au Néguev

Le quotidien Assèchement des marécages de la Houla

À cheval

Moments de bonheur après la fondation de l’État

Par conséquent, le KKL-JNF ne se consacre pas seulement à planifi er et à entretenir les forêts mais aussi à les protéger contre les incendies – bien souvent d’origine anti-israélienne.

À partir de 1987, la première intifada, à savoir le soulèvement des Palestiniens, laisse des traces aussi bien dans des communes juives et arabes, qui se trouvent côte à côte, que sur des forêts qui comptent parmi les innocentes victimes. Dans cette guerre contre les fl ammes, un important dispositif de pompiers est déployé par le KKL-JNF: des véhicules anti-incendie tout-terrain et 40 tours de guet à l’échelle nationale, entre autres.

Le violent incendie de forêt de 1989 marque l’apogée de cette catastrophe: les fl ammes consument le mont Carmel durant trois jours, anéantissant ainsi des dizaines de milliers de dounams, dont le versant connu sous le nom de «petite Suisse». 1200 autres incendies se déclenchent durant cet «été chaud», soit plus du double de la moyenne annuelle, dévorant ainsi 10 000 dounams d’arbres plantés et 40 000 dounams de forêts naturelles.

Missiles et immigration

Les années 1990 débutent également dans des circonstances extraordinaires: des missiles Scud, lancés en janvier 1991 depuis l’Irak, atterrissent en Israël durant la nuit précédant la plantation d’arbres. Néanmoins, dans les rues de tout le pays, les voya-

geurs, dont des dizaines de milliers de nouveaux immigrants en provenance de l’Union soviétique en pleine dislocation, sont priés de faire une halte sur des sites du KKL-JNF pour y planter un arbre. Le département de l’information change alors sa devise hivernale initialement prévue de «Lève-toi et plante» en «Shtilim lamrot tilim», à savoir «des bourgeons malgré les Scuds.»

Les grandes cérémonies à l’occasion de Tou Bichvat doivent être annulées en raison de la guerre du Golfe, mais le KKL-JNF parvient tout de même à préparer 20 zones de plantation le long des routes principales. Le témoin d’une scène où des pilotes cadets plantent des arbres plaisante en ces termes: «des fl eurs ont planté des arbres», le terme hébreu «prachim» pouvant signifi er aussi bien «cadets» que «fl eurs».

Des visages rayonnants s’affi chent tout de même à la fi n de cette année 1991: près de 1000 personnes se réunissent au casino de Bâle, à l’occasion du 90e anniversaire du KKL-JNF pour fêter cet évènement historique comme il se doit.

Lors du passage à l’an 2000, un évènement également célébré en grandes pompes en Israël, l’agenda du KKL-JNF, qui aura bientôt 100 ans, change également du tout au tout: d’une part, la population d’Israël, qui a progressé à une vitesse vertigineuse, fait augmenter encore la pression en matière d’espaces verts dans ce petit pays. En réaction, le KKL-JNF intensifi e ses efforts non seulement pour établir ses forêts en tant que système fournissant des prestations écologiques vitales mais aussi pour que la société israélienne les utilise davantage comme ressource capitale pour leur détente et leurs loisirs.

Des nouveaux parcs, des installations de loisirs et des réserves naturelles apparaissent alors dans tout le pays.

D’autre part, tout au plus à partir de 2010, les répercussions du changement climatique et des dégradations de l’environnement deviennent une préoccupation majeure.

Ces menacent requièrent de nouvelles stratégies dans le cadre de l’exploitation des forêts du pays. Le KKL-JNF rédige donc pour la première fois une doctrine forestière actuelle en Israël: un document complet et détaillé comportant des instructions et des directives.

L’eau en guise d’accent thématique

La consommation d’eau, l’un des biens les plus précieux de la planète, était et reste d’une importance cruciale. Pas plus tard qu’au milieu des années 1980, le KKL-JNF commence à aménager de vastes réservoirs d’eau dans tout Israël.

Il établit, entre autres, des bassins d’accumulation aux quatre coins du pays. Ces bassins fournissent aujourd’hui environ 2/3 de la quantité d’eau totale utilisée pour l’agriculture nationale. Le dernier défi de taille, aussi bien pour le KKL-JNF que pour l’ensemble de l’humanité, se présente en février 2020, avec la flambée du COVID-19. Dans un premier temps, toutes les activités sont annulées, par exemple la célébration de Yom Ha’atzmaout. En été, lorsque les gens ont de nouveau le droit de sortir, les parcs et installations de loisirs exploités par le KKL-JNF sont littéralement pris d’assaut.

À cette même période, le concert d’ouverture des festivités à l’occasion des 120 ans du KKL-JNF est l’un des premiers évènements culturels pouvant à nouveau avoir lieu. Ce concert dans

l’amphithéâtre de la forêt de Ben Shemen est, espérons-le, le symbole que la vie pourra reprendre son cours normal en Israël après la fin de la pandémie et que l’on aura oublié depuis longtemps cette triste période lorsque le KKL-JNF fêtera ses 125 ans en 2026.

La forêt sur le mont Carmel après le feu

Barrage de Niram dans le Néguev 2004

Shlomi Shabbat en concert au Mitzpe Modiin dans la forêt de Ben Shemen

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