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Rapport de conduite de la BMW R 1300 RT-P

Le bolide Bavarois

Depuis 1979, la Boxer Sport Tourer « RT » occupe une place importante dans la gamme BMW, ainsi que dans les parcs automobiles de nombreux corps de police à travers le monde. Une toute nouvelle génération arrive avec la R 1300 RT. Nous avons testé le modèle destiné aux autorités, portant la mention « P ».

Depuis leur lancement il y a quatre décennies et demie, les modèles « RT » de BMW équipés d’un moteur boxer ont séduit de nombreux fans à travers le monde, et pas seulement parmi les adeptes du tourisme à moto. Les forces de police de nombreux pays leur font également confiance. En effet, une « RT » offre tout ce qui est nécessaire pour le service quotidien sur deux roues : un excellent confort même après de nombreuses heures de conduite, une conduite à la fois sûre et très agile, ainsi que le célèbre moteur boxer puissant. À cela s’ajoutent une technologie de pointe, une grande autonomie, une charge utile élevée et une grande fiabilité.

La R 1300 RT, fabriquée à Berlin, est désormais la « RT » la plus puissante jamais commercialisée. Une moto dont les lignes, selon le département de la conception, rappellent un « taureau agressif » et qui, tant au vu de ses caractéristiques techniques que lorsqu’elle repose sur sa béquille latérale, ne fait penser à rien d’autre qu’à un puissant taureau.

La R 1300 RT mesure 2,23 mètres de long, près de 1,40 mètre de haut et près d’un mètre de large. À gauche et à droite, les rétroviseurs bas et les cylindres renforcés pro­

tégés par des arceaux massifs délimitent la silhouette. À l’arrière, les valises s’étendent en largeur, tels des muscles. Les parties latérales réglables en hauteur du somptueux carénage ressemblent à des omoplates et le réservoir se courbe vers le haut et sur les deux côtés, tel le cou d’un taureau. En bref : la R 1300 RT est une véritable bête.

Son moteur boxer quatre soupapes de 1 300 cm 3 est un véritable colosse. Il développe une puissance de 145 ch et un couple maximal de 149 Nm. Mais il est pourtant extrêmement compact. En effet, la boîte de vitesses est désormais placée sous le moteur et non plus derrière. Le groupe moteur est associé à la transmission à cardan éprouvée et au nouveau bras oscillant EVO Paralever. Mais l’arbre à cardan ultra­léger qui y est intégré est désormais une pièce d’usure. Il doit être remplacé tous les 80 000 kilomètres.

La suspension avant EVO Telelever, le châssis et le carénage généreux ont également été redessinés. Les développeurs ont en outre apporté des modifications à l’électronique et aux systèmes d’aide à la conduite, au système de bagages et à l’équipement de confort.

Puissante, imposante, confortable et entièrement équipée : la BMW R 1300 RT-P, version destinée aux autorités.
© Jörg Rothweiler

De nombreux extras, presque comme dans une voiture

On peut dire sans hésiter qu’il s’agit de la moto de voyage à moteur boxer la plus luxueuse au monde. Si l’on regarde les caractéristiques que l’on ne trouve habituellement que dans les voitures, on pourrait presque parler d’un cabriolet à deux roues : les poignées du guidon, les sièges conducteur et passager ainsi que le dossier du top case et les poignées de maintien du passager disponibles en option sont chauffants. Le régulateur de vitesse adaptatif est équipé d’un radar et d’une fonction de freinage. Des avertisseurs de collision avant et arrière et de changement de voie sont disponibles en option. Un système Keyless Go avec verrouillage centralisé est également disponible et le réservoir intègre un compartiment pouvant accueillir un smartphone et son chargeur induction. Selon le pack d’éclairage choisi, entre 17 et 47 LED maximum éclairent la chaussée de manière dynamique à l’avant et dans les virages. Un phare antibrouillard est disponible à l’arrière. Grâce au « DSA » (Dynamic Suspension Adjustment), l’amortissement et la rigidité des ressorts s’adaptent de manière dynamique au mode de conduite (Eco, Rain, Road ; Dynamic et Dynamic Pro en option) et à la situation de conduite. Et pour la première fois, outre une boîte de vitesses manuelle (une boîte automatique est disponible en option), la moto intègre une boîte de vitesses manuelle automatisée « ASA » avec embrayage à commande électronique. Un système audio, le Connectivity Hub pour contrôler les accessoires BMW Motorrad (par ex. les lunettes connectées ou la veste chauffante) ainsi que des valises Touring Vario réglables en largeur (jusqu’à 87 litres d’espace de rangement) avec éclairage intérieur et prise USB font partie des autres équipements disponibles en option.

Le « châssis DCA » (Dynamic Chassis Adaption) constitue un véritable point fort technologique. Il permet de relever l’arrière du véhicule, réduisant ainsi le déport de la roue avant. Lorsque ce réglage est effectué, la moto devient plus maniable et plus agile. Si l’arrière est abaissé, la stabilité en ligne droite et à grande vitesse est optimisée.

Le carénage de la R 1300 RT est aérodynamiquement sophistiqué et esthétiquement plaisant. Les feux à éclats et la matrice semblent donc quelque peu malvenus sur le plan visuel.
© Jörg Rothweiler

Comment 300 kilogrammes peuvent

La R 1300 RT est aussi puissante qu’elle en a l’air. Prêt à rouler, ce taureau bavarois ne pèse pas moins de 281 kilogrammes, sans compter l’équipement supplémentaire destiné aux autorités et dont est équipée notre machine d’essai. Le siège conducteur trône à au moins 78 centimètres de hauteur, ce qui ne m’empêche tout de même pas de « toucher » le sol des deux côtés avec la pointe des pieds. Tenir la moto à l’arrêt demande un effort considérable, mais dès qu’elle roule, tout devient soudainement léger comme une plume ! Le taureau suit volontiers chaque impulsion du guidon et se faufile dans les virages avec la légèreté d’un chat ou bondit en avant tel un taureau de combat espagnol à la vue d’un tissu rouge lorsque l’on tourne la poignée d’accélérateur.

Il apparaît alors clairement que les développeurs ont travaillé efficacement sur l’ergonomie. Le guidon est plus proche du conducteur et légèrement plus large, l’arc d’entrejambe est plus étroit et le contact des genoux est plus ferme. La distance entre la selle et les repose ­pieds n’a toutefois pas été modifiée. L’angle des genoux est ainsi toujours détendu, mais l’assise est plus dynamique et plus orientée vers la roue avant. Résultat : la conduite est plus décontractée, plus active, plus légère, et donc encore plus agréable. Seul l’avant très étroit de la selle peut être un inconvénient pour les pilotes de petite taille qui useront plus facilement le cuir.

Sinon, l’harmonie est optimale. Tous les systèmes fonctionnent ensemble comme un orchestre bien rodé et le groupe moteur, le plus puissant et le plus sophistiqué jamais installé sur une RT, est tout simplement décoiffant. À partir de 2 500 tr/min, le bicylindre à plat accélère sans à ­ coups, et à partir de 3 500 tr/min, il monte avec enthousiasme et aisance jusqu’à 9 000 tours. Il reste toujours très discret en termes de vibrations et lorsqu’on tourne la poignée d’accélérateur, il gronde de manière agréable, mais moins bruyamment que la R 1250 RT au niveau du pot d’échappement. Et ça c’est un excellent point.

Vue de l’arrière, la moto semble nettement moins imposante que vue de face.
© Jörg Rothweiler
Ces commutateurs supplémentaires situés sur le côté gauche du guidon permettent de commander la matrice d’arrêt à l’avant et le système de signalisation sonore.
© Jörg Rothweiler

Un confort de haut niveau

Les freins et le châssis sont également exemplaires. Bien qu’elle ne soit pas aussi agile que la R 1300 GS, la R 1300 RT est extrêmement maniable pour sa taille, elle négocie tous les types de virages, aplanit facilement aussi bien les petits impacts que les longues bosses et élimine instantanément l’excès de propulsion. Le colosse procure ainsi au pilote un sentiment sublime de sécurité et de contrôle à chaque instant. Chaque trajet, qu’il soit sinueux et asphalté de manière irrégulière ou rectiligne et lisse comme une peau de bébé, est parcouru rapidement et sans stress, et ce de manière agréablement économique. Lors de l’essai sur route effectué de manière « engagée », la consommation moyenne s’est élevée à 5,3 litres/100 kilomètres (consommation normalisée : 4,9 litres/100 kilomètres) et même en tenant compte d’une longue étape de nuit effectuée à très grande vitesse (plus de 180 km/h) sur l’autoroute allemande, la RT n’a consommé que 6,2 litres/100 kilomètres. C’est d’ailleurs là qu’est apparu le seul véritable inconvénient de la nouvelle machine : sa sensibilité notable aux vents latéraux à très grande vitesse. En particulier derrière les véhicules qui précèdent, mais également dans les longs virages pris à grande vitesse, lors du franchissement de longues bosses ou lors du dépassement de gros camions, la R 1300 RT « remue » parfois légèrement à l’avant. Jamais de manière dramatique ou critique, mais ce n’est pas vraiment agréable.

La protection contre le vent et les intempéries est toutefois excellente. Elle peut être adaptée individuellement grâce au pare­brise réglable électriquement en hauteur et aux parties latérales du carénage réglables manuellement, pour un meilleur refroidissement par le courant d’air ou une protection maximale contre les intempéries. La protection contre les intempéries est tellement efficace grâce aux déflecteurs situés sur les rétroviseurs et à hauteur des cylindres que même en cas d’orage, ni les gants ni les bottes ne sont mouillés.

Sur le modèle P que nous avons testé, les gyrophares et la matrice avant « gâchent » malheureusement quelque peu l’aérodynamisme du carénage soigneusement peaufiné en soufflerie. C’est ce qu’a révélé un essai comparatif avec un modèle civil. Cela engendre un peu plus de bruit et des turbulences perceptibles au niveau du casque, en particulier à des vitesses supérieures à 80 km/h.

L’avant du réservoir comporte un support de recharge pour smartphone.
© Jörg Rothweiler

À propos de l’équipement destiné aux autorités ...

À ce sujet : l’équipement destiné aux autorités qui caractérise la R 1300 RT­P que nous avons conduite comprend des feux à éclats et des gyrophares LED (déployables manuellement à l’arrière), deux sirènes, des affichages matriciels à l’avant et à l’arrière, un arceau de protection du moteur et un pack de protection contre les intempéries. À cela s’ajoutent des poignées de guidon spéciales avec commutateurs supplémentaires éclairés et unité SOS, un système de communication flexible (dans le top case), des valises latérales minces, un extincteur et une bulle réglable. Derrière le pare­brise se trouve également un support pour l’appareil de navigation individuel. Les personnes intéressées trouveront toutes les informations complémentaires sur : www.authorities.bmw ­motorrad.com

Conclusion : l’apparence d’un taureau, a maniabilité d’un cheval de dressage

Qu’il s’agisse de la R 1300 RT pour les civils ou de la R 1300 RT­P pour les autorités, la nouvelle BMW est large, puissante et aussi lourde qu’un taureau suisse. Elle fait forte impression. Mais une fois en selle, la bête supposée se transforme en un cheval de dressage docile qui maîtrise parfaitement toutes les allures : le pas lent en ville, le trot détendu à la campagne et le galop effréné, oreilles couchées et crinière au vent, sur l’autoroute. Cette machine est un compagnon de qualité dans toutes les situations. Un compagnon qui tient les ennuis à distance, qui vous fait sourire chaque jour que vous passez avec lui, qui se fait discret au comptoir et qui, malgré sa force brute, reste courtois en toutes circonstances.

Il apparaît donc clairement que la nouvelle R 1300 RT établit de nouvelles références en matière de technologie, d’entraînement, de dynamique, de sécurité, de confort et dans sa prétention d’être une excellente moto pour les autorités. Elle ne semble actuellement pas avoir de concurrents sérieux, à l’exception de la R 1300 GS ­P, réalisée en collaboration avec BMW Motorrad Pays­Bas et présentée en octobre 2024 au salon Milipol 2024 au Qatar.

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