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PROTECTION DES PLANTES

«L’acquisitiondeMonsantoparBayer vanouspermettre de construire l’avenir»

Grâce à la forte complémentarité des portefeuilles des deux sociétés, le groupe Bayer estime être mieux armé pour répondre aux besoins des agriculteurs et aux attentes sociétales en faveur de solutions plus respectueuses de l’environnement. Entretien avec Bruno Tremblay, directeur EMEA de Bayer Crop Science.

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Propos recueillis par Sylvie Latieule

Bruno Tremblay, directeur EMEA de Bayer Crop Science.

InfoChimie magazine : Quelle est l’ampleur des activités de Bayer Crop Science dans la zone EMEA, c’est-à-dire Europe, MoyenOrient et Afrique, que vous dirigez?

Bruno Tremblay : C’est une zone importante pourBayer Crop Science où nous réalisonsun chiffre d’affaires de 3 milliards d’euros, soit un peu plus de 15 %des ventes de toute la division. 80 % du chiffre d’affaires sont réalisés dans le domaine de la crop protection, c’est-à-dire des phytosanitaires, et 20 % dans le domaine des semences. Nous sommes présents dans tous les pays majeurs agricoles de la zone grâce à la bonne complémentarité des activités de Bayer et de Monsanto, notamment en Afrique. En protection des plantes, nous sommes présents dans quasiment tous les segments de cultures. En semences, nous avons une spécialité dans le maïs, le colza et les plantes potagères.

L’acquisition de Monsanto par Bayer a été entachée par deux produits phytosanitaires - le glyphosate et les néonicotinoïdes –, quel est l’impact marché pour votre entreprise ?

B.T. : Bayer était historiquement un grand producteur de néonicotinoïdes, les interdictions ont entraîné des pertes importantes. Néanmoins, nous avons cherché à compenser cet impact négatif par de l’innovation. Par ailleurs, en cette fin d’année, je note que la France a réintroduit de manière temporaire l’usage de cet insecticide pour sauver la production de betterave sucrière, touchée par la jaunisse. Pour ce qui est du glyphosate, c’est un herbicide lié à la culture de plantes OGM. C’est donc un sujet plus important dans d’autres régions du monde que dans la zone EMEA. En Europe, nous sommes dans un processus de re-homologation avec quatre États rapporteurs, processus qui est espéré d’ici à 2022. Néanmoins, nous nous attendons à des aménagements. En France, la sortie du glyphosate s’inscrit dans la recherche d’alternatives tout en conservant des usages essentiels pour les agriculteurs, c’est aussi la philosophie du contrat de solutions. Nous pensons arriver à un dialogue constructif avec les parties prenantes.

Avec le recul, que faut-il penser de ce rachat de Monsanto par Bayer?

B.T. : C’est une opération qui va nous permettre de construire l’avenir grâce à la vraie complémentarité de nos gammes. Chez Bayer, comme chez Monsanto, les équipes espéraient le portefeuille de l’autre. Pour Bayer, cela a été une grande chance d’hériter d’un portefeuille et de la connaissance dans les semences sur deux espèces, le maïs, le colza, et dans les semences potagères, alors que ce marché commençait à décliner avec des baisses de surfaces agricoles. De la même façon, Bayer, seul, aurait fini par décliner en Europe avec son portefeuille de crop protection, et la baisse de la demande de matières actives comme les néonicotinoïdes. En revanche, mis ensemble, les deux portefeuilles proposent une offre complète et intégrée incluant des semences, des phytosanitaires et des solutions digitales. Avant l’acquisition, les deux sociétés étaient en phase de décroissance. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Sur la zone EMEA, nous avons réussi à stabiliser notre chiffre d’affaires et notre position de leader sur de nombreux marchés.

Qu’est-ce qu’un portefeuille complet en chimie pour l’agriculture ?

B.T. : Cela requiert une expertise dans les fongicides, les herbicides et les insecticides, dans les semences et sur un quatrième segment, celui du traitement des

semences qu’il ne faut pas oublier. En France, nous disposons d’un pôle d’expertise en R&D à Lyon, autour de la chimie de synthèse pour le développement de nouveaux fongicides. Il y a ensuite le domaine du biocontrôle qui englobe des produits de fermentation - et plus largement, d’origine naturelle -, proposés dans de nouvelles formulations. Les recherches sont abondantes et souvent pratiquées dans une logique d’open innovation. Enfin, il y a le domaine du digital farming avec l’arrivée de la data et de l’analyse de données, auxquelles s’ajoute la mise au point de technologies nouvelles. Les modèles de développement sont encore très hétérogènes, mais il y aura une vague d’innovation très importante autour du digital farming.

Quelle est la dynamique de croissance de tous ces domaines ?

B.T. : Pour l’instant, nous réalisons 80 % de notre chiffre d’affaires dans la crop protection, contre 20 % dans les semences, le biocontrôle et le digital. Mais à l’horizon 2025, ce rapport sera de 70/30. Il y aura donc une vraie baisse du poids des solutions chimiques, face à un flot d’innovations dans les semences, le biocontrôle et le digital. Néanmoins, dans les dix ans à venir, la partie chimie continuera de représenter une part importante de nos activités en Europe et dans le monde, car cela reste notre cœur de métier. D’ailleurs, on ne baissera pas les bras sur la partie R&D. Nous sommes convaincus que l’on découvrira encore des profils de principes actifs que l’on pourra utiliser à des doses faibles, avec un impact limité sur l’environnement, et qui répondront, dans le même temps, à des phénomènes de résistance de plus en plus importants en agriculture. Il est important d’investir aussi sur la partie chimie pour répondre aux besoins de l’agriculture de demain. Nous le ferons dans le cadre du Green Deal européen.

Est-ce que vous travaillez sur le sujet de l’empreinte carbone des agriculteurs ?

B.T. : C’est un sujet important en Europe, qui est traité également dans le cadre du Green Deal. L’agriculture est considérée comme une émettrice de carbone et on lui attribue autour de 20 % des émissions de CO2. Aujourd’hui, le souci vient du fait que les agriculteurs sont considérés comme émetteurs de CO2, alors qu’ils contribuent dans le même temps à sa séquestration, sans être rémunérés pour cela. On parle

Grâce à Monsanto, Bayer a étoffé son portefeuille et ses connaissances dans les semences. souvent de reforestation, mais une agriculture productive devrait avoir la possibilité de valoriser la séquestration de carbone à travers l’attribution de certificats. Chez Bayer, nous nous inscrivons pleinement dans cette démarche avec notre outil field view. Il donne le moyen de tracer des pratiques au champ, du labour jusqu’à la récolte, dans une logique, à terme, de certification. Néanmoins, nous ne pourrons pas traiter seuls ce sujet. Nous sommes en discussion avec plusieurs partenaires afin de construire une alliance pour offrir une solution complète aux agriculteurs.

À plusieurs reprises, vous avez mentionné le Green Deal européen. En quoi, ce sujet très politique intéresse-t-il Bayer ?

B.T. : Le Green Deal marque un engagement politique fort de l’Europe pour répondre notamment à la préoccupation du changement climatique. Dans ce contexte, il est important pour Bayer de s’inscrire dans une logique positive de fournisseurs de solutions avec un portefeuille de produits répondant aux attentes des consommateurs, alors que le grand public n’a plus confiance dans les produits chimiques. C’est aussi pourquoi nous innovons, tant en chimie que dans les semences, le digital ou le biocontrôle. Par ailleurs, quand la législation se met en place, nous pensons qu’il est important que l’on ait une place autour de la table pour bien comprendre le cadre légal et permettre à l’innovation d’arriver jusque chez les agriculteurs européens. Aujourd’hui, il y a un enjeu de compétitivité dans l’agriculture pour permettre une autosuffisance de l’Europe, notamment dans un domaine comme celui des protéines. Ces sujets nous importent et nous souhaitons participer au débat. •

ANALYSE

Calnesisrendlaphysico-chimie expérimentale accessibleauxindustriels

L’entreprise Calnesis offre des prestations de services de R&D dans le domaine de la mesure en physico-chimie. Elle permet à des clients industriels et académiques, notamment de la chimie, d’accélérer leurs projets d’innovation ou le développement de leurs procédés industriels.

Par Dinhill On

Les deux co-fondateurs de Calnesis, Mickaël Simond (à gauche) et Jean-Claude Neyt (à droite). « Un a cc él érateu r d e l’innovat ion ». Voici comment se définit la société Calnesis spécialisée dans le domaine de la mesure physico-chimique. Créée en 2015, cette entreprise fournit desprestations de recherche pour aider les acteurs industriels et les laboratoires académiques à avancer dans leurs travaux scientifiques. Calnesis, c’est d’abord l’histoire de la rencontre entre deux docteurs de l’Institut de chimie de Clermont-Ferrand (ICCF) : Mickaël Simond et Jean-Claude Neyt. À l’issuedeleursthèsesrespectives, les deux chercheurs ont souhaité faire profiter au plus grand nombre des appa reil s e xp ér imentaux mis en œuvre au sein de l’équipe T he rm od yn amique et interactions moléculaires de l’ICCF. « Lauréate du concours i-Lab 2 014 c at é go r ie Émergence, l’entreprise a notamment bénéficié du soutien et de l’accompagnement de l’incubateur d’entreprises Busi », p ré c i se M i ck aë l S im on d, co-fondateur de Calnesis. Membre de la société française du génie des procédés (SFGP), Calnesis s’adresse à un large éventail de secteurs : pétrole et gaz, chimie, pharmacie, cosmétique, agroalimentaire, énergie, bâtiment, etc. « Nous travaillons aussi bien avec de très petites entreprises qu’avec de grands groupes du CAC 40. Mais dans la majorité des cas, la société collabore avec des sociétés qui disposent d’une équipe de R&D moins développée », indique Mickaël Simond. Au final, la société revendique des partenariats avec des sociétés de grande taille – Adisseo, Arkema, IFP Énergies nouvelles, Nestlé, Saint-Gobain – mais aussi de petite taille – Adionics, Afyren ou encore Diverchim.

Une offre complète de services

L’offre de Calnesis se scinde en quatre volets différents. D’une part, la sociétéproposedes services de laboratoire pour la mesure physico-chimique. « Mettre en œuvre ce type de mesures peut nécessiter tout d’abord d’avoir le bon instrument. En effet, la spécificité des produits, des conditions de température et de pression,des propriétés corrosiveset toxiques peuvent faire qu’on ne dispose pas forcément du bon appareil. Aussi,lorsqu’on étudie desréactions chimiques par calorimétrie, l’expertise est nécessaire pour être sûr que l’on quantifie l’énergie de réaction de la bonne manière. Comme dans toute technique d’analyse, il existe une différence entre avoir l’instrument et faire une mesure correcte », explique Mickaël Simond. Calnesis aide ainsi ses clients à procéder notamment à leurs analyses thermiques (conductivité thermique, thermogravimétrie, etc.), à l’étude de la calorimétrie (enthalpie, dégradation thermique, etc.) et à la mesure d’interface (indice de réfraction, surface spécifique, thermomicroscopie, etc.) ou à l’analyse rhéologique (point d’écoulement, viscosité, etc.). « Cela aideles clients à mieux répondre à leurs problématiques, par exemple dans la mise au point de protocoles expérimentaux (dimensionnement des installations, etc.), ou dans la conduite d’essais pour évaluer l’efficacité des composés. Nous aidons également à respecter les exigences réglementaires en renseignant les données de sécurité des produits pour lesquels il faut nécessairement des mesures (FDS, Reach) », indique Mickaël Simond. Autre volet de l’offre de Calnesis : les prestations de bureau d’études. Pour un projet donné, le groupe se charge d’identifier les problématiques de R&D ou de process, d’évaluer la faisabilité et de définir un programme d’accompagnement sur mesure. « Par exemple, nous sommes en mesurededéfinirdes protocolesexpérimentaux et desméthodesd’analyseà façon, selon le cahier des charges du client», complète Mickaël Simond. Outre sesactivités historiques, l’entreprise Calnesis s’est également adaptée à la demande du marché pour ses deux derniers volets d’activité. D’une part, elle se charge de développer et de construire des bancs d’essais sur mesure, et ce, de la réalisation du cahier des charges jusqu’à la mise en service. Pour ce

Calnesis s’appuie sur la calorimétrie pour le développement de procédés et l’analyse de produits.

faire, le groupe s’appuie sur des compétences internes et des partenaires pour intervenir dans des domainesspécifiques : conception assistée par ordinateur (Solidworks), usinage,électronique, assemblage, capteurs, interfaçage, etc. Enfin, Calnesis est en mesure de développer des programmes de type Labview pour optimiser les mesures réalisées en laboratoire. Pour cela, Calnesis conçoit une solution logicielle à façon pour effectuer notamment l’interface des capteurs, l’automatisation, l’enregistrement, la sauvegarde et l’exploitation de données d’expérimentation de bancs d’essais ou de pilotes de laboratoire.

Consolider ses activités

Pour soutenir sa croissance, la société Calnesis s’est installée dans de nouveaux locaux depuis janvier 2021, au sein de l’hôtel d’entreprises du Brezet, géré par Clermont Auvergne Métropole. « Auparavant, nous étions hébergés au sein des laboratoires de l’ICCF, mais cela avait parfois ses limites. Par exemple, lors du premier confinement de mars 2020, à cause de la pandémie de Covid-19, nous n’avions plus aucun accès aux laboratoires pour réaliser nos prestations demesures.Avecnos propreslocaux, nous sommes davantage en mesure d’assurer la continuité de notre activité », détaille Mickaël Simond. Pour soutenir sa croissance, la société compte renforcer ses équipes avec un recrutement.« Nous recherchons un profil polyvalent de type ingénieur,ayant descompétencesen chimie, en génie des procédés voire en électronique », précise Mickaël Simond. En ce qui concerne ses ambitions, la société espère continuer sur sa lancée de 2020. « Avec la crise sanitaire, nous avions peur des restrictions des budgets de R&D qui auraient pu avoir un impact sur notre activité. Nous avons finalement enregistré une hausse du chiffre d’affaires de 60 % en 2020,

CALNESIS EN BREF

• Effectif : 2 collaborateurs (+ 1 recrutement en cours) • Activités : prestations d’analyse physico-chimique, bureau d’études, construction de bancs d’essais, développement de logiciels • Partenaires : Institut de chimie de Clermont-Ferrand, incubateur Busi, Bpifrance, université Clermont Auvergne,

Sigma Clermont, SFGP,

Clermont Auvergne Métropole,

Biopôle Clermont Limagne,

Région Auvergne-Rhône-Alpes • Récompenses : Lauréat i-Lab 2014 catégorie Émergence

malgré le contexte particulier lié à la pandémie de Covid-19, grâce au fait que notre activité est diversifiée en termes de marché. Pour l’année à venir, nous souhaitons a minima stabiliser ce chiffre d’affaires, voire encore l’accroître », indique le dirigeant de Calnesis. Pour ce faire, la société prévoit dans les années à venir de développer davantage ses activités de bureau d’études ainsi que de conception et construction de bancs d’essais à façon. À plus long terme, l’entreprise envisage le développement d’instruments de mesurespécifiquesqu’elle pourrait commercialiser. •

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