
5 minute read
Des thermoplastiques virucides pour l’impression 3D
from InfoChimie 566
COVID-19
Des thermoplastiquesvirucides pourl’impression3D
Advertisement
Une PME bretonne a mis au point un matériau d’impression 3D dont la particularité est d’être virucide. En ajoutant des particules métalliques à ses thermoplastiques, Nanovia participe à la lutte contre la pandémie de Covid-19.
Par Françoise de Vaugelas
Nanovia produit un matériau virucide pour l’impression 3D. E n cette période de pandémie, les sociétés développantdes solutions pour lutter contre le Sars-CoV-2sontdeplus en plus nombreuses. C’est le cas de laPME bretonne Nanovia. Spécialisée dans la productiondefilaments pour l’impression 3D, cette société a mis au point un thermoplastique certifié virucide. « Au printemps dernier, nous avons répondu à un appel à projets de la région Bretagne pour lutter contre la pandémie», raconte Erwan Leneveu, responsable R&D chez Nanovia. Avant de poursuivre : « En même temps que le premier confinement, un mouvement s ’e st fo rm é à l’initiative d’imprimeurs 3D, de producteurs de m a ti èr e… du monde de l’impression 3D en g én é ra l, po ur lancer le collectif Visières de l’espoir. » Ce collectif avait pour objectif de mettre à dispositiondes équipements de protection pour faire face à l’épidémie de coronavirus. Ce mouvement a permis l’impression de centaines de milliers de visières qui ont été distribuées auprès du personnel hospitalier, et ce, à travers tout le territoire. « Il nous est ainsi venu l’idée de proposer à la région une gamme de matériaux virucides qui pouvait être largement diffusée à l’échelle du territoire, via un réseau d’imprimeurs qui travaillaient déjà en relation avec des hôpitaux », se rappelle Erwan Leneveu.L’idéedelasociété était de mettre au point un matériau qui éviterait la désinfection systématique des surfaces afin de limiter la propagation du nouveau coronavirus, tout en restant accessible au plus grand nombre.
Des particules métalliques contre le coronavirus
L’objectif pour Nanovia est de sortir très rapidement ces matériaux. Pour procurer cette propriété virucide, la société a intégré des particules métalliques très spécifiques à ses thermoplastiques. Les particules sont dispersées sur des charges argilaires qui permettent, de par leur dimension et leur nature métallique, d’éliminer à la surface des pièces imprimées les virus. Baptisée Nanovia VX, cette gamme de matériaux répond à la norme ISO 21702. Autrement dit, ils sont certifiés comme virucides contre le H1N1. Mais pourquoi s’intéresser au virus H1N1, alors que nous sommes en pleine pandémie de Sars-CoV-2 ? « Le SarsCoV-2 est un virus récent, il n’existe donc pas de norme permettant de certifier une application virucide vis-à-vis de ce virus-là. Il est possible de démontrer une activité virucide, mais pas selon une norme. Nous avons donc cherché un virus possédant une structure similaire», répond le responsable R&D. Le H1N1 – responsable de la grippe A – est un virus à coque très bien connu, répondant à une norme. Sa structure se rapproche de celle du virus responsable de l’épidémie de Covid-19. La gamme Nanovia VX permet d’éliminer 98,9 % des virus en deux heures et 99,9 % en quatre heures, après contact. De plus, la charge active utilisée dans ce matériau est garantie efficace jusqu’à cinq ans. L’entreprise espère, à la vue de ces résultats prometteurs, participer au ralentissement de la propagation du virus et propose ainsi une alternative au nettoyage et àladésinfectionsystématiques des surfaces. Nanovia destine cette gamme de matériaux à un large éventail d’utilisateurs. « Cette gamme comprend trois matériaux. Deux sont destinés à une large diffusion – autrement dit, toute personne possédant une imprimante 3D peut les utiliser –, il s’agit d’un matériau flexible et d’un autre rigide. La troisième référence est un polymère extrêmement technique », liste Erwan Leneveu. Cette dernière référence peut résister à des températures dépassant les 200 °C et permet des applications spécifiques dans le milieu médical, comme la fabrication d’outils de bloc opératoire devant subir une phase de stérilisation. « Ces matériaux possèdent des applications très larges. Cela comprend toutes les piècesplastiquesquipeuvent être manipulées par l’humain et qui sont susceptibles d’être contaminées », détaille le responsable R&D de Nanovia. Avant de poursuivre : « Ils peuvent permettre de produire

des équipements en santé animale ou en laboratoire d’analyse biologique. Ils peuvent également être utilisés en santé humaine, même en dehors de la crise actuelle». L’ajout de particules métalliques présente tout de même un inconvénient : la séparation du plastique et des particules étant trop complexe, ces matériaux ne sont pas recyclables, mais peuvent être utilisés en valorisation énergétique. « Cependant, nous avons travaillé avec un matériau biosourcé pour une de nos deux références grand public », précise Erwan Leneveu.
Un secteur en plein essor
Spécialisée dans le développement etlaproductiondematériaux à destination de l’impression 3D, la so-
La société est implantée à Louargat, dans les Côtes d’Armor. ciété voit le jour juridiquement en 2012. Les premiers filaments sont produits en 2014. « La société a été créée en partant du constat qu’en France, il n’y avait pas d’entreprises quiproduisaientdufilament pour les imprimantes 3D », raconte Erwan Leneveu. Et ce constat s’est fait au moment de l’essor de la fabrication additive. Nanovia a pris le parti de concevoir des matériaux très techniques. « Nous avons des matériaux qui apportent de réelles fonctionnalités, qui sont résistants mécaniquement et chimiquement. Ils peuvent présenter de faibles coefficients à l’abrasion ou aux frottements, être ininflammables…», détaille Erwan Leneveu. La société propose aujourd’hui plus de 30 références de matériaux techniques. « Au-
NANOVIA EN BREF
• Création : 2012 • Localisation : Louargat (Côtes d’Armor) • Effectif : 10 collaborateurs • Spécialité : matériaux thermoplastiques haute performance pour l’impression 3D • Partenaires : région Bretagne, l’Institut régional des matériaux avancés (Morbihan) • Marchés potentiels : équipements de grande distribution (terminal de paiement, poignée de chariot de supermarché), équipements dans les transports en commun, équipements de santé animale, dispositifs médicaux (outils de bloc opératoire)
jourd’hui, les nouvelles technologies d’impression 3D à partir de granulés permettent de réaliser des pièces beaucoup plus grosses que ce qui est réalisable à partir de filament. Nous tendons donc vers la fourniture de granulés, afin de proposer les deux possibilités à nos clients», conclut Erwan Leneveu. •


