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RELOCALISATION

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France Relance dope

Les annonces d’investissements se multiplient dans le domaine de la chimie fine sous l’impulsion du programme France Relance. Tour d’horizon de projets phares qui devraient contribuer à la création de centaines d’emplois sur le territoire français.

Par Sylvie Latieule

La crise du Covid-19 et les tensions qui sont apparues sur quelques médicaments,notamment en réanimation,ontpermis de placer la question de la relocalisationdes matières activespharmaceutiques (ou API) sur le territoire européen au cœur du débat. Si les pouvoirs publics ont « fantasmé » sur une réindustrialisation du territoire pour produire jusqu’à de grands principes actifs comme le paracétamol, les acteurs du secteur ont su raison garder. Ils estiment que s’il y a eu des tensions sur certains médicaments, la chaîne logistique aglobalement tenu.Enconséquence, on devrait assister dans le futur à des relocalisations d’intermédiaires ou d’actifs, préférentiellement dans des installations existantes, dont il faudra d’abord saturer les capacités. Par ailleurs, on entrevoit davantage une réindustrialisationautourdelaproductiondenouvelles molécules, en utilisantdes technologies innovantes. Très tôt, les entreprises du secteur, représentées par le Sicos Biochimie, ont demandé à être aidées pour pouvoir investir dans la modernisationetledéveloppement du tissu industriel existant. Elles ont été entendues avec le lancement de l’Appel à manifestation d’intérêt (AMI) « résilience sanitaire », effectué dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir (PIA), doublé d’un appel à projets consacré à la relocalisation de projets

TROIS LAURÉATS DU FONDS D’ACCÉLÉRATION DES INVESTISSEMENTS INDUSTRIELS DANS LES TERRITOIRES

Axyntis Orgapharm, basé à Pithiviers (Loiret), est soutenu pour un projet d’investissement de 8 M€. Il repose sur l’aménagement d’une unité existante de synthèse et de purification de molécules à haute activité (Highly Potent Active Pharmaceutical Ingredients, HPAPIs), principalement des anticancéreux. Ce projet permettra la création de 3 emplois directs et entre 9 et 12 emplois indirects. BCF Life Sciences, spécialisée dans la production d’acides aminés naturels et de dérivés à partir de kératine de plumes de volaille, souhaite augmenter ses capacités à Pleucadeuc (Morbihan). Son projet de plus de 6,1 M€ comporte un volet capacitaire, la réduction des émissions de bruits et d’odeurs et la diminution des transports intra-sites. Il bénéficiera d’une aide de 800 000 €. 29 nouveaux emplois pourront être créés dans le cadre de cet investissement. La Stéarinerie Dubois, spécialisée dans la production de corps gras, envisage de remplacer et de moderniser une partie des équipements de chimie fine (réacteurs de synthèse et sécheur) afin de gagner en qualité, en flexibilité, en capacité et en efficacité énergétique. Le soutien, apporté par le gouvernement, permettra d’assurer la pérennité et le développement de l’entreprise, et particulièrement de son centre de production, situé en zone rurale à Ciron (Indre). Sept nouveaux emplois pourront être créés et 150 seront confortés. dans les secteurs stratégiques de la santé, de l’agroalimentaire, de l’électronique, des intrants essentiels de l’industrie ou encore des applications industrielles de la 5G. Le 19 novembre 2020, le gouvernement a ainsi communiqué sur les premiers lauréats de ces dispositifs - tous secteurs confondus -, avec la publication de 31 projets représentant 140 M€ de soutien public. Le 8 février 2021, 34 projets supplémentaires représentant 128 M€ de soutien public ont été dévoilés. Tour d’horizon des acteurs de la chimie fine qui ont décroché des subventions – dont les montants sont rarement dévoilés - pour des productions d’actifs, d’intermédiaires, de solvants ou d’autres produits pouvant entrer dans la fabrication de produits de santé.

Comgraf :

des antibactériens à base de chitosanes

Comgraf propose de produire industriellement, à partir de bioressources, de la chitine/chitosane à Lacq (Pyrénées-Atlantiques). Les chitosanes ont des propriétés antibactériennes et antifongiques naturelles et sont susceptibles d’apporter des solutions dans la lutte contre le Covid-19. Ce projet, connu sous le nom d’Alpha Chitin, permettra de créer entre 10 et 20 emplois d’ici à décembre 2021. Metabolic Explorer :

production d’acide glycolique biosourcé

Lacleantech auvergnateMetabolic Explorer(Metex) aunnouveau projet d’investissement dans uneunité industrielle de 2 500 t/an d’acide glycolique (AG) d’origine naturelle, d’un montant de 40 à 45 M€.

À Pithiviers, Axyntis se renforce dans les HPAPIs.

lesinvestissements

Grâce à l’obtention d’une subvention de 9,6 M€, Metex espère réaliser lesétudesetles développements nécessaires à la décision d’investissement prévue fin 2021. Pour l’implantation de cette unité, trois sites géographiques sont à l’étude : Carling, dans la logique de réaliser cet investissement à proximité de l’unité de propanediol de Metex Nøøvista, et deux autres sites situés dans le Nord de la France. Utilisé en cosmétique en tant qu’actif antiâge, l’AG a représenté un marché mondial de 130 M€ en 2020, en croissance de 5 à 10 % par an.

M2i Life Sciences :

relocalisation du Gamma-OH

La société de biocontrôle et de chimie fine M2i Life Sciences souhaite produire dans son usine de Salin-de- Giraud (Bouches-duRhône) du Gamma-OH, alors qu’il n’est pas fabriqué en France et très peu en Europe. Cette molécule a été sous très forte tension durant la crise sanitaire car elle était utilisée capacité de R&D du Seqens’Lab de Porcheville, celle de l’innovation procédé dans la chimie des microréacteurs et la f low chemistry, en pilote à Porcheville, et en phase d’industrialisation à Couterne, et lamodernisation et l’augmentation de capacités polyvalentes à Bourgoin-Jallieu et à Limay. Ces projets créeront entre 80 et 100 emplois.

Le site d’Aramon de Seqens est candidat à la relocalisation.

ns eqe © S en réanimation. Le projet consiste à finaliser le développement d’un procédé innovant afind’augmenter lacapacitéetderendreplusflexible l’outil industriel pour sa production. Outre ce projet, M2i prévoit de se positionner rapidement sur d’autres substances pour la création rapide de cinq emplois.

Novapex (filiale de Seqens) : une deuxième unité d’alcool isopropylique

Novapex, qui opère à Roussillon (Isère) la seule unité française de production de phénol et d’acétone, veut construire une nouvelle unité d’alcool isopropylique sur sa plateforme. Il industrialisera ainsi une innovation en intensification des procédés qui lui a valu un Prix Pierre Potier en 2016. Cet alcool est l’un des principaux solvants utilisés dans la production d’intermédiaires et de principes actifs pharmaceutiques. Il est aussi largement utilisé dans les produits d’hygiène et de désinfection tels que des gels hydroalcooliques. Le projet devrait conforter les 150 emplois du site et en créer quatre nouveaux.

Seqens : cinq projets et 65 M€ d’investissements

La société Seqens fait état de cinq projets pour un montant total de 65 M€. Elle prévoit d’investir dans un nouvel atelier de production de principes actifs high potent à Aramon, dédié en priorité à la production d’antiviraux et d’anticancéreux. Le deuxième projet vise à sécuriser et relocaliser des intermédiaires et des principes actifs de douze médicaments qui ont connu de fortes tensions pendant la crise sanitaire. Ce projet comprendra également : l’augmentation de la

ILS INVESTISSENT AUSSI EN FRANCE …

Novasep va injecter 6,5 M€ dans son site de Chasse-sur-Rhône (Isère). Le site va réaménager un de ses ateliers via l’installation de deux nouveaux réacteurs de 4000 litres et de 1600 litres pour augmenter la capacité et la flexibilité du site sur la production de principes actifs « de faible à moyen volume ». Pierre Fabre a annoncé un investissement de 4,5 M€ pour produire, sur son site de Gaillac, les principes actifs du binimetinib et de l’encorafénib, actuellement produits en Allemagne. Le groupe prévoit par ailleurs d’investir 1,8 M€ sur son usine d’Aignan (Gers) dans les sucres cuits pharmaceutiques. Servier va consacrer 100 M€ à son site Oril Industrie de Bolbec (Seine-Maritime). L’usine, dédiée à la production des principes actifs du groupe, verra l’installation d’une nouvelle unité de production du principe actif du Daflon. Sanofi va investir 60 M€ à Sisteron (Alpes-de-HauteProvence). Le groupe souhaite anticiper le développement et le lancement de nouveaux principes actifs pharmaceutiques.

Seppic : développement d’adjuvants de vaccins

La filiale d’Air Liquide compte investir sur son site de Castres. La société a développé un adjuvant d’intérêt pour les vaccins prophylactiques à base de squalène. Elle souhaite l’industrialiser en réponse à la pandémie actuelle. À long terme, Seppic espère créer une dizaine d’emplois. •

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