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Civic Commitment and Service Learning
Dans le cadre d’un projet en éducation morale et civique (EMC) portant sur les inégalités entre l’éducation privée et l’éducation publique au Liban, les élèves de 1ère se sont rendus au lycée public Laure Moghaizel. Le but de cette visite était de créer un premier contact avec les élèves de cet établissement afin de mieux comprendre l’écart qui s’est creusé entre deux pôles qui œuvrent pourtant pour un même but : éduquer les jeunes de ce pays.
Cette sortie a permis aux élèves de découvrir le Liban qu’on ne voit pas forcément, et de témoigner de la réalité de la situation de ses écoles publiques.
Dès l’arrivée, on remarque la présence d’espaces verts entretenus, une peinture fraîchement refaite et des murs colorés garnis de panneaux. Une bonne première impression, qui s’avèrera être presque illusoire. En effet, il semblerait que les grèves concernant les professeurs des écoles publiques aient eu un plus grand impact sur le fonctionnement du système scolaire qu’on ne le pensait.
Durant ces quatre longs mois loin de l’établissement, les élèves s’occupaient de différentes façons: certains ont trouvé un travail et maintenaient un contact avec des gens, d’autres ont profité de cette occasion pour travailler sur leurs talents, et une minorité tentait avec tant bien que mal de poursuivre quelques cours seuls à la maison.
Or, c’est aujourd’hui, quelques jours avant les grandes vacances, qu’on commence à se rendre compte de la gravité de la situation. Il n’a fallu qu’une dizaine de minutes pour palper la peur croissante parmi les jeunes.
Quatre mois perdus, l’équivalent de plus d’un trimestre scolaire, et un décalage dans le programme impossible à rattraper en quelques jours.
Les journées d’école sont intenses, partagées entre examens et cours d’affilés. L’anxiété est constante et on ne pense qu’à une chose: que faire? Effectivement, les élèves du public se sont vus dans l’obligation de changer de parcours universitaire et de projet professionnel dûs aux déficits d’instruction toujours en augmentation. De même, les jeunes sont dans l’incapacité de changer d’écoles, étant donné que la base requise aux examens d’entrée fait défaut.
Une colère grandissante certes, mais comprise surtout. Leur futur se fait dérober malgré eux.
En l’absence d’aide extérieure, les élèves prennent en charge la situation. Ils comptent suivre des cours pendant les vacances scolaires afin de rattraper ceux perdus. Si les jeunes sont aussi réactifs, c’est surtout grâce à leur endurance et la résilience dont ils ont fait preuve tout au long de la crise. Une résilience, mais pas au point de s’y adapter.
Au niveau matériel, un tour de l’établissement nous a permis de constater les conditions physiques de l’apprentissage. On nous apprend que malgré la présence de laboratoires scientifiques, ils sont inutilisables étant donné que les matériaux soient hors d’état ou périmés. De même, on note la présence de tableaux interactifs dans plusieurs salles communes, mais il n’y a pas d’électricité pour les faire fonctionner. Pour couronner le tout, on nous renseigne que ce ne sont autres que les élèves qui assurent le nettoyage de leurs classes chaque matinée. Les jeunes admettent se sentir dévalorisés, délaissés par ceux dont le devoir est de prendre soin d’eux.
En fin de compte, il semblerait que la situation actuelle dépasse toutes attentes, et le décalage ne continue qu’à se renforcer entre les écoles publiques et privées. Les élèves des écoles publiques font preuve d’une maturité hors du commun, forcés de grandir malgré eux. Les situations les plus dures ont rapproché ces jeunes aujourd’hui solidaires.
Néanmoins à présent, le changement est nécessaire. Les élèves ont bel et bien tenté d’améliorer la situation, mais leurs voix n’atteignent pas les autorités responsables. Lançons un appel au changement, un renouveau d’espoir!
Article rédigé par Sophie Abou Jaoudé à la lumière de témoignages recueillis par ses camarades