Ibilka #2

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ibilka

le magazine

numéro 2 - 2013 udaberri / printemps

Bilbao

Zazpi Kaleak reste le quatier mythique de Bilbao, celui où bat le cœur de la capitale de la Biscaye et de ses habitants. Visite guidée.

Eunate

Halte historique et privilégiée sur le Chemin de Saint-Jacques, la chapelle d'Eunate préserve encore ses secrets.

Ehüjarre

Il y a 100 millions d'années, quand la montagne basque n'était… qu'une mer. Ainsi commence l'histoire des canyons de Soule contée par le géologue Philippe Razin.

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Pala ancha, La pala ancha, tous champions !

denok gira txapeldunak ! Pala ancha, dudarik gabe, euskal pilotaren diziplinarik herrikoiena da. Edozeinek praktika dezake eta batez ere, asteroko partidak adixkidetasunaren une handi bat irudiztatzen du. t e x t e Txomin Laxalt / photographie Cédric Pasquini

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armi la soixantaine de trinquets répertoriés en Iparralde, se trouve vraisemblablement le vôtre. Celui où, au moins une fois la semaine, vous retrouvez le tiercé d’amis fidèles, ceux avec lesquels, le temps d’une suée magistrale, vous allez vous purger du quotidien. Ce soir vous avez pala et il serait bien malvenu - mais qui s’aviserait d’en prendre l’initiative ? - de vous programmer une invitation, un rendez-vous impromptu. On les reconnaît, sortant du bureau précipitamment, la cravate encore à poste, à ce signe distinctif qu’est le manche chatertoné de la pala dépassant d’un sac soigneusement préparé le matin. Comme certains vont à l’office, eux vont au trinquet, une autre forme de temple. Comme on a son trinquet, on en connaît son caractère car un trinquet a une âme. Du vôtre, vous en connaissez la moindre de ses lézardes, vous en savez tous les effets funestes pour l’adversaire - qui les connaît aussi - quand la pelote vient rebondir sur une grumelure de la cancha ou se défausser sur une paillette murale, défauts invisibles à l’œil nu mais passés dans la mémoire collective de tous les familiers du lieu. La pala ancha n’est pas une discipline comme les autres. Point n’est besoin d’école pour en maîtriser la technique. On apprend sur le tas et, généralement, l’âge ne fait rien à l’affaire, l’art du bon placement acquis durant les décades passées, suppléant au manque de cannes. Pour les raisons précitées, elle est la plus popu-

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laire des disciplines mais aussi parce que l’anonyme peut partager l’instant avec le champion confirmé et, de plus, la confiance mutuelle fait office d’arbitre. La discipline la plus conviviale aussi ; on y parie le verre d’après partie - ah, cette mousse que l’on déguste sitôt sorti de la douche ! - voire la krakada qui fait partie intégrale du rituel hebdomadaire. Un trinquet c’est aussi un livre d’histoire, il s’y raconte des récits de cancha invraisemblables qui possèdent le sel de l’épopée. Je me souviens d’un fameux chroniqueur saint-palaisien m’évoquant ces défis d’après gueuleton, avec une chaise, un Mots-clés/Hitz gakoak sac de patates tenus à la main, voire trinquet : trinkete une bouteille de cidre en guise de pala : « Jean Urruty n’était pas le dernier. On partie de pelote : y a relevé des paris de toutes sortes, pilota partida on y a même joué… nu, à l’époque où pari : apustu les femmes ne jouaient pas encore », populaire : herrikoi rappelait-il hilare et baissant la voix : « si de Saint-Jayme avait vu ça ! », sans préciser si le plus choquant pour l’emblématique propriétaire du trinquet de Saint-Palais, eut été de voir un pilotari vêtu de sa seule pala ou des femmes sur la cancha. Soyez attentif au claquement de la pelote sur le bois, à ce mouvement où tout le corps participe et écoutez, ainsi que l’écrivait le père Bordachar : « dans un murmure pathétique monter la voix des générations ».

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Éditorial

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Une invitation au voyage

Société éditrice : BAMI Communication Rond-point de Maignon, Avenue du 8 mai 1945 BP 41 - 64183 Bayonne bami-communication@bami.fr Directeur de la publication : Jean-Paul Inchauspé Coordination : Jean-Paul Bobin Textes : Txomin Laxalt, Jean-Paul Bobin Direction artistique : Sandrine Lucas Fabrication : Patrick Delprat Iru Errege Le Forum 64100 Bayonne Photos : Cédric Pasquini ; p. 2, 4-5, 18. Santiago Yaniz : p.6 à 15. Txomin Laxalt : p.16-17 DR : p. 19, 20. Couverture : Aurelio Arteta « El puente de Burceña » : Musée des Beaux Arts de Bilbao.

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La parution du premier numéro du magazine Ibilka a connu un franc succès. Les nombreux commentaires qui nous ont été adressés mettent en avant son originalité, son format, sa qualité d’impression et sa richesse éditoriale. Nous ne pouvions avoir une plus grande approbation de ce projet devenu réalité et dans lequel nous souhaitons persévérer pour vous satisfaire encore. Vos remarques, vos idées sont les bienvenues. N’hésitez pas à nous en faire part car la vocation d’Ibilka est de partager, d’échanger avec vous. Le numéro 2, que vous avez en mains, se veut une invitation, une incitation au voyage. Nous vous proposons après un court passage dans la mythologie basque au travers du portrait de Claude Labat, d’aller sur les routes du pèlerinage de Compostelle pour vous arrêter à la chapelle d’Eunate, en Navarre, avant de vous fondre dans la vie urbaine pour découvrir le cœur de cette ville transfigurée depuis la construction du Musée Guggenheim : Bilbao et son quartier des « zazpi kaleak ». Rares étaient les personnes qui s’y rendaient

il y a une vingtaine d’années pour passer la journée, déjeuner ou dîner. Aujourd’hui, cette ville est incontournable. De nos jours, c’est un plaisir d'y déambuler pour ressentir l’énergie qui s’en dégage et profiter du bain culturel dans lequel cette cité s’est plongée. Enfin, un dernier reportage vous fera marcher au fond des canyons de Soule dont la genèse vous sera expliquée par Philippe Razin, professeur de géologie passionné par son travail. Notre idée est véritablement de vous servir non pas de guide mais plutôt d’accompagnateur dans toutes sortes d’explorations. Si la lecture d’un reportage attise votre curiosité et vous pousse à vous déplacer jusqu’aux sites concernés, nous en serions ravis. Notre région, notre pays, recèlent des paysages, des lieux et des histoires hors du commun. Ces trésors sont à notre portée. Allons y ensemble, nous ne le regretterons pas… Bonne promenade.

Jean-Paul Inchauspé, Directeur de la publication

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PORTRAIT dates clés

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1970

Volontaire à l’Aide Technique où il découvre ce qu'est le patrimoine d’un territoire

1972-2009

1979

1992

Enseignant en collège et organisateur de camps en montagne pour les jeunes

Entrée dans l’association Lauburu

Participation à la réflexion «  Pays basque 2010 »

2007

Centre d’interprétation des stèles discoïdales à Larceveau

Claude Labat,

mitologiak, nire patua argitzen du t e x t e Txomin Laxalt / p h o t o g r a p h i e s Cédric Pasquini

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Aita Barandiaren oinordekoa, Claude Labat-ek mitologiari buruzko beste ikusmolde bat ematen digu. Ikertzaile horren arabera, edozein mitok, kultura baten oinarrian parte hartzen du.

e pont d’Ibarron, dit aussi le Pont de la Vierge, fait le dos rond au-dessus des eaux paisibles de la Nivelle. Depuis le XIVè siècle, ce gué lancé vers la campagne a permis, entre autres, aux pèlerins de Saint-Jacques en route vers leur rédemption, de franchir le cours d’eau sans plus mouiller leurs besaces. Ce jourlà, accoudé au parapet, Claude Labat considérait la voussure du vénérable monument, un lieu qu’il affectionne, avec la sagacité de qui connaît la valeur du patrimoine, mais il me plaisait de l’imaginer tout aussi bien songeant à quelque lamin bâtisseur. La mythologie ne datant pas, l’interprétation cosmogonique évite toute forme de funeste anachronisme. D’ailleurs, est-ce un hasard si ce spécialiste incontesté de la mythologie basque affirme utiliser ce champ de recherche « comme un rétroviseur ? » Une façon d’avoir bonne mémoire tout en regardant vers l’avenir et en étant bien campé dans le présent. Installé à Bayonne dès sa plus tendre enfance, c’est tout naturellement que Claude arpente la montagne basque, un véritable conservatoire de notre mémoire collective. Il pratique assidûment le bivouac, ce moment irremplaçable pour échanger sur les sujets essentiels de l’existence. « La vision du cosmos m’a donné envie de m’interroger et ces interrogations passent inéluctablement par le mythe ». La rencontre avec le docteur Blot, infatigable recenseur de dolmens, menhirs et autres cromlechs - chez nous ils datent de plus de 3 000 ans avant Kixmi… pardon, avant le Christ - marque d’une pierre mégalithique, son entrée dans le monde du mythe et du symbole. Claude Labat adhère alors à la jeune et incontournable association ethnographique Lau buru, dont il en est aujourd’hui le président, et participe activement aux chantiers. « Le regard que l’on porte sur son territoire, c’est ce qui fait le fondement d’une culture », affirme-t-il et de s’empresser d’ajouter : « mais la culture basque n’est qu’une culture dans le monde et elle ne prend son sens que si on la considère comme une fleur au milieu d’un bouquet ». Car il n’est pas question pour Claude de se laisser enfermer, il travaille une forme de mythologie comparée qui permet de se rendre compte que l’esprit

L'esprit humain fonctionne d'une même manière des Pyrénées à l'Oural

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humain fonctionne d’une même manière des Pyrénées à l’Oural. Laminak ou Basajaun d’Irati, Herrensuge (dragon) de Soule, la déesse Mari d’Anboto, autant d’entités qui donnent sens à l’aventure humaine, et que souvent, sous des formes différentes, on retrouve dans les légendes de contrées lointaines, conjonctures rassurantes non ? Héritier du père José Miguel de Barandiaran (1889-1991), le pionnier de l’ethnographie basque, Claude Labat va plus loin que la simple quête ethnographique, fuit toute folklorisation et autres ninikeriak (enfantillages). Tout mythe a un fondement et délivre des clés. Ainsi du peigne d’or de Mari ou de l’or blanc accordé en récompense par les laminak à l’humain méritant, qui ne sont que les symboles de la connaissance, de la sagesse, d’une quête. « Autant de signes qui éclairent mon destin » avoue-t-il. Du reste, le lamin, entité des sources de sexe féminin, l’équivalent de la nymphe, mi-humain, mi-animal, est donc un être en cours d’achèvement, nullement une déité. Du reste, dans les légendes basques, souvent ce sont les hommes qui leur

donnent les directives. « Mais n’est-ce Mots-clés/Hitz gakoak pas l’homme qui a créé Dieu ? » Kixmi : personnage qui marque s’interroge Claude. l’avènement de la christianisation À travers conférences et livres - il faut Jentilak : personnages mythiques signaler son dernier ouvrage : Libre d’avant la christianisation parcours dans la mythologie basque (2012, Elkar) une somme de dix cromlech : mairubaratza années de travail - Claude Labat n’a dolmen : trikuharri de cesse non pas de briser le mythe mais de nous éclairer sur sa nécessité : « le mythe pour comprendre non pour tout expliquer. » Sans doute le mythe révèle un pan de notre histoire et en particulier les rapports de l’Église avec les vieilles croyances. « N’ayant jamais pu les éradiquer dans quelque partie du monde, l’Église a préféré composer avec, engendrant ainsi ce savoureux syncrétisme. » Rassurons-nous, nos Olentzero, Ortzi, toujours présents sur le calendrier, nos Jentilak, notre cyclope Tartaro, existeront tant qu’il y aura des solstices, des forêts pour les abriter et… Claude Labat pour les raconter.

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tradition

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, L’Ênigme templière Santiagoko bidean, Eunateko kaperak, bisitariei bere diseinuen purutasuna eta harrizko enigmak proposatzen dizkie.

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t e x t e Txomin Laxalt / p h o t o g r a p h i e s Santiago Yaniz

Eunate, Tenpluko ordenaren enigma

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e marcheur aux étoiles croisera fatalement la chapelle navarraise de Santa Maria de Eunate (Eunate, de l’euskara ehun ate, 100 portes), trois kilomètres avant son arrivée à Puente la Reina (Gares). Non point qu’il faille à tout prix couvrir dans son entier le trimard compostellien pour tomber sous le charme de l’un des plus énigmatiques monuments du Chemin, fleuron de l’art roman, mais son approche à pied participe grandement de l’émotion. Généralement on y parvient alors que la journée va sur son déclin, le soleil repassant à l’ocre les champs de blé navarrais. Sur l’azur du bout du chemin, entre l’hélianthe aux capitules suspendus à la course du soleil et les contours vacillants de lointaines sierras, apparaît d’abord le bulbe du clocher octogonal et le sommet du curieux déambulatoire extérieur. Le cœur bat plus vite, parce que l’on guette l’apparition au détour d’une boucle, on la suppute depuis le matin. La merveille romane datée du XIIᵉ siècle, à peine effleurée par le chemin, surprend d’emblée par la légèreté de ses lignes, et la cordelière de ses huit fois quatre arcades ceignant la chapelle, elle-même de forme octogonale. Le visiteur comprend de suite qu’ici tout est signe et prétend à une double lecture. La première, exotérique, permet, en laissant courir le regard, une approche purement architecturale quand la seconde, ésotérique, fait appel à l’histoire templière, aux symboles et aux secrets des tailleurs de pierre. Santa Maria de Eunate se lit comme une énigme, repoussant toujours les limites du mystère.

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À proximité de la chapelle Santa Maria, le visiteur comprend tout de suite qu'ici tout est signe et prétend à une double lecture

Octogonale Cette forme si particulière de la chapelle a alimenté les lectures du lieu, les unes exotériques, les autres ésotériques renvoyant aux Templiers.

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La figure de Baphomet, représentation de Satan, apparaît en bonne place sur les sommets des deux piliers du portail Son emplacement géographique d’abord. Nous savons, pour le nombre de sépultures à coquilles trouvées sur le site que Eunate fit probablement partie d’un hôpital de pèlerins. La chapelle se trouve au sommet d’un triangle presque parfait dont les deux points de la base se situent, l’un à l’emplacement de la chapelle du Sancti Spiritus de Roncevaux et l’autre, à Torres del Rio, deux étapes d’importance sur le Chemin, distantes de 120 km, au croisement de courants telluriques en fait. De par leur construction, les trois monuments révèlent aussi une fonction funéraire. Les trois chapelles reflètent les caractéristiques architecturales de l’Ordre du Temple, à savoir le principe de l’enceinte octogonale, à l’image de la rotonde du Saint Sépulcre de Jérusalem. >>

L’ombre du Baphomet

Le diable est là En observant attentivement le sommet des piliers, on peut voir apparaître la figure du diable, dissimulée derrière un visage paisible.

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Reproduction L'église d'Eunate était consacrée à la Vierge, bien que celle d'aujourd'hui ne soit qu'une reproduction de la sculpture romane originale.

Le portail merveilleusement sculpté de la porte nord est formé d’une succession longitudinale de figures, de personnages hybrides, de cavaliers et de dragons, rien de plus normal si ce n’est que le portail de l’église du village voisin d’Olcoz, représente la fresque similaire mais comme vue dans un miroir, c’est-à-dire lisible dans l’autre sens. Plus curieux, le portail de l’église de la commune française de Bains, proche du Puyen-Velay, première étape du chemin, n’est que la réplique des deux cités précédemment avec quelques différences cependant : Olcoz possède onze voussoirs portant des visages sculptés, Eunate treize, Bains quinze. Carlos Garcia Costoya, historien du Chemin en explique la symbolique : « Le 11 est le chiffre du conflit et possède un sens infernal, le 13 celui de la

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mort, le 15 possède une valeur érotique et a un rapport avec le diable » (El camino magico de Santiago, Ed. Martinez Roca). Plus inquiétant encore, la figure du Baphomet, représentation de Satan, apparaît en bonne place sur les sommets des deux piliers du portail, mais une fois encore, en double lecture. Il faut la regarder à l’envers pour voir apparaître le faciès du diable avec sa double volute de cornes, l’endroit n’offrant qu’un visage paisible. On sait que l’un des chefs d’accusation visant l’Ordre du Temple fut l’adoration du Baphomet. La présence templière se lit encore sous la coupole de la chapelle dont l’octogone dessine la croix pattée d’Ankh et le Tau, symboles de l’Ordre dont les membres furent, en France, condamnés au bûcher en 1307, sur instruction de Philippe le Bel. L’art des tailleurs de pierre trouve ici son aboutissement. Ce qui paraît anomalies architecturales se révèle clins d’œil, messages chiffrés à l’intention des générations à venir. Les maîtres maçons qui parcoururent l’Europe en bâtissant les cathédrales y apposèrent leurs signatures lapidaires. On peut encore lire ces émouvants témoignages sur la pierre d’Eunate. On retrouvera les mêmes à Burgos, San Juan de Ortega, León, Compostelle mais aussi à Chartres, Le Puy, Canterbury ou Cologne. Délimitant la surface travaillée, ils permettaient ainsi l’évaluation de leur salaire. Que l’on croit au Ciel ou pas, peu importe, l’art de la construction est une histoire d’hommes lesquels, par ces hymnes à la pierre, ont exprimé leur appétence de spiritualité. Franchir l’enceinte octogonale de la chapelle aux cent portes, c’est s’ouvrir à une nouvelle et passionnante lecture du monde. >>

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Que l'on croit ou non au Ciel, l'art de la construction est une histoire d'hommes exprimant leur appétence de spiritualité

Mots-clés/Hitz gakoak : diable : deabru graver : zizelkatu chapelle : kapera tailleur de pierre : harripikatzaile

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Bilboko benetako arima, Zazpi kaleak Bizkaiko hiriburuko historiaren bilduma litezke. Elizek, merkatu batek, izigarriko etxeek, baitan ere ostatu famatuek auzo historiko hori seinalatzen dute.

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Zazpi kaleak,

à Bilbo Zazpi un art de vivre

kaleak,

Bilbon bizimolde bat t e x t e Txomin Laxalt / p h o t o g r a p h i e s Santiago Yaniz

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n le sait, la question n’a jamais été résolue. Lequel des deux a procédé de l’autre ? L’œuf ou la poule ? C’est un peu le problème qui se pose à Bilbo (Bilbao) quand on évoque les deux rivières Nervion et Ibaizabal. Laquelle est l’affluent de l’autre ? Quand certains affirment que Bilbo est bâtie sur les bords de la première, les autres avancent qu’au contraire c’est le Nervión qui, à hauteur de

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Basauri, se jette dans l’Ibaizabal, ce qu’ont retenu les hydrographes. Que l’on se rassure, la querelle n’est pas de l’ordre des priorités pour les Bilbotarrak persuadés que, de toute façon, ils habitent la plus belle ville sinon du monde, d’Euskal herria, c’est certain. Pour évacuer toute forme de dissension, on admet que Bilbo fut édifiée en 1 300, rive droite de sa ría selon la géniale volonté de Diego Lopez de Haro. Géniale à plus d’un titre, d’abord parce que ce lieutenant de la Maison royale obtint pour la cité le titre de port marchand, libre de tout tribut royal et par conséquent attaché au seul domaine de Biscaye et à son autorité ; ensuite parce qu’il choisit pour son édification, le lieu idéal car la ría, à quelque dix kilomètres en amont du grand océan, amorce ici un large méandre, frôlant une courte plaine où en fait, existait déjà la petite paroisse de Begoña. Bref, un endroit se révélant idoine pour la création d’un port intérieur protégé des colères atlantiques et l’implantation d’une ville dont l’axe des sept rues, commerce oblige, serait tourné vers les eaux. 700 ans après, prononcer le mot Zazpi kaleak, les sept rues, c’est évoquer l’âme de la capitale de la Biscaye. Bilbo la négociante, Bilbo des sept océans, Bilbo la lainière, Bilbo de fer, n’existerait pas sans Zazpi kaleak. Affirmer que Zazpi kaleak c’est seulement

alde zaharra, le vieux quartier, c’est se tromper. Tout à Bilbo en procède et s’y achève entre Barrenkale et Somera. Une victoire remportée ou une jipoi (raclée) subie par l’Athletic, une manifestation monstre capable de réunir plus de cent mille personnes sur la Gran Vía, les fêtes d’août ou le txikiteo des fins de semaine, tout, tout se consume au comptoir d’un des mille bistros ou presque, de Zazpi kaleak. Zazpi kaleak, c’est une géographie. Nous pourrions vous inviter à vous rendre au Musée basque de Bilbo pour consulter le Civitates Orbis Terrarum, daté de 1544, une

Navire amiral Le marché de la Ribera (cicontre), étonnant paquebot amarré à la ria est le plus vaste marché couvert d'Europe.

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fresque représentant le Bilbo des origines. On y reconnaît parfaitement parmi le petit groupement d’édifices, l’alignement des Zazpi kaleak et le pont d’accès, San Anton. Mais non. Le mieux, c’est de se risquer dans le faux dédale des rues. Car Zazpi kaleak répond à une logique urbanistique qui fait que l’on ne peut s’y perdre. Il s’agit d’un quadrilatère parfait, ceint de son ancien chemin de ronde dont il reste la rue justement dénommée Ronda et traversé de sept rues rigoureusement parallèles : Barrenkale barrena, Barrenkale, Harategi zahar kalea (rue vieille boucherie), Belostikale, Dendarikale (rue des marchands), Artekale, enfin Goienkale (la rue haute) ou Somera, lesquelles, se recoupent en leur milieu grâce aux kantoiak, de sympathiques ruelles ; le reste c’est noraezean, au hasard du promeneur. Y accéder par le pont San Anton, entrée historique de la ville, venant du quartier San Francisco est une bonne approche.

La fin de semaine est une bonne opportunité pour découvrir ZaZpi Kaleak

Cela rappellera quelques souvenirs aux plus anciens qui connurent jusque dans les années soixante-dix, avant son éradication, les grandes heures de ce quartier populaire sis rive gauche, peuplé de mineurs, de dockers, fréquenté par les matafs du monde entier et qui dévale vers Zazpi kaleak. Il fut appelé aussi La Palanca (le levier), référence faite à certaines… levées intimes pour évoquer le nombre de bordels et autres lieux de vie essaimant ces hauts de Bilbo. Ce lieu inimitable et singulier selon ses historiens (Historia de la Palanca bilbaina, Arturo Izarzelaia et Txema Uriarte) réunissait, à l’heure des lampes, la bonne société comme le populaire pour des soirées canailles qui n’avaient rien à envier à Pigalle et autre Barrio Chino barcelonais. Car pour bien apprécier toute la quintessence des Zazpi kaleak, il faut se pénétrer

des alentours de cette adéquate avancée de terre, aujourd’hui calée entre San Francisco, Arenal et Atxuri, un galbe plus prononcé sur le dessin harmonieux des rives de la ría. Il n’est d’ailleurs que d’écouter les Bilbotarrak parler de la ville moderne comme d’une extension, Zazpi kaleak restant le cœur battant de la capitale biscayenne.

Un monde en miniature Produits de première qualité au marché de la Ribera, architecture classique de la Plaza Nueva et rencontres cosmopolites dans les ruelles du quartier.

Frénésie portuaire

Le port de Bilbo, l’un des plus importants de la péninsule, pénétrait bien avant dans la ville et ses ponts se levaient pour permettre le passage des navires. Les docks investissaient la cité et les bateaux venaient accoster jusqu’au débouché des sept rues, ce qui laisse imaginer la frénésie portuaire qui faisait palpiter le cœur d’une cité dont les nuits étaient illuminées par les gerbes

d’étincelles régurgitées par les hauts-fourneaux goulus de Baracaldo avant que la ville ne procède à sa grande reconversion. Comme dans toute existence, des dates importantes scandent la destinée de ce quartier. Le 14 juillet 1894 bien sûr quand, pour la première fois, fut hissé l’ikurriña mais celle du 26 août 1983, alors que la ville célèbre ses fêtes, reste dans toutes les mémoires. Une soudaine crue de la ría va balayer le quartier historique, drainant avec elle tout ce qui transite par un port de cette importance, provoquant la mort de 39 personnes et dissolvant dans des torrents de boue, de produits toxiques, et de troncs démantelés, une grande partie de ce qui faisait le sel du quotidien des Zazpi kaleak. Aujourd’hui, les indices, soigneusement entretenus, des côtes maximales atteintes

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signalent que l’eau s’est élevée jusqu’à huit mètres. La fin de semaine est une bonne conjoncture pour découvrir Zazpi kaleak. Toujours élégants, les Bilbotarrak y déambulent dès le matin, les plus anciens auréolés de l’imposant béret, et sacrifient d’abord au rituel du marché dont les produits de première main seront destinés à la table familiale ou au txoko, l’association gastronomique, cette académie de la convivialité et du bien vivre, la meilleure façon que l’on ait trouvée pour vieillir ensemble sur les bords de la ría. Ah, Erriberako Azoka, le Marché de la Ribera ; il est le dernier navire amarré entre les ponts San Anton et de la Ribera. Regréé pour cause de vétusté et de remise aux normes sanitaires, il a, par bonheur, conservé ses superstructures qui lui donnent les allures d’un de ces paquebots géants, orgueils

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de l’industrie triomphante du début du XXe siècle. Les détails tarabiscotés et colorés de sa proue et de sa poupe, les vitraux gigantesques d’origine, au pétillement jaspé, s’harmonisent parfaitement avec les maisons du quai opposé de Marzana que souligne une exquise obsession géométrique. Depuis le pont de la Ribera, l’ensemble offre un enchantement visuel que renforce le chatoiement des couleurs. La halle de la Ribera est le plus grand marché couvert d’Europe. Sur deux étages, il propose tout ce que la terre de Biscaye offre de meilleur à l’hymne de ses quatre saisons. Quant aux étals de poissons, ils s’apparentent davantage à un musée de la mer : cerniers des grands fonds, bars étincelants, poulpes protéiformes, fagots de couteaux, nœuds de pibales tressaillantes dans leur luminescence, palourdes béantes, crabes, rouges de colère, taillant vainement l’air de leurs pinces dressées, tout le Golfe est ici présent… S’engouffrer dans les rues, une fois passées les arcades de la Ribera, c’est assister à un

Théâtre de rue Pénétrer dans les petites rues du quartier permet de découvrir parfois des commerces hétéroclites ou de favoriser de surprenantes rencontres.

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théâtre de rue. Caustique, souvent acerbe, le poète bilbotarra, Gabriel Aresti (1933-1975) a d’ailleurs joliment raillé les boutiquiers, txerri erosle eta txorizo saltzaile (acheteurs de cochons et vendeurs de chorizos) des Zazpi kaleak . La crue de 1983, c’est vrai, a emporté dans ses remous toute l’heureuse obsolescence des commerces de Zazpi kaleak mais une observation attentive permet de cueillir, çà et là, les reliquats rappelant les riches heures du quartier et même du Bilbo d’antan. Si la ría en furie est venue à bout des structures anciennes, elle s’est heurtée aux colonnes de fer ouvragées, droit sorties des forges de la cité, étayant encore le plafond de certains établissements. Le matériau, fierté de la cité, ourle encore certaines façades et ainsi le style Baltard fraie avec aujourd’hui. Quelques boutiques s’arc-boutent encore au passé ; ainsi, comment s’empêcher de pénétrer, happé par les fragrances insinuantes de morue et de sardines séchant en de savantes rosaces, dans l’échoppe de Gregorio Martin   ? Elle porte le nom savoureux et fleurant bon la bourlingue de : Almacen coloniales y bacalao. L’envie est forte de plonger la main dans les sacs débordant de fèves, de haricots

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et d’épices énigmatiques, de la porter à ses narines pour se projeter, le temps d’une brève inspiration, au temps des comptoirs lointains et de la marine à voile. Enfin, la pierre est imprégnée de la prospère histoire de la capitale biscayenne. L’empreinte anglaise dans la ville est forte et on la retrouve ici, dans les magnifiques bow-windows suspendus aux façades cossues et traditionnellement colorées, telle la surprenante maison rose (XVIIe siècle) de Bidebarrieta kalea.

Zazpi kaleak , c'est surtout son txikiteo, l'art subtil de pratiquer l'apéritif, plus ou moins appuyé, à coup de petits verres de vin

Quartier parfait

Il n’est pas de rue qui n’abrite son palais ; ainsi Beloskale et le Palais baroque de Arana, le plus ancien de la ville (1590) généreusement blasonné ; ou sa niche, abritant quelque vierge. Ainsi, la vierge de Begoña (les txikiteroak - buveurs de vin -, ont coutume de se réunir pour la prier, le 15 août, avant la tournée apéritive) surmonte la porte richement ouvragée du Palais John, une bourse édifiée en 1795. La réhabilitation du magnifique patio laisse apparaître les anciennes murailles. La situation légèrement décentrée de l’édifice permet une belle perspective sur la rue Santa Maria, parti-

Ikuriña C'est le 14 juillet 1894, que l'ikuriña fut hissé pour la première fois à Bilbo. Aujourd'hui, de très nombreux balcons de la capitale de la Bicaye arborent le drapeau basque.

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le bonheur insigne de participer aux agapes nocturnes dans un txoko Bistrots On a ses bistrots comme on a ses amis et son propre sens de rotation. Une seule règle celle de la convivialité et du plaisir partagé.

culièrement animée. Quartier parfait, on y trouvera outre la bibliothèque municipale, petit trésor architectural du XIXe siècle, des hôpitaux et un théâtre, le prestigieux Arriaga à l’architecture pâtissière du XIXe siècle et des fontaines. Accumulant des symboles ésotériques égyptiens, celle des Chiens, dans la rue du même nom, fut ainsi appelée parce que les lions dont les gueules crachent l’eau, ressemblaient trop à des canidés aux yeux des Zazpi kalekoak ! Quant aux églises : San Anton, San Joanak, San Nikolas et Enkarnazioa, elles balisent le quartier de l’Arenal à la riche gare d’Atxuri avec, une cinquième, fichée en son cœur, la cathédrale de Santiago construite aux XIVeᵉ et XVeᵉsiècles. Bien malin qui apercevra dans un angle de sa voûte, au mitan de la nef, minuscule mais bien présent, l’écusson de l’Athletic, peint par un artisan supporter facétieux qui sans aucun doute, avait… foi en son équipe ou du moins voulait mettre toutes les chances de son côté. Selon la curieuse habitude médiévale, quelques boutiques

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s’appuient encore, côté Dendarikale, sur le mur extérieur du sanctuaire. Mais Zazpi kaleak, reconnaissons-le, c’est surtout son txikiteo, l’art subtil de pratiquer l’apéritif, plus ou moins appuyé selon les jours ouvrables ou les fins de semaine, toujours à coup de petits verres de vin : maiz baina gutxi (souvent mais peu), selon l’expression consacrée. On a ses bistros comme l’on a ses accointances, sa koadrila (bande d’amis) et son propre sens de rotation. Le txikiteo peut déborder et empiéter sur l’incomparable Plaza berria et ses incontournables taskak (estaminets) où l’on se gave de pintxo, histoire d’éponger car le cabotage risque d’être long. Au fil des comptoirs, des rencontres et de la température interne, les chants peuvent s’élever, de plus en plus en euskara mais les célèbres Bilbainadas chantées en castillan, composées par les immigrés espagnols venus en force lors de la révolution industrielle de la fin du XIXe siècle, font désormais partie du patrimoine et rappellent les métiers pratiqués, le dur

labeur quotidien, les us et coutumes, les changements survenus au long de la ría, les figures croisées, depuis ce ladino francès qui toucha le gros lot jusqu’à un certain Manuel qui avait une forte propension à s’enivrer. Enfin, et c’est tout le bonheur que l’on vous souhaite, peut-être connaîtrez-vous le bonheur insigne de participer aux agapes nocturnes dans un txoko, le Zazpi Kale, par exemple, une institution. Aisément reconnaissable, au mitan de la Ronda kale, pour l’ikurriña et le drapeau de l’Athletic flottant au-dessus de l’imposante porte d’entrée, l’association ne dissimule derrière elle que les secrets d’une cuisine raffinée et de vinifications remarquables. Sauf jours d’exception et ils sont rares, l’entrée de l’association n’est réservée qu’à ses 66 membres masculins, autant de maîtres queux, la plupart inscrits à la naissance, et à leurs invités. Une telle

opportunité, quand elle se présente est une marque de considération, bien fou celui qui s’y déroberait. Les vieilles histoires de la ría qui se racontent entre deux chants, sous ses vénérables poutres, les matches mémorables de l’Athletic que l’on rejoue inlassablement, les arpents de l’amitié que l’on cultive autour des tables d’hôte, dans la fumée des cigares et les reflets mordorés d’un vieux cognac, valent bien, je vous le jure, la migraine du lendemain.

Mots-clés/Hitz gakoak : Bilbao : Bilbo marché : azoka, merkatu tournée des bars : txikiteo association gastronomique : txoko gueule de bois : aje, biharamun

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nature

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Il était une fois

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t e x t e e t p h o t o s Txomin Laxalt

le géologue et le ca

Behin bazen geologoa eta arroila

B

ehin bazen, il était une fois. Ainsi, on le sait, débutent les belles histoires en Pays basque. Il était une fois donc, il y a 100 millions d’années, une mer. Une mer tropicale qui recouvrait ce territoire appelé aujourd’hui Baxabürü, l’extrémité sauvage ou, si l’on préfère, la Haute Soule. Elle étalait ses eaux cristallines entre ce qui n’était pas encore l’Ibérie et encore moins l’Europe. Aujourd’hui un vrai pays circonscrit entre Atharratze (Tardets), Santa-Grazi (Sainte-Engrâce) et Larraine (Larrau) ; mais nous n’y sommes pas encore. En ces millénaires incertains, le ciel du Baxabürü était zébré des vols alertes de l’archéoptéryx, Euskal herriko altxorrik ederrenateko bat, du rhamphorhynchus ou de Zuberoko arroilak dira. Baxabürü zulatzen l’inquiétant ptérodactylus dont on ne regrette pas qu’ils aient été dute. Philippe Razin, geologoa, segitu dugu avantageusement remplacés par Ehüjarreko arroileko zolaraino, oso historia les nuées bleues des palombes, zahar baten gakoak ondo atzemateko. voire les orbes du gypaète. La Nature ordonnatrice parfaite, aura attendu encore quelques millénaires pour jeter l’Homme

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dans la tourmente terrestre, il y a la bagatelle d’un million d’années. Il y a 10  000 ans, Baxabürü était sous la glace mais avait l’apparence qu’on lui connaît aujourd’hui, à quelques bouleversements géologiques près. De qui je tiens cette genèse ? De Philippe Razin, un ipuinlari (conteur) à sa manière. Professeur de géologie à l’Université de Bordeaux, Philippe Razin raconte une histoire laquelle, pour paraître droit sortie de quelque récit d’Héroic Fantasy, avec chamboulements, éruptions volcaniques, secousses sismiques comme autant de rebondissements, n’en est pas moins vraie. Baxabürü, suspendu aux flancs des Pyrénées quand elles commencent à relever leurs reins avec l’emblématique pic d’Ori, le premier 2 000 m de la chaîne, demeure un territoire exceptionnel jusque dans ses entrailles. Si, exceptions géologiques en Europe, ses canyons font la part belle au paysage, son sous-sol recèle aussi des mystères qui relèvent de ces taches encore blanches sur les cartes des continents souterrains, les derniers restant encore à explorer sous la peau du monde. C’est en 1906 que Édouard-Alfred Martel

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histoire

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le canyon

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(1859-1938), considéré comme le père de la spéléologie, vint poser ses échelles de bois pour explorer les peu engageantes gorges de Haute Soule ignorées et soigneusement évitées par les habitants. Depuis, souvent sans rien savoir de la prodigieuse alchimie, d’audacieux canyonistes se risquent dans les entrailles du sombre canyon d’Olhadubi ou d’Arpidia, et les randonneurs quand ils n’empruntent pas les rassurantes passerelles du canyon de Kakueta, se lancent à l’assaut des rudes sentiers des gorges d’Holzarte voire d’Ehüjarre, à notre sens, le plus authentique pour sa beauté sauvage.

Un fabuleux corridor C’est ainsi que nous avons capelé le sac et chaussé nos croquenots pour, à l’invite de Philippe Razin, recueillir in situ le récit d’un épisode de l’histoire d’amour qui donna naissance à nos Pyrénées et à quelques-uns de leurs plus beaux rejetons, les canyons de Soule. Philippe Razin utilise quelques instruments pour capter l’attention de l’auditeur : marteau du géologue, la loupe, la carte et il porte autour du cou ce curieux collier de mar-

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de l’examiner à la loupe pour mieux nous faire observer un coquillage marin incrusté. Quant au flexueux arc calcaire qui, au-dessus de nos têtes, dévale vers Santa Grazi, il n’est que la preuve évidente de la grande pénétration. Nous nous enfonçons dans le canyon progressant sur le sentier, attentifs à l’haleine d’un environnement devenu soudainement hostile. Philippe nous désigne les lignes de flysch recouvrant le calcaire éboulé dont les blocs monstrueux au fil d’un temps à échelle inhumaine, se sont délités pour devenir sables. Avec lui, nous lisons le terrain, et apprenons à distinguer le poudingue composé d’amas de galets, feuilletons le livre des schistes quasiment inaltérables, eux, pour mieux comprendre les lignes de fracture et le sens de la grande métamorphose. Alors que nous touchons au sublime pâturage d’Erraize, en fait un cirque glaciaire auréolé des géants souletins, le Lakoura (1 877 m) apparaît en majesté, filigrané des premières neiges et qui, depuis des millénaires, roule ses déjections minérales vers la seule pente naturelle, le canyon d’Ehüjarre. « Les canyons de Soule ne sont que des chenaux de fonte de glace. Les eaux glaciaires ont creusé ces gorges », résume Philippe Razin, sans parvenir par bonheur, à délivrer de ses sortilèges, malgré les pragmatiques interprétations scientifiques, l’un des plus beaux sites d’Euskal herria. Voulez-vous connaître la fin de l’histoire ? Dans cent millions d’années l’idylle aura pris fin, le Baxabürü sera rendu à l’horizontalité des origines et l’on pourra alors vraiment affirmer qu’il n’y a plus de Pyrénées !

L’immobilité de la montagne n’est que fausse apparence, faisant quelque part mentir l’adage affirmant que les montagnes ne se rencontrent jamais queurs permettant, de souligner sur la feuille blanche par différentes couleurs convenues par la discipline, une ligne de flysch, une veine de poudingue, une cathédrale de calcaire, la meilleure façon de rythmer l’odyssée géologique. « La tectonique des plaques pourrait s’apparenter à une idylle » avait annoncé Philippe, « il ne s’agit pas moins, à l’échelle de millions d’années, que d’histoires d’approches, de séries de ruptures, de rapprochements, d’unions et… d’affourchements donnant lieu à des accouchements formidables. » À peine doublée l’église de Santa Grazi, nous pénétrions, le corridor fabuleux d’Ehüjarre, frayant entre les barbes feutrées des lichens suspendus à des branches rabougries. L’immobilité de la montagne n’est que fausse apparence ; imperceptible à l’œil nu, courant sur le temps, le travail se fait, violent, puissant, faisant quelque part mentir l’adage décidément trop humain, affirmant que les montagnes ne se rencontrent jamais. Où nous ne voyons que cathédrales minérales, le vide radieux du ciel entre des citadelles de pierre, pentes chauves déchirées d’esquilles rocheuses et piquetés d’arbres d’une éternité végétale, là où nous enjambons les eaux effilochées d’un torrent turbulent, le conteur géologue effeuille sans plus ciller le calendrier des millénaires, narre les chapitres de la grande saga, rappelant que l’on foule le fond d’un océan fossilisé et que les parois calcaires ne sont qu’accumulation d’organismes marins. Où nous ne piétinons que caillasses, Philippe Razin, trouve matière à reconstituer le puzzle. « La poussée de la plaque ibérique, elle-même poussée par la plaque africaine va se heurter à la plaque européenne et passer sous elle » explique-t-il, tout en passant une langue gourmande sur un caillou calcaire avant

Il était une fois Comme toutes les histoires, celle des Pyrénées pourrait commencer par cet incipit. Il était une fois donc, il y a 100 millions d'années, une mer était à la place de nos actuelles montagnes. La suite n'est qu'affaire de ruptures, de rapprochements, d'unions et… d'affarouchements. Genèse Professeur de géologie à l'Université de Bordeaux 1, Philippe Razin, nous convie à la découverte de la genèse des canyons souletins.

Mots-clés/Hitz gakoak : canyon : arroil nature : izadi conte : ipuin conteur : ipuinlari

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À découvrir

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t e x t e Txomin Laxalt / p h o t o g r a p h i e Céderic Pasquini

La cave Beñat, chai plutôt bien

Beñat sotoa, leku aproposa

et, à l’occasion chanter des chansons. Alors, marchand de vin ? Il désigne celui qui n’en fait que commerce, très restrictif. Quant au mot caviste, il sonne trop neuf pour être honnête quand la place mérite mieux. Mastroquet, c’est bien, c’est riche, ça sonne les grandes heures du vrai bistrac et du vin à emporter. C’est un peu cela chez Beñat ou l’on préfère chez Camille Artigau-Fournets, Beñat sotoa ? Baionako Saint-André auzoan benetako leku bat. sisouletin par son père, béarnais par sa mère. Sotora jendea etortzen da nahiz arno originaletarako nahiz Antoine Blondin qui s’y connaissait, aurait dit Camillerentzat, nagusia, oso tipo zintzo bat. que se rendre chez Camille, c’est tenir compte du fait que « le cœur a ses raisons que le raisin ne connaît pas », bref un lieu de bonne franquette, sis dans un authentique quartier de Bayonne, Saint-André, a Cave Beñat ? Un vrai kanttu bayonnais, un de où l’expression commerce de proximité signifie encore ces endroits dans la ville où l’on se sent bien. quelque chose. Justement, ce jour-là, tout à une allégresse Pas vraiment un bar, mais pas non plus une gustative, nous avions le nez dans un surprenant vin des boutique. Des étagères de bois bancales sans Cévennes, une escale, il est vrai, peu fréquente dans les style particulier mais plutôt de tous les styles, croisières apéritives, illustration parfaite de la motivation l’hétéroclite convenant idéalement à la disparité d’une clientèle du maître de chai, plutôt que de céans : « défendre et faire venue connaître ici, une « révolution de palais », gustativeconnaître ceux qui font revivre les terroirs. » ment parlant s’entend. Pour soutenir ce chamboulement, les munitions ne manquent pas. Tournées du reste comme des obus, les bouteilles venues des quatre coins des terroirs Le contact avec les clients du monde courent d’une extrémité l’autre de cet antre de la convivialité. Une table, une seule, portant bien son nom Un parcours classique pour qui a souhaité embrasser l’un des de table d’hôte, vient rappeler, pour peu que l’on repoussât métiers de bouche peut-être le plus difficile tant il demande le carton d’un dernier arrivage du Roussillon ou du Lot, que le don de soi, le comptoir. « On vient aussi pour le patron et l’on peut à l’occasion, tailler en même temps que la bavette, moi j’ai besoin du contact avec mes clients ». Après l’école quelques rondelles de saucisson ou d’andouillette. Dans un hôtelière, option barman et fort d’une expérience acquise coin qui évoquerait quelque dernier boudoir où l’on cause, derrière les comptoirs du Club Med, de bars de Marbella et une banquette, un fauteuil de style indéfini et une table à de vrais troquets parisiens du 6e, en 2005 il rejoint à Dijon, conciliabules. Quelques tonneaux en position verticale, l’Université de Bourgogne, option connaissance des teridéaux pour partager en rond la fillette ou la chopine, et le roirs et dégustations. « J’ai pu satisfaire ma curiosité pour zinc, un authentique zinc, fait pour y poser et lever le coude le vin tant en matière de goût mais aussi dans sa dimension politique, religieuse et sociologique. » En 2008, il ouvre la Cave Beñat, rue Pannecau, « ce quartier me convient >> parce qu’il y plane une ambiance alternative. Le vin, c’est aussi le partage, l’envie de faire connaître ces vignerons qui défendent une identité loin des vins standardisés. L’une des raisons de mon métier c’est de chercher. » Alors que nous tombions un ballon de faugères du domaine Léon Barral, Camille, faisant tourner son verre sous le nez, précisa : « là, tu as l’exemple d’un de ces producteurs, soucieux de biodiversité et de pratiques culturales destinées à préserver le terroir, sans désherbants ni pesticides. » La cave Beñat, outre la patte d’un vrai taulier, c’est le plaisir de la découverte : un vin Chilien, ou un roussillon ou un cheverny. On tape dans les étagères comme on cueillerait un livre au hasard d’une bibliothèque en demandant à Camille : « Il est bien çui’là ? » pour feuilleter le chapitre d’un de ces cépages qu’on pensait à jamais oubliés avec le phylloxéra du XIXe siècle : Le Prunelat, le Loin de l’œil. De vrais titres de romans, non ?

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Tournées comme des obus, les bouteilles venues des terroirs du monde entier courent d'une extrémité l'autre de cet antre de la convivialité

Cave Beñat - 47, rue Pannecau - Bayonne - Tel : 05 59 44 86 60

Mots-clés/Hitz gakoak : vin : arno, ardo cave : soto vigneron : mahastizain tavernier : tabernari, ostalari

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culture

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Hommage à Nestor Basterretxea Artiste polymorphe, sculpteur, peintre, auteur de collages, cinéaste, Nestor Basterretxea est, à 89 ans, l'un des derniers monstres sacrés de la sculpture basque. L'hommage que rend le Musée des Beaux Arts de Bilbao (Bilboko Arte Ederren Museoa) à l'artiste de Bermeo, prétend à l'exhaustivité. En 2 008, Basterretxea avait fait don au musée de 18 sculptures qui forment la série Cosmogonie basque, une œuvre majeure de la sculpture basque de la seconde partie du XXe siècle. À travers plus de 240 piéces, l'exposition propose une rétrospective de près de 60 années de création de l'artiste, à travers toutes ses expressions artistiques, depuis ses débuts comme peintre en passant par la sculpture, le cinéma, le dessin, la photographie, et même l'architecture et l'urbanisme. À travers cet itinéraire, ce « kaléidoscope Basterretxea », pour reprendre l'expression du critique Juan Daniel Fullaondo, l'exposition offre des éléments de lecture du parcours et des influences, parfois contraires mais jamais contradictoires, d'un des plus grands artistes contemporains. Jusqu'au 19 mai au Musée des Beaux Arts de Bilbao.

La cuisine d'Arrambide

Comme l'écrit Périco Légasse dans sa préface, « Les Basques, et plus encore les Navarrais, savent mettre leur pays en saveur ». Le restaurant de la

famille Arrambide à Garazi, Les Pyrénées, reste une référence. Firmin a transmis à son fils Philippe les enseignements qu'il tenait lui-même de son père. Ce livre, consacré à la cuisine de Philippe est une ode aux produits du terroir, à une tradition mâtinée de modernité et surtout à l'amour de la cuisine et du métier de cuisinier. La Cuisine de Philippe Arrambide. Éditions De Borée. 29,90 €.

Hommage aux gens de la mer

L'Institut Culturel Basque consacre une exposition très riche et très documentée aux gens de la mer, marins, pêcheurs, armateurs, constructeurs… Itsasturiak, les gens de la mer s'appuie sur un très important fonds documentaire et propose de très nombreux témoignages, souvent inédits (au total six heures d'entretiens filmés) de marins mais aussi des membres de leurs familles. De nombreuses photos, pour la plupart de très bonne qualité, complètent cette visite très (trop ?) didactique. Visible au Musée Naval de la Ria de Bilbao jusqu'au 30 juin. Au centre Ondartxo de Pasaia-San Juan, durant l'été. À Hendaye (Mendizolan) du 9 au 27 septembre.

Pluie d'étoiles au Pays basque

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à Bayonne, le restaurant de L'Hôtel du Palais et Les Rosiers à Biarritz, Le Moulin d'Alotz à Arcangues, La Table des frères Ibarboure à Bidart, Brikéténia à Guéthary, Les Pyrénées à Saint-Jean-Pied-de-Port et L'Auberge Basque à Saint-Pésur-Nivelle. En Hegoalde, pas moins de quatre établissements sont triplement étoilés : deux à Donostia, Akelare, la table de Pedro Subijana et bien sûr Arzak ; un à Lasarte-Oria, celui de Martin Barasategui, et Azurmendi,

le restaurant du chef Eneko Atxa, à Larrabetzu, en Biscaye. Classés deux étoiles : Mugaritz à Errenteria, Boroa à Amorebieta, Etxebarri à Axpe, Etxanobe, Mina, Nerua et Zortziko à Bilbao, Kokotxoa , Mirador de Ulia et Miramon Arbelaitz à Donostia, Andra Mari à Galdakao, Alameda à Hondarribia, Zuberoa à Oiartzun. Enfin avec une étoile, Mina à Bilbao. Et en Navarre, classés deux étoiles, Europa et Rodera à Iruña, El Molinade Urdaniz à Urdaitz.

Dessi Tillac Après il par Espag popul l’expre un liv à Cam à don Musé consa et la v des o recon aura époqu conte Pablo

Lekei F

Bilbao Musée Guggenheim

• Organisée par le Musée d'Art moderne de la Ville de Paris, ParisMusées et le Musée Guggenheim Bilbao, l'exposition L'Art en guerre. France, 1938-1947 : de Picasso à Dubuffet (ci-dessus,Picasso-Femme assise dans un fauteuil-1941), montre comment se sont rebellés les artistes de l'époque de la IIe Guerre Mondiale contre les consignes officielles avec de nouvelles réponses esthétiques qui ont modifié le futur de l'art. Plus de 500 œuvres sont exposées au deuxième étage du Musée Guggenheim. Jusqu'au 8 septembre 2013. • Œuvres choisies de la collection du Musée – Guggenheim III De Basquiat à Rauschenberg, en passant par Warhol, Katz ou encore Rosenquist, . Jusqu'à l'automne 2013

Vitoria-Gasteiz Azkena rock Festival

Le festival permet de découvrir de nouveaux talents du rock tels The Black Crowes, The Smashing Pumpkins, ou encore Modest Mouse. 28 et 29 juin 2013. www.azkenarockfestival.com/arf/2013/

Alarde

Gastronomie

a nouvelle édition du Guide Michelin confirme la bonne santé de la gastronomie basque. En Iparralde, parmi les nouveaux venus avec une étoile, on trouve : L'Atelier, L'Impertinent et Le Château de Brindos à Biarritz ; le Zoko Moko à Saint-Jean-de-Luz et Maison Eguiazabal-Le Bar à Vin à Hendaye. Pour le reste, Ithurria à Ainhoa confirme son étoile, tout comme L'Auberge du Cheval Blanc

agenda >>>

Bilbao

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de San Marcial

Tous les 30 juin Irun commémore la victoire sur les troupes françaises, le 30 juin 1522. Au son des fifres, des tambours et des fusils, plusieurs milliers de personnes défilent dans les rues.

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diaspora

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ans tous les sens du terme, Patrick Artola est un homme de racines. La passion pour son pays se double d’un attachement particulier aux arbres. On lui doit la sauvegarde, comme faisant partie de notre patrimoine, de vénérables chênes têtards qui peuplent nos forêts. Un noble penchant qui lui a fait embrasser la profession d’arboristegrimpeur, à la tête de Arbolak, dynamique entreprise luzienne. Non pas un étêteur d’arbres mais un véritable médecin de tout ce qui constitue le peuplement végétal entre Adour et Bidasoa. Il a longtemps consulté l’aubier, taillé le houppier, redressé l’échine de ces arbres dits remarquables, fleurons de nos horizons. L’habitude de côtoyer le monde de haut, l’a entraîné naturellement vers la montagne et, de manière tout aussi évidente, vers les 8 000 m himalayens, ce qui a aiguisé chez lui une appétence pour la culture asiatique. Entre Saint-Jean-de-Luz et Shanghai, des milliers de kilomètres et un abîme entre deux civilisations. C’est sans compter sur la détermination de Patrick Artola et le besoin de se remettre en question en « allant ailleurs pour faire autre chose, la seule façon de renaître vraiment à une nouvelle vie, ce qui guidait nos ancêtres quand ils décidaient de quitter le Pays basque. » Il n’y a pas de communauté basque véritablement structurée en Chine, si ce n’est une récente Euskal etxea (Maison basque), davantage vitrine économique de la Communauté Autonome d’Euskadi que lieu de rencontre d’une diaspora encore nébuleuse. Le challenge est d’autant plus relevé que Patrick Artola, s’embarque en 2011 pour Shanghai avec son épouse et ses trois enfants, après avoir cédé son entreprise à ses employés, avec pour seul bagage, un diplôme de l’École de Managers de la CCI de Bayonne et une formation de… boulanger acquise juste avant son départ. Le choc est rude pour qui s’installe dans cette mégalopole de 20 millions d’habitants. Patrick Artola prend donc une année sabbatique pour se gorger de Chine, se rassasier du théâtre qui

Le choc est rude quand on s'installe dans une mégalopole de plus de 20 millions d'habitants

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Donibandar bat Zerutarren Un Luzien chez les Célestes

baitan

Txinako diaspora ez da oraindik egituratua. Hala ere, bi kulturek talka eginagatik ere, Euskal herritar batzuek abentura saiatzen dute.

dresse ses tréteaux dans les rues de sa ville d’adoption, courant du quartier d’affaires Pudong où il réside et dominé par la fameuse tour de 600 m, jusqu’aux quartiers tortueux d’une Chine traditionnelle qui aligne encore sur des étagères bancales des bocaux remplis de serpents et de crapauds. « Je suis aussi parti pour mes enfants, pour qu’ils aient cette expérience d’ailleurs, cette ouverture d’esprit qu’il nous manque un peu dans nos sociétés par trop policées. C’est un plaisir de me balader avec mon fils Eneko, les fins de semaine, traînailler dans les rues et nous pénétrer des odeurs et des couleurs. » Si les autorisations pour s’installler en Chine sont bien moins compliquées qu’aux USA par exemple, il est difficile d’échapper au heurt de deux cultures, plus handicapant que la barrière linguistique. Ainsi, sauver la face pour un Chinois peut se traduire de diverses façons, à l’heure d’une décision professionnelle importante. Par exemple soûler à tomber l’étranger, à force de ganbei, ces toasts vénéneux auxquels il est interdit de se dérober. Il y a aussi les habitudes qui peuvent choquer et qui rendent difficiles des relations que les Chinois ne désirent pas entretenir au-delà du business. « À un moment important de la discussion, ton interlocuteur peut s’endormir, parce que simplement il a un coup de barre, il pète, rote et crache sans même s’excuser, un collègue peut te griller le taxi ou l’ascenseur sous le nez, ce n’est pas de l’impolitesse, c’est comme ça ! Après tu fais pareil ! » On sait que la patience est une forme de vertu au pays de Confucius, aussi Patrick Artola en a usé sans modération jusqu’à arriver à ses fins. « Mes origines paysannes comme mon expérience himalayenne m’ont >> sans doute aidé à tenir le coup. Beaucoup d’expatriés connaissent ce qu’on appelle ici le burn out, le pétage de plomb. » Après avoir travaillé à la formation des élagueurs de Shanghai, il décide de faire valoir sa toute nouvelle formation auprès de l’entreprise

Pâtisseries de France, qui compte 14 magasins sur Shanghai. « C’est tout un travail de faire découvrir la culture du pain et surtout de la pâtisserie chez un peuple qui n’apprécie guère le sucré, un vrai pari comme on les aime chez nous. Petit à petit ils y viennent, depuis l’expo universelle de 2010, en fait. D’ailleurs le grand chef d’Hegoalde Martin Berasategi de Lasarte, a ouvert un restaurant à Zhu Jiahue, à côté de Shanghai. » Patrick Artola se dit prêt à faire profiter de son expérience tout candidat venu du Pays basque pour tenter la grande aventure chinoise. Il estime que si les Basques ont montré leur capacité à s’installer ailleurs, c’est vraisemblablement grâce à leur faculté d’adaptation, à une façon de parler avec le regard, de ne pas étaler leurs sentiments, une attitude que, sans doute, les vieux peuples sont seuls à compendre.

Mots-clés/Hitz gakoak : choc de culture : kulturaren talka expatrié : atzerriratua adaptation : egokitzapen faire face : aurre egin

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