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Le billet d'humeur du psy
Manifeste pour que les psychologues sortent de leur cabinet
Lorsque nous avons imaginé notre nouveau cabinet en Gruyère, nous avons d’emblée pensé à proposer une autre forme de thérapie, par la marche dans la nature, qui implique une sortie du cabinet avec le patient. Il est vrai que l’environnement de la Gruyère et la forêt de Bouleyres à proximité nous ont inspirés. Mais nous pensons que la crise environnementale actuelle, profondément anxiogène pour beaucoup, avec passablement de peurs de fin du monde qui nous sont rapportées en séance, en particulier de la part de parents, doit nous amener à repenser notre métier. Il n’est pas du tout question de reléguer au second plan les séances en cabinet, tout à fait indiquées pour beaucoup de patients et favorables à la création d’une atmosphère propice à la confidence, à l’introspection ainsi qu’à l’analyse approfondie du fonctionnement psychique. La création de nos différents modules d’enseignement, d’échanges et de discussion participent de la même envie et prise de conscience. Il nous semble primordial de fournir des espaces et des temps en dehors, en parenthèse des activités quotidiennes, pour repenser notre rapport à l’environnement et, partant, notre rapport à nous-mêmes en tant qu’individus reliés à une société en mutation.
Les psychologues sont les scientifiques du fonctionnement psychique et du comportement, il nous semble donc impérieux de mettre nos compétences à profit pour participer à ce changement de paradigme, qu’on peut regrouper dans l’écopsychologie au sens large: la prise de conscience que l’environnement et l’être humain sont interdépendants, qu’ils peuvent être appréhendés comme faisant partie d’un même ensemble d’organismes vivants qui s’influencent mutuellement. Nous pensons qu’il n’y a aucun paradoxe à prôner un retour à soi pour un retour à la nature: si l’être humain s’ancre davantage dans son vécu au quotidien, il se connectera par là-même à son environnement. C’est d’ailleurs ces réflexions qui seront menées dans certains modules d’enseignement ces prochains mois.
La thérapie par la marche n’est pas seulement bénéfique pour favoriser la pensée par le mouvement, et ainsi permettre des associations et des pensées qui ne se feraient pas forcément dans une position statique, ou encore pour favoriser l’activité physique difficile dans certaines souffrances psychiques. Elle l’est également pour cette prise de conscience de notre vécu corporel et de cette continuité entre notre pensée, notre corps et notre environnement avec lequel nous échangeons sans y penser à travers la respiration. Quels échanges conscients et inconscients voulons-nous avec la nature à l’avenir?