Histo'Mag #5 : Louis XIV, l'apogée d'un royaume moderne

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numéro cinq

LOUIS XIV, L’APOGÉE D’UN ROYAUME MODERNE

LA CITATION

L’État, c’est moi !

Devant les parlementaires de Paris, en 1654, le jeune Louis XIV, âgé de seize ans, aurait déclaré ces mots, rappelant la primauté de l’autorité du roi alors que le Parlement est de plus en plus amené à la contester.

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Chers lecteurs, chères lectrices, Pour ce nouveau numéro nous avons souhaité aborder avec vous une période marquante de l’histoire de la monarchie française et de l’époque moderne : le règne du roi absolu, Louis XIV et l’État français de son temps. Loin de la féodalité médiévale que nous avons présentée dans le précédent numéro, on se concentrera ici à étudier et présenter les aspects majeurs de la politique et du règne de celui que l’on surnomme le « Roi Soleil ».

Le règne de Louis XIV a marqué des changements profonds tant sur le modèle politique de la monarchie que sur la France en tant qu’État. Bouleversement de l’échiquier politique interne mais aussi de la géopolitique européenne, le tournant que représente le plus long règne monarchique de l’Histoire n’a pas manqué de passionner l’équipe, qui a pris beaucoup de plaisir à rédiger pour vous tous et toutes, ces articles.

En commençant par les années des cardinaux Richelieu et Mazarin, pour finir par l’étude d’un roi de guerre, maître de l’Europe, en passant par notre focus de ce numéro sur Jean-Baptiste Colbert, le numéro s’attardera à présenter les aspects que l’on estime être les plus importants de la période.

En plus de ce numéro consacré à Louis XIV et la France de son temps, nous vous proposons trois articles indépendants : ainsi, vous pourrez en apprendre plus sur le programme spatial européen, des premiers pas de l’ESA (European Space Agency) à la mission ARIEL ; sur la Vendée à la période révolutionnaire, et les débats qui entourent les évènements qui s’y sont déroulés entre 1793 et 1796 ; et découvrir les rouages de la politique spartiate à travers l’étude de la figure des éphores, centraux dans la vie politique de la cité-État.

Le magazine et toute son équipe tient, avant de conclure cet édito, à remercier chaleureusement, et sincèrement, notre précédente maquettiste, Laetitia, pour le travail qu’elle a fait sur nos quatre premiers numéros. L’équipe évolue mais n’oublie pas tous ses contributeurs, et nouveaux comme anciens continueront de faire vivre ce magazine, pour vous, lecteurs et lectrices, autant que possible.

L’ensemble de l’équipe et la Rédaction vous souhaite une très bonne lecture, et espère que ce magazine sera à la hauteur de vos attentes et de votre curiosité.

ALESSIO KONN RÉDACTEUR EN CHEF

LES ANNÉES MAZARIN, HÉRITIER D’UN CARDINAL, PRÉCEPTEUR DU ROI-SOLEIL

JEAN-BAPTISTE COLBERT, ARCHITECTE DE LA PROSPÉRITÉ ÉCONOMIQUE

LOUIS XIV, LE ROI ABSOLU (1661-1715)

L’EUROPE DANS L’ESPACE LE PROGRAMME SPATIAL EUROPÉEN, D’EUROPA À ARIEL

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26 LE ROI MILITAIRE, LA FRANCE AU PAROXYSME DE SON INFLUENCE

LA VENDÉE DE 1793 À 1796 GÉNOCIDE OU GUERRE CIVILE PONCTUÉE DE CRIMES DE GUERRE ?

LES ROUAGES DE LA VIE POLITIQUE SPARTIATE À TRAVERS LA FIGURE DES ÉPHORES

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1/LES ANNÉES MAZARIN, HÉRITIER D’UN CARDINAL , PRÉCEPTEUR DU ROI-SOLEIL

Découvrez l’ascension de l’homme clé dans le règne du Roi-Soleil

2/LOUIS XIV

LE ROI ABSOLU (1661-1715)

Entre rayonnement et contrôle, un souverain absolu au pouvoir

3/JEAN-BAPTISTE COLBERT

ARCHITECTE DE LA PROSPÉRITÉ ÉCONOMIQUE

Visionnaire ou gestionnaire avisé ? Voici l’homme derrière les réformes

4/LE ROI MILITAIRE

LA FRANCE AU PAROXYSME DE SON INFLUENCE

Entre victoires et défis, l’apogée militaire d’un royaume en pleine expansion

LOUIS XIV, L’APOGÉE D’UN ROYAUME MODERNE

Les années Mazarin, héritier d’un cardinal, précepteur du Roi-Soleil

LOUIS XIV, L’APOGÉE D’UN ROYAUME MODERNE

Sur le numéro de ce mois, nous vous présentons le règne de Louis XIV. Mais il nous semble indispensable de revenir sur le début de ce règne, marqué par la régence d’Anne d’Autriche, fondamental pour comprendre le parcours du Roi-Soleil. Si on évoque les années cardinales, l’Historiographie retient l’ouvrage de Joël Cornette du même nom, publié chez Armand Colin en 2000, mais aussi des années qui sont synonymes, pour l’historiographie du XIXe siècle,

Un rapide prélude

La paix est au cœur du royaume de France en cette fin de XVIe siècle avec notamment la paix de Vervins signée en 1598 entre la France et l’Espagne. L’édit de Nantes est aussi signé, le 13 avril de la même année. Elle est une date commode pour ponctuer les guerres de religion pour la rupture qu’elle amorce dans la politique royale. L’édit fixe la politique autour des confessions protestantes et catholiques. Le règne d’Henri IV est marqué par une pacification du royaume avec une politique de rétablissement de la paix et une tolérance religieuse. De plus, nous avons une souveraineté nouvelle du pouvoir royal qui, selon Gautier Mingous dans l’ouvrage collectif La construction de l’Etat monarchique en France de 1380 à 1715, « mène la monarchie française à être toute puissante, qui se manifeste par la propagande royale. »

d’un recul idéologique important amenant au règne d’un roi absolu : Louis XIV. La notion d’absolutisme est aujourd’hui débattue, les rumeurs de non parentalité de Louis XIII, et les romans d’auteurs républicains du XIXe siècle qui peignent la monarchie en époque sombre ont été largement contredits. Pour d’évidentes raisons de concision, nous ne traiterons que la régence avec Mazarin, mais nous ne manquerons pas de faire des parallèles avec son prédécesseur, Richelieu.

Malgré tout, les tensions internationales et le régicide du 14 mai 1610 rebattent les cartes.

Le Parlement accepte la régence de Marie de Médicis car Louis XIII est encore mineur. Concini devient de plus en plus influent au sein du gouvernement de Marie. Malgré des révoltes de grands seigneurs, notamment le départ du prince de Condé, ainsi que des États Généraux réunis en 1614, Marie de Médicis pousse ses projets matrimoniaux avec le mariage du dauphin avec l’espagnole Anne d’Autriche. Quand le roi devient majeur,

«Diplomate sous Richelieu, il est soutenu par la reine-mère pour ses compétences en politique étrangère»

il renouvelle le gouvernement de sa mère qui était, du point de vue du jeune Louis XIII, terrifiante et maltraitante. Il fait un coup de force, le 24 avril 1617 : Concini est exécuté ainsi que sa femme Galigai, le 8 juillet de la même année. Il applique, à sa majorité, une politique contre le parti protestant qui séduit et est soutenue par un jeune évêque de Luçon, qui s’était fait remarquer en prononçant le discours de conclusion des États Généraux de 1614 pour les députés du clergé : Armand Jean du Plessis, duc de Richelieu.

Armand Jean du Plessis, cardinal de Richelieu (1585-1642), issu d’une famille noble poitevine, devient une figure centrale de la monarchie française après une éducation complète, alliant formation militaire et théologique. D’abord destiné à une carrière militaire, il se tourne vers l’Église suite au refus de son frère de prendre l’évêché de Luçon, obtenant un doctorat en théologie à la Sorbonne en 1607. Sa politique repose sur trois piliers fondamentaux : la lutte contre les protestants (culminant avec le siège de La Rochelle, entre 1627 et 1628 et la paix d’Alès en 1629), l’affirmation de l’autorité royale face aux grands féodaux (notamment par la répression des duels et la limitation du pouvoir des Parlements), et la politique étrangère anti-Habsbourg. Cette dernière le conduit paradoxalement à soutenir des puissances protestantes contre l’Espagne catholique durant la guerre de Trente Ans. Cela peut sembler paradoxal au vu de son attachement à la lutte anti-huguenote.

Le biographe Armand Teyssier explique dans un numéro d’Au risque de l’Histoire présenté par Christophe Dickès, diffusé le 5 octobre 2023 sur la chaîne KTO TV que Richelieu est convaincu que l’Europe doit être d’équilibre avec la France dans un rôle central alors que l’Espagne prétend incarner une monarchie universelle, pleine d’hybris. Il poursuit un idéal d’Europe chrétienne, mais met malgré tout les questions confessionnelles au profit de se libérer du joug habsbourgeois. De nombreux complots et oppositions vont essayer de le déstabiliser, on peut penser à la journée des Dupes en 1630, les conspirations de Chalais, Montmorency et Cinq-Mars. Richelieu maintient, malgré tout, son influence jusqu’à sa mort en 1642, préparant sa succession avec Jules Mazarin pour poursuivre le renforcement de l’État royal.

Un épisode de la Fronde (1648 - 1652), peinture à l’huile sur toile, artiste anonyme, 50 cm x 73 cm, conservée au Château de Versailles.

L’assassinat d’Henri IV, peinture à l’huile sur toile de Charles-Gustave Housez, 1859, conservée au Château de Pau.

La personnalité et vie de Mazarin

Né en Italie au début du siècle, d’une famille romaine d’adoption puisque son père, Pietro, avait demandé d’être reconnu citoyen de Rome en 1608, ce qui n’en déplaisait pas à Giulio. Ce que Mazarin a mis en avant dans son histoire personnelle, c’est le caractère européen et transnational de sa vie. Né en Italie, son père était majordome de Filippo Colonna, homme de confiance de Philippe III et IV d’Espagne, il est, grâce à Richelieu et ses lettres, de naturalité français. Ses premiers pas de diplomate se font au sein du Saint-Siège. Il est voué d’une vocation de ramener la paix, dans un contexte où les puissances s’affrontent : Madrid pour l’Espagne avec Philippe III, Vienne pour le Saint-Empire Romain Germanique et Ferdinand II, Londres pour le

royaume d’Angleterre et Jacques Ier, ainsi que Paris pour le royaume de France et Louis XIII. Même si ce dernier a essayé de désamorcer les tensions avec l’Espagne par le mariage d’Anne d’Autriche, il reste que la géopolitique européenne est très tendue. Rome se positionne alors comme un « cœur du monde », selon les mots de Richelieu. Gérard Montassier dans sa biographie sur Mazarin publiée en 2015, rappelle que le pape eut son mot à dire concernant la Paix de Vervins en 1598 ou la Paix entre la France et la Savoie trois ans plus tard. C’est donc en tant qu’observateur qu’il va se faire ses premières armes. Mais alors comment un cardinal italien a pu devenir une figure du royaume de France ? Lors de la première gestion d’affaires qui concerne le duché de Mantoue, Giulio fait preuve d’une volonté importante. La légende voudrait qu’il aurait traversé les Alpes pour discuter avec le comte de Savoie, sans pour autant que des sources viennent le confirmer.

La continuité de Mazarin sur le plan intérieur et extérieur.

Diplomate sous Richelieu, il est soutenu par la reine-mère pour ses compétences en politique étrangère, ce qui surprend la cour et se retrouve à cette position de principal ministre, rendue prestigieuse. Quand il arrive à ce poste, Mazarin doit composer avec les complots qui reprennent avec la cabale des Importants, qui échoue en août 1643. Les difficultés financières du royaume augmentent les tensions et provoquent la Fronde. L’enregistrement des édits fiscaux est difficile et le Cardinal profite de la victoire de Lens le 20 août, la liesse du peuple parisien étant présente plus que jamais, pour faire arrêter les chefs de la Fronde, trois parlementaires. Il est contesté par ces mêmes parlementaires qui considèrent que Mazarin est « auteur de tous les désordres » sans pour autant mentionner que la situation économique est difficile depuis Richelieu. Cette lutte contre les Grands est héritée du cardinal qui l’a conseillé, car comme lui, dans sa théorie du pouvoir royal, le roi est un souverain absolu. Les princes font fronde à partir de 1650 soit un an après la Paix de Saint Germain qui marque une pause et une rupture. Les princes de Condé et de Condi sont arrêtés et emprisonnés et des foyers de guerre en pro-

vince sont réprimés. En 1651, la Fronde est trop importante car Gaston d’Orléans rompt avec Jules Mazarin. Ce dernier part en exil avant le retour de Louis XIV, le 21 octobre 1652. Le jeune roi donne un lit de justice et interdit par ce biais aux magistrats de « prendre aucune connaissance des affaires d’Etat » ce qui fait cesser définitivement cet épisode, marqué également par les Mazarinades, des pièces de vers satiriques, très portés sur les origines italiennes du Principal Ministre. Du point de vue de la politique étrangère, la guerre d’Espagne continue bien après la fin de la Guerre de Trente Ans, qui arrive à son terme en 1648 avec le traité de Westphalie. Les fronts sont très espacés (Flandre, Catalogne, Italie). Lorsque la Fronde est réprimée, les meneurs, à l’instar de Louis II de Bourbon Condé, rejoignent les rangs espagnols. Mazarin mène malgré tout avec Luis de Maro, homme proche de Philippe IV d’Espagne dit le roi-Planète, des négociations qui durent trois ans. Le traité des Pyrénées signé le 7 novembre 1659, manifeste une victoire certaine des Bourbons sur les Habsbourg et donne le sentiment aux élites fidèles au Roi et au Principal ministre que l’encerclement habsbourgeois est résolu notamment par la prise de multiples territoires. L’affirmation du pouvoir du jeune Louis XIV et donc du devoir accompli de Mazarin est totale quand Louis II de Bourbon Condé obtient le pardon et la loyauté de Louis XIV. Ainsi, la régence d’Anne d’Autriche et Jules Mazarin, son principal ministre, a été la source de multiples contestations, comme la Fronde. Cette expérience vis-à-vis du parlementarisme et de la noblesse conduit Louis XIV, après la mort du cardinal le 9 mars 1661, à se méfier des contre-pouvoirs et à s’affirmer comme un roi absolu. Cette caractéristique du règne du nouveau roi donne également du crédit à Mazarin, a posteriori d’avoir été l’accoucheur de l’absolutisme notamment par cet épisode de la Fronde parlementaire ou de la Noblesse. De plus, Mazarin a négocié une paix avec l’Espagne par le Traité des Pyrénées qui donne au romain, un titre de pacificateur que son obsession au financement de la guerre peut remettre en cause. Enfin, le cardinal semble incarner une continuité avec le précédent principal ministre tant dans son orthodoxie religieuse, que sa volonté de tenir les frontières extérieures du royaume que de donner au roi, un caractère de souverain total.

Portrait du Cardinal Mazarin, peinture à l’huile sur toile de Pierre Mignard entre 1658 et 1660, 65 cm x 56 cm, conservée au Musée de Condé.

Rencontre entre Louis XIV et Philippe IV en 1659, peinture à l’huile sur toile du XVIIe siècle, 89 cm x 130 cm, conservée au Musée de T essé.

Louis XIV, le roi absolu (1661-1715)

Vue du château et des jardins de Versailles, Pierre Patel, peinture à l’huile sur toile, 115 cm x 161 cm, 1668, conservée au Musée du château de Versailles.

celier, qui est garant de la justice du royaume, ou les secrétaires d’État, chacun chargé de l’administration d’un domaine précis (la Marine, les Affaires étrangères ou la Guerre par exemple), ne peuvent prendre de décisions sans l’accord du roi. Ainsi, après près de quarante années pendant lesquelles deux cardinaux, Richelieu et Mazarin, ont été au cœur du pouvoir royal, Louis XIV parvient à replacer le roi au cœur du jeu politique. Cependant, le règne de Louis XIV voit l’ascension d’un autre homme politique au sein du royaume : Jean-Baptiste Colbert, mais vous pouvez le découvrir dans l’article suivant.

Le 9 mars 1661, le cardinal Mazarin meurt, ouvrant la voie à Louis XIV. Le lendemain, le roi réunit son gouvernement et affirme son intention de régner sans principal ministre. Les ministres autour du cardinal Mazarin sont maintenus : Michel Le Tellier et Nicolas Fouquet notamment. Une différence majeure émerge, aucun individu, pas même le chan -

«Au-delà de la royauté française, le château de Versailles est une incarnation de la puissance»

Un roi de droit divin, profondément catholique

Louis XIV se revendique comme le « lieutenant » de Dieu sur Terre et il s’agit de la source de son pouvoir absolu, dit de droit divin. De ce fait, le roi se positionne au-dessus de l’ensemble de ses sujets, et supérieur à toutes les lois du royaume, à l’exception des lois fondamentales, qui constituent l’ensemble des règles qui s’imposent à tous les souverains depuis le Moyen Âge, à l’image de la loi salique, qui réglemente la succession sur le trône, et l’inaliénabilité du domaine royal.

Cette légitimation du pouvoir par Dieu s’explique par la croyance profonde de Louis XIV envers le catholicisme. Ce dévouement religieux pousse

Louis XIV à révoquer l’édit de Nantes en 1685. Cet édit constitue un accord de tolérance promulgué par Henri IV, le grandpère de Louis XIV, en 1598, afin de mettre un terme aux guerres de Religion, qui opposent catholiques et protestants pendant toute la seconde moitié du XVIe siècle. La révocation de l’édit de Nantes entraîne le départ de plusieurs dizaines de milliers de protestants à l’étrangers. Selon l’historien Jérémie Foa, ce serait entre 135 000 et 150 000 protestants français exilés au Saint-Empire, aux Provinces-Unies ou en Angleterre. La vingtaine d’années avant la révocation du texte d’Henri IV, la situation pour les protestants tend à se dégrader. En effet, tout ce qui n’est pas mentionné dans l’édit de Nantes est considéré comme illégal. De plus, à partir de 1681, Louis XIV met en place les dragonnades, jusqu’en 1686. Les dragonnades consistent en l’envoi de soldats : des dragons, chez des protestants qui devaient les loger, les nourrir et céder à toutes leurs demandes, afin de les contraindre à se convertir au catholicisme. Dans les premières années, plusieurs dizaines de milliers de conversions sont constatées en France. De plus, Louis XIV se déclare chef de l’Église de France, on parle alors de gallicanisme, un concept qui vise à organiser l’Église catholique, en France, de manière autonome par rapport aux États pontificaux. Le roi de France possède ainsi le pouvoir temporel, alors que le pape est contraint au seul pouvoir spirituel.

Versailles, symbole d’un pouvoir absolu

Le site sur lequel est édifié le château de Versailles est, tout d’abord, un lieu

de chasse prisé du roi Henri IV et de son fils Louis XIII. En 1623, ce dernier fait construire un petit relais de chasse. En 1631, Louis XIII le reconstruit, il s’agit du cœur du château royal encore existant aujourd’hui. Louis XIV se passionne pour le château et décide, dès 1661, d’entamer de grands travaux d’agrandissement. Jusqu’à la fin de son règne en 1715, Louis XIV fait édifier notamment l’aile du Midi et l’aile du Nord, ou encore la Chapelle royale. Cependant, la partie du château qui impressionne le plus reste la Galerie des Glaces. Initialement, la Galerie était située sur une terrasse édifiée par Louis Le Vau et ouverte sur les jardins, à l’arrière du pavillon de chasse de Louis XIII. Les travaux de la Galerie des Glaces sont sous la direction de Jules Hardouin-Mansart, successeur de Louis Le Vau. Son nom provient des très nombreux miroirs : 357. Cependant, la galerie impressionne par ses mensurations exceptionnelles, qui font d’elles la pièce la plus longue du château à sa construction, avec 73 mètres et 10,5 mètres de large. En 1684, la Galerie des Glaces est inaugurée, présentant, au plafond, dans un décor de Charles Le Brun, l’histoire du règne de Louis XIV de la mort de Mazarin à la paix de Nimègues, qui met fin à la guerre de Hollande en 1678.

Face à la longueur des travaux, plusieurs critiques émergent, à l’image du duc Louis de Saint-Simon, un écrivain et membre de la noblesse et de la Cour du roi. Ce dernier affirme dans ses Mémoires en 1730, que le château de Versailles constitue un « chef-d’œuvre si ruineux et de si mauvais goût ». À travers ces commentaires, on remarque des critiques notamment concernant le coût vertigineux de la construction du château. Malgré les critiques, le château de Versailles illustre la puissance de la monarchie absolue de Louis XIV, régnant en maître de l’Europe.

Au-delà de la royauté française, le château de Versailles est une incarnation de la puissance, réutilisée à plusieurs reprises dans l’Histoire, notamment par Bismarck en 1871 afin d’y proclamer l’Empire allemand, à l’issue de la guerre franco-prussienne, mais aussi en 1919 afin de signer le Traité de Versailles qui met un terme à la Grande Guerre. Encore aujourd’hui, le château est le lieu d’importants dîners d’État, mais aussi des réunions du Parlement en Congrès.

La cour, un instrument de l’absolutisme En 1682, Louis XIV fait installer l’ensemble de la Cour du royaume à Versailles. La Cour, c’est l’ensemble des individus qui entourent le roi : les courtisans. Il s’agit des grands aristocrates ou des grands nobles. Avant 1682, la Cour se déplaçait en suivant le roi, qui lui-même se déplaçait dans ses résidences : le Palais du Louvre, le château de Fontainebleau, le château de Saint-Germain en Lay ou encore certains châteaux de la Loire. La sédentarisation de la Cour à Versailles témoigne de la volonté de Louis XIV de contrôler la noblesse de France. En effet, durant sa jeunesse, le roi a vécu le traumatisme de la Fronde, qui l’a poussé à quitter Paris en 1649, sous la régence d’Anne d’Autriche. La Fronde est en effet une période de révolte de la noblesse contre le pouvoir royal, de 1648 à 1653, profitant de la faiblesse du roi à cause de son jeune âge, onze ans.

Selon les mots de l’historien Guy Saupin, sous Louis XIV, « la Cour de Versailles n’est pas devenue le lieu de la « domestication » 1 de la noblesse, mais bien plutôt celui de sa « servitude volontaire » pour sa meilleure intégration possible à l’État monarchique ». En

effet, alors que la Cour était le théâtre des rivalités entre les Grands du royaume et le roi jusqu’au XVIIe siècle, l’accession au trône de Louis XIV change la donne. La proximité du roi avec ses courtisans, notamment dans les différentes cérémonies qui rythment la journée du roi : le lever, les repas, le coucher, etc., fait naître une relation. Ainsi, un bon courtisan s’adapte aux volontés du roi qui accorde ses faveurs. Ainsi, « par sa parfaite maîtrise de l’équilibre dans la distribution de la faveur », Louis XIV parvient à convaincre la noblesse « du bien fondé de l’absolutisme », toujours selon Guy Saupin. La vie à la Cour était rythmée, d’une part, par un protocole rigoureux, il s’agit de l’étiquette, qui est propre à chaque souverain. L’étiquette est née sous François Ier et connaît de profondes transformations sous Henri III, avant d’être la plus stricte mais toutefois la plus codifiée sous Louis XIV. Selon Louis XIV, l’étiquette doit codifier l’ensemble des éléments sur lesquels portent le jugement des courtisans, comme il l’indique dans ses Mémoires pour l’instruction du Dauphin. Ainsi, l’étiquette codifiait chaque élément de la vie du roi et de ses courtisans, du début de la journée jusqu’à la fin, du lever au coucher du roi. D’autre part, la vie à la Cour était rythmée par les fêtes. Les grandes fêtes étaient organisées sur plusieurs jours mais sont relativement rares contrairement aux événements festifs de plus petite envergure. Parmi ces grandes périodes de festivités, on trouve les Plaisirs de l’Île enchantée, en 1664, alors même que les travaux du château ont débuté deux ans auparavant.

Cette fête dure une semaine en mai 1664 et accueille 600 invités, qui se divertissent avec un programme de jeux, de courses ou encore de comédies. Jean-Baptiste Lully et Molière ont été les principaux acteurs de cette fête dans la création artistique.

Une administration qui renforce le royaume

La naissance de l’État moderne et de son administration ne naît

pas avec Louis XIV mais dès le règne de François Ier. Tout au long de l’époque moderne, les rois successifs s’entourent de différents conseils, à l’image du Conseil d’en-haut, qui se tient trois fois par semaine : le mercredi, le jeudi et le dimanche. Dans ce conseil, le roi traite des affaires les plus importantes du royaume, accompagné d’un petit nombre de ministres. Autrement, on trouve également le Conseil des Finances, qui examine les dépenses et les recettes de la Couronne, ou encore le Conseil des Dépêches, qui traite des relations avec les provinces et l’étranger, ou encore du triage du courrier. Dans les conseils, il est l’unique décisionnaire. Peu d’informations nous sont parvenues à propos des discussions lors des conseils car Louis XIV a fait brûler la quasi-totalité des documents. Cependant, nous savons par exemple qu’en 1700, il y a eu un débat sur l’acceptation ou non du testament espagnol qui pourrait permettre à Louis XIV et ses descendants de devenir roi d’Espagne, mais de se mettre à dos toute l’Europe. Néanmoins, Louis XIV dote son royaume d’une administration centralisée. Le roi sait s’entourer d’hommes de confiance, à l’image d’officiers ou de secrétaires d’État. Parmi les grands offi-

Institution de l’ordre militaire de Saint-Louis, 10 mai 1695, François Marot, peinture à l’huile sur toile, 51 cm x 77 cm, 1710, conservée au Musée du château de Versailles.

ciers, il y a Pierre Séguier, chancelier de France de 1635 à 1672, notamment chargé des correspondances et des relations avec les Parlements. Parmi les secrétaires d’État, on trouve Michel Le Tellier, chargé de la Guerre, ou encore Jean-Baptiste Colbert, chargé de la Maison du roi. Les secrétaires d’État disposent de bureaux situés dans « l’Aile des Ministres » du château de Versailles, pour eux et leurs commis et sous-commis. La construction de cette administration centralisée à Versailles fait travailler, au début du XVIIIe siècle, plus de 500 personnes dans cette partie du château ! La centralisation de l’administration s’accompagne d’un vaste travail de documentation. Colbert va notamment mener un décompte de la population du royaume, nécessaire afin d’ajuster la fiscalité. De plus, un grand travail d’archivage des informations est mené, afin de conserver tous les documents importants.

La justice royale

Pendant une longue partie du Moyen Âge et jusqu’au début de l’époque moderne, la justice est rendue à l’échelon local, par

les seigneurs. À partir de Louis XIV, la justice royale se réorganise et Colbert édicte trois textes majeurs : l’ordonnance civile, en 1667, l’ordonnance criminelle en 1670 et l’ordonnance commerciale en 1673. Ces textes réforment largement la justice dans le royaume de France.

La justice n’est pas rendue directement par le roi mais par des officiers de la Couronne, à qui il délègue ses pouvoirs de juge, puisqu’en roi absolu, Louis XIV est avant tout un juge (le pouvoir de la justice étant représenté par la main de la justice sur les portraits officiels). Cependant, tout justiciable peut faire appel du verdict rendu par les représentants du roi et se rend devant le Parlement de sa région. À l’époque moderne, les Parlements ne sont pas des lieux qui représentent le pouvoir législatif mais plutôt le pouvoir judiciaire, dans la mesure où l’un de leurs principaux rôles est de rendre cette justice en appel. De plus, ils enregistrent également les textes promulgués par le roi. Dans un contexte de mécontentement des Parlements, le roi s’y rend souvent en personne afin d’y établir un lit de justice, c’est-à-dire contraindre les Parlementaires à enregistrer, ce qui passe souvent par une humiliation en public. Le principal Parlement est celui de Paris, mais il en existe une quinzaine en France, par exemple à Toulouse ou encore à Rennes. Ainsi, le règne de Louis XIV a incontestablement marqué la France et l’Europe. Le roi, par son souhait de régner seul dès la mort du cardinal Mazarin, dote son royaume d’institutions puissantes et d’une administration centralisée, au cœur de Versailles afin de garder un œil sur les agissements des nobles de la Cour. Son pouvoir absolu s’est forgé au fil des années, légitimé uniquement par Dieu.

Louis XIV tenant les sceaux, peinture anonyme à l’huile sur toile, v. 1672, conservée au Musée du château de Versailles.

Jean-Baptiste Colbert, architecte de la prospérité

économique

LE FOCUS DU DOSSIER

Si l’on plonge dans l’histoire de la France et surtout dans le règne de Louis XIV, il nous est impossible d’ignorer la figure de Jean-Baptiste Colbert, le chef d’orchestre derrière l’économie florissante du royaume de France. Homme d’État brillant, habile stratège et administrateur infatigable, Colbert fut bien plus que le Contrôleur Général des Finances du royaume. Son parcours est marqué par une ascension rapide au sein de la cour royale, des oppositions

L’ascension politique et l’influence de Mazarin

Jean-Baptiste Colbert est né à Reims en 1619, il est issu d’une famille de la bourgeoisie commerçante. Ce statut lui offre des bases solides en gestion et commerce dès son plus jeune âge. Sa famille, bien que modeste par rapport à l’aristocratie, jouit d’une certaine aisance et de réseaux qui lui permettent d’accéder aux premières opportunités professionnelles. En 1645 alors âgé de 26 ans, il entre au service de Michel Le Tellier, secrétaire d’État à la Guerre, qui devient son premier mentor et lui apprend l’administra-

frontales ainsi que des réformes décisives qui ont transformé le royaume. L’œuvre de Colbert a permis à la France de rayonner sur la scène européenne, mais soulève encore aujourd’hui des débats, entre admiration pour son génie administratif, et dénonciation des conséquences humaines et sociales de sa politique coloniale. Nous allons voir comment cet homme à la fois admiré et controversé a façonné l’histoire de la France sous Louis XIV.

tion et la rigueur, deux qualités essentielles qui marqueront toute sa carrière. En 1651, la France est plongée dans les troubles de la Fronde et Michel Le Tellier recommande Colbert au Cardinal Mazarin. Ce dernier, principal ministre du jeune Louis XIV cherche des hommes de confiance pour stabiliser le royaume. Colbert devient rapidement un proche collaborateur de Mazarin, qui perçoit en lui un potentiel remarquable pour les affaires d’État. C’est sous la tutelle de Mazarin que Colbert affine sa compréhension des finances royales, des relations internationales ainsi que de la diplomatie.

Peu avant de s’éteindre en 1661, Mazarin conseille vivement à Louis XIV de garder Colbert à ses côtés en soulignant son potentiel remarquable. Cette recommandation scelle l’entrée de Colbert dans le cercle rapproché de Louis XIV. C’est un moment charnière, car elle assure à Colbert un rôle déterminant dans la politique française.

Le conflit avec Nicolas Fouquet

La carrière de Jean-Baptiste Colbert prend un tournant décisif lors de sa confrontation avec Nicolas Fouquet alors

«Il hérite d’un système financier en désordre, marqué par les abus, les dettes colossales, ainsi qu’une administration fragmentée»

Surintendant des Finances de Louis XIV. Fouquet, figure influente et flamboyante jouit d’un immense pouvoir et d’une fortune colossale accumulée en partie grâce aux privilèges de sa fonction. Colbert, qui prône une rigueur financière au service de l’État, voit en Fouquet l’incarnation des abus et de la corruption qui minent les finances royales. À ses yeux, le train de vie ostentatoire de Fouquet et sa gestion controversée des fonds publics mènent le royaume à la ruine.

Colbert lance donc une campagne méthodique pour exposer Fouquet. Il s’efforce de démontrer les détournements de fonds publics et l’enrichissement personnel du Surintendant en rassemblant des preuves et en dévoilant ses pratiques plus que douteuses. Avec le soutien de Louis XIV qui souhaite renforcer l’autorité de la monarchie et instaurer une gestion plus centralisée, Colbert plaide pour des réformes et une plus grande transparence. Sa stratégie porte ses fruits en 1661, lorsque Fouquet est arrêté et accusé de malversations et de haute trahison.

Le procès de Fouquet constitue une étape clé dans l’ascension de Colbert. Sa disgrâce est une victoire personnelle et une confirmation de ses idées. Libéré de cet adversaire, il se voit confier le contrôle des finances du royaume et entreprend une série de réformes visant à assainir l’économie.

Après la disgrâce de Fouquet en 1661, Colbert est nommé Contrôleur Général des Finances, un poste qui lui permet de prendre en main les finances du royaume et de mener les réformes qu’il juge essentielles pour assainir l’économie. Conscient de l’ampleur des problèmes financiers du royaume, il met en place des mesures rigoureuses pour augmenter les recettes de l’État et réduire la dette. Parmi ses premières actions, il centralise la collecte des impôts pour limiter les détournements de fonds et introduit une meilleure surveillance des dépenses publiques, imposant ainsi une stricte discipline financière à l’administration royale. Nous en parlerons plus en détails dans la seconde partie.

Le colbertisme : la doctrine économique du royaume

Lorsque Colbert devient Contrôleur Général des Finances en 1665, il hérite d’un système financier en désordre, marqué

à l’huile

Portrait de Jean-Baptiste Colbert, peinture
sur toile de Philippe de Champaigne, 92 cm x 72 cm, 1655, conservée au Metropolitan Museum of Art.

par les abus, les dettes colossales, ainsi qu’une administration fragmentée. Sa première priorité est donc d’instaurer une centralisation rigoureuse pour restaurer l’autorité de l’État sur les finances du royaume.

Colbert commence sa mission en réduisant le gaspillage des fonds publics. Il établit des contrôles stricts sur les dépenses royales et élimine les intermédiaires dans la collecte des impôts, souvent corrompus. Il s’attaque aux abus des fermiers généraux, ces riches particuliers chargés de percevoir les impôts, qui retenaient une partie considérable des recettes. En renégociant ou supprimant ces contrats, il augmente directement les revenus de l’État.

Pour alléger la charge écrasante de la dette publique, Colbert engage une politique de remboursement progressif. Il identifie et annule les dettes contractées à des taux excessifs ou par des moyens illégitimes, ce qui réduit considérablement les intérêts dus par le Trésor. Parallèlement, il renforce la confiance des créanciers en rationalisant les finances et en garantissant des remboursements réguliers.

un modèle reconnu pour sa durabilité et son raffinement.

Au niveau de la transparence et de la responsabilité administrative, Colbert introduit des audits et des bilans réguliers pour s’assurer de l’efficacité de ses réformes. Cela permet ainsi de surveiller les recettes et les dépenses de près mais également de responsabiliser les gestionnaires de l’argent public. Il met aussi en place un système de reddition des comptes qui renforce la confiance du roi dans ses administrateurs. Colbert est convaincu que la puissance économique d’un État repose sur sa capacité à produire et exporter. Il fait du développement des industries françaises une priorité. Sous son impulsion, la France adopte une politique économique mercantiliste pour limiter les importations et favoriser les exportations, tout en renforçant l’indépendance économique du royaume. Colbert crée ou soutient plusieurs manufactures royales, symboles de l’excellence française, comme la manufacture royale des meubles de la Couronne ou encore la manufacture royale de glaces de miroirs. Ces établissements sont directement financés par l’État ou par des subventions royales et bénéficient d’un monopole sur certains produits. L’objectif est double : promouvoir des produits d’une qualité irréprochable et accroître leur compétitivité sur les marchés internationaux. Ces manufactures deviennent des vitrines du savoir-faire français et renforcent la réputation du royaume en Europe.

Afin de stimuler la production locale, Colbert met en place une politique favorisant l’artisanat et les petites industries. Il accorde des privilèges et des exemptions fiscales à certains secteurs stratégiques, ce qui encourage les entrepreneurs à investir dans l’industrie nationale. Parallèlement, il impose des normes strictes de qualité et de fabrication pour garantir que les produits répondent aux attentes des marchés étrangers. Ces standards ont aussi pour but de faire de la production française

Dans une logique de protectionnisme, Colbert met en place des droits de douane élevés sur les produits étrangers, rendant les importations coûteuses et peu compétitives. Cette mesure incite les consommateurs français à privilégier les produits locaux et encourage les producteurs à développer des alternatives nationales. Le commerce extérieur est également réglementé pour garantir que la balance commerciale reste favorable à la France. Ces mesures permettent à la France de réduire sa dépendance aux importations, tout en devenant un exportateur majeur de produits de luxe comme les textiles, les tapisseries et les miroirs. En centralisant et en modernisant l’industrie, Colbert jette les bases d’une économie manufacturière capable de rivaliser avec les grandes puissances de l’époque, notamment l’Angleterre et les Provinces-Unies.

Colbert, acteur majeur de l’expansion coloniale

Colbert voit dans l’expansion coloniale un levier essentiel pour renforcer l’économie et l’influence de la France. Il est convaincu que le commerce extérieur et l’exploitation des ressources des colonies peuvent enrichir le royaume tout en affirmant sa puissance sur la scène internationale. Sa politique coloniale s’organise autour de trois axes : la création de com-

Établissement de l’Académie des sciences et fondation de l’Observatoire, peinture à l’huile sur toile de Henri Testelin, 348 cm x 590 cm, 1666, conservée au Musée du château de Versailles.

pagnies commerciales, le développement des infrastructures portuaires, et l’ouverture de nouvelles routes commerciales. Pour structurer et encourager le commerce avec les colonies et les terres lointaines, Colbert fonde plusieurs compagnies commerciales. En 1664, il crée la Compagnie des Indes Orientales qui est chargée d’établir des échanges avec l’Asie, en particulier pour importer des épices, des textiles, et du thé. Cette initiative vise à concurrencer les Provinces-Unies et l’Angleterre qui dominent le commerce oriental. Colbert souhaite aussi réduire la dépendance de la France aux produits indiens, souvent vendus à des prix exorbitants par les compagnies étrangères. La même année, il lance la Compagnie des Indes Occidentales, dédiée à l’exploitation des ressources des colonies françaises en Amérique et dans les Caraïbes, comme le sucre, le café, et le tabac. Ces compagnies bénéficient de privilèges exclusifs, comme des monopoles commerciaux et reçoivent le soutien financier de l’État. Elles participent également à la colonisation en favorisant l’installation de Français dans les territoires d’outre-mer. Il est toutefois essentiel de nuancer en précisant que même si la politique coloniale de Colbert enrichit la France et renforce sa présence internationale, elle repose tout de même sur un système d’exploitation des populations autochtones et des ressources coloniales. La création de ces compagnies maritimes commerciales et le développement des colonies entraînent une intensification du commerce triangulaire et de la traite des esclaves. Les initiatives de Colbert s’inscrivent donc dans un cadre marqué par des violences et des inégalités, dont les conséquences humaines et éthiques continuent d’être débattues.

En 1685, le Code Noir est promulgué pour réguler l’esclavage dans les colonies françaises, les esclaves étant très nombreux dans les îles des Antilles, à travailler dans les plantations de sucre notamment. Ce texte juridique, largement impulsé par Colbert bien qu’il soit publié après sa mort, constitue un cadre légal qui officialise et encadre la pratique de l’esclavage. Il indique que la situation d’esclave est héréditaire, ou encore qu’un esclave est considéré comme un meuble. Pour conclure, Jean-Baptiste Colbert laisse derrière lui un héritage contras-

té. Architecte de la prospérité économique de la France sous Louis XIV, il a transformé les finances, modernisé l’industrie et posé les bases d’une politique coloniale qui a marqué durablement l’Histoire. Cependant, son œuvre s’accompagne de zones d’ombre, notamment dans l’exploitation des colonies et l’institutionnalisation de pratiques comme l’esclavage, avec des conséquences humaines et éthiques désastreuses.

Pour assurer la continuité de son œuvre, Colbert veille à installer ses fils dans des postes stratégiques. Cette « dynastie Colbert » devient un pilier du gouvernement royal. Ses fils occupent des fonctions clés : Jean-Baptiste Colbert de Seignelay, son successeur au ministère de la Marine, poursuit le développement maritime et colonial. Si Colbert a permis à la France de se hisser au rang des grandes puissances économiques de l’époque, ses méthodes rigoureuses et son obsession de la centralisation ont aussi contribué à renforcer les inégalités sociales, tant dans le royaume qu’au sein des colonies. Loin d’être unanimement salué, son héritage suscite encore aujourd’hui des débats sur les limites du colbertisme.

Néanmoins, Jean-Baptiste Colbert demeure une figure majeure de l’histoire française. Il incarne l’ambition d’un État fort et organisé, mais aussi les paradoxes d’une époque où la quête de puissance s’accompagne de profondes injustices. Son influence, prolongée par sa descendance, a durablement marqué le règne de Louis XIV et les structures de l’État français.

Plan du port et de la ville de L’Orient (Lorient) fondée en 1666 par Colbert pour y accueillir la Compagnie des Indes orientales.

Louis XIV, connu sous le nom de « Roi Soleil », a profondément marqué l’histoire de la France et de l’Europe par son règne ambitieux et son administration centralisée. Si son image est souvent associée au luxe de la cour de Versailles et à la consolidation de l’absolutisme, son règne est également caractérisé par une politique militaire sans précédent. Louis XIV a compris très tôt que la puissance militaire était un instrument essentiel pour asseoir son autorité et étendre l’influence de la France sur le continent. Cela est le résultat du traumatisme dû à la Fronde lors de sa jeunesse. Dès le début de son règne personnel, il entreprend une série de réformes pour renforcer et moderniser l’armée française, afin d’en faire l’une des plus puissantes d’Europe. En s’entourant de brillants stratèges comme le maréchal de Turenne et en développant les capacités logistiques et techniques de ses troupes, il a pu mener de nombreuses campagnes, souvent victorieuses, qui ont redessiné les frontières de la France. Cependant, cette politique expansionniste et guerrière a également eu un coût humain et financier important, laissant une marque durable sur le pays. L’aspect militaire du règne de Louis XIV révèle ainsi un roi qui n’a pas hésité à employer la force pour défendre ses ambitions territoriales et ses idées.

Le roi militaire, la France au paroxysme de son influence

Cassidy D. Louis XIV à Douai pendant la Guerre de Dévolution en 1667, peinture à l’huile sur toile, Charles Le Brun, 354 cm x 589 cm, entre 1667 et 1690, conservée au Château de Versailles.

« De 1674 à 1678, la France est en tête face à l’Europe »

On appelle le XVIIe siècle le « siècle de fer ». De 1610 à 1715, les conflits se manifestent partout et il ne reste que deux ans de tranquillité. Louis XIV, le souverain, est particulièrement préoccupé par l’influence des Habsbourgs, dynastie régnante en Autriche et en Espagne, sur son royaume. En 1664, Colbert impose un tarif de douane français en Europe, ce qui provoque une taxation des biens français par les Hollandais. Les ports français sont pris d’assaut par les Provinces-Unies qui s’établissent sur ces derniers et entravent le commerce des Français. Ainsi, la France se prépare à une guerre et cela est bien connu des Hollandais. La « Guerre de dévolution » qui s’est déroulée entre 1667 et 1668 est le produit du rêve de la succession en Espagne pour lui ou ses descendants. Louis XIV découvre ensuite deux justifications pour intervenir contre l’Espagne. Tout d’abord il le réclame comme l’héritage de sa femme Thérèse et le rôle de son fils dans la succesion du royaume d’Espagne après la mort de Philippe IV. En mai 1667, l’armée traverse la Flandre sous la conduite du vicomte de Turenne qui prend douze postes, avant d’occuper Condé en février 1668. La première campagne militaire du monarque est un triomphe. Lors du traité d’Aix-la-Chapelle, le 2 mai 1668, il impose ses conditions. Cette victoire est symbolisée par la construction de l’Hôtel national des Invalides. À Paris, ce grand complexe a pour mission d’accueillir et de traiter les soldats blessés ou âgés qui ne peuvent plus servir. Lorsque Philippe IV d’Espagne meurt, Louis XIV sollicite pour Marie-Thérèse une partie des Pays-Bas et de la Franche-Comté, conformément au droit de dévolution en vigueur dans le Brabant. Cependant, face à la menace de la Triple-Alliance formée contre la France en janvier 1668 par l’Angleterre, les Provinces-Unies et la Suède, il conclut le traité d’Aix-laChapelle le 2 mai 1668. Ce document restitue non seulement la Franche-Comté à l’Espagne, mais aussi les douze villes conquises par Turenne en Flandre, y compris Lille, Tournai, Douai, Charleroi et Armentières.

L’ampleur du pouvoir des Provinces-Unies, qui représente une menace pour le roi pour diverses raisons, est illustrée par la « Guerre de Hollande ». Les Provinces-Unies sont une République

protestante qui met fin à son union en 1668. Louis XIV considère comme une traîtrise que les Hollandais se joignent aux Espagnols. En 1670, la France bénéficie du soutien de l’Angleterre et conclut un traité. Pour les mêmes raisons que la France, les Britanniques mènent deux conflits contre les Hollandais en raison d’une concurrence commerciale. Louis XIV se lie d’amitié aux États du Rhin, grâce à l’évêque de Cologne qui lui permet de déployer son armée, constituée de 80 000 hommes. L’armée française, déclarée en conflit, suit la Meuse, passe quelques jours dans le sud des Pays-Bas avant de se diriger vers l’archevêché de Cologne pour remonter le Rhin. L’effet de masse isolant la ville de Maastricht surprend les Hollandais. L’armée française entoure la ville afin de bloquer toute fuite. Le 7 juin 1672, les Hollandais résistent et combattent la flotte française en empêchant le débarquement au cœur des Provinces-Unies. Sous l’ordre du prince de Condé, le 12 juin 1672, 350 cavaliers de l’armée française traversent le Rhin sur la gauche et autorisent le déplacement de 10 000 cavaliers en une seule journée. Dans la galerie des Glaces, Louis XIV se montre au centre du tableau de Van der Meulen, au côté du prince de Condé. Les Hollandais se passent de forteresses, ils brisent les digues pour que la partie du pays soit submergée par l’eau et ralentissent l’armée française. Le 1er août, le prince de Condé atteint le comté d’Amsterdam avant de retourner en France. En 1673, une armée de 45 000 hommes sous la direction de Vauban organise le siège de Maastricht. La ville est prise en 25 jours.

De 1674 à 1678, la France est en tête face à l’Europe. En 1674, le prince de Condé entreprend une action contre la Franche-Comté et conquiert Besançon en douze jours sous l’autorité du roi. En 1674, une autre intervention permet de contrôler la ville de Strasbourg. Ainsi, l’armée française est capable de résister sur plusieurs fronts. La même année, le prince de Condé obtient la seule bataille organisée impliquant 40 000 hommes chacun. Louvois développe son armée de terre entre 1677 et 1680. L’infanterie, au détriment de la cavalerie, occupe une position tactique cruciale. Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, les institutions traditionnelles se dégradent, les piquiers et les fusiliers succèdent aux mousquetaires. Cependant, les avancées technologiques pallient cette perte, la baïonnette voyant le jour en 1671. Avec l’aide des fantassins, les soldats ne nécessitent plus de se défendre contre la cavalerie et il favorise l’extension des lignes de feu lors d’importantes batailles. En 1678, le traité de Nimègue est conclu, mettant un terme à 3 ans d’efforts diplomatiques menés par des leaders religieux. En cinq jours, Louis XIV prend le contrôle de Gand. Il s’empare de ce fort pour renforcer la position française. La France traverse Maastricht avant de retourner à la frontière. Bien que la France, même si elle ne s’en sort pas indemne, termine tout de même gagnante. La Franche Comté est perdue par l’Espagne, la frontière entre la France et les Pays-Bas se brise. L’empereur a reconnu les annexions françaises en Lorraine en 1679, sans toutefois signer de traité.

En 1700, le petit-fils de Louis XIV est autorisé à hériter grâce au Testament de Charles II d’Espagne. Le duc de Montmorency de Luxembourg, le maréchal de Villars, le duc de Villeroy et le duc de Boufflers modifient également les généraux. Louis XIV opte pour la stratégie du « cabinet » suite

DOSSIERà

une intervention, il demeure à Versailles et dès 1693, le monarque ne participe plus aux combats. Entre 1690 et 1693, la France atteint son point culminant. En plus des conflits sur terre, la France est confrontée à une bataille navale au Canada et la flotte française subit également une neutralisation de la part de la marine anglaise à Bellevret. Durant la bataille de Béveziers en 1690, les Britanniques détruisent la flotte française. De plus, une autre défaite française à Barfleur a conduit à la perte de 15 navires français. Néanmoins, le général de Luxembourg est irréprochable, avec plusieurs triomphes comme celui de Fleurus en 1690 sur la frontière des Hollandes. Luxembourg remporte le siège de Neerwinden et Louis XIV conquiert la ville de Namur en compagnie de Vauban. L’entretien de l’armée débute par une logistique considérable. Il est garanti par des munitionnaires, plus pratiques, sous la régulation directe de l’État. Ces munitionnaires concluent un accord avec le secrétaire général de l’État de la guerre, ils contribuent financièrement pour alimenter les troupes avant d’être remboursés par le Trésor royal, bénéficiant d’un bénéfice de 10%. Louvois perfectionne le mécanisme des étapes en offrant un logement et un repas aux soldats qui se déplacent dans le royaume et dans les magasins localisés aux frontières. Au XVIIe siècle, la guerre de siège est devenue une coutume répandue. C’est une guerre d’usure, peu marquée par des batailles cruciales et de nombreux sièges. Louvois et Vauban préconisent cette méthode. Il s’agit d’une bataille qui paraît « scientifique » et moins dangereuse. Vauban favorise le tir par artillerie et les cavaliers de tranchée rencontrent des difficultés pour assurer la pérennité. À partir de 1700, les gé-

néraux retournent vers la méthode traditionnelle. Dans la « ceinture de fer », le général Vauban occupe une place prépondérante. Il contribue à la construction ou au réaménagement de 130 sites sur toutes les frontières qui défendent le nord de la France grâce à un dispositif composé de trois lignes parallèles de forteresse. En raison de ses multiples conflits, les hommes de main se réduisent considérablement et le roi fait appel à des mercenaires. Après la défaite des Suédois à Nördlingen en 1635, Bernard de Saxe-Weimar engage des forces chevronnées. Dans l’armée française, le système est caractérisé par chaque capitaine qui acquiert son régiment et engage ses soldats. Le solde est régulièrement versé par le souverain, ce qui entraîne la pillage des villages en début de siècle et la propagation des fraudes par le biais de passe-volants (soldats imaginaires présents lors des jours de contrôle). De nombreuses fraudes telles que les désertions, les maladies, les manques de logistique et de discipline contribuent au décalage entre les chiffres théoriques et les réelles quantités d’effectifs. De plus, il est fréquent

de solliciter des services privés. Durant la guerre de Hollande, la proportion des troupes étrangères (Suisses, Italiens, Allemands, Wallons et Irlandais) dans l’armée française varie entre 15% en 1660 et jusqu’à 32%. Louvois a mis en place la milice pour attirer des hommes supplémentaires via un tirage au sort. Richelieu crée la Royale, mais elle connaît une périclitation sous Mazarin. La France ne dispose plus de ressources pour maintenir une importante flotte de guerre. En 1661, Colbert et son fils Seignelay entreprennent d’abord la rénovation des ports comprenant les arsenaux (Brest, Toulon, Dunkerque, Rochefort). Il s’agit d’une construction navale qui requiert une multitude de matériaux (bois, métaux, etc.) et des employés compétents (charpentiers, fondeurs de canons). Cependant, suite au décès de Colbert en 1683, 220 navires militaires ont été construits, dépassant la Navy. La qualité supérieure des navires séduit les artisans et les charpentiers internationaux. L’ordre du tableau a été élaboré et instauré en 1675. Il aborde le critère d’ancienneté des soldats comme fondement pour la promotion des officiers.

Combat d’un vaisseau français et de deux galères barbaresques, peinture de Théodore Gudin, 1858, conservée au Musée national de la Marine de Toulon.

Louis XIV instaure en 1693 l’ordre militaire de Saint-Louis, un mérite pour les officiers qui se sont démarqués. L’éthique du service moderne requiert des attributs classiques : le courage, l’honneur, la grande soumission, le stoïcisme dans les combats et la gestion. Il est compliqué de l’appliquer pour la noblesse qui persiste à bénéficier d’avancement et à contrôler les postes supérieurs. Entre 1668 et 1670, le système de classe garantit un recrutement plus judicieux des marins, une ressource rare et précieuse. Les puissances maritimes qui se servent du système de classe ont un pourcentage plus important de troupes étrangères. Le nombre de navires augmente, les Galères restant les principaux navires jusqu’au XVIIe siècle. Dans le cadre de la colonisation, 200 navires ont vu le jour en 54 ans. Ces bateaux sont munis de canons, ce qui correspond à une armée complète sur un champ de bataille. Durant le milieu du XVIIe siècle, la France se penche sur la méthode employée par les Hollandais pour exploiter leur force de feu grâce à un mode de combat en « ligne de fil ». Cette formation de combat implique d’aligner ses bateaux sur une unique ligne serrée afin de bénéficier du pouvoir du feu. Elle aboutit à la sclérose de la guerre en mer jusqu’à la fin du dix-huitième siècle. Ainsi, cet article examine les divers aspects de la dimension militaire du régime de Louis XIV, des réformes qui ont métamorphosé l’armée française jusqu’aux répercussions des conflits constants sur le royaume et l’Europe. Il dépeint simultanément les réussites qui ont permis au royaume d’acquérir de nouveaux territoires, de développer son administration militaire et de se pencher sur l’utilisation de ces guerres pour comprendre la politique militaire ambitieuse de Louis XIV afin d’étendre son influence.

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1969. NEIL ARMSTRONG EST LE PREMIER HUMAIN À METTRE LE PIED SUR LA LUNE. HUIT ANS AUPARAVANT, EN 1961, YOURI GAGARINE DEVIENT LE PREMIER HOMME DANS L’ESPACE. EN 1957, LE SATELLITE RUSSE SPOUTNIK 1 DEVIENT LE PREMIER OBJET ARTIFICIEL PLACÉ EN ORBITE TERRESTRE. ET L’EUROPE PENDANT CE TEMPS ? EN FRANCE ET EN EUROPE, LA GUERRE FROIDE EST DANS TOUS LES ESPRITS. POUR L’ESPACE, C’EST PLUS COMPLIQUÉ. LE GOUVERNEMENT FRANÇAIS NE FIXE PAS D’OBJECTIFS CLAIRS SUR LA CONQUÊTE SPATIALE. MALGRÉ TOUT, DES RECHERCHES ET DES AVANCÉES NOTABLES SONT RÉALISÉES. LES SCIENTIFIQUES ET MILITAIRES ACQUIÈRENT DES CONNAISSANCES INDISPENSABLES ET UNE RENOMMÉE INTERNATIONALE AVEC LE DÉVELOPPEMENT DE LA FUSÉE VÉRONIQUE. STIMULÉ PAR CE SUCCÈS, LE SPATIAL FRANÇAIS SE STRUCTURE AVEC LA CRÉATION D’ORGANISATIONS INSTITUTIONNALISÉES. POUR L’EUROPE, C’EST PIERRE AUGER, DIRECTEUR DU COMITÉ DES RECHERCHES SPATIALES, QUI PLAIDE POUR LA CRÉATION D’UN LANCEUR EUROPÉEN.

PAR CLÉMENCE DELLENBACH

Les balbutiements de l’Europe spatiale n 1962, après de longues négociations, la France, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie, et le Royaume-Uni décident de la création du Centre européen pour la construction de lanceurs d’engins spatiaux (ELDO), et du Centre européen pour la recherche spatiale (ESRO). Pour unifier les efforts, les pays concernés organisent des Conférences Spatiales Européennes (CSE), qui se tiendront de 1966 à 1975. Elles réunissent tous les décideurs européens en matière de spatial. Les discussions s’en trouvent intensifiées, et l’alliance restructurée. En résulte un premier programme : les fusées Europa. Elles devaient être des lanceurs, chargés de mettre en orbite des projets scientifiques, puis des satellites européens. Ce programme est la réunion de toute l’expertise de plusieurs pays européens. Les Britanniques ont reconverti leur projet de missile balistique « Blue Streak » en premier étage de la fusée. Les Français se sont chargés du second étage : Coralie, testé dans un prototype de fusée entier : Cora. Les Allemands ont conçu le troisième étage : Astris, qui rencontre de nombreux problèmes. Au total, Europa-1 puis Europa-2 ont réalisé onze lancements, entre 1964 et 1970. Aucun n’a réussi complètement. Les experts et les rapports sont formels : le manque de coopération entre les pays a causé la perte du programme Europa. Les frustrations étaient telles que l’Allemagne, le Royaume-Uni et même la France ont songé à quitter le projet, pour s’appuyer sur les lanceurs américains.

l’ESRO et de l’ELDO, pour créer l’Agence Spatiale Européenne (ESA). Les leçons du passé ont été apprises. Dans la convention de la nouvelle agence, c’est marqué noir sur blanc : l’ESA « doit être créée dans des conditions permettant une meilleure utilisation des ressources financières et autres actuellement consacrées à l’espace par les États membres » (traduction personnelle de la version anglaise). On valide également le projet L3S (Lanceur de troisième génération), très vite renommé Ariane.

L’EUROPE

pour la première fois en 1988, elle était capable de mettre 4,6 tonnes en orbite et de prendre à son bord deux satellites. Une innovation rendue nécessaire par les technologies déjà proposées par le marché américain (à la même période, la fusée américaine Titan IV pouvait placer 5,8 tonnes en orbite). En quinze ans, Ariane 4 a décollé 116 fois, pour seulement trois échecs.

DANS L’ESPACE

Le développement d’Ariane 5 est décidé dès 1985. Son premier vol se solde par un échec, mais sa fiabilité est démontrée pendant ses vingt-sept ans de service. Un problème demeure toutefois : un vol d’Ariane 5 coûte 100 millions d’euros. Le développement d’Ariane 6 commence donc en 2014, pour créer une fusée moins chère, plus puissante et plus verte.

le programme spatial européen, d’ Europa à ARIEL

Les premiers succès européens avec Ariane

La toute nouvelle Agence Spatiale Européenne lance le programme Ariane en 1973 ; largement impulsé par la France, qui s’engage à prendre en charge 60% des coûts de production. Comme Thésée coincé dans le labyrinthe, Ariane sortira l’Europe de l’impasse spatiale.

Les réalisations ne se font pas attendre. Ariane 1 est lancée dès 1979. Après quelques difficultés initiales, onze lancements sont réussis. Elle sera cependant vite remplacée : les satellites sont de plus en plus lourds, les lanceurs doivent donc évoluer. On reprend le modèle d’Ariane 1, et on l’optimise pour améliorer ses capacités, pour ainsi créer Ariane 2 et 3. Ariane 2 effectuera six lancements entre 1986 et 1989, tandis qu’Ariane 3 en effectuera onze.

En 1973, on décide de la fusion de

La révolution se fait avec Ariane 4. Lancée

Le problème du lieu

Le premier centre de lancement spatial français se trouvait sur la base d’Hammaguir en Algérie. Il commence à être utilisé par le Centre national d’études spatiales (CNES) en 1961. Si ce site a été le lieu des premiers succès spatiaux français, il est abandonné en 1967, six ans après l’indépendance de l’Algérie.

Dès 1964, c’est la Guyane qui est choisie pour l’installation d’un nouveau centre de lancement. Kourou dispose d’une vue sur l’océan Atlantique, où les fusées pourraient retomber facilement en cas d’échec. La région n’est également pas victime de cyclones ou de séismes et la visibilité y est excellente pour suivre l’évolution des missions qui s’y envolent. Le site est également proche de l’équateur : la vitesse de rotation de la Terre y est plus importante, ce qui donne un poussée initiale plus forte aux fusées.

Mais, un centre spatial, ça prend de la place. Pour sa création, 4000

Photographie de la fusée Ariane 4 au lancement.

personnes, issues de communautés créoles et amérindiennes, ont dû être expropriées et des villages rasés.

Le choix du site est gagnant, puisque Kourou deviendra la base de lancement des fusées Ariane, ce qui contribue à son rayonnement. Elle sera également utilisée par la Russie pour le lancement de ces fusées Soyouz, jusqu’au début de la guerre en Ukraine.

Grâce à la base de Kourou, et grâce au développement de ces fusées maisons, l’Europe grignote peu à peu le monopole américain sur les activités spatiales.

Faire avancer la science

Si l’attention du public est tournée vers la création des lanceurs spatiaux, les missions scientifiques commencent dès les années 1960. La première mission de l’ESRO, chargé des recherches spatiales, est lancée en 1968 : ESRO-2B, un petit satellite de 80kg. Il devait observer les rayonnements solaires et cosmiques et leur interaction avec la Terre.

notre galaxie.

L’ESA participe aussi aux projets post-Apollo menés par les États-Unis. Elle prend en charge le programme SpaceLab : une navette spatiale où l’on pourrait effectuer des missions spatiales en microgravité. L’ESA a pris en charge le coup du laboratoire, tandis que la NASA s’engage à s’occuper de tous les nouveaux équipements potentiellement disponibles. La navette a volé 22 fois, entre 1983 et 1998.

L’ESA a également contribué au développement de la Station Spatiale Internationale. Forte de son expérience précédente, elle développe le module Columbus, un laboratoire spatial en microgravité.

« L’ESA planifie son évolution dans le programme Horizons 2000. Elle prévoit le lancement de grands projets qui débutent entre 1985 et 2000 »

Comme le lanceur européen était loin d’être au point, ce sont les Américains qui ont lancé ESRO-2B, gratuitement. Plusieurs années plus tard, Cos-B devient le premier satellite de l’ESA, en 1975. Pendant sept ans, il a étudié les sources de rayonnement gamma. Elles ont pu être répertoriées sur tout le disque de

Une planification sur le long terme

L’ESA planifie son évolution dans le programme Horizons 2000. Elle prévoit le lancement de grands projets qui débutent entre 1985 et 2000.

Parmi les réalisations de ce programme majeur, on peut citer la sonde Rosetta. C’est la première à avoir orbitée, et à s’être posée sur une comète. Sa mission s’est achevée en 2016, et elle repose depuis sur la comète 67P.

C’est également dans ce cadre qu’est construit l’Observatoire spatial Herschel. Entre 2009 et 2013, il observe les ondes gravitationnelles présentes dans

l’espace, ce qui a permis de faire avancer nos connaissances sur la formation des planètes et des étoiles.

Le programme est actualisé en 1995. Il prévoit quatre autres missions majeures, sur la période 2006 à 2017.

Gaia, lancée en 2013, est chargée de cartographier toutes les étoiles de la Voie lactée. Si sa période d’activité devait durer cinq ans, sa durée de vie a été augmentée, au vu des informations essentielles qu’elle fournit.

Mars Express est lancée en 2003 pour étudier la surface de la planète Mars. C’est la première mission européenne à orbiter autour d’une autre planète que la Terre. Venus Express est, quant à elle, lancée en 2005. Elle est chargée de rechercher l’activité volcanique et sismique à la surface de la planète.

La mission Euclid a été lancée en 2023. Ce télescope à la pointe de la technologie doit cartographier l’Univers afin de comprendre son organisation. ARIEL est dédié à l’examen des exoplanètes, ces cailloux lointains qui pourraient abriter des conditions de vie semblables à la Terre. Son lancement est prévu pour 2029, à bord d’une fusée Ariane 6. L’histoire spatiale européenne est donc très riche. À travers un mécanisme d’essai/échec, les relations entre les pays se sont solidifiées, afin de renforcer la position de l’ESA. Elle s’impose comme la deuxième agence spatiale au monde, comparable en ambitions et en résultats à la NASA.

“En préservant la mémoire de la Seconde Guerre mondiale, nous nous efforçons de préserver la paix“

"En préservant la mémoire de la Seconde Guerre mondiale, nous nous efforçons de préserver la paix"

Dossier de presse

Dossier de presse Their memory, c’est quoi ?

Histoire, missions, projets Their memory, c’est quoi ?

Histoire, missions, projets

Jacques-Louis David, Léonidas aux Thermopyles, peinture à l'huile sur toile de 1814, 395 cm x 531 cm,

ARISTOTE, DANS LE LIVRE II DE SON OUVRAGE POLITIQUE, DÉCLARAIT

QUE « [...] LA LÉGISLATION SUR L’ÉPHORIE EST, ELLE-AUSSI, DÉFECTUEUSE. C’EST CETTE FONCTION QUI, CHEZ-EUX, DONNE LE CONTRÔLE DES AFFAIRES LES PLUS IMPORTANTES, ALORS MÊME QUE TOUS SES DÉTENTEURS SONT ISSUS DU PEUPLE [...] 2 ». LA PENSÉE D’ARISTOTE SUR LE MODÈLE POLITIQUE SPARTIATE TEND À MONTRER LA PLACE PARTICULIÈRE DES ÉPHORES DANS LA VIE POLITIQUE DE LA CITÉ, UNE PLACE QU’IL S’AGIT DE METTRE EN AVANT DANS CET ARTICLE.

PAR KYLLIAN GARSAULT

Qui sont les éphores ?

vant d’envisager une étude plus approfondie du rôle des éphores dans la cité de Sparte, il convient, naturellement, de poser un cadre quant à leur rôle général. Le nom « éphores » désigne des « surveillants », la fonction des éphores n’est pas mentionnée de manière claire dans la Grande Rhêtra 3. Cependant, les processus délibératifs mis en avant par ce texte au début du VIIe siècle tendent à supposer leur existence. De manière générale, ils semblent être conçus comme les porte-paroles du peuple, les sources de l’époque classique mettent en avant leur rôle politique essentiel : ce sont eux qui, en soi, représentent le pouvoir exécutif de la cité 4. Les éphores sont au nombre de cinq, ils sont renouvelés tous les ans et ne peuvent se succéder à eux-mêmes. Toujours selon Aristote dans sa Politique, il apparaît que les éphores soient choisis au sein de l’assemblée des citoyens, âgés de trente ans au moins. Cette sélection socialement large permet à certains auteurs de caractériser ce régime comme une forme de démocratie, d’au-

à travers la figure des éphores

tant que leurs attributions semblent avoir été prévues afin d’éviter tout abus de pouvoir, en particulier de la part des deux rois5. Bien que ce fonctionnement semble être méprisé par Aristote, qui doute de l’intérêt de faire participer le démos 6 de manière accrue dans la vie politique, il souligne qu’il permet toutefois de consolider le régime de par le fait que l’accès à la plus haute fonction politique permet au peuple de se tenir tranquille. Les pouvoirs des éphores Les responsabilités et les pouvoirs des éphores sont nombreux et de diverses natures et tendent à montrer leur importance au sein de la cité. Ce sont les éphores qui préparent les lois à soumettre à l’assemblée et qui organisent les débats, de fait ce sont bien eux qui peuvent orienter la politique de la cité dans un sens ou dans l’autre. En cas de guerre, ce sont également les éphores qui sont chargés de la mobilisation

et du ravitaillement, deux des cinq éphores accompagnent les expéditions pour faire office de conseillers et surveiller les actions du roi7 . L’aspect de contrôle des deux rois fait partie intégrante de leur rôle, si bien qu’une procédure particulière, nommée l’astéroscopie, permet aux éphores, tous les huit ans, de suspendre un roi en cas de signes divins transmis par l’observation des étoiles8. Par ailleurs, le pouvoir des éphores semble être plus important dans la seconde moitié du VIe siècle. En 540, selon Hérodote9, les éphores demandent au roi Anaxandride de changer d’épouse, étant donné que la première est stérile : après une concertation entre les éphores et les gérontes10, il cède. Ce pouvoir est aussi mis en avant par Xénophon, mentionnant souvent que « les éphores et l’assemblée »11 ont pris telle ou telle décision, mettant donc en avant la place particulière des éphores à Sparte. Les compétences et les pouvoirs des

conservée au Musée du Louvre.

éphores se retrouvent également au sein des domaines de la justice, du maintien de l’ordre, et de « l’administratif ». En effet, ils mènent l’enquête en cas d’action judiciaire entre les Spartiates, ils peuvent condamner à l’exil et à la mort (avec les gérontes et les rois). Il apparaît qu’ils détiennent un pouvoir judiciaire important, qui est cependant limité par le fait qu’ils doivent rendre des comptes au collège qui leur a succédé lors de leur sortie de charge. Concernant le maintien de l’ordre, ils disposent de nombreux pouvoirs de sanction à l’égard des Périèques et des Hilotes, mais les sources mentionnent majoritairement leurs compétences de police avec les Spartiates. Ils peuvent surveiller l’état physique des jeunes gens, le respect des règles du mariage ou encore contrôler la qualité physique des conjoints : ainsi ont-ils sanctionné le roi Archidamos II au Ve siècle, qui avait épousé une femme trop petite12. Ils

disposent également de fonctions importantes sur le plan de l’administration de la cité, en assurant la gestion des finances, à titre d’illustration, le collège des éphores décompte le montant du butin envoyé à Sparte par Lysandre en 404 lors de sa victoire sur Athènes. Mais les éphores ont un rôle sociétal et social éminent, de par le fait qu’ils sont chargés d’empêcher une atteinte aux usages ordinaires, que ce soit entre-eux ou avec les étrangers. De fait, il existe une certaine méfiance envers les étrangers, une méfiance qui conduit régulièrement à des xénélasies, soit des expulsions d’étrangers du territoire de Sparte, cette décision relevait certainement de la compétences des éphores13. Il apparaît que les éphores ont, de manière générale, le souci de maintenir l’ordre public, un souci bien mis en avant par Xénophon : « Les éphores peuvent donc infliger une amende à qui ils veulent et sont maîtres d’en

exiger le paiement immédiat ; ils sont maîtres aussi de déposer les magistrats en exercice, de les emprisonner et de leur intenter un procès capital. Nantis d’un pouvoir considérable, ils ne laissent pas, comme dans les autres cités, ceux qui ont été choisis pour des charges publiques commander à leur guise tout au long de l’année. 14 »

Le pouvoir des éphores est donc particulièrement important au sein de la vie politique de Sparte. Bien que limité, ce pouvoir est si prédominant que certains auteurs tendent à comparer l’éphorie à la tyrannie. Sur bien des aspects, aucun citoyen de Sparte ne peut être immunisé face à leur potentielle sévérité, et cela qu’importe leur rôle au sein de la société. Alors que la cité de Sparte est principalement connue pour son militarisme et sa diarchie15 , l’article a mis en avant le rôle plus qu’essentiel de ces magistrats souvent méconnus.

Jules Gabriel Hubert-Sauzeau, Les Vendéens demandent à Cathelineau de prendre la tête de l'insurrection, peinture à l’huile sur toile, 1900, conservée au Musée de Niort.

SUITE À LA CONSTITUTION CIVILE DU CLERGÉ DE 1790 ET AUX LEVÉES DE MASSE DE 1793, LES VENDÉENS S’INSURGENT FACE À LA RÉPUBLIQUE SOUS LA CONVENTION NATIONALE MONTAGNARDE. LA SIMPLE JACQUERIE (SOULÈVEMENT POPULAIRE PAYSAN), EN APPARENCE, S’EST PEU À PEU MUÉE EN MOUVEMENT CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRE D’ENVERGURE. LES MÉCONTENTEMENTS DE CES FRANÇAIS DU BAS-POITOU (ANCIENNE VENDÉE) FIRENT SONNER LE TOCSIN D’UNE COLÈRE PROFONDE, UNE COLÈRE DIRIGÉE CONTRE CETTE RÉPUBLIQUE QUI SE MUAIT TENDANCIEUSEMENT EN TYRANNIE. LES ATTEINTES À LA RELIGION ET LA LEVÉE DE MASSE DE SOLDATS FURENT, POUR LES VENDÉENS, LES ÉLÉMENTS DÉCLENCHEURS D’UN GRAND AFFRONTEMENT INTERNE, UNE GUERRE CIVILE ENTRE HISTOIRE ET MÉMOIRES. AINSI, LES GUERRES DE VENDÉE (1793-1796) PEUVENT-ELLES ÊTRE DÉFINIES COMME LE THÉÂTRE D’UN GÉNOCIDE OU ÊTRE PLUTÔT PERCUES COMME UNE GUERRE CIVILE PONCTUÉE DE CRIMES DE GUERRE ?

LA VENDÉE DE 1793 À 1796

génocide ou guerre civile ponctuée de crimes de guerre ?

Aux origines de la dernière plus grande guerre civile française n mars 1793, la France est menacée géopolitiquement par les monarchies européennes. Ainsi, la levée de 300 000 hommes paraît une nécessité pour la défense des frontières de la République. C’est à ce moment précis que les mécontentements dans l’Ouest se font nombreux, surtout venant des ruralités qui ne voient pas dans l’Assemblée constituante puis dans la République, une source de progrès pour leurs conditions de vie. Il y a tout d’abord la décision de 1790 avec la Constitution civile du clergé qui prévoit que tous les prêtres jurent fidélité à la Nation. Les prêtres jureurs sont peu nombreux en Vendée. Cette atteinte à la sacralité est une atteinte à une partie importante de la vie paysanne. Les Vendéens rejettent cet outrage à l’Église. De plus, il y a également le cas de la conscription forcée avec la levée de masse de 1793. 300 000 Vendéens sont appelés à combattre pour la République. C’en est trop pour ces Français.

La ruralité vendéenne ayant déjà très mal reçu la décision de 1790, la levée de masse cristallise alors les tensions. Ainsi, même si les Vendéens ne se révoltèrent pas après la mort de Louis XVI en janvier 1793, la levée de masse pour mener les guerres de la République ainsi que la Constitution civile du clergé de 1790 furent des éléments déclencheurs d’une révolte qui allait aboutir à une sanglante guerre civile. Pensons également à l’arrivée d’une

bourgeoisie accapareuse, la dégradation de la condition paysanne et des difficultés économiques qui furent également des facteurs importants de leur mécontentement. La colère éclate alors.

À Paris, les républicains sont divisés entre les montagnards et les girondins. Ils s’affrontent sur ces crises, s’accusant d’avoir favorisé la contre-révolution. Les répressions en Vendée n’aboutissent pas et les soldats et gardes nationaux sont défaits face aux insurrections vendéennes. Les envoyés de la Convention racontent de façon dramatique ce qu’il se passe en Vendée, dressant le portrait d’une contre-révolution qui serait incontrôlable, très puissante et qui formerait une « Vendée militaire ». Ils demandent alors de fortes réponses armées pour la préservation de la République.

Vendéens et républicains : entre insurrections et répressions

La première émeute vendéenne débute à Cholet le 3 mars 1793. Elle se solde par la mort de quelques civils vendéens et de grenadiers de l’armée. Le premier sang est versé et préfigure déjà la suite. Une semaine après, tout s’envenime. Les Vendéens prennent les armes et saisissent de nombreuses villes comme Cholet. Les révoltés choisissent des chefs pour les mener, des roturiers ou des chefs militaires nobles, comme le renommé François Athanase Charette de la Contrie, ancien lieutenant de la Marine royale.

Le 15 mars, une colonne de 2 400 gardes nationaux sort de la Rochelle pour réprimer les mouvements. En plein cœur de la Vendée, les troupes de la République vont se retrouver face à des paysans révoltés

qui les battent à la bataille de Pont-Charrault. Cette bataille ayant eu lieu au cœur de la Vendée, les insurgés sont dès lors qualifiés de « Vendéens ». L’impact psychologique est immense. La Convention est furieuse et les montagnards notamment, souhaitent faire la guerre aux ennemis de la République.

Ces forces vendéennes continuent leur avancée et s’unissent en mai pour former « l’Armée catholique et royale ». Les batailles de cette armée face aux républicains sont des sortes de guérillas, se déroulant généralement dans les grands bocages vendéens. Les 130 000 à 150 000 hommes de la République n’arrivent pas à rivaliser avec les 80 000 combattants Vendéens. La Convention décrète alors, en mars 1793, la peine de mort pour tout insurgé surpris les armes à la main. De plus, elle envoie d’autres colonnes pour renforcer l’armée de la République qui est toujours vaincue malgré quelques victoires sporadiques. Les succès sont incessants pour la « Grande Armée » mais au fur et à mesure de leur avancée, s’avançant dans le bocage, les paysans-soldats se désagrègent de l’armée vendéenne. Le 16 mai à Fontenay-le-Comte, ils sont moins de 8 000 et doivent combattre dans la plaine, non plus dans le bocage, ce qui leur vaut une centaine de morts. Ils se reforment le 25 mai avec 30 000 hommes et prennent leur revanche dans ce même lieu.

Les Vendéens commencent à envisager de prendre Nantes en juin 1793. La ville dispose de peu d’hommes et elle est également assez ouverte. Malgré les difficultés, le général Canclaux organise la défense. Les Vendéens pénètrent les rues

13

de la ville le 29 juin 1793, bousculant le dispositif défensif. Mais la mort de leur chef charismatique, Cathelineau, crée une débandade qui fait reculer la « Grande Armée ». Comme l’a affirmé Napoléon, alors jeune officier d’artillerie : « Maîtres de cette grande ville [...] les armées royales pouvaient manœuvrer sur les deux rives de la Loire et menacer Paris. Si, profitant de leur succès, Charette et Cathelineau eussent réuni toutes leurs forces pour marcher sur la capitale, c’en était fini de la République ». S’ensuivent de nombreuses autres batailles avec des victoires tantôt du côté des Vendéens que du côté des troupes républicaines. Toutefois, les Vendéens seront défaits le 17 octobre 1793 à Cholet, foyer des émeutes vendéennes. Malgré leurs 40 000 hommes, ils perdent des milliers de combattants. Les troupes républicaines sont victorieuses mais perdent elles aussi des milliers d’hommes.

Ainsi, la défaite de Cholet conduit à la Virée de Galerne, une expédition en Bretagne, en Anjou, en Normandie et dans le Maine pour avoir un débouché sur la Manche en espérant le débarquement des Anglais. Le 18 octobre, le généralissime

La Rochejaquelein fait traverser la Loire à environ 60 000 à 100 000 hommes (com-

battants et non-combattants). Cette virée tourne court, les Vendéens devant faire marche arrière en raison de désertions de leurs soldats et de persécutions par les républicains. Ils reviennent donc en Vendée, grandement affaiblis. Les Vendéens capables de combattre ne représentent plus que 6 500 soldats environ. La victoire de la République paraît de plus en plus certaine. Elle se renforce avec la prise de l’île de Noirmoutier aux insurgés catholiques et royalistes en 1794.

La fin de la Virée de Galerne marque le début d’une politique de représailles sanglantes, qui débutent par les noyades de Nantes. Des prisonniers vendéens et des insurgés étrangers ont été transférés dans les prisons nantaises en 1793. Le député Carrier décide d’organiser la terreur nantaise en organisant les noyades des prisonniers vendéens et autres insurgés, de décembre 1793 à février 1794. Elles feront 1 800 à 4 860 morts. Les fusillades engendrent environ 3 000 morts. Citons également une autre représaille républicaine moins connue, l’épisode de la terreur angevine, qui, en 1794, fit 5 000 à 6 000 fusillés, sans compter les nombreux

« Ces forces vendéennes continuent leur avancée et s’unissent en mai pour former “l’Armée catholique et royale” »

morts dus aux mauvaises conditions de détention, les morts par guillotine… Le 15 janvier 1794, le général Turreau s’apprête à mener la violence à son paroxysme. Il présente son plan d’extermination aux représentants en mission. Le Comité lui répond : « Extermine les brigands jusqu’au dernier, voilà ton devoir ». Ainsi, vingt quatre colonnes « infernales » pénètrent en Vendée avec comme consigne de tout brûler et de tout massacrer. Il y a de nombreux massacres à l’arme blanche, des fusillades, des politiques de la terre brûlée et des viols. On parle même d’un court épisode de tannage de peau sur les Vendéens. En 1795, les républicains décident de passer des accords avec les Vendéens comme celui de La Jaunaye qui accorde certaines garanties religieuses et supprime la conscription pour les Vendéens. Est aussi signé l’accord de Saint-Florent-le-Vieil qui officialise la fin des hostilités en Vendée et qui comporte d’autres garanties. Mais la paix qu’instaurent ces traités est précaire. De fait, divers incidents et assassinats relancent le conflit. Charette reprend les combats avec 10 000 hommes et se lance dans une série

Jean Sorieul, La Bataille du Mans,
décembre 1793, peinture à l’huile sur toile, 1852, conservée au Musée de Tessé.

Jean-François Hue, L'incendie de Granville par les Vendéens, peinture de 1800, conservée au Musée de la Roche-sur-Yon.

de batailles qui ne permettent pas aux républicains de rester coi. C’est la deuxième guerre de Vendée de 1795-1796. Le comte d’Artois, futur Louis XVIII et les Britanniques apportent des hommes et des ressources aux Vendéens. Mais, harcelés par les républicains, ces deux soutiens se retirent en Grande-Bretagne. Les Vendéens sont moralement affaiblis.

Les propositions de négociations de paix des républicains aux insurgés convainquent un grand nombre de soldats qui laissent les armes. De nombreux chefs vendéens cessent les combats et enjoignent Charrette à le faire, mais ce dernier refuse. Il n’arrive plus qu’à rallier une centaine de combattants seulement. Le 23 mars 1796, il est surpris avec ses hommes dans les bois de la Chabotterie par le général Travot, puis est conduit à Nantes où il sera fusillé le 29 mars. Le 13 juillet, le général Hoche annonce que « les troubles de l’Ouest sont terminés ». Cela sonne le glas de la révolte vendéenne.

Un bilan sévère qui pose les bases d’un questionnement clivant entre historiens

Cette guerre civile causa 200 000 morts, dont 170 000 morts Vendéens entraînant

François Flameng, Le massacre de Machecoul, 1884, conservé au Musée d’art et d’histoire de Cholet.

la disparition de 20 à 25% de la population insurgée. Ainsi, c’est toute une partie de la Vendée qui se retrouve décimée. La politique de la terre brûlée a également conduit à une fragilisation de l’agriculture et de l’économie. Ces événements tragiques ont néanmoins forgé l’identité vendéenne. La notion de génocide, apparue après la Seconde Guerre mondiale, est formulée ainsi : « crime contre l’humanité tendant à la destruction totale ou partielle d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux ». La plupart des historiens récusent la notion de génocide affirmant qu’il n’y a pas eu de population ciblée. Lorsque Barère affirme que les troupes doivent exterminer les « brigands de la Vendée », le mot « brigand » regroupe divers insurgés de l’Ouest, non spécialement les Vendéens. Reynald Secher, historien, véhicule l’idée de génocide comme Emmanuel Le Roy Ladurie, Jean Tulard, Pierre Chaunu et d’autres. Mais, au-delà des clivages, tous reconnaissent néanmoins la brutalité et les crimes de guerre commis par de nombreux généraux républicains.

En définitive, ces guerres vendéennes trouvent leurs origines dans les mécontentements populaires vendéens après la Constitution civile du clergé et la

levée de masse. Ralliant des chefs nobles et des paysans devenus soldats, elles ont su montrer la détermination d’un vaste mouvement de Français du Bas-Poitou, nommés désormais : « Vendéens ». Ils forgent ainsi au gré de leurs victoires et de leurs défaites une nouvelle identité. Les victoires furent glorieuses et nombreuses face à une armée nationale bien plus forte et organisée. Mais tout cela se retourna contre eux lorsque la Convention a réagi en conséquence. La répression fut sanglante et a profondément marqué l’armée catholique et royale. Les républicains l’ont ainsi emporté, malgré des tâches de sang qui jalonnent encore aujourd’hui la face sombre de l’histoire de la Révolution française et de la République. La question des guerres de Vendée est une question historique lourde de sens. Peut-on parler de génocide contre les Vendéens ou d’une guerre civile sanglante ? Ce questionnement est encore vivant aujourd’hui et reste un sujet d’étude complexe pour les historiens contemporains.

Finalement, ne serait-ce pas une victoire pour les Vendéens que d’avoir trouvé la clé, dans cette guerre civile sanglante, pour ouvrir les portes d’une mémoire, d’une identité commune ?

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Page 34 : L’incendie de Granville ©️ Wikimédia

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Page 35 : Le massacre de Machecoul © Wikimédia

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Page 38 : Mort de Louis XIV © Wikimédia Commons, Domaine public

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.SECHER Reynald, La guerre de Vendée, Paris, Reynald Secher Éditions, 1989.

NUMÉRO 5 LOUIS XIV

Le mot de la

Nous clôturons cette année 2024, qui a vu naître Histo’Mag, par ce numéro. Aborder le sujet le Louis XIV n’a pas toujours été simple.

Bien que sa figure paraisse commune à beaucoup d’entre-nous, il demeure une grande part d’inconnu qu’il nous a fallu expliquer. Ce numéro est le fruit de plusieurs mois de travail, notamment avec Lyra, notre nouvelle ma -

quettiste qui a concocté cette nouvelle maquette, qui rend votre lecture encore plus agréable.

Nous espérons que cette maquette, autant que ce numéro vous a plu et attendons impatiemment vos retours !

Nous vous donnons rendez-vous en avril 2025 afin de découvrir un nouveau numéro consacré au XIXe siècle, entre restaurations et révolutions !

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La version papier de ce magazine est imprimée par Helloprint B.V. dont le siège social est situé au 89 Schiedamse Vest, 99135 Rotterdam, Pays-Bas.

LES GUERRES DE VENDÉE

Découvrez une plongée palpitante au cœur de l’un des épisodes les plus dramatiques de l’Histoire de France : les Guerres de Vendée. Entre 1793 et 1796, cette révolte contre la République, marquée par des batailles sanglantes et des répressions brutales, soulève une question brûlante : peuton parler de génocide ou s’agit-il d’une guerre civile ponctuée de crimes de guerre ? À travers cet article, explorez les origines, les acteurs et les enjeux de ce conflit, ainsi que les débats qui animent encore aujourd’hui historiens et mémoires collectives.

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Histo'Mag #5 : Louis XIV, l'apogée d'un royaume moderne by Histoire & Mémoires - Issuu