Histo'Mag #3 La Révolution française et l’Empire, débuts d’un XIXe siècle révolutionnaire

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DE LA RÉVOLUTION À L’EMPIRE

Le Dossier

La naissance du monde contemporain au cœur de la Révolution française

La gouvernance impériale

À travers la fiscalité romaine

Juillet 2024

La Citation

« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits.
Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. »

Article premier de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (1789).

- Juillet 2024

Édito

Chères lectrices, chers lecteurs,

Histo’Mag, encore dans sa jeunesse, se construit progressivement. Ainsi, il nous a paru pertinent, pour le troisième numéro de notre magazine, de vous présenter le thème de la Révolution et de l’Empire, grand axe du programme scolaire français qui saura vous être familier en cette fin d’année. Cependant, qui dit sujet commun, ne dit ni sujet clos dans les sphères pédagogique ou culturelle, ni sujet sans importance. L’historiographie récente saura, nous l’espérons, questionner vos idées reçues sur la période déclenchée, pour ce qui nous intéresse, par cette crise de la fin du XVIII e siècle nommée « Révolution française ».

À travers son histoire politique et militaire tout d’abord, les conflits de la jeune République, puis de son successeur impérial, sauront dresser un panorama large mais, nous l’espérons, nuancé sur le quart de siècle qui annoncerait la fin de la période moderne, et définit les fondements du monde contemporain. Escale ensuite sur les contestations internes de la France, dont les points forts comme la Terreur sauront illustrer un pays déstabilisé de l’intérieur. Ensuite, une vision globale de l’histoire permettra de vous faire découvrir les influences internationales de l’époque révolutionnaire sur le continent européen et audelà dans le cadre du focus de notre dossier. Enfin, le dossier se clôt sur une vision quelque peu différente du futur dirigeant du Premier Empire et propose d’étudier les conséquences du pouvoir d’un certain Napoléon Bonaparte.

Nous vous proposons également de découvrir les débuts de la V e République incarnés par Charles de Gaulle, et une période riche de ses controverses et de ses idées nouvelles, notamment autour du devenir de l’Europe. Vous pourrez également découvrir une anecdote historique : la mort de Ben Boulaïd, révolutionnaire algérien et un des fondateurs du Front de Libération Nationale. Enfin, en écho à notre dernier numéro sur l’Empire romain, Kyllian, étudiant en deuxième année de Master MEEF à l’Université de Limoges, vous propose de découvrir la gouvernance de la Rome impériale à travers sa fiscalité.

Toute l’équipe rédactionnelle espère que vous saurez témoigner de nos progrès mais surtout de nos efforts pour vous proposer du contenu divertissant de qualité, et vous souhaite une excellente lecture !

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ISSN en ligne : 3002-5257

ISSN papier : 3038-0030

Dépôt légal : juillet 2024

©Histoire & Mémoires 2024

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Portrait

Jean-Clément Martin est un historien spécialisé dans la Révolution française et la Guerre de Vendée. Il obtient son doctorat à l’Université Paris-Sorbonne en 1987, sous la direction d’Emmanuel Le Roy Ladurie. Sa carrière académique le conduit à enseigner à l’Université de Nantes et à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne. De plus, il a dirigé l’Institut d’histoire de la Révolution française (IHRF) de 2000 à 2008, témoignant ainsi de son influence dans ce domaine.

Ses contributions à l’histoire de la Révolution française sont grandes, tout d’abord en affirmant que les actions de la Première République en Vendée entre 1793 et 1796 ne sont pas d’ordre génocidaires. Parmi ses derniers ouvrages, on compte La Grande Peur de juillet 1789, paru en 2024 chez Tallandier ou encore L’Exécution du roi, 21 janvier 1793 : la France entre République et Révolution, paru en 2021 chez Perrin.

Louis XVI
Maximilien Robespierre
Georges Jacques Danton
Jean-Clément Martin aux Rendez-vous de l’histoire 2018 à Blois.

Sommaire

Le Dossier : 1789-1815, la naissance du monde contemporain au cœur de la Révolution française

La

• À la conquête du monde et des esprits

Louis Antoine de Saint-Just
Olympe de Gouges Napoléon

1789 - 1815 DE LA RÉVOLUTION À L’EMPIRE

LeDossier présentation

La

Révolution française et l’Empire,

débuts d’un XIXe siècle révolutionnaire

1789 - 1815 :

la naissance du monde moderne

• L a Révolution française, l e basculement dans une nouvelle ère

La Révolution française marque l’apparition de nombreux bouleversements politiques, économiques et sociaux qui mettent fin à la monarchie absolue. Dans cet article, nous vous proposons de retracer, dans les grandes lignes, les grands événements qui constituent cette période si importante et si ancrée dans l’imaginaire français de nos jours.

• L a Terreur, la face sombre de la Révolution

La Terreur est considérée dans la mémoire collective comme un moment où le chaos s’installe dans la société de la toute jeune Ière République française. À travers cet article, nous vous proposons de plonger dans les détails d’une période majeure de la Révolution française, et ainsi comprendre les enjeux politiques, économiques et sociaux qui en découlent.

• Focus : À la conquête du monde

et des esprits : la propagation des idées de la Révolution française

Les bouleversements majeurs qui se déroulent durant la Révolution française ne passent en aucun cas inaperçus dans le reste du monde. Ainsi, le focus de ce dossier vous permet de comprendre quels sont les modèles politiques étrangers qui ont inspiré la création d’un nouveau régime en France, dans quelles conditions ces changements sont mis en place et les conséquences sur le plan international.

• Napoléon, traître ou continuateur de la Révolution ?

Napoléon Bonaparte est sans doute l’un des dirigeants français les plus marquants, tant sur la scène nationale qu’internationale. Cet article vous invite à approfondir vos connaissances sur un personnage tant reconnu que controversé en retraçant sa formation militaire et ses réflexions personnelles sur les idéaux révolutionnaires puis en mettant en lumière son ascension soutenue vers le pouvoir.

La Révolution française

La

Révolution française,

le basculement dans une nouvelle ère

Ouverture des États généraux, à Versailles, le 5 mai 1789, Estampe de Charles Monnet et Isidore-Stanislaus Helman, conservée à la Bibliothèque nationale de France.

« La Révolution française a ébranlé le monde ; semblable à un vaste tremblement de terre qui bouleverse tout, depuis la cime des plus hautes montagnes jusqu’au fond des plus profondes vallées, elle a fait sentir sa commotion jusque sur les plus lointains rivages »1 . Laponneraye, l’homme politique marseillais admirateur de Robespierre, écrit cette citation en 1831, quelques décennies après l’événement mondial qu’est la Révolution française. Au cours du temps, l’historiographie a connu de grandes évolutions témoignant d’une forte préoccupation prêtée à cet événement, dont notre République se prétend aujourd’hui héritière. Avant de représenter cet aspect irréfutable qu’aujourd’hui beaucoup reconnaissent dans notre roman national comme un événement majeur de la France dans son récit populaire et politique, elle est jusqu’à tardivement très critiquée par les classes dominantes contemporaines des faits. En effet, les élites intellectuelles et notamment les grandes écoles, qui sont les premiers lieux de penseurs contre-révolutionnaires, condamnent massivement cette Révolution. C’est le cas de Louis de Bonald, qui écrit en 1796, Théorie du pouvoir politique et religieux.

La Révolution française n’est pas 1789, mais ce qu’elle construit par la suite. En effet, elle ne s’arrête pas dès la fin des insurrections. De 1789 à 1815, la diffusion des idéaux de la Révolution est un objectif à atteindre pour de nombreux révolutionnaires. La Révolution française correspond à une prise de pouvoir des catégories moyennes de la société, elle mène aussi vers un régime répressif, elle entraîne de nombreuses guerres en Europe, mais elle est surtout l’événement fondateur de la République

française actuelle, avec des valeurs, des symboles lourds de sens, et pourtant son histoire n’est pas nécessairement positive sur tous les points, bien au contraire. Il ne s’agit plus d’appréhender les fractures qu’elle cause, les historiens sont aujourd’hui majoritairement en accord pour dire que cet événement est celui qui mène vers un bouleversement de l’histoire des civilisations et des pouvoirs politiques européens, l’Europe entre dans une nouvelle ère2.

Très critiquée, d’autres historiens montrent que l’ampleur de la Révolution française ne peut être caractéristique d’un changement d’ère mondiale : l’époque contemporaine commence-t-elle en 1789, ou en 1914 ? Les débats historiographiques demeurent, et la nécessité de mettre en évidence des réalités moins connues de la Révolution est primordiale afin de pouvoir montrer la réelle importance de La Grande Révolution française 3 dans l’histoire mondiale, dans l’histoire européenne, mais aussi française.

De 1789 à la chute du Premier Empire de Napoléon en 1814, la Révolution prend sens, ses valeurs et ses idées se développent pendant plusieurs années, et surtout se diffusent beaucoup plus largement, ayant des répercussions tout autant cruciales. La Restauration marque un point de chute de l’idéal révolutionnaire en France, Louis XVIII revient au pouvoir, la monarchie est rétablie. Bien qu’en octroyant la Charte constitutionnelle du 4 juin 1814, qui fait des concessions en conservant certains acquis de la Révolution, le rétablissement de la monarchie met fin aux idées nouvelles portées par la Révolution française de manière brutale.

Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789, peinture à l’huile sur toile de Jean-Jacques-François Le Barbier, vers 1789, 71 x 56 cm, conservée au Musée Carnavalet.

Genèse des grands principes

Les acquis de la Révolution française sont souvent sublimés, quand on parle de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, ou encore de l’abolition des privilèges de la nuit du 4 au 5 août 1789, on omet souvent le fond. Souvent oublié et peu rappelé, il constitue une face plus sombre des avancées sociales de l’époque. Le fameux soir du 4 août 1789 résonne dans l’histoire de la Révolution française comme une nuit aux symboles forts pour les catégories moyennes et populaires. C’est un espoir vers l’évolution proposée par le Tiers-État qui s’était réuni à l’origine afin de donner une Constitution à la France par le serment du Jeu de Paume. En réalité, le Tiers-État propose cette mesure significative, avec l’approbation de certains seigneurs dans un but bien précis, puisqu’en réalité le Tiers-État est ensuite forcé à agir pour calmer les insurgés. On passe d’un réel idéal révolutionnaire à un idéal réformiste, c’est en réformant que les insurgés obtiennent victoire. Quelques semaines auparavant, les paysans, dans le cadre des soulèvements populaires, s’en prennent aux seigneurs, aux nobles, notamment par des actes de vandalisme sur les biens seigneuriaux (sans oublier l’influence également de la Prise de la Bastille le 14 juillet). Afin de rétablir un certain ordre en France, quelques nobles accompagnés des députés du Tiers-État mettent en place l’abolition des privilèges. L’histoire de l’abolition n’est donc pas là comme avancée sociale voulue par le Tiers-État, mais surtout une avancée imposée aux députés du TiersÉtat. Ensuite, en dehors du fait que le décret aura pris quelques temps à être accepté par Louis XVI (lui aussi contraint par les classes moyennes), ce décret qui, au premier article, déclare que « L’Assemblée Nationale détruit entièrement le régime féodal […] », l’égalité des droits n’est pas acquise entre les différentes catégories de la population. Le décret du 5 août vient faire barrage aux changements radicaux par l’établissement de deux catégories de droits seigneuriaux : la féodalité dominante (ensemble des droits exclusifs comme la pêche, ou le péage) et la féodalité contractante (ensemble des propriétés des seigneurs qui sont en concession mais pouvant être rachetées). En d’autre termes, on conserve le droit

de péage, le droit de pêche et divers autres droits aux seigneurs, mais c’est en réalité les propriétés qui sont remises en cause par l’obligation de mise en vente. L’abolition des privilèges est une avancée sociale que l’on doit nuancer. Ce mécanisme entraîne dans l’historiographie une « évolution » de la considération de la Révolution française, le fait que les avancées apparaissent dans le but de calmer le peuple qui est de plus en plus radical dans ses actions, donne un aspect négatif à l’événement. Alphonse de Beauchamp4 apporte une vision hostile aux méthodes révolutionnaires, même s’il était déjà établi avant la publication que les méthodes révolutionnaires étaient déjà très négatives.

Dans la mémoire collective, ou plutôt l’imaginaire collectif, on accorde les avancées sociales universelles à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789, et pourtant, à l’échelle de la France, et en particulier pour certains Français, ce texte fondateur abandonne une grande partie de la société. Tout d’abord, il est évident de le rappeler, la société est très patriarcale et ce texte ne vient

Femme du Tiers-état portant la charge du Clergé et de la Noblesse, estampe anonyme de 1789.

pas en faire exception. La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen est à l’origine adressée aux hommes. Au cours de l’Histoire, celle-ci évoluera pour y intégrer les femmes, mais pas seulement. Il n’est pas sans savoir que la France a un fort passé colonial et esclavagiste. De nombreux penseurs et philosophes dont Mirabeau s’interrogent à ce moment sur la liberté, un idéal révolutionnaire marquant véritablement les valeurs primordiales réclamées par le peuple français.

Les grands exclus des progrès révolutionnaires

Les libertés promises devraient-elles s’arrêter aux Français ? Jusqu’à sa rédaction, on écrit la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen pour une application nationale, une codification de la citoyenneté et de la liberté pour les Français. En revanche, un petit nombre de penseurs comme Mirabeau expliquaient leur volonté d’élargir cette déclaration aux personnes noires, le but étant de permettre la liberté des hommes noirs exploités dans les colonies françaises. Afin de faire valoir cette idée et fonder une force politique, se forment plusieurs groupes tels que la société Les Amis des Noirs. En France, c’est la concrétisation des mouvements anti-esclavagistes. Cependant, les colons sont fondamentalement opposés à cette idée, puisque les personnes noires permettent le développement à bas coût de leur territoire. Depuis 1788, à la suite de la demande du Comité de colons de Saint-Domingue, on accorde six députés à Saint-Domingue, faisant d’elle la première colonie bénéficiant de droits politiques. Suite au lobbying exercé par les colons depuis cet événement, la publication par décret de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen le 26 août 1789 prévoit qu’elle ne s’exerce qu’en territoire métropolitain : « Les colonies et possessions françaises dans l’Asie, l’Afrique et l’Amérique, quoiqu’elles fassent partie de l’Empire français, ne sont pas comprises dans la présente constitution »5. C’est un échec pour la liberté, pour une égalité universelle marquant ainsi encore une fois les fragilités, les limites des acquis de la Révolution.

Les femmes n’en sortent pas non plus grandement changées. La condition féminine avant 1789

est avant tout conditionnée par un rapport de soumission, elles ont pour principale utilité dans la société l’accroissement démographique ainsi qu’en charge, pour la plupart des familles modestes, de l’éducation domestique. Socialement et juridiquement, la femme est inférieure à l’homme puisqu’elle n’atteindra jamais la majorité légale. La femme est sous la responsabilité de son mari qui la représente pénalement. La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août vient apporter une avancée à l’émancipation de la femme de son rôle de ménagère : tout comme les hommes, elles sont protégées par cette déclaration. De plus, l’effort de législateurs suivant les premières années révolutionnaires mènent, en 1790 à la réaffirmation de la femme, elles ne peuvent plus être enfermées sur seule décision du mari ou du père, ce qui marque la suppression des lettres de cachet.

Dans la globalité, les femmes ne voient pas réellement leurs conditions s’améliorer, elles ont toujours ce statut de ménagère qui les force à être dépendantes de leur mari ou de leur père, mais également sur le domaine judiciaire où Napoléon confirme, avec le Code Civil de 1804, la minorité éternelle de la femme. Dans l’espace public, la femme n’apparaît que peu. Des grandes figures émergent cependant à la suite de leur innovation et leur prise de position, c’est le cas d’Olympe de Gouges qui est guillotinée en 1793, mais également Marie-Thérèse de Geoffrin qui permet le regroupement d’hommes dans son café favorisant la diffusion des idées. En revanche, les seules femmes qui réussissent à s’imposer sur la place publique sont essentiellement issues des classes favorisées, et notamment de la haute bourgeoisie.

Dans la plupart des cas, et surtout dans les espaces ruraux, les femmes restent au foyer, sont éduquées sur les questions religieuses et morales afin d’éduquer et transmettre au mieux à leurs enfants les bases de la société française du XVIIIe siècle.

La Révolution après la Révolution

En adéquation avec les nouvelles idées révolutionnaires, Napoléon Bonaparte, en instaurant l’Empire le 18 mai 1804, se lance dans une campagne ardente de diffusion idéologique en

Exécution de Louis XVI, gravure dont l’auteur est inconnu, 1793, 52,7 x 69,5

France et en Europe, à l’image du Code Civil, adopté dans les territoires conquis. Mais alors, jusqu’ici, quel est le parcours de la Révolution française dans la vie politique française ? Tout d’abord, les élites de la Nation ont été renversées, la Terreur s’installe dans le pays et une forte persécution envers les anciennes élites s’opère, de nombreux nobles, des opposants politiques, tous passent par ce que l’on appelle « le rasoir national »6. La décapitation de Louis XVI en janvier 1793 marque la fin de la souveraineté du roi en France, le roi sacré est tué pendant la Terreur, c’est la fin brutale de la monarchie. L’installation de deux nouveaux régimes politiques exclusifs en France a lieu, avec la mise en place du Directoire, puis du Consulat qui permet l’installation du régime autoritaire de Napoléon. Jusqu’à la fin du Premier Empire, il mène de longues conquêtes territoriales avec l’idée d’étendre les idéaux révolutionnaires au reste du continent européen, c’est l’hégémonie impériale au nom des révolutionnaires.

Retenons que la Révolution française bouleverse l’Europe et la France. En dehors de cela, excepté en Amérique du Nord et dans les colonies, la Grande Révolution n’a pas de répercussions à l’échelle mondiale. Cet héritage révolutionnaire est également critiquable car on glorifie des événements et un régime qui, dans son contexte, a souvent une face cachée, une face plus sombre qui montre une certaine conservation des idéologies du XVIIIe siècle. Cette ambiguïté se prolonge sous l’Empire, durant lequel Napoléon tente de concilier les idéaux révolutionnaires avec la nécessité de restaurer un État stable et puissant, rompant avec la Révolution, tout en ajoutant des aspects d’autoritarisme.

cm, conservée au Musée Carnavalet.

La

Terreur, la face sombre de la Révolution

Appel des dernières victimes de la Terreur dans la Prison Saint-Lazare. 7, 9 thermidor 1794, Charles Louis Müller, peinture à l’huile sur toile, 103 x 163 cm, 1850, conservée au Musée des Beaux-Arts de Carcassonne.

Tantôt considérée sous des aspects positifs, tantôt pointée du doigt pour ses exactions contre les citoyens de la nation naissante, la Terreur est le terme désigné pour parler de la période qui s’étale de 1793 à 1794 pendant laquelle la France connaît l’existence d’un gouvernement révolutionnaire. Le pays est alors déchiré dans une guerre civile opposant les forces qui s’attachent aux idées révolutionnaires (instauration d’une République ou encore égalité de tous devant la loi) aux contre-révolutionnaires qui rejettent le nouveau régime. Pire, l’ennemi est également extérieur à la France : les monarchies européennes ont opté pour la confrontation directe face à un pays qui ne cesse de propager des idées susceptibles de pousser les populations locales à renverser leurs souverains à leur tour.

La Terreur est une période durant laquelle des événements majeurs se sont succédés pendant la Révolution française. Si sa durée est éphémère, il n’en reste pas moins que son avènement, sa tentative de pérennisation et sa chute ont laissé une marque indélébile dans la mémoire collective de la population française tant les mois qui s’écoulent sont riches en bouleversements politiques, économiques et sociaux.

Les prémices et la mise en place de la Terreur

L’origine des événements qui se déroulent entre 1793 et 1794 trouve ses sources dans une série de causes antérieures. La Terreur est en effet loin d’être un phénomène soudain. Des acteurs locaux commencent à créer un climat de peur en réponse aux nombreuses crises qui secouent la jeune Convention nationale : la période est alors propice

L’apparition d’un calendrier propre à la Révolution française

Les révolutionnaires adoptent un nouveau calendrier dit le « calendrier républicain ». L’objectif est alors de se débarrasser intégralement de tous les vestiges de l’Ancien Régime, y compris sous un aspect symbolique. Le début de la nouvelle notation temporelle est fixée au 22 septembre 1792, date de proclamation de la Ière République française : cette date devient alors le 1er vendémiaire an I. Par souci de compréhension dans cet article, la plupart des dates importantes sont écrites selon ce calendrier et le calendrier grégorien qui est utilisé actuellement.

à la radicalisation des opinions, des représentants de la nation et du régime en place. Suite à la condamnation à mort en janvier 1793 de celui qui a été le chef du Royaume de France pendant 18 ans, un tribunal révolutionnaire est mis en place en mars de la même année. Sa mission est alors de répondre aux revendications des Sans-culottes, des révolutionnaires vivant en milieu urbain qui demandaient notamment la création d’une instance capable de punir toutes les personnes voulant réprimer la Révolution.

C’est alors au nom d’un nouveau régime menacé que la répression contre l’opposition politique se met en place de manière graduelle. Face à la pression continue sur le groupe des Girondins, ces derniers vont être arrêtés puis chassés de l’Assemblée

Une France aux mains des représentants élus par le peuple

Le terme de « Convention nationale » est utilisé pour désigner l’Assemblée constituante mise en place depuis le 21 septembre 1792 qui a pour objectif de décider du sort du Roi Louis XVI, mais qui doit également rédiger une nouvelle constitution. Les députés élus se répartissent en trois groupes : les Girondins qui sont en faveur d’une France décentralisée et libérale sur le plan économique, les Montagnards qui veulent l’instauration d’une république centralisée et interventionniste dans l’économie, puis enfin le Marais qui est le groupe majoritaire de l’Assemblée. Ces derniers affichent une posture modérée et peuvent pencher en faveur d’un groupe ou d’un autre selon les propositions énoncées.

Le pouvoir exécutif est assuré par une série de comités qui ont chacun des compétences spécifiques. Mais le plus important reste le Comité de salut public constitué de neuf puis douze députés : il est compétent en matière de pouvoirs régaliens (sécurité intérieure, armée, représentation diplomatique) mais aussi dans le domaine de l’économie et des finances publiques.

constituante lors d’une journée insurrectionnelle à Paris le 14 prairial an I (2 juin 1793). Sans réelle opposition en place, les Montagnards ont les mains libres et prennent le pouvoir. Le 17 septembre 1793, la loi des suspects est votée : avec cette nouvelle législation soutenue par le pouvoir politique en place, les ennemis de la Révolution sont traqués dans leur globalité, doivent être arrêtés et jugés par le tribunal révolutionnaire.

Une exécution capitale sur la Place de la Révolution, Pierre-Antoine Demachy, peinture à l’huile sur papier marouflé sur toile, 37 x 53,5

L’intensification et la radicalisation du régime

Avec l’élimination de l’opposition politique à l’Assemblée constituante et la désignation des ennemis de la Révolution française, les Montagnards ont désormais la possibilité de diriger le pays comme ils l’entendent. Les premières mesures sont d’ordre économique et prônent une forte intervention du pouvoir politique dans le marché. Ainsi, la loi du maximum est adoptée le 8 vendémiaire an II (29 septembre 1793) et oblige les commerçants à ne pas vendre les denrées de premières nécessités au-dessus d’un certain prix.

La France se met aussi à contrôler strictement le commerce extérieur pour éviter les exportations de ces denrées, dans l’objectif de protéger l’économie

cm, vers 1793, conservée au Musée Carnavalet de Paris.

nationale. Des manufactures d’État sont créées pour produire en masse des biens destinés à la guerre.

Or, ces mesures économiques n’apportent pas de satisfaction chez les Sans-culottes qui militent à tout prix pour la répression violente des ennemis du pouvoir en place. C’est ainsi que le 10 octobre 1793 sur proposition du député Montagnard Louis Antoine de Saint-Just (1767-1794), il est décidé que « Le gouvernement sera révolutionnaire jusqu’à la paix »7. Par ce décret, le Comité de salut public est en capacité de suspendre la constitution de l’an I (1793) adoptée le 6 messidor (24 juin) qui comportait notamment l’ouverture du droit de vote au suffrage universel masculin. Le pouvoir exécutif décide également de suspendre les libertés individuelles dont les citoyens disposent.

La radicalisation du régime autoritaire prend de l’ampleur, si bien que les membres du Comité de salut public détiennent un pouvoir absolu concernant l’arrestation et l’exécution des opposants politiques. Des figures dominantes se font une place au sein de l’instance exécutive comme Maximilien de Robespierre (1758-1794). Le 26 février 1794, un décret permettant la confiscation des biens des opposants politiques

est adopté par la Convention nationale. Pourtant, même si le gouvernement fonctionne sur fond de relent autoritaire, la répression n’atteint pas son point culminant.

La chute de la direction autoritaire

Petit à petit, Robespierre ne cherche plus seulement à détruire l’opposition à la Révolution française : il étend sa volonté d’anéantissement aux factions internes des Montagnards. Les courants majeurs d’opposition à l’homme politique sont les Hébertistes et les Dantonistes : les premiers sont menés par Jacques-René Hébert (1757-1794) et réclament une radicalisation encore plus poussée de la Révolution. Considérés comme dangereux par le Comité de salut public, les meneurs (dont Hébert) sont arrêtés puis exécutés en mars et avril 1794. Les Dantonistes sont menés par Georges Danton (1759-1794) et prônent un apaisement de la Terreur. Toujours sur ordre de Robespierre, ces derniers sont exécutés en avril 1794. Dans tous les cas, Robespierre craint que ces deux groupes finissent par déconsidérer la Révolution française. Par l’élimination groupée de ses opposants, Robespierre cherche ainsi à stabiliser son pouvoir au sein du gouvernement révolutionnaire. L’apogée de ce dernier et de la Terreur intervient le 10 juin

La nuit du 9 au 10 Thermidor an II. Arrestation de Maximilien Robespierre, estampe de Jean Joseph François Tassaert, vers 1794, conservée au Musée Carnavalet de Paris.

1794 : la loi du 22 prairial an II ôte aux députés opposés à la dérive du régime autoritaire, le droit de pouvoir faire appel ou de se défendre grâce à un avocat devant le tribunal révolutionnaire.

Face à cette violence contre un pan entier de la représentation nationale un renversement du pouvoir exécutif se prépare, notamment par des personnalités de la Révolution comme Joseph Fouché (1759-1820) qui souhaitait faire de Robespierre le bouc-émissaire de la Terreur, ou encore Paul de Barras (1755-1829). Ce dernier organise, le 9 thermidor an II (27 juillet 1794), l’arrestation de Robespierre à l’Hôtel de ville de Paris. D’autres individus du Comité de salut public sont également arrêtés, dont Saint-Just. Le lendemain de son arrestation, Maximilien de Robespierre et ses alliés sont guillotinés. Les thermidoriens, des députés de la Convention nationale s’étant opposés à Robespierre durant ses derniers jours sonnent la fin de la Terreur, et proposent de mettre en place un nouveau régime politique appelé le Directoire qui se veut être plus modéré que la proposition de 1793. Par exemple, il est décidé que l’élection des députés se déroule au suffrage censitaire masculin, c’est-à-dire la nécessité de gagner un revenu minimal fixé par la loi pour pouvoir voter. Cette constitution entre en vigueur en 1795.

L’héritage de la mémoire laissé par la Terreur

Une période aussi complexe que celle de la Terreur est sujette à de nombreux débats. Robespierre, un des architectes les plus influents de cette période, a-t-il, malgré ses volontés d’anéantissement des oppositions, été une personnalité éminente de la Révolution française ? Si certains valorisent sa volonté d’instaurer l’égalité entre tous les citoyens ou encore son combat pour l’abolition de l’esclavagisme, bien d’autres débattent sur l’exagération de sa responsabilité dans la mort de milliers d’individus. Mais dans le gros de la mémoire collective, c’est simplement le sentiment d’horreur qui ressort chez les personnes lorsque cette période est évoquée : l’arrestation et l’exécution des opposants politiques, même parmi

La bataille du Mans , Jean Sorieul, peinture à l’huile sur toile, 1852, conservée au Musée de Tessé.

sa propre famille politique, suffisent à craindre l’un des personnages français les plus controversés de la période révolutionnaire. Quoi qu’il en soit, le bilan humain de la Terreur est important : les estimations tournent autour de 40 000 personnes victimes des séries d’actions répressives réalisées durant cette période8.

Conclusion

La période de la Terreur ne s’arrête pas qu’à Robespierre. Depuis l’exécution du Roi Louis XVI, les opinions politiques n’ont cessé de se radicaliser dans l’espoir de trouver une solution durable à l’instabilité politique naissante depuis 1789. Le gouvernement girondin, le premier à prendre ses fonctions après la création de la Convention nationale, peine à répondre aux demandes des Sans-culottes qui n’ont qu’une seule boussole : l’instauration et la stabilisation de la République par la répression des contre-révolutionnaires. Face à la pression croissante, le pouvoir en place est forcé de quitter l’Assemblée constituante au profit des Montagnards qui vont peu à peu appliquer une politique autoritaire, du tribunal révolutionnaire à la traque des alliés politiques, en passant par la mise en place de mesures visant à contrôler l’économie française. Cette répression constante, notamment menée par Maximilien de Robespierre, pousse ce dernier et ses amis à être écartés du gouvernement pour être ensuite exécutés, entraînant avec lui dans sa tombe une période éphémère mais intense de la Révolution française.

À la conquête du monde et des esprits : la propagation des idées de la Révolution française

Déclaration d’indépendance, peinture à l’huile sur toile de John Trumbull, 1819, 366 x 549 cm, conservée au Capitole.

La Révolution française est une période riche et complexe qui dure 10 ans. La France est bouleversée par une crise sociale, économique et politique sans précédent. Elle débute le 5 mai 1789 par la convocation des États Généraux par Louis XVI et se termine le 18 Brumaire (9 novembre 1799) avec le coup d’État de Napoléon Bonaparte. Cette décennie provoque la mise en place d’une République et modifie la société française.

Le contexte de la France au moment de la Révolution française est très complexe. La dette publique du pays est importante à cause des multiples guerres et taxes que payent le Tiers-État. De plus, la société d’ordre est de plus en plus contestée. Malgré la décision du roi de doubler le nombre des députés du Tiers-État fin 1788, ils restent minoritaires face aux deux autres ordres, notamment car le vote n’a pas lieu par tête mais par ordre. Le serment du Jeu de Paume du 10 juin 1789 engage la nouvelle Assemblée nationale à rédiger la Constitution ensemble. La Prise de la Bastille, le 14 juillet, et la rédaction de la Déclaration de Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789 menacent l’équilibre des trois ordres et inquiètent les seigneurs. Ces derniers voient leurs droits abolis. Le roi s’oppose

à cette suppression des droits seigneuriaux et perd la confiance du peuple après sa fuite à Varennes. La monarchie constitutionnelle est donc un échec. Le roi est donc menacé par une pression interne et externe avec la guerre contre la Prusse et l’Autriche qui commence le 20 avril 1792.

Une révolution inspirée des révoltes américano-britanniques

Les idées révolutionnaires sont tout d’abord issues de la Glorious Revolution britannique. Cette révolution a lieu de 1688 à 1689 et est décrite comme la première révolution « pacifique » des temps modernes. Cette révolte renverse le roi Jacques II d’Angleterre, renforce la monarchie mixte et conforte le rôle du

Parlement face à la royauté. Cependant, le sens « pacifique » du terme change sous la Révolution française, qui l’approprie à de la violence à partir de 1793. Dès ses origines, la Révolution française fascine les Anglais avec l’abolition de la féodalité et la promulgation d’une nouvelle constitution monarchique. Mais ils craignent que les Français se radicalisent et reproduisent une Glorious Revolution, d’après des auteurs anglais. Les Anglais cherchent donc des homologues français qui correspondent à leur propre révolution. Le roi Louis XVI est comparé au roi Jacques II mais le personnage de Cromwell, son meurtrier, est difficile à trouver.

L’abolition des privilèges à l’Assemblée nationale lors de la nuit du 4 au 5 août 1789.

La Révolution française peut puiser ses sources dans un autre pays, les États-Unis d’Amérique. On constate une forte ressemblance entre la Déclaration d’indépendance et la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, notamment avec cet extrait « tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur »9, ainsi que le système de séparation des pouvoirs théorisé par Montesquieu et repris lors de la Révolution française. Le philosophe Montesquieu définit le principe de droit public selon lesquels les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires sont indépendants. Avant de propager leurs propres idées révolutionnaires, les Français se sont inspirés d’autres révolutions pour la « modifier ».

L’Europe, frein à la propagation des idées révolutionnaires

L’aristocratie européenne accueille d’abord positivement la Révolution française, face à un

absolutisme centralisateur. Cependant, les décrets du 4 août 1789 affichent les ambitions égalitaires de la révolte qui touche la France et les premiers nobles français émigrent à l’étranger10.

C’est surtout dans la paysannerie des régions voisines à la France que la Révolution française fait des émules : Savoie, Suisse, Belgique, Rhénanie. Éclatent en 1789 des révolutions dans les Pays-Bas autrichiens, soit l’actuel Luxembourg ainsi que la région flamande de la Belgique, et à Liège : elles seront matées mais laisseront une crainte d’une contagion européenne.

Aussi, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes affecte les rapports entre la France et les États pontificaux. Avignon se soulève contre le Pape en juin 1790 et réclame sa réunion avec la France.

Toutefois, la radicalisation révolutionnaire est critiquée dans les pays occidentaux : aux ÉtatsUnis par exemple, les justifications de Thomas Jefferson, qui n’est pas encore président, par rapport à la Convention française sont vivement décriées.

Les radicaux anglais, par exemple le député James Fox, sont eux caricaturés comme des jacobins français. Dans une logique d’un complot révolutionnaire en Angleterre « mûri(e) de longue date et orchestré(e) depuis la France en relation avec des traîtres en Grande-Bretagne », des lois d’exception font leur apparition dans le pays, comme la loi contre les sociétés illégales de 1799. Les jacobins de Prague ou de Vienne sont eux isolés, sans base populaire, initialement des nobles, administrateurs ou intellectuels. Ceux de Hongrie recrutent plutôt dans la petite noblesse ou encore les « serviteurs intellectuels » de l’aristocratie, comme des précepteurs ou des secrétaires par exemple. Tous ces jacobins des États des Habsbourg se sont éveillés aux enjeux des Lumières par la franc-maçonnerie, institution qui a pour objet la recherche de la vérité, l’étude de la morale et la pratique de la solidarité.

D’un point de vue diplomatique et militaire, la préoccupation des grands pays européens à la 17

fin des années 1780 se porte sur la Pologne et la Turquie. L’Autriche et la Russie mènent une guerre contre le sultan à partir de 1788, et Catherine II de Russie sera la seule à bénéficier de la victoire contre « l’ennemi infidèle » par le traité de Jassy en janvier 1792. La Pologne est également dans le viseur des ambitions russes. Une menace française sur l’équilibre diplomatique européen n’existe pas réellement au début de la Révolution française.

Conséquences à l’international

L’insurrection de Saint-Domingue reflète la diffusion rapide des idées de la Révolution française ainsi que la division sociale entre les esclaves eux-mêmes. Certains personnages comme Vincent Ogé, un esclave libre de peau claire qui utilise cette période de troubles pour se présenter à l’Assemblée nationale, sont menacés de mort par les autres esclaves non-libres. Les idées révolutionnaires sont immédiatement contestées par les riches planteurs sucriers.

Une Assemblée coloniale est élue le 27 février 1790. Au cours de cette même année, l’Assemblée nationale proclame différents décrets favorisant l’égalité entre les esclaves mais les Assemblées coloniales s’opposent à sa diffusion et réclament leur autonomie. Le 14 avril 1790, le roi ordonne la réunion d’une « Assemblée générale de la partie française de Saint-Domingue » qui remplace « l’Assemblée coloniale ». Les colons usent de leurs armes pour faire reculer ces idées révolutionnaires de leurs plantations qui enclenche le soulèvement général des esclaves.

Dès 1791, les premiers décrets confirment l’esclavage et propose la liberté des droits politiques uniquement aux esclaves l’étant depuis trois générations. De nombreux soulèvements ont lieu après cette annonce. L’Assemblée constituante révoque et délègue le décret à l‘Assemblée coloniale qui ravive les tensions entre les deux groupes. Le 23 octobre 1791, le concordat de la Croix-desBouquets est signé entre insurgés et colons en appliquant le décret du 15 mai et l’infamie des deux juges d’Ogé et Chavanne.

La bataille de Vertières, opposant l’armée napoléonienne aux forces domingoises, en 1803.

En janvier 1792, Paris apprend la révolte de SaintDomingue qui résulte en une spéculation du sucre sur le commerce et des émeutes populaires contre la cherté du sucre. Cependant Louis XVI sanctionne le décret égalitaire du 15 mai qui devient la loi du 4 avril 1792. C’est à cet instant que les premiers colonisateurs et ennemis de la France, l’Espagne, colonisent la partie est de la colonie en mai 1792 avec l’aide d’esclaves rebelles. La guerre civile de 1793 est à l’avantage des révolutionnaires qui affichent des succès militaires, mais les colons s’allient aux Anglais, avec la promesse de livrer la colonie en échange du maintien de l’esclavage. Après l’abolition de l’esclavage, les révolutionnaires combattent l’aristocratie sucrière alliée des Anglais et des Espagnols qui plonge l’ancienne colonie sous domination anglaise et espagnole.

À la fin du XVIIIe siècle, la France est un modèle pour l’Europe. Cette position lui permet d’adopter une influence de la langue et des idées françaises développées par les philosophes des Lumières. Lorsque les idées révolutionnaires se propagent dans le reste de l’Europe, les partisans de la démocratie de leurs pays respectifs sont enthousiastes à l’idée de promouvoir ces valeurs à leur tour. Des soulèvements se font entendre aux Pays-Bas autrichiens, en Rhénanie, en Savoie et même en Hongrie. Des territoires demandent également à être rattachés à la France comme Avignon en 1790.

Cette révolution est tout d’abord perçue comme un modèle à suivre avec une soif de justice politique proéminente. Mais le principe de Révolution est appliqué lorsque chaque peuple dispose lui-même d’une armée. De ce fait, ce sont les armées françaises qui abolissent le système féodal de ses voisins en imposant leurs réformes. Assez rapidement, les mêmes patriotes sont déçus de l’attitude de la France qui mène en réalité une guerre de conquête pour atteindre ses « frontières naturelles ». Malgré cette domination idéologique française, la diffusion de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen assure l’égalité des citoyens.

En effet, de nombreuses constitutions inspirées du modèle français sont mises en place, les pouvoirs sont séparés permettant la naissance d’une vie politique plus stable.

Les dirigeants étatsuniens et l’opinion publique passent de l’admiration pour la révolution de 17891791 à la répulsion pour la révolution radicale à partir du 10 août qui met fin au pouvoir de Louis XVI qui les avait soutenus dans leur volonté d’indépendance, une répulsion accentuée sous le Directoire par les conflits maritimes. En 1789, une partie des dirigeants américains, Washington et Hamilton en tête, sont de plus en plus hostiles à la révolution populaire française. Une bonne partie de l’opinion publique et les partisans de Jefferson et Madison restent de fermes soutiens de la République française. Une partie importante de l’opinion américaine reste pourtant favorable à la République française dans son combat contre les puissances européennes.

La révolution haïtienne

La signature du Traité de Paris en 1783 , peinture à l’huile sur toile de Benjamin West, vers 1783, 72,3 x 92 cm, conservée au Winterthur Museum, Garden and Library.

La Révolution française reste un événement majeur en Europe qui favorise la transition de l’Ancien Régime vers une République dans certains pays européens. On dénombre des changements sociaux tels que l’abolition des privilèges, l’égalité des citoyens mais les conséquences sont sans précédent dans les colonies comme à Saint-Domingue à cause de la conscience antiesclavagiste. Politiquement, les seigneurs sont soumis aux paysans, les classes bourgeoises se révoltent et le peuple impose sa volonté au roi. Le prix du blé reste tout de même élevé, les grandes écoles sont instaurées et une culture commune est en place. Ces idées révolutionnaires sont contrées par l’Europe qui juge la France coupable de ces tensions. Il faut attendre l’Ordre de Vienne pour réellement observer un changement dans les pays les plus conservateurs.

La révolution haïtienne est la première révolte d’esclaves réussie dans le monde moderne. Elle est le premier producteur de sucre et de café mondial en 1789. Entre 1789-1790, la colonie compte entre 450 000 et 600 000 esclaves. Elle représente deux tiers du commerce colonial français mais l’activité illégale de contrebande de canne à sucre exercée par les États-Unis enrichit également la colonie. Elle est entourée de multiples ennemis comme les Britanniques. Dans la nuit du 22 au 23 août 1791, des milliers d’esclaves se soulèvent au nord de la colonie de Saint-Domingue. Ils s’emparent des campagnes, détruisent les sucreries et s’attaquent aux élites coloniales bien que certains restent cléments à leur ancien maître. L’affranchissement des esclaves est instauré en 1793 qui permet aux « libres » d’intégrer les armées républicaines françaises contre les Britanniques et les Espagnols. Napoléon Bonaparte tente de rétablir l’esclavage en 1802 et expédie ses troupes sur l’île. Ses troupes sont rapidement contrées par Toussaint Louverture, général de Saint-Domingue depuis 1797 le 18 novembre 1803. Le 1er janvier 1804, l’indépendance de l’île est proclamée. Cette insurrection chamboule l’ordre coloniale et fait de Haïti, le premier État Noir. Charles X impose à Haïti le remboursement d’une dette pour satisfaire les anciens planteurs en 1825.

Napoléon, traître ou continuateur de la Révolution ?

peinture à l’huile sur toile de Jacques-Louis David, 1806, 621 x 979 cm, conservée au Musée du Louvre.

Dans les différents portraits dressés de Bonaparte, le général est un personnage existant comme un indépendantiste corse, un consul puis empereur dont l’héritage subsiste encore au sein de la vie politique et mémorielle française. Mais une période de sa vie est souvent méconnue, pendant la Révolution française. Enfin, si les campagnes, notamment celles d’Italie puis d’Égypte, sont assez souvent couvertes dans les biographies, le Bonaparte idéologue, le Bonaparte étudiant, le sont assez peu. A-t-il véritablement adhéré à la Révolution et ses idées ? A-t-il pris part aux affrontements politiques et militaires en France ? Son coup d’État du 18 Brumaire an IX (9 novembre 1799) est-il une continuité ou une rupture avec la Révolution française ? Il s’agit ici d’une synthèse de la question centrée sur les ouvrages universitaires et non un travail en archives.

Il faut préciser que Napoléon s’est fait un nom grâce aux guerres révolutionnaires, le Siège de Toulon et les campagnes d’Italie vers 1796. Il a même côtoyé des révolutionnaires et des intellectuels à l’image du frère de Robespierre, Augustin. C’est donc un enfant de la Révolution et non un phénomène émergent lorsqu’il orchestre son coup d’État.

Napoléon avant la Révolution : les origines corses et sa formation au cœur de son pouvoir

La formation de Napoléon se donne d’abord dans un foyer matriarcal. Laetitia Bonaparte est la cheffe de famille, à défaut d’un père absent.

HISTO’MAG #3

Lors de sa formation militaire, initiée en 1779 au collège d’Autun, il s’instruit à l’art militaire, aux traités de mathématiques, mais également à la philosophie de son temps. Il fréquente plusieurs écoles militaires notamment à Auxonne, dans l’Est de la France. Cette formation, classique, permet au natif d’Ajaccio de se constituer un socle commun avec ses camarades métropolitains. Un socle de références aussi bien pour les champs de bataille que pour ses ambitions politiques.

Dans son parcours, Bonaparte représente aussi une certaine méritocratie, c’est-à-dire une forme de hiérarchie sociale fondée sur le mérite

Le Sacre de Napoléon,

personnel, qui est une idée des Lumières mettant en avant l’éducation pour s’élever dans l’espace métropolitain. L’origine génoise de Napoléon permet également de mettre en exergue une idée selon laquelle l’assimilation, notamment par un apprentissage ardu du français est un facteur d’élévation dans la strate sociale, sans pour autant mentionner les origines nobles qui donnent malgré tout un accès à l’éducation plus simple. Cette idée de monter dans la hiérarchie sociale, Napoléon Bonaparte la met en place avec l’armée comme levier d’élévation. Le rôle de la Grande Armée comme moyen d’instaurer une méritocratie et d’élever les couches sociales les plus modestes a été plusieurs fois montré, notamment par Éric Anceau dans son ouvrage Les élites, des Lumières au Grand Confinement aux éditions Passés Composés, ainsi que dans plusieurs conférences.

Les idées des Lumières, que Napoléon portait notamment sur le plan politique, ont fait écho avec la situation corse. La République de Gênes et la France se sont battues, notamment sur le plan diplomatique, sur la Corse, avant la naissance de Napoléon. Il y voit donc une sorte de joug de la part du royaume de Louis XV puis Louis XVI. La lutte pour une « libération insulaire », qui ne se fait finalement pas.

Un autre axe de Napoléon, l’écrivain. Des romans, des essais philosophiques, hésitants, où sa doctrine et ses idées sont en développement. Les libertés sont notamment au centre de ses remises

en question. Tantôt centrales, tantôt amovibles au profit d’un intérêt de l’État. Napoléon reprend l’idée de l’anticléricalisme de Voltaire, c’est-àdire l’opposition au clergé, ou encore la théorie du contrat social de Jean-Jacques Rousseau, qui consiste en un pacte entre les dirigeants et le peuple, visant à garantir l’égalité et les libertés entre les citoyens. Aujourd’hui, on peut se dire qu’un certain pragmatisme a pris le pas sur la théorie qu’il a développée.

Napoléon soldat puis général : a-t-il pris part aux affrontements politiques et militaires en France ?

Pour en revenir à la Révolution, Pascale Fautrier, dans son ouvrage Napoléon Bonaparte de 2011, explique la situation et le contexte politique. À ce moment-là, il ne se reconnaît dans aucun parti. Il va accueillir la Révolution avec enthousiasme même si son devoir de soldat l’entraîne à « disperser » une émeute à Auxonne, dans l’Yonne, le 22 juillet 1789. Il est davantage acquis à la Révolution lors de la création des départements en 1790. En effet, la Corse constitue officiellement un département français, faisant bénéficier à ses habitants des mêmes droits que tous les autres Français. Mais progressivement, Louis XVI faisant son double jeu, il se détache du roi. Pascale Fautrier l’affirme « puisqu’il faut désormais choisir entre le roi et la nation, il choisit sans hésiter la Nation, et pourquoi pas la République. Il n’a guère de raison de tenir à la transmission héréditaire du pouvoir monarchique, si éloignée des institutions politiques corses et italiennes »11

Concernant le 20 juin 1792, date de la prise des Tuileries, où la foule parisienne prend d’assaut le Palais des Tuileries, qui constituait la résidence royale, il écrit à ce sujet : « Quelle folie ! Comment ont-ils pu permettre à cette populace d’entrer. Pourquoi n’en balaient-ils pas quatre ou cinq cents à coups de canon ? Le reste s’en irait très vite »12 .

C’est donc à ce moment-là qu’il commence à être séduit par les idéaux révolutionnaires, ses idées et ses bienfaits espérés. Cependant, il estime que les mouvements populaires à l’image de la prise

Prise du palais des Tuileries le 10 août 1792, durant la Révolution française, peinture à l’huile sur toile de Jacques Bertaux, 1793, 124 x 192 cm, conservée au Château de Versailles.

des Tuileries ne peuvent pas s’inscrire dans les dynamiques révolutionnaires et en conserve un fort mépris.

Il est un versatile politicien entre Montagnards et Girondins. Il croit, comme les Girondins de Brissot, que la guerre contre l’ennemi extérieur, les monarchies européennes, permettra de faire unité de la nation, à défaut de roi. Cela mène à la chute des Girondins. Il assiste aussi à la chute des Montagnards par les thermidoriens, notamment les exécutions des Robespierre. Son point de vue sur l’événement, il le donne dans le Mémorial de Sainte-Hélène : « C’étaient des hommes plus sanguinaires et plus affreux que Robespierre qui le faisaient périr ». La victoire des Montagnards était selon lui l’expression d’une radicalisation politique. Robespierre était un soutien de Napoléon, pour une continuité de la République. Le siège de Toulon, l’insurrection du 13 vendémiaire an IV, les campagnes extérieures. C’est ce que beaucoup retiennent de l’avant-coup d’État, mais son lien avec la politique se manifeste dès cette période par le biais de Paul Barras. Lors de la campagne d’Italie de 1796, sa proximité avec le directeur du Directoire lui permet, par diverses lettres, d’avoir sur le fil un corps d’armée. Certains accuseront la complicité de Barras, qui donne un tel pouvoir à un homme avec une logique césariste. Par ses nombreuses victoires, Napoléon

Bataille du pont d’Arcole, lors de la première campagne d’Italie, en 1796. Tableau de Pierre-Auguste-Marie Miger.

Bonaparte crée un culte du chef que le principal intéressé repeint en souveraineté populaire. Il reprend le caractère du droit divin du roi, en corps sacré. Ces campagnes vont donner un souverain de type aristocratique « adoubé par le combat guerrier ». Il lui fallait, pour asseoir sa légitimité, des victoires sur le champ militaire pour faire son requiem, paradoxalement, sur le champ militaire.

La légende dorée de Napoléon a pu aussi omettre certains choix des plus douteux lors de cette période. Exemple en 1794, lorsqu’il propose un plan d’invasion de l’Italie à une convention montagnarde et jacobine. Alors que la réaction thermidorienne arrivant dès juillet provoque la chute de Maximilien de Robespierre et son arrestation, cela ne l’empêche pas d’avancer selon sa vision, mais la mort l’a frôlé. Les preuves sont insuffisantes et il est relâché.

Le 18 Brumaire et le Consulat : le coup d’État du 18 Brumaire an IX est-il une continuité ou une rupture de la Révolution française ?

Au-delà des idées, la politique s’est confondue avec l’art militaire. Comme nous l’avons vu, il se sert des idéaux révolutionnaires pour bâtir sa couleur politique et de la guerre comme un moyen d’exercer un pouvoir qu’il espère. Mais l’un des événements qui fondent la personne de Napoléon lors de la période révolutionnaire reste le coup d’État du 18 Brumaire an IX. Il arrive dans un contexte où le Directoire est un régime très instable. Il a une chambre basse et une chambre haute, et cela dans le but d’éviter les tyrannies. Cependant, les coups d’État s’enchaînent, près d’un par an. De plus, l’état de guerre permanent avec la Deuxième Coalition (1798-1802), la loi Jourdan de 1798 qui prévoit la conscription pour (normalement) tout homme célibataire de 20 à 25 ans, n’améliorent pas la stabilité du régime. Dans ce contexte, plusieurs personnes autour de Napoléon dont l’abbé Emmanuel-Joseph Sieyès (1748 - 1836) commencent à conspirer contre le régime en place. Il entre au Directoire en tant que Directeur, dans l’optique de le détruire de l’intérieur. Plusieurs autres comme Ducos ou Lucien Bonaparte aident l’abbé dans son idée. Au début,

#3

Sieyès ne prévoyait pas Napoléon comme homme fort du coup d’État, mais Barthélemy Joubert, général prometteur, qui est tué lors de la bataille de Novi du 15 août 1799. Plusieurs candidats se succèdent. Certains refusent, d’autres sont trop opposés politiquement, mais au final Napoléon Bonaparte est bien choisi par l’abbé de Fréjus. Le sujet, ici, n’est pas spécialement de traiter du déroulé précis du coup d’État mais de l’interroger. Est-ce cette erreur qui fait que Napoléon n’est pas un continuateur mais bel et bien le traître de la Révolution ? Il met un terme pour de nombreux spécialistes de la période révolutionnaire, à cette dernière. Il instaure un régime avec une verticalité du pouvoir très importante, en opposition à la Convention ou au Directoire.

À la suite du coup d’État, la constitution du 22 frimaire an VIII est adoptée le 13 décembre 1799. Il sonne comme un coup de grâce au Directoire. La démocratie constitue l’un des points forts des idées de la Révolution, défendue par la représentation nationale, plus conforme à la réalité sociale, que lors des États Généraux de 1789. Cependant, son pouvoir est personnel, il mise sur une illusion de démocratie, une déclaration des droits inexistante, des plébiscites qui paraissent démocratiques, mais dont la formulation des questions ainsi que le manque d’éducation rendent les résultats très influencés par les figures d’autorités locales (prêtres, entre autres). Il y a donc rupture de ce point de vue là.

L’Europe de la IVe coalition, entre 1806 et 1807, se terminant par une victoire française.

Coup d’État des 18-19 brumaire an VIII, peinture à l’huile sur toile de François Bouchot, 401 x 421 cm, conservée au Château de Versailles.

Maintenant, la Révolution est-elle vraiment terminée quand le Consulat est instauré à l’aube de l’an 1800 ? Thierry Lentz, historien dans la lignée de Jean Tulard, spécialiste contemporain de Napoléon Bonaparte, rappelle que, devant le Conseil d’État, après son coup d’État en 1799, il affirme : « Nous avons fini le roman de la Révolution ; il faut en commencer l’histoire, ne voir que ce qu’il a de réel et de possible dans l’application des principes, et non ce qu’il y a de spéculatif et d’hypothétique ». Sur cela, Napoléon prône l’idée de prolonger de manière stable et organisée la Révolution et ses idées. Des idées qu’il défend au final.

En réalité, la Révolution ne visait pas particulièrement à un changement de régime, mais de donner à la bourgeoisie montante du pouvoir. C’est donc de ce point de vue-là que, plus qu’une continuité, c’est un aboutissement. Lentz relate aussi que Tulard et Soboul, deux historiens aux opinions opposées, ont conclu que Napoléon Bonaparte fut un sauveur pour la bourgeoisie qui gagna la Révolution dans ses premières années alors qu’en réalité Lentz parle d’une fusion avec les notables d’Ancien Régime.

De plus, sur la Constitution du Consulat, il rappelle la phrase qui conclut par cette promesse : « Citoyens, la révolution est fixée aux principes qui l’ont commencée. Elle est finie ». Partant de ce postulat, on peut se dire qu’il s’agit d’une finalité, mais en réalité, dans notre contemporanéité, la Révolution continue et des héritages subsistent.

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26

Les années soixante

ou une présidence de troisième voie

C’était le 8 janvier 1959, jour de l’investiture du Général de Gaulle. Celui-ci avait souhaité une cérémonie prestigieuse à l’Élysée pour sacraliser la Ve République, également pour marquer l’importance du président de la République dans cette nouvelle constitution. Après une brève entrevue entre Charles de Gaulle et René Coty, la cérémonie est ouverte et Charles de Gaulle est officiellement institué premier président de la Ve République. La présidence de Charles de Gaulle, c’est d’abord le prestige de la présidence de la République.

Très vite, le Général de Gaulle met en place sa philosophie de l’État et de la France, posant les bases de l’idéologie politique qu’est le gaullisme aujourd’hui.

À ses côtés en tant que Premier ministre, Michel Debré, co-rédacteur de la constitution du 4 octobre 1958 et garde des sceaux du gouvernement De Gaulle, dernier de la IVe République. Les deux hommes croient en l’État-providence, garantissant les principaux services publics et garant d’une certaine justice sociale. Ils croient également en la souveraineté de cette nation, la France, qui doit selon eux rayonner à l’international et transmettre une vision humaniste et forte. Pour rayonner, il faut que cet État soit fort et indépendant. Face au monde bipolaire qui s’est créé autour de l’Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS) et des États-Unis, pour le Général de Gaulle, la seule solution pour la France serait la troisième voie : ni le capitalisme, ni le communisme. Pour lui, il faut la paix. Et c’est la vision qu’il portera d’abord seul, puis dans le couple franco-allemand (on parle ici de la République fédérale d’Allemagne, en particulier sous Konrad Adenauer), association fondatrice de l’Union européenne.

En France pourtant, à son arrivée au pouvoir, la situation est loin d’être pacifique. Elle tend même à une guerre civile, laquelle aurait pu se déclarer si le Général de Gaulle n’avait pas été rappelé au pouvoir. Dès 1948, des révoltes s’étaient faites entendre en Algérie, initiées par des indépendantistes algériens. La guerre

d’Algérie avait commencé en 1954 et, depuis quatre ans, la situation ne faisait qu’empirer, les attentats se multipliant en France métropolitaine, la haine ayant gagné la plupart des belligérants. L’armée n’était plus aux commandes de l’État, désapprouvant son souhait de mettre fin à la guerre par l’indépendance de l’Algérie. C’est d’ailleurs celle-ci qui avait souhaité avec force le retour du Général de Gaulle, alors retiré de tout à Colombey-les-Deux-Églises. Charles de Gaulle hérite alors d’une France profondément déstabilisée et en proie aux pires violences. La gérance gaullienne du conflit mena d’abord à l’escalade. Les « gaullistes » les plus radicaux rompent avec le Général de Gaulle, et l’Organisation de l’armée secrète (OAS) gagne en influence. L’OAS était une organisation fondée par des élites militaires attachées à l’Algérie française et souhaitant tenir une ligne différente de celle de l’État, jugée trop complaisante. Il faudra attendre le 5 juillet 1962 pour que les accords d’Évian soient signés, mettant officiellement fin à la guerre d’Algérie et, contre ce qui était attendu de la part du Général de Gaulle, à la reconnaissance de l’Algérie comme un État indépendant et souverain. Si on reconnaît cet acte libérateur pour l’Algérie mais aussi pour la France, la gérance du conflit est loin d’être glorieuse : les massacres furent nombreux, la plupart non punis juridiquement, les pieds-noirs délogés violemment et rapidement de chez eux en Algérie.

À l’issue de cette guerre d’Algérie, épuisé, Michel Debré remet sa démission au président de la République. Il l’avait déjà informé de son souhait de se retirer. À sa succession est nommé Georges Pompidou, homme politique relativement peu connu à l’époque, qui avait fait connaissance du Général de Gaulle au sein du Rassemblement du peuple français (RPF),

Rencontre entre Konrad Adenauer et Charles de Gaulle à Bonn en 1963.

mouvement politique créé par le Général de Gaulle sous la IVe République. Déjà proche du président, Georges Pompidou avait été nommé par celui-ci au Conseil constitutionnel dès 1959. On considère que l’arrivée de Georges Pompidou à Matignon marque un tournant « à droite » de la pensée gaulliste, le nouveau Premier ministre menant une politique plus libérale. Il fut d’ailleurs régulièrement en conflit avec ceux qui se revendiquent « gaullistes de gauche », à l’image de René Capitant, Louis Vallon ou Jean Charbonnel.

En France, les années soixante voient aussi l’affirmation de la Ve République telle que le Général de Gaulle l’imaginait. Le 6 novembre 1962, une modification constitutionnelle précédée d’un référendum confirme l’élection du président de la République au suffrage universel direct (c’est-à-dire directement par les citoyens français). Jusqu’alors, il était élu par un vaste collège électoral, rassemblant la plupart des élus du territoire. Dirigeant plutôt conservateur, Charles de Gaulle n’était cependant pas étranger au progressisme, il tint d’ailleurs un engagement relativement populaire. C’est ainsi que durant sa présidence, aux côtés des susmentionnés « gaullistes de gauche », en particulier René Capitant, Charles de Gaulle tente de mettre en place la participation, appelée également l’union « capital-travail ». L’objectif était de faire participer les employés aux prises de décision de l’entreprise, qui ne serait donc plus dirigée par un seul dirigeant ou un conseil d’administration, mais bien par l’ensemble du personnel de l’entreprise - le dirigeant y compris, naturellement. On ne parle pas ici d’un principe communiste : le dirigeant de l’entreprise en reste propriétaire, il se voit seulement obligé d’inclure dans ses décisions l’avis des employés, jusqu’alors ignorés.

D’ailleurs, la mise en place de cette participation était l’un des deux sujets de l’ultime référendum du Général de Gaulle, en plus de la réforme du Sénat.

Cette troisième voie si chère au gaullisme ne se limite pas à l’économie. Au niveau de la politique étrangère, comme précédemment évoqué, la France porta pour la première fois une voie indépendante et pour la paix : contre le communisme, critique du capitalisme, et condamnatrice des tensions - qu’elle vivait pourtant jusqu’en 1962. Un des principes fondamentaux du gaullisme était l’obstination à un rayonnement de la France, la faisant regarder à l’extérieur de ses frontières, au lieu de céder à des divisions internes qui, selon le Général de Gaulle, étaient contraires à

l’évolution de la France. Finalement, sans pour autant lui en accorder le monopole, la politique gaulliste telle qu’elle fut mise en œuvre par le chef de l’État et son Premier ministre repose également sur l’espoir porté par l’appel du 18 juin 1940, considérant que, non seulement la France n’était pas seule, mais qu’il fallait penser à « l’intérêt supérieur de la patrie » plutôt qu’à ses intérêts personnels. En cela, la politique de la France dans les années soixante s’oppose à l’individualisme progressif provoqué par la délégation des pouvoirs du peuple à des représentants politiques.

Le couple franco-allemand tant mis en avant par le président de la République Charles de Gaulle illustre également ce souhait de troisième voie. Ce couple, réconcilié grâce à la création de la Communauté économique européenne (CEE) en 1957, fut un acteur essentiel de la construction européenne dont l’objectif était d’apporter une alternative conséquente à la bipolarité du monde du XXe siècle. L’attachement du Général de Gaulle à ce couple européen fut largement démontré lors de l’invitation de Konrad Adenauer, chancelier allemand, à la résidence personnelle de Charles de Gaulle, alors président du Conseil de la IVe République, à La Boisserie, à Colombey-les-DeuxÉglises, le 14 septembre 1958. Pour le Général de Gaulle, cette rencontre fut décisive puisqu’il transmet ses amitiés en réponse à un message du chancelier allemand le lendemain de leur rencontre, en ajoutant que « L’impression que je conserve de notre rencontre me laisse bien augurer de l’avenir des relations entre nos deux pays, dont la coopération est essentielle

Portrait de Charles de Gaulle en 1942.
Les

années

soixante ou une présidence de troisième voie

pour eux-mêmes, pour l’Europe et pour la paix dans le monde »(13). La hache de guerre devait donc être enterrée, pourtant entamée et source de conflits mondiaux depuis 1870. Au sujet de la construction européenne, Charles de Gaulle a continuellement refusé l’adhésion du Royaume-Uni, convaincu que celle-ci n’apporterait rien de constructif à cette union européenne. Entretenant pourtant des relations cordiales avec elle, il lui a toujours reproché sa préférence des États-Unis d’Amérique face à l’Europe, situation que le Général avait vécue lorsqu’il était chef de la France Libre. On notera par exemple la réouverture exceptionnelle de l’Ordre national de la Libération pour décorer en 1958 Winston Churchill, signe de l’estime que Charles de Gaulle lui portait, malgré toutes les divergences qu’avaient pu observer les chefs d’État de l’époque.

Malgré un bilan national relativement positif, c’est assurément la gestion controversée de la guerre d’Algérie qui ternit sa réputation. La sanction populaire fut alors conséquente pour le président de la République qui comptait sur le peuple avant tout le reste. Lors de l’élection présidentielle de 1965, Charles de Gaulle fut mis en ballottage par François Mitterrand, candidat de l’union de la gauche - outre le Parti communiste français. On sait que cette sanction fut durement vécue par le Général de Gaulle, qui hésitait déjà à briguer un second mandat. Son épouse, Yvonne, aurait voulu qu’il prenne sa retraite, mais soutint le choix de son époux une fois celui-ci tranché.

Si la France retrouva une certaine prospérité à l’issue des accords d’Évian, cette situation ne dura bien que six ans, puisqu’à celle-ci se succéda « Mai 68 ». Cette révolte, d’abord étudiante puis généralisée au monde

Émeutes à Paris lors des manifestations de « mai 68 », photographie de André Cros, le 12 juin 1968.

ouvrier, représente le symbole du « relâchement » pour certains, mais aussi une source de libération pour les uns et d’indignation pour les autres. Malgré le fait que son interprétation fasse encore aujourd’hui polémique, il est indéniable qu’elle divisa profondément la société française. Initiée par un jeune étudiant, Daniel Cohn-Bendit, cette révolte, d’abord manifestation de faible ampleur, fut totalement ignorée par le pouvoir en place, considérant qu’elle se calmerait d’elle-même. C’est l’effet inverse qui se produisit : la non-réaction du gouvernement indigna considérablement le monde universitaire puis ouvrier. Cette petite insurrection locale, visant à protester contre l’emprisonnement de militants opposés à la guerre du Viêt-Nam, se transforma en une grève générale, voire sauvage par les nombreux affrontements entre les insurgés et les forces de l’ordre, parsemée de nombreuses grandes manifestations. Dès le 3 mai 1968, après plusieurs appels au soulèvement dans les universités françaises, la Sorbonne est occupée. Le 13 mai, la grève générale commence, paralysant l’activité économique du pays. Il faut attendre le 27 mai pour que des accords soient trouvés avec les syndicats, seules autorités encore reconnues par les manifestants, admettant de nouveaux acquis sociaux contre la cessation de la grève. Il s’agit des accords de Grenelle, entamés par Jacques Chirac sous l’initiative de Georges Pompidou, lequel les négocia avec les syndicats. Dans ces accords apparaissent le droit syndical dans l’entreprise, l’augmentation du SMIG (Salaire minimum interprofessionnel garanti, équivalent du SMIC actuel) à 35% ou encore le paiement des jours de grève à 50%.

À l’issue de cette insurrection qui causa de nombreux blessés et sept morts, le Général de Gaulle disparaît mystérieusement le 29 mai dans l’après-midi. Il était alors totalement désavoué par l’opinion publique. Laissant inquiet la famille gaulliste, Charles de Gaulle avait pris un hélicoptère avec sa femme vers Baden-Baden pour consulter le général Massu, fidèle compagnon lors de la Libération puis grand soutien pendant la guerre d’Algérie. Il revint en France vers midi le lendemain et accepta la dissolution de l’Assemblée nationale, sur proposition du Premier ministre Georges Pompidou. L’après-midi de ce 30 mai, une gigantesque manifestation est organisée par

deux proches du Général de Gaulle, André Malraux, son ministre des Affaires culturelles, et Michel Debré, son ancien Premier ministre. Elle aurait réuni entre 300 000 personnes selon les autorités et un million selon les organisateurs de la manifestation. Gorgeant les Champs-Élysées de drapeaux de la France libre, la manifestation avait pour objectif de réaffirmer au président de la République le soutien de la majorité des Français, en opposition aux « soixante-huitards ».

La dernière année de la présidence de Charles de Gaulle est plus timide. Georges Pompidou démissionne peu après les évènements du mois de mai 1968 suite à un scandale incluant sa femme Claude, d’ailleurs désavoué par la partie la plus à gauche de la majorité présidentielle, notamment représentée par René Capitant, dernier ministre de la Justice du Général de Gaulle, Jean Charbonnel ou encore Louis Vallon. Georges Pompidou était alors vu comme trop conservateur et libéral. C’est lui qui empêchait la mise en place de la participation, pourtant tant souhaitée par cette partie plus sociale ainsi que Charles de Gaulle. À la succession de Georges Pompidou, le président de la République nomma Maurice Couve de Murville, qui était alors ministre des Affaires étrangères de Charles de Gaulle depuis la IVe République.

On sait que Charles de Gaulle fut affaibli par les événements de mai 1968 et perdit le goût de la représentation nationale. Sa femme était déjà fatiguée de son rôle de première dame. Lorsqu’il décide de mettre en place un ultime référendum en avril 1967 contre l’avis général de son cabinet et de son gouvernement, on suppose que Charles de Gaulle est conscient qu’il risque de perdre le référendum. En plus de la mise en place de la participation et de la réforme du Sénat, le président de la République décide de mettre en jeu son mandat : en cas de perte du référendum, il démissionnerait de son poste de président de la République. C’est ainsi que se clos l’ère gaullienne, lorsque le référendum est perdu à 52,41% de NON. Charles de Gaulle, reclus à Colombey-les-Deux-Églises, annonce alors démissionner le lendemain à midi.

Incarnation d’une période de stabilité, de prospérité et de progrès, une large partie de la classe politique se réclama et se réclame encore de l’héritage du Général de Gaulle. On considère généralement que l’héritage

gaullien se trouve dans la succession des partis de droite républicaine, de l’Union pour la nouvelle République aux Républicains. Pourtant, Charles de Gaulle lui-même ne se définissait pas de droite, considérant que « Le fait que les partisans de droite et les partisans de gauche déclarent que j’appartiens à l’autre côté prouve […] que je ne suis pas d’un côté, je ne suis pas de l’autre, je suis pour la France » 14. Selon JeanLuc Barré, « non que le gaullisme doive être considéré comme un dogme ou une doctrine fixe fixant des règles immuables. Mais parce qu’il se fonde sur une philosophie du mouvement, de l’élan, de l’intuition, comme une libre appréciation des circonstances, on a fini par le réduire à un pragmatisme ouvert à toutes les transactions »15. Le gaullisme ne se limite pas à une appréciation de l’ordre et du conservatisme. De Gaulle lui-même s’opposa au conformisme durant l’entre-deux-guerres, où il était considéré comme un officier rebelle aux idées tranchées. Charles de Gaulle était opposé à la guerre de position prônée par les élites militaires comme le maréchal Pétain ou le général Weygand. Le gaullisme, ce serait d’abord croire en l’intérêt supérieur de la patrie, et non en un individualisme encouragé par le capitalisme qui diviserait. Le gaullisme, c’est croire en la grandeur de la France et de son histoire. Enfin le gaullisme, ce serait refuser les clivages diviseurs de droite et de gauche, encourager l’indépendance de la France dans une Europe des États et croire en une troisième voie économique critique du capitalisme et condamnant le communisme. Finalement, le gaullisme ne se limiterait certainement pas à un parti, mais s’étendrait bien à qui veut bien croire en une France souveraine, en cette philosophie du mouvement pour adapter la politique à la situation, en un amour inconditionnel de la France ou en une critique du capitalisme, sans pour autant céder au communisme. Des partis de droite républicaine se réclamant du Général, Henri Guaino déclare « Le péché originel, c’est l’UMP. On a regroupé les gaullistes, les centristes et les libéraux. On a perdu notre base populaire ».

Finalement, cette présidence de troisième voie fut source de stabilité et d’une certaine cohésion, où l’ordre, voire l’harmonie régnaient, mais qui fut considérablement ternie par une trop dure tenue du pouvoir qui se solda par une violente révolte étudiante puis ouvrière. La présidence de Charles de Gaulle s’inscrit tout de même au cœur de la période dite des « Trente Glorieuses ». 29

La mort de Ben Boulaïd

Les anecdotes de l’Histoire

Mostefa Ben Boulaïd, né le 5 février 1917, est un activiste nationaliste algérien. Décoré lors de la Seconde Guerre mondiale, il participe activement aux actions de plusieurs associations nationalistes. Il est d’ailleurs surtout connu pour avoir été l’un des fondateurs du Front de Libération Nationale, et donc à l’origine de la Guerre d’Algérie (1954-1962) pendant laquelle il dirige la zone des Aurès, au nord-est du pays. Cependant, aujourd’hui, nous n’allons pas nous intéresser à sa vie, mais plutôt à sa mort, pour le moins originale.

Durant le mois de mars 1956, un avion de ravitaillement français transportant des provisions largue sa cargaison, des sacs de riz, à un campement situé plus bas, dans la zone des Aurès. Les deux premiers colis sont largués sans difficultés ; le troisième, cependant, s’accroche au train d’atterrissage de l’appareil, et le parachute se détache de l’appareil en pleine zone hostile, audessus du maquis des Aurès. Officiellement, il ne s’agit que de rations qui ont été larguées, perdues, mais la réalité est bien plus sombre. Il s’agissait en réalité d’une radio de nouvelle génération qui procurerait un avantage tactique certain aux rebelles s’ils venaient à la trouver.

L’armée française dépêcha donc une patrouille pour récupérer la précieuse cargaison, et promit une forte récompense aux civils locaux s’ils parvenaient à la rapporter. Mais ce fut sans succès, la radio était tombée aux mains des rebelles. Du côté des rebelles, on ne peut que supposer ce qui s’est passé, mais il semblerait que la radio ait été examinée sous tous ses angles, et amenée à Ben Boulaïd. On suppose également qu’il était présent lors de sa mise en marche. Et lorsqu’elle fut connectée à l’électricité…

… L’intégralité de la pièce dans laquelle elle se trouvait fut pulvérisée par une explosion, ainsi que ses occupants, provoquant la mort du chef du maquis. Voilà pourquoi l’armée française a seulement feint de vouloir la récupérer : il s’agissait en réalité d’un piège des plus ingénieux.

La radio, si alimentée par des piles, fonctionnait normalement. En effet, mais si elle était branchée sur secteur, alors un détonateur, caché parmi les autres circuits imprimés, s’activait. Et ceux qui l’ont étudiée n’ont pas remarqué que la carcasse était faite d’une matière explosive, et que plusieurs câbles étaient remplis d’explosifs liquides. L’armée française savait que Ben Boulaïd voudrait être présent lors de son activation, et donc qu’il périrait lors de l’explosion.

Après la mort de Ben Boulaïd, le maquis des Aurès se trouva désorganisé, ce qui constitua une réelle victoire pour l’armée française.

Photo colorisée par Jalal Aït KARA représentant Mostefa Ben Boulaïd, 2015.
Tombe de Ben Boulaïd (à droite) et de son camarade Amrani (à gauche).

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Histoire, missions, projets

Gouverner l’Empire romain par la fiscalité

Tacite, auteur et sénateur romain, mentionne dans ses Histoires qu’ « il ne peut y avoir de tranquillité des peuples sans armée, ni d’armée sans solde, ni de solde sans impôts»16. Si pour certains historiens, notamment Yann le Bohec, l’armée romaine est à l’origine même de la construction de l’Empire, la fiscalité dispose d’une place privilégiée dans la manière de gouverner de par le fait qu’elle est en grande partie utilisée pour les besoins militaires17. Bien qu’il soit particulièrement difficile de quantifier les dépenses, l’historien Richard Duncan-Jones, dans The Economy of the Roman Empire, estime les dépenses militaires entre 600 et 700 millions de sesterces au IIe siècle, et cela en temps de paix18. La fiscalité dans l’Empire et la manière dont elle est utilisée pour gouverner sont des faits peu connus au sein de la doxa19, alors même que l’historien Donatien Grau, dans son ouvrage La mémoire numismatique de l’Empire romain, mentionne que la meilleure manière de faire l’histoire de l’Empire est d’analyser sa monnaie20. La monnaie vient du pouvoir impérial et elle est l’expression directe de la volonté des empereurs, elle transmet un message, tandis que les politiques fiscales permettent également de comprendre comment les empereurs gouvernent l’Empire. L’article a donc pour objectif de s’intéresser à la fiscalité dans l’Empire : les impôts, les grandes politiques fiscales, les monnaies, afin d’analyser, par ce prisme, la question de la gouvernance du vaste territoire romain.

Pouvoir et fiscalité

Comment le pouvoir central peut s’exercer à travers la question fiscale ? Bien sûr, les impôts, nous y reviendrons, sont un moyen particulièrement efficace pour assujettir les peuples et assurer des revenus à l’Empire. Cependant, encore fautil s’intéresser avant toute chose au terme de « fiscalité » afin d’en comprendre le sens. Le terme

de « fiscalité » vient du terme latin « fiscus » soit le « trésor central ». Sous la République, on entreposait le trésor public ( Aerarium) dans le temple de Saturne. Sous l’Empire, les sources distinguent le trésor public du trésor impérial ( fiscus), il est notamment composé de la fortune personnelle de l’empereur, de revenus des provinces dites impériales, ou bien de butins de guerre. Peu à peu, la distinction entre les deux trésors disparaît, et les sources n’évoquent plus que le trésor de l’empereur.

Pour remplir ce trésor, géré par un procurator a rationibus, c’est l’impôt qui est privilégié. Il existe deux impôts différents, l’impôt direct (tributum) et l’impôt indirect (vectigalia). L’impôt direct touche uniquement les provinces qui disposent du droit romain ou italique, il peut être en nature ou bien en argent, il marque la sujétion du peuple. Au sein de cet impôt, il faut distinguer le tributum soli qui est un impôt sur la terre proportionnel à la surface agricole, du capitis, qui est un impôt pesant sur tous les hommes libres et cela dès 14 ans. L’impôt indirect lui est payé par les citoyens, qui sont soumis à de nombreuses taxes : 5% sur l’affranchissement des esclaves, 5% sur l’héritage, ou encore diverses taxes sur les ventes aux enchères et les ventes d’esclaves21. L’Empire est de fait un territoire fortement soumis à l’impôt, mais le pouvoir central n’a jamais cherché à obtenir des bénéfices, la particularité étant que Rome prélève toujours selon ses besoins. Comme nous l’avions mentionné susdit, la majorité des revenus étaient utilisés pour l’armée, les estimations de Richard Duncan-Jones témoignent du poids de l’armée dans l’Empire, une armée qui dépend majoritairement de la fiscalité, en particulier au IIIe siècle22 .

Au IIIe siècle, le poids de l’armée tend à s’accroître : l’instabilité politique de ce que l’on nomme occasionnellement la « crise du IIIe siècle23 » oblige les empereurs à accentuer les financements de

Gouverner l’Empire romain par la fiscalité

l’armée, notamment avec des confiscations ou des dévaluations monétaires. Garante de l’intégrité de l’Empire et jouant un rôle majeur tant dans la nomination de l’empereur que dans la pérennité de son pouvoir, l’armée nécessite des financements accrus de par les nombreuses incursions au IIIe siècle. Face à ces besoins croissants, l’édit de Caracalla de 212, accordant la citoyenneté à tous les hommes libres de l’Empire, semble être une manœuvre permettant de remplir les caisses de l’Empire.

L’empereur Aurélien (270-275) permet une nouvelle stabilité monétaire. Alors que les ateliers monétaires sont accaparés par les usurpateurs, notamment Zénobie à Antioche, il parvient à défaire l’usurpation tout en mettant en circulation une nouvelle monnaie d’argent, l’aurelianus, qui comporte le pourcentage d’argent et l’atelier de frappe. Les ateliers monétaires, eux, tendent à se multiplier, en particulier sur les frontières : en 274 sont recensés 9 ateliers monétaires, notamment proches du Danube et du Rhin. Ces ateliers monétaires se multiplient sous la Tétrarchie, le système politique romain à quatre têtes mis en place par Dioclétien, à Nicomédie en 294 ou bien encore à Carthage en 296.

Sous Dioclétien, nombreuses sont les réformes monétaires et les tentatives pour limiter l’inflation. À ce titre, l’édit du maximum de 301, visant à fixer un prix maximum pour chaque produit, s’inscrit particulièrement dans cette volonté. Cependant, l’édit est rapidement ignoré, et se développe au sein de l’Empire un marché noir, marché qui rend la mesure de Dioclétien particulièrement insignifiante. Face à la baisse de la valeur des monnaies, Dioclétien met en circulation de nouvelles monnaies : l’argenteus, en argent, qui retrouve un pourcentage d’argent similaire à l’époque de Néron. Il met également en circulation des monnaies de bronze, nummus et follis, la période de paix et les victoires en Arménie permettent une meilleure circulation des monnaies romaines24

Solidus d’or de l’empereur Valentinien II.

Constantin lui, met en circulation une nouvelle monnaie d’or, le solidus, la circulation de cette nouvelle monnaie est abondante et remplace l’aureus, une monnaie d’or. Elle devient rapidement la monnaie de référence pour payer l’impôt, payer les militaires ou encore verser des tribus, le fait qu’elle soit présente jusqu’à l’Empire byzantin démontre tant une forme de stabilisation que de circulation monétaire. La stabilité monétaire qui semble se construire sous Constantin permet à l’Empire de créer des multiples de solidus, des médaillons qui visent à récompenser des soldats ou fonctionnaires méritants. Enfin, toujours sous Constantin, deux procurateurs gèrent le trésor, désormais nommé aerarium principis. Un procurateur s’occupe des largesses sacrées (comes sacrarum largitionum), c’est-à-dire des soldes et des amendes, tandis que le second s’occupe de la chose dite privée (comes rei privatae), à savoir le patrimoine de l’empereur25

Nummus de l’empereur Galère.

La

Si l’aspect monétaire est d’une importance capitale tant pour la stabilité de l’Empire que pour la gouvernance, la question de l’établissement de l’impôt l’est tout autant. Pour mesurer les terres et établir cet impôt, les Romains utilisaient la technique dite de l’arpentage. L’arpentage est une technique de mesure de la surface des terres, réalisée par des arpenteurs (agrimensores)26. Leur objectif est d’établir les limites des communautés sans se préoccuper des divisions internes au sein des cités, c’est une fonction importante, certains arpenteurs viennent de l’ordre sénatorial, ou ont été préfet de la Ville. Lorsque Rome évoque les limites des communautés, c’est en particulier à partir du bornage et donc les bornes (termini ). Ce bornage permet une meilleure connaissance du territoire romain, et permet également de répartir l’impôt au sein des différentes communautés. La répartition de l’impôt se fait également via le recensement (census) : les opérations de recensement ont pour objectif de faire l’inventaire du nombre d’habitants à un endroit donné, tout en classant la population au sein de classes censitaires, comportant la richesse mais également le degré d’honorabilité. Malgré la présence évidente d’un recensement pour la répartition de l’impôt, il subsiste entre les historiens un débat sur le fait de savoir si le recensement était global ou non. Les historiens savent qu’en Gaule, en Égypte et en Dacie, des recensements ont été organisés, mais peu d’attestations évoquent un recensement global de tout l’Empire au même moment. Cependant, les historiens s’accordent à dire qu’il y a bien eu des recensements par territoires : Lactance, auteur romain, mentionne l’opération de recensement après la conquête de la Dacie par Trajan dans les années 106-10727. Mais qui sont en charge de ces recensements ? D’abord, ce sont les censiteurs, souvent de l’ordre sénatorial, anciens consuls, voire même eux-mêmes gouverneurs de la province concernée par le recensement. Ponctuellement, des chevaliers peuvent intervenir pour un recensement dans des territoires plus petits et agissent comme des subordonnés des censiteurs. Les historiens savent par exemple que, sous Hadrien, il y a des exemples de chevaliers désignés par l’empereur pour réaliser des opérations de recensement : ce sont les procurator ad augusti ad census accipidendis. Rome recensait de nombreux éléments, des éléments connus notamment grâce

à Ulpien, juriste, qui évoque que Rome, lors d’un recensement, cherchait à savoir le nom de l’individu, sa cité, le nom de deux de ses voisins, ce qu’il cultivait sur ses terres ou bien s’il avait des esclaves28. De fait, derrière l’aspect économique de l’impôt, se cache en réalité un maillage administratif conséquent qui sert les intérêts de l’Empire en matière de gouvernance.

Loin d’être une thématique marginale dans la gouvernance de l’Empire, la fiscalité est garante de la stabilité de l’ensemble du territoire romain. À travers les différentes politiques fiscales et les monnaies, il est possible de comprendre tant la situation de l’Empire à un instant donné que les dynamiques de gouvernance de l’empereur au pouvoir. La circulation des monnaies, elle, permet une diffusion du message impérial, une diffusion essentielle pour asseoir la légitimité des empereurs. Les nombreux impôts et le maillage administratif associé tendent à faire état de l’importance de la fiscalité dans la gouvernance de l’Empire : entre l’arpentage et le recensement, Rome déploie d’importants dispositifs pour assurer ses besoins. En définitive, l’impôt et plus généralement la fiscalité bénéficie d’une importance majeure : que ce soit financer l’armée, les fonctionnaires ou bien encore contrôler et assujettir les populations, la place de la fiscalité dans la gouvernance de l’Empire n’est plus à démontrer. Une place importante qui permettait à certains peuples d’obtenir des privilèges grâce à une allégeance fiscale, une idée bien résumée par Aelius Aristide, qui déclarait : « Les contribuables ont plus de plaisir à payer leurs impôts à l’empereur que d’en recevoir le fruit ».

Buste de l’empereur Hadrien, conservé au Musée National d’Archéologie de Venise.

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Références

(1) p 8 : LAPONNERAYE Albert, Histoire de la Révolution Française, 1831.

(2) p 8 : ALISON Archibald, Histoire de l’Europe depuis le commencement de la Révolution française en 1789 jusqu’à nos jours, 1855.

(3) p 9 : KROPOTKINE Pierre, La Grande Révolution 17891793, 1909.

(4) p 10 : de BEAUCHAMP Alphonse, Histoire de la guerre de la Vendée et des Chouans, 1806.

(5) p 10 : Constitution française de 1791, Titre VII, Article VIII.

(6) p 11 : « Rasoir national » première mention dans Nouvelles politiques, nationales et étrangères, 15 février 1793, An II de la République.

(7) p 14 : Décret du 10 octobre 1793, cité par Jean TULARD, « Gouvernement révolutionnaire de l’an II », [En ligne], Encyclopædia Universalis, disponible sur : https:// www.universalis.fr/encyclopedie/gouvernementrevolutionnaire-de-l-an-ii/

(8) p 15 : Fabienne MANIÈRE, 10 juin 1794 - La Grande Terreur, [En ligne], herodote.net, disponible sur : https://www.herodote.net/10_juin_1794evenement-17940610.php.

(9) p 17 : Déclaration d’indépendance des États-Unis d’Amérique du 4 juillet 1776.

(10) p 17 : BURKE Edmund, Réflexions sur la Révolution de France, 1790.

(11) p 21 : FAUTRIER Pascale, « La Révolution française : amputation corse et conversion à la nation révolutionnaire », dans Napoléon Bonaparte, 2011, pages 109-200.

(12) p 21 : MARK Harrison W., traduit en Français par Babeth Étiève-Cartwright, worldhistory.org, [En ligne], publié le 14 juillet 2022, disponible sur : https://worldhistory.org/trans/fr/2-2036/napoleonbonaparte-debuts-de-la-revolution-francai/.

(13) p 28 : De GAULLE Charles, « Message au chancelier Konrad Adenauer », 15 septembre 1958, dans De GAULLE Philippe, Lettres, notes et carnets, Plon, Paris, 1985.

(14) p 29 : De GAULLE Charles, Interview radiotélévisée, 15 décembre 1965, De Gaulle vous parle (1967).

(15) p 29 : BARRÉ Jean-Luc, De Gaulle une vie, Paris, Grasset, 2023.

(16) p 33 : Tacite (v.55 - v.120) Histoires : « il ne peut y avoir de tranquillité des peuples sans armée, ni d’armée sans solde, ni de solde sans impôts ».

(17) p 33 : LE BOHEC Yann, Histoire des guerres romaines, Paris, Tallandier, 2017.

(18) p 33 : DUNCAN-JONES Richard, The Economy of the Roman Empire: Quantitative Studies, Cambridge, Cambridge University Press, 1974.

(19) p 33 : Du grec δόξα, « rumeur » : « Ensemble des opinions communes aux membres d’une société et qui sont relatives à un comportement social. » (d’après le dictionnaire Larousse).

(20) p 33 : GRAU Donatien, La mémoire numismatique de l’Empire romain, Paris, Éditions Les Belles Lettres, 2022.

(21) p 33 : BERTRAND Estelle (dir.), Gouverner l’Empire Romain : de Trajan à 410 après J.-C., Neuilly-sur-Seine, Atlande, 2023.

(22) p 33 : DUNCAN-JONES Richard, The Economy of the Roman Empire: Quantitative Studies, Cambridge, Cambridge University Press, 1974.

(23) p 33 : CLAVE Yannick et TEYSSIER Éric, Petit Atlas historique de l’Antiquité romaine, Paris, Armand Colin, 2019.

(24) p 34 : REMY Bernard, Dioclétien. L’Empire restauré, Paris, Armand Colin, 2016.

(25) p 34 : LANÇON Bertrand et MOREAU Tiphaine, Constantin. Un Auguste chrétien, Paris, Armand Colin, 2012.

(26) p 35 : CHOUQUER Gérard et FAVORY François, « De arte mensoria, « Du métier d’arpenteur ». Arpentage et arpenteurs au service de Rome », Histoire & Mesure, volume 8, numéro 3-4, 1993, pages 249-284.

(27) p 35 : BERTRAND Estelle (dir.), Gouverner l’Empire Romain : de Trajan à 410 après J.-C., Neuilly-sur-Seine, Atlande, 2023.

(28) p 35 : LE TEUFF Béatrice, Census : les recensements dans l’empire romain d’Auguste à Dioclétien, Archéologie et Préhistoire, Université Michel de Montaigne, Bordeaux III, 2012.

Bibliographie/sitographie

La Révolution française, le basculement dans une nouvelle ère

• BIARD Michel, La Révolution française : une histoire toujours vivante, Paris, CNRS, 2014.

• CHARTIER Roger, « Cultures, Lumières, doléances : les cahiers de 1789 », Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine, 1981, pp. 68 - 93.

• COQUARD Olivier, Quand le monde a basculé, Nouvelle histoire de la Révolution française 1789-1799, Paris, Tallandier, 2015.

• HINCKER François, La Révolution française et l’économie, Paris, Armand Colin, 2023.

• HOU François, Chapitre et société en Révolution, Les chanoines en France de l’Ancien Régime à la Monarchie de Juillet, Rennes, PUR, 2023.

• TEMDAOUI Jean-Christophe, L’Ancien Régime : une construction historique de 1789 à nos jours [en ligne], publié en 2017, consulté le 30 mai 2024. Disponible à l’adresse : https://shs.hal.science/halshs-02976143/document

• VOVELLE Michel, La Révolution française, Paris, Armand Colin, 2015.

La Terreur, la face sombre de la Révolution

• BLUCHE Frédéric, RIALS Stéphane et TULARD Jean, La Révolution française, Paris, Presses Universitaires de France, 2003.

• BOURDEU Étienne, CÉNAT Jean-Philippe et RICHARDSON David, Les Temps modernes, XVIe-XVIIIe siècle, Malakoff, Armand Colin, 2017.

• GUENIFFEY Patrice, Histoires de la Révolution et de l’Empire, Paris, Perrin, 2013.

• JOURDAN Annie, La Révolution française, Paris, Flammarion, 2021.

• GRATALOUP Christian, Atlas historique de la France, Paris, Les Arènes - L’Histoire, 2019.

• VOVELLE Michel, La Révolution française, Malakoff, Armand Colin, 2023.

27 juillet 1794 - Arrestation de Robespierre, [En ligne], herodote.net, disponible sur : https://www.herodote.net/27_juillet_1794evenement-17940727.php, consulté le 13/07/2024. 2 juin 1793 - Arrestation des Girondins, [En ligne], herodote.net, disponible sur : https://www.herodote. net/2_juin_1793-evenement-17930602.php, consulté le 13/07/2024.

À la conquête du monde et des esprits : la propagation des idées de la Révolution française

• Auteur inconnu, La révolte de Haïti, 1791-1804, publié le 25 mars 2019, consulté le 17/07/2024, URL : https://www.lhistoire.fr/carte/la-r%C3%A9volte-deha%C3%AFti-1791-1804.

• BEAUREPAIRE Pierre-Yves et MARZAGALLI Silvia, Atlas de la Révolution Française, collection : Atlas/Mémoire, Autrement, 2021.

• BELISSA Marc, MELANDRI Pierre et RICARD Serge, « Les États-Unis face aux révolutions, de la Révolution française à la victoire de Mao en Chine : Paris »,[en ligne] L’Harmattan, Annales historiques de la Révolution française, 2006. https://journals.openedition.org/ahrf/11305

• DELALANDE Nicolas et TRUONG-LOÏ Blaise, Histoire politique du XIXe siècle, Presses de Sciences Po, 2021.

• FORREST Alan et SERAN Pierre, « La Révolution française dans l’historiographie anglaise », [en ligne], mis en ligne le 29 juin 2022, consulté le 23 juillet 2024. URL : https:// journals.openedition.org/lrf/7012.

• FURET François et RICHET Denis, La Révolution Française, Paris, Fayard, 1989.

• KUSUDA Yuki, « Les fantômes anglais du XVIe siècle au temps de la Révolution française », [en ligne], mis en ligne le 01 février 2021, consulté le 23 juillet 2024. URL : https://journals.openedition.org/lrf/4605.

Napoléon, traître ou continuateur de la Révolution ?

• ANCEAU Éric, Conférence « Napoléon, Napoléon III et les élites », disponible sur https://www.youtube.com/ watch?v=X2Yxs0oy9YY

• FAUTRIER Pascale, « De Robespierre à Barras, de Toulon au 13 Vendémiaire », dans Napoléon Bonaparte, Gallimard, 2021, p. 201 à 238.

• LENTZ Thierry, « Napoléon a trahi la révolution » dans Napoléon, Le Cavalier Bleu, 2001, p. 11 à 17 et 87 à 92.

• LENTZ Thierry, « Le général politique », dans Napoléon, coll. Que sais-je ?, Paris, PUF, 2003, p. 23 à 38.

• MARK Harrison, Coup d’État du 18 Brumaire, worldhistory.org, disponible sur : https://www. worldhistory.org/trans/fr/1-21512/coup-detat-du18-brumaire/, consulté le 14 juillet 2024, publié le 18 mai 2023.

• MARK Harrison, Guerre de la Première Coalition, worldhistory.org, disponible sur : https://www. worldhistory.org/trans/fr/1-21068/guerre-dela- premiere-coalition/, consulté le 15 juillet 2024, publié le 18 avril 2023.

Les années soixante ou une présidence de troisième voie

• DE GAULLE Charles, Discours et messages, Paris, Plon, 1970.

• DE GAULLE Philippe, Derniers souvenirs, Paris, Plon, 2024.

• DE GAULLE Philippe, Lettres, notes et carnets, Paris, Plon, 1980-1997.

• GALLO Max, De Gaulle [quadrilogie], Paris, Pocket, 1999-2000.

• JACKSON Julian, De Gaulle, Paris, Seuil, 2019.

• JOANNON Pierre, L’Hiver du Connétable, Paris, Regain de lecture, 2023.

La mort de Ben Boulaïd

• BOULHAÏS Nordine, Des harkis berbères, de l’Aurès au nord de la France, Villeneuve-d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2002.

• MORIZOT Jacques, « Ben Boulaïd Mostefa », [en ligne], publication inconnue, consulté le 20 juillet 2023, URL : https://journals.openedition.org/ encyclopedieberbere/1672?lang=en

• VAUJOUR Jean, De la révolte à la révolution : Aux premiers jours de la guerre d’Algérie, Paris, Albin Michel, 1985.

Gouverner l’Empire romain par la fiscalité

• ANDREAU Jean et CHANKOWSKI Véronique (dir.), Vocabulaire et expression de l’économie dans le monde antique, Pessac, Ausonius Édition, 2007, pp. 333-368.

• BERTRAND Estelle (dir.), Gouverner l’Empire romain de Trajan à 410, Paris, Atlande, 2023.

• GRAU Donatien, La mémoire numismatique de l’Empire romain, Paris, Éditions Les Belles Lettres, 2022.

• NICOLET Claude, « Les finances publiques de l’État romain » dans Rome et la conquête du monde méditerranéen (Tome I), Paris, PUF, 2001, pp. 236-269.

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Gouverner par la fiscalité

Cet article explore comment la fiscalité a été un outil central dans la gouvernance de l’Empire romain. En examinant les divers impôts et taxes imposés aux citoyens et aux provinces, ainsi que le rôle de la monnaie, de l’arpentage mais aussi du recensement, il s’agit de comprendre comment ces éléments ont soutenu l’administration impériale, financé les infrastructures et maintenu l’ordre social. À travers une synthèse de la période allant de Auguste à Constantin, l’article met en lumière le rôle crucial de la fiscalité dans la pérennité et la prospérité de l’Empire romain.

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Photographie du Temple de Saturne, sur le Forum romain, dans lequel se trouvait l’Ærarium : le trésor public de la Rome antique.

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Histo'Mag #3 La Révolution française et l’Empire, débuts d’un XIXe siècle révolutionnaire by Histoire & Mémoires - Issuu