Histo'Mag #4 La féodalité, entre hiérarchisation de la société et conflits de pouvoirs au Moyen Âge

Page 1


LA FÉODALITÉ AU CŒUR DU MOYEN ÂGE

Le Dossier

La féodalité, entre hiérarchisation de la société et conflits de pouvoirs au Moyen Âge.

« Paris libéré » L’unité d’un peuple contre l’occupant

- Septembre 2024

La Citation

« La réforme grégorienne a structuré toute
la société médiévale »

Florian MAZEL, médiéviste.

- Septembre 2024

Édito

Chères lectrices, chers lecteurs,

En cette période de rentrée scolaire, nous avons souhaité sélectionner, pour ce nouveau numéro, un thème abordé au collège. En effet, nous vous présentons aujourd’hui un sujet qui nous a été longuement demandé, un thème médiéval, peu abordé dans la vulgarisation.

En effet, le Moyen Âge est une période très longue, plus d’un millénaire, marquée par des guerres, des périodes de prospérité mais aussi des conflits entre puissants et nous allons en parler.

Ce numéro de Histo’Mag abordera l’équilibre des pouvoirs et les rivalités qui peuvent apparaître dans la société médiévale, à partir de trois acteurs clés : la royauté, l’Église et la petite noblesse.

Nous vous présenterons la féodalité comme système social fondé sur une hiérarchie nobiliaire. Comme nous en avons l’habitude, nous vous présenterons un focus, dédié au roi Philippe IV, dit le Bel, dont le règne a été consacré à la transformation d’un royaume féodal aux prémices d’un État moderne.

De plus, nous vous proposons de découvrir le rôle de la France dans la conquête spatiale dans un article de Julien Davain, ainsi que de replonger dans l’univers du Premier Empire de Napoléon I er et son blocus continental mis en place contre le Royaume-Uni sous la quasi-totalité de la durée de l’Empire.

Enfin, et dans un ton plus actuel, nous vous invitons à replonger dans les événements des 80 ans de la Libération par un article de Quentin, notre nouveau rédacteur, qui abordera la Libération de Paris, en août 1944, en entrant dans le déroulé des événements.

Nous espérons que ce numéro vous plaise et nous vous attendons nombreux pour le prochain dans lequel nous aborderons le sujet de Louis XIV, au sein d’un numéro repensé et plus long !

Toute la Rédaction vous souhaite une excellente lecture et une très bonne rentrée !

Directeur de publication

Axel LOTTIN

Responsable

Marketing

Lucille VIGNAIS

Maquette

Laëtitia GICQUEL (Grapao)

Rédacteur en chef

Kyllian GARSAULT

Équipe de Rédaction

Adam AZOUAGH

LYCOYANNIS

Victor BELLE

Cassidy D.

Julien DAVAIN

Quentin DELOT

Kyllian GARSAULT

Éva VTJ

Partenaires

Le site

Infinite-Quiz

L’association

Their Memory

Le jeu Bastille

Publication : Association

Histoire & Mémoires, régie par la loi du 1er juillet 1901

Inscrite au RNA : N°W533006012

53600 Évron, France

ISSN en ligne : 3002-5257

ISSN papier : 3038-0030

Dépôt légal : septembre 2024

©Histoire & Mémoires 2024

Histo’Mag est la propriété exclusive et insaisissable de Histoire & Mémoires. Toute utilisation, reproduction ou modification sans l’accord préalable de Histoire & Mémoires sera considérée comme de la contrefaçon et fera l’objet de poursuites.

Portrait

Florian Mazel est un historien spécialiste du Moyen Âge et ayant étudié la noblesse et l’Église en Provence entre les Xe et XIVe siècles. Il a notamment étudié à l’École normale supérieure de Fontenay/ Saint-Cloud ainsi qu’à l’Université de Provence Aix-Marseille où il obtient un doctorat en histoire médiévale. Il devient par la suite professeur des universités à Rennes Il de 2001 à 2023 puis à Paris I Panthéon-Sorbonne à partir de 2023. Il a également été membre de l’Institut universitaire de France. Parmi ses responsabilités scientifiques, il est membre du conseil du laboratoire de médiévistique occidentale de Paris et membre du comité de direction de la revue Le Moyen Âge.

Mazel sur la chaîne Dailymotion @neo.

Parmi ses ouvrages les plus célèbres, on compte Nouvelle Histoire du Moyen Âge aux éditions du Seuil, primé par la fondation Pierre-Lafue, ou encore Féodalités, 888 -1180 aux éditions Belin très connu des étudiants en Histoire.

Florian

LA FÉODALITÉ

AU CŒUR DU MOYEN ÂGE

Le Dossier présentation

LA FÉODALITÉ,

entre hiérarchisation de la société et conflits de pouvoirs au Moyen Âge.

• Le pouvoir royal, entre affirmation et expansion

Découvrez l’état du pouvoir du roi de France au Moyen Âge et les tentatives d’accroissement de son autorité tout au long de la période. Du petit domaine au grand royaume, les rois successifs agrandissent leur territoire par la soumission des autres seigneurs.

• L’Église, une institution multiséculaire dominante

Plongez dans l’univers d’une institution médiévale majeure : l’Église. Outre la construction des immenses cathédrales qui couvrent l’Occident médiéval, vous découvrirez l’histoire de l’Église, de la réforme grégorienne à la querelle des investitures.

• Focus : Philippe IV, un roi à la quête des pouvoirs

Ce focus vous amènera à découvrir un roi connu de la période médiévale : Philippe IV de France. Entre le désir d’étendre son territoire et ses querelles de pouvoir avec la papauté, Philippe IV est ainsi un roi incontournable de l’Histoire médiévale.

• Féodalité et seigneuries : la structure de la société médiévale

Découvrez le monde plus méconnu du fonctionnement de la société médiévale. Des relations féodo-vassaliques aux différents types de seigneuries, vous pourrez plonger au cœur du pouvoir local, mais également de la société paysanne de l’époque.

Le pouvoir royal : entre affirmation et expansion

La bataille de Bouvines remportée par Philippe Auguste en 1214, peinture à l’huile sur toile de Horace Vernet, 1827, conservée au Musée du Château de Versailles.

Robert le Fort est l’ancien homme de confiance des Carolingiens avec qui ils se partagent le pouvoir royal. En 888, le comte robertien Eudes monte sur le trône royal au grand désarroi des derniers Carolingiens, après une bataille entre lui et les derniers rois. La dynastie des Capétiens est instaurée lorsque son héritier, Hugues Capet monte sur le trône en 987, mettant fin à la compétition des deux lignages. Mais un jeu de conquête du pouvoir met en compétition Charles de Lorraine et son rival, Hugues Capet. Charles de Lorraine essaie de gêner le nouveau roi mais finit par être trahi par les siens, qui se trouvent impuissants face à cette famille. L’Église soutient le roi capétien et sacre son fils, Robert. En réalité, l’archevêque de Reims veut se débarrasser des Carolingiens et préparer la réunification occidentale avec les Germaniques. Cette vacance du pouvoir affaiblit la monarchie et favorise le changement dynastique carolingien vers la dynastie capétienne. Au XIe siècle, le pouvoir du roi de France est très affaibli mais l’institution monarchique tente de se restructurer jusqu’au XVe siècle. En effet, lors de l’effondrement de l’Empire carolingien, une « société seigneuriale » s’est imposée au détriment du royaume. Le domaine royal des Capétiens d’Hugues Capet en 987 est devenu une bande de terre limitée entre Paris et Orléans. Le reste du royaume est divisé en grands fiefs dans lesquels les grands princes, vassaux du roi de France gouvernent. Cet article aborde les manœuvres mises en place par les rois pour réunifier et agrandir leur domaine et ainsi étendre leur pouvoir.

Un roi de France en mauvaise posture

Au IXe siècle, le roi Charles le Chauve, soucieux d’assurer la fidélité des « Grands », abandonne le pouvoir de restituer les comtes de leur charge. Il instaure une royauté contractuelle, dans lequel le

roi renonce à empêcher la transmission héréditaire des honores, c’est-à-dire, la transmission de la charge publique où est adossé un ensemble de terres et de revenus. La fonction comtale fut ainsi patrimonialisée, elle n’est plus acquise par l’autorité royale. Le roi offrait à certains lignages carolingiens

le commandement de territoire à grande échelle, tels que des comtés constitués en duchés. Par conséquent, de nombreux princes sont à la tête de vastes territoires qui échappent au contrôle du roi et se forgent de vraies ambitions princières. Alors, les vicomtes, comtes, marquis assurent de les protéger à la place du roi. Leurs forces armées exercent une domination violente sur la population. La magistrature du roi est insuffisante pour empêcher ce système de clientèle qui se met en place. Au début du Xe siècle, le paysage politique est dominé par des princes qui tracent un maillage local dans lequel ils s’interposent comme premiers interlocuteurs au profit de leur prérogative royale. De cette manière, le pouvoir est exercé par les princes et leur influence ne dépasse pas les limites du domaine royal.

Le roi au XIe siècle n’est qu’un prince territorial en Francie occidentale après l’éclatement de l’Empire carolingien. Autour de l’an mil, le pouvoir royal n’est pas puissant car il a besoin du soutien militaire de la part des seigneurs de son royaume. Il demande leur soutien contre la totale autorité locale de leur fief. L’exercice du pouvoir est dépendant de cette collaboration avec les lignages locaux. Ainsi l’autorité royale ne peut plus protéger elle-même ses sujets.

De grands seigneurs comme le duc d’Aquitaine sont plus puissants que le roi lui-même. Le duché d’Aquitaine est fondé en 909 au profit de Guillaume Le Pieux qui insère de nombreux comtés du centre du royaume. En 1010, Guillaume V le Grand ose se nommer « monarque de toute l’Aquitaine ». Les Grands de Germanie lui propose alors la couronne impériale en 1024 en raison de son immense puissance. Les rois capétiens usent de tactiques politiques, guerrières et diplomatiques pour affaiblir le pouvoir de ces seigneurs. Tout d’abord, le roi s’impose comme seul grand Seigneur à être sacré, ce qui lui confère un pouvoir donné par Dieu. Cette onction « sacrée » est donnée par l’archevêque de Reims en souvenir du baptême de Clovis qui lui a attesté des pouvoirs thaumaturgiques, c’est-à-dire le pouvoir de guérir qui que ce soit en le touchant. Il a aussi la main sur les évêchés et abbayes dont il nomme les fonctionnaires.

Le Saint-Empire romain germanique vers l’an mil.

Une royauté conquérante sous le règne de Philippe Auguste

L’initiateur de cet élan conquérant est le roi capétien Louis VI Le Gros (1108-1137). En centralisant le pouvoir autour de lui, Louis le Gros redonne ainsi à la monarchie sa puissance et à la fonction royale, le respect qu’elle avait perdu sous les attaques répétées des féodaux. Son petit-fils, Philippe Auguste, aussi bon guerrier que fin politique, étend à l’ensemble du domaine royal l’emploi des baillis, dans le nord, et des sénéchaux, dans le sud et accroît considérablement les revenus du Trésor royal. Il fait construire le Palais du Louvre qui devient le siège central de son pouvoir et agrandit le domaine royal en récupérant quelques terres données en fiefs selon plusieurs manières en faisant la guerre aux suzerains, en achetant des terres, en confisquant d’autres, ou en épousant les héritiers d’un fief pour la rattacher au royaume. Par exemple, vers le Midi en 1209, en temps de guerre des croisades, Philippe

Auguste annexe l’ancien comté de Toulouse sous le contrôle jusqu’à présent des Albigeois. Afin de garder les seigneurs ou princes sous son contrôle, les vassaux doivent prêter serment au roi. De 1338 à 1453, la Guerre de Cent Ans, qui oppose le roi de France Philippe VI à l’Angleterre, permet au roi d’obtenir le contrôle entier du territoire royal. L’élément déclencheur de cette guerre est la confiscation des fiefs d’Edouard III, roi d’Angleterre en 1338, même si la rivalité remonte réellement en 1328.

Le règne de Philippe Auguste, entre 1180 et 1223, réunifie le royaume. Le roi use des obligations vassaliques pour faire plier princes et seigneurs territoriaux. La question militaire se résout donc par l’accaparement des terres des seigneurs par le roi, qui leur fait la guerre,

ainsi que par la constitution d’une armée de métier à partir d’impôts centralisés. La question de fond est bien celle du passage de l’État féodal à l’État royal. Le domaine royal s’agrandit au XII e siècle.

Le domaine royal est l’ensemble des terres directement administrées par le roi ou ses représentants. Il désigne également la taxe de circulation que perçoit le roi en tant que seigneur foncier et suzerain. Ainsi, Louis VI le Gros, roi de 1108 à 1137 et Louis VII le Jeune, roi de 1137 à 1180 renforcent leur autorité en luttant contre les châtelains pillards. Ils interviennent davantage hors de leur domaine. Louis VII, notamment, prend la tête de la deuxième croisade. En 1137, il épouse Aliénor d’Aquitaine et prend le titre de duc d’Aquitaine.

Couronnement de Philippe Auguste, enluminure de Jean Fouquet, vers 1455-1460, conservée à la Bibliothèque nationale de France.

Le développement d’une administration moderne

Le roi compte sur un personnel administratif plus spécialisé et écarte les grandes charges royales des puissants suzerains. Les prévôts collectent les revenus royaux, lèvent l’ost, autrement dit, le service militaire dû par le Tiers-État. La tâche de rendre la justice dans le domaine est désormais supervisée par les baillis dans les circonscriptions dès le XIII e siècle. Ils deviennent des fonctionnaires payés par le roi, révocables et responsables de leur gestion devant son conseil. À cette même période, le principe d’hérédité l’emporte sur celui de l’élection. Cela signifie que la dynastie n’est plus en péril, même lorsque le roi est mineur. Un régent ou une régente est chargé de gouverner au côté du jeune roi jusqu’à sa majorité, comme l’exemple de Blanche de Castille pour Louis IX. La Cour du roi est l’organe central de l’administration dans la nouvelle capitale du royaume : Paris.

Au XIII e siècle, elle devient le Conseil du roi qui est divisé en trois assemblées composées du Grand Conseil, chargé de la politique, de l’administration et même de la justice. Le roi y convoque des clercs, des nobles, mais aussi des légistes et des bourgeois. Le Parlement, qui constitue la deuxième assemblée, est spécialisé dans l’administration de la justice. Quant à la troisième assemblée, la Chambre des Comptes, elle gère le Trésor royal, administre les finances et contrôle les officiers du domaine royal.

Grâce aux succès de Philippe Auguste, des églises, des abbayes, des bourgades se placent de plus en plus sous sa protection. De cette manière, il reprend le contrôle du pouvoir religieux.

La monarchie capétienne se dote ainsi d’institutions qui lui permettent de mieux gérer le royaume et d’accroître son autorité. La présence du roi partout dans son royaume est assurée par ses représentants, les baillis et sénéchaux, pour imposer la monnaie royale dans tous les fiefs du royaume ainsi que les

Le Royaume de France en 1477, présentant l’extension du domaine royal.

ordonnances royales. Il peut, de plus, lever une armée régulière, résultat de la fidélisation des seigneurs. Le tournant de l’an mil marque une évolution politique majeure du royaume de France qui se retrouve sous une même autorité, celle du roi. Quant aux seigneurs, ces derniers sont sous le contrôle de fonctionnaires royaux pour encadrer leurs actions et diminuer leurs influences jugées trop fortes par le lignage royal. Ces fonctionnaires sont le résultat d’une innovation administrative qui met directement en lien les requêtes des sujets au roi sans interférence comme au XI e siècle. Le territoire du royaume franc reprend ses frontières qui sont volées par les seigneurs à la chute de l’Empire carolingien. Le pouvoir royal est de nouveau puissant et unificateur du royaume. Ainsi le roi s’illustre comme une figure majeure dans la France médiévale mais il n’est pas le seul à disposer d’un pouvoir conséquent. La papauté, et plus largement l’Église, est l’une des institutions les plus puissantes dans l’Occident médiéval, et notamment en France.

L’Église, une institution multiséculaire dominante

Descente du Saint-Esprit, enluminure de

Jacques Ellul, dans son ouvrage Histoire des institutions. Le Moyen Âge, met en avant l’Église comme étant « [...] la seule société universelle, recouvrant l’ensemble des territoires et la diversité des institutions.1 » Assurément, l’Église n’est pas seulement une institution religieuse, mais bien une institution puissante qui doit composer avec les différents pouvoirs d’antan. La puissance de l’Église au XIe siècle n’est plus à démontrer, elle représente tant les croyances que les idéologies communes à tous les contemporains de l’époque, et son autorité intellectuelle est sans limite : elle est la seule institution à formuler des théories politiques et juridiques. Dans le domaine profane2 , l’Église bénéficie d’une puissance économique sans commune mesure, en particulier grâce à ses domaines et ses trésors3 . Si l’on s’intéresse à la question politique, l’Église est au cœur de nombreux enjeux : rivalités, conflits, alliances, elle dispose d’un rôle majeur dans les relations entre les royaumes. Lorsque le christianisme devient une religion d’État dans l’Empire romain à la fin de l’Antiquité, les pouvoirs civil et religieux ont nécessairement entretenu des liens de cohabitation, de collaboration, mais également de concurrence et de conflit. Dès la fin de la période, ces pouvoirs ont été représentés par de solides personnages et institutions, l’empereur d’un côté et l’Église de l’autre, qui se voit progressivement incarnée par la figure de l’évêque. La principale difficulté réside dans la délimitation des pouvoirs et la hiérarchisation des compétences. Alors que pendant plusieurs siècles il s’agissait de séparer le pouvoir profane du pouvoir spirituel, il y a au XIe siècle un basculement idéologique au sein de l’Église, avec une revendication de la part de la papauté de jouir d’une autonomie totale dans tous les domaines, et de ne plus dépendre d’une forme de répartition des pouvoirs. L’article propose alors de traiter l’affirmation de l’Église par la réforme grégorienne, la question de l’implication de l’institution dans les conflits de pouvoir, et l’incarnation du pouvoir à partir de la figure de l’évêque.

La
Jean Fouquet, XVe siècle, conservée au Metropolitan Museum of Art, New York.

L’affirmation de l’Église sur les laïcs : la réforme grégorienne

La réforme grégorienne est essentielle pour comprendre le renforcement et la puissance de l’Église à cette période. Alors que l’Église était pendant des siècles sous l’influence et l’ingérence des laïcs4, tout en étant confrontée à la simonie5 et au nicolaïsme6, le pape Léon XI décide d’y remédier. Dès 1049, la problématique de la simonie est au centre des préoccupations. La question qui se pose est alors la suivante : dans quelles mesures les charges ecclésiastiques peuvent-elles être liées à des ressorts profanes tels que l’argent ? Ce problème est mis en avant lors de réunions pontificales au palais du Latran : un discrédit total est porté sur les « simoniaques », et de nombreux débats sont engagés notamment entre Pierre Damien et Hildebran sur la question de la validité des sacrements réalisés par des clercs simoniaques7. À ce titre, Hildebrand et Humbert évoquent que la simonie est si grave qu’elle peut entacher leur validité, tandis que Pierre Damien est partisan de la défense du caractère sacré des sacrements8. Le renforcement de l’Église se retrouve également avec le pape Nicolas II, qui porte un décret autorisant à nouveau aux chapitres cathédraux d’élire les évêques, ce qui redonne à l’Église une forme d’autogestion et d’émancipation face aux pouvoirs laïcs. De plus, leur rôle est également d’aider l’évêque à administrer le diocèse, ce décret dispose de surcroît que seuls les cardinaux-évêques ont désormais l’autorisation d’élire le pape : cette mesure permet d’éliminer l’intervention impériale ainsi que les aristocrates romains qui avaient mis la main sur le siège pontifical. Le concile de Latran de 1060, lui, condamne le principe de l’investiture laïque, que l’évêque de Verceil, Atton, dénonçait déjà comme étant « la source de tous les maux »9 Le concile condamne également la simonie et le nicolaïsme. Le pontificat de Grégoire VII, dès 1073, propose une véritable accélération de la réforme. Il renouvelle les condamnations de la simonie et du nicolaïsme, et des décrets de 1074 prononcent la déchéance des clercs coupables : des légats envoyés dans tous les États ont pour mission de les déposer. Il s’agit en outre de mettre en avant l’obligation

renforcée du célibat ecclésiastique, qui va de pair avec la volonté de l’Église d’imposer un contrôle du mariage : à titre d’exemple via l’exclusion des consanguins. Pour autant, ces décrets de 1074 ont de nombreuses limites, dans l’Empire, en Italie du Nord, en France ou encore dans le royaume anglonormand, de nombreux souverains et nobles laïcs soutiennent leur clergé. Enfin, les Dictatus papae viennent définir les pouvoirs du pape. Parmi les 27 points, l’idée que seul le pape a un pouvoir absolu et universel par le Christ, qu’il est au-dessus de tous les princes laïcs, et qu’il est autorisé à déposer quiconque ne respecterait pas cet ordre10.

L’Église et les conflits entre les puissants.

La volonté d’émancipation et de renforcement de l’Église avec la réforme grégorienne s’est confrontée à de fortes contestations, des contestations qui ont fait entrer l’Église dans une lutte constante en matière de pouvoir avec les différents acteurs étatiques de l’époque. Cette lutte d’influence se traduit par trois grands moments où la violence est à son apogée entre le pape et l’empereur du SaintEmpire : un conflit entre Grégoire VII et Henri IV, un entre Alexandre III et Frédéric Ier, et un autre entre Innocent IV et Frédéric II11. La violence de ces conflits entre ces puissants relève tant de la personnalité des différents acteurs que de l’équilibre des forces. Les forces idéologiques et militaires sont équilibrées dans les deux camps, ainsi ne faut-il certainement pas sous-estimer les partisans ecclésiastiques de l’empereur, un empereur qui n’aurait eu aucune chance si tous les ecclésiastiques avaient été du côté pontifical.

Les conflits entre l’Église et les puissants ne concernent pas uniquement les empereurs du Saint-Empire, mais également les puissants d’autres royaumes, témoignant d’une véritable ingérence et influence de l’Église dans les politiques laïques. À titre d’exemple, Henri II, roi d’Angleterre de 1154 à 1189, cherche à affirmer sa légitimité sur le trône. Cependant, il rencontre des difficultés avec l’Église, notamment concernant la liberté d’élection des évêques. Henri II insiste pour contrôler la nomination de l’archevêque de Canterbury, un poste clé qui cumule également les fonctions de chancelier, ce qui

crée des tensions avec l’Église. Ces tensions éclatent avec Thomas Becket, ancien chancelier et proche conseiller d’Henri II, qu’il nomme archevêque de Canterbury en 1162. Une fois nommé, Becket prend la défense de l’indépendance de l’Église et s’oppose à Henri II, particulièrement lors des assises de Clarendon en 1164, où le roi réaffirme ses droits sur la justice ecclésiastique. Ce conflit mène à l’exil de Becket en France, soutenu par le pape Alexandre III, qui menace Henri II et le royaume d’Angleterre d’interdit12 s’il ne rappelle pas l’archevêque. Henri II finit par rappeler Becket en 1170, mais après une réconciliation de façade, des vassaux d’Henri II assassinent Becket au pied de la cathédrale de Canterbury le 29 décembre 1170. Ce meurtre provoque un scandale à travers la chrétienté, contraignant le roi d’Angleterre à demander pardon publiquement à la papauté. Le pape Alexandre III en profite pour accélérer la canonisation de Becket, qui est déclaré saint en 117313.

Le rôle et la puissance de l’évêque : symbole des pouvoirs de l’Église.

La compréhension de la place cruciale qu’occupe l’Église dans la société médiévale passe également par la figure de l’évêque. Bien avant la période qu’il s’agit de traiter, Grégoire Ier, qui exerça son pontificat de 590 à 604, définissait l’évêque comme étant un pédagogue, un prédicateur, mais également une personnalité qui se devait de montrer l’exemple à toutes et tous de par une attitude irréprochable14

Jusqu’au XIe siècle, Thierry Pécout met en avant qu’il est possible de considérer l’Église comme étant une « fédération d’Églises locales », une

Enluminure du pape Urbain II arrivant en France pour prêcher la croisade.

fédération qui était gouvernée par des évêques, et qui bénéficie rapidement d’une intégration au sein d’une structure « centralisée et gouvernée par la papauté »15. Face à ces mutations, l’évêque semble devenir un élément essentiel pour l’Église, un véritable rouage, avec des pouvoirs qui changent, que ce soit vis-à-vis de la dimension ou de la signification. Bien entendu, les pouvoirs de l’évêque n’étaient pas sans contestations : cette nébulosité entre le pouvoir religieux et profane pouvait régulièrement conduire la figure épiscopale à des conflits internes ou externes, en particulier avec les autorités laïques telles que des nobles locaux ou la population de manière générale. De fait, l’évêque avait également le devoir de naviguer habilement au sein de ces relations complexes pour maintenir leur autorité et défendre les intérêts de l’Église.

L’évêque joue un rôle central dans la direction de sa communauté, son autorité étant perçue comme légitime, car fondée sur des traditions anciennes. Pour les canonistes de l’époque, l’autorité épiscopale se résume par les notions de potestas ordinis et potestas juridictionis16. La papauté, quant à elle, veille scrupuleusement à l’encadrement des fidèles, estimant que l’ignorance mène souvent à l’hérésie.

L’évêque bénéficie également de nombreuses prérogatives religieuses : pouvoir d’ordination, consécration des saintes huiles ou encore de lieux de culte, la figure épiscopale est assurément une figure de pouvoir au sein de l’Église. Mais sa puissance se retrouve également dans le secteur profane. En effet, les évêques sont de véritables seigneurs sur leurs terres, et cela passe par de nombreux éléments tels que la fiscalité. Le pouvoir profane de l’épiscopat se traduit d’abord par une fiscalité qui lui est propre, bien entendu il existe les prélèvements réalisés sur ses possessions, puisque l’évêque est en réalité un seigneur comme les autres. Pour autant, il existe des taxes bien particulières telles que le synodaticum, une taxe qui est due par les bénéficiers qui lèvent la dîme, cette taxe est versée par les églises et les desservants de celles-ci comme une forme de reconnaissance quant à leur sujétion face à l’évêque, en particulier pendant les synodes ou bien les visites17. D’après un certain Hostiensis,

un cardinal du XIIIe siècle, l’évêque bénéficie de ce que l’on nomme la quarte épiscopale, c’est-à-dire que celui-ci bénéficie par exemple d’un quart des dîmes, des legs funéraires ou encore des offrandes. Aussi, il dispose de droits sur les biens des clercs décédés18. De manière générale, l’immense pouvoir temporel de l’évêque est alimenté par tout un tas de biens, de revenus et de donations. Au XIIIe siècle notamment, il y a une nette augmentation du patrimoine foncier des églises cathédrales, ce qui, nécessairement, accroît les biens de l’évêque. Aussi, là où l’on remarque que la figure de l’évêque est bien celle d’un puissant seigneur, c’est en particulier en analysant ses revenus, des revenus qui ne sont pas obligatoirement situés au sein même de son diocèse. Par exemple, l’évêque peut contrôler les activités commerciales et les taxes : par exemple les péages, les tonlieux, les mines, les salines, ou encore des prélèvements sur certaines communautés juives placées sous protection19. Enfin, son pouvoir profane est important de par le fait qu’il dispose de fonctions judiciaires. Les historiens savent en effet que la teneur des prérogatives judiciaires confiées aux évêques aux Xe et XIe siècles a été très importante, sans qu’ils soient véritablement capables toutefois d’évaluer comment ils ont pu concrètement appliquer leurs décisions. Parmi ces prérogatives, il y avait l’immunité, elle visait à exclure l’intervention de laïcs sur le territoire concerné, l’évêque devait faire appel à un avoué, qui avait pour mission de défendre les intérêts de l’église (au sens local) en dehors du territoire de l’immunité et dans l’administration d’une partie du temporel. Dans plusieurs seigneuries épiscopales, l’immunité a permis à certains clercs de se substituer entièrement à la justice comtale, ainsi que de confisquer une part importante des revenus venant de l’exercice de la justice. Il dispose du pouvoir de juridiction, le pouvoir de juger. En effet, il est en mesure de juger toute affaire qui relèverait potentiellement du pouvoir épiscopal, que ce soit de près ou de loin. Cette prérogative fait partie des tâches majeures de l’évêque : ce pouvoir est exercé par celui-ci au chef-lieu du diocèse, ou bien il est saisi d’un contentieux et il mandate des clercs pour procéder à l’instruction de l’enquête, et c’est une fois le compte-rendu réalisé que l’évêque convoque

les différentes parties. C’est le cas par exemple entre 1120 et 1130 avec un conflit entre les moines de Tulle et une famille locale sur une question de donation de biens. Il peut également y avoir des cours itinérantes, La vie d’Ulrich d’Augsbourg (923973) propose un récit des visites et des séances du tribunal itinérant présidé par l’évêque, il est possible d’y voir une description de l’évêque qui sillonne son diocèse sur un chariot, traitant les affaires qui lui sont soumises de jour comme de nuit20.

La puissance de l’Église au Moyen Âge n’est donc plus à démontrer : elle s’inscrit parfaitement dans les différentes relations de pouvoir, et s’immisce dans tous les domaines de la vie religieuse, sociale, culturelle, intellectuelle, mais également politique de la société médiévale. C’est bien elle qui fixe un cadre global et qui, à partir dudit cadre, propose un encadrement minutieux des populations grâce à des théories politiques, juridiques ou religieuses, mais également grâce à des figures emblématiques telles que l’évêque. Aujourd’hui, même si la réforme grégorienne est jugée comme étant la réforme qui a grandement contribué au renforcement de l’Église face aux pouvoirs laïcs, les historiens sont toujours partagés. Il existe un courant qui met cette réforme au centre du monde médiéval, c’est notamment le cas de Florian Mazel. En effet, il évoque que celle-ci est un fait social total, il utilise le terme de weltordnung, soit l’ordonnancement du monde. Pour les historiens tels que Florian Mazel, cette réforme a bouleversé le monde médiéval et cela sur tous les domaines : elle est au centre de tout et a touché toutes les couches de la population. Cette centralité de la réforme est telle, que Florian Mazel propose de revoir la périodisation traditionnelle : il aborde ainsi le Premier Moyen Âge et le Deuxième Moyen Âge21. À l’inverse, il existe un contre-courant à cette interprétation, dont le principal historien est Patrick Henriet. Patrick Henriet évoque qu’il faut éviter que la pensée dominante ne devienne une forme de « pangrégorianisme », avec l’idée que tout serait lié à cette réforme22. L’Église est alors dominante, mais l’historiographie tend à relativiser l’impact de la réforme grégorienne sur le monde médiéval et l’institution en elle-même, puisque de nombreuses règles n’ont pas toujours été respectées23.

Philippe IV le Bel, un roi à la quête des pouvoirs

Enluminure du roi Philippe IV le Bel accompagné par sa famille, réalisée en 1313, conservée à la Bibliothèque nationale de France.

D’un point de vue historiographique, de Philippe IV le Bel, roi de 1285 à 1314, les mémoires se souviennent qu’il est le dernier roi du « miracle capétien », le roi de la fabrication d’un État sous une forme assez moderne. Les biographies dressées sur le roi évoquent aussi un caractère froid et un pragmatisme à toute épreuve. S’il est évident que son rôle autour de l’édification d’un système fiscal et d’une armée permanente qui permet de renforcer et recentrer le pouvoir du roi de France, a donné une image d’un roi qui laissait peu parler la passion, il faut pour autant mentionner l’importance de Philippe Auguste ou encore Louis IX qui ont donné un terreau très fertile au fils de Philippe III « le Hardi ».

Roi très pieux, il nourrit sa légitimité sur le fait qu’il est le descendant de Saint-Louis (canonisé en 1297), et souhaite également posséder ce pouvoir spirituel, qui lui fait défaut, en tant que roi, qui adopte une place de second rang par rapport à la papauté. François Huguenin l’évoque de manière très synthétique dans le chapitre consacré au conflit entre roi et pape, au sein de son ouvrage Les Grandes figures catholiques de la France, publié en 2023. Caricaturé en roi sombre par les rois maudits de Druon, ou les historiens du XIXe siècle qui ont mis en avant sa chasse obsessionnelle aux Templiers, Philippe IV bénéficie d’un renouveau historique mené notamment par la très bonne biographie de Jean Favier.

Dans ce numéro, nous évoquons les pouvoirs au Moyen Âge, et ici, nous traiterons de la personne de Philippe IV le Bel. Pour relier le thème, nous allons parler de l’exercice de son pouvoir temporel, mais aussi la délégation des pouvoirs au travers d’une élite, puis sa recherche d’un pouvoir spirituel sur Boniface VIII.

La situation du royaume de France à la fin du XIIIe siècle

À la fin du XIIIe siècle, le royaume de France sort d’une période économique plutôt prospère de trois siècles, qui a vu le développement des villes et des marchands notamment. D’un point de vue territorial, l’extension des terres du royaume s’opère depuis Philippe Auguste. Cela se fait au détriment des princes locaux notamment dans l’Artois, en Auvergne et en Normandie. C’est donc un royaume aux dimensions différentes qui commence à prendre forme, un royaume qu’il faut administrer, mais nous y reviendrons. Louis VIII, Louis IX et Philippe III continuent cette marche vers la conquête de terres. Le Royaume de France a également placé le combat contre les hérésies en tête, avec la croisade des Albigeois (1209-1229). Une croisade menée notamment par le roi de France Louis VIII qui souhaite éradiquer le catharisme et le valdéisme, des mouvements en dissidence avec l’Église romaine.

Les croisades vers Jérusalem ou l’Espagne permettent de donner au roi de France, un statut d’arbitre de la chrétienté, un rôle que Louis IX porte, notamment par sa mort à Tunis, lui conférant une image de roi sacrificiel, mourant hors de son royaume. Le contexte économique étant prospère, les guerres de défense et saintes sont utilisées pour fédérer une unité autour de son roi (on peut notamment penser à Bouvines, le 27 juillet 1214) et la continuité dynastique se perpétue grâce à ce que certains historiens appellent un « miracle capétien ». Il s’agit d’une période de 987 à 1316 où les rois suivants Hugues Capet sont tous des descendants directs. Philippe le Bel bénéficie donc d’un contexte plutôt propice à la manifestation de l’apogée de la monarchie capétienne lors de ce Moyen Âge tardif. Il devient roi à la suite de la mort de son père Philippe III, après une croisade en terres espagnoles. Il est sacré le 6 janvier 1286 à Reims, motif de légitimité. Concernant son règne, le renforcement de l’État est un axe fort à étudier. Constitué de chambellans mais aussi des juristes comme « Enguerrand de Marigny (1260 - 1315) ou Guillaume de Nogaret (1260 - 1313 », cet appareil d’État est une façon de gouverner que les historiens ont lu, en un parlementarisme

primaire, ou dans les extrémités, une autocratie ou une substitution au pouvoir royal. Mais en réalité, il est conseillé avant d’agir.

On peut voir une gestion du pouvoir qui se fait après une réflexion, en plus d’une théorisation de la souveraineté royale sur le royaume, cela permet au roi de se constituer comme un véritable roi qui dirige les affaires importantes de son État. Philippe le Bel donne à certaines offices (charges), un rôle plus politique comme les connétables qui gagnent en pouvoir militaire. Cette délégation des pouvoirs permet de structurer autour du roi, une cour non plus symbolique mais ayant un vrai rôle politique. Enfin, il met en place une justice royale qui prévaut véritablement sur les justices seigneuriales. Le roi siège à Paris pour rendre justice et des institutions sont créées ou abouties. La chambre des Comptes qui gère les officiers royaux ou encore le Parlement, institution dont les premières ébauches datent de Saint-Louis. À l’époque médiévale, le Parlement désigne la plus haute cour de justice de la monarchie, chargée de remplacer le roi dans son devoir de rendre la justice. Cette construction de l’État avec des spécialisations montre la fabrication d’une élite politique et dirigeante qui divise le pouvoir au travers des compétences de chacun. Un grand conseil est créé pour les questions politiques tandis que le Parlement est responsable de la justice et qu’enfin la chambre des Comptes s’occupent des questions financières. On peut également voir la corrélation entre le développement des universités lors de cette fin de Moyen Âge, qui produit des personnes très compétentes et assistent le roi dans ses tâches. Dans son exercice du pouvoir temporel, Philippe le Bel entreprend de le rendre plus populaire. Il crée donc les États généraux qu’il mobilise six fois essentiellement sur la question des Templiers et des finances, qui constituent les principales contestations de son règne.

L’imposition d’une monnaie chaotique

L’imposition de la monnaie par Philippe le Bel fut hésitante, un capharnaüm qui a fragilisé et permis de contester son pouvoir. Toujours avec son conseil, le roi introduit diverses monnaies qui

créent des fluctuations monétaires si importantes que des émeutes et des ligues nobiliaires font trembler l’État. Pour assainir les finances de l’État qui souffrent des dévaluations de monnaies bimétalliques, et permettre de financer les guerres de Guyenne et de Flandre, Philippe le Bel instaure des impôts, en plus de changer de monnaie, ce que les nobles contestent en invoquant le retour de la monnaie de Saint Louis. Ces impôts s’appliquent sur la vente de produits permettant non seulement de financer des guerres mais aussi de maintenir le train de vie de la cour.

Dans sa politique d’assainissement des finances, il souhaite détruire des puissances financières importantes : la communauté juive pratiquant l’usure et les Templiers. L’antisémitisme de Philippe le Bel est presque exclusivement sur la question financière. Il diffuse l’édit d’expulsion en 1306, qui est le résultat d’une longue politique antijuive. Cet édit exclut les Juifs en confisquant les biens, et annulant les créances que l’État a sur une communauté qui pratique l’usure (le nom donné aux intérêts) et qui forge l’image du Juif attaché aux deniers qui est très forte au Moyen Âge avec l’aspect communautaire de la vie. Concernant les Templiers,

c’est le sujet le plus dur car l’Ordre du Temple est un ordre religieux et militaire. Il touche un argent que le roi se verrait bien récupérer pour rembourser les coûteuses guerres mais aussi l’expulsion des Juifs qui est une perte de ressources importante (ces derniers payant des impôts sur la terre).

La lutte avec le pape Boniface VIII qui se conclut avec la fin de l’Ordre du Temple

Du côté de l’Église, la réforme grégorienne est en marche depuis près de trois siècles, elle vise à lutter principalement contre la simonie (volonté d’acheter des charges ecclésiastiques) et le nicolaïsme (le non-respect du célibat des membres du clergé).

Elle est réellement mise en place par Grégoire VII (1073-1085), non sans heurts avec les princes laïcs. Ce conflit, qu’on appelle la querelle des investitures, va opposer la papauté aux empereurs du Saint-Empire romain germanique, qui connaît sa première période de prospérité. Finalement, cette querelle sera conclue par le concordat de Worms en 1122, qui est un compromis plus qu’une décision franche. Bonifacio VIII, pape de 1294 à 1303, essaie de rehausser un certain prestige de la papauté. Nous avons donc dans cet épisode, un royaume de France en extension et en structuration et une papauté fortement diminuée depuis la fin de la querelle des Investitures. Jacques Krynen parle d’une « explosion de la théocratie pontificale »24.

Le casus belli des deux souverains

Une bulle papale fulminée25 en 1302, nommée Unam sanctam (les bulles papales sont appelées par les premiers mots du document original). Dans cette bulle, le pape exprime la supériorité de sa fonction sur les États, et les dirigeants de ces derniers. C’est une affirmation qui, dans les mentalités et les conceptions de l’époque, est particulièrement forte. Il est admis dans l’idée générale que Dieu a confié pour le gouvernement du monde que le glaive temporel soit pour les rois et le glaive spirituel pour le Saint-Siège. Il s’agit donc d’un tour de force. C’est après cela que les premiers États Généraux sont proclamés pour condamner le roi avec des prélats. La tension augmente de

Statue du pape Boniface VIII par Arnolfo di Cambio, vers 1298, conservée au Musée de l’Opéra du Duomo.

plus en plus, le pape menace d’excommunier le roi de France et de jeter l’interdit sur le royaume. Le roi envoie à Anagni, son futur garde des Sceaux Guillaume de Nogaret, qui est accompagné d’une garde militaire.

L’attentat d’Anagni de septembre 1303 est, d’un point de vue événementiel, une prise de ville faisant peu de morts mais symboliquement, une armée temporelle qui arrête le souverain pontifical, fait un scandale immense. Maurice Druon dans son célèbre ouvrage Les rois maudits, dresse un tableau fort abusif de la scène, il va jusqu’à donner une citation apocryphe à Boniface VIII qui est « Voilà mon cou, voilà ma tête ; je mourrai, mais je mourrai pape. »26 Sans aller jusque là, il y a effectivement arrestation du pape, et Jean Favier, auteur de l’autoritaire biographie de Philippe le Bel explique que le mythe de la gifle apparaît au XIXe siècle, dans une continuité de discréditer l’Ancien Régime. De plus, la suite de l’événement dessert Philippe le Bel : Boniface VIII meurt 1 mois plus tard après être tombé malade, le roi est donc considéré comme responsable.

Enfin, l’épisode de la fin de l’Ordre du Temple est une véritable synthèse des luttes de Philippe IV. En effet, le roi souhaite lutter contre tous les contrepouvoirs hors de son administration et combat ce qu’il appelle un État dans l’État. Il souhaite assainir les finances et donc recherche par l’anéantissement de l’Ordre, à se débarrasser d’une puissance financière extrêmement puissante, qui sont, en plus, des créanciers de l’État. Enfin, il a pour souhait de devenir la figure de proue du catholicisme. À ce moment-là, le pape est Clément V depuis 1305. La papauté n’est absolument pas étrangère à cet ordre puisqu’il est reconnu par cette dernière, par Innocent II depuis 1129. Pour arrêter cet ordre, Philippe le Bel se doit de réunir des preuves ainsi que des complices à l’arrestation de l’ordre. Ce qu’il fait, par l’intermédiaire de Esquieu de Floyran, ancien membre qui va développer la thèse idéale pour le roi. Un ordre où péché de sodomie, et autres pratiques obscènes au sein de l’ordre, notamment lors de rites initiatiques. Cet assemblage de preuves plus ou moins véridiques donnent à Philippe le Bel les moyens d’arrêter tous

Donjon de Gisors, dans l’Eure, où furent emprisonnés les dignitaires de l’Ordre du Temple.

les templiers simultanément le 13 octobre 1307. Cette arrestation de grande ampleur permet aussi au roi de forger cette image de souverain implanté de manière efficace sur tout le territoire. C’est donc une véritable assise que Philippe le Bel a pris lors de son règne et l’arrestation puis l’exécution de cet ordre, que nous ne détaillerons pas dans cet article mais que plusieurs ouvrages racontent de fort belle manière : Régine Pernoud, Les Templiers dans la collection Que Sais je ? est notamment une excellente introduction à cet ordre.

L’héritage de Philippe le Bel

Dans notre contemporanéité, Philippe le Bel a laissé beaucoup de choses notamment sur la structure politique, des institutions comme le fisc à la mise en place de la justice royale par exemple. Les conquêtes de territoires comme la région lyonnaise, lilloise ou encore la Champagne témoignent également de l’extension du pouvoir du roi. Sous Philippe le Bel, les alliances commencent à se tisser, notamment avec l’Écosse : l’Auld Alliance. Cette alliance nourrit un imaginaire de l’amitié franco-écossaise incassable, à tel point que lors de la Première Guerre mondiale, de nombreuses représentations de soldats français et écossais en amis fleurissent. Mais d’un point de vue de la mémoire, l’historiographie retiendra une légende noire que Maurice Druon, l’auteur du Chant des Partisans mais également des rois maudits, va largement répandre. Il donne les traits d’un roi implacable, intraitable et qui met la raison d’État avant tout, voire une certaine humanité.

Féodalité et seigneuries : la structure de la société médiévale

Motte castrale de Gisors en Normandie, symbole des débuts de la féodalité en Occident.

Bien qu’évoqué souvent sous un aspect très flou, le système féodal (du latin médiéval feodalis, qui signifie fief) regorge pourtant d’éléments complexes qui soulignent la façon dont la société médiévale occidentale était organisée. Ainsi, au Xe siècle c’est tout un fonctionnement politique, social et culturel qui s’implante sur les territoires, et qui va évoluer jusqu’au XVe siècle selon les cultures, les régions, et les différents évènements qui se succèdent.

Entre la compréhension du fonctionnement du système féodal, l’étude de la seigneurie et de son rôle au sein de la société médiévale, puis l’analyse de la vie quotidienne des seigneurs et des paysans, il est possible de mettre en évidence les aspects complexes que cachent un système très méconnu.

Le fonctionnement du système féodal

La société médiévale repose sur une organisation particulière, théorisée par Adalbéron de Laon au XIe siècle et dite des trois ordres. En effet, la société comporte premièrement les laboratores, qui travaillent, il s’agit du Tiers-État, notamment

les paysans ou les artisans, et qui composent 97% de la population. Viennent ensuite les bellatores, qui combattent, il s’agit de la noblesse, et les oratores, qui prient, il s’agit du clergé. La noblesse et le clergé sont des ordres privilégiés, c’est-àdire des lois particulières reconnues et protégées par le royaume. Cependant, il est important

de distinguer la société médiévale du système féodal. En effet, si la société médiévale est une organisation en trois ordres de la population, le système féodal est, quant à lui, un ensemble relationnel complexe entre un suzerain et son vassal. On appelle vassal un noble qui doit fidélité à un seigneur plus puissant que lui, son suzerain. Cette relation se joue à tous les échelons et une pyramide féodale se construit, sur laquelle on retrouve le roi au sommet, en tant que « Seigneur des seigneurs », puis les Grands nobles du royaume et jusqu’au petit seigneur local.

La cérémonie de l’hommage se place au centre de la relation entre le suzerain et son vassal. En effet, celle-ci est l’acte par lequel les deux individus s’engagent à interdire toute rivalité entre eux. Le vassal s’engage en offrant son aide et son conseil en cas de besoin de la part du seigneur. Plus précisément, le vassal s’engage à aider militairement le seigneur en cas d’attaque, mais également à lui fournir une aide financière, notamment si le seigneur est fait prisonnier et qu’une rançon est demandée. Inversement, le seigneur doit également s’engager envers son vassal. Cela se traduit notamment par le don d’un fief, avec lequel le vassal pourra générer des revenus, ou encore par la défense de son vassal contre les potentiels ennemis.

Cependant, il est nécessaire de rappeler que la féodalité est un système de relations sociales, dites féodo-vassaliques, qui ne concernent uniquement la noblesse. Il faut ainsi distinguer la féodalité de la seigneurie, qui est un véritable cadre de vie paysan et qui fera l’objet de la suite.

La seigneurie, cadre de vie fondamental dans les campagnes

Une seigneurie désigne un fief dirigé par un seigneur qui l’exploite pour en tirer des revenus. Il faut distinguer trois types de seigneuries différentes. Tout d’abord, la seigneurie foncière, qui est un modèle de seigneurie dans laquelle le seigneur fait valoir sa terre, notamment agricole, pour en récupérer des revenus. La seigneurie

Adoubement de chevaliers par Jean II le Bon. Enluminure du XIVe /XVe siècle, conservée à la Bibliothèque nationale de France.

banale, quant à elle, est une seigneurie foncière permettant à son seigneur d’exercer le ban, c’est-à-dire le pouvoir de commandement et de punition, à condition qu’il en soit titulaire. Enfin, la seigneurie domestique, qui fait du seigneur l’unique maître de sa familia, c’est-à-dire ses domestiques et ses proches. Cependant, la seigneurie qui nous intéresse principalement dans cet article est la seigneurie banale.

À partir du IXe siècle, le pouvoir carolingien perd de son influence, notamment dû aux invasions vikings. De plus, le pouvoir royal est incapable d’organiser la défense et doit faire appel aux seigneurs du royaume. Du point de vue seigneurial, cet affaiblissement du pouvoir royal explique l’usurpation du droit de ban par les petits seigneurs pour édifier leur seigneurie banale et construire leur pouvoir, tout au long du premier Moyen Âge.

Une seigneurie est toujours constituée de deux parties. Tout d’abord, la réserve est la propriété du seigneur qui l’exploite en faire-valoir direct. Il s’agit en moyenne d’un tiers de la superficie totale de la seigneurie. Le travail de ces terres est

22

Un paysan au travail. Iconographie du mois de mars tirée du calendrier paysan :

Les Très Riches Heures du duc de Berry, vers 1410, conservée au Musée de Chantilly.

Un clerc, un chevalier et un paysan, représentant les trois ordres de la société médiévale.

Illustration du XIIIe siècle tirée de l’ouvrage

Li Livres dou Santé, conservé à la British Library.

assuré par des serfs, des paysans non-libres qui dépendent d’une terre ou bien par des paysans libres devant des journées de travail au seigneur, ce sont les corvées. Ensuite, les tenures, petites parcelles de terre attribuées aux paysans, sur lesquelles ils ont la propriété utile en échange de redevances au seigneur. Les revenus que perçoit le seigneur sur les tenures sont triples. Premièrement, la taille constitue l’un des impôts principaux, qui se justifie par la protection que le seigneur doit assurer à sa population. Deuxièmement, les droits de justice, c’est-à-dire les amendes ou tout ce qui relève du droit de punir, dont les revenus peuvent être très variables, constituent une source de revenus majeure pour les seigneurs. Troisièmement, le seigneur peut imposer des taxes sur l’utilisation des banalités, qui sont des outils de travail financés par le seigneur pour ses paysans comme un four, un moulin, etc... L’utilisation de ces banalités peut être obligatoire pour les paysans et permet ainsi au seigneur d’augmenter ses revenus.

Au Moyen Âge, un conflit oppose l’Église et les seigneurs laïcs, c’est l’ Eigenkirche. Il naît avec la construction, par des laïcs, d’édifices religieux, notamment des églises. Cependant, en la construisant, ils en conservent la propriété et la gestion, ce qui leur permet de nommer ou de destituer le prêtre ou l’abbé à leur guise, sans autorisation de l’évêque. Cela ne plaît pas à l’Église qui ne voit pas d’un bon œil l’incursion des laïcs dans le fonctionnement de l’institution ecclésiastique. Ce conflit aboutit à la querelle des investitures puis au Concile de Latran, en 1179, pendant lequel le pape Alexandre III parvient à résoudre la situation en proposant un droit de patronat pour les laïcs. Le seigneur peut ainsi toujours proposer des noms mais il revient à l’évêque de procéder aux nominations.

Ainsi, la seigneurie constitue un cadre de vie fondamental dans la société paysanne du Moyen Âge. Elle bénéficie d’un fonctionnement quasiautarcique et est l’un des principaux agents d’encadrement de la population paysanne.

La vie quotidienne des seigneurs et des paysans

La vie quotidienne au Moyen Âge est très peu connue. En effet, les sources qui nous proviennent de cette époque sont très faibles et quand elles existent, sont issues de milieux nobles et adoptent un regard décalé de la réalité paysanne. Cependant, au XIIIe siècle, les paysans connaissent une situation très précaire, notamment due à la croissance démographique excessive. La taille des tenures se réduit de plus en plus pour permettre à toutes les familles d’exploiter des terres. Cependant, la diminution de la taille des tenures ne permet plus à de nombreuses familles de subvenir à leurs besoins. En effet, pour une famille moyenne, la surface idéale de la tenure se situe entre cinq et sept hectares. En réalité, en Namurois et en Picardie par exemple, 35 à 60% des familles paysannes possèdent moins de 1,5 hectare. Selon l’historien Robert Fossier, « sur dix paysans, quatre sont dans la gêne ou dans la misère, quatre vivent modestement, mais dans une certaine sécurité, deux connaissent l’aisance ».

Au Moyen Âge, l’alimentation est constituée principalement de bouillie, qui est, peu à peu, remplacée par le pain avec le progrès notamment des moulins. Alors qu’il est accompagné de vin et de viande à la table des plus aisés, il reste

complété par des légumes chez les paysans. On peut constater ici une hiérarchie alimentaire, héritée de l’Antiquité et reliant la terre au ciel. En effet, l’alimentation paysanne est en bas quand la nourriture des plus aisés est en haut de l’échelle, proche du ciel. Les aliments sont ainsi hiérarchisés selon leur proximité avec le ciel.

De plus, la vie quotidienne est rythmée par la religion. Dominant dans l’Occident médiéval, le christianisme règle la vie paysanne. Cela s’illustre par le son du clocher, qui permet à la population de se situer dans le temps, mais également par les fêtes religieuses, qui orchestrent la vie des fidèles tout au long de l’année.

La pyramide féodale, fonctionnement du système hiérarchique nobiliaire au Moyen Âge. Les relations féodo-vassaliques se construisent sur l’hommage prêté par un vassal à son suzerain et par la protection du suzerain à son vassal.

Pieter Aertsen, Fête villageoise avec danse paysanne, peinture à l’huile sur bois, 21,3 x 29, 4 cm, collection privée.

Qu’est-ce ? Une révolte ?

Sur ULULE du 1er au 31/10

UNIQUEMENT

10+ 15min 2-4

BASTILLE est un jeu de cartes simple et malin.

Votre but est d’obtenir le plus de points de victoire. Jouez des équipements gratuitement ou des personnages historiques en sacrifiant des cartes de votre main.

Mais attention : la défausse est visible et sert de pioche commune !

Non, Sire, c’est une RÉVOLUTION !

www.grapao.fr

contactgrapao@gmail.com

Catalogue • Magazine • Flyer • Brochure • Dépliant • Carte de visite • Carte commerciale

Carton d’invitation • Faire-part • Pochette à rabat • Plaquette • Menu • Affiche • Logo

Kakemono • Bannière web • Plan et Dessin vectoriel • Retouche photo • Montage photo

Catalogue • Magazine • Flyer • Brochure • Dépliant • Carte de visite • Carte commerciale

C arton d’invitation • Faire-part • Pochette à rabat • Plaquette • Menu • Affiche • Logo

Kakemono • Bannière web • Plan et Dessin vectoriel • Retouche photo • Montage photo

Catalogue • Magazine • Flyer • Brochure • Dépliant • Carte de visite • Carte commerciale

C arton d’invitation • Faire-part • Pochette à rabat • Plaquette • Menu • Affiche • Logo

Kakemono • Bannière web • Plan et Dessin vectoriel • Retouche photo • Montage photo

Catalogue • Magazine • Flyer • Brochure • Dépliant • Carte de visite • Carte commerciale

C arton d’invitation • Faire-part • Pochette à rabat • Plaquette • Menu • Affiche • Logo

Kakemono • Bannière web • Plan et Dessin vectoriel • Retouche photo • Montage photo

Catalogue • Magazine • Flyer • Brochure • Dépliant • Carte de visite • Carte commerciale

C arton d’invitation • Faire-part • Pochette à rabat • Plaquette • Menu • Affiche • Logo

Kakemono • Bannière web • Plan et Dessin vectoriel • Retouche photo • Montage photo

L’émergence de la France

Dans la conquête spatiale

Depuis quelque temps, la Seconde Guerre mondiale s’est achevée, la France Libre et les Alliés sont sortis vainqueurs de ce conflit mondial dévastateur. En France, l’heure est à la reconstruction du pays. Celle-ci est paralysée par deux conflits majeurs, en Indochine et en Algérie. Aux États-Unis, de sérieuses recherches s’ouvrent pour l’étude d’une potentielle exploration de l’espace, comme c’est le cas en URSS. Parallèlement à la Guerre froide, c’est une réelle concurrence qui se crée entre les deux nations.

Sous le IIIe Reich, en Allemagne, plusieurs scientifiques s’étaient livrés à la création d’un missile pour attaquer les populations civiles adversaires, principalement en Belgique et au Royaume-Uni. Ce projet eut pour nom « V2 ». Ce « missile balistique autopropulsé » s’illustre comme un modèle pour la création de fusées. Après la chute du IIIe Reich et la capitulation de l’Allemagne, les Alliés exploitent les recherches des allemands, en particulier celles sur le « V2 ». Ce sont les États-Unis qui se montrent les plus intéressés, en recrutant les scientifiques allemands – voire nazis – qui avaient œuvré sur le projet. De nombreux militaires et scientifiques saisissent déjà que l’exploration de l’espace est bientôt un sujet politique central, outil de puissance nationale, et se lancent dans des recherches.

En France, l’heure n’est pas à l’exploration de l’espace. La France est toujours paralysée par la guerre d’Indochine et les tensions en Algérie. C’est alors que certaines élites françaises favorables à l’exploration de l’espace décident de créer, en 1948, le Comité d’action scientifique de la Défense nationale – CASDN. Celui-ci a pour objectif de moderniser les armées et de faciliter la coopération entre militaires et scientifiques. C’est le général Maurice Guérin qui se montre le plus investi dans la cause et qui devient président du Comité. Il soumet alors au gouvernement de l’époque un projet qui n’est finalement pas exploité, faute de moyens.

Maurice Guérin était un général de division français qui fut très retentissant pendant la Première Guerre mondiale. Né en 1861, il commandait la 15e division d’infanterie coloniale qui s’illustra dans plusieurs batailles françaises. Il s’éteint à 89 ans en 1951 et n’a donc pas la chance de suivre la création du programme spatial français.

Une multitude de projets se sont développés partout en France. D’un côté, le Laboratoire de recherches balistiques et aérodynamiques (LRBA) se lance dès 1946 dans de profondes recherches sur le V2. Ils se lancent dans le projet d’un « super V2 », qui est abandonné quelques temps plus tard. Ils sont également chargés par l’Armée de terre de développer un missile anti-aérien. Ce projet est abandonné en 1958 mais permet un réel avancement dans les recherches. Le LRBA, toujours plus diversifié, est d’ailleurs l’initiateur de la famille fusée « Véronique ». Cette fusée, baptisée « Véronique » pour VERnon électrONIQUE, est développée dès 1949 et vise à créer la première fusée suborbitale française. Parallèlement, JeanJacques Barré, intéressé par ce domaine depuis déjà l’entre-deux-guerres, développe avec le LRBA la fusée EOLE. Celle-ci, d’abord carburée au pétrole, est convertie à l’alcool éthylique après une explosion lors d’un essai. Alors que l’EOLE est d’abord bien plus puissante que la Véronique, c’est grâce à de multiples versions toujours plus améliorées que la fusée Véronique devient le projet central de la conquête spatiale en France. Lancée pour la première fois en 1950, la première version n’atteint que 2000 mètres d’altitude, puis 135 kilomètres pour la version « Véronique NA », alors que le gouvernement français ambitionnait seulement 100 kilomètres.

Les recherches s’accentuent lors de l’Année géophysique internationale – AGI – entre juillet 1957 et décembre 1958, qui est un ensemble de recherches coordonnées à l’échelle mondiale, afin d’approfondir les connaissances des propriétés physiques de la Terre et du Soleil.

Depuis 1954, un scientifique qui était bientôt au cœur des recherches se fait remarquer par ses recherches poussées sur le sujet : Étienne Vassy. Il mène de multiples recherches et expérimentations sur la fusée Véronique. Comme l’opinion française était très réticente à ce sujet, les projets d’Étienne Vassy ne séduisent pas les élites et il est rapidement limité dans ses recherches. Certains vont même jusqu’à qualifier le concept de fusée de « terroriste ». C’est grâce à l’AGI que, à son issue, Étienne Vassy revient aux affaires et séduit le CASDN qui lui offre 15 petites fusées Véronique pour mener à bien ses expérimentations.

Les deux grandes puissances mondiales, l’URSS et les États-Unis, se livrent à de profondes recherches et se créent alors une sérieuse concurrence. Au 4 octobre 1957, l’URSS crée un choc dans le monde entier en envoyant le premier objet du monde satellisé par l’Homme. Un mois plus tard, ils réitèrent en envoyant dans Spoutnik 2, « Laïka », une chienne, qui fut le premier animal vivant à réaliser une orbite dans l’espace. C’est à partir de ces évènements que s’ouvre la course à la Conquête de l’Espace. Ainsi, les ÉtatsUnis se précipitent pour mettre en orbite leur premier satellite en février 1958, Explorer 1.

Jusque-là, les recherches en France se faisaient indépendamment des gouvernants français qui étaient préoccupés par leur situation à l’international ainsi que par la reconstruction du pays. Afin que les recherches se débloquent, il faut attendre l’arrivée au pouvoir de Charles de Gaulle en 1958 pour que les recherches se concrétisent. Celui-ci compte offrir à la France une place importante et affirmer sa souveraineté, tout en modernisant considérablement le pays pour faire entrer la France dans la « cour des Grands ».

C’est grâce à l’arrivée du général de Gaulle au pouvoir que se concrétise véritablement le projet Véronique. À l’issue de l’Année géophysique internationale, les chercheurs français développent une nouvelle version, baptisée « Véronique AGI ». C’est en mars 1959 que deux Véroniques sont lancées et atteignent 210 kilomètres d’altitude. Cette famille de fusées sera développée et expérimentée jusqu’en 1969 ! C’est d’ailleurs dans cette fusée qu’est envoyé dans l’espace le premier animal français, un rat du nom de Hector, ainsi que le célèbre chat Félicette en 1963.

Le satellite américain Explorer 1 lors de son installation dans la fusée Jupiter-C en 1958.

Il faut comprendre le rôle décisif de la pensée gaullienne dans l’investissement de la France au sein de la guerre des étoiles. Le Général de Gaulle souhaitait une France, sinon une Europe, à l’égale des deux grandes puissances de la deuxième moitié du vingtième siècle, à savoir les États-Unis et l’URSS, dans l’objectif de symboliser une troisième voie de paix et de coopération. Et cette « remontada française » passait évidemment par l’investissement français dans la conquête de la Lune, afin de rivaliser avec les plus grands.

Le général Guérin profite des ambitions du dirigeant français pour réitérer son projet auprès du Général de Gaulle. Convaincu, la France inaugure un premier organisme de recherches spatiales, la Société d’étude de recherches balistiques – SEREB –, en septembre 1959. Conscient que la France doit entrer dans cette conquête spatiale pour s’affirmer, Charles de Gaulle accepte la création du Centre national d’études spatiales – CNES. Celui-ci est inauguré par le gouvernement de Michel Debré en 1961. Et le programme spatial français fut.

Ainsi, la SEREB et le CNES créent un premier programme plein d’ambition pour la France. Ce fut le premier du programme spatial français. Baptisé avec originalité « Pierres Précieuses », le projet vise 27

L’émergence de la France

Dans la conquête spatiale

à acquérir toutes les connaissances nécessaires à la conception du premier lanceur orbital français : la fusée Diamant. Les chercheurs français développent ainsi une première fusée, Aigle, dès 1960. Ils développent une multitude de fusées en 1965 où toutes les connaissances sont réunies pour lancer – enfin ! – le lanceur orbital français, Diamant A. Celui-ci est lancé avec succès le 26 novembre 1965 et réussit à placer en orbite le premier satellite français : Astérix. C’est alors que la France s’impose comme troisième puissance spatiale dans le monde. Bien qu’elle ne soit pas la troisième à avoir envoyé un satellite dans l’espace, c’est la seule des pays européens à l’avoir fait avec ses propres moyens –beaucoup l’ont fait par le biais de fusées américaines.

Enfin, la France se fait une place dans la conquête de l’Espace. Elle s’associe à l’Allemagne et l’Angleterre pour développer « Diamant B » qui est un échec. Un projet européen se crée alors, supervisé par le CNES, et le lancement de la fusée « Ariane » en 1979 est un franc succès. Ariane est alors le leader mondial de lancement de fusée. À la coopération spatiale

européenne se substitue alors la France afin de mener un projet d’ambition dont l’objectif est, enfin, d’imposer l’Europe au sein des plus grands. C’est ainsi qu’après de délicates négociations, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne annoncent une collaboration étroite dans la conquête spatiale dès 1973. En 1975, tout se concrétise à travers la Convention de l’Agence spatiale européenne du 30 mai, à laquelle participent onze États européens. Plus que la France, c’est désormais l’Europe qui s’impose comme puissance d’envergure face aux géants opposés.

La Conquête de l’Espace s’est alors imposée comme un outil politique incontournable pour les plus grands, de façon à prouver la puissance de la nation et ses moyens technologiques. La France a su s’imposer grâce à plusieurs acteurs passionnés, à l’image d’Étienne Vassy et ses recherches, au général Maurice Guérin qui fut le premier à se positionner en faveur d’une conquête spatiale et au président de la République Charles de Gaulle qui, soucieux d’imposer la souveraineté de la France, a accompagné le développement d’une puissance spatiale.

Maquette des fusées Ariane 1 (gauche) et Ariane 5 (droite), exposées en taille réelle au Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget. Elles sont issues du projet spatial européen.

Infinite Quiz

Infinite-Quiz est un site web multilingue de quiz en ligne. Retrouvez de nombreuses fonctionnalités telles que la création de quiz avec l’IA, le choix du nombre de questions et même un mode multijoueur. Nos quiz sont tous sur des sujets variés, triés par catégories. Connectez-vous avec Google/Discord pour accéder à des avantages tels qu’un historique de vos quiz joués et commencez à concourir pour être le meilleur !

Site

https://infinite-quiz.com/

Discord

https://discord.gg/zfyaQvwxHK

“J’ai toujours été passionné par l’Histoire et la culture générale et comme j’apprends le développement web, j’ai voulu créer un site web pour que tout le monde puisse apprendre en s’amusant. Merci à ceux qui iront sur le site, j’attends vos retours !“

Shiido - Infinite-Quiz

30

« Paris libéré »

L’unité d’un peuple contre l’occupant

19 août 1944. Paris est depuis plus de quatre ans, et plus précisément depuis le 14 juin 1940, sous occupation allemande. Depuis plus de quatre ans, le drapeau à croix gammée de l’occupant flotte sur la tour Eiffel. Depuis plus de quatre ans, les Parisiens vivent la répression, la peur et même la faim. Et pourtant, depuis plus de quatre ans, la Résistance se développe et lutte contre l’occupant nazi. Le bruit de l’avancée des alliés se fait entendre à Paris et donne espoir à ceux qui, depuis plus de quatre ans, vivent dans la faim sous le joug des nazis.

19 août 1944. Les cheminots sont en grève depuis 9 jours suite à l’appel de la Confédération générale du travail. C’est le début d’une révolte parisienne. Cette fois, ce n’est pas contre le pouvoir en place telle que lors de la Commune, ou de la révolution de 1848. Non, cette fois, c’est contre l’occupant, l’ennemi, les « boches », comme on les surnomme vulgairement à l’époque. Elle commence par cette grève qui s’étend des cheminots à l’ensemble des professions, policiers compris. Les S.S. choisissent encore la terreur, et exécutent, en public, trente-cinq jeunes résistants. Seulement, il en faut plus pour empêcher le peuple de Paris de se libérer.

19 août 1944. La veille, le colonel Rol-Tanguy avait lancé l’ordre d’insurrection, en s’emparant avec les résistants parisiens de la préfecture de police. Forces de police et garde républicaine maintenant dans la main des insurgés, le 19 août 1944 marque avec ses premiers combats le début de la Libération de Paris. Le 20 août, la Résistance prend l’hôtel de ville. Mais les Insurgés manquent d’armes et d’hommes. Les combats sont nombreux, trop nombreux, dans tous les arrondissements de Paris. L’arrivée des Alliés est plus qu’attendue, elle est nécessaire. Ces derniers sont proches, à environ cinquante kilomètres de la capitale. Mais ils s’éloignent de Paris, contournant la ville pour se diriger vers la Lorraine. De Gaulle intervient « Je me vois obligé d’intervenir et de vous inviter à y envoyer mes troupes. »27 Ce sont donc les Français qui libéreront la capitale de la France. Le général Leclerc n’hésite pas, il envoie les blindés sur Paris. C’est ainsi que la 2e division blindée s’en va en direction de Paris, accompagnée de la 4 e division d’infanterie américaine. Le 23 août à six heures du matin, 15 000 soldats, 4 000 véhicules et 400 chars sont en route pour la capitale.

Le Général de Gaulle descend les Champs-Élysées vers Notre-Dame de Paris pour un office religieux.

Ce 23 août 1944, une jeune résistante du nom de Madeleine Riffaud, accompagnée de trois hommes, s’embarque en direction de la gare de Belleville-Villette sur ordre de l’état-major des Francs-tireurs et partisans (FTP). Il y a un train, et il faut l’arrêter. Les quatre résistants jettent tout ce qu’ils ont, les Allemands mitraillent, le conducteur tente une marche arrière. Bloqué, il faut faire vite, il y a quatrevingt SS dedans, les résistants ne sont que quatre. Par l’aide d’un cheminot, on détache la locomotive. Les Allemands se rendent. Ce 23 août 1944, cette jeune résistante, Madeleine Riffaud, a vingt-ans.

Deux jours plus tard, la 2e DB franchit les portes de Saint-Cloud, d’Orléans, de Gentilly, d’Italie. Le 24 août, les cloches de Notre-Dame sonnèrent pour la première fois depuis 1940. L’armée est entrée dans Paris, et elle ne pourra partir qu’une fois Paris libéré. Enfin, depuis deux jours, les combats sont toujours plus sanglants pour la population, qui combat les ennemis de l’intérieur. La Résistance tient tous les bâtiments de Paris. Le 25, c’est Leclerc qui passe la porte d’Orléans et rencontre Jacques ChabanDelmas sur la place Denfert-Rochereau.

Ce 25 août les combats sont violents, trop violents. Les Allemands cachés finissent par ne plus avoir le choix, il faut se rendre. La victoire approche. En ce 25 août 1944, le Général von Choltitz capitule. Rapidement, la signature de la capitulation des troupes nazies est faite à la gare Montparnasse avec le contreseing du colonel Rol.

Les cloches sonnent dix-sept heures. L’homme du dix-huit juin franchit les portes de la capitale. Le général Leclerc lui tend l’acte de la capitulation. Paris, après des jours de combat et des années d’occupation, est enfin libéré. Du ministère de la Guerre, que De Gaulle connaît bien, il s’en va pour l’Hôtel de Ville où il arrive seulement aux alentours de dix-neuf heures. Les Parisiens sont là, joyeux, déterminés et fiers. « Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! »28. Le chef du Gouvernement provisoire de la République française s’exclame devant ceux qui ont passé six jours dans une lutte acharnée pour libérer la ville Lumière.

Ce Paris libéré est un Paris exalté, partout on fait la fête, on célèbre la libération, on rit, on chante, on s’aime. C’est le Paris qui vit, le Paris d’antan. Le lendemain, on se réunit Place de l‘Étoile pour rendre hommage aux « libérateurs ». À quinze heures, De Gaulle se rend sur la tombe du soldat inconnu, puis, au côté des artisans de la libération de Paris, descend les Champs-Élysées sous l’acclamation des foules. Le Général se rendit ensuite à Notre Dame où retentit un Magnificat.

Le soir, Paris est bombardé. Cent-quatre-vingts-neufs morts sont à décompter. Le 29 août, les troupes allemandes sont assez éloignées vers l’Est. En France, les combats et la Libération continuent. Oui, ils continuèrent en périphérie du 27 au 29. Le 30 août 1944, Paris n’est enfin plus menacé. « Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! »

Foule de Parisiens lors du passage de la deuxième division blindée du Général Leclerc, le 26 août 1944.

d’informations sur www.theirmemory.org

"En préservant la mémoire de la Seconde Guerre mondiale, nous nous efforçons de préserver la paix"

“En préservant la mémoire de la Seconde Guerre mondiale, nous nous efforçons de préserver la paix“

Dossier de presse

Dossier de presse Their memory, c’est quoi ?

Histoire, missions, projets Their memory, c’est quoi ?

Histoire, missions, projets

Le blocus continental de Napoléon

Le 21 octobre 1805, Napoléon subit une défaite à Trafalgar, ce qui le contraint à abandonner son projet d’envahir l’Angleterre. Face à cet échec, il décide d’initier un nouveau type de conflit : la guerre économique. Pour affaiblir l’Angleterre, il met en place un blocus. Ce dernier est une mesure imposée par un ou plusieurs acteurs pour isoler une nation ou une région géographique spécifique. Il peut être partiel ou total, visant généralement à contraindre un adversaire à se soumettre aux demandes de l’initiateur du blocus.

Il existe deux principaux types de blocus. Le blocus naval, dans un premier temps, qui utilise des forces navales pour empêcher l’accès de navires, de marchandises ou de personnes à un port ou une région maritime spécifique, et le blocus terrestre, dans un second temps, moins fréquent, qui bloque physiquement l’accès terrestre à une région ou un pays en érigeant des barrières physiques ou en renforçant les frontières.

L’instauration du blocus continental

Le blocus continental est officiellement instauré par le décret de Berlin, le 21 novembre 1806, interdisant toute communication et tout commerce avec l’Angleterre. Chaque navire anglais, ou ayant fait escale en Angleterre, est saisi. Pour que le blocus fonctionne, Napoléon vise à l’imposer à l’Europe, et celui-ci prendra fin avec sa chute en 1814 et le retour de la monarchie.

En 1802, la paix d’Amiens marque un cessez-le-feu temporaire entre la France et l’Angleterre, mais aucun accord commercial n’est signé entre les deux nations. Cette absence d’accords indique que, malgré la paix officielle, la guerre économique continue de faire rage. En 1803, l’Angleterre déclare de nouveau la guerre à la France, saisissant les navires français et hollandais dans ses ports et envahissant les colonies françaises de Sainte-Lucie et de SaintPierre, ainsi que des comptoirs des Indes. En 1804, l’Angleterre annonce que tous les ports français sont sous blocus. Parallèlement, entre 1793 et 1805, la France promulgue plusieurs lois interdisant toute importation anglaise sur son territoire.

Le 20 juin 1803, après la rupture de la paix d’Amiens, les marchandises anglaises sont à nouveau interdites en France. Les industriels français voient dans cette interdiction une opportunité de protéger les

Soldats français veillant à ce qu’aucune marchandise anglaise n’arrive en France. Gravure sur cuivre colorée, Christian Gottfried Heinrich Geißler, 1824.

entreprises nationales de la concurrence étrangère, sans entraver l’exportation. Le blocus devient alors une mesure protectionniste et une arme politique pour affaiblir l’Angleterre.

Le blocus continental de 1806 s’inscrit dans le contexte d’une guerre économique entre les deux nations et dans la continuité de la politique française. La nouveauté réside dans l’ambition de Napoléon : pour que le blocus réussisse et affaiblisse l’Angleterre

économiquement, il faut priver cette dernière de son marché le plus important, l’Europe. En octobre 1806, après ses victoires sur la Prusse, la France domine une grande partie de l’Europe, ce qui lui permet d’appliquer le blocus.

En réponse, l’Angleterre édicte, le 11 novembre 1807, des ordres en conseil interdisant à tout navire non britannique d’accoster en Europe. Chaque navire neutre est également contraint de passer par l’Angleterre et de payer une taxe de 25 % sur la valeur de la marchandise transportée. Les Britanniques cherchent ainsi à transformer les territoires conquis par Napoléon en un «désert» économique, privant l’Europe de denrées coloniales.

Napoléon riposte avec le décret de Milan, le 17 décembre 1807, qui considère tout navire ayant été en contact avec un navire britannique comme anglais. Cette mesure est étendue aux navires américains, ce

Le blocus continental de Napoléon

qui contribue à un climat de tensions commerciales. En 1807, les Britanniques lancent une expédition pour détruire la flotte du Danemark, incitant le Danemark et la Norvège à rejoindre le blocus français. Avec ces deux blocus, il devient impossible pour les nations neutres de commercer.

Un blocus aux conséquences nombreuses

Cependant, le système continental conçu par Napoléon est voué à l’échec, car il est impossible de maintenir un système totalement fermé, ce qui entraîne des pénuries de matières premières. Face à cette réalité, Napoléon est contraint d’assouplir le blocus. Pour rétablir les relations commerciales avec les États-Unis et soulager les industries françaises, le décret de Trianon du 5 août 1810 permet l’entrée de marchandises américaines ou coloniales contre le paiement de taxes élevées. Un système de licences d’importation et d’exportation est également instauré.

Entre 1806 et 1813, les échanges européens sont entravés par diverses mesures, notamment le blocus continental, le contre-blocus britannique, les taxes et les permis. Finalement, le blocus continental prend fin avec la chute de Napoléon en 1814.

L’objectif principal du blocus continental était d’affaiblir l’économie anglaise pour précipiter sa chute. Cet objectif a été partiellement atteint, puisque dès 1806, les exportations anglaises vers le continent européen chutent significativement, entre 25 % et 55 %. Cependant, l’Angleterre, grâce à sa domination maritime, réussit à compenser cette perte en explorant de nouveaux marchés, notamment en Amérique du Sud.

L’attaque sur Copenhague et le contrôle de détroits stratégiques ont permis aux Britanniques de maintenir une résilience économique face au blocus.

Contrebandiers pendant le blocus continental. John Atkinson, 1808, conservé au Musée maritime national de Londres.

De plus, des zones sous domination anglaise sont devenues des bases de contrebande, affaiblissant l’impact du blocus. Avant le blocus, les industries anglaises dominaient le marché européen. Cette mesure protectionniste est devenue nécessaire pour protéger les vieilles industries françaises de la concurrence extérieure, favorisant ainsi l’industrialisation en France.

Malgré ces avantages, la France souffre de pénuries de matières premières. L’industrie du coton est particulièrement touchée, entraînant des crises de production et du chômage. À Paris, 40 % des fileurs et tisserands sont mis au chômage en 1807 en raison de la pénurie de coton. Les filatures doivent s’adapter en utilisant de nouvelles matières premières, ce qui augmente les coûts, ou recourir à la contrebande, avec tous les risques que cela implique.

Les grandes villes portuaires, comme Bordeaux, subissent également une forte baisse de leur activité. Le trafic maritime y est divisé par cinq, entraînant une paupérisation notable. À Bordeaux, sur une population de 90 000 habitants, près de 12 000 personnes vivent dans la pauvreté à la fin de l’Empire.

Entre 1810 et 1812, la France connaît une profonde crise économique, d’abord industrielle, puis agricole. La crise industrielle, marquée par la surproduction et la spéculation, est aggravée par les effets contradictoires du blocus. Bien que le protectionnisme favorise l’industrie française, il entrave l’approvisionnement en matières premières.

Sur le marché continental, les produits français, plus coûteux, sont concurrencés par ceux de contrebande et des industries moins chères de pays voisins. La mévente des productions nationales entraîne une réduction de la production et donc des emplois, diminuant la capacité d’achat des consommateurs français.

Le blocus a souvent été appliqué au détriment des autres pays européens, favorisant les entreprises françaises. Les produits français étaient parfois les seuls autorisés à la vente ou moins taxés, créant des tensions économiques. Les pays du Nord de l’Europe souffrent particulièrement de ces mesures protectionnistes, perdant leurs anciennes sources d’approvisionnement et débouchés, tout en étant soumis aux contributions destinées à financer les armées napoléoniennes.

La nécessité d’appliquer le blocus conduit à des guerres coûteuses pour l’Empire français. Les invasions du Portugal et de la Russie sont partiellement motivées par des tentatives de maintenir le blocus, mais ces efforts finissent par affaiblir l’Empire. De plus, le blocus réduit non seulement les exportations des pays du système continental, mais aussi celles de la France.

En conclusion, le blocus continental a profondément bouleversé les échanges commerciaux traditionnels entre les États européens. En coupant l’accès aux produits britanniques et coloniaux, il a entraîné des pénuries de matières premières, notamment dans les secteurs du textile et de l’agriculture. Bien que le blocus ait favorisé certaines innovations et la protection des industries françaises, il n’a pas réussi à atteindre son objectif principal : détruire l’économie britannique. Au contraire, l’Angleterre a su s’adapter et développer de nouveaux marchés. Finalement, le blocus continental a exacerbé les tensions entre la France et les autres puissances européennes, contribuant à l’affaiblissement progressif de l’Empire et précipitant la chute de Napoléon en 1814.

Napoléon Ier en costume de sacre, peinture à l’huile sur toile de François Gérard, 227 x 145 cm, vers 1805, conservée au Musée du Louvre.

Crédits photos

1ère de couverture : Sainte-Chapelle © Wikimédia Commons, Hardscarf CC-BY-SA

Page 4 : Florian Mazel © @neo sur Dailymotion

Pages 4-5 : Galerie des rois © Wikimédia Commons, Poulpy CC-BY-SA

Page 8 : Bataille de Bouvines © Wikimédia Commons, Domaine public

Page 9 : Saint-Empire romain germanique © Wikimédia Commons, Sémhur CC-BY-SA

Page 10 : Philippe Auguste © Wikimédia Commons, Domaine public

Page 11 : Royaume de France © Wikimédia Commons, Rocherd CC-BY-SA

Page 12 : La Descente du Saint-Esprit © Wikimédia Commons, Domaine public

Page 14 : Urbain II © Wikimédia Commons, Domaine public

Page 16 : Philippe IV © Wikimédia Commons, Domaine public

Page 18 : Boniface VIII © Wikimédia Commons, Domaine public

Page 19 : Donjon Gisors © Wikimédia Commons, Spedona, CC-BY-SA

Page 20 : Motte castrale Gisors © Wikimédia Commons, Nitot, CC-BY-SA

Page 21 : Adoubement © Wikimédia Commons, Domaine public

Page 22 : Paysan au travail © Wikimédia Commons, Domaine public

Page 22 : Clerc, chevalier et paysan © Wikimédia Commons, Domaine public

Page 23 : Fête villageoise © Musée des Arts Anciens, Domaine public

Page 23 : Pyramide féodale © Histoire & Mémoires

Page 27 : Satellite Explorer 1 © Wikimédia Commons, Domaine public

Page 28 : Ariane 1 et 5 © Wikimédia Commons, Pline CC-BY-SA

Page 30 : Général de Gaulle © Wikimédia Commons, Domaine public

Page 31 : Parisiens sur les Champs-Élysées © Wikimédia Commons, Domaine public

Page 33 : Napoléon dans son cabinet de travail © Wikimédia Commons, Domaine public

Page 33 : Soldats français © Wikimédia Commons, Domaine public

Page 34 : Le Général Bonaparte au pont d’Arcole © Wikimédia Commons, Domaine public

Page 34 : Contrebandiers © Wikimédia Commons, Domaine public

Page 35 : Napoléon en tenue de sacre © Wikimédia Commons, Domaine public

Page 40 : Sacre de Napoléon © Wikimédia Commons, Domaine public

Références

(1) p 12 : ELLUL Jacques, « Les institutions de l’Église », dans Histoire des institutions. Le Moyen Âge, Paris, PUF, 2013.

(2) p 12 : Profane : qui n’est pas de l’ordre du spirituel.

(3) p 12 : ELLUL Jacques, « Les institutions de l’Église », dans Histoire des institutions. Le Moyen Âge, Paris, PUF, 2013.

(4) p 13 : Laïc : toute personne ne faisant pas partie du clergé.

(5) p 13 : Simonie : achat/vente de biens ou encore de charges ecclésiastiques.

(6) p 13 : Nicolaïsme : non-respect de la règle de célibat des clercs majeurs.

(7) p 13 : BALARD Michel (dir.), Le Moyen Âge en Occident, Paris, Hachette Supérieur, 2017.

(8) p 13 : BALARD Michel (dir.), Le Moyen Âge en Occident, Paris, Hachette Supérieur, 2017.

(9) p 13 : BALARD Michel (dir.), Le Moyen Âge en Occident, Paris, Hachette Supérieur, 2017.

(10) p 13 : D’après les Dictatus papae du registre de Grégoire VII, II 55a, traduction de Augustin Fliche dans Histoire de l’Église, t. VIII, pages 79-80.

(11) p 13 : WALLERICH François, Église, société et pouvoir dans la chrétienté latine 910-1274, Paris, Atlande, 2023.

(12) p 14 : Interdit : arrêt et privation de toutes les cérémonies religieuses (excepté le baptême et éventuellement l’extrême-onction)

(13) p 14 : WALLERICH François, Église, société et pouvoir dans la chrétienté latine 910-1274, Paris, Atlande, 2023.

(14) p 14 : BALARD Michel (dir.), Le Moyen Âge en Occident, Paris, Hachette Supérieur, 2017.

(15) p 14 : PÉCOUT Thierry « Chapitre VI. Les pouvoirs de l’évêque : élargissement ou restriction ? » dans Structures et dynamiques religieuses dans les sociétés de l’Occident latin (1179-1449), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.

(16) p 14 : Potestas ordinis et potestas juridictionis : le pouvoir d’ordre et le pouvoir de juridiction

(17) p 14 : PÉCOUT Thierry « Chapitre VI. Les pouvoirs de l’évêque : élargissement ou restriction ? » dans Structures et dynamiques religieuses dans les sociétés de l’Occident latin (1179-1449), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.

(18) p 15 : Les canons de Latran I évoquent que l’évêque administre également les biens ecclésiastiques en plus des charges d’âmes.

(19) p 15 : PÉCOUT Thierry « Chapitre VI. Les pouvoirs de l’évêque : élargissement ou restriction ? » dans Structures et dynamiques religieuses dans les sociétés de l’Occident latin (1179-1449), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.

(20) p 15 : JEGOU Laurent, L’évêque, juge de paix : L’autorité épiscopale et le règlement des conflits entre Loire et Elbe (milieu VIIIe-milieu XIe siècle), Turnhout, Brepols, 2011.

(21) p 15 : MAZEL Florian, Nouvelle histoire du Moyen Âge, Paris, Seuil, 2021.

(22) p 15 : HENRIET Patrick, « Le pangrégorianisme et ses excès. À propos d’une nouvelle histoire du Moyen Âge », Le Moyen Âge, Tome CXXIX, 2023, pages 149 à 179.

(23) p 15 : Des chercheurs tels que Anne Massoni mettent en évidence la présence de nombreux clercs mariés, par exemple.

(24) p 18 : KRYNEN Jacques, Philippe le Bel et Boniface VIII, Interview sur la chaîne YouTube KTO TV, publiée le 02/02/2023, disponible sur : https://www.youtube. com/watch?v=-qDDZgWTIqE.

(25) p 18 : diffusée.

(26) p 19 : DRUON Maurice, Les rois maudits, Paris, Del Duca, 1977.

(27) p 30 : Charles de Gaulle, consulté sur : Ministère des Armées, « Libération de Paris 1944 : la France libérée », disponible sur : https://www.defense.gouv. fr/actualites/liberation-paris-1944-france-liberee-34

(28) p 31 : Discours de Charles de Gaulle, le 25 août 1944.

Bibliographie/sitographie

Le pouvoir royal, entre affirmation et expansion

• COVIAUX Stéphane et TELLIEZ Romain, Le Moyen Âge en Occident, Malakoff, Armand Colin, 2019.

• FLORI Jean, Philippe Auguste, Paris, Tallandier, 2007.

• GAUVARD Claude, Le temps des Capétiens (Xe-XIVe siècle), Paris, Presses Universitaires de France, 2013.

• GAUVARD Claude, La France au Moyen Âge : du Ve au XVe siècle, Paris, Presses Universitaires de France, 2010.

• ROUCHE Michel, BALARD Michel et GENÊT JeanPhilippe, Le Moyen Âge en Occident, Paris, Hachette Supérieur, 1990 [rééd. 2017].

• TELLIEZ Romain, Les Institutions de la France médiévale : XIe – XVe siècle, Paris, Armand Colin, 2009.

L’Église, une institution multiséculaire dominante

• ELLUL Jacques, « Les institutions de l’Eglise », dans Histoire des institutions. Le Moyen Âge, Paris, PUF, 2013.

• HENRIET Patrick, « Le pangrégorianisme et ses excès. À propos d’une nouvelle histoire du Moyen Âge », Le Moyen Âge, Tome CXXIX, 2023, pages 149 à 179.

• JEGOU Laurent, L’évêque, juge de paix : L’autorité épiscopale et le règlement des conflits entre Loire et Elbe (milieu VIIIe-milieu XIe siècle), Turnhout, Brepols, 2011.

• MAZEL Florian, Nouvelle histoire du Moyen Âge, Paris, Seuil, 2021.

• PÉCOUT Thierry « Chapitre VI. Les pouvoirs de l’évêque : élargissement ou restriction ? » dans Structures et dynamiques religieuses dans les sociétés de l’Occident latin (1179-1449), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.

• ROUCHE Michel, BALARD Michel et GENÊT JeanPhilippe, Le Moyen Âge en Occident, Paris, Hachette Supérieur, 1990 [rééd. 2017].

• WALLERICH François, Église, société et pouvoir dans la chrétienté latine 910-1274, Paris, Atlande, 2023.

Philippe IV, un roi à la quête des pouvoirs

• BEAUNE Colette, Naissance de la nation France, Paris, Gallimard, 1985.

• DRUON Maurice, Les rois maudits, Paris, Del Duca, 1977.

• FAVIER Jean, Philippe le Bel, Paris, Fayard, 1978 [rééd. 1998].

• KRYNEN Jacques, Philippe le Bel. La puissance et la grandeur, Paris, Gallimard, 2022.

• MINOIS Georges, Philippe le Bel, Paris, Perrin, 2014.

Féodalité et seigneuries : la structure de la société médiévale

• BnF Essentiels, La vie quotidienne au Moyen Âge, [En ligne], consulté le 20 septembre 2024, disponible sur : https://essentiels.bnf.fr/ fr/histoire/moyen-age/ c801e491-2d9c-4ded-8f66-1f15f54aa7b7-viequotidienne-moyen-age/article/4c2efcea-92c9-441c9206-e009a6b605e8-vie-quotidienne-moyen-age.

• MINOIS Georges, Histoire du Moyen Âge, Paris, Perrin « coll. Tempus », 2019.

• ELLUL Jacques, Histoire des institutions. Le Moyen Âge, Paris, Presses Universitaires de France, « coll. Quadrige », 2013.

L’émergence de la France dans la conquête spatiale

• DURAND DE JONGH France, De la fusée Véronique au lanceur Ariane une histoire d’hommes 1945-1979, Paris, Stock, 1998.

• MOLEY Vanessa, Hérodote, [En ligne], Conquête spatiale, Comment la France s’est hissée sur le podium, consulté le : 08 septembre 2024, disponible sur : https://www.herodote.net/Comment_la_France_s_ est_hissee_sur_le_podium-synthese-2577-88.php

• TELLIER Maxime, Radio France, [En ligne], La France dansl’espace:entreindépendanceetcoopérations,consulté le : 08 septembre 2024, disponible sur : https://www. radiofrance.fr/franceculture/la-france-dans-l-espaceentre-independance-et-cooperations-7052854.

• VARNOTEAUX Philippe, « À la conquête de l’espace ! », L’Histoire, mensuel 261, 2002.

« Paris libéré », l’unité d’un peuple contre l’occupant

• CHEVANDIER Christian, La libération de Paris. Les acteurs, les combats, les débats, Paris, Hatier, 2013.

• Ministère des Armées, La Libération de Paris [1944 : la France libérée 3/4], [En ligne], consulté le 17 septembre 2024, disponible sur : https://www. defense.gouv.fr/actualites/liberation-paris-1944france-liberee-34.

• MURACCIOLE Jean-François, La Libération de Paris. 19-26 août 1944, Paris, Tallandier, 2013.

Le blocus continental de Napoléon

• BRANDA Pierre, « Les conséquences économiques du blocus continental » dans Revue du Souvenir Napoléonien, N°472, septembre-octobre 2007, pp. 21-30.

• CROUZET François, La crise industrielle française de 1810-1811, Cambridge, Presses Universitaires de Cambridge, 2017.

• MARZAGALLI Silvia, « Napoléon, l’Europe et le blocus continental » dans Napoléon et l’Europe, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2002, pp. 71-90.

• MURACCIOLE José, « Napoléon et l’aide aux manufacturiers en 1810 – 1811 » dans Revue du Souvenir Napoléonien, N°257, janvier 1971, pp. 13-14.

• ROLLET Catherine, « L’effet des crises économiques du début du XIXe siècle sur la population » dans Revue d’Histoire moderne et contemporaine, tome 17, N°3, 1970, pp. 391-410.

• SOBOUL Albert, Le Premier Empire : 1804-1815, coll. « Que sais-je ? », Paris, Presses Universitaires de France, 1980.

Histoire & Mémoires :

un projet qui vise à faire découvrir

ou redécouvrir l’Histoire à toutes et à tous !

Ce magazine est l’un des formats centraux que vous proposent les bénévoles d’Histoire & Mémoires !

Profitez de nombreux articles écrits par des volontaires qui souhaitent vous faire découvrir des moments parfois méconnus de l’Histoire !

Vous êtes étudiant ou avez une formation en Histoire et vous souhaitez participer à ce projet ?

Vous pouvez nous envoyer votre candidature sur le site web ! Nous avons besoin de vous !

Qu’attendez-vous

Rejoignez-nous

!

?

Une équipe active et amicale

Sondages, jeux, giveaways, débats, magazines, vidéos, posts, articles, etc.

https://www.youtube.com/@histoire-memoires

https://www.instagram.com/histoire.memoires/

https://www.facebook.com/histoire.memoires

https://x.com/HistoMemoires

https://discord.gg/ruwSegzXFF

https://histoire-memoires.fr Site internet Serveur Discord

LE MOT DE LA FIN

Nous vous remercions pour avoir lu ce 4 e numéro de Histo’Mag. Le défi était complexe pour rendre attrayant un thème très peu traité à l’École. Nous espérons malgré tout avoir réussi à vous faire découvrir la période médiévale. N’hésitez pas à acheter un exemplaire du magazine depuis notre site !

Axel - Président de Histoire & Mémoires

La version papier de ce magazine est imprimée par Helloprint B.V. dont le siège social est situé au 89 Schiedamse Vest, 99135 Rotterdam, Pays-Bas.

@histoire-memoires

info@histoire-memoires.fr

https://histoire-memoires.fr

Le Blocus Continental de Napoléon

Découvrez comment Napoléon Ier a tenté d’affaiblir économiquement l’Angleterre en instaurant un blocus continental inédit, visant à isoler le royaume du reste de l’Europe. Cette stratégie, mise en place en 1806 après la défaite de Trafalgar, a bouleversé les échanges commerciaux européens, créant des pénuries de matières premières et des crises économiques majeures en France et au-delà. Bien que le blocus ait stimulé certaines innovations industrielles, il n’est pas parvenu à détruire l’économie britannique, contribuant à la chute de l’Empire en 1814. Une plongée fascinante dans les rouages d’une guerre économique.

Rendez-vous page 33 !

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.