Supplément LOKAL n°3

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ÉDITION SPÉCIALE

FÉVRIER 2024

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DANS LES COULISSES D’UNE INDUSTRIE

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Quelle place pour la

Production locale

DANS LA GRANDE DISTRIBUTION ?


LES ENTREPRISES S’ENGAGENT DANS LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE GRÂCE AU PROGRAMME ASSURE Le programme assURE finance la mise en place d’un système de management énergétique (SMEn) pour les industriels Réunionnais

Quelques chiffres sur le SMEn :

5 à 10% de réduction

de la consommation énergétique grâce au suivi des consommations

30 % de réduction de la

consommation énergétique, en mettant en place les actions identifiés par le SMEn

Ils se sont engagés dans la démarche

EN PARTENARIAT AVEC La communauté assURE 11

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Sommaire & Edito 04

Pour une production locale, responsable, durable et innovante

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Depuis la crise Covid et les guerres qui impactent l’équilibre mondial, nous avons retenu que tout miser sur les importations était un pari risqué, à plus forte raison lorsque l’on doit faire avec son insularité. Mais loin de décourager les Réunionnais, ce constat a éveillé les consciences, suscité des vocations et permis de créer de formidables initiatives en vue de développer notre production locale et même d’exporter nos savoir-faire. Un atout qui est aussi un gage d’avenir pour notre industrie réunionnaise comme le souligne Michel Dijoux, président de l’Adir. Dans un tel contexte, l’autre enjeu immédiat, c’est aussi notre énergie qui, en l’occurrence, a su s’adapter et, après plus de 2 ans d’efforts, transformer notre centrale EDF du Port afin qu’elle puisse se convertir à la biomasse et ne plus dépendre des hydrocarbures.

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© SERGE MARIZY

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| 04 - 05. Lokal news | 06 - 09. La Réunion, territoire d'industrie | 10. Entreprise innovante | 12 - 16. Le dossier | 18. Les filières | 20 - 24. Agriculture | 26 - 27. Tour de tables | 28 - 29. Bien dans mon assiette | 30 - 33. Artisans | 34. L'énergie de demain | 35. Comment mieux produire | 36 - 38. Économie circulaire “ Spécial Lokal ”, supplément gratuit du Quotidien • Directrice de la publication : Carole Chane-Ki-Chune • Directeur : Vincent Vibert • Directeur des ventes : Florent Bosc • Responsable de développement des produits : Jean-Pierre Hugot • Rédaction : Stéphane Maïcon, Véronique Weber • Maquette et relecture : Prépresse SAFI • Régie publicitaire : 0262 92 15 12 - email : resa.regiepub@ lequotidien.re • Prépresse : SAFI • Impression : NID La Mare, Sainte-Marie.

D’autre part, pour limiter leur empreinte carbone, de plus en plus d’entreprises privilégient l’économie circulaire, les comportements responsables et durables. Cementis, STS et Bourbon Packaging en sont, comme vous le lirez dans ce supplément, des exemples probants. Vous verrez également comment la grande distribution s’investit dans la production locale en favorisant les produits issus de notre économie, en soutenant les filières, les agriculteurs et éleveurs. L’occasion pour nous de vous faire découvrir les rouages d’un partenariat et surtout, grâce à notre série de portraits, de vous dévoiler des parcours de vie et de mettre en lumière des talents.

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L’ACTU EN BREF

lokal NEWS La SAPMER reprise par CANA TERA la holding de Jacques de Châteauvieux Jacques de Châteauvieux va reprendre les rênes de la Sapmer avec un pool d'investisseurs réunionnais qui injecteront 20 millions d'euros dans le capital du seul armement français coté en Bourse. En vente depuis 2021, l'entreprise spécialisée dans la pêche à la légine, à la langouste et au thon, est en effet reprise par l’homme d’affaires réunionnais et plusieurs investisseurs locaux dont l’identité n'a pour l’heure pas été dévoilée, mais ils amènent avec eux une enveloppe de 20 millions d'euros qui permettra d'augmenter le capital. Cet accord financier qui doit encore être validé lors d'un prochain conseil

d'administration, s'accompagne d'un engagement des banques à suspendre, pour deux ans, les remboursements des dettes de moyen et long terme, tout en conservant une continuité pour l'entreprise. Ce qui permet à l’entreprise de garder un ancrage réunionnais renforcé et l'intégrité de ses activités.

Promouvoir le savoir-faire péi dans le secteur agroalimentaire En collaboration avec la chambre de métiers et de l’artisanat (CMAR), Le Club Export Réunion a annoncé il y a peu le lancement du premier Groupement d’Exportation Collaborative réunionnais. Dix entreprises locales dans l’agroalimentaire (Arrangés Blard, Bananeraie bio de Bourbon, Brasserie de l’Ouest, Calicoco, Chatel, La confiserie d’Émilie, La part des anges, Nature d’ici et d’ailleurs, Provanille et Royal Bourbon Industrie) se sont en effet regroupées au sein d’une entité 04

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commune, baptisée “ Émotion intense, un avant-goût de l’île de La Réunion ” proposant trois gammes de produits tropicaux – spiritueux/bières, épicerie et confiserie fines. Le groupement a défini son offre complète de produits gourmands, à destination des marchés de la Suisse et de la Belgique (hôtels, cavistes et épiceries fines). Cette initiative, dont l’objectif est de mutualiser les coûts pour exporter les produits locaux ouvre de nouvelles perspectives pour les PME désirant s’agrandir à l’international.

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salon de l’Agriculture

L’excellence locale au sein du village Réunion de 800m2

La plus grande foire agricole de France bat son plein depuis le 24 février. Jusqu’au 3 mars prochain, ils sont 37 exposants répartis sur 800m2 d’espace dédié à La Réunion et regroupés au sein du Pavillon des régions Outremers et du Monde dans le Hall 5.2, avec pour seule ambition de défendre les couleurs des produits locaux : vanille IGP, rhums, sucre de canne, ananas Victoria, mangues, fruits de la passion, curcuma, foie gras au goyavier, samoussas, plantes aromatiques, chocolat, etc. pour séduire les 650 000 visiteurs qui se presseront Porte de Versailles. À travers ce Village Réunion, le Département, la Région, la chambre d’agriculture et L’IRT, souhaitent “ mettre en lèr ” le savoir-faire et l’excellence des agriculteurs et des artisans de La Réunion. Objectifs : donner une meilleure visibilité et un rayonnement particulier aux produits péi, aux producteurs et au territoire ; et faciliter l’identification des produits locaux, des producteurs et bien entendu de La Réunion.


L’ACTU EN BREF

Rhum agricole

Un deuxième mandat pour Dominique Vienne

L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.

La nouvelle ambition d’Isautier

© RÉGION RÉUNION

à la tête du Ceser

Nouveau projet de la maison Isautier, la future distillerie agricole de Bérive verra le jour sur le domaine historique de la famille Isautier, situé à cheval sur les communes de Saint-Pierre et du Tampon. La production de rhum agricole représentant aujourd’hui 5 % de la production totale de rhum de la distillerie fondée en 1845, la maison Isautier va donc renouer avec son passé lointain en créant une distillerie de rhum agricole sur ses terres historiques de Bérive. Et c’est une stratégie de conquête de marchés, et non plus seulement un

Cyril Isautier, directeur du pôle Isautier Boissons. projet touristique, qui s’annonce. Des rhums qui auront vocation à conquérir les amateurs de rhum agricole à La Réunion, en métropole et à l’étranger.

Coopération régionale le patrimoine végétal, acteur fondamental

Le 5 février dernier, s'est tenue l'élection de la nouvelle présidence du Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser), avec Dominique Vienne réélu à la majorité. Assemblée regroupant un bureau de 55 membres répartis en 4 collèges, comprenant des représentants d'entreprises, des salariés, des associations et des personnalités qualifiées, le Ceser a pour but d’ouvrir la voie et d’éclairer l’action publique de par ses avis, ses préconisations, auprès de la collectivité régionale et plus largement de l’ensemble des responsables politiques locaux et des décideurs publics.

Fusionner la culture, l'environnement et l'économie, en tirant parti de l'histoire, de la richesse et des particularités du patrimoine végétal de l'océan Indien, c’est tout l’enjeu de l’initiative “ La Route des Plantes et le Chant des Forêts ” qui a débuté en 2023 grâce au programme de coopération régionale O.I. de l’UE Interreg IV et de la Région Réunion. Ce projet vise à structurer et à fédérer un réseau d'acteurs professionnels du domaine végétal en établissant un programme d'échanges pour la création d'une plateforme numérique innovante de contenus, de formations et de produits liés à la richesse végétale de l'océan Indien. Objectif : promouvoir la valorisation et la préservation de l’héritage botanique de la zone tout en stimulant le développement économique local et régional inter-îles. FÉVRIER 2024 LOKAL

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LA RÉUNION, TERRITOIRE D’INDUSTRIE

Michel Dijoux Président de l’ADIR

INTERVIEW Quelles sont les perspectives d’avenir pour notre industrie ? Pour moi, le commencement d’une industrie, c’est avant tout le marché. Or, le nôtre est limité. Nous pouvons investir dans de nouveaux gisements industriels qui vont remplacer l’importation, mais l’étape suivante c’est de s’ouvrir sur l’exportation. Ce qui appelle deux réflexions : tout d’abord vers quel territoire et sous quelles normes ? En second lieu se pose la question du niveau de prix de nos produits. En effet, si l'on vise des pays voisins comme l’Île Maurice, Madagascar, L’Afrique du Sud ou L’Inde, on constate d’emblée que ces territoires n’ont pas les mêmes normes et qu’ils n’ont pas du tout les mêmes niveaux de coûts. Aussi, pour aller chez eux, il faut que nous soyons le plus automatisés possible si nous voulons jouer sur les économies d’échelle. Nous serons plus cher mais avec un niveau de qualité intéressant. Ce marché régional existe-t-il déjà ? Sur certains secteurs oui. Toutefois, dans notre approche, nous ne devons pas nous restreindre. En ce qui me concerne, je milite pour une exportation en dehors du bassin régional. Je pense à L’Europe, L’Asie et Les États-Unis. Pourquoi devrions-nous nous imposer des barrières. Ne restons pas prisonnier de notre bulle culturelle. Le but étant d’entrer dans cette 06

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“Ne restons pas prisonnier de notre bulle culturelle” bservateur privilégié de l’économie de notre île, le Président de l’ADIR Michel Dijoux a le regard tourné vers l’avenir. Pour le chef d’entreprise qu’il est aussi, l’industrie réunionnaise doit aujourd’hui partir à la conquête du marché mondial. liste de produits que constitue le marché mondial. Dès lors, les coûts de production ne sont plus les mêmes ; nous serons moins contraints. Car le revenu moyen d’un Américain par exemple n’a aucune commune mesure avec celui d’un habitant de la zone Océan Indien. Ce qui offre immédiatement des perspectives différentes. Comment parvenir à ce nouveau modèle économique ? Nous devons résoudre deux équations. D’une part, comment sortir de chez nous, ce qui relève de la barrière culturelle et comment entrer chez eux, soit un problème purement technique. Or, sur ce second point, La Région, La France et L’Europe

nous accompagnent dans nos investissements grâce par exemple au soutien logistique à l’export. Ensuite, dépasser ses propres limites, qu’elles soient culturelles ou géographiques est un sujet qui doit aujourd’hui interroger chaque entrepreneur réunionnais. Puis il convient de faire un choix : soit je transporte mon produit, soit je transporte mon savoir-faire. Sur les territoires où les prix de vente potentiels sont plus élevés, je peux faire de l’exportation tandis que là où les coûts sont plus bas, il est préférable d’amener mon savoir-faire. Une fois sur le marché, il faut savoir mêler deux approches culturelles différentes afin de comprendre comment mon partenaire


LA RÉUNION, TERRITOIRE D’INDUSTRIE

fait des affaires et comment nous pouvons collaborer. Pour nous, c’est un véritable Eldorado, car ne serait-ce que 1 % de ce marché, c’est déjà énorme. Nous avons un boulevard devant nous mais il faut que les mentalités changent. Notre savoir-faire industriel bien aiguisé doit maintenant sortir de La Réunion. Je pense que 70 % des entreprises de notre île peuvent s’implanter ailleurs. Au lieu de s’entretuer sur un marché limité, il faut voir plus loin. Et en l’occurrence, la chance que l’on a, c’est que tout reste à faire. Y a-t-il d’autres options de développement industriel ? Nous pouvons également élaborer chez nous des produits que nous ne fabriquons pas encore avec des entreprises extérieures qui ont la volonté d’entrer sur le territoire européen et pour lesquels nous pouvons jouer le rôle de courroies de transmission. Car même si nous n’avons pas le savoir-faire, nous connaissons les circuits de normalisation et nous pouvons leur faire gagner beaucoup de temps. C’est ce que l’on appelle une joint-venture, soit une association d'entreprises ayant pour objet la réalisation d'un projet commun.

Nou la fé, 15 ans déjà ! En 15 ans, la marque au petit logo vert est devenue le symbole du “ made in Réunion ”. Agriculteurs, artisans ou industriels, “ Nou la fé ” s’adresse à tous les acteurs et identifie les produits fabriqués à La Réunion, quels que soient les secteurs d’activités et est accessible à toutes les marques, locales, nationales voire même internationales. Audelà des produits alimentaires, “ Nou la fé ” regroupe tous les produits fabriqués, transformés ou assemblés à La Réunion, qu’ils soient destinés au grand public ou aux professionnels. Parce que le label

valorise la production et l’activité sur le territoire pour tous les types de produits, son attribution est indépendante de l’origine des matières premières. D’autre part, le logo fait désormais référence à une certification qui atteste non seulement de l’origine de production mais également de l’engagement des détenteurs pour le territoire : respecter l’environnement, préserver les savoir-faire, valoriser les productions et reconnaître les capacités d’innovation, mais aussi favoriser le développement économique, social et sociétal de l’île.

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LA RÉUNION, TERRITOIRE D’INDUSTRIE

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orte de plus de 50 ans d’expérience, Soboriz est une marque réunionnaise qui a su répondre à la demande locale dans un environnement concurrentiel fort. Créatrice d’emplois, l’entreprise s’est imposée grâce à son esprit d’innovation et sa maîtrise de la qualité des matières premières. 08

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LA RÉUNION, TERRITOIRE D’INDUSTRIE

Soboriz, la marque locale par excellence Depuis sa création en 1968 et jusqu’en 1991, Soboriz fut l’unique rizerie de La Réunion. Durant cette période, elle occupait 80 % des parts du marché. Puis, trois nouveaux opérateurs ont fait leur apparition dans le paysage du riz réunionnais : Soderiz à Saint-Pierre, UCR au Port et La Compagnie des Grains du Capricorne. En 1997, Soboriz intégrera Marbour, un groupe dédié à l’alimentaire qui compte un millier de salariés de par le monde et, en 2003, se verra dotée d’une toute nouvelle unité de production, moderne et entièrement automatisée, capable de traiter 150 tonnes de matières premières par jour. La provenance du riz usiné par ces robots fluctue en fonction des prix et de la disponibilité. Toutefois, le Basmati vient du Pakistan et de L’inde, les riz parfumés de Thaïlande, du Cambodge et du Vietnam et les riz non aromatiques, de tous les pays déjà cités mais aussi d’Europe : Grèce ou Italie. Après réception du riz brut, en vrac, par containers de 25 tonnes, celui-ci est stocké par variétés dans les 14 silos prévus à cet effet. La première phase d’usinage est le nettoyage qui s’effectue sans eau ni produit chimique. Les grains passent à travers des

SOBORIZ EST UNE INDUSTRIE QUI TEND À RÉDUIRE SES EMBALLAGES, NE PRODUIT QUE PEU OU PAS DE DÉCHETS ET NE REJETTE AUCUN EFFLUENT D’EAU. aimants, une étape qui permet également d’aspirer les pailles puis ce sera l’épierreur. La seconde phase consiste à blanchir le riz grâce à des meules rotatives de pierre. Une opération délicate durant laquelle il faut veiller à ne pas casser les grains. Puis viendra une étape tout aussi minutieuse : le polissage qui donnera au riz sa brillance. Le tri s’effectue ensuite grâce à des caméras colorimétriques. Les grains non conformes sont écartés par un flux d’air, juste avant d’en éliminer l’excédent de brisures. Après une nouvelle phase de stockage, le riz sera ensaché, un processus entièrement automatisé. L’entreprise emploie aujourd’hui 40 salariés dont 3 seulement s’occupent de l’usinage en flux permanent. Une dizaine travaille au conditionnement tandis que le reste des effectifs se charge de la maintenance, des

parties administrative et commerciale. À elle seule, Soboriz occupe un tiers des parts de marché et 50 % de celui-ci avec UCR et Soderiz. L’autre moitié étant issue de l’importation, soit un environnement concurrentiel plutôt rude dans la mesure où notre riz transformé localement n’est pas protégé par l’octroi de mer. Aussi, pour faire la différence, Soboriz mise sur la qualité de ses produits. Afin d’offrir aux consommateurs un riz répondant aux normes sanitaires européennes, exempt de pesticides et de mycotoxines, l’entreprise missionne un laboratoire indépendant qui va réaliser des analyses sur tous les lots avant leur départ pour notre île. Une conformité exigée par le contrat d’achat qui constitue aussi un engagement s’inscrivant dans la démarche RSE que suit Soboriz, industrie qui tend à réduire ses emballages, ne produit que peu ou pas de déchets et ne rejette aucun effluent d’eau. Dans le même esprit, elle a également investi dans un système de pilotage et de monitoring de la consommation d’électricité afin de mieux gérer ses dépenses en énergie. En outre, une centrale photovoltaïque dédiée à 100 % à l’autoconsommation est sur le point d’entrer en service. Enfin, Soboriz a signé un partenariat avec la Banque alimentaire des Mascareignes à qui elle offre tous les ans plus de 10 tonnes de riz.

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ENTREPRISES INNOVANTES

Mozza run success story péî algré sa jeunesse, “ Mozza Run ” a déjà conquis le marché local. Un succès fulgurant que l’on doit à la petite équipe conduite par Alessandro Lampis, chef cuistot d’origine italienne qui a su proposer, grâce à sa mozza péï, une très belle lecture de notre métissage. Grandi à Turin entre une mère assistante sociale et un père barista, Alessandro Lampis se souvient avec émotion des vacances en Sardaigne et de ces petits déjeuners pris en famille, sur la terrasse qui donnait sur la mer. Il se régalait alors de pain sec frotté à la tomate, d’un bout de saucisson, de la ricotta encore tiède du grand-père et d’une goutte de vin pour se mouiller la bouche. Pas tellement attiré par l’école, il sait intuitivement qu’il aime le côté manuel de la restauration et oriente ses études en ce sens. Son diplôme de cuistot en poche, il éprouve une profonde envie d’ailleurs et quitte l’Italie à 19 ans. Europe, Asie, il change de pays tous les ans jusqu’à ce qu’il rencontre celle qui allait devenir son épouse et décide de mettre un terme à ses incessants voyages. Un ami lui a vanté les mérites de La Réunion où il posera ses valises en 2013. Il tombe d’emblée sous les charmes de notre île : les paysages, les épices et 10

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les Réunionnais chez qui il retrouve une chaleur lui rappelant sa Méditerranée. L’Italien se remet rapidement à la pizza mais il est aussi confronté à la piètre qualité des produits disponibles.

Et la mozzarella, c’est bon quand c’est frais Au-delà de 8 jours, le meilleur de son goût s’est envolé. Alessandro ne voit qu’une option, l’élaborer sur place à partir de lait importé d’Italie. Les premières boules de Fior di latte sortiront du labo de “ Mozza Run ” en mars 2021. C’est un projet artisanal avec un support technologique important, pour autant le fromage à pâte filée est toujours façonné à la main. En outre, Alessandro a immédiatement compris l’intérêt qu’il y avait à marier son produit au terroir local. À la vanille bleue des Leichnig, au galabé d’Alexis Rivière, au thé blanc de Johny Guichard. “ Le métissage, c’est mon fil rouge ”.

Alessandro Lampis avec une partie de l'équipe C’est aussi, une lecture très intelligente de ce qui fait l’identité réunionnaise, une compréhension instinctive de la manière dont notre culture s’est appropriée les bouchons chinois, les samoussas indiens ou les sardines Robert ! Le chef d’entreprise espère bien que sa mozza connaîtra le même destin. Avec déjà 85 tonnes vendues en 2023, il se pourrait bien que le rêve devienne réalité. Des chiffres qui, au bout de 3 ans d’activité, lui permettent déjà d’agrandir son laboratoire, de consolider le marché en élargissant sa gamme, de contrôler la distribution et d’envisager sérieusement de s’installer plus loin dans la zone Océan Indien : Maurice, Seychelles, Maldives ou Madagascar.



LE DOSSIER

GRANDE DISTRIBUTION

Quelle place pour la production

locale ?

ujourd’hui, les enseignes constituant la grande distribution sur notre île proposent des produits issus des circuits courts : fruits, légumes et viandes mais aussi hygiène et entretien. Mais comment s’organise ce partenariat et en quelle proportion ? 12

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“ Nous sommes la version moderne de la boutik chinois ”, indique MaryPierre Lao-Ouine Terrée, administratrice de la région Réunion chez Système U, troisième opérateur sur l’île, avec environ 18% de part de marché . “ Une grande partie étant effectivement des commerçants d’origine chinoise qui ont fait grandir leurs boutiques. Celles-ci demeurant des exploitations familiales, pour certaines depuis 3 générations, ce qui signifie qu’ils connaissent bien leurs clients et inversement ”, précise encore celle qui en est l’exemple probant puisqu’elle a pris la suite de son père et dirige aujourd’hui le Super U de SaintPaul, le premier ouvert à La Réunion en 1998. Une particularité qui explique la

volonté du groupe de travailler sur des valeurs locales. “ L’enseigne compte aujourd’hui 27 magasins, tous portés par des associés réunionnais ”, fait remarquer Madame Lao-Ouine Terrée et de poursuivre, “ c’est aussi ce qui fait notre force car notre proximité n’est pas feinte ”. Chez Super U, l’activité locale englobe tout autant la production proprement dite que les importateurs. “ Pour prendre un exemple concret, nous préférons entretenir un courant d’affaires avec Nestlé Réunion plutôt que d’importer les mêmes produits en passant par notre coopérative ”, déclare Mary-Pierre Lao-Ouine Terrée.


LE DOSSIER

“ Car cette entreprise compte 17 personnes qui ont un revenu local qu’elles dépenseront chez nous ou pas mais quoiqu’il en soit, ce sera sur notre territoire ”. Soutenir l’emploi local est donc une priorité pour l’enseigne, mais défendre le pouvoir d’achat des consommateurs avec des prix attractifs en est une autre. Alors comment résoudre cette équation ? “ Notre rôle consiste à maintenir cet équilibre ”, intervient Nicolas Lauret, coordinateur commercial.

De nombreux petits producteurs “ Pour y parvenir, nous challengeons nos partenaires locaux. Que cela soit les yaourts, l’eau, le papier toilettes ou du liquide vaisselle, nous travaillons avec toutes les industries locales ”. À ce titre, Mary-Pierre Lao-Ouine Terrée note que dans son magasin de Saint-Paul, “ 83% de ce nous vendons est issu de la production et d’acteurs locaux ”. Un partenariat qui n’a bien souvent besoin d’aucun intermédiaire. “ Nous avons de nombreux petits producteurs qui viennent tous les jours avec leur camion nous vendre leurs fruits et légumes car chez nous, rien n’est verrouillé. Mon producteur de salades par exemple vient de La PlaineSaint-Paul. D’ailleurs, pour la plupart de nos magasins, sur ce segment, ce sont de petits faiseurs des alentours qui nous fournissent ”. Une manière de fonctionner qui tient au cœur de Nicolas Lauret. “ Je suis un Yab chouchou, petit-fils d’agriculteur et fils de petit commerçant. Alors chaque fois que je peux référencer un fruit ou un légume issu de l’agriculture réunionnaise, je fais un clin d’œil à mes origines ”.

productions ”, un slogan tout autant qu’un engagement, un véritable credo en somme qui consiste, pour l’enseigne, à valoriser les exploitations familiales, à participer à l’aménagement des Hauts de La Réunion, mais aussi à créer des emplois, à cultiver les traditions et à préférer les produits de notre caillou. C’est pourquoi l’entreprise s’attache, depuis plus de 30 ans, à proposer chaque jour aux consommateurs, au sein de ses 17 magasins, qu’ils soient Carrefour hyper, Carrefour Market ou Carrefour City, un assortiment de plus de 4 600 produits péï dûment sélectionnés. Cette démarche en faveur de la production locale se concrétise au jour le jour par le renforcement, le renouvellement et l'établissement de nouveaux partenariats solides avec plus de 130 producteurs, éleveurs et industriels de toute l’île. Des partenariats qui permettent d’assurer une garantie d’écoulement des productions aux différents fournisseurs et de structurer ainsi leur développement économique.

" CHOISIR LA PRODUCTION LOCALE, ÊTRE ACTEUR DU DYNAMISME LOCAL ET FIER DE NOS PRODUCTIONS " Cet engagement, qui concerne directement les Réunionnais, a déjà pris la forme de plusieurs campagnes et d’actions de communication de grande envergure. En 2023 par exemple, les producteurs et éleveurs partenaires de Carrefour ont ouvert leurs champs à des centaines de clients accompagnés de leurs enfants afin de partager la passion qui les anime et faire découvrir leurs métiers, leurs savoir-faire qui sont à l’origine de tous les produits que les consommateurs retrouveront sur les étals des différents points de vente de la marque.

Chez Carrefour Réunion, “ Choisir la production locale, c’est être acteur du dynamisme local et fier de nos FÉVRIER 2024

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LE DOSSIER

Pierre-Olivier Law-Yat

Olivier Robert

Les circuits courts, nos a ace à la demande croissante des consommateurs et afin de participer au défi de notre souveraineté alimentaire, la grande distribution doit s’appuyer sur la production locale. Sur le savoir-faire de femmes et d’hommes passionnés qui valorisent notre terroir.

Pierre-Olivier Law-Yat Producteur et transformateur de fruits “ Mon père a installé son exploitation à Saint-Gilles en 1980, à une époque où il n’y avait absolument rien alentour ”, raconte Pierre-Olivier Law-Yat. Rapidement, il aide à la récolte des mangues et constate que des tonnes de fruits partent à la benne pour une piqûre de mouche ou une simple tache. Convaincu qu’il y a sûrement une solution à ce problème, il décide de devenir ingénieur agronome. Durant son cursus de 5 ans à l’ESIROI (Ecole Supérieure d'Ingénieurs Réunion Océan Indien), il passe également un diplôme agricole afin de pouvoir s’investir dans l’affaire familiale. En 2014, il crée “ Pulpe Mascareignes Industrie ” et se lance dans les purées de fruits à destination des professionnels 14

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uniquement. Jusqu’à ce que le Covid stoppe son activité. Obligé de rebondir, Pierre-Olivier note que seules les grandes surfaces continuent de fonctionner. Il imagine alors un produit adapté à ce type de commerces et, se souvenant des jus délicieux que lui concoctait son père, lui emboîte le pas et ouvre sa fabrique artisanale de jus de fruits qu’il baptise “ Les vergers de Marie ”. Le succès est fulgurant. Après avoir débuté modestement, au bout de 3 ans d’existence, il est présent dans tous les hypers et supers de l’île. Il faut dire que, durant cette période, l’agriculteur a industrialisé le processus, passant d’une production de 200 bouteilles par jour à 6 000 en 2 jours.

Olivier Robert Éleveur de bovins Titulaire d’une maîtrise d’Administration économique et sociale, Olivier Robert œuvrera à la Maison familiale et rurale du Tampon, puis en tant que responsable administratif à la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles). En 2004, il rejoint son épouse Manuella qui vient de reprendre l’exploitation de son père. En 2013, ils créeront ensemble une société dont il est aujourd’hui cogérant. Ils élèvent 80 blondes d’Aquitaine sur une concession de l’ONF de 70 hectares, au Nez-deBœuf, “ le plus beau bureau de l’île ”. Naisseurs et reproducteurs, ils envoient leurs veaux âgés de 6 à 8 mois chez leurs collègues engraisseurs. Une production qui partira ensuite à la SICA REVIA, coopérative dont Olivier Robert est président. Sur le volume total, seulement 5 % iront aux collectivités, 30 % aux artisans bouchers tandis que plus de 60 % seront destinés à la grande distribution. “ Nous travaillons avec toutes les grandes enseignes et leurs retours clients nous sont très


LE DOSSIER

Marie-Clémentine Hubert

os agriculteurs en vedettes “ NOUS TRAVAILLONS AVEC TOUTES LES GRANDES ENSEIGNES ET LEURS RETOURS CLIENTS NOUS SONT TRÈS PRÉCIEUX” précieux, en particulier sur les produits que nous lançons comme le jeune bovin castré, une viande persillée. En outre il y a, de part et d’autre, cette volonté de faire vivre la production locale. Les grandes surfaces se sont engagées, en signant avec nous la charte “ Envie Pays ”, à nous consacrer des linéaires et à respecter notre PLV (publicité sur les lieux de vente, ndlr). Et quand nous avions besoin d’accompagnement, ils n’ont pas hésité à lever des fonds pour nous soutenir grâce aux cotisations à l’import ”. Car en effet, avoir recours à une production extérieure est une nécessité. Les 1 500 tonnes de bœuf produites chaque année localement ne couvrant pas les besoins des consommateurs qui s’élèvent à près de 7 000 tonnes. “ Notre objectif est d’atteindre les 2 000 tonnes à l’horizon 2030 ”.

Marie-Clémentine Hubert Éleveuse de lapins Avec un papa docker et une maman travaillant pour la commune, rien ne prédestinait Marie-Clémentine Hubert à l’élevage de lapins. Sauf peut-être une profonde attirance pour la nature. Désireuse de travailler avec les marmailles, elle souhaite passer un CAP en petite enfance mais on l’oriente vers la vente. Plutôt démotivée, elle quitte l’école à 18 ans avec un BEP. Un an plus tard, elle se marie. Or, il se trouve que Monsieur est un passionné d’élevage qui soigne déjà des cabris dont Madame finira par s’occuper. Avec le temps, le cheptel prend de l’ampleur, à tel point qu’ils rejoignent la coopérative. Ensemble, ils consacreront 15 ans de leur vie à leurs animaux, jusqu’à ce qu’ils aient envie de nouveauté. “ Nous avons décidé de partir pour La Nouvelle-Calédonie où nous avions des amis ”. Mais avec l’arrivée du Covid, impossible de voyager. Toutefois, pour Marie-Clémentine, “ ce fut un mal pour un bien ”. S’étant débarrassé de leurs cabris en prévision de leur départ, il fallait repartir de zéro.

Une filière en pleine évolution

C’est ainsi qu’ils se sont lancés dans le lapin, fin 2022. Une activité qui nécessite bien moins de foncier et qui permet à Marie-Clémentine d’être autonome. Aujourd’hui, elle élève environ 200 femelles et organise des livraisons pour la coopérative toutes les 6 semaines. Dans cette filière qui est en pleine évolution, 80 % de la production partent pour la grande distribution, 12 % vers les collectivités et 8 % chez les artisans bouchers. Malgré les 125 tonnes de viande commercialisées en 2023, il manque encore 20 % pour satisfaire la demande locale. Toutefois, les 14 éleveurs que réunit la coopérative peuvent compter sur le soutien des grandes enseignes qui “ ne cherchent pas particulièrement à tirer les prix vers le bas. C’est un partenariat basé sur la discussion et non sur la pression ”. FÉVRIER 2024

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LE DOSSIER

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Charte entre

production locale et grande distribution n 2021, L’ADIR a signé avec les enseignes de distribution locales une charte d’engagement pour le développement de la production locale dans la distribution alimentaire. Une initiative qui vise à favoriser le dialogue entre les acteurs de la grande distribution et les fournisseurs locaux. Pour L’ADIR, il est tout à fait essentiel de pouvoir mesurer la part de la production locale dans la grande distribution à La Réunion, principal canal de distribution des produits alimentaires et de grande consommation sur notre île induisant un enjeu de développement d’activité et, par conséquent, de création emplois. C’est donc sous la présidence de Daniel Moreau que fut signée début 2021 “ la charte d’engagement pour le soutien à la création de valeur par le développement de la production locale dans la distribution alimentaire à La Réunion ”. Pour mettre en œuvre cette charte, il a fallu convenir des modalités mesurant la place de la production locale dans ce réseau pour construire un véritable observatoire. Dans cet optique, 4 indicateurs ont été définis : la place physique des produits locaux dans les rayons des ma16

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“ POUR METTRE EN ŒUVRE CETTE CHARTE, IL A FALLU CONVENIR DES MODALITÉS MESURANT LA PLACE DE LA PRODUCTION LOCALE DANS CE RÉSEAU ” gasins ainsi que celle qui leur est réservée dans les catalogues promotionnels, tout comme la part du chiffres d’affaires et du volume générés par ces produits. L’ensemble de ces indicateurs étant comparés aux produits d’importation.

Daniel Moreau Un autre chantier particulièrement lourd conduit par l’ADIR a consisté à inventorier l’ensemble des produits locaux présents dans les rayons des distributeurs, qu’ils soient produits par des adhérents de l’ADIR ou non. Pour ce faire une application a été créée : jesuisunproduitlocal.re, permettant le recensement des producteurs, des produits et des enseignes. Fin 2023, 70 producteurs et un peu plus de 4 000 produits ont été recensés, signe d’une grande diversité de l’offre locale, avec une prédominance des produits frais, suivis de ceux de l’épicerie, droguerie, parfumerie et bazar complétant l’inventaire en plus petite proportion. “ En termes de calendrier nous comptons démarrer les mesures de la place des produits locaux dans les rayons des magasins ainsi que dans les catalogues promotionnels courant 1er trimestre 2024“, indique Monsieur Moreau. “ Concernant la mesure du chiffre d’affaires et du volume, indicateurs évidemment extrêmement importants, nous devons approfondir les discussions avec les enseignes de la grande distribution pour convenir des modalités de collecte des données”.



LES FILIÈRES

La CPPR 50 ans au service

des éleveurs de porcs et des consommateurs vec Porcidou, Porki, Porc Péi et Le fleuron de La Réunion, 4 marques emblématiques, la Coopérative des Producteurs de Porcs de La Réunion (CPPR) qui fête cette année son 50e anniversaire, se porte bien et est un acteur majeur du paysage économique local. Elle a vu le jour en 1974 et est leader sur le marché de la viande de porc locale… À bientôt 50 ans, avec un ancrage territorial très fort, la Coopérative des Producteurs de Porcs de La Réunion (CPPR) est un groupement de producteurs de près de 185 éleveurs qui sont aujourd’hui adhérents et qui produisent en moyenne chaque année plus de 10 000 tonnes de porcs charcutiers sur 132 exploitations ; l’an dernier le tonnage était précisément de 10 323 T. De la production à la commercialisation d’une large gamme de produits élaborés et variés à travers Porcidou, Porki, Porc Péi et Le fleuron de La Réunion, la coopérative s’engage, depuis sa création en 1974, durablement dans un processus de production moderne de qualité et respectueux tant de son territoire que 18

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du bien-être animal. Les élevages situés majoritairement dans les hauts de l’île (2/3 dans les Hauts et 1/3 dans les Bas, reproduction, naissance, engraissement et collecte), sont d’ailleurs de taille familiale, c’est-à-dire que le nombre de truies est limité, en moyenne 38 par élevage contre près de 200 en France métropolitaine. De son côté, l’éleveur bénéficie d’un prix “ fixe ” revalorisé pas plus tard qu’en début d’année suite à une explosion de charges et en bout de chaîne, tout est mis en œuvre pour offrir au consommateur des prix stables chaque année grâce aux efforts de la filière. “ En dépit de l’augmentation des charges dû au contexte inflationniste actuel, la coopérative suit forcément le mouvement mais fait tout pour ne pas laisser les éleveurs tomber dans

En chiffres - La CPPR emploie une trentaine de salariés, techniciens, administratifs - La filière porcine réunionnaise représente au total 627 emplois directs. - Un éleveur installé crée 5 à 6 emplois directs et indirects

les difficultés et limiter l’impact sur les consommateurs ”, indique-t-on du côté de la CPPR, qui suit aussi de très près le conflit qui secoue actuellement le monde agricole. S’agissant des 50 ans de la coopérative justement, des animations seront prévues tout au long de l’année, notamment sur la foire agricole de Bras-Panon à l’image de celles qui ont eu lieu en janvier dernier à l’occasion de Miel Vert. Sans oublier une présence renouvelée cette année au Salon de l’agriculture de Paris.


LE DÉPARTEMENT SOUTIENT

LA CULTURE DU RIZ PÉI Depuis sa création en 2019, l’Association Riz Réunion (ARR) vise à perpétuer la culture de la variété Dourado précoce, plantée dans l’ île dans le passé, mais abandonnée au fil des ans. Pour relancer la filière riz, fortement soutenue par le Département, l’ARR mise sur la formation. Trois questions à son directeur Nicolas Florence.

D’où vient cet engouement pour la promotion de la culture du riz à La Réunion ? Nous sommes partis d’un constat : le riz constitue l’aliment de base des habitants de La Réunion, pourtant sa culture a été abandonnée depuis quelques décennies dans l’île. Il nous semble fort intéressant de relancer la filière si l’on veut réellement tendre vers la souveraineté alimentaire dans l’avenir. Peut-on planter du riz dans l’île ? Les recherches menées au sein de l’ARR ont permis de savoir que nos aïeux ont introduit et ont déjà planté une variété originaire du Brésil, dénommée Dourado précoce dans les années 1970. Contrairement aux variétés aquatiques qui poussent uniquement dans l’eau, le Dourado précoce appartient à la famille de riz dit pluvial que l’on sème directement dans la terre. Les expériences que nous menons sur notre parcelle de 4 000 m2 à Saint-Paul sont concluantes : avec une production de 3 tonnes à l’hectare, nous pouvons espérer FILIÈRE obtenir 800 kilos de riz à chaque saison. ÉMERGENTE En tant que moteur Quelle est votre stratégie pour augmenter le volume de du développement production ? agricole, le Département Il faut préciser avant tout que nous n’avons ni l’intention soutient activement la ni la prétention de remplacer une monoculture par une démarche de promotion et de autre. La riziculture que nous voulons pour La Réunion redynamisation de la culture du est à l’échelle humaine. Il nous importe dans un premier riz menée par l’ARR et ses partenaires. temps, de compléter l’offre maraîchère et de réaliser la L’accompagnement financier du Conseil semence chaque année. Pour ce faire, nous misons départemental, pour réaliser les études, la mise sur la formation à destination des particuliers et en culture, les plantations… s’élève à 150 000 € depuis des professionnels. Aujourd’hui, 52 planteurs 2020. À cela s’ajoute l’acquisition par l’ARR de deux sont engagés dans la plantation, suivant la machines : une décortiqueuse de paddy et une polisseuse démarche agroécologique, sans utilisation pour « blanchir » le riz. L’achat de ces « pièces-maîtresses du de produits chimiques. Avec l’augmentation processus de production », dont le coût total s’élève à 8 000 € du nombre d’agriculteurs engagés et de a également été assuré par le Département qui croit fermement surface cultivée, le volume de production en l’avenir prometteur de cette filière émergente. évoluera ti lamp ti lamp, comme on dit Pour connaître les dates de formation, rendez-vous sur la en créole. page Facebook de l’Association Riz Réunion.

Le Département aux côtés des Réunionnais


AGRICULTURE

Juliette Masson

la passion de la vanille evenue agricultrice en 2011, Juliette Masson a dû batailler pour trouver sa place dans un monde d’hommes. Avec une volonté de fer, elle a pu concrétiser ses projets et trouver l’équilibre grâce à la vanille. Une culture enracinée dans une tradition qui lui est chère. Née de parents agriculteurs installés à Bellevue BrasPanon depuis 3 générations, Juliette Masson n’était pas destinée à reprendre l’exploitation familiale. Bien sûr, gamine, elle aidait à ramasser les cannes pendant les vacances et elle suivait son père de près lorsqu’il partait féconder les fleurs de vanille. Mais la tradition 28 20

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voulait que ce soit le garçon qui prenne la suite. Et puis, les filles ayant de meilleurs résultats à l’école, on leur réservait d’autres carrières. Se pliant à la règle et, forte de son succès au Bac, la jeune femme s’inscrit à l’université en maths et en informatique. Un enseignement qui, finalement, ne l’emballe pas. Cette période coïncide

avec le moment où son père songe à prendre sa retraite. On consulte le fils aîné qui fait sa vie dans l’Hexagone en tant que conducteur d’engins agricoles. C’est niet. Quant aux autres sœurs de Juliette, elles sont déjà engagées dans d’autres voies professionnelles. Dernière d’une fratrie de 6 enfants, Juliette commence à se faire à l’idée que c’est à elle que va incomber cette responsabilité. Elle accepte donc de reprendre l’activité, mais à une condition : elle transforme l’exploitation qui, du temps du paternel, était plantée de cannes à 90%, les 10% restant étant consacrés à la vanille.

DERNIÈRE D’UNE FRATRIE DE 6 ENFANTS, JULIETTE COMMENCE À SE FAIRE À L’IDÉE QUE C’EST À ELLE QUE VA INCOMBER CETTE RESPONSABILITÉ

Diviser par 2 la surface dédiée à la canne, développer la vanille et les maraîchages, c’était aussi s’affirmer en tant que cheffe d’exploitation. Un parcours du combattant pour la jeune femme qui n’a pas hésiter à emprunter le chemin du syndicalisme afin d’asseoir sa légitimité dans ce milieu masculin. Plus jeune élue à la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles), elle siège également à la Chambre d’agriculture et a participé à la création de l’AFDAR (association féminine pour le développement agricole réunionnais) dont elle est toujours vice-présidente. “ En faisant du bruit, j’ai contribué à ouvrir les esprits ”. Même si rien n’est gagné d’avance, aujourd’hui, l’agricultrice se sent bien dans ses bottes. Apaisée, épanouie, Juliette l’est aussi grâce à la culture de sa vanille qui lui procure cette connexion à la terre, à ses racines, à ses ancêtres. Pour joindre Juliette : 0692 02 29 67.


Venez passer un moment de découverte dans notre jardin privé, historiquement le premier ouvert au public en 1989. Le site offre aux visiteurs un trésor de la nature réunionnaise, plus de 1500 espèces végétales dont certains sont plus que centenaire, des plantes à parfums, telles que le vétiver, l’Ylang-ylang… Celles à épices : le giroflier, la cardamone, la vanille… Mais également des fougères, des orchidées, des palmiers et beaucoup d’autres…, sans oublier les arbres fruitiers dont vous pourrez déguster les fruits lorsque la saison le permet. Vous apprécierez avec plaisir ces ballades incontournables dans ce sud sauvage. Le Jardin

Emplacement

1er jardin privé à avoir ouvert ses portes au public en 1989. Découvrez-y plus de 1�500 espèces de plantes, arbres et fleurs, qu’elles soient endémiques à La Réunion ou indigènes : plantes à parfum, à épices, fougères, orchidées, palmiers…

Situé dans la zone de Mare Longue, sur une coulée volcanique vieille de 800 ans, à la sortie de SaintPhilippe, au cœur du sud sauvage de La Réunion. Cette zone est également inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, au même titre que les cirques et remparts du cœur de l’île.

Ce que vous pourrez y voir Des espèces endémiques rares, arbres remarquables plus que centenaires (bois de pomme, arbres à litchis, …), certaines recouvertes d’épiphytes. Vous pouvez les découvrir par vousmême en visite libre, mais également en visite guidée de 1�h�30 environ, départs à 10�h�30 et 14�h�30.

7, chemin forestier Mare Longue - 97442 Saint-Philippe 0262 37 15 08 - 0692 66 09 01


AGRICULTURE

Karen Bègue

" La chance de la terre "

A

près une vie de salariat, Karen Bègue a finalement repris l’exploitation familiale en 2019. Sur les 9 hectares plantés d’un verger créole, de maraîchages et doté d’un élevage caprin, l’agricultrice perpétue le savoir-faire paternel en n’utilisant aucune chimie. “ Ma sœur et moi avons toujours suivi papa dans les champs, perchées sur le tracteur ”, se rappelle Karen Bègue. Pour autant, elle était encore loin de penser à une éventuelle reprise de l’exploitation familiale. “ Avec les cousins, nous passions notre temps en balade, à explorer les ravines ”. Tandis qu’à la maison, elle aime suivre le mouvement des doigts de sa grand-mère, couturière de métier. Avec le paternel et 22

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les tontons, elle découvre le bricolage. Mais elle se rêve citadine, dans un grand appartement tout confort. Elle se lance donc dans un BTS de comptabilité. Pendant ses vacances, elle déniche des petits boulots, prend goût au travail et abandonne ses études. Elle sera assistante d’éducation au lycée Patu de Rosemont à Saint-Benoît jusqu’à ce que son père se blesse et qu’elle doive le remplacer dans sa

tâche. Au bout de quelques temps, elle finit par se dire que cela ne serait pas plus mal de valider ses acquis par un diplôme. Elle décroche donc son brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole (BPREA) et s’imagine reprendre une partie de la ferme tout en y ajoutant un volet agrotouristique. Mais la vie en décidera autrement et obligera Karen à retourner au salariat. Elle trouve une place de vendeuse dans une boulangerie dont elle deviendra rapidement responsable. Une enseigne dans laquelle elle œuvrera une

“ ELLE A AUJOURD’HUI LA CHARGE D’ENVIRON 9 HECTARES À SAINTE-ANNE. ELLE Y CULTIVE UN AUTHENTIQUE VERGER CRÉOLE ET SOIGNE UN TROUPEAU DE CAPRINS ”

quinzaine d’années. Cependant, elle n’a pas renoncé à son projet de tourisme rural et, en 2012, elle consacre son temps libre à la création d’un verger d’agrumes et plante des palmistes rouges. C’est finalement en 2019 qu’elle opérera sa reconversion et s’installera officiellement en tant qu’agricultrice, au moment de la retraite du papa. Elle a aujourd’hui la charge d’environ 9 hectares à Sainte-Anne. Elle y cultive un authentique verger créole et soigne un troupeau de caprins dont la plupart seront destinés aux cérémonies tamoules. Bananes et maraîchages complètent l’activité. Des produits qu’elle écoule en paniers livrés de Saint-Benoît à Saint-Denis. Et comme son père avant elle, Karen n’utilise aucune chimie. “ Je déplace les cabris au gré des pâturages et du verger. Ils taillent les herbes, amendent naturellement les sols et je fane le fumier des parcs dans les champs ”. Adepte des plaisirs simples et partisane d’une moindre consommation, l’agricultrice est consciente de mener une vie dédiée au travail. Mais à ses yeux, c’est une chance. “ La chance de la terre ”. Commandez vos paniers au 0693 46 56 79.


LE DÉPARTEMENT PRÉSENT AU

60E SALON INTERNATIONAL DE L’AGRICULTURE Le Département a convié pas moins de 37 acteurs du monde agricole, représentant toute la diversité, la richesse et l’excellence de la production réunionnaise au Salon International de l’Agriculture (SIA) à Paris du 24 février au 3 mars 2024. Vanille IGP, fruits, confiseries lontan, confitures, épices et achards, sirops, spiritueux, huiles essentielles, chocolat… seront mis à l’honneur dans le Village Réunion, au cœur du Pavillon des régions d’Outre-mer du SIA. Les 37 candidats ont été sélectionnés après le lancement d’un appel à candidatures en août dernier. Pour la 6e année consécutive, le Département leur offre une occasion idéale de mettre en valeur leur savoir-faire et la grande qualité de leur production.

« Il est plus que jamais nécessaire de soutenir notre agriculture, notamment en exprimant tout notre soutien et tout notre amour à ce monde agricole qui contribue tant à faire rayonner La Réunion de l’excellence et du bien manger. »

Cyrille Melchior

e Réunion » •37 exposants •Budget départemental

n « Villag LES CHIFFRES •u m2 de 800

645 000 €

LES EXPOSANTS Entreprise Leichnig Le Yabar Gerbith Grégoire Bananeraie de Bourbon Couturier Francia Sarl les Délices de Préma Association des Producteurs Fermiers du Grand Sud (APFGS) La Marmandia Domaine Virassamay Céliane Trésor des Engagés SAS Pulp Mascareigne Industrie L’exceptio ‘Miel Earl Apis Run

SARL Confiserie Hoarau Entreprise Saint-Lambert Savreux Bernard Mascarin SAS Audaces SAS Pulp Mascareigne Industrie L’exceptio ‘Miel Earl Apis Run SARL Confiserie Hoarau Entreprise Saint-Lambert Savreux Bernard Mascarin SAS Audaces

Avec vous pour notre territoire

Caheb SARL Les Créations d’Amandine Arifel Tradition 974 Lavalle Éric Labyrinthe En-Champ-Thé Earl Maison du Curcuma Associaiton de Producteurs de Lentilles (APLC) Les Confituriers de La Reunion SCA Provanille Charcuterie Paulo L’oasis Jacaranda Distribution


AGRICULTURE

EN PLEINE NATURE ien qu’issue du milieu agricole, Virginie Furic a fait quelques détours avant de revenir à la terre. Aujourd’hui, celle qui a su faire de sa féminité un atout, consacre tout son temps à sa petite exploitation dont elle tire de nombreux produits transformés.

Virginie Furic 32 24

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Pour Virginie Furic, travailler dans les champs avec ses parents et ses sœurs n’a jamais été une corvée, mais plutôt l’occasion de se retrouver en famille, dans la bonne humeur. Malgré tout, l’adolescente qu’elle est à l’époque a d’autres projets. “ Je voulais être gouvernante et voyager ”. Elle passe donc son BEP en hôtellerie, décroche ses premiers contrats dans la partie tout en continuant à planter et à soigner quelques volailles sur le terrain qu’elle occupe au Tampon avec son mari. Elle reprend ensuite ses études, passe un CAP et Bac Pro en horticulture et, dans la foulée, trouve un poste dans une pépinière puis un autre dans une jardinerie où elle œuvrera 15 ans. C’est durant cette période qu’elle va créer son exploitation agricole en activité secondaire et, rapidement, donner un nom à sa structure : “ Papilles des Hauts ”. Mais après s’être lancée dans la transformation, mener les deux de front commençait à devenir compliqué. Aussi, en janvier 2022, elle fera de la terre son unique métier. Aujourd’hui, en plus des 2 500 m² de maraîchages transformés en confitures, achards et sirops, elle se consacre à ses coqs et canards dont elle tirera foies gras, rillettes et confits. L’agricultrice a opté pour le raisonné. Elle désherbe ses cultures à la débroussailleuse mais note qu’en matière d’élevage, faire du bio à La Réunion relève de l’hypocrisie dans la mesure où les aliments labe-

ELLE REPREND ENSUITE SES

ÉTUDES, PASSE UN CAP ET BAC PRO

EN HORTICULTURE ET, DANS LA

FOULÉE, TROUVE UN POSTE DANS UNE

PÉPINIÈRE PUIS UN AUTRE DANS UNE

JARDINERIE OÙ ELLE ŒUVRERA 15 ANS.

lisés parcourent des kilomètres sur les océans avant d’arriver chez nous. Virginie aime cette proximité avec la nature tout autant que la liberté que lui procure ses occupations. Et pas besoin de réveil car elle a plaisir à se lever chaque matin. À ses yeux, sa condition de femme n’est pas un obstacle mais un atout, tant pour la douceur dont elle fait preuve avec ses animaux que lors de la mise en scène de ses produits sur les marchés et les foires. “ C’est aussi une question d’éducation. Papa ne m’a pas élevé comme une fille. Il a toujours voulu que je sache me débrouiller seule. Encore maintenant, quand il y a une panne sur une machine, c’est moi qu’il appelle. Dans ce cas, il n’y a pas d’homme, pas de femme, il y a quelqu’un qui fait ”. Pour joindre Virginie : 0692 54 87 26.



TOUR DE TABLES

Frédéric Foumenaigue et Maya

"AU COMPTOIR DU POTAGER" DÉLICIEUSE SIMPLICITÉ

Anaïs et Taiki Saito

"AKINA" GASTRONOMIE NIPPONE De passage dans le Sud, ne manquez pas de vous arrêter chez “ Akina ”, tenu par Anaïs, réunionnaise, et Taiki Saito, maître sushi originaire de Tokyo. Vous y goûterez des sashimis faits de pélagiques de nos côtes, dans leur plus simple appareil, ou version “ zuke ” ce qui signifie que le poisson a été mariné à domicile. Hosomaki et uramaki de saumon label rouge sont également au menu tout comme les dashimaki, soit une omelette sucrée-salée montée en mille-feuille et ceinturée d’un anneau de nori. Attardons-nous également sur ce bento, box japonaise qui réunit plusieurs préparations : tempura de camarons à tremper dans une somptueuse mayo, merveilleux

gyozas de poulet et de légumes d’ici – même la pâte est maison ! – brochette de daurade, beignet de poulpe frit et salade rafraîchie aux wakame et edamame. Côté tradition, on n’oublie pas le Gyūdon, effiloché de bœuf wagyu mijoté au saké posé sur un bol de riz, ni la soupe miso, la vraie, à la poudre de soja fermenté et encore moins les tsukemen , ces Rāmen d’été que l’on doit au chef également. On ne part pas sans se sucrer la bouche avec un authentique mochi, non glacé, soit de la pâte de riz fourrée matcha-chocolat blanc, spéculoos ou haricot blanc sucrés-sakura, la fleur de cerisier.

25, avenue Président Mitterrand – Terre-Sainte. Tél : 0692 99 71 94. Ouvert du mardi au samedi, le midi et le soir, de 17h30 à 19h, à emporter uniquement. Ticket moyen : 30 €. 26

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Le succès d’ “ Au Comptoir du Potager ” réside dans la belle complicité qui unit Maya, créatrice de l’enseigne, et son chef Frédéric Foumenaigue. Au piano, le garçon joue une partition classique aux notes locales. Et l’on se régale, en entrée, de cromesquis de fruits à pain aux oignons verts fourrés de Piton Maïdo ou de ce velouté de champignons mixés avec leur jus de cuisson et un peu de pomme de terre. Additionné de crème et de beurre, il vous sera servi avec des cerneaux de noix torréfiés. Sous son apparente simplicité, cet achard de chouchou légèrement croquant et sa salade de camarons cuits à la perfection, brunoise

de carottes et courgettes, seront à l’origine de grands plaisirs. Une manière de faire dont Frédéric a fait sa marque de fabrique. Un vrai travail d’artiste qui vous offre un moment d’embellie grâce à cette pastilla de cuisse de poulet désossée, préalablement sautée puis garnie d’une réduction de raisins secs, coriandre fraîche, cannelle et amandes effilées torréfiées, le tout pris dans une pâte filo. Ou ce filet de perche cuit au four et sa purée d’artichauts. En dessert, crémeux goyaviergéranium, fraîcheur d’agrume ou craquant chocolat-tangor. Des titres d’une grande sobriété qui révéleront de merveilleux atours.

12 bis, rue Félix Guyon – Saint-Denis. Tél : 0692 85 59 31. Ouvert du lundi au vendredi le midi et les vendredis et samedis soirs. Formule déjeuner : entrée, plat, dessert à 29,50 €.


TOUR DE TABLES

Séverine et Xavier Cochaut

"LA BOHÈME" GÉNÉREUSE, GOURMANDE ET AUTHENTIQUE

Michèle et Yannick Vienne

"LE BERTEL DES LAVES" INCONTOURNABLE DANS LE SECTEUR En matière de tradition réunionnaise, “ Le Bertel des Laves ”, créé par Michèle et Yannick Vienne est un incontournable du secteur. Pour commencer, petit tour par l’apéro à composer avec ces bonbons maison que sont les acras de chou de coco au fromage, les soufflés de manioc, piments farcis, nems et samoussas. Maintenant que la bouche est faite, vous goûterez avec un plaisir non dissimulé au chou de vacoa du quartier, accompagné de boucané fumé à domicile, de crevettes ou de zandouille avec laquelle il se marie très bien. Au rayon fumaison, nous vous recommandons chaudement le canard, coloré

lui aussi aux fumées du bois de letchi. Confit, fondant et discrètement parfumé de quelques gousses de vanille du coin. Sans oublier la patte cochon du dimanche, bringelles et feuilles de caloupilé. L’autre grande spécialité de l’endroit c’est le chou de coco, à découvrir dès l’entrée, dans une généreuse salade (15,50 €) ou en sautés, avec du porc ou du poulet (17,50 €) ou des camarons (19,50 €), ils sont tous excellents. Et, au gré de vos passages et des arrivages, on se délecte d’un thon banane préparé avec le massalé d’un petit monsieur Malbar, ou des carangues et daurades servies en steaks au beurre persillé.

C’est un coup de cœur pour l’endroit qui poussera Séverine et Xavier à ouvrir leur “ Bohème ” dont la direction incombe désormais à Joris qui a recruté une équipe tout en sourire venue rejoindre Yacine, l’excellent barman et Stéphane, le non moins talentueux cuisinier. Comme vous ne manquerez de le constater dès l’entrée, avec ce starter de référence, le tigre qui pleure (19 €), soit une bavette de Black Angus marinée à domicile, snackée puis découpée en lamelles. Servi froid, il n’est pas exclu que ce fauve vous tire quelques larmes, de plaisir bien sûr. Passons aux plats et à l’incontournable magret

de chez “ Rougié ” (29 €), accompagné d’une crème de chèvre de Takamaka et miel péï passée au syphon mais aussi d’une divine purée de patate douce. Gros succès aussi pour le zourit (27 €). Attendri au court-bouillon puis revenu à la poêle dans de l’ail et du thym, il sera posé sur un écrasé de pomme de terre aux anchois et aux olives mixées, encore agrémenté d’une sauce vierge. Côté desserts, vous vous en remettrez à Charles, pâtissier de métier, qui vous régalera de brioche perdue au caramel Dakatine (12 €) ou de nougat glacé (11 €), pécan, pistaches, amandes torréfiées et caramélisées par les soins de l’artiste.

24, allée des dauphins – La Souris Chaude – Trois-Bassins. Tél : 0692 38 00 32. Ouvert du mercredi au dimanche, midi et soir.

583 bis RN2 – Bois-Blanc. Tél : 0692 04 04 00. Ouvert tous les jours midi et soir sauf le jeudi. Les caris du jour sont compris entre 14 et 30 €. FÉVRIER 2024 LOKAL

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BIEN DANS VOTRE ASSIETTE

La mangue Cette incontournable de nos tables

arfumée et gourmande, la mangue s’invite chaque été dans nos assiettes et fait partie des fruits exotiques les plus consommés au monde. Malgré la grande quantité de sucre qu’elle contient, elle regorge d'antioxydants, de fibres et de vitamine C. Verte ou mûre, elle permet en outre, toutes les fantaisies culinaires qu’elles soient sucrées ou salées.

Un formidable allié santé • Lorsqu’elle est bien mûre, la mangue est une excellente source de fibres, facilitant la digestion et le transit intestinal, ce qui permet également de garder la ligne, de réduire le cholestérol et ainsi contribuer à diminuer les accidents vasculaires • 100 g de chair peuvent couvrir 25 % des besoins quotidiens en vitamine A. • Elle a une action positive sur les cellules sanguines grâce au potassium et au cuivre qu’elle contient, et favorise une bonne santé cardiovasculaire, au 28

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même titre que le manganèse et le zinc. • La mangue lutte également contre la sécheresse oculaire et améliore la vision nocturne. • Un allié pour le système immunitaire et dans la lutte contre les cancers (notamment du côlon, de la prostate, la leucémie ou encore le cancer du sein) en raison de la présence d’anti oxydants tels la vitamine C, la quercétine ou l’acide gallique qui font la chasse aux radicaux libres et évitent la dégénérescence des cellules.


BIEN DANS VOTRE ASSIETTE

Recette

Pain perdu au coulis de mangue (recette de Brigitte Grondin)

LES INGRÉDIENTS • 12 tranches de baguette de pain rassis, 2 œufs, 50 cl de lait 1/2 écrémé, 10 cl de crème liquide, 40 g de sucre de canne, • 1 sachet de sucre vanillé, 10 g de beurre, 2 cuil. à s. de vieux rhum • Pour le coulis : 2 mangues bien mûres, 1 gousse de vanille Bourbon

LA PRÉPARATION :

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D’abord le coulis : Mettez dans votre robot, les mangues coupées en morceaux et les graines de vanille. Mixez. Réservez au frais. Dans un saladier, battez les œufs en omelette. Ajoutez le lait, la crème liquide, le sucre, le sucre vanillé et le rhum. Fouettez le tout. Imbibez le © REUNIONSAVEURS.COM

pain.

Dans une poêle, faites chauffer le beurre à feu doux. Faites dorer les tranches de pain des deux côtés. Disposez les tranches de pain perdu dans chaque assiette et servez accompagné du coulis de mangue.

Temps de préparation : 5 minutes

Temps de cuisson : 10 minutes

Réfrigération pour le coulis : 1 heure

Degré de difficulté : Facile

Ses bienfaits : pourquoi en manger ? UN BEAU PÉDIGRÉE

Une portion de 100 grammes de mangue apporte 74 Kcal, répartis comme suit : Eau : 81 g ; Glucides : 14,3 g ; Fibres : 1,6 g ; Vitamine C : 25 mg ; Calcium : 12 mg. Par ailleurs, la mangue est fort bien pourvue en potassium (150 mg pour 100 gr), électrolyte qui régule les fonctions nerveuses et le rythme cardiaque.

BIEN LA CHOISIR…

Souple au toucher mais pas trop molle, un parfum délicat à la base de la tige… C’est aussi un fruit fragile qui verte, se conserve dans un endroit frais, idéalement le bac à légumes de votre réfrigérateur, et lorsqu’elle est mûre, doit être consommée dans les deux à trois jours qui suivent l’achat.

EN MODE SUCRÉ OU SALÉ

Simplement découpée et mangée à la cuillère, en jus, en salade, et bien entendu en rougail lorsqu’elle est verte, ou jaune coupée en tranches agrémentée de lamelles d’ananas, d’une pointe de sel et rehaussée de piment écrasé, c’est un véritable régal ! Également dans une fondue au chocolat, préparée en tartes, gâteaux, muffins, cakes, en glace ou en smoothie mixée avec d’autres fruits ou encore cuite en version compote. S’agissant du salé, tajines de poulet ou de crevettes, ragoûts ou mélangée à du riz et quelques raisins secs… Bref, la mangue se prête volontiers à toutes nos envies.

QUID DE LA PEAU…

Au jardin, elle s’avère un très bon engrais pour les plantes, et dans la salle de bains, un excellent allié pour la peau et les cheveux. Pour cela, il suffit de sécher les pelures, de les broyer et de les mélanger à du yaourt, et de l'œuf pour les cheveux. Appliquez sur votre peau pendant quelques minutes pour restaurer, estomper les taches et lui redonner éclat et jeunesse. Laissez poser pendant cinq minutes sur les cheveux pour prévenir les pellicules et adoucir votre chevelure.

LE SAVIEZ-VOUS ?

Plus de 1 000 variétés de mangues existent dans le monde. On distingue les

mangues issues d’Inde, du Sud-Est asiatique et de Floride, où ont été créées la plupart des variétés commerciales. A La Réunion, le fruit a été importé d’Inde voilà plus de deux siècles via la Compagnie des Indes et les plantations se sont intensifiées à partir des années 1970. À ce jour, on dénombre plusieurs variétés : Auguste, Emile, Carotte, Early Gold, Heidi, Nam Doc Maï, Pickering, de Madagascar mais la vedette demeure sans conteste la José. Globalement, la saison des mangues s’étale de septembre à mars et colore les étals des marchés quand la météo ne vient pas jouer les trouble-fêtes durant la période cyclonique !

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ARTISAN

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k a u o P Le uch’ o B en Et puis un jour, elle aura l’opportunité de suivre une formation en hôtellerie-restauration. Finalement titulaire d’un CAP d’agent polyvalent en restauration, elle sera embauchée à la cantine scolaire de La Possession où elle se sent très à l’aise avec les grandes quantités, prenant beaucoup de plaisir à tourner d’énormes cuillers dans des marmites géantes. Elle trouve ensuite une place à la Clinique des Tamarins jusqu’à ce que le Covid fasse tout basculer. Contrainte de se faire vacciner, elle refuse et se voit obligée de rester chez elle. À ne rien faire ? Impossible ! “ J’avais toujours rêvé de créer quelque chose d’innovant, de marquant ”.

Christelle Robert assionnée de cuisine depuis l’enfance, Christelle Robert a créé “ Le Pouak en Bouch’ ”. Une recette de bouchons assaisonnés de manière tout à fait originale. Pimentés ou non, ils sont toujours délicieusement parfumés. Une innovation on ne peut plus gourmande ! Dans la famille de Christelle Robert, tout le monde cuisine et aime manger. Ses parents ont même tenu un restaurant créole à Strasbourg. Mais au moment du retour, la maman va travailler en crèche et le papa montera une entreprise dans le BTP. Enfant déjà, Christelle s’essaie à la pâtisserie et souhaite orienter ses études vers la restauration mais ses parents l’en dissuadent, lui rappelant la rudesse de ce métier. Pour autant, la jeune femme est certaine de ne pas vouloir suivre la même voie que sa mère mais envisage toutefois d’imiter son père. Un choix qu’elle finira par concrétiser en passant BEP, CAP, Bac pro dans le bâtiment et commencera à œuvrer chez le paternel, “ sur les toits, en mode bandana et lunettes de soleil ”. 30

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AINSI NAISSAIT “ LE POUAK EN BOUCH’ ”, CE BOUCHON DE POULET PIMENTÉ – OU NON - UNE RECETTE TOTALEMENT ORIGINALE, ARTISANALE ET 100% MAISON. Chaque pièce est assemblée à la main. La pâte est faite de farine, d’eau et de blanc d’œuf. Passée au laminoir, elle sera coupée en bandes puis en carrés. Et puis il y a cette délicieuse farce de viande halal hachée et assaisonnée, entre autres, de Siave, d’ail et de gingembre frais. Quand ils sont pimentés, ces savoureux bouchons sont déclinés de 2 façons : la première est plutôt tranquille tandis que la seconde, baptisée “ Bril-ki ”, porte bien son nom. Trois versions donc, qui sont également proposées au combava. Un vrai tour de force. Car tout en s’inscrivant dans la tradition, Christelle renouvelle le genre avec gourmandise. Une réussite ! Passez vos commandes et découvrez les points de vente sur www.lepouakenbouch.re Sachet de 15 à 7,90 € et 50 à 25,60 €.


1er producteur européen : 80% de la production européenne de sucre de canne

Un gardien de la biodiversité


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e d n i Leg tillerie s i d la koa Va Prise d’une envie d’horizons lointains, la jeune diplômée s’envole pour la Nouvelle-Zélande où elle va découvrir Waiheke, petite île au large d’Auckland réputée pour ses vignobles et sa gastronomie. Elle y œuvrera quelques mois en tant que guide oenotouristique. Après quoi, elle agitera ses premiers shakers dans un bar de nuit de Wellington avant de remonter dans un premier avion, direction Bali, puis dans un second qui l’emmènera au Vietnam. De retour à Bordeaux, elle reprend ses études, licence en commercialisation des vins et spiritueux, et décroche ses premiers contrats pro à Saint-Émilion. Et puis, alors qu’elle comptait repartir pour la Suisse, c’est le Covid qui la conduira chez nous, au poste de responsable de cave chez Nicolas. Mais au bout de 2 ans, elle se lasse de la vente et se met en tête de créer un breuvage bien à elle.

ET POURQUOI PAS DU GIN ? POUR SE DÉMARQUER DU RHUM.

Tiphanie Bolo e passez surtout pas à côté du tout nouveau gin “ Vakoa ”, noble breuvage produit par Tiphanie Bolo. Formée à la restauration, aux vins et aux spiritueux, cette jeune femme épicurienne, créative et fin palais distille littéralement notre terroir réunionnais ! Issue d’une famille de restaurateurs, Tiphanie Bolo oriente ses études vers l’hôtellerie-restauration, dans le but de devenir cheffe. Mais l’enseignement d’un professeur, passionné de vins et spiritueux, va bousculer ses projets. Gagnée par le virus, elle se met à fréquenter un club d’œnologie et, après son Bac obtenu à Bordeaux, elle s’inscrit en BTS technico-commercial vins et spiritueux.

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Si elle repasse par la métropole pour se former à l’art de la distillation, Tiphanie tenait absolument à ancrer son invention dans notre terroir, d’où son nom et ses ingrédients, intégralement produits localement : baies roses, combinaisons d’agrumes, gingembre, romarin et quelques épices secrètes. Seules les baies de genièvre, indispensables à l’appellation, viennent d’ailleurs. Renouant avec ses premières amours, notre cheffe va lancer la flamme sous la cucurbite de l’alambic, laisser les vapeurs de la macération monter lentement dans le col de cygne et, en fin de parcours, obtenir un gin à la bouche grasse et suave, d’une grande puissance aromatique, affirmant un caractère et une personnalité bien trempés. Ce gin “ Vakoa ” est indéniablement une splendide création, à l’origine de belles émotions, et aussi, à n’en pas douter, un hommage appuyé à notre caillou. Pour découvrir les différents points de vente, rendez-vous sur vakoadistillerie.com et sur les réseaux sociaux. Entre 49 et 53 € la bouteille, en fonction des revendeurs.


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s e t t e n o n Les lduRucher e i m au uPetitPiton” d Il consacrera plus de 17 ans de sa vie à cette institution, au gré des affectations, d’Angers à Besançon, en passant par Nîmes. Bien évidemment, depuis leur rencontre, Tatiana l’a suivi dans toutes ses pérégrinations. Toutefois, au bout de cette longue période, l’envie d’un retour au pays commence à se faire sentir. Et Luciano pense immédiatement à se reconvertir dans l’agriculture. Revenu sur son île, il suit donc des études au lycée de Saint-Joseph où il obtiendra son Brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole (BPREA).

“ NOUS N’AVIONS PAS DE NOUNOU, ALORS QUAND MA MÈRE PARTAIT COUPER, ELLE ME POSAIT À SES CÔTÉS, DANS UN CARTON ”

Tatiana et Luciano Guichard

R

econverti à l’agriculture depuis peu, Luciano Guichard fait déjà des miracles avec ses maraîchages bio et son miel toutes fleurs aux parfums de balade en forêt. C’est avec cette merveille que Tatiana, son épouse, concocte pains d’épices et nonettes. À tomber !

Originaire de Sainte-Anne, Tatiana Guichard était plutôt “ shopping avec les copines ” et comptait devenir aidesoignante. Mais alors qu’elle vient tout juste d’obtenir son BEP en carrières sanitaires et sociales, elle fait la connaissance de Luciano, revenu en vacances sur son île. De son côté, le garçon a grandi au Petit-Tampon, en plein carreau de géranium. “ Nous n’avions pas de nounou, alors quand ma mère partait couper, elle me posait à ses côtés, dans un carton ”. Attiré par la mécanique, il décrochera CAP et BEP en maintenance automobile. Mais, sa première expérience professionnelle ne le satisfaisant pas, il s’engage dans l’armée.

En 2021, il s’installe officiellement sur un terrain de 5 000 m² qui sera rapidement labellisé Bio. Il y cultive salades, piments, haricots, poireaux, betteraves et songes. Quelques-unes de ses 130 ruches sont entreposées sur le Petit-Piton, les autres sont à Saint-Pierre, au Petit et au GrandTampon. Il vous proposera trois variétés de miel (6 € les 250 g) : les classiques baies roses et letchis et un délicieux “ toutes fleurs ” qui évoque une promenade en sous-bois. Et c’est justement ce miel-ci que Tatiana utilise pour confectionner ses délicieux pains d’épices (2 € les 250 g et 6 € les 450 g) qu’elle nappe de 3 différents topping : sucre perlé, amandes effilées ou cette divine marmelade citron-clémentine maison à retrouver dans les nonettes (1 € pièce). Pour confectionner cette gourmandise très réussie, notre pâtissière réchauffe miel et jus d’orange avec des grains d’anis et de la poudre de cannelle qu’elle va laisser infuser. Elle filtrera ensuite ce mélange pour l’incorporer à la farine et au beurre. Chaque nonette sera ensuite fourrée à la fameuse marmelade et recouverte d’un nappage sucre glace et orange. Terriblement addictif ! Tout comme les traditionnels bonbons miel (3,50 € les 6), lâchés dans un bain de friture puis trempés dans un sirop de sucre et de miel. Retrouvez les douceurs concoctées par Tatiana à la boutique “ Arts Champs Beaux ” du Tampon. Possibilité de livraison dans le Sud uniquement, entre Le Tampon et Saint-Leu. Renseignements au 0692 46 29 90. FÉVRIER 2024 LOKAL

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L’ÉNERGIE DE DEMAIN

© SERGE MARIZY

EN ROUTE POUR UNE ÉNERGIE 100% RENOUVELABLE

© SERGE MARIZY

©C

Conversion à la biomasse liquide

réussie

pour la centrale de Port-Est près plus de deux ans de préparation technique et six mois de travaux intensifs, les douze moteurs de la centrale EDF PEI de PortEst jusque-là alimentés au fioul, fonctionnent désormais avec de la biomasse liquide élaborée principalement à partir d'huile végétale de colza. 34

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Éviter l’émission dans l’atmosphère de plus de 500.000 tonnes de CO2 par an en ayant recours à la biomasse liquide, c’est le pari réussi pour la centrale EDF de Port-Est qui franchit un pas supplémentaire dans la lutte contre le réchauffement climatique. En effet, 10 ans après sa mise en service, exit le fioul, la centrale - qui produit en moyenne 40 % de l’électricité consommée sur l’île - a désormais fait le choix de “ l’électricité verte ” en se tournant vers la biomasse liquide élaborée principalement à partir d'huile végétale de colza, plante principalement cultivée pour l’alimentation des animaux d’élevage, avec à terme, moins d’émissions de poussière (lesquelles seront divisées par 4) et de rejet de soufre, et une qualité de l’air améliorée. “ L’utilisation de l’huile de colza contribue à

la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. L’énergie tirée de la biomasse est en effet une énergie renouvelable avec un bilan carbone neutre en émissions directes dans la mesure où le CO2 dégagé par la combustion des bioénergies est compensé par le CO2 absorbé par les végétaux lors de leur croissance ”, indique le fournisseur d’électricité, qui de juin à octobre 2023, a équipé un à un ses douze moteurs. Cette prouesse technique a nécessité plus de deux ans de préparation et six mois de travaux pour maintenir la production d’électricité durant le chantier. Quid de l’approvisionnement en huile de colza ? EDF a conclu un partenariat avec l’un des acteurs majeurs à l’échelle européenne de la transformation des graines oléagineuses, à savoir la société française Saipol. Au-delà, cette conversion constitue une étape décisive pour la transition énergétique de La Réunion, et est emblématique de l’engagement du groupe EDF pour le développement des énergies renouvelables dans les territoires insulaires. En ce sens, la centrale de Port Est continuera à jouer un rôle déterminant. Par ailleurs, ce choix de la biomasse liquide constitue la première d’un programme global de conversion de l’ensemble des centrales EDF PEI à l’horizon 2030, et ce dans l’optique d’éviter le rejet annuel de 2,5 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère.


COMMENT MIEUX PRODUIRE

Construire durablement avec

Cementis

epuis décembre 2023, Cementis produit et commercialise Eco Kosto, un ciment qui offre une réduction d’empreinte carbone supérieure de 30% par rapport à un ciment traditionnel. En parallèle, Cementis travaille de manière plus globale sur la décarbonation de l’ensemble de ses produits et de ses process. L’Eco Kosto a été conçu pour permettre aux artisans de produire des bétons à l’empreinte carbone réduite, tout en garantissant un niveau de performances et de durabilité élevés pour toutes les applications. En outre, il s’agit d’une solution innovante et écologique dans le secteur de la construction et est de surcroît le seul ciment bas carbone produit localement. Le label Nou la Fé obtenu l’an dernier atteste par ailleurs l’ancrage local de Cementis Réunion. « Aujourd’hui, c’est notre devoir de faire des produits moins carbonés, conformes aux normes françaises et européennes et de porter une attention particulière à nos process de production pour construire durablement, indique-ton du côté de Cementis.

Dans sa volonté de proposer des produits cimentaires moins carbonés, Cementis a également lancé un béton bas carbone avec la réalisation, en décembre, de premiers chantiers béton bas carbone de la Réunion en génie civil et en dallage/fondations, avec un taux de réduction carbone de 35%. Un de ces premiers chantiers béton bas carbone a été réalisé dans le cadre de la réalisation d’une passerelle piétonne et cyclable dans la ZAC Roland Hoareau à Pierrefonds. En parallèle, Cementis poursuit son engagement écoresponsable. Grâce au soutien de BPIFrance et de l’ADEME, le Diag Décarbonaction a ainsi permis à l’entreprise de mesurer ses émissions de gaz à effet de serre à travers une démarche certifiée et de définir un plan d’actions pour les réduire.

Cementis

en chiffres La production d’un ciment

100%

péi

a démarré en 1971 avec la construction du premier broyeur à ciment. L’entreprise fêtait par ailleurs ses 50 ans d’existence en 2020. Plus de

13 millions de tonnes de ciment ont été produites depuis la naissance de Cementis

Cementis Réunion fait vivre de manière directe (employés) et indirecte (sous-traitants) plus de

250

familles de l’île. Cementis est également présent dans

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autres îles de l’océan Indien : Maurice, Mayotte, Comores et Madagascar. À forte identité régionale, le groupe est largement axé vers l’innovation et l’excellence, et visant à contribuer de manière significative au progrès des îles de la zone. FÉVRIER 2024 LOKAL

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ECONOMIE CIRCULAIRE

STS redonne une seconde vie au plâtre oilà 18 ans que Sud Traitement Service traite les déchets du bâtiment et travaux publics. Et depuis 2014, l’entreprise récupère les déchets de plâtre, les traite et les revalorise, offrant ainsi une alternative à l’enfouissement.

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Réutiliser pour continuer à aménager et construire La Réunion. C’est l’essence même de Sud Traitement Service (STS) qui depuis sa création en 2006 à Pierrefonds, traite les déchets issus du BTP : roche, terre, enrobé, béton, carrelage, placoplâtre, palette, ferraille… En mai 2022, l’entreprise a inauguré son nouveau centre de valorisation des déchets situé Zac Roland Hoarau. Outre recycler localement le verre et des extincteurs, ce centre de transformation est également capable de traiter la totalité des déchets de plâtre. Un projet au cœur de l’économie circulaire alternative à l’enfouissement de ces déchets ou qu’ils ne finissent dans la nature, et soutenu par l’Etat, l’Europe et la Région dans le cadre de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire

(AGEC). Sur environ 4500 tonnes de déchets de plâtre générés annuellement par l’activité économique locale, STS en récupère depuis 2014, sur sa plateforme saint-


SUR ENVIRON 4500 TONNES DE DÉCHETS DE PLÂTRE GÉNÉRÉS ANNUELLEMENT PAR L’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE LOCALE, STS EN RÉCUPÈRE DEPUIS 2014, PRÈS DE 2000 TONNES pierroise d’1 hectare, près de 2000 tonnes classées en trois catégories : les déchets triés, les non-triés mais valorisables, et les non-valorisables destinés à l’enfouissement. Un chiffre amené à augmenter en raison de nouvelles réglementations plus strictes, interdisant les déchetteries à réceptionner ces déchets depuis le 6 octobre 2023. Des deux premières catégories, une fois traitées et valorisées, résultera une poudre remise en circuit et destinée notamment à la fabrication du ciment.

Selon Graziella Zettor, directrice générale de STS, il y a là matière à développer une vraie économie sur la base d’un savoir-faire local. “ À La Réunion, on sait faire, la preuve, notre activité de traitement et de revalorisation du plâtre existe depuis 2014, et STS s’inscrit réellement dans un système vertueux respectueux de l’environnement ”. En parallèle, STS a répondu à un appel d’offres pour adhérer aux deux écoorganismes que sont Écomaison (récupération de jouets, articles de bricolage et de jardin, produits et matériaux de construction du bâtiment) et Écominero (collecte, recyclage et valorisation des déchets inertes du bâtiment), tout devrait se mettre progressivement en place courant 2024. Le temps d’optimiser la chaîne de production et de broyage, Graziella Zettor projette aussi l’organisation de JPO l’an prochain pour faire découvrir les coulisses de STS.


ECONOMIE CIRCULAIRE

Muryel Leblanc, directrice de Bourbon Packaging

Bourbon Packaging

“ NOUS RECYCLONS PLUS DE 400 TONNES DE MATIÈRES PAR AN POUR REFAIRE DE NOUVEAUX PRODUITS ”

ionnier du recyclage à La Réunion, Bourbon Packaging s’impose comme un partenaire clé des industriels et de la distribution, des collectivités et des particuliers engagés dans le “ Consommer mieux ”. De la conception à la fabrication des emballages jusqu'à leur fin de vie, l’entreprise a fait de l’économie circulaire l’un de ses chevaux de bataille.

la société, décarboner l’industrie du packaging était plus que nécessaire. “ Cela passe par des matériaux peu gourmands en empreinte carbone sur l’ensemble de leur cycle de vie : extraction, transformation, fin de vie… Et dont l’impact global sur les gaz à effet de serre sont limités ”. À l’image du polyéthylène dont une faible quantité suffit à le transformer en un objet résistant, transparent et apte à la sécurité alimentaire. En plus d’une grande inertie chimique et d’être non toxique car composé de carbone et d'hydrogène, il ne dégage aucune substance nocive pour l'environnement. Enfin, son empreinte carbone est faible tout comme les déchets industriels, et les chutes de production intègrent directement un circuit spécifique de régénération afin de refabriquer de la matière première. “ Nous avons un atelier de recyclage dans lequel nous recyclons plus de 400 tonnes de matières par an pour refaire de nouveaux produits. Nos sacs poubelle fabriqués à La Réunion sont d’ailleurs composés à 70 % de matières recyclées ”, insiste Muryel Leblanc. Ainsi le cycle de vie des produits Bourbon Packaging est structurellement prolongé, avec du matériel à la pointe de la technologie et des équipes formées spécifiquement à cette activité.

une entreprise responsable Bouteilles, flacons, sacs “ zoiseau ”, sacs réutilisables, sacs-poubelle, films de paillage agricole, sacs en papier… Bourbon Packaging déroule toute une gamme de produits siglés “ Le juste emballage ” accompagné d’une flèche

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courbe, signe de l’engagement de l’industriel installé à Rivière-du-Mât, en faveur de l’économie circulaire et fil conducteur à son développement. Pionnière du recyclage à La Réunion, Bourbon Plastiques Emballage née en 1967 a depuis, changé de nom, d’image et d’époque en devenant Bourbon Packaging, une nouvelle identité qui traduit l’évolution du producteur d’emballages réunionnais vers un modèle d’entreprise responsable. Son crédo : proposer le juste emballage dans une démarche d’éco-conception, d’économie circulaire, de réduction des matières à la source et de recyclabilité, pour tous ses produits, tout en conservant l’exigence de qualité qui est la sienne et en prenant en compte autant les contraintes environnementales que les contraintes techniques et économiques. Selon Muryel Leblanc, directrice de


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Août 2023 • Illustrations : 123RF • Réalisation : Antoine Clain

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