SPORTS RÉUNION N°1

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LE HAND EN HÉRITAGE

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TOUTE UNE HISTOIRE

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LE RALLYE

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[ Édito ]

© EMMANUEL GRONDIN

AGENDA

Du 26 mai au 7 juin Les luttes finales Comme chaque année, les champions de La Réunion de sports co en salle iront défier les autres lauréats des territoires ultramarins et de Nationale. Ce sont les basketteurs et basketteuses qui lanceront la campagne avec les finalités N3 du 26 au 28 mai, tandis que les handballeurs et handballeuses seront à Créteil du 29 mai au 3 juin. Enfin, en volley, Saint-Leu hébergera pour la première fois la supercoupe fédérale du 1er au 7 juin réunissant les meilleures équipes ultramarines.

Du 2 au 25 juin Haut hisse Toujours au sommet de leur discipline, les grimpeurs réunionnais vont connaître un mois de juin très chargé, avec des Coupes du Monde seniors de bloc (2-4 juin puis 9-11 juin), un Championnat d’Europe de vitesse (8-11), un Championnat de France seniors de difficulté (10-11 juin), des Coupes du Monde seniors de vitesse et de difficulté en même temps (14-18 juin), un Championnat de France de difficulté jeunes (17-18), une Coupe d’Europe de difficulté jeunes (24-25). Encore plein de médailles et d’émotions en perspective.

Le sport sa mém mém Il était un temps pas si lointain où la définition de sport était somme toute assez simple et validée par tout le monde : on disait je fais du sport et tout le monde comprenait, je fais du sport de compétition, je fais du sport dans un club, je le fais dans un stade, un gymnase ou une piscine. Au fil du temps, et encore plus avec la crise Covid qui a accéléré le mouvement, la définition a changé ou plutôt : la pratique a changé. Dans une récente étude publiée par l'Université de La Réunion, 81% des Réunionnais de plus de 15 ans déclarent pratiquer une activité sportive au moins une fois par mois, ils sont même 73% à assurer pratiquer au moins une fois par semaine, mais seulement 11% sont affiliés à une ligue ou un comité. Il y a aujourd’hui de multiples raisons de faire du sport, la santé, le plaisir avec les copains ou la famille, le rapprochement avec la nature, il y a surtout aujourd’hui de multiples façons de faire du sport. Comme si le principal moteur était désormais la liberté, on repousse les murs des stades, les murs des clubs, on s’éloigne des structures encadrées, on refuse les contraintes, les horaires. C'est cette diversité de pratiques et d'envies que Sports Réunion vous propose de retrouver. Ce nouveau supplément du Quotidien vous offrira, à travers des dossiers, des portraits, des reportages, une large vision de l'activité sportive. Pour en construire tous ensemble une nouvelle définition Flavien ROSSO

3 & 4 juin Après avoir accueilli l’épreuve l’année dernière, les cyclistes réunionnais partiront en Nouvelle-Calédonie les 3 et 4 juin, disputer le Championnat de France des Dom-Tom. Un moyen de se jauger par rapport aux autres territoires ultramarins. Mais aussi de préparer les prochains Jeux des Îles.

Du 3 au 8 juillet Le haut du panier Après sept ans d’absence, la fête du basket est de retour. Parrainé par Vincent Poirier, Petr Cornlie, Sandrine Gruda et Endy Myiem, le Run Ball se déroulera du 3 au 8 juillet au Port, toujours avec la même formule. Un camp toute la semaine, où les ados, près de deux cent cinquante, côtoieront la crème de la crème. Et un grand show le samedi, avec match, animations et concert.

10 juin

Le 1er et le 2 juillet

L’hommage des gants

L’autre traversée

Avec trois médailles d’or aux Championnats de France amateurs en décembre dernier, la boxe réunionnaise s’offre un présent et un avenir glorieux, mais elle n’oublie pas son passé. Comme chaque année, le club de Saint-Denis organise le 10 juin, au gymnase des Deux-Canons, le gala Yves-Arrighi, pour rendre hommage à un des pionniers de la discipline, grand artisan depuis le mitan des années 1960 de son développement.

A moins de trois mois du Grand Raid, le Raid 974 servira le 1er et le 2 juillet de magnifique répétition à travers les plus beaux sentiers de l’île. Cette année, les coureurs seront, entre le Port et Saint-Philippe, dans le sens Nord-Sud. Avec deux formats au programme, 60 km et 101 km, mais une même passion.

[ Sommaire ]

Place des Grands Dom 4-5

L'actu en images

6 - 10

Le dossier

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On a testé pour vous

12 - 13

Sport et santé

14

Portrait

15

Jeunes pousses

16 - 17

Que sont-ils devenus ?

18 - 19

À lire, à voir

Sport Réunion, supplément gratuit du Quotidien • Directrice de la publication : Carole Chane-Ki-Chune • Directeur : Vincent Vibert • Directeur des ventes : Florent Bosc • Responsable de développement des produits : Jean-Pierre Hugot • Rédaction : Fred Liron, Flavien Rosso, Emmanuel Guermeur, Romane Kosmider • Photographes : Emmanuel Grondin, Philippe Chan Cheung, Yann Huet • Maquette et relecture : Prépresse SAFI • Régie publicitaire : 0262 92 15 12 - email : resa.regiepub@lequotidien.re • Prépresse et impression : Imprimerie SAFI ZI du Chaudron 97490 Sainte-Clotilde

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L’ACTU

Orlan Ayaden compte double En février, Orlan Ayaden a tout raflé. Championnat de La Réunion de crosscountry et Championnat de La Réunion de trail court en à peine une semaine. Le militaire, installé dans l’île depuis août, est le grand homme du début de saison.

La Coupe du Monde à La Réunion Un peu plus de cinq mois avant le début de la Coupe du Monde de rugby en France, La Réunion a accueilli le Trophée WebbEllis. L’occasion pour tous les passionnés, d’approcher ce Graal que les Bleus espèrent soulever… enfin.

Le beachvolley voit la vie en Bleu En janvier, les équipes de France U21, filles et garçons, ont enflammé le terrain de La Ravine Blanche. Les Réunionnais, en pleine préparation pour les Jeux des Îles, ont rivalisé, mais les Bleus et les Bleues ont fait respecter la logique.

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La gym fait son show Trampoline, gym acrobatique, gym artistique… Toutes les disciplines de la gymnastique ont été mises à l’honneur au début du mois d’avril, avec plusieurs Championnats de La Réunion qui ont prouvé la dynamique de ce sport dans l’île.

L’Open des Brisants à l'accent latin Un mois après le Run Padel Tour qui a entériné la montée en puissance du padel dans l’île, les sports de raquette sont encore à l’honneur en mars, avec l’Open des Brisants de beach tennis qui a de nouveau consacré un duo italo-espagnol.

Le retour de Dafreville Ancien n°1 mondial, Matthieu Dafreville a effectué un retour gagnant sur les tatamis lors de l'Open International de Saint-Denis. Il remettra le kimono pour sa dernière compétition lors des prochains Jeux des Îles.

Le Sevi en ébullition Comme l’année dernière, le Run Slalom a réuni en février toutes les meilleures pointures du canoë-kayak international au stade en eaux vives de Sainte-Suzanne. L’occasion pour les jeunes Réunionnais de se frotter au gratin mondial.

PHOTOS : EMMANUEL GRONDIN, PHILIPPE CHAN CHEUNG, YANN HUET

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LE DOSSIER

LE RALLYE

UNE HISTOIRE DE POUAKÉS La saison de rallye s'élance ce week-end dans le sud sauvage, entretenant ainsi une passion jamais tarie dans l'île.

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Le rallye a toujours attiré énormément de fidèles, comme ici en 1983, pour le départ du Tour Auto au Barachois.

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n les appelle sur l'île les pouakés, ce sont les passionnés de sport automobile. Ceux qui passent des heures dans les garages à bichonner leurs voitures, sur les spéciales ou au cœur des parcs d'assistance. Les pouakés sont nombreux sur l'île, ce sont eux qui font vivre le rallye, les courses de côte, car la course automobile est une passion à La Réunion qui ne date pas d'hier. Le premier Tour Auto s'élance en 1969, mais on ne sait pas vraiment de quand datent les toutes première épreuves, il n'en reste que très peu de traces. “ Je pense que le premier rallye s'est disputé en 1959, c'était un rallye de régularité ”, confie Christian Albany, pouaké de toujours et administrateur de la page ''60 ans de rallyes à La Réunion." “ J'ai disputé mon premier rallye en 1968, se souvient quant à lui Jean-Pierre Ollivier, qui fut par la suite président de la Ligue, alors appelé le Corsa Réunion (Comité Régional du sport Automobile), cela ne s'appelait pas le Tour Auto, pourtant, on faisait bien le tour de l'île. ”

Le Tour, la référence L'année d'après naissait donc le Tour Auto de La Réunion. En 1969, c'est cette première édition qui a véritablement lancé l'histoire des rallyes sur l'île. Ensuite le Tour Auto n'a fait que grandir, au point de flirter aujourd'hui avec le championnat de France des Rallyes de première division, même si l'éloignement reste un handicap. Et s'il n'y eut pas d'édition en 1970, à cause de la crise pétrolière, de nombreuses grandes stars et des grands noms, de l'automobile et d'ailleurs, se sont ensuite alignés au départ. A commencer par Jean-Pierre Nicolas, habitué du WRC et vice-champion du monde en 1978, et Jean Todt. Celui qui allait devenir bien plus tard le patron de la Scuderia Ferrari puis le président de l'organe directeur du sport automobile mondial, la FIA (Fédération internationale de l'automobile), remportait en 1972 le troisième Tour Auto en tant que copilote, Jean-Pierre Nicolas récidivera l'année suivante avec Claude Roure. Il y en eut bien d'autres, des noms que tous les passionnés de rallyes connaissent, Hervé Knapick (vainqueur en 1977), Jean Ragnotti (1976, 1982, 1993, 1994), Alain Oreille (1991, 1992, 1995) ou le célèbre Jean-Pierre Beltoise, vainqueur dès 1975. “ Il y avait de sacrés personnages qu'on invitait à cette époque, se souvient Jean-Pierre Ollivier. Trintignant, Beltoise, ou Jean Graton ”. Ce scénariste donnera ainsi naissance en 1981 à l'un des nombreux volumes de la bande dessinée Michel Vaillant ''Rallye sur un volcan'', inspiré de notre épreuve phare. “ La Réunion était un lieu de passage pour les sommités, on invitait les gens du showbizz, ils ont dormi chez moi mais sans selfies, se souvient JPO. On avait 30, 40 ans. ” Il y eut aussi deux champions du monde des Rallyes français. Le premier avait été sacré en 1994, Didier Auriol et Jean-Marc Andrié remportant le Tour Auto en 1996. Le second ne l'était pas encore, mais il marquait le rallye mondial de son empreinte.

L'ASA Réunion fête ses 60 ans L'Association Sportive Automobile de La Réunion, communément appelée l'ASAR, est l'une des premières associations sportives de type loi de 1901 créée à La Réunion. Depuis 1963, l'ASA Réunion a pour objectif de promouvoir le sport automobile sur l'île et elle organise pour cela des événements sportifs automobiles ayant pour mission de réunir tous les amoureux de l'automobile. Au fil des années, les événements organisés par l'ASAR, et notamment le Tour Auto, se sont construits une notoriété qui est le résultat d'une passion qui s'est très vite propagée dans toute l'île. L'ASA Réunion, c'est une équipe de plus de deux cents bénévoles et près de cinq cents licenciés venant des

quatre coins de l'île. Muriel Rajoël est aujourd'hui la présidente de l'ASA Réunion, et elle prépare avec son équipe un grand Tour Auto pour le mois de juillet prochain. Celui-ci s'annonce exceptionnel et fêtera sa 54e édition, 172 kilomètres de spéciales sont prévus. Les soixante ans de l'ASAR, seront célébrés en même temps que les quarante années de la radio RER (Radio Est Réunion), qui accompagne le rallye sur l'île depuis de nombreuses années. Tout le monde se souvient de l'inoubliable Patrick que l'on entendait dans tous les parcs d'assistance, aujourd'hui les voix ont changé, mais RER demeure présente sur toutes les courses.

Les premières courses automobiles à La Réunion datent du début des années 1960. Et peut-être même un peu avant.

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LE DOSSIER Les premières courses automobiles à La Réunion datent du début des années 1960. Et peut-être même un peu avant.

Président de la fédération internationale et vainqueur du Tour en 1972, Jean Todt est sans doute le plus illustre des invités à avoir couru à La Réunion.

Sébastien Loeb gagnait le Tour Auto en 2001, avec Daniel Elena et la Xsara Kit-Car, il allait ensuite remporter neuf titres de champion du monde des Rallyes. Le dernier vainqueur venu de métropole fut JeanMarie Cuoq, lauréat en 2017 avec le Réunionnais Christophe Tonru au volant de la C4 WRC, mais bon nombre de pilotes locaux ont aussi marqué l'histoire du Tour Auto, Maurice Payet avant tout qui remportait la première édition en 1969, associé à son frère Jean-Paul, et bien avant les succès du fiston Olivier en 1998, 1999, 2010 et 2011. Tony Ricquebourg dès 1979 puis en 1988 et 2007, Massoum Dindar (1983, 1985, 1986 et 1987), Sabir Gany et sa M3 (1989, 1990, et 2006 avec la 306 Maxi), Maurice Lallemand (1974), Christian Pausé et JeanRolland Gaud (1982), Jacques Thing-Leo (1981 et 1984), Jean-Claude Chaussalet (1991, 1997), Malik Unia (2000, 2009), Pascal Ardouin (2005, 2006), ou encore David Grondin en 2004, Samuel Bellon (2012 et 2013) et Stéphane Sam-Caw-Freve (2014, 2015 et 2016), ont aussi marqué l'histoire du Tour Auto.

La Ligue, en 1983 Pour bon nombre d'entre eux, les victoires au Tour Auto ont coïncidé avec le titre de champion de La Réunion. Ce fut le cas pour Idriss et Abdoul Affejee, vainqueurs du Tour en 1980 et victorieux aussi cette année-là, de ce qui semble être le tout premier championnat sur l'île. “ Avant il y avait beaucoup de rallyes mais pas de championnat, le premier a été organisé en 1980 par l'ASA Réunion ”, se souvient Abdoul Affeejee. “ Le championnat s'est créé bien après le Tour Auto", confirme Jean-Rolland Gaud, autre mémoire vivante et membre de l'ASAR depuis près de quarante ans. “ Il y avait des rallyes, des courses de côte, avec des classements pas forcément officiels mais reconnus par tous. C'était bon enfant mais il n'y avait pas de championnat structuré ”, précise-t-il. La Ligue de La Réunion fut créée en 1983, et réellement opérationnelle en 1984. “ Le premier

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La saison 2023 qui s’ouvre ce week-end perpétue une histoire vieille de plus de soixante ans.

président fut Michel Popineau ”, enchaîne Jean-Pierre Ollivier. Elle fut longtemps appelée le Corsa (Comité régional du sport automobiles de La Réunion. “ Mais à la fédération, ils nous prenaient pour des Corses alors on a changé." La ligue s'appelle désormais LSAR (Ligue du sport automobile de La Réunion), Christian Pausé en est aujourd'hui le président.

"De la mécanique pure et dure" Abdoul Affeejee, associé à son frère Idriss au volant, a marqué son temps sans rester longtemps. “ Entre 76 et 81 ”, raconte-t-il, le temps de gagner le premier championnat de La Réunion, et le Tour Auto la même année. “ Ensuite, la vie de famille et le côté professionnel ont pris le dessus, mais la passion est toujours là ”. Il a alors bien souvent mis le numéro 0 sur les Mitsubishi Lancer fraîchement arrivées sur l'île, s'amusant avec ses quatre roues motrices. Les débuts, c'était avec une Simca Rallye 2 fin 1976. “ On a fait un tête à queue dans la première spéciale, on a terminé derniers du rallye mais on a terminé, se souvient Aboul. Ensuite c'était au rallye de La Plaine 1977, avec notre petite Rallye 2, on a fait des cinquième et sixième temps scratches, notamment dans NotreDame-de-la-Paix. Notre club du Simca Rallye Team n'y croyait pas et ils ont voulu démonter notre voiture. Idriss était furieux et le lendemain, on a changé pour une Opel Kadett. Là c'était le top, on a fini troisièmes de notre premier rallye, avec un premier temps scratch sur la spéciale du chemin Mélina aux Avirons. J'étais très jeune, à peine 17 ans, Maurice Lallemand qui nous connaissait depuis tout petit est venu nous voir en nous disant qu'on venait marcher sur ses plate-bandes. Mais c'était juste en descente, sinon, on ne pouvait pas aller chercher l'Alpine ”. Ensuite les deux frères se séparaient, “ et ça ne marchait plus ni pour l'un ni pour l'autre, raconte Abdoul, sauf en de rares occasions. Ce sont les parents qui nous ont forcé à courir à nouveau ensemble ”. Arrive alors le Tour Auto 1980, que les frères Affeejee

disputaient avec une Ford Escort RS 2000 de série. “ Là c'était génial, on a fait le scratch dès la première spéciale, devant les Alpine et les Porsche, et devant Bruno Saby et sa Golf groupe 2. C'est à l'assistance après quatre spéciales qu'on nous a dit qu'on était en tête. A l'époque il n'y avait pas RER et on n'avait pas les temps. Ce fut une grosse surprise pour nous mais juste après dans les Radiers, alors qu'Idriss ne sautait jamais et sans taper, le moteur a chauffé sur le plateau. Notre mécano Nico Orbouin a vu que c'était une durite de chauffage qui était sectionnée, il a réparé vite fait mais avec une pénalité, nous sommes repartis sixièmes et on a attaqué très fort pour remonter troisièmes derrière les frères Gaud et Bruno Saby ”. C'est alors que la chance leur souriait avec les soucis mécaniques des leaders. “ On était tellement contents qu'on a voulu se faire plaisir et rouler, et on a terminé par un nouveau scratch dans Carron Ango, c'était la première fois qu'une Ford gagnait le Tour. C'est vraiment un super souvenir, on était très jeunes et on a pris beaucoup de plaisir. Merci à Marc Praschl qui était alors à Saint-Etienne qui nous faisait venir les pièces. Ensuite il est venu sur l'île pour faire notre assistance. A l'époque, c'était de la mécanique pure et dure ”. Il est encore là aujourd'hui, très souvent le nez sous divers capots à l'assistance, Marc Praschl fait lui aussi partie de ceux qui ont fait l'histoire du rallye à La Réunion. On n'oubliera pas de citer pour terminer des noms qui ont chacun émaillé leur époque, comme Gérard Julian, Dominique Lenormand (champion en 1985 et 1987), Sabir Gany (champion en 89 et 90 avant d'aller représenter La Réunion en métropole), Ibrahim Gangate, Lilian Ethève, Alain Garsault, Philippe Maître, Farouk Moullan et bien sûr Thierry Law-Long, qui garde sa page d'histoire encore ouverte. Des champions qui perpétuent une histoire qui a commencé il y a longtemps, mais pour laquelle l'engouement n'a jamais cessé. Fred LIRON


Les palmarès TOUR AUTO 1969 : Maurice Payet – Jean-Paul Payet (Simca 1200) 1971 : Jean-Paul Castelnau – Claude Hily (Porsche 911) 1972 : Jean-Pierre Nicolas – Jean Todt (Renault 12 Gordini) 1973 : Jean-Pierre Nicolas- Claude Roure (Alpine-Renault A110 1600) 1974 : Maurice Lallemand – Alain Guenin (Alpine-Renault A110 1800) 1975 : Jean-Pierre Beltoise – Jean-Pierre Aujoulet (Alpine-Renault A110 1800) 1976 : Jean Ragnotti – Jean-Pierre Aujoulet (Alpine-Renault A110 1800) 1977 : Hervé Knapick – Marceau Rivière (Opel Kadett GTE) 1978 : Jean-Louis Clarr – Doudou Bangui (Opel Kadett GTE) 1979 : Tony Ricquebourg – Marceau Rivière (Opel Kadett GTE) 1980 : Idriss Affejee – Abdoul Affejee (Ford Escort RS 2000) 1981 : Bernard Béguin – Philippe Ozoux (Porsche 911 SC) ; 1er Réunion : Jacques Thing-Léo – Jean-Claude Garangeat (Renault 5 Turbo)

1998 : Olivier Payet – Valérie Payet (Peugeot 306 Maxi) 1999 : Olivier Payet – Valérie Payet (Peugeot 306 Maxi) 2000 : Malik Unia – Gilles Stasica (Toyota Celica) 2001 : Sébastien Loeb – Daniel Elena (Citroën Xsara Kit Car)

1982 : Jean Ragnotti – Jean-Marc Andrié (Renault 5 Turbo) ; 1er Réunion : Christian Pausé – Jean-Rolland Gaud (Renault 5 Turbo)

2002 : Sabir Gany – Zakaria Omarjee (Peugeot 306 Maxi)

1983 : Massoum Dindar – José Peyou (Opel Ascona 400)

2004 : David Grondin – Didier Bénard (Citroën C2 S1600)

1984 : Jacques Thing-Léo – Jean-Claude Garangeat (Renault 5 Turbo)

2005 : Pascal Ardouin – Christian Paris (Peugeot 206 WRC)

1985 : Dominique De Meyer – Jacques Lions (Renault 5 Turbo) ; 1er Réunion : Massoum Dindar – Jean-Marc Garcia (Opel Manta 400)

2006 : Pascal Ardouin – Christian Paris (Peugeot 206 WRC)

1986 : Jean-Pierre Ballet – Philippe Ozoux (Peugeot 205 T16) ; 1er Réunion : Massoum Dindar – Jean-Marc Garcia (Opel Manta 400)

2008 : Farouk Moullan – Abdoul Patel (Ford Escort Cosworth)

1987 : Dominique de Meyer – Jean-Rolland Gaud (R5 Maxi Turbo) ; 1er Réunion : Massoum Dindar – Jean-Marc Garcia (Opel Manta 400)

2010 : Olivier Payet – Hamza Mogalia (Fiat Punto S2000)

1988 : Tony Ricquebourg – Denis Antou (Porsche 911 SC RS) 1989 : Sabir Gany – Idriss Gany (BMW M3) 1990 : Bernard Béguin – Philippe Ozoux (Ford Sierra RS Cosworth) ; 1er Réunion : Sabir Gany – Idriss Gany (BMW M3)

2003 : Pascal Ardouin – Christian Paris (Peugeot 206 S1600)

2007 : Tony Ricquebourg – Christian Pausé (Renault Mégane Maxi) 2009 : Malik Unia – Jean-Diony Laval (Peugeot 207 S2000) 2011 : Olivier Payet – Hamza Mogaglia (Fiat Punto S2000) 2012 : Samuel Bellon – Christophe Tonru (Peugeot 207 S2000) 2013 : Samuel Bellon – Christophe Tonru (Peugeot 207 S2000) 2014 : Stéphane Sam-Caw-Freve – Margaux Teyssedre (Peugeot 206 WRC)

1991 : Alain Oreille – Albert Neyron (Renault Clio 16S) ; 1er Réunion : Jean-Claude Chaussalet – Jean-François Couderc (Opel Kadett GSI 16V)

2015 : Stéphane Sam-Caw-Freve – Margaux Teyssedre (Peugeot 206 WRC)

1992 : Alain Oreille – Jean-Marc Andrié (Renault Clio 16S)

2017 : Jean-Marie Cuoq – Christophe Tonru (Citroën C4 WRC)

1993 : Jean Ragnotti – Gilles Thimonnier (Renault Clio 16S)

2018 : Thierry Law-Long – Jean-François Law-Man-Too (Skoda Fabia R5)

1994 : Jean Ragnotti – Gilles Thimonnier (Renault Clio Williams)

2019 : Damien Dorseuil – Kévin Deberge (Ford Fiesta R5)

1995 : Alain Oreille – Jean-Marc Andrié (Renault Clio Maxi)

2020 : pas de Tour Auto, année Covid

1996 : Didier Auriol – Jean-Marc Andrié (Toyota Celica)

2021 : Thierry Law-Long – Mohammad Noor Balbolia (Skoda Fabia R5)

1997 : Jean-Claude Chaussalet – Jean-François Couderc (Peugeot 306 Maxi)

2022 : Damien Dorseuil – Kévin Deberge (Ford Fiesta R5)

2016 : Stéphane Sam-Caw-Freve – Margaux Teyssedre (Peugeot 206 WRC)

CHAMPIONNAT DE LA RÉUNION 1980 : Idriss Affejee – Ismaël Afejee (Opel Kadett)

2002 : Malik Unia – Gilles Stasica (Toyota Corolla WRC)

1981 : Jacques Thing Léo – Jean-Claude Garangeat (R5 Turbo)

2003 : Pascal Ardouin – Christian Paris (Peugeot 206 S16)

1982 : Jean-Paul Lallemand – A. Guenin (Talbot Lotus)

2004 : Patrice Prugnières – Laurence Hoareau (206 S16)

1983 : Jacques Thing Léo - Jean-Claude Garangeat (R5 Turbo)

2005 : Pascal Ardouin – Christian Paris (Peugeot 206 WRC)

1984 : Jacques Thing Léo - Jean-Claude Garangeat (R5 Turbo)

2006 : Pascal Ardouin – Christian Paris (Peugeot 206 WRC)

1985 : Dominique Lenormand – Catherine Lauret (R5 Turbo)

2007 : Pascal Ardouin – Christian Paris (Citroën C2)

1986 : Massoum Dindar – Jean-Marc Garcia (Opel Manta 400)

2008 : Olivier Payet – Imrann Ravate (Fiat Punto Abarth)

1987 : Dominique Lenormand – Catherine Lauret (Peugeot 205)

2009 : Malik Unia – Jean-Diony Laval (Peugeot 207 S2000)

1988 : Tony Ricquebourd – Denis Antou (Porsche 911)

2010 : Olivier Payet – Hamza Mogalia (Fiat Punto S2000)

1989 : Sabir Gany – Idriss Gany (BMW M3)

2011 : Philippe Maître -Laurent Descamps (Clio Super 1600)

1990 : Sabir Gany – Idriss Gany (BMW M3)

2012 : Johny Picard – Jean-François Law-Man-Too (Subaru Impreza)

1991 : Thierry Delaunay – Alain Teyssèdre (309 GTI)

2013 : Mamisoa Rajoel – Muriel Rajoël (Honda Civic R)

1992 : Tony Ricquebourg – Francis Chirol (309 GTI)

2014: Stéphane Sam-Caw-Freve – Margaux Teyssedre (Peugeot 206 WRC)

1993 : Jean-Claude Chaussalet – Jean-François Couderc (BMW M3)

2015 : Mamisoa Rajoel – Muriel Rajoël (Honda Civic R)

1994 : Philippe Maître – Jean Thierry (BMW M3)

2016 : Stéphane Sam-Caw-Freve – Margaux Teyssedre (Peugeot 206 WRC)

1995 : Tony Ricquebourg – Michel Dussaux (BMW M3)

2017 : Thierry Law-Long – Bertrand Bonneau (Peugeot 207 S2000)

1996 : Tony Ricquebourg – Michel Dussaux (Ford Escort)

2018 : Thierry Law-Long – Jean-François Law-Man-Too (Peugeot 207 S2000)

1997 : Johny Picard – Patrick Agathe (Subaru gr N)

2019 : Thierry Law-Long - Noor Mohammad Balbolia (Peugeot 207 S2000)

1998 : Olivier Payet – Valérie Gangnant (306 Maxi)

2020 : Pas de champion, année Covid

1999 : Olivier Payet – Valérie Gangnant (306 Maxi)

2021 : Thierry Law-Long – Noor Mohammad Balbolia (Skoda Fabia R5)

2000 : Malik Unia – Gilles Stasica (Toyota Celica)

2022 : Thierry Law-Long – Noor Mohammad Balbolia (Volkswagen Polo R5)

2001 : Malik Unia – Gilles Stasica (Toyota Corolla WRC)

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LE DOSSIER

Méticuleux, gros bosseur, fin stratège, talentueux : les prédécesseurs de Thierry Law-Long ne tarissent pas d’éloges sur ses qualités.

Law Long

Une ère à lui tout seul Avec cinq titres de champion de La Réunion, Thierry Law Long bat des records et marque l'histoire récente de la discipline.

A

vec cinq titres de champion de La Réunion, Thierry Law Long bat des records et marque l'histoire récente de la discipline. Thierry Law-Long sera au départ dans quelques jours, dans le Sud sauvage d'une nouvelle saison à six rallyes, pour un sixième titre, avec toujours autant de fraîcheur. “ Avant que je vieillisse trop vite, si je peux marquer l'histoire encore davantage ”, dit-il avec un large sourire.

Cinquième titre de champion de La Réunion l’an dernier pour Thierry Law-Long. Un record !

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Sorti vainqueur des cinq dernières éditions du championnat de la Réunion, Thierry Law-Long a en effet inscrit son nom en lettres capitales dans le grand livre du rallye réunionnais. Copiloté désormais par Mohammad Balbolia, celui qui dit avoir appris la mécanique et le pilotage sur le tas, dans les sorties avec les copains, se place ainsi tout seul en haut du palmarès devant un quadruplé de quadruples champions, Pascal Ardouin, Malik Unia, Tony Ricquebourg et Olivier Payet. Nous leur avons demandé ce qu'ils pensaient de cette performance et du quintuple champion de La Réunion, dont la série est toujours en cours. Malik Unia : “ Thierry, il a fait preuve d'une régularité exemplaire, il a toujours su gérer. Il a une bonne auto, une bonne équipe, un bon cap, et aussi un peu de chance, comme l'an passé où Damien Dorseuil était en lice lui aussi pour le titre, mais tout a basculé au Tour Auto, où tout a tourné à la catastrophe pour Damien. La concurrence était présente avec quelques surprises comme la victoire d'Olivier Bardeur à La Plaine-des-Palmistes lors du premier rallye de l'année. Un championnat n'est jamais facile à gagner même si on est le champion sortant, et ça peut vite tourner, en sa faveur ou pas. Pour lui, tous les paramètres étaient réunis. C'est un pilote talentueux qui a su s'entourer, il faut de la régularité et être présent sur chaque épreuve, lui est très fiable, très régulier. Il le mérite car il a la tête sur les épaules, il met des stratégies en place, il faut faire des rallyes avec la tête, connaître ses objectifs et garder la tête froide. Des fois, gagner le rallye ou gagner le championnat, il faut voir les priorités. C’est pour cela qu’il faut savoir quand augmenter le rythme ou au contraire se calmer, c'est la marque d'un champion. Il faut bien se connaître, savoir son niveau et son potentiel. ” Tony Ricquebourg : “ Thierry, c'est un marmay que j'ai vu progresser, je l'ai vu courir en challenge

Peugeot. Cinq titres, c'est une performance remarquable, même si on aurait aimé voir davantage de concurrence, notamment sur la dernière année. Pour gagner, il faut attaquer très fort, mais Thierry sait aussi quand il faut lever le pied. C'est un fin tacticien et pas forcément un fougueux, et il ne sort pas de la route, il calcule bien. Maintenant, il faut des gros sponsors pour rouler pour gagner, et ça ne doit pas être simple pour lui tout le temps. ” Olivier Payet : “ Oui, on est admiratif, et je suis très heureux pour lui. J'aurais bien voulu ce cinquième titre, comme beaucoup. Il le mérite amplement et il travaille beaucoup pour ça. C'est d'autant plus mérité que c'est un pur privé, alors que ses adversaires avaient le soutien d'un constructeur. Cela veut dire aussi qu'il a une super équipe, qui travaille beaucoup. Pour moi aujourd'hui, l'envie est là mais c'est difficile de trouver des partenaires. ” Pascal Ardouin : “ Thierry, c'est un ami. Je l'ai connu au Peugeot Sport Réunion en 2003, c'est une personne qui a toujours su se faire apprécier de par sa gentillesse et son humilité. Pour l'anecdote, il avait remporté son premier rallye en tant qu'officiel sur la 206 Super 1600. Cinq titres, c'est une performance exceptionnelle, d'autant plus qu'ils sont consécutifs et sur trois voitures différentes. Je pense que ce record sera difficile à égaler, surtout qu'il risque de rajouter quelques lignes supplémentaires à ce palmarès. Au-delà de sa vitesse, il démontre également que c'est un pilote régulier et intelligent. Il sait gérer ses courses, ne fait quasiment aucune faute, et a compris que ce sont les petites rivières qui font les grands fleuves. ” Fred LIRON


ON A TESTÉ POUR VOUS

Un sport rythmé

Le tchoukball Le tchoukball, sport d’origine suisse très populaire en Asie de l’est compte plus de 50 % de ses adhérents français à La Réunion, département qui compose à 99 % l’équipe féminine nationale.

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ous connaissez sûrement le tchoukball, c’est un sport qui est très présent à La Réunion. Pour vous dire, 50 % des licenciés français sont présents sur notre île. Pour les néophytes et ceux qui ne connaissent pas ce sport, je vous explique. Je suis parti tester pour vous ce sport auprès du club de tchoukball de Saint-Benoît, le SBTB. Je m’y suis rendu un samedi où ils ont affronté le Tchoukleu (club de tchoukball de Saint-Leu) pendant 45 minutes. C’est un sport mixte ou hommes et femmes peuvent normalement s’affronter et être dans la même équipe. Mais pour les compétitions internationales, il faut constituer une équipe homme et une équipe femme. L’équipe de France féminine est à 99 % réunionnaise, 1 seule fille de la métropole devrait participer aux Championnats du monde qui auront lieu à Prague en août 2023. Le jeu se joue à 7 contre 7, et a le fair-play et le respect comme ligne de conduite. Par exemple, lors des Mondiaux, une équipe a eu un joueur blessé, et les opposants ont retiré également un joueur pour ne pas la désavantager. Les tirs n’ont pas le droit d’être bloqués directement par les joueurs et si vous échouez, "c’est uniquement de votre faute", m’a expliqué un joueur du SBTB rajoutant "si vous vous blessez en recevant la balle au visage, c’est que vous étiez mal placé". Pour comprendre facilement le sport il suffit d’avoir en tête la citation de son créateur le docteur Hermann Brandt. "Le but des activités physiques humaines n’est pas de faire des champions, mais de contribuer à l’édification d’une société harmonieuse". Je suis donc parti tester cette pratique avec le club le plus ancien de La Réunion : le SBTB. Sur place j’ai été accueilli par Thierry Grimaud, président de la ligue de

Tchoukball et Albert Silvetti, l’entraîneur de l’équipe de Saint-Benoît. Avec certains des meilleurs joueurs de La Réunion, j’ai découvert ce sport en faisant leur entraînement et en jouant à un match. Leur entraînement s’est déroulé ainsi : un joueur fait une passe à son coéquipier placé à côté du filet. Il attrape la balle et saute pour tirer. La balle rebondit sur le filet du cadre qui est tendu. Un troisième joueur se place face au filet pour tenter de bloquer le point en la rattrapant avant qu’elle ne touche le sol. Les consignes sont faciles à comprendre, mais sur le terrain, comprendre qu’il faut s’élancer, attraper la balle, sauter, viser et tirer n’est pas toujours évident et les membres du corps ont parfois du mal à suivre quand ils ne sont pas habitués. Arriver à tirer n’est que le début, car il faut aussi vite se replacer pour tenter d’attraper la balle du prochain joueur qui tire. Et l’entraînement reflète parfaitement les conditions de match. Lors de la rencontre, qui s’est disputée en trois fois 15 minutes, nous avons joué à 7 contre 7. L’équipe était étalée sur tout le terrain, des joueurs proches des filets sont prêts à marquer un point tandis que les milieux de terrain alternent selon l’action en cours. À chaque fois que la balle se jouait proche d’un filet, il fallait être prêt à recevoir la passe d’un allié pour tirer d’un angle que les défenseurs ne soupçonnent pas. Et pour avoir le meilleur angle, il ne faut pas être face au filet car le rebond est trop prévisible, mais il faut essayer d’être sur le côté pour que l’angle soit le plus large possible. Dès que nous perdions la balle, il fallait courir pour se mettre en position de défense dans la foulée. Nous étions 3, collés épaule contre épaule à glisser le long du périmètre en arc de cercle autour du filet à tenter d’arrêter la balle. Parfois elle nous passe sous les jambes, parfois sur le côté, parfois trop haut. Mais de temps en temps, l’un d’entre nous arrivait à l’attraper, et une nouvelle tentative pour marquer commençait. Les deux équipes peuvent tenter de marquer sur n’importe lequel des filets qui sont à chaque extrémité du terrain, pas plus de trois fois de suite, forçant le jeu à se déplacer, et les joueurs à courir. Finalement, et comme dans beaucoup de sports, il faut avoir une bonne réflexion de jeu et cogiter en permanence pour bien se placer et comprendre quel est le meilleur angle de tir pour que personne ne

L’entraîneur de Saint-Benoît, Albert Silvetti, prépare les Réunionnais aux prochaines joutes nationales et internationales.

puisse récupérer la balle. Un peu comme au billard, mais à échelle humaine. L’entraîneur Albert Silvetti a aussi opposé les garçons aux filles, lesquelles ont remporté le match sans difficulté, signe qu’elles sont dignes de s’imposer à l’international. Pour rester au meilleur de leur forme et continuer de se perfectionner, leur entraîneur a mis au point un tableur qui analyse toutes leurs performances en matchs. Il sait ainsi précisément les forces et les faiblesses de chacun de ses joueurs. Nombre de passes, précision des tirs, fautes, blocage, ballons récupérés etc., tout est enregistré. Au bout des 15 premières minutes du match qui dure 45 minutes, il a déjà une estimation de la performance du jour. "30 tirs tentés avec 15 réussis ce n’est pas terrible. Il faudrait qu’on ait 90 % de réussite. Habituellement on est à 70 % en moyenne de tirs marquant un point". Ce n’était bien évidemment pas mon ratio ce jour-là. Normal, pour une première fois. Mais avec l’habitude, qui sait… Roman KOSMIDER

PRATIQUE La Ligue de Tchoukball de La Réunion, membre de la fédération française, est située à Saint-Leu. Son président est Thierry Grimaud. Pour toutes informations, contacter le 06.92.85.16.36.

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“ Faire sortir les enfants de chez eux ” Alors, à la rentrée d'août 2020, l'UNSS, en partenariat avec le réseau pédiatrique 974 et de nombreux acteurs institutionnels du secteur de la santé, comme l’ARS ou l’Ireps, a lancé dans quelques établissements du second degré, l'Association Sportive santé, une démarche unique en France. "L'objectif, c'est de faire venir à la pratique sportive des enfants qui en sont éloignés, résume Fanny Massidda, la directrice adjointe de l'UNSS Réunion. A travers ce dispositif, nous voulons faire sortir de chez eux des enfants qui souvent sont plutôt sur les écrans, en leur proposant des rendez-vous réguliers tout au long de la semaine, mais aussi des activités différentes, un peu plus funs, afin qu'ils prennent des bonnes habitudes. Ce sont souvent des enfants qui ne sont ni dans les clubs, ni dans les autres activités UNSS. Ils viennent parce qu'ils ont envie de se retrouver entre copains et si certains sont en surpoids, ou pas très agiles, ils savent qu'ils ne seront pas stigmatisés." Les enseignants ont été formés, car, comme le relève Fanny Massidda, "c'est un public différent du public sportif habituel", les élèves ont ensuite découvert le dispositif, ceux qui y ont touchés y sont restés fidèles et quelquesuns sont dedans depuis maintenant trois ans. Comme les autres associations sportives conduites par l'UNSS dans des disciplines plus conventionnelles, l'AS santé fonctionne en dehors des cours, en général à la

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pause méridienne ou le mercredi après-midi et propose à la fois des activités physiques, comme de la randonnée, de la course d'orientation, du ballon prisonnier, du gainage, de la gymnastique, jumelées avec des ateliers de sensibilisation autour de l'alimentation, du danger des écrans, de la confiance en soi, la maîtrise des émotions... "La santé, c'est bien évidemment la santé physique, mais c'est aussi la santé sociale et mentale, rappelle Diane Santos. C'est pour cela qu'on travaille beaucoup sur l'estime de soi. Il n'y a donc pas forcément que des marmailles en surpoids ou qui ont des addictions aux écrans. Il y a vraiment toute sorte de profils et l'important, justement, c'est de mélanger les élèves, pour qu'ils aient envie de venir, être avec leurs copains."

Semer des graines Au début du mois de mai, la plupart des AS se sont retrouvées à l'Etang-Salé, pour une journée d'activités, mais surtout de partage et de mélange. "C'est la première fois qu'on organisait une telle journée, relève Fanny Massidda. Il n'y a eu ni rencontres, ni compétitions. Encore moins des classements. Notre objectif, c'est qu'ils se regroupent pour apprendre à se connaître et éventuellement, par la suite, envisager des activités communes, des déplacements communs, car le nerf de la guerre, c’est toujours les finances, donc mutualiser des moyens, c’est une bonne solution." Il est bien évidemment beaucoup trop tôt pour en tirer des conclusions, mais déjà, dans les discours de ces adolescents, percent les notions apprises, qu'il faut maintenant appliquer dans la vie quotidienne. "On les sent plus à l'écoute sur ces sujets, conclut Diane Santos. Quand par exemple, un élève sort un paquet de chips, ce n'est pas de rare de voir un des enfants qui fréquentent l'AS lui dire : tu sais, c'est un aliment gras et sucré, est-ce que c'est vraiment indispensable? Je pense qu'on est tout simplement en train de semer des graines. Il y a des connaissances qui émergent, qu'ils peuvent étendre aux autres, dans le collège ou en dehors. Ce sera alors à leur tour de sensibiliser leur famille et leurs copains." Parce que le sport santé est avant tout une oeuvre de longue haleine. Flavien ROSSO

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'était juste après les longs confinements de l'épidémie Covid et c'est bien évidemment tout sauf un hasard. "C'était un processus auquel on réfléchissait depuis déjà un petit bout de temps et c'est vrai que le Covid a été un facteur en plus, confirme Diane Santos, professeure d'EPS au collège Guy-Môquet de Saint-Benoît, l’une des pionnières du dispositif. Toutes les autres activités sportives UNSS étaient bloquées, il n'y avait ni rencontres, ni compétitions. Et surtout les besoins de santé étaient vraiment très forts."

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Depuis trois ans, l'UNSS a mis en place dans une vingtaine d'établissements scolaires de l'île une Association Sportive santé qui permet de sensibiliser les marmailles sur le sujet et d'en rapprocher certains de l'activité physique.

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VINGT ÉTABLISSEMENTS CONCERNÉS Vingt établissements du secondaire ont actuellement ouvert une AS santé ou ont au moins un enseignant qui a suivi la formation, en vue d’en ouvrir une. Il y a dixsept collèges : collège Edmond Albius et collège Oasis au Port ; collège de Plateau Caillou ; collège Paul Herman, collège Adam de Villiers et collège de Terre Sainte à Saint-Pierre ; collège du 12e Km, collège du 14e Km et collège de La Châtoire au Tampon ; collège Bory SaintVincent à Saint-Philippe ; collège Gaston Crochet à La Plaine-des-Palmistes ; collège Amiral Bouvet et collège Guy Môquet à Saint-Benoît ; collège Joseph Bédier à Saint-André ; collège Hyppolite Foucque à Sainte-Suzanne ; collège Mahé de Labourdonnais et collège des Mascareignes à Saint-Denis. Il y a trois lycées : Lycée professionnel RochesMaigres à Saint-Louis ; Lycée SaintCharles à Saint-Pierre ; Lycée Amiral Bouvet à Saint-Benoît.


[ Interview ]

Les élèves travaillent aussi sur les émotions, ici la colère, et la confiance en soi.

Enseignante depuis presque vingt ans, Géraldine Guilbon a vu la sédentarisation gagner du terrain chez ses élèves.

Pour Fanny Massidda, l’objectif de ces AS santé est simple : ramener vers la pratique sportive des enfants qui en sont éloignés.

Les corps ne sont plus les mêmes " Enseignante d'EPS au lycée de Roches-Maigres, à Saint-Louis, Géraldine Guilbon dirige l'AS santé de l'établissement. Sans doute parce que, depuis dix-neuf ans qu'elle enseigne à La Réunion, elle a vu la sédentarisation des adolescents et l'éloignement des activités sportives progresser. Madame Guilbon, est-ce qu'aujourd'hui, dans vos cours d'EPS, la santé est un thème que vous abordez? Géraldine Guilbon : Oui, on essaie de l'aborder encore plus dans toute la partie connaissances et préparation à la vie future. Tant au niveau de l'alimentation, que de la lutte contre les traumatismes, la préparation de son corps à un effort, la récupération. Ils sont assez réceptifs à tous ces sujets. Maintenant, le but, c'est aussi qu'ils pérennisent tout ce qu'ils apprennent à l'école pour la suite. Comment abordez-vous le sujet de l'alimentation? G.G. : Au lycée, on a quelque chose qui est assez sympa, c'est un projet randonnée. Et avant de partir, on a mis en place un petit-déjeuner. C'est une demi-heure où les enfants déjeunent dans le lycée. Et on en profite pour expliquer ce qu'il faut prendre au petit-déjeuner. C'est une intervention assez ponctuelle mais très précise. L'alimentation, on l'aborde aussi sur des sorties pédagogiques ou des journées à l’extérieur, où on va expliquer, le sucre, le gras, l'hydratation...

" Ça se sédentarise beaucoup"

Les enfants participent à des ateliers, comme celui des sucres cachés : sauriez-vous classer ces boissons de la moins à la plus sucrée ?

Vous enseignez depuis 19 ans à La Réunion, avez-vous vu des changements dans le comportement des jeunes adolescents par rapport à la pratique sportive? G.G. : Dans nos élèves, on peut dire qu'il y a deux groupes. Des élèves qui restent très sportifs. Parce qu'ils sont en club, parce qu'ils se déplacement toujours à vélo. Le week-end, ils ne sont jamais chez eux. On peut dire que dans ce groupe, qui représente disons 30 % de nos élèves, il y a une pratique quotidienne et vraiment régulière de l'activité sportive. Sur tout le reste, on constate que ça se sédentarise

beaucoup. J'ai notamment remarqué que pendant les deux années de l'épidémie Covid, des élèves avaient grossi, certains, même des garçons, ont pris jusqu’à une dizaine de kilos. Et qui ont du mal derrière à se remettre à une activité physique? G.G. : Oui, tout à fait. Qui ont du mal à s’y remettre. Je leur dis que c'est normal, que beaucoup de gens ont souffert de cette période. Mais eux sentent qu'ils ne sont plus très bien dans leur corps. On les pousse alors à s'y remettre. Et on insiste pour que ce soit régulier. Au lycée, on propose tous les midis une association sportive, parce qu'on considère que si on part déjà sur ce principe, une heure tous les jours, on est sur la bonne voie. La sédentarisation dont vous parlez est-elle en augmentation? G.G. : Oui, bien sûr. Avec les écrans, notamment. Moi, j'ai un public assez défavorisé, donc des parents moins disponibles pour amener leurs enfants faire des activités. Il y a aussi la période de l'adolescence qui pousse des fois à se ramollir, à avoir moins envie de se faire mal, de sortir de chez soi. Dans ce contexte, les écrans et les réseaux participent en effet à cette sédentarisation.

" Des pratiques peuvent être dangereuses" Avec ce public qui change, est-ce que vous modifiez aussi le contenu de vos cours d'EPS ? G.G. : On est obligé d'adapter nos cours puisque les corps ne sont plus les mêmes, le dynamisme n'est plus le même. On est obligé par exemple de faire beaucoup de gainage. On pourrait finalement en faire à chaque cours. Ce qu'on n'avait pas besoin de faire forcément il y a vingt ans. On est également obligé de modifier le programme des activités car on se rend compte que certaines pourraient être dangereuses. Notamment autour de la gym. Il est évident que sur un corps qui est moins tonique, qui est tout simplement moins préparé à l'effort, certaines pratiques peuvent être plus dangereuses au niveau des cervicales, au niveau cardiaque. Il faut prendre désormais en considération tous ces risques.

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Le Dionysien Vincent Naxos a conquis deux ceintures mondiales en à peine quelques mois.

Naxos Le monde au bout des poings Vincent Naxos a glané coup sur coup sur les rings de l'île, deux titres de champion du monde, en K1 d'abord, puis en kick-boxing.

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'était le 12 décembre 2022. Vincent Naxos remporte sa première ceinture mondiale, en K1 (- de 64,5 kg), sur le ring du Moufia. Rebelote, le 4 mars, à Saint-Joseph, en kickboxing. et le 12 décembre 2022 sur le ring du Moufia. "C'était vraiment chouette de faire ces deux combats sur l'île, raconte le protégé de Jean-Louis Robert. Quand on va à l'extérieur, on se sent parfois un peu seul.” A Saint-Joseph, il fut poussé par un milllier de spectateurs, devenus d'un coup des supporters. “ Il y a un peu plus de pression quand on boxe à la maison, mais j'ai bien senti ce soutien du public réunionnais et ça donne de la force. Ces titres font vraiment plaisir, ils sont une belle récompense de notre travail. ” Les opportunités en kick-boxing se font pourtant rares, davantage encore pour une couronne mondiale. “ On a eu une chance, on l'a jouée ”. Et le jeune boxeur dionysien de 29 ans qui fait aujourd'hui la fierté de La Bretagne, a su saisir sa chance, pour s'auréoler d'un deuxième titre mondial.

"Pas pour les sous" Vincent Naxos est venu à la boxe sur le tard, un peu par hasard. C'était à la fin de l'année 2011, il avait déjà 18 ans. “ J'avais fait beaucoup d'autres sport auparavant et je suis venu essayer une journée et ça m'a plu. ” Il se souvient alors parfaitement de son premier combat au même

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âge à Bois-de-Nèfles, qui s'était terminé sur un match nul. “ J'étais super content et ça m'a lancé. ” L'aventure était en route, et le marmay Saint-Denis est ensuite devenu professionnel. Professionnel est un bien grand mot puisque Vincent Naxos travaille, en plus de sa pratique du sport. Il est un salarié de la mairie de Saint-Denis, alors que ses deux titres mondiaux n'ont pas fait de lui un millionnaire. “ C'est plutôt un dédommagement et on peut se faire un petit plaisir mais pas plus. On ne fait pas ce sport pour les sous mais parce qu'on aime ça : c'est parce qu'il y a la passion qu'on y va, sinon c'est impossible. C'est difficile de trouver des sponsors car il y a peu de médiatisation et il faut encore travailler sur l'image de mon sport. Les gens vont plus vers le karaté par exemple. Il faut travailler à côté mais c'est une chance de pouvoir travailler dans le sport, d'être éducateur sportif à la mairie de Saint-Denis. ” Il enfile alors les casquettes d'entraîneur à la salle de boxe, et d'éducateur auprès des jeunes dans les écoles de la ville. “ Ça m'aide beaucoup, je ne pourrais pas m'entrainer autant et il est très dur d'être performant si on fait un travail physique à côté. Moralement aussi c'est un plus. ” Le reste du temps, c'est l'entraînement, deux heures le matin et autant l'après-midi, à raison de cinq jours par semaine. “ Pour le moment, on s'entraîne un peu sans objectif. C'est une période où je m'entretiens, on s'ennuie un peu comme dit Jean-Luc. ” Jean-Luc Robert, c'est son coach, celui qui peaufine les programmes et gère tous les à-côtés, le chef du team Robert. “ Je le remercie beaucoup pour tout son travail car il me met dans de très bonnes conditions. Moi je ne fais rien, c'est lui qui me dit que je combats tel jour, à telle heure, dans telle catégorie de poids et pour tel championnat. Cela dépasse la relation coach – élève, c'est comme un deuxième papa. ” Fred LIRON

Boxeur – coach, une relation toujours très forte.

COMBAT EN JUIN Cette préparation va prendre une autre dimension dans les jours qui viennent. “ Nous avons reçu une demande pour la défense de mon titre en K1 à la fin du mois de juin prochain ”, se réjouit Vincent Naxos. Le combat se disputera cette fois à Paris, sans doute le 21 ou le 22 juin, le boxeur Réunionnais a deux mois pour se préparer. “ C'est le temps qu'il faut et là, on se fait violence et je termine les semaines, épuisé. ” Mais Vincent Naxos bosse dur, car, dans un coin de sa tête, il rêve à un titre mondial en muay-thai, sa discipline de prédilection. “ Il n'y a pas d'urgence, tempère-t-il, mais j'aimerais beaucoup. On peut boxer jusqu'à environ 35 ans, je ne sais pas si j'irai jusque-là mais j'aimerais avoir ce titre en muay-thai avant d'arrêter. ”


JEUNES POUSSES

© PHOTO D'ARCHIVES EMMANUEL GRONDIN

"Je dois tout à ma maman", estime le fils d’Aline Ducap.

Théo Ducap

Enfant de la balle

À 17 ans, Théo Ducap s’apprête à rejoindre le centre de formation du Paris SaintGermain. Le fabuleux destin d’un gamin de Lasours, né avec un ballon dans les mains.

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héo Ducap est né sur un terrain de handball. Ce n’est pas lui qui le dit, ce sont ses pairs. Et aussi sa mère. "Quand il était tout petit, il y avait toujours quatre ou cinq ballons qui traînaient dans la voiture. Il me suivait partout. Un peu plus tard, à 13 ans, quand il ne s’entraînait pas avec les gars de Lasours, il venait jouer avec les filles du HBF. Théo est tout le temps en train de regarder des matches sur internet. Il mange handball en permanence", témoigne sa maman, ancienne joueuse pro à Fleury-les-Aubrais et finaliste dans le championnat local depuis une décennie. "Bon, c’est un peu ce que je fais aussi, avoue-t-elle. Mais je ne l’ai pas forcé. Il a vraiment la passion en lui." "J’ai toujours traîné autour des terrains avec un ballon dans les mains. Je ne peux pas vivre sans", admet le principal intéressé. Ayant marqué ses premiers buts dès l’âge de cinq ans sur le plateau noir de Lasours, Théo repasse devant presque quotidiennement. Et l’émotion est toujours présente. Le gamin qui profitait de chaque temps mort chez les grands pour aller scorer dans un but vide, en est toujours un aujourd’hui. "Après le dernier match contre la Cressonnière, j’étais en train de jouer avec mon petit cousin. Je suis attaché au handball", répète-t-il à l’envi. Lors du fameux match qu’évoque Théo Ducap, face au leader invaincu de la poule des As, l’effronté avait devant lui deux monuments du handball péi : Loïc Sam-Caw-Frève (gardien) et Ludovic Grondin

(capitaine). Ce qui ne l’a pas empêché de rendre fous, l’un et l’autre. "J’ai toujours admiré ces joueurs mais il ne faut pas se laisser marcher dessus. Ce sont les valeurs transmises par ma mère. Sur le terrain, il n’y a pas de camarades. Il n’y a pas de vieux. Il n’y a pas de jeunes…", dit-il avec une grande maturité, du haut de ses 17 ans.

L’insolence d’un gaucher "Le culot, c’est aussi ce qui fait sa force. Depuis son plus jeune âge, je lui dis d’y aller à fond, quel que soit l’enjeu. Au niveau sportif, si on veut être performant, c’est 80 % mental. Je lui répète ça en boucle. À mon humble niveau, j’ai toujours essayé de lui montrer le bon exemple", valide sa maman, assez exemplaire en termes d’investissement sur l’aile opposée à celle de son fils. Leur seule opposition notable, soit dit en passant. Ailier droit de confession, l’insolent gaucher a tapé dans l’œil des détecteurs nationaux lors des derniers Interpôles à Nantes (Loire-Atlantique). À l’issue de la compétition, l’équipe de France U17 lui a ouvert ses portes en grand et trois prestigieux centres de formations (PSG, Chambéry, Nantes) lui ont fait les yeux doux. Un choix cornélien pour un adolescent. "Le retour des Interpôles n’a pas été simple à gérer mentalement", confesse Aline. Après mûre réflexion, Théo a dit oui au Paris Saint-Germain. Pour moult raisons. D’abord, car La Réunion possède une empreinte carbone bien ancrée au PSG. Avec Luderce Spincer en éclaireur, Daniel "Air" Narcisse en élévateur. Mais aussi deux ailiers de renom formés à Lasours tout comme lui : Jeffrey M’Tima et Benoît Kounkoud. "J’ai la chance d’avoir pu voir jouer Kounkoud ici. C’est un exemple pour moi. Je l’ai toujours admiré", avoue Théo Ducap en évoquant l’un des deux meilleurs ailiers droits tricolores actuels. "L’équipe de France, pour moi, il n’y a rien au-dessus", ajoute-t-il. Personne ne le contredira. Emmanuel GUERMEUR

Doté d’un sang-froid à toute épreuve, le gamin de Lasours tire aussi les penaltys en D1 masculine.

ÇA COULE DE LASOURS Théo Ducap est un pur produit de Lasours, son club de toujours. S’étant émancipé auprès de fidèles éducateurs comme Daniel Mouniama, Johnny Nourry ou encore Dominique Réos, le marmaille est particulièrement fier de faire partie aujourd’hui des piliers de la maison jaune et bleu en équipe première, sous la coupe de Bruno Labbe. Christian Chevalier, responsable du pôle espoirs, fait également partie des formateurs qui ont compté pour lui. Il dit le plus grand bien de son poulain. "C’est un gamin pétri de qualités qui a tout pour pouvoir percer au plus haut niveau. Il baigne dedans depuis toujours donc il a une certaine avance par rapport à d’autres joueurs de son âge. Je lui souhaite vraiment d’aller le plus loin possible, car il le mérite. Maintenant, il va falloir qu’il se fasse un nom. Le plus difficile commence..."

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Thierry Lincou Quelques jours après son sacre de champion du monde, le Saint-Pierrois vit un retour triomphal au péi en 2005.

Un boss à Boston Thierry Lincou est responsable de l'équipe universitaire du M.I.T Boston depuis neuf ans.

Installé à Boston depuis plus de dix ans, Thierry Lincou (47 ans) continue d’assouvir sa passion pour le squash. Head coach à l’université MIT, le boss a également supervisé la Team USA.

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ans le prolongement d’une carrière internationale plus qu’aboutie (lire ci-contre), Thierry Lincou a décidé de faire le grand saut vers les États-Unis en août 2012. "J’avais raccroché la raquette quelques mois avant. J’ai quitté Marseille avec femme et enfants. J’avais vraiment envie de tourner la page. C’était un besoin", rembobine l’ancien no1 mondial de squash. Souhaitant également offrir une autre ouverture d’esprit à sa descendance, Lincou répond d’abord aux sollicitations d’une famille de Boston, en tant que coach particulier d’une jeune fille. À l’instar de David Palmer, concurrent et ami sur le circuit PSA, qui lui montre la voie. Un an plus tard, "changement de cap". Le Réunionnais retrouve le haut niveau planétaire en acceptant d’entraîner Amanda Sohby, étudiante à l’université voisine de Harvard. Leur collaboration les mènera jusqu’à la 4e place mondiale, juste avant la crise Covid.

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"Belle aventure" Ses résultats probants auprès de la meilleure joueuse américaine l’emmènent à prendre les rênes de la Team USA (2016-2021). Avec des Jeux panaméricains inoubliables (cinq médailles) et quatre championnats du monde au compteur. Incroyable mais vrai, les deux premières éditions qu’il vit en tant que sélectionneur américain ont pour théâtre Paris (2016) et Marseille (2017). Disons à la maison. "Quand j’ai débarqué là-bas, les gens de la Fédération française ont fait une drôle de tête", se marre-t-il, en resongeant à la scène. "Une belle aventure. À l’époque il n’y avait pas de grosse structure aux US, comme on en trouve en France avec l’Insep", précise Lincou. Le centre national en question sort de terre quelques années plus tard. Maintes fois sollicité pour en devenir le responsable attitré, Lincou décline l’offre. "Je ne voulais pas quitter Boston où j’avais tout construit depuis des années", se justifie-t-il. Car la fonction principale du "frenchy" des îles reste celle qu’il occupe depuis neuf ans en tant qu’entraîneur de l’équipe de squash universitaire du M.I.T (Massachusetts Institute of Technology), avec qui il soulève le premier titre de champion de l’histoire de l’établissement en 2019. Au sein de ce qu’il qualifie de "meilleure école d’ingénieur au monde", Thierry Lincou se sent pleinement épanoui. "Ça me donne la flexibilité d’organiser des camps d’été et de gérer mon académie de jeunes à côté", apprécie-t-il. Il a aussi pu collaborer avec le Français Victor Crouin, actuel 8e joueur

mondial. "Garder un pied dans le très haut niveau, ça m’intéresse beaucoup. Avec ces diverses occupations, je me régale", assure celui qui aura bientôt l’opportunité de devenir prof d’EPS au MIT. Comme son "frangin", Pascal, responsable du Squash Paradis dans le sud de l’île.

Happy end Aux côtés de son épouse, Céline, et de leurs trois enfants, Jade (19 ans), Paola (15 ans) et Gabriel (9 ans), les Lincou coulent des jours heureux à Boston. Une après-carrière à laquelle l’ancien champion du monde n’aurait même pas songé en rêve. "J’étais loin d’imaginer la vie que j’ai aujourd’hui", confirme Lincou. "C’est quelque chose qui générait de l’anxiété chez moi à l’époque. À partir de la trentaine, j’ai ressenti une baisse au niveau physique. On perd en explosivité, en récupération… Là, on commence à cogiter et à regarder la porte de sortie", avoue-t-il. Aujourd’hui, le rêve américain n’en est plus vraiment un. Et le dénouement a tout d’une happy end. Un mode de vie que le chef de famille a su adopter. "Quand on a débarqué, on se croyait à Disneyland. L’abondance, la consommation à gogo… Mais je me suis vite rendu compte du niveau financier qu’il fallait atteindre pour être à l’aise ici, où tout est cher. Aux États-Unis, il faut être en mouvement, faire ses preuves constamment. Personnellement, en tant que compétiteur, ça me convient. Mais c’est tout sauf reposant", conclut le boss de Boston. Emmanuel GUERMEUR

© PHOTO D'ARCHIVES EMMANUEL GRONDIN

QUE SONT-ILS DEVENUS ? RUBRIQUE


[ Parcours ] Le clan Lincou (Paola, Céline, Thierry, Gabriel, Jade) vient se ressourcer tous les ans sur son île adorée.

Entre 2016 et 2021, l'expert réunionnais (à gauche) a supervisé la Team USA en tant que head coach.

À jamais le premier Ayant martyrisé ses premières balles noires dès l’âge de 8 ans dans un ancien silo à grains, Thierry Lincou a rapidement monté les échelons dans la hiérarchie nationale. Et internationale. Le jeune Lincou récolte ses premiers lauriers nationaux en raflant six médailles aux France jeunes. Bac en poche, le marmaille de 17 ans rejoint l’Insep pour y parfaire son apprentissage. En 1994, pour sa dernière saison chez les juniors, il est n°1 européen et n°3 mondial. Des signes qui ne trompent pas. Son éclosion dans la cour des grands ne tarde pas à arriver. À l’orée de ce siècle, Lincou rejoint le cercle très fermé des dix meilleurs joueurs de la planète. Peu de temps après, il reçoit un cours magistral. "En 2001, j’entre dans le Top 10. Mais je me casse la main. Quand je reviens, je suis retombé no20. Dès mon premier tournoi, je bats le no1 mondial et je vais en finale. Une leçon de vie que j’essaye toujours de transmettre aujourd’hui : tirer le maximum des moments difficiles." Un retour gagnant bonifié dans la foulée. En remportant un gros tournoi en Afrique du Sud, le droitier intègre le Top 5. Il y reste deux années durant, avant de se poser en révolutionnaire.

"Apothéose" "En 2003, j’ai commencé à travailler avec un préparateur mental (Jean-Marc Labhuze). C’est lui qui m’a donné le petit coup de pouce nécessaire pour franchir la dernière étape", confie Lincou, entouré depuis toujours de ses deux coaches, Paul Sciberras et Franck Carlino. "Pour moi, petit Réunionnais débarquant dans ce monde d’Anglo-saxons très établi, il a fallu innover pour faire la différence. Avoir une approche plus scientifique. C’est l’une de mes signatures", rapporte le précurseur, évoquant ce

fameux "déplacement à la française", bien à lui, que la planète squash lui a très vite envié. Le 1er janvier 2004, au prix d’une régularité sans faille, Lincou devient numéro un mondial. Un cataclysme dans ce sport dominé de tous temps par les anglophones. Un ti kréol devient le premier joueur hors Commonwealth à conquérir le monde. "Pour moi, c’était l’apothéose. Le rêve d’une vie. Mais comme j’avais perdu en finale des Mondiaux 2003, mon père n’était pas totalement satisfait. Du coup, l’année suivante je voulais aller au bout. Et j’ai encore amélioré mon approche du jeu", se remémore-t-il.

Au dessus, c'est le soleil Le 3 décembre 2004, au Qatar, Thierry Lincou domine le Britannique Lee Beachill en cinq jeux (5-11,11-2, 2-11, 12-10, 11-8) en finale des championnats du monde, conservant sa place au sommet de la pyramide. Au-dessus, c’est le soleil. Le squash mondial vient de se trouver un boss. "Les Anglais m’appelaient ''Le Patron'' (dans la langue de Molière). J’étais le premier à tracer le chemin. Une bonne façon de donner confiance aux générations futures", dit-il. Le sang impur abreuvant nos sillons n’a pas coulé pour rien. En 2011, Lincou s’incline face à son jeune compatriote, Grégory Gaultier, en finale des championnats d’Europe. Une forme de passation de pouvoir. Quatre ans plus tard, "Le Général" devient le deuxième champion du monde tricolore de l’Histoire. Estimant que l’heure de la retraite a sonné, le chef étoilé aux onze titres de champion de France part relever un nouveau challenge aux USA. Mais le frisson de la compétition le démange encore. En 2013, "Titi" participe à son dernier tournoi en tant que joueur, les Mondiaux par équipes, où la France se couvre de bronze. Après cette ultime distinction internationale, il raccroche "pour de bon". Emmanuel GUERMEUR

Le 3 décembre 2004, Lincou décroche le Graal au Qatar.

TERRE ROUGE, BERCEAU DU SQUASH PÉI Sans son père, Daniel, originaire de Castelnaudary, Thierry Lincou n’aurait probablement jamais touché une raquette de squash. Il raconte… "Mon papa a bâti la première salle de l’île (1983). Elle se trouvait à Terre Rouge, dans le foyer d’enfance où il travaillait. Il l’a fait construire dans un ancien silo à maïs. Quatre murs et en avant. On a passé des heures là-bas avec mon frère, les copains, les voisins… Un vrai bonheur. Mon père s’est lancé là-dedans quand il a vu le squash exploser en métropole dans les années 80. L’Association sportive et culturelle de Terre Rouge (ASCTR) est née comme ça. J’y suis repassé dernièrement, mais l’endroit est à l’abandon. Ça m’a fait de la peine…"

Entouré de son papa, Daniel, et de sa maman, Céline, sur le court originel de Terre Rouge.

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Á LIRE / Á VOIR

Comme sur des roulettes Le roller derby, vous connaissez ? Une discipline née aux Etats-Unis, sorte de sport de combat sur patins à roulettes. Mais surtout point de départ de la série de France Télévisions, sortie en 2020 sous la main de Nikola Lange, Derby Girl. Pourtant, les matches ne sont presque jamais filmés. Les entraînements, très peu. Tout au long des deux saisons déjà disponibles, l'intérêt est ailleurs. Dans l'histoire de Lola Bouvet et de ses copines. Ancienne star du patinage artistique, Lola Bouvet a payé cher son mauvais caractère. Alors, à 25 ans, elle cherche une porte de sortie. Le Roller derby, donc. Sauf que les meilleures équipes la rejettent, alors l'héroïne de la série débarque dans la pire des formations, les Cannibal Licornes. Elle les inscrit à leur insu à une compétition de

prestige, la Moon Derby Cup et c'est la préparation à cet événement qu'on suit dans les neuf épisodes de la saison 1. Porté par l'actrice Cloé Jouannet, impeccable dans son rôle de jeune blonde impétueuse, Derby Girl est une série qui dénote. Car, bien évidemment, le roller derby n'est qu'un prétexte, à tout un enchaînement de situations loufoques, irrévérencieuses et au final très modernes. C'est irrespectueux, grossier, foutraque, souvent très drôle, avec des dialogues qui font mouche et des personnages tous parfaitement campés. Mais, dans ce petit village de Mézières, la longue préparation vers le tournoi final, montre aussi une chose essentielle : l'émancipation des sportives reste encore et toujours un sport de combat.

Derby girl, saison 1 et 2, disponible gratuitement sur la plateforme FranceTV

Le palet de l'injustice

Connemara, de Nicolas Mathieu, Actes Sud, 396 pages.

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Lauréat du Prix Goncourt en 2018 pour Leurs enfants après eux, Nicolas Mathieu poursuit dans son troisième roman, Connemara, publié l'année dernière, son observation de cette France périphérique, qui oscille sans cesse entre colère et résignation. Hélène, c'est la colère. Christophe, la résignation. Ils ont aujourd'hui 40 ans, ils se sont connus quand ils étaient adolescents, ils se sont aimés, mais aujourd'hui il n'y a pas plus opposé. Hélène est une femme d'affairs, elle habite Paris, elle travaille dans un cabinet de consultants, riche et belle et mariée, mais remplie de doutes. Christophe est restés dans sa Lorraine natale, il vend des croquettes pour chiens, divorcé, père célibataire, il aime les soirée bières et chips avec ses copains, il chante fort aux mariages des autres, il s'engueule avec son père, poursuivi par une envie tenace, un rêve : le hockey sur glace. Quand les deux personnages se retrouvent, Christophe tente de revenir dans un sport dont il fut l'une des gloires locales. Il s'astreint à un régime, va à la patinoire, il en bave, partagé par le désir et la peur. Le hockey devient dans ce livre bouleversant une métaphore de ces existences ballottées et cabossées, de ces batailles incessantes, contre soi et contre les autres. Sans juger, Nicolas Mathieu dessine, dans un style et des dialogues puissants, le portrait d'une France qui souffre, qui halète, a des pointes au

UN EXTRAIT “ Très vite, il apparut que c’était l’un de ces exceptionnels soirs de fièvre, quand la patinoire se mettait à vibrer comme une locomotive, la liesse des gradins se muant en vitesse sur la glace, les miettes du boucan général finissant par ne plus faire qu’un seul grondement sourd et continu. Chacun semblait pris dans la rotation du jeu, comme dans le tambour d’une machine monstrueuse, où se brassaient terriblement, les destins et les gestes, le désir et la crainte. Là-dedans, Marco cognait, tonitruant et la face martyrisée, tel un sémaphore parmi l’infini mouvement des étendards. Christophe, lui, occupait sa place sur le banc. ”

cœur, la tête qui tourne et les jambes lourdes, mais trouve toujours, dans un but, une passe, une action collective, de quoi bondir du banc de touche.


© PHOTO : AFP

Nager en plein malheur Alfred Nakache en 1946

Le nageur d’Auschwitz Renaud Leblond, l’Archipel, 238 pages

Au départ, “il n'aime pas l'eau, Alfred”. Quand sa famille plonge dans la piscine de Constantine, le marmaille reste sur le bord, à lire. “Foutez-moi la paix”, lance-t-il à ses frères et soeurs. Pourtant, le “petit miracle” se produit un jour de mai 1929. Des militaires français s'entraînent, Alfred Nakache les regarde, il les voit “fendre l'eau avec souplesse”, “embrasser, à chaque respiration, l'immensité du ciel”, il plonge à son tour, invité par un soldat. Le petit enfant juif d'Algérie vient de tomber dans son fabuleux destin. Dans Le nageur d'Auschwitz, Renaud Leblond raconte, avec sobriété et pudeur, cette longue histoire qui voit Alfred Nakache débarquer au mitan des années 30, à Paris, il est licencié au Racing, fréquente les piscines des riches, bat le record du monde du 200 m brasse, enfile

les titres de champion de France et rencontre l'amour. Sélectionné avec l'équipe de France pour les JO de Berlin en 1936, quatrième du 4X200 m, il nage encore en 1942. Mais l'année suivante, il est déchu de sa nationalité française, interdit de compétition, avant d'être raflé, dénoncé par un rival, direction Auschwitz, où il découvre l'horreur et le cynisme et la violence. Il survivra aux camps, reviendra en France, Championnats de France encore, JO encore, avant de se reconvertir comme professeur d'EPS à Toulouse, puis “décide de prendre le large”, il enseigne alors à La Réunion. Alfred Nakache meurt en 1983, terrassé par une crise cardiaque, alors qu'il nage en pleine Méditerranée. Comme un symbole d'un destin hors du commun.

Les lignes de démarcation

Il y avait là des Soudanais, il y avait là des Congolais, un Ethiopien, il y avait là des Syriens. Pour la première fois dans l'histoire des JO, une équipe de réfugiés, dix athlètes ayant fui leur pays en guerre, a été acceptée à Rio, en 2016. C'est l'histoire de l'une d'entre elle, Yusra Mardini, nageuse de haut niveau, née à Damas, que Les Nageuses, l'un des films événements sortis sur la plateforme Netflix en fin d'année dernière, raconte. On devrait plutôt écrire : l'histoire de Yusra Mardini et de sa soeur Sarah, tant les deux histoires sont intimement liées jusque dans la souffrance.

Tout au long du film, on vit leur épopée pour fuir la Syrie, partir loin de leur famille, à travers le Liban, la Turquie, jusque vers les îles grecques. Leur arrivée en Allemagne, où Yusra reprend l'entraînement, d'abord rejetée par l'entraîneur local, puis acceptée et intégrée au sein du club de natation et dans cette piscine où elle enchaîne les longueurs dans les lignes d'eau, guidée par son rêve ultime. Sans pathos, mais avec réalisme, la réalisatrice Sally El Hosaini filme le destin incroyable de ces deux soeurs, bientôt rejointes par leur père, pour mieux dénoncer les atrocités vécues par les réfugiés.

Les Nageuses, réalisé par Sally El Hosaini, 2 h 14, disponible sur la plateforme Netflix

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Le Département SOUTIENT LE SPORT ET LES SPORTIFS DE HAUT NIVEAU

Pour que La Réunion soit davantage une terre d’excellence sportive, à l’approche des 11es Jeux des Iles de l’océan Indien (2023) et des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris (2024), le Département renforce son dispositif d’accompagnement aux sports et aux sportifs de haut niveau. Un nouveau règlement d’aides a ainsi été voté par l’Assemblée départementale le 22 mars dernier. LES NOUVELLES DISPOSITIONS •Bourses trimestrielles : les plafonds de ressources sont relevés •Bourses aux collégiens intégrant des structures de haut niveau à La Réunion : bourse égale au montant de la contribution demandée aux parents jusqu’à 3 000 €/an •Primes à la performance élargie aux jeunes officiels de l’UNSS (arbitres, entraîneurs…) •Primes à la performance aux Championnats de France élargie à tous les jeunes •Aide à la préparation aux Jeux Olympiques et Paralympiques pour les sportifs présélectionnés dans une équipe de France : aide forfaitaire de 6 000 € •Accompagnement des jeunes sportifs professionnels de moins de 25 ans : aide de 3 000 €/ an pendant 2 ans après la signature d’un contrat professionnel (sous conditions de ressources). Pour tout renseignement ou constitution de dossier : Département de La Réunion - Service des Sports 7 bis rue Mazagran • 97400 Saint-Denis 02 62 94 87 30 • sports@cg974.fr

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