Magazine WOPE

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LES SECRETS DU CARI COQ

FAÇON GRAND-MÈRE

LUCIANO MABROUCK

OUI AU CHAUDRON

QUI RÉUSSIT !

ENQUÊTE SUR UNE INTÉGRATION DIFFICILE

TOUS LES PROGRAMMES DE LA TNT ET DU SATELLITE P.48 À 103

BOOPZ LA VIE L’APPRÉCIE
REPORTAGE CONFESSIONS D’UN MARCHEUR SUR LE FEU
TV N° 0 - 19 JUIN 2012 - 1,50  WWW.WOPE.RE
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édito Je suis Réunionnais et je n’aime pas le manioc

nacceptable ». Le cri d’alarme lancé par Médecins du monde, en mars dernier, n’a guère trouvé d’écho, en pleine campagne électorale. Pourtant, ça se passe là, tout près, à nos portes. Chez nos cousins Mahorais. L’ONG y a évalué la situation nutritionnelle des enfants de moins de cinq ans. Et les résultats de cette étude ont de quoi inquiéter : la malnutrition toucherait 7% des enfants. Pour rappel, des taux entre 5 et 10% indiquent une situation précaire, selon les recommandations de l’OMS et de la FAO. Et ça se passe chez nous, dans le 101e département français. Evidemment, les enfants souffrant de malnutrition viennent des familles aux ressources financières faibles. Triste constat de Médecin du monde : plus d’un enfant sur trois vus en consultation dans leur centre n’a pas accès à l’eau courante. Ça ne nous rappelle rien ? Cette Réunion lontan qui fleure bon la nostalgie et qu’on brandit si souvent comme garant des vraies valeurs. Cette Réunion-là n’avait pas l’eau courante. Cette Réunion-là marchait pieds nus. Cette Réunion-là mangeait du manioc. Cette Réunion-là n’avait pas, ou peu, d’aides sociales. A croire qu’on a la mémoire courte. Aujourd’hui, on les mettrait bien déor, ces « Comores », qui viennent chez nous (chez eux !), avec l’espoir de vivre mieux. C’est sûr, ça fait tache sur la carte postale, ce racisme péi. Mais refuser de voir le problème grandissant posé par l’intégration de ces populations migrantes, c’est préparer un cadeau empoisonné à nos petits enfants. Alors on s’est penché sur la question, à WOPÉ, parce que chez nous, il n’y a pas de question qui fâche. Sans autre ambition que celle de promener un miroir sur les chemins de la Réunion, WOPÉ s’invite chaque semaine chez vous : dans vos cours, vos cuisines, vos entreprises, vos associations, vos classes, vos loisirs. WOPÉ parle de vous et vous invite à parler. Wopé ! La Réunion lé là !.

Ti pimenT

L’actualité moucatée

Allé diT pArTouT

Les infos à faire buzzer

en l’Air

Zistoir da kour, la web série des quartiers

Commen T y lé ?

Christian Antou met les pieds dans la marmite à riz

en Q u ÊT e

Mahorais, une intégration difficile

l’ Asso C ’ de l A sem A ine

ACC ès privé

Jean-Hugues Ratenon se raconte

r eporTAge

Confessions d’un marcheur sur le feu sourd et muet

g r A moun l’ A di T Témoignages de nos anciens

l’in T erview C ulT ure

Luciano Mabrouk :

« Oui au Chaudron qui réussit ! »

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Les leçons zen de Boopz

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Les secrets du cari coq façon grand-mère

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Faut-il aller chez Only ?

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Les bienfaits du chou-fleur

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Que font nos ados sur Facebook ?

mAT & miCk

Votre BD 100% péi

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les progrAmmes Tv 3 Photos : Ph. B. / outre-Mer sPorts Liquat, suM ea consecte eL dit, veL iustrud MoLor se faciLisL iP eugiaM er aLit adionsecte doLenisis aciduis MoLoBoreet nosto essi.
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Isabelle KICH e NIN

ti piment

Le jour où tout a bascuLé

Ca en avait des allures, et pourtant la soirée du 6 mai 2012 n’avait qu’un vague rapport avec celle du 10 mai 1981.

D’abord, parce qu’en 1981, le suspense était à son comble jusqu’à 20 heures tapantes (22 heures chez nous), jusqu’à ce que le nom du vainqueur, François Mitterrand, apparaisse sur les écrans de télévision. Entre-temps, la révolution internet a rendu obsolètes toutes les cachotteries électorales. Ensuite, parce que la crise mondiale a par avance réduit à peau de chagrin tous les espoirs de changement radical de la société. Enfin, parce que le vote des Français a d’abord été un vote de rejet de la personne de Nicolas Sarkozy.

L’événement de cette soirée électorale, et peu de médias hexagonaux l’ont relevé, c’est que l’outre-mer a fortement contribué à la victoire de François Hollande. Nicolas Sarkozy n’a pas su se faire aimer de l’outre-mer français. Sans doute son flirt poussé avec le Front national y est-il pour quelque chose. Et quelques maladresses antérieures, comme ses propos sur “ les aspects positifs de la colonisation ”, ou le “ développement endogène ”, façons de dire “ vous n’avez qu’à vous débrouiller tout seul ”, ou encore la mise au ban des “ assistés ”, dans des territoires durement touchés par le chômage…

Mais gageons que François Hollande n’a pas

pour autant reçu un chèque en blanc de la part des ultramarins. Il s’agit maintenant pour le nouveau président de la République, et son ministre de l’Outremer, de prendre des mesures attendues, à la hauteur des vrais problèmes : continuité territoriale, prix, fiscalité, emploi… Un vaste chantier.

Brève de C ar jaune

“En ce moment, on parle partout de politique. Je trouve tout cela nul et je ne comprends absolument rien. A vrai dire, je ne fais même plus un compte avec tout ça. Mes parents, eux s'intéressent un peu à ce qui se dit sur tel ou tel candidat pendant les élections. Ils regardent les débats télévisés quand il y en a, moi je préfère mille fois regarder les émissions de cuisine…”

Le petit moucateur

Le tram-train revient.

Le chauFFeur était au parFum

Le chauffeur de chez Mado, braqué en décembre dernier a finalement avoué : il avait tout inventé. Il aura fallu cinq mois d’enquête pour en arriver à cette évidence. Personne, durant ce laps de temps, ne s’était étonné qu’aucun des milliers d’automobilistes circulant en pleine journée sur la route du littoral n’ait vu quoi que ce soit… et n’ait aussitôt appelé Free Dom.

Françoise coLLée à François

L’élection de François Hollande remet-elle le tramtrain sur les rails ? On sait que le candidat socialiste s’était déclaré favorable à ce moyen de transport. Dans le JT de Réunion Première du 9 mai, Pierre Vergès tenait ce commentaire étrange : le projet serait viable aujourd’hui, “en le transformant plus en traintram qu’en tram-train ”. Oté, quel train ? Jeudi. Sur les images de France 2, une femme vêtue d’une robe à pois ne quittait pas d’une semelle le nouveau président de la République, lors de la journée commémorative de l’esclavage, à Paris . Cette ombre de l’ombre de François Hollande n’était autre que Françoise Vergès, en sa qualité de présidente du Comité pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage (CPMHE). Les Vergès sont incontournables…

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Dorinca, 12 ans, en a assez de la politique.
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pourquoi avez-vous tourné un clip de soutien aux jeunes homosexuels ?

eaucoup d'adolescents et de jeunes vivent mal leur homosexualité ou leur transexualité, il est difficile parfois d'accepter ce qui vit au fond de nous à l'âge de l'affirmation sexuelle; et ce d'autant plus quand de vives stigmatisations et discriminations existent bel et bien autour de nous. Certains adolescents et jeunes ont peur du regard de leurs parents, de leur famille, de leurs amis. Certains se verront moqués ou rejetés. Tout ça n'est pas évident à vivre, et ce mal-être social peut conduire à la dépression, à la négation de soi-même et parfois tragiquement au suicide. Nous avons tous une responsabilité face à cela.

La campagne "it gets better" est un message d'espoir et un souffle d'optimisme à l'intention de ces jeunes en difficulté. Elle a aussi pour objectif de conscientiser tout un chacun sur les graves conséquences que peuvent avoir le rejet, la discrimination et Comme je l'ai aussi dit dans mon message, je viens de l'outremer où les discriminations à l'égard des homosexuels et transexuels sont plus prégnantes encore qu'en métropole. Je suis aujourd'hui un porte parole des outremers et il est de mon devoir de politique d'oser dénoncer cela et d'ouvrir ce débat dans les outremers, ce pour que ça s'améliore.

Luciano Mabrouck, musicien fondateur du groupe Kom Zot,dans le magazine national les Inrockuptibles.

c'est arrivé près de chez vous

C’est arrivé près de chez vous? Envoyez-nous vos photos insolites, joyeuses, révoltées, émouvantes… Pour ouvrir le bal, on a pris ce cliché face à nos bureaux, allée Bonnier, à Saint-Denis. Sûr: l’environnement, c’est pas la priorité de cette campagne électorale.

Voilà une photo qui nous ferait bien pousser un petit cri de margouillat chauvin. Notre kaf national Sicard, bras dessus-bras dessous avec Michel Drucker, avec les musiciens Sam Smith et Guillaume Vizzutti. Wopé! Allé dit partout! Invité de l’émission “Vivement dimanche” consacrée à Laurent Voulzy, le 1er avril, Davy Sicard n’était pas le seul Réunionnais présent. En deuxième partie de l’émission – institution de France 2, c’est un certain Manu Payet que recevait Michel Drucker. Une vraie créole connexion.

C’est le nouveau numéro vert d’urgence, anonyme et gratuit, qui fonctionne du lundi au vendredi, de 7h30 à 17h30. Il s’adresse aux enfants victimes de maltraitances physiques ou psychologiques, d’abus sexuels et de négligences et aux adultes victimes de violences physiques et/ou psychologiques (dont le harcèlement moral, les menaces ou les humiliations) et d’abus sexuels.

la question ?
Younouss omarjee deputé européen
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“les jeunes ne croient plus en rien. nous, on demande du concret aux politiques”
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Zistoir da kour

5 dalons dans le vent

C’est le buzz du moment. Zistoir da kour, une minisérie tournée dans le quartier par cinq jeunes de Sainte-Clotilde et diffusée sur internet, relève du phénomène de société. Rencontre avec une jeunesse réunionnaise en mal de représentativité qui s’auto - médiatise.

Yoshii

MaZalaZa

Par Isabelle KICHeNIN
sioupY stéphane
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BBam bam ! L’expression ponctue quasiment chacune de leur phrase et émaille le flot de commentaires et messages de soutien sur leur page Facebook. “ Ça exprime la joie ”, rigole Maza Laza, amusé de nous décrypter quelques-uns des codes de cette jeunesse réunionnaise qu’il représente. Car en deux semaines, il a su créer, avec ses dalons de Sainte-Clotilde et du Chaudron, un véritable phénomène. Le phénomène Zistoir da kour.

Avec 95 000 vues sur Youtube, la minisérie des gars la kour fédère une génération en mal de représentativité. “ On ne lit aucun journal, aucun magazine. On trouve que ça ne parle pas vraiment de ce que vivent les gens ”, confie la jeune équipe d’acteurs et réalisateurs “ freestyle ”. Eux, c’est dans l eur vie et celle de leur quartier qu’ils puisent l’inspiration.

“ Marre de galérer dans le quartier ”

Iris a seize ans et prépare un bac pro secrétariat au lycée Rontaunay. À 17 ans, Yoshii vient de laisser tomber ses études de menuiserie au lycée professionnel l’Horizon. “ Té plaît pas moins ”, explique-t-il. Maza Laza, “ le cerveau de l’équipe ” et l’aîné, du haut de ses 19 ans, prépare un BTS de mécanique informatisé en banlieue parisienne. Stéphane, 16 ans, prépare un bac pro vente au lycée Rontaunay et Sioupy, 18 ans, un bac gestion des ressources humaines à Bellepierre.

“ On a grandi ensemble, à Sainte-Clotilde, et à chaque fois que je revenais en vacances, on faisait toujours les mêmes choses : galérer dans le quartier, jouer au foot sur le terrain, jouer aux cartes, aller à la plage ”, raconte Maza Laza. Au fil de ses échanges avec Stéphane sur facebook naît le projet de réaliser un courtmétrage dans le quartier. Filmé avec un Nikon coolpix , le teaser de Zistoir da kour, posté sur youtube séduit rapidement. Le rappeur Boopz les contacte même pour figurer dans le premier épisode de ce qui deviendra une minisérie. “ Pour le premier épisode, on a choisi le thème de la drague, parce que c’est un truc qu’on fait tous, fille comme garçon ”, explique Sioupy. Une fois le thème choisi, chacun des membres réfléchit durant la semaine à ce qu’il va proposer et le samedi, l’épisode est tourné en totale improvisation, les membres filmant tous chacun leur tour et Sioupy se chargeant ensuite du montage et de la mise en ligne. “ On discute un peu le matin, on cherche les figurants dont on a besoin, et ensuite c’est freestyle ”, explique Mazalaza. Pour le tournage du troisième épisode, c’est l’artiste Comoriano qu’ils ont invité. “ ça s’appelle zistoir Blédar. Un blédar, c’est quelqu’un qui sort du bled. Quand un cousin sort d’un autre pays, il a des manières qu’on ne comprend pas trop et qui nous font rire. On a eu envie de parler de ça ”, explique Yoshii.

Des thèmes de société comme l’immigration, l’intégration, l’argent ou encore la violence, qu’ils vivent au quotidien et qu’ils retranscrivent avec leurs mots et leur humour. Et leur humour semble parler aux jeunes.

En quelques semaines, Zistoirs da kour a déjà réussi à imposer son expression culte “ viéki ” dans le vocabulaire jeune. Les chaînes de télévision ont bien senti qu’il y avait là une bonne vague à surfer. “ On va les rencontrer pour voir ce qu’ils nous proposent ”, confie discrètement Maza Laza.

“ On ne veut pas rentrer dans le commercial tout de suite, pour ne pas perdre notre esprit da kour ”, précise Stéphane.

Et c’est quoi, l’esprit da kour ? “ Da kour, c’est une famille. Quand on va à Deux-Canons, ou dans n’importe quel quartier de Saint-Denis, on parle avec des gens. On se connaît tous ”, explique-t-il.

Une espèce de grande tribu jeune, avec ses codes, son langage, ses idoles et son mode de communication : internet. “ Au départ, on avait 800 amis sur Facebook.

“ Youtube a bloqué"

On s’attendait à 400 vues sur Youtube, pour le premier épisode, raconte Stéphane. Il y a eu tellement de connexions, que Youtube a bloqué le soir. Le lendemain, on avait 2500 vues ”. Le début de la gloire. Rapidement, on leur offre des caméras. “ Des gens qu’on connaissait, mais même des inconnus ! ”, s’étonnent-ils. Et on se battrait presque pour figurer en “ guest ” sur un de leurs épisodes..

Si leurs familles ont regardé d’abord d’un œil amusé le nouveau loisir de ces marmailles Sainte-Clotilde, c’est aujourd’hui une certaine fierté qu’elles leur témoignent.

“ On a envie de montrer qu’on n’est pas des bons à rien. Par exemple Ulrich, invité sur le deuxième épisode, si tu l’avais croisé dans la rue, tu te serais dit “ c’est un cagnard ”. On a envie de montrer une autre facette des gens, de lutter contre les stéréotypes. ”, confie Mazalaza. Les stéréotypes, thème d’un prochain épisode de Zistoirs da kour. Allez, tournez jeunesse !

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Visionnez les clips de zistoir da Kour sur le blog de wopé : www.wope.re iRis En l'air
“ On a envie de montrer qu’on n’est pas des bons à rien ”

KOMAN y lé ?

C’est dans la cuisine du lycée hôtelier de Plateau-Caillou qu’il nous reçoit.

Depuis 1989, Christian Antou y enseigne, notamment l’option cuisine Réunionnaise. Un véritable sacerdoce pour ce défenseur de notre patrimoine culinaire. Rencontre avec un bec pimenté qui ose mettre les pieds dans la marmite à riz.

LLa cuisine réunionnaise doit s’enseigner ? ça n’est pas un savoir qui se transmet en famille ?

- Cette transmission familiale s’épuise. Pendant quasiment deux générations, la cuisine ne s’est pas transmise. Résultat : les gens entre 20 et 40 ans ont oublié les recettes et les produits locaux. On a réduit la cuisine réunionnaise à quelques plats, comme le cari poulet. Si on veut perpétuer cette tradition, il faut l’enseigner.

- Et vous, qui vous l’a transmise ?

- La cuisine d’un pays, c’est un élément culturel fondamental. C’est un acte qu’on fait tous les jours et ça a des répercussions sur tout : l’économique, le touristique, l’éducation… Je me suis donc intéressé à ça tout jeune. J’ai ouvert mon premier resto à 19 ans, à Petite-Ile, le Christou. Je me suis retrouvé orphelin très jeune et j’ai vécu chez mes grands-parents entre 16 et 19 ans. J’ai eu la chance de pouvoir regarder ma grand-mère cuisiner. Elle était très pointilleuse sur la qualité des produits et sur la façon de cuisiner.

J’ai baigné dans cette cuisine familiale, simple mais variée. C’était la naissance des tables d’hôte. Je voulais faire en sorte que cette cuisine se retrouve aussi dans les restos de la côte, d’où mon désir d’enseigner.

- Alors, mission accomplie ?

- Non. Ça n’est jamais terminé. En 1998, j’ai créé l’association Goutanou pour la défense et la promotion de la cuisine réunionnaise. On intervient sur les fêtes, les salons, dans les écoles et on alimente notre site internet.

- Vous avez récemment poussé un coup de gueule contre l’émission Gazon de riz…

- Pas contre l’émission. Ce genre d’émission était attendu, alors je dis bravo. Après, on aime ou on n’aime pas. Ça n’est que mon point de vue : on présente cette émission comme proche de la tradition, alors que les candidats se permettent des fantaisies inacceptables.

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Photo © Jean-Phili PP
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uChez Pas au CaRI

- Mettre du soja dans le cari de poisson, c’est faire l’assassin ?

- Ah oui ! On a eu du mal à référencer cette cuisine, faite de nombreux apports. Depuis au moins cent ans, il y a une espèce de stabilité. Après avoir façonné les apports malgaches, africains, chinois, européens, indiens, on a obtenu une constante, le fond commun de la cuisine réunionnaise. Il existe des petites variantes : certains mettent du curcuma dans le rougail morue ou le rougail saucisses. Moi, je fais partie de ceux qui n’en mettent pas, mais je respecte

ter l’histoire du cari poulet. C’était le plat du dimanche. La semaine, on mangeait du riz, des légumes, avec un peu de morue ou de sounouk. Le cari tangue, c’était un plat de fête, un moment de rencontre, souvent en nature.

- Il y a des aberrations, aujourd’hui ?

- Oui ! Quand on me sert, au restaurant, du rougail tomates avec un cari poisson, ça n’est pas possible ! Les goûts ne se marient pas. On ne sert pas n’importe quel rougail avec n’importe quel plat. C’est mon point de vue, je ne cherche pas à imposer ma vision de la cuisine.

- Pour un cuisinier, qu’est-ce qui importe le plus : sauvegarder la tradition ou innover ?

Les 3 GROuPes de la cuisine réunionnaise

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La cuisine traditionnelle, qui comprend le cari poulet, cari poisson, rougail saucisses…

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La cuisine ethnique, qui comprend les nems, le briani…

la variante. Maintenant que notre cuisine est arrivée à un summum, il faut l’immortaliser, l’écrire et la transmettre.

- Quel est, selon vous, le livre “ bible ” de la cuisine réunionnaise ?

- Il n’y en a pas. Il y a eu Le grand livre de la cuisine réunionnaise, mais il correspond à une vision de l’auteur. Par exemple, il va mettre 20 à 30 clous de girofles dans son massalé.

Après, les autres livres de cuisine sont faits par des gens proches de la communication, ou des photographes. Ils font des belles photos, mais ça ne fait pas d’eux des cuisiniers.

- Pourquoi n’en écrivez-vous pas un ?

- Chaque chose en son temps. Le travail que je fais depuis 30 ans vaut plus qu’un livre et sur le site de Goutanou, on trouve déjà 200 à 300 recettes.

Le livre, ça viendra. Je n’ai pas envie de me contenter des recettes. J’ai envie de racon-

- La tradition s’est véhiculée. Ensuite, le cuisinier qui a envie de trouver une ouverture à cette cuisine peut le faire, comme avec le poulet à la vanille. On peut imaginer plein de modes de cuisson, mais sans toucher à notre sacro-saint cari poulet ! Les innovations se rangent dans un autre groupe de recettes : la cuisine évolutive. On distingue trois groupes, dans la cuisine réunionnaise : la cuisine traditionnelle, qui comprend le cari poulet, par exemple, la cuisine ethnique, qui comprend les nems et le briani, et la cuisine évolutive, qui comprend la quiche aux brèdes.

- La Réunion accueille de nouvelles populations, venues notamment de Mayotte, avec leur propre tradition culinaire. Ces nouveaux apports peuvent-ils faire évoluer notre cuisine ?

- Oui. Il y a eu avant les Indiens de Pondichéry, les Karanes de Madagascar. Si le poisson au coco cuisiné par le Mahorais ou l’Indien de Madagascar s’impose à la Réunion, il viendra s’ajouter à la catégorie cuisine ethnique.

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La cuisine évolutive, qui comprend la quiche aux brèdes, les chips de songe...

- Vous n’êtes donc pas qu’un conservateur ?

- Non. Par exemple, pour moi, la cuisine réunionnaise ne se mange pas forcément assis à quatre pattes et à la main. On peut aussi la servir dans une ambiance plus chic. J’accepte aussi qu’une personne qui n’est pas réunionnaise cuisine réunionnais.

- Outre les “ fantaisies ” des candidats de Gazon de riz, il y a d’autres pratiques qui vous énervent ?

- Oui : le fait que le monde de l’industrie agro-alimentaire cherche à imposer des produits. Je vois le poids des marques dans les revues et sur les émissions télé et je crains qu’un jour tout le monde mette du bouillon cube dans son riz.

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“ Les candidats de Gazon de riz se permettent des fantaisies inacceptables. ”

des Mahorais

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Certains n’hésitent pas à la qualifier de bombe à

omores Déor ! Artourn zot péi ! ”. Un langage fleuri qui n’étonne personne à la Réunion. L’insulte, tout comme le ladi lafé, est bête et méchante. Elle connaît même des variantes : “ Zoreils déor ! ”. Tous viennent “ voler ” quelque chose : un travail, des allocs ou un logement social. On demande aux “ Comores ” de rentrer chez eux, or ils sont chez eux. En principe. Car ces derniers sont dans la majorité des cas des Mahorais, français depuis 1841. Une confusion irritante pour cette composante de la société réunionnaise qui n’échappe pas aux a priori classiques et réducteurs : l’homo mahorus s’épanouirait dans l’entassement communautaire, un accoutrement exotique, le bruit et la saleté.

Pourquoi cette hostilité à l’égard de nos voisins indianocéaniques ? Simple mécon-

“Cnaissance de l’Autre, bêtise ou jalousie primaire ? Ou peut-être le malaise inconscient de sa propre identité ? Et si le Réunionnais se sentait rassuré de trouver toujours un “ boug ” plus émissaire, plus “ cafre ” que lui ? C’est ce que suggère l’anthropologue Paul Mayoka : “ Certains Cafres, tout en se reconnaissant tels, considèrent les Comoriens comme les représentants de l’Afrique à la Réunion, par conséquent plus cafres qu’eux ”. Cathy, présidente de l’association Utamaduni, “ Arts pour tous ” connaît bien Mayotte pour y avoir vécu douze ans. Installée à la Réunion depuis plusieurs années, elle continue à entretenir avec la communauté mahoraise des liens étroits.

Le Réunionnais superficiel ?

Pour elle, les Mahorais renverraient aux Réunionnais le souvenir douloureux d’un temps “ la misèr ” révolu. “ Voir les enfants marcher pieds nus leur rappelle leur enfance des années 50-60, commente-t-elle. Aujourd’hui, on ne veut plus manger de manioc. Le Réunionnais est plus intéressé par ce qu’il consomme ”. Beaucoup

Enquêt E

semblent en effet avoir oublié que la société réunionnaise est passée de traditionnelle et rurale à moderne -donc civilisée- en quelque cinquante ans. Laurent, animateur socio-culturel, familier du public mahorais, se demande si le Réunionnais ne serait pas devenu superficiel. “ On parle de mauvaises odeurs des Mahorais mais c’est juste l’odeur du savon de Marseille et de la friture.

Les Réunionnais ont oublié les odeurs naturelles, les odeurs de la terre et sont trop habitués aux parfums, aux bonnes odeurs des produits ménagers. ”

Quand ce n’est pas sur l’Afrique c’est sur la religion que se cristallise l’attention : les “ Comores ” ou Mahorais sont polygames, ne mangent pas de porc et vont à la mosquée le vendredi.

Peut-être faudrait-il, comme le suggère Rachid Athoumane, responsable du pôle intégration au sein du CCAS du Port “ différencier culture musulmane et confession musulmane ”. Tout comme on différencie culture judéo-chrétienne et par exemple, pratiquant catholique.

indésirables

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retardement. La question de l’intégration des Mahorais à la Réunion suscite évitement ou embarras bien qu’officiellement le discours défendu soit toujours le même : “ les Mahorais sont français donc des Réunionnais comme les autres ”. Pourtant, il suffit de gratter un peu pour qu’affleure une autre réalité.
Par a nne-Line S ie GL er

Les Mahorais à la Réunion

Selon l’Insee, environ 6000 personnes nées à Mayotte résident à La Réunion en 2006, soit 0,8 % de la population.

La CAF en 2003 estimait leur nombre entre 8 600 et 12 400 personnes. La Fédération des associations mahoraises parle, elle, de 30 000 à 60 000 personnes, ce dernier chiffre englobant sûrement les enfants d’origine mahoraises nés à la Réunion. Compte tenu de la mobilité de cette population ces chiffres sont difficilement vérifiables. Ce sont essentiellement des femmes seules accompagnées d’enfants qui viennent s’installer à la Réunion.

Leurs motivations concernent essentiellement l’espoir de bénéficier à La Réunion d’aides sociales plus importantes qu’à Mayotte (dans 57% des cas), des soins de santé meilleurs, et le souhait d’une scolarisation meilleure de leurs enfants (à 62%).

Les Mahorais résidant à la Réunion ont le plus faible taux d’instruction, et le plus faible taux d’employabilité.

Peu intégrés économiquement, leurs revenus sont principalement constitués d’allocations et de minimas sociaux, la quasitotalité des ménages

Peut-être faudrait-il tout simplement changer de regard ? A l’instar du titre évocateur d’une étude publiée en octobre 2010 par le CESER (Conseil Economique, Social et Environnemental Régional) : Les Mahorais à la Réunion, de l'accueil à l'écueil : changer de regard. Oui mais comment ? En tentant de comprendre l’origine des mésententes entre Réunionnais et Mahorais.

Précarité physique et psychique

Pour ce faire, il faudrait prendre en compte les chocs liés à la migration. On reproche souvent à la communauté mahoraise de “ rester entre elle ”. Ce réflexe communautaire s’observe dans tous les flux migratoires, y compris chez les Réunionnais fraîchement débarqués en Métropole. Pour les nouveaux migrants mahorais, la difficulté à communiquer relève souvent d’une mauvaise maîtrise du français ou d’un sentiment de rejet voire d’exclusion qui aggrave le repli identitaire. Un phénomène qui s’observe dans toutes les tranches d’âges. A l’école, les enfants se regrou-

pent en micro-communauté. A la Fac, on retrouve aussi cette tendance.

Sabyla, Asiatica et Sanya paraissent pourtant des étudiantes comme les autres : Teeshirt, jean ou jupe, léger maquillage. En vérité, elles ont troqué leurs habits traditionnels pour éviter les regards déplaisants. “ Quand je suis à Mayotte je m’habille en salouva, explique Sabyla, mais pas ici. Je suis arrivée à la Réunion il y a sept ans. Au début ça a été très, très dur. ” La plupart du temps, on reste entre nous, entre gens des îles ou Erasmus ”, avouent les jeunes mahoraises. “ Ils ne sont pas tous comme ça, mais avec les Réunionnais c’est vite fait bonjour ”. L’une des raisons du non-dialogue est simple : “ Ils pensent qu’on est plus aidées dans nos démarches, demandes de logement ”. Pourtant la plupart d’entre eux ne connaissent pas leurs droits et les structures existantes pour les accompagner. Psychologue au Centre Médico-PsychoPédagogique du Butor, Jacques Brandibas connaît bien les problématiques des migrants de l’Archipel des Comores. Depuis 1998 il reçoit, entre autres, des familles mahoraises lors de thérapies transculturelles.

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Quel accompagnement?

Il n’existe pas de mesures spécifiques destinées au public mahorais, ce dernier étant français. On retrouve néanmoins un grand nombre d’entre eux dans les dispositifs touchant à l’aide à la scolarité ou à l’insertion professionnelle. A Saint-Denis, notons la présence de la Délégation de Mayotte, plate-forme représentant le Conseil Général de Mayotte. Par ailleurs, des dispositifs d’accueil et d’accompagnement des migrants de l’Océan Indien existent sous forme d’ateliers d’intégration et d’alphabétisation dans les communes du Port et de Saint-André.

A cet égard, le Pôle

Intégration de Saint-Denis est un exemple phare. C’est pour répondre aux besoins des migrants indianocéaniques que la mairie de Saint-Denis a créé en 2008 cette structure, inspirée par la réussite de son modèle parisien. Désormais située dans le bas de la Rivière, elle accueille chaque année 800 migrants, dont une population mahoraise importante. Du simple coup de fil à l’audience individuelle, chacun est sûr d’y être accueilli sans être jugé et dans sa langue maternelle si besoin. Au Pôle, on aide aussi à restaurer la confiance de personnes rejetées à cause de particularités culturelles ostensibles,

comme le masque de beauté des femmes mahoraises.

Trois élues déléguées à l’intégration et trois chargés d’accueil parlant au moins une langue de l’Océan Indien –malgache, shimahorais, shicomorienguident ainsi les migrants vers le droit commun.

La vie associative joue par ailleurs un relais important auprès des institutions, plus d’une quarantaine d’associations mahoraises sont répertoriées sur l’île. Depuis peu, le Pôle Intégration est d’ailleurs renforcé par la Maison des Associations de l’Océan Indien qui devrait promouvoir davantage le partage et la rencontre des cultures.

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bénéficiant de la CMU
(Couverture Maladie Universelle).
enquête

UN ENFANT, DEUx écolEs

De fait, dans la famille mahoraise, l’enfant n’a pas la parole. En plus de l’éducation qu’il reçoit à la maison, l’enfant est confronté à deux schémas d’apprentissage : le modèle réflexif de l’école républicaine centrée sur le développement de l’enfant, avec pour but sa valorisation, d’un côté, et, de l’autre, celui de la madrasa (école coranique), modèle descendant basé sur la répétition et la mémorisation, où l’éducation vient d’en haut. Un bon élève ne prend pas la parole, il écoute. D’ailleurs, certains enseignants en déduisent que l’élève ne sait pas, donc qu’il est en difficulté linguistique et qu’il a besoin

d’aide. En arrivant à la Réunion, les jeunes mahorais sont confrontés à une langue de socialisation qui n'est pas le français, à savoir le créole. Cela crée de nouvelles interférences qui n'existaient pas lorsqu'ils étaient à Mayotte.

Des dispositifs d'accueil et d'accompagnement des primo arrivants existent, les CLIN (Classes d’initiation) dans le premier degré et les CLA (Classes d’accueil) dans le second degré. “ 90% des élèves de CLIN sont des enfants mahorais, certains étant nés à la Réunion ” affirme Thierry Gaillat, maître de conférence à l’université du Tampon au

département FLE (Français Langue Etrangère) et FLS (Français Langue Seconde). “

Certaines aides qui partent d’un bon sentiment ont leurs effet pervers, car elles identifient ces élèves comme différents, leur renvoient qu’ils sont moins français que ce qu’ils étaient à Mayotte ” explique l’enseignant-formateur. Avec le repli sur soi que cela entraîne. Loin de s’opposer aux dispositifs existants, Thierry Gaillat préconise plus de réflexion sur la langue et la culture mahoraises et une plus grande coordination entre les enseignants pour éviter les orientations parfois trop hâtives et systématiques.

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“ On parle de mauvaises odeurs des Mahorais mais c’est juste l’odeur du savon de Marseille et de la friture. Les Réunionnais ont oublié les odeurs naturelles ”, Laurent, animateur socio-culturel.

3 questions à Chakila Yssouf

Secrétaire de l’Association des femmes mahoraises de Saint-Denis et présidente de Mowama, (Mouvement des jeunes des îles).

1 Où en s O nt les Mah O rais auj O urd’hui ?

- On est en perte d’identité. On est au milieu de l’histoire, au milieu d’un conflit politique. On voit Mayotte évoluer mais nous on n’évolue pas, il y a un problème du passé non réglé qu’on relègue à nos enfants. On n’arrive pas à s’ouvrir, à construire sur les débris de l’histoire politique. On est des Français sans âme, on a laissé nos racines à Mayotte, ici on essaie de faire comme les Réunionnais qui eux-mêmes ne savent pas où ils en sont. Il y a un travail individuel à faire pour aller de l’avant. Les Mahorais, c’est comme les Réunionnais, on n’a pas confiance en nous, on ne sait pas se valoriser entre nous. On vit tous ensemble mais on ne sait pas se dire qu’on s’aime.

2 Que dire des jeunes ?

- On ne se sent pas chez nous, les Réunionnais nous le rappellent, et on n’est pas à notre place dans notre famille où il y a un conflit de génération. Le jeune n’y trouve pas sa place et va s’identifier, retrouver une famille auprès de jeunes qui boivent, qui fument. La cellule familiale est en crise. Il n’y a pas de dialogue dans les familles mahoraises, c’est toujours les engueulades. Il n’y a pas de relation d’affection, les parents ne savent pas donner l’amour, ce n’est pas naturel de se serrer dans les bras, on voit ça dans les familles occidentales. Et puis on ne parle pas de la sexualité, c’est tabou, on change de chaîne à la TV. On ne parle pas de prévention, les jeunes filles tombent enceintes et c’est une honte pour la famille qui les renie parfois.

3 Quel avenir à la r éuni O n?

- Actuellement à la Réunion, on se tolère, il n’y a pas de partage. Pourtant quand on regarde l’histoire, les Mahorais et les Comoriens n’y sont pas étrangers. Les gens qui disent “ Comores dehors ”, c’est de la mauvaise foi, ils savent très bien. C’est pas qu’ils ne veulent pas de nous, ce sont les conditions sociales qui font ça –le chômage, les jeunes n’ont pas d’espoir, comment tu veux qu’ils nous accueillent ?-. E puis ce sont des gens qui ne sont pas sortis. Je crois que la départementalisation va débloquer des choses, créer un pont de dialogue avec les Réunionnais. Dans leur tête maintenant, on est pareil. Ils sont passés par là avant nous, ils sont là pour nous guider. Les mentalités évoluent, il y a aussi beaucoup de couples Réunionnais-Mahorais.

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“ A Mayotte, l’enfant appartient à tout le monde, ici l’autorité parentale est lourde ”, explique Nicole Humblot Les femmes fuient souvent un mari peu présent ou au contraire tyrannique, une co-épouse malveillante.

piouk test ! Virginie & BiBiK

votre rencontre

> VIRGINIE : 3 jours avant mon départ pour 15 jours en métropole.

> BIBIK : Par des amis communs

ce qui vous a plu

chez lui/ elle

> VIRGINIE : Son rire.

> BIBIK : Sa douceur et sa générosité.

son plat préféré

> VIRGINIE : Oula! Les tripes à la mode de Caen de chez Mme Robert ou le carry Tang de sa tante.

> BIBIK : L'Apple Pie en référence à la pomme.

le nom gâté que

vous lui donnez

> VIRGINIE : Mon gâté siramamy.

> BIBIK : Ma séri lamour.

votre dernier fou rire

> VIRGINIE : en répondant à ce questionnaire.

> BIBIK : En répondant à ce questionnaire

sa plus grande qualité

> VIRGINIE : Son tempérament.

> BIBIK : sa gentillesse et sa bonne humeur.

Vous aussi, osez le piouk

test

> Envoyez une photo de votre couple et vos coordonnées téléphoniques à : ikichenin@visutele.com

La rédaction sélectionnera chaque semaine la photo la plus zézère : la plus jolie, la plus drôle, la plus inattendue, la plus émouvante, la plus gaie… bref, celle qui provoquera notre coup de cœur.

Le couple sélectionné répondra à nos questions et gagnera un weekend pour deux à …. OU un dîner pour deux à (VOIR PUB : À VENDRE)

> VIRGINIE : Il crée la tendance

> BIBIK : Elle vit avec un clown

> VIRGINIE : Impressionnante.

> BIBIK : Charmante.

sa mère ? son vilain défaut

> VIRGINIE : Il n'a pas la main verte.

> BIBIK : Elle n'aime pas les animaux.

tenue que vous préférez qu'il/ elle porte

> VIRGINIE : Des lacets de couleur assortis au tee-shirt.

> BIBIK : la jupe noire

votre chanson

> VIRGINIE : Sitarane de Jako Maron.

> BIBIK : Nouvelle Vague.

votre dernière dispute

> VIRGINIE : En début de semaine

> BIBIK : En début de semaine

la valeur

À transmettre À vos enfants.

> VIRGINIE : le respect, la tolérance et l'humour.

> BIBIK : les valeurs républicaines.

110 Zé Z ère
ce qu'il/ elle pense de votre meilleur(e) ami(e)
C’est le premier couple à se prêter au jeu de notre “ piouk test ”. Virginie et Bibik : ah l’amour lé doux.
la
Photo : Pascal Qui Q uem P oix

Le chômeur veut faire la loi

Il vient d’officialiser sa candidature aux législatives dans la 5e circonscription. Un virage important pour celui qui se pose, depuis 1998, comme le porte-parole de la Réunion d’en bas.

Bienvenue chez Jean-Hugues Ratenon.

LLa vieille “ Clio/carriole ” se gare devant un bout de cour bétonnée, empli de plantes en pot un peu oubliées. “ Je suis désolé, c’est petit ”. Jean-Hugues Ratenon s’excuse plus par politesse que par réelle gêne. Montrer son chez lui ne pose aucun problème au tout frais candidat aux législatives. Et pour cause. Le militant associatif vit bien comme cette Réunion d’en bas qu’il entend représenter. Roselyne, sa compagne, passe un dernier coup de balai.

“ Mi poursuit pas zot ”, rigole-t-elle. Depuis 2008, la famille loue l’étage de cette maison, à la Rivière des Roches.

La télé écran plat trône aux côtés de la table à toile cirée. “ À l’heure des infos, c’est la guerre ici ! Ma femme et mes filles veulent regarder leur feuilleton ridicule ”, confie Jean-Hugues Ratenon. La télé, c’est un de ses rares loisirs. Émissions politiques, bien sûr, mais aussi Ruquier, The Voice et films d’action. “ Un peu de jeu vidéo, aussi, mes plantes, même si là je n’ai pas beaucoup le temps, et surtout le contact avec les amis, le petit repas, la plaisanterie ”, ajoutet-il. Ses amis, il les connaît depuis toujours. Car s’il y a bien une valeur que Jean-Hugues Ratenon cultive, c’est celle du lien.

Sa Réunion en…

- Un plat: carry poisson

- Une chanson: mon péi bato fou

- Un lie U : Dann chemin

- Un j U ron:

Totoche - Une personnalité:

Père René Payet

Ma mère, ma source

Dans son salon, les multiples photos de famille le confirment. D’ailleurs, il passe rarement une journée sans rendre visite à sa mère, dans la case où il a grandi, à Bras-Panon. “ C’est la source, le point de départ. Il faut toujours y retourner pour retrouver l’équilibre, surtout dans les périodes mouvementées, confie-t-il. Et cette case, c’est le lieu de l’éducation, l’école de la vie ”. Et quelle école ! Jean-Hugues Ratenon se souvient du partage qui a rythmé sa vie d’enfant. Partage des tâches, dans cette famille d’agriculteur. “ On allait emmener à manger au champ à papa, on cueillait les piments, on donnait à manger et on baignait le cochon ”. Et partage entre voisins, aussi. “ Mes parents illettrés m’ont appris l’économie solidaire socialiste ”, sourit-il.

Et le candidat d’expliquer l’organisation de voisinage autour des cochons, de la mise en commun des restes de repas pour les nourrir, en passant par le coup de main pour le tuer, jusqu’à l’achat des morceaux de viande. “ C’est une main lave l’autre. Je reproduis ça dans le cadre associatif : aider l’autre, c’est s’aider soi-même.

Aujourd’hui, quand je prône les SCIC (sociétés coopératives d’intérêt collectif), ça n’est pas un retour en arrière, c’est prôner l’humain d’abord ”.

L’humain d’abord ? Pas si facile à défendre dans nos sociétés. Le père de famille le constate auprès de ses propres enfants. “ C’est très difficile de lutter face à la pression de la société de consommation, avouet-il. J’essaie de leur apprendre à ne pas tomber dans la surconsommation ”.

Monica, ma première trahison

Et lui, quel rapport entretient-il avec l’argent ? À l’écouter, ses valeurs humaines et son “ côté rebelle ” auraient toujours dicté ses engagements et ses choix. Quant, après le chômage et l’échec d’une création d’entreprise, en 1998, il crée le MCP (mouvement des chômeurs panonnais) et parvient à créer cinq postes d’emplois jeunes, il assure que lui vivait des minima sociaux.

C’est sa mobilisation au sein du collectif emploi en danger, en 2002, qui le fait connaître du grand public. A cette époque, la jeune Monica Govindin rejoint le collectif. “ Je n’avais pas compris qu’ elle avait des arrières pensées politiques. Peu de temps après, elle était candidate aux législatives. C’était ma première trahison ”, confie JeanHugues Ratenon. Pourtant, dix ans plus tard, il brigue à son tour un mandat de député. “ Monica ne poursuivait qu’un but électoraliste.

Moi, au bout de dix ans de lutte, je comprends que c’est le politique qui commande ”, se justifie-t-il. C’est sans étiquette qu’il se lance dans la bataille de la 5e circonscription. À nouveau chômeur, il souhaite voter les lois à l’assemblée nationale. “ La bourgeoisie ne peut plus parler au nom des pauvres. Si on n’arrive pas à changer les lois, on est cuits ”, assure-t-il.

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Jean-Hugues Ratenon
Accès privé
Par Isabelle KICH e NIN

une main

PCR : Je t’aime moi non plus

Dès 2002, et le lancement du collectif emploi en danger, des murmures pointent les liens de Jean-Hugues Ratenon avec le PCR, qui le rémunèrerait.

“ ça n’est pas possible. C’est interdit par la loi. Et à cette époque, je n’avais aucun lien avec le PCR ”, rétorque-t-il. “ Je n’ai pris ma carte qu’en 2009 et je viens de la rendre. C’est mon côté rebelle". C’est une séparation, pas un divorce : on ne peut pas détester quelqu’un qu’on a aimé ”, sourit-il. Et preuve que la séparation se passe plutôt en bons termes, l’ancien membre du secrétariat général du parti, rémunéré à ce titre 1700 euros net par mois, devrait bénéficier des assedic, dans le cadre d’une rupture conventionnelle de contrat.

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Photo © Jean-Phili PP e B o UC hiat
“C’est
lave l’autre: aider
l’autre, c’est s’aider soi-même ”

silencieux Repo R tage Baptême du feu

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silencieux

Sourd et muet, Sylvestre Famikamy a accepté de nous faire partager, avec l’aide d’un interprète, sa première marche sur le feu. Ultime épreuve à surmonter pour tout bon malbar pratiquant, la traversée du carré incandescent par les fidèles suscite toujours de l’admiration. Mais derrière le spectacle, comment les primo-marcheurs vivent-ils cette véritable épreuve du feu ?

“IIl faut que tout soit propre en l’honneur du bon Dieu pour bien commencer cette dernière journée de prières.” 7h du matin, le jour de Pâques. On est dans le Bas de la Rivière, à Saint-Denis, au Temple du prêtre Gervais Banor, dédié à la déesse Pendiali. Sylvestre Famikamy arpente le temple, un balai à la main. Le quarantenaire sourd et muet va marcher sur le feu pour la première fois. Elevé dans la tradition malbar, il a récemment souhaité revenir vers une pratique qu’il avait délaissée. “Je voulais me rapprocher de ma famille et j’ai décidé de sceller ce retour avec cette marche sur le feu le jour de Pâques”, se justifie-t-il. Les personnes atteintes de handicap bravent rarement – pour ne pas dire jamais – le feu.

Raison de plus pour Sylvestre de ne pas faire le travail à moitié, malgré la fatigue. La longue soirée de chant et d’incantations du “ mariaz bon dié ” n’a pas entamé sa bonne humeur. “Je suis un homme simple et assez zen. Et puis, c’est bientôt la fin de la période de privation”, explique-t-il. Carême strict de 18 jours, ni viande, ni œuf, ni poisson, ni rapport sexuel. De quoi refroidir les ardeurs.

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Sylvestre Famikamy, sourd et muet, victorieux des braises. Par Jérôme r obert
:
n
en lo R a C
Photos
Jean-
oël

Baptême du feu

En quittant le carré brûlant, les marcheurs peuvent apaiser leurs pieds dans un bassin de lait.

de certains aspirants marcheurs. “Au début c’est un peu difficile, c’est vrai. Mais après quelques jours, on s’y fait et à force, ça en devient presque normal”, reconnaît-il.

Même s’il a suivi les préceptes de privation à la lettre, le père de famille pense que la réussite de la marche sur le feu réside ailleurs. “Sans la foi, on est condamné à échouer. Quelqu’un qui ne croit pas en la bienfaisance de Pendiali ne pourra pas marcher dans de bonnes conditions. Je vais prier toute la journée encore et encore, explique-t-il. Il faut fortifier son esprit sans cesse pour montrer la puissance de sa foi devant le feu”.

Pourquoi marcher sur le feu ?

Pendali kézako ?

Pendiali est une déesse hindoue très importante à La Réunion. Avec Marliamen et Karli, elle rythme le calendrier des fidèles malbars tout au long de l’année. Sa couleur est le jaune et son symbole, le feu. Dans la mythologie hindoue, Pendiali aurait marché sur des braises pour prouver sa virginité à son futur époux, Aldunin.

En attendant, le bûcher se met en place au centre du temple. Une montagne de rondins de bois d’une vingtaine de centimètres de circonférence se dresse. Le prêtre y met le feu. Signe de départ d’une journée riche en préparatifs. Sylvestre le sait. Avec ses dalons, eux aussi marcheurs, il surveille le brasier comme du lait sur le feu. Rapidement, les flammes atteignent presque 5 mètres de hauteur. Impressionnant mais pas le temps de s’extasier. Les petites mains s’affairent en coulisse.

Marlépoutou, karlon, char… Tout doit être prêt pour 17h30. Gervais Banor exhorte ses troupes : “Il faut commencer à décorer le char qui va abriter les statues des divinités sans plus tarder. Chacun sait ce qu’il a à faire”. Sylvestre est chargé du bûcher. Sa tâche ? L’alimenter pour que le tapis de braises soit parfait pour le soir. En attendant, les autres préparent les “marlépoutou”, des longs colliers d’œillets jaunes et oranges. Derrière la bâtisse, les hommes de la fratrie confectionnent les “karlons”.

“Un karlon est un grand pot appelé ‘godron’ rempli d’eau, d’un citron, d’une pièce et de graines de pak, empaqueté dans des feuilles de lilas taillées. Les marlépoutou

Pour certains, c’est une façon de montrer la valeur de leur foi face aux obstacles. Ensuite, certains fidèles font des “promesses”. Ils demandent l’aboutissement d’un projet à la déesse. En échange, ils doivent marcher sur les braises pour satisfaire et remercier la divinité invoquée. D’autres bravent le feu pour expier leurs fautes ou demander pardon en honorant les dieux. Enfin, une dernière catégorie de marcheurs : les curieux. Assez rares, il faut dire.

sont ensuite enroulés autour de la structure”, explique Yohan Calciné, neveu du prêtre. Un exercice qui demande un sacré coup de main. “Cela fait des années que je m’exerce à construire des karlons. Je perpétue la tradition que m’a apprise mon tonton”, précise le jeune homme, alors que la procession démarre. Direction le Barachois. Dernière ligne droite… C’est parti. Le char décoré des statues de divinités et Pendiali s’avance sur le radier en contrebas du temple. Sylvestre ouvre la marche. Il porte un cube de camphre allumé sur un plateau. “Je suis content d’avoir un rôle important mais la fumée du camphre qui brûle est difficilement respirable. Mes poumons sont fatigués”, décrit-il à bout de souffle.

Il cède finalement sa place à Vans Daleau, son interprète d’un jour, pour les quelques minutes de marche restantes. Une fois sur la place du Barachois, le prête bénit les carlons et “leur donne vie”.

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silencieux Photos : Jeann oël en I lo R a C

À peine les chants ésotériques commencés, l’atmosphère se fait solennelle. Etrangement, la mer semble se réveiller tandis que le ciel devient plus ténébreux que jamais. En un clin d’œil, c’est le déluge. Le programme reste inchangé. Les marcheurs se “purifient” dans la mer avant de reprendre la direction du temple, carlons sur la tête. Enfin. Le mot est sur toutes les lèvres. Au temple, le bûcher est presque prêt. Le bois a brûlé à petit feu et les braises rougeoyantes et fumantes sont à point. Sur une surface de 7 mètres sur 3 environs, les cendres sont étalées pour créer un tapis uniforme. Les visages sont fermés. Même Sylvestre, boute-en-train tout le long de la journée, est sérieux. “Je suis un peu stressé. Je sais que j’ai fait ce qu’il fallait faire mais mon cœur bat la chamade”, admet-il sans fards. C’est le moment.

Sans la foi, on est condamné à échouer

Le prêtre Banor ouvre le portillon qui donne accès au carré central et ouvre la marche. Sylvestre se lance rapidement. Une grande fourche surmontée de citrons galets à la main, il traverse les braises. En toute humilité. Presque au ralenti. Tout le

monde est unanime : pour une première marche sur le feu, Sylvestre a été exemplaire. Il n’a pas couru face à la chaleur. Bien au contraire.

Dans la ferveur la plus totale, ses pas étaient lourds, son regard droit vers l’horizon, comme perdu dans une “autre dimension”, image-t-il. Il foulera le feu à 5 longues reprises. Tout le monde se succède et c’est la délivrance. Les cris de joie et les congratulations fusent de toute part. Sylvestre, lui, retrouve instinctivement son sourire dans les bras de ses frères. Il est fier. “Tout s’est passé à merveille. Je n’ai senti qu’une infime chaleur sous les pieds. Ils ne souffrent d’aucune brûlure”, fanfaronne-t-il en exhibant la plante de ses pieds. Ses deux fils le félicitent.

L’émotion est palpable. Pour parachever la cérémonie, un cabri est décapité en face du mausolée des ancêtres pour assurer le bonheur de ceux qui ont bravé la chaleur et les cloques. La bête sera cuisinée et partagée le lendemain. Pour le plus grand bonheur de Sylvestre, marcheur sur le feu émérite et carnivore de son état. “Je vais enfin pouvoir manger de la viande. Je vais rattraper le retard que j’ai accumulé pendant les 18 jours de carême. Et si j’abuse, je ferai un régime. Mais de mon propre chef cette fois...”

Le feu sous le déluge

Dans ce cas-là, il faut protéger le feu à tout prix. Le brasier a été alimenté avec d’énormes bûches de bois sec. Jusqu’au dernier moment, elles n’ont pas été bougées. Car en dessous de ces rondins imposants, dans la fosse profonde d’une vingtaine de centimètres, des flammes couvent. Au dernier moment, des fidèles enlèvent les morceaux qui n’ont pas brûlé. Ils éparpillent les cendres et les braises rouges. Enfin, tout est égalisé pour que le brasier soit partout le même. A ce moment pas question de traîner. Une fois éparpillées, les braises se refroidissent vite.

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En pleine cérémonie, un véritable déluge s’est abattu sur le chef-lieu.
Après la marche, un cabri est sacrifié pour être partagé lors d’un repas le lendemain.

Pas de temps pour les loisirs

Marie Chuppa, de son vrai prénom Nagaman, a élevé 11 enfants. Elle n'a jamais été à l'école, mais a enseigné à tous ses enfants le goût du travail. A Saint-André, non loin de l'usine de cannes, où elle a toujours vécu, elle se raconte.

“Mi té travaille dan bitation*. Ma pa trouv un demi journée lécol ”, regrette Marie Chuppa, 83 ans, en repensant à ses camarades qui se rendaient en classe, sans elle.

“ A la place d'un stylo, elle a eu une pioche ”, poursuit sa première fille Aliette, 63 ans, à ses côtés. La vieille dame de Saint-André n'a jamais appris à lire, mais elle a eu à cœur d'envoyer 9 de ses 11 enfants à l'école.

Le travail rien que le travail

Les chiffres, Marie connait, elle sait négocier, c'est d'ailleurs grâce aux bonbons piments qu'elle vend aux plus aisés qu'elle élève ses enfants. Elle fait également des ménages, élève des animaux et travaille la terre...

Les loisirs ? Une perte de temps, selon elle. Le travail est un plaisir, une véritable

26 Gramoun la di
chuppa

Alcide et Marie Chuppa, leur quatre premiers enfants, et la mère de Marie, à droite.

obsession qu'elle transmet à ses enfants. D'ailleurs, sa petite fille Carol confirme : “ Ce sont presque tous des drogués du travail dans la famille ”. C'est seulement à l'âge de la retraite qu'elle part en voyage à Paris avec son mari et profite de son temps libre. Marie ne se plaint pas, elle se montre exigeante encore aujourd'hui. De sa misère est né son caractère et son courage. Et pour Marie, les gens vivent, aujourd'hui, dans l'opulence.

Son père, lui, ne se manifeste que deux fois. Durant la seconde guerre mondiale, il vient lui apporter un coupon pour s'approvisionner en nourriture. Et bien des années plus tard, hasard de la vie, son mari est hospitalisé dans le même établissement que le père de Marie, “ son cœur a sauté lorsqu'il a entendu son nom”, raconte Aliette, leur fille. Marie lui rend visite, une dernière fois, refusant de s'occuper de lui, comme il a refusé de s'occuper d'elle lorsqu'elle était enfant.

A l'âge de 11 ans, Marie part vivre et travailler comme “ petite bonne ” chez son parrain, qui a de bons revenus. Elle y apprend quelques notions scolaires, grâce à l'une des deux filles de la maison.

Mais Marie a la peau claire, contrairement à l'une des filles légitimes, ce qui créée la confusion pour les étrangers. Un malaise s'installe : “ Ma marraine et ses deux filles étaient jalouses de moi ”, se souvient Marie, un peu moqueuse. De retour chez sa mère, remariée à un autre homme, elle ne se sent pas acceptée non plus au milieu de ses demifrères et sœurs. Ils la rejetteront également à l'âge adulte : “ Certains ne nous disaient même pas bonjour, tellement nous étions pauvres ”, se remémore Aliette de son enfance avec ses parents et ses 5 sœurs et 5 frères.

“ Té tap, té quit, té revien ”, raconte Aliette, au sujet de ses parents. A 17 ans, elle met au monde leur premier enfant. Et lorsqu'elle attend leur deuxième bébé, Alcide décide de se fiancer à une autre. Mais la saint-andréenne explique, avec fierté, qu'elle ne s'est pas laissé faire. Elle demande à quelqu'un de rédiger un courrier pour annoncer aux parents de la promise la situation qui était la sienne. Alcide voit alors les deux kilos de maquereaux, envoyés à ses futurs beaux parents, renvoyés illico.

Alcide deviendra son mari après leur quatrième enfant. “ La religion la dress a li ”, s'écrie la vieille dame au sujet de son seul amour. Aujourd'hui encore, elle ne sait pas pourquoi il se montrait si réticent à l'idée de leur mariage. Depuis le décès de son époux, il y a vingt ans, Marie n'a pas souhaité refaire sa vie. Et aujourd'hui encore, elle suit les conseils de son époux défunt : “ Un capitaine ne quitte jamais son bateau ”, disait Alcide, et Marie a jeté l'ancre dans sa petite maison au milieu des cannes, où elle a vécu avec lui.

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*bitation : habitation, qui désignait une unité d'exploitation agricole
Certains ne nous disaient même pas bonjour, tellement nous étions pauvres
“ Un capitaine ne quitte jamais son bateau ”, disait Alcide, et Marie a jeté l'ancre dans sa petite maison au milieu des cannes, où elle a vécu avec lui.

Parlons de réussite sociale !

À l’affiche du Reggae 974 united, vendredi, au Palaxa, Luciano Mabrouck, leader du groupe Kom Zot et producteur, milite depuis des années pour la valorisation des compétences et des réussites locales. Celui qui a connu les émeutes de 1991, au Chaudron, revient pour nous sur celles de février dernier.

CComment va le Chaudron, depuis les émeutes de février ?

- J’y vis. C’est mon lieu, mon inspiration. C’est tout. Les problèmes ne vont pas se résoudre d’un coup de gomme. Les émeutes ont permis de déverser un trop-plein, mais ça ne va pas mieux et aujourd’hui, il y a des jeunes en prison. Le problème, c’est le boulot. L’oisiveté engendre plein de choses.

- Comment expliques-tu cette explosion ?

- À un moment, le vase déborde parce que les gens n‘en peuvent plus. Ce malaise, il faut le déverser. Il y a ceux qui deviennent fous, ceux qui deviennent alcooliques, ceux qui font éclater leur cellule familiale… Le problème est global, universel, mais forcément, dans les quartiers défavorisés, ça ne se vit pas pareil. On arrive ensuite à une stigmatisation des jeunes de ces quartiers.

- Qu’est-ce que les associations peuvent apporter, face à ce malaise ?

- On aide. Nous, on s’est toujours battu. On a pas mal fait, à notre niveau, dans notre domaine. Maintenant, il faut que les collecti-

vités aident. Ce village jeune du Chaudron, on l’a inauguré avec mon groupe,. On y a lancé pas mal de jeunes : Kaf malbar, Rolian, qui fait un carton en dancehall en ce moment, Ranlo, qui maintenant est en métropole. On a fait des compils. On essaie à chaque fois d’y apporter le côté professionnel. Pour ces jeunes, le rêve, c’est de faire une chanson, mais derrière, il y a du travail. On essaie de faire rentrer ça dans leurs têtes. On est fier de ce travail là, mais ça use : on a fait ça avec nos moyens.

- Ce village jeune n’est pas géré par la ville de Saint-Denis ?

- Il est resté en “ mode free ” pendant pas mal de temps. Après les émeutes, j’ai été abordé par quelqu’un de la mairie de SaintDenis. Les travaux du studio ont débuté le lendemain. À chaque fois, il faut des émeutes pour que les collectivités fassent quelque chose. C’est du gâchis ! Il y a des jeunes en prison, et toute la casse a coûté de l’argent à la collectivité.

- Le Chaudron qui réussit, ça existe ?

- Ah oui ! Mais ça n’est pas forcément mis en évidence. J’ai des copains au GIPN, ma sœur est policière, mon beau-frère chercheur dirige une équipe à Montpellier. Il y a deux gars champions du monde de pelo -

Photo Jeann oël en I lo R a C 28 entretien : i sabelle K i CH enin
“ Les journaux, aujourd’hui, ça n’est que négatif.
Moi je ne Lis pLus rien, sinon, je
Me tire une baLLe ! ”

Luciano Mabrouck

te basque. Bernard Grondin, qui dirige Emmaüs, on a grandi ensemble, et pour moi c’est un exemple. Le problème, c’est qu’on ne met pas ces gens-là en avant. C’est bien beau de mettre en avant des filles parce qu’elles sont jolies, mais il n’y a pas que ça. Parlons un peu de réussite sociale ! Les gens aiment lire ça. Les mamans seraient fières de leurs enfants. Les journaux, aujourd’hui, ça n’est que négatif. Moi je ne lis plus rien, sinon, je me tire une balle !

- Tu as regretté, dans les colonnes des Inrockuptibles, que les candidats à la présidentielle ne soient pas venus au Chaudron…

- Regretté, c’est beaucoup dire … C’est eux qui m’ont posé la question. C’est vrai que c’est un quartier qui a fait l’actualité, pas forcément en bien, et ils ne sont pas venus. Mais je ne suis pas naïf, je sais qu’un président à d’autres chats à fouetter. Mais leur visite aurait pu nous apporter la lumière sur le quartier. Moi, ce qui m’intéresse, ce sont ceux qui vivent ici, les responsables du quartier, de la ville.

- Et aux élus locaux, tu as envie de leur dire quoi ?

- Travaillez pour la Réunion ! Pour sa culture, son identité. Il n’y a pas de problème, on est Français, OK. Mais il faut que le Réunionnais s’enracine. Ma fille parle français, elle apprend le chinois et l’anglais, mais c‘est important aussi qu’elle parle créole. Moi, à l’école, j’ai appris “ nos ancêtres les Gaulois ”, Elie, on n’en parlait pas. C’est comme si on te disait : “ ne montre jamais ce profil-là ”. Tu ne peux pas cacher une partie de ta vie. C’est important d’être entier. Empêcher un enfant de parler sa langue, ça n’est pas l’idéal. À l’école, quand je ne savais pas dire en français, je fermais ma bouche, alors que la solution, je l’avais. Un vieux, qui n’est pas du tout militant pour la langue créole, m’a raconté avoir été marqué petit, par un incident à l’école : il avait envie de faire pipi et ne pouvait pas le dire en français. Il a fait pipi dans sa culotte.

- Les choses ont évolué, depuis ?

- Il reste encore beaucoup à faire, surtout dans les mentalités de certains politiques. Il faut arrêter de penser que ça va freiner nos enfants : au contraire, ça va les rendre complets. Avec Davy Sicard et Franky Lauret, on travaille à l’élaboration d’outils. C’est important de pouvoir traduire nos textes aux autres. La webradio qu’on a créée, Maronrfm.com participe aussi de cette valorisation de la culture réunionnaise. On diffuse uniquement de la musique locale, et pas que du séga et maloya. C’est ma contribution à la reconnaissance du travail fait ici.

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L’interview cu L ture

Maya la belle

A

vant-goût de sa prestation au Sakifo, Maya Kamaty, distillera ses chansons folks, vendredi, au Banga chic, à Trois-Bassins. La digne fille de Gilbert Pounia et Annie Grondin balade sa voix impertinente et son jeu de guitare affirmé entre maloya et chanson française.

> Maya Kamaty, vendredi 11 mai, 20h, Banga chic, Trois Bassins.

( 0692 72 15 95

Au nom de Bob

> Le 11 mai 1981, les amateurs de reggae pleuraient leur maître. C’est pour rendre hommage à Bob Marley que Jean-Marie Imira, chanteur de Natty Dread, James, figure du hip-hop, dance hall et reggae local, Luciano Mabrouck, leader du groupe Kom Zot et Kristof, chanteur de Verzonroots, se sont réunis autour des Shakals band pour offrir un live reggae aux couleurs 974.

Sûr, vendredi soir, de très good vibes devraient planer sur le Palaxa.

Ayo cousins!

> Ala lila. Ça va danser, ce week-end ! Nancy Déroougère, Mario Justin, Denis Azor, Michel Legris, Ino Lakeed et JeanClaude Gaspard promettent une fiesta mauricienne digne de nos plus belles vacances. Allez, on révise son déhanché pour se trémousser sur les meilleurs tubes de l’île sœur.

> Fiesta Mauricienne

Vendredi 11 et samedi 12 mai, Téat plein air de SaintGilles.

( 0262 419 325

> Reggae 974 united, vendredi 11 mai, 21h, Palaxa, Saint-Denis. ( 0262 92 09 90

Dimanche 13 mai, 18h, Théâtre Luc Donat du Tampon.

( 0262 27 34 36

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SORTIES WEEK-END

BREVES DE CULTURE

Jeu, scène et match

> C’est une sacrée école de la scène, qui a vu éclore quelques talents. Le match d’impro, c’est surtout, côté public, une franche partie de rigolade. Deux équipes de 7 personnes s’affrontent dans une mini patinoire de hockey en bois, sous l’œil attentif d’un arbitre et de ses assistants, chargés de faire respecter les règles et n’hésitant pas à siffler les fautes.

Rêve, He R be Rt !

> De longues silhouettes blanches drapées de toiles apparaissent, s'avancent, s'éloignent, se concertent, pour finalement nous inviter à les suivre. Peu à peu, celles-ci se transforment en personnages majestueux, leur tête s'éclaire ; elles nous

Un musicien, ou un DJ, chauffe la salle, et un maître de cérémonie anime la soirée. Quant au public, il rit, il applaudit et … il vote !

> Match d’improvisation théâtrale, samedi 12 mai à 19h, théâtre Canter, Sainte-Clotilde. ( 02 62 48 95 06

entrainent autour d'un astre lumineux. Sur une musique étrange et envoutante, elles effectuent un rituel magique qui permettra à l’astre de s’élever dans le ciel... Comme un clin d’oeil à la lune... Leu Tempo festival nous invite au rêve, pour sa traditionnelle fête dan somin, avec une création de la compagnie Les Quidams, jouée dans plus de 100 villes de France et plus de 30 pays. Samedi, c’est chez nous, alors on y va !

Lione L Lauret à cL u J 100 choristes pour Lé L é

•••Dit comme ça, on imagine bien un de ces pays imaginaires peuplé de Boz ou de « sambouchons » dont l’artiste plasticien a le secret. Ben non : ça existe pour de vrai, Cluj, et c’est en Roumanie. Même qu’il s’y déroule un festival, le Clujotronic, et que c’est à l’ invitation de Christophe Pomez (ex Drac théâtre chez nous, actuel directeur de l’institut français ), que Lionel Lauret fait cette escale.

•••Ils y étaient, (presque) tous là. Et nous aussi. 100 choristes de tous âges, ethnies et milieux sociaux, réunis autour d’Urbain Philéas, le fils de Gramoun Lélé, pour un spectacle qui s’annonce chargé en émotion, au téat Saint-Gilles. Depuis trois mois, ils répètent, par petits groupes, puis tous ensemble, comme ce samedi au case de Petit Saint-Pierre. Il y a Ninine, 60 ans, venue du Port, Aurore et Audrey, 23 ans, de Bras-Fusil, Keyrian, 13 ans, de Saint-Benoît, les élèves d’une classe de CM2 de Saint-Leu, Danyél Waro… 100 voix unies autour d’un maloya pour une maman partie. Celle d’Urbain Philéas, et, à travers elle, celle de tous les choristes. Un solo lo ker qui nous fait monter le cœur au bord des yeux. À découvrir le 30 juin au téat Saint-Gilles.

> Le rêve d’Herbert samedi 12 mai, 20h, en ouverture de la fèt dann somin, fête gratuite de clôture du Leu Tempo festival. RN1 Saint-Leu.
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Urbain Philéas réunit 100 choristes pour un solo loker chargé d'émotion.

L’effet tigouya

tigouya, jeune margouillat originaire de Mafate, sort pour la première fois de son cirque natal. Croisant la route d’un touriste fraîchement débarqué, le petit reptile fait le tour de l'île et découvre tout ce qui fait le charme de La Réunion.

En adaptant le livre de Teddy Ifare-Gangama, le Théâtre des Alberts propose un spectacle à multiples facettes. Avec un décor coloré, “ Tigouya ” allie marionnette, vi-

déo, images en relief et musique. Transposant ainsi la tradition du conte initiatique, la pièce parle aussi de la rencontre entre deux cultures : celle du margouillat local et celle du visiteur zorey . La très dynamique Sylvie Espérance (à la fois narratrice et manipulatrice de la marionnette Tigouya) rythme d’ailleurs son récit par des devinettes, les kosa in soz . Malgré un côté un peu “ carte postale ”, “ Tigouya ” reste une œuvre de qualité qui captivera les petits et fera sourire les grands. P.C

Livres théAtre

Ambi A nce post GuA ntA n A mo u n A utre !

> Marazano et Ponzio signent le tome 2 du Protocole Pélican, aux éditions Dargaud. A la suite de l’enlèvement arbitraire d’un groupe de citoyens, ces derniers sont soumis à une incarcération inhabituelle dans le cadre d’une expérience psychologique. La raison reste inconnue et les buts incertains car la réponse se trouve au cœur de l’expérience.

ce qu’on en pense :

Les auteurs du Complexe du Chimpanzé se retrouvent avec le même sens de l’intrigue mâtiné d’un esprit science fiction toujours intact.

Les graphismes évoluent encore, avec des couleurs sombres, oppressantes.

Les histoires parallèles des proches restés sans nouvelles appuient encore ce ressenti. En superposant en flashs brefs les deux mondes, ils nous offrent une respiration bienvenue dans le suspense.

A noter l’esprit d’analyse de société bienvenu.

Le monde post Guantanamo transparait clairement, poussant le lecteur à se demander si la victime pourrait être lui-même. Annoncé comme une quadrilogie, la série semble réussir le pari de l’histoire fermée. Une bouffée d’air frais bienvenue si l’on tient compte du contexte du marché dans lequel tant d’autres ne semblent jamais vouloir s’arrêter.

> Le 3 et 4 Mai, le TEAT Champ Fleuri présentait L’Autre, une œuvre de Claudio Stellato, artiste né en Italie et vivant en Belgique. Le programme annonçait : danseur, acrobate, cirque, illusion, limites du possible. Peut-être à cause du nom stellaire de l'artiste ou par analogie avec les propositions circassiennes vues ces derniers temps, j'imaginais quelque chose de lumineux, aérien, vertigineux. Et me voilà confrontée à un univers sombre, souterrain et rampant! Une ambiance rouge et noire, des meubles/boîtes volumes mystérieux qui bougent, et un être qui se love, s'étire, s'extirpe et ne fait qu'un avec l'objet qu'il manipule, utilise, envahit. Et tout cela au milieu d'un profond silence et de bruits de respiration. Tout de suite je pense au personnage de Kafka métamorphosé en cafard. Le petit garçon de quatre ans, derrière moi, voit “un escargot qui sort de sa coquille”. L'adolescente, devant, rit pour échapper à un certain malaise. On cherche tous “l'Autre” annoncé. Nous perdant

en chemin et dupés par l'illusion omniprésente. Qui bouge? Les choses semblent vivre, le corps de l'acteur prend des poses invraisemblables et semble nier les lois de la pesanteur, le tapis rouge ondule tout seul. Tout semble sur la frontière entre équilibre et déséquilibre. L'autre, visiblement, l'acteur le cherche, le spectateur le cherche. Et quand, moment extraordinaire, un “Autre” paraît au moment du salut, toutes les interprétations sont à revoir et nous n'avons plus qu'une envie: revoir la pièce en utilisant la clé donnée!

esPrit critique 30
spectAcLe

30° Couleur

Comédie (durée 01h32min) (2012). De Lucien Jean-Baptiste, Philippe Larue. Avec Lucien Jean-Baptiste, Edouard Montoute

Elève brillant aux Antilles, Patrick a quitté sa Martinique natale à l’âge de 10 ans pour faire ses études en "France". 30 ans plus tard, il est devenu un historien réputé, rigoureux et fier. Coupé de sa famille et de ses traditions, il s’est intégré au point d’en avoir oublié ses racines… Erostrud tisi. La augait vendre min ut loborero esse dolore minciliquam venis exer in hent vel utatie

s tar was 3d

Science fiction américain réalisée par oxoxoxoxoxo (2012) avec Masami Nagasawa, Junichi Okada, Keiko Takeshita (durée : 2h05). À partir de 10 ans.

Mincinci lluptat delenibh ea am, velit wis alisi.Issequatie dit iriurem veliquat adit, quisit utpat wis nissisi. Im in ulputpating essed tem quat wis diam et, quametue ex esecte venibh eugueril ullaore consenit lore eum del irit wisl euisse mincillut wissi bla faccum do dolortie tate do cor si

saINte-marIe

u ICC CIN epalmes - Tél. : 0262.90.22.90

Café de Flore > recherche bad boy

désespérément > Cloclo >Hunger games

la taupe > Cheval de guerre > projet X John Carter > Chronicle

saINt-deNIs

u ICC rI tz - Tél. : 0262.90.22.90

recherche bad boy désespérément

Hunger games

Cloclo

u ICC plaza - Tél. : 0262.90.22.90

Je m’appelle Bernadette

Café de Flore

u CIN e laC aze - Tél. : 0262.41.20.00

Hunger games

la colline aux coquelicots

30°couleur

en secret (Vo)

les infidèles

saINt-paUl

u CIN e C am B a I e - Tél. : 0262.32.20.00

0262.25.20.00

la mer à boire

la colline aux coquelicots

Hunger games

30° couleur

albert Nobbs (Vo) Cloclo

extêmement fort et incroyablement près Comme un chef

John Carter le chat potté les infidèles sécurité rapprochée

saINt-GIlles

u ICC G ra N d e C ra N - Tél. : 0262.90.22.90

/// CinépalmeS

Ut lUptatUm dolorperos

Science fiction américain réalisée par oxoxoxoxoxo (2012) avec Masami Nagasawa, Junichi Okada, Keiko

Mincinci lluptat delenibh ea am, velit wis alisi.Issequatie dit iriurem veliquat adit, quisit utpat wis nissisi. Im in ulputpating essed tem quat wis diam et, quametue ex esecte venibh eugueril ullaore consenit lore eum del irit wisl euisse mincillut wissi bla faccum do dolortie tate

Cheval de guerre > elles

saINt-loUIs

u le plaza - Tél. : 0262.42.62.90

Répondeur : 0262.91.70.21

Huger games

en secret (Vo)

saINt-pIerre

u ICC re X - Tél. : 0262.90.22.90

Hunger gamess en secret (Vo)

ritz St-DeniS
sorties cinéma
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plaza St-DeniS /// Ciné Cambaie

BooBZ

paroles, paroles...

Apprécie lA vie

J’aimerais te dire que la vie est courte mais ça j’crois qu’tu l’sais donc si tu le sais apprécie la vie bien comme y faut

REFRAIN :

Apprécie la vie apprécie a li apprécie chaque instant apprécie chaque moment

Tape tape dans tes mains faisons la fête jusqu’à demain matin tape tape dans tes mains j’apporte ce soleil qui consolera tous tes chagrins chaque seconde compte chaque minute compte chaque heure chaque jour chaque seconde ah ah non non mi sa pas perde la foi mi prie le bon dieu pou li montre a moin la voie

Laisse allé laisse allé laisse allé laisse le vent te guider

Laisse plané laisse plané laisse plané je veux accomplir ma destiné

No StreSS…

Boobz respire la joie de vivre. Lunettes bariolées vissées sur les yeux, vêtements flashy et sourire tranche papaye, le rappeur a la bonne humeur communicative. "J'écris des morceaux positifs. Ce n'est pas un personnage, c'est juste moi”, sourit Boobz. C'est sans surprise donc que son titre “Appréci la vi”, cartonne sur les ondes locales. Une chanson qui surfe sur les tubes à la mode avec ses sonorités chaloupées. Malgré tout, le titre est plus sombre qu'il n'y paraît. “J'ai écrit ce morceau après une rupture amoureuse. Je me sentais mal. Je suis ren-

tré chez moi et j'ai bu une bouteille de vin. Complètement saoul, j'ai commencé à faire le point sur ma vie.

J'ai un travail, une maison, je vis bien. Pourquoi se prendre la tête ? Il faut juste apprécier la vie”, explique-t-il. Une philosophie qui a apparemment trouvé beaucoup d'adeptes. Mais Boobz ne compte pas s'arrêter en si bon chemin.

Il faut dire que le jeune professeur de métier est prolixe. A peine son premier album, Born To Fuck, dans les bacs, il s'attèle déjà à la tâche pour lui donner un petit frère. “ Il est presque bouclé. Une chose est sûre, il sonne beaucoup plus rock.” En attendant, une flopée de clips devrait bientôt voir le jour.

Les impatients pourront l'applaudir le 1er juin, en première partie du rappeur Booba au Parc des expositions.

chaque semaine, le classement des téléspectateurs de

Laisse allé laisse allé laissé laisse le vent t’emporter

Laisse plané laisse plané montre a zot que ou gaign que ou gaingn

(REFRAIN)

Je regarde la lune et les étoiles la vie on en a qu’une je le crie sur tous les toits j’voudrais que cette jeunesse soit interminable j’aimerai aller au bout de mes rêve et toi ? j’aimerai que les gens ouvrent leur cœur soit plus intelligent ouvre leur cœur ne freine pas ton intelligence trop de barrière atténue ta puissance

Ton cafrine lé dans ton main apprécie ali Tu téclates dans ton job apprécie la vie Ou la fin’rentre célibataire apprécie la vie Comme soldat c’est mother fuck pour la vie A soir ou na un fric apprécie ali A soir ou plane ek ton cafrine apprécie ali Ou la fin’ trappe l'album Boobz apprécie a li Monte demoun que ou gaign que ou gaign

(REFRAIN)

Laisse allé laisse allé laisse allé laisse le vent te guider

Laise plané laisse plané laisse plané je veux accomplir ma destiné

Laisse allé laisse allé laissé laisse le vent t’emporter

Laisse plané laisse plané montre a zot que ou gaign que ou gaingn

Faut apprécié la vie oh apprécie ali Chaque seconde chaque minute chaque heure chaque jour apprécie la vie apprécie a li

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N° ARTISTE CHANSON 1 MetA Kafrine adorée 2 roliAN lé bel 3 Joe lAUret Après tant d'années 4 SiStA Flo Mon meilleur ami 5 MAiKo ensembl'ou 6 Ker MAloYA Malagasy 7 BooBZ Apprécie la vie 8 JeAN rolAND MiQUeM timide 9 StepHANie tHAZAr Je veux te connaitre 10 pApA Giro prévention routière N° ARTISTE CHANSON 11 BASter c'est la vie 12 DAN BlANc Ker Noir Sa lé dos 13 ApoloNiA Mon cœur y frissonne 14 Not'S Devinez qui 15 JAcKiDi conquis mon cœur Atep compétent pas compétent lYriKAl tiSSMe Jah love LES ENTRéES dE LA SEmAINE LES SORTIES dE LA SEmAINE retrouvez créole hits sur télé Kréol présenté par Manu
créole hit

LE ROI LION 3D

[

DE R O g ER A LLERS ET R O b M IN kO ff - 1994

I

Elton John a composé une musique inoubliable tout comme la scène d’ouverture de ce chef d’œuvre qui nous met d’emblée dans l’atmosphère du continent africain lors de la présentation aux autres animaux de la jungle du très jeune bébé lion Simba qui prendra la succession de son père en qualité de roi des animaux. Le film se déroule en 3 parties, l’initiation de Simba placée sous le signe de l’insouciance avec découverte de la savane en compagnie de la jeune lionne Nala. Ensuite, la trahison et l’exil du lionceau accuser à tort d’être responsable de la mort de son père. Enfin, à l’âge

l y a 18 ans la planète découvrait Simba, l’un des héros de dessins animés les plus populaires. Disney a eu la bonne idée de ressortir au cinéma ses aventures en 3D.adulte Simba reprendra sa place et vaincra la jalousie de son oncle Scar. Immense succès au cinéma lors de sa sortie, personne n’a oublié la scène émouvante et cruel de la mort du père de Simba, les facéties de Timon et Pumbaa, l’amour de Nala et Simba … Et à la fin du film de nombreuses familles chanterons de nouveau en cœur Hakuna Matata, Matata, Quel chant fantastique !

Vos rendez- V ous

Le FestivaL internationaL du FiLm d’aFrique et des iLes se tiendra du 29 septembre au 7 octobre prochain au Port. L’une des plus anciennes manifestations de La Réunion attend vos films péi ! Renseignements au 0262 43 24 22

La 8e édition du FestivaL du FiLm d’aventure se déroulera du 12 au 20 juin.

au Lacaze de saint-denis les étudiants organisent une soirée cinéma à 10€ avec deux films “ Avengers ” et “ American Pie 4 ”

Le 3e FestivaL du FiLm chinois se déroulera du 30 mai au 12 Juin au Plaza Saint Denis, Rex Saint Pierre, Grand Ecran Saint Gilles et Ciné Palmes Sainte Marie.

Tirée du best sellers éponyme, l’adaptation cinéma n’a rien a envier – ce qui est rare – au livre. Auréolé d’une belle réputation avec pas moins de 4 nominations au Oscars, dont une statuette pour la comédienne Octavia Spencer, ce film trônera parfaitement au milieu de votre salon. Cela faisait longtemps qu’un

film ne nous avait pas replongé dans l’Amérique des années 60 et plus précisément au Mississipi, l’un des états US où la violence du racisme a fait le plus de dégât. Avec un casting principalement féminin, nous suivons avec un bonheur sans faille durant 2h25, le destin de 3 femmes. Convaincu par une jeune journaliste de la bourgeoisie blanche, deux cafrines décident de témoigner sur leur condition de travail de femmes exploitées et humiliées au quotidien.

Dans ce plaidoyer contre le racisme, toutes les trois, blanche et noires, apportent leurs contributions pour dénoncer des conditions de travails inhumaines et la ségrégation raciale.

24 vidéo Par a rmand d au P hin cinéma

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LA COULEUR DES SENTIMENTS ON A vU...
] [
]
Les 11 mai à 20h au PLaza de st-denis et 18 mai à 20h à LesPas Leconte de LisLe de stPauL projection de “ L’opéra du bout du monde ” un film documentaire de MarieClémence et César Paes. En première partie de soirée diffusion de l’opéra Maraina du Théâtre Vollard avec animation musicale et débat. Ensuite découverte des coulisses avec la captation du spectacle. Entrée gratuite.
DE
TATE TAyLORf - 2011 - EN DvD ET bLURAy
Magnifiquement interprété par des actrices dont la palette des sentiments est une cuisine à point entre émotion et rires. Et après avoir vu le film vous n’oublierez jamais la recette du gâteau de Minny.

Chaque

Oté la mère guêpe !

Opus de Guény N°11

Paroles :

Ti dis ti conné danse la polka

Mais ti roule en avant comme feuille banane

Ti dis qu’ton tête

l’est fatiguée

Mais dessous ton robe

l’est farfouillé

Oté la mère guêpe

Toué la pique la fesse mon volaille

La fesse mon volaille

L’a été pique par la mère guêpe

En passant par la fénétté

Un p’tit coulou la déchire mon culotte

Ô Mélanie

Ton gros tété

touf touf a moin

Et si je vous disais : “ Oté la mère guêpe ” ? Je suis sûr que la majorité d’entre vous aurait trouvé la réplique : “ toué la pique la fesse mon volaille ” ! Pour ce premier numéro de notre rubrique sur l’histoire des chansons de la Réunion, découvrons ensemble les quadrilles d’Isaac Guény. Le quadrille “ la Mère guêpe ” est certainement celui qui a le mieux traversé le temps. Composé par Issa Guény vers 1920, ce quadrille fait partie d’un lot de douze partitions éditées par ce compositeur, Directeur de l’Harmonie Dionysienne. On retrouve entre autres dans cet ensemble de partitions des danses de salon, telles que scottish, polka, valse et

mazurka. Mais qu’est ce que le quadrille ? Tout simplement une danse de salon, composée de plusieurs figures (généralement 5) : “ Le pantalon ”, “ L’été ”, “ La poule ”, “ La pastourelle ” et “ La finale ”. Ces différentes parties s’enchainent sans interruption musicale entre les différentes figures. Il pouvait parfois y avoir une personne qui donnait le nom de la figure avant que les musiciens ne l’interprètent. Le quadrille devint populaire à l’approche du XXe siècle de part son appropriation par les classes moins aisées, mais a disparu aussi rapidement vers 1950 dès la popularisation des appareils permettant de diffuser du son : les gramophones (“ Lorkès ti bra ”).

La musique sur carte postaLe

Pour accompagner ses 4 premiers quadrilles, Guény avait décidé d’éditer des cartes postales. Chaque quadrille a donné naissance à 5 cartes postales (une par figure). Il en existe donc un lot de 20 différentes. Découvrons ensemble deux cartes tirées de ce lot : Zézère et Tégorine. Vous noterez à chaque fois un visage de femme en médaillon ainsi que des paroles accompagnant les mélodies. SI vous en possédez d’autres n’hésitez pas à nous contacter.

semaine, Arno Bazin, DJ la poussière, vous raconte l’histoire des chansons de la Réunion.
36 La semaine prochaine Partons à
ILLUSTRATIONS KREOL ART
la découverte de... l’histoire de P’tite fleur fanée, l’hymne de Fourcade à son île !
Rub RI que R éal IS ée P a R aR no b a ZI n Music lontan

Rodee Cox nU-roots

Rodee Cox, figure emblématique du hip-hop réunionnais, vient de lâcher une net-tape de 30 titres en libre téléchargement.

Le rappeur protéiforme a trouvé son identité musicale bercée entre rap pur et identité insulaire. Rencontre avec un pionnier

n puits de connaissance hip-hop. Discuter avec Rodee Cox, c'est plonger dans les archives du hiphop réunionnais. “J'en ai des dossiers à raconter sur le début du mouvement hip-hop à La Réunion”, sourit le célèbre représentant du rap local. Rodrigue, pour l'état civil, est un homme décomplexé.

Le rap d'ici ? Il connaît très bien. Et pour cause : il fait partie des pionniers moteurs de toute une génération.

Animateur de sound-system, de radio puis visage du hip-hop pour la ménagère sur le petit écran, Rodee Cox est avant tout un grand fan de musique.

Et ça ne date pas d'hier. “Mon père avait une énorme collection de vinyles. Notamment des premiers grands classiques rap comme “The Message” de Grandmaster Flash ou SugarHill Gang ”, se remémore-til. Et rapidement, le jeune Rodrigue se lan-

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Par JÉ r ÔME r OBE r T

culture urbaine

ce tête baissée dans ce nouveau mode de vie. “Etre hip-hop, c'est être le moins hypocrite possible et refuser l'assistanat. Se débrouiller coûte que coûte”. Une philosophie sans fioritures. “Pour se faire connaitre, on imprimait nos flyers, on prenait la voiture et on allait distribuer les disques que nous avions pressés à la maison. C'était du vrai système D.” Aujourd'hui, tout est “dématérialisée” et les “cassettes audio, c'est du passé”. Mais pas question de varier d'un iota sa

On a vu...

position. “Le plus important dans le rap, c'est le message. Si tu n'as rien à dire, fais de la techno.” On ne peut plus clair.

Malgré tout, au fil des années, les sonorités de la musique du rappeur ont beaucoup changé. Si au départ, les rythmiques étaient calquées sur le grand frère américain, aujourd'hui Rodee Cox opte pour une vision beaucoup plus personnelle

Le gra P h de L a se M aine

de son rap." À Paris, j'étais à fond dans le gangsta-rap tout en traitant des sujets conscients. Ici, on ne me comprenait pas. J'étais comme un extra-terrestre et personne ne m'écoutait. En regardant les paysages, en écoutant des groupes comme Naéssayé, j'ai changé sans le vouloir jusqu'à aujourd'hui”, explique le rappeur aux dreadlocks. En 2012, il fait donc du 'Nuroots', un hip-hop teinté aux couleurs du reggae et de ses influences insulaires. Sur sa net-tape en libre-téléchargement, Haché, l'auditeur oscille entre chansons mélodiques et beats plus syncopés fidèles au rap. 5HOP Island, c'est justement le nom de son nouveau label qui s'active dans l'ombre pour ramener toute une vision du hip-hop sur le devant de la scène. Et même si la mode dans le hip-hop est de poser sur des sonorités électro souvent commerciales, Rodee Cox n'exclue pas de s'y essayer. Pour lui, “il faut évoluer avec les méthodes de son temps”. Mais sans jamais changer le fond de son rap. “Si un jour, le courant i pète, nou va reni comme les griots africains dan tan lontan. Le message i va toujours primé comme d'habitude.”

M.O.P. au Big uP 974

> Les deux papys du rap newyorkais font de la résistance. En bons quadragénaires, surpoids à l'appui, Lil Fame et Billy Danze n’ont pas fait dans la dentelle au Petit Stade de L’Est le 14 avril dernier.

Pas de fioritures pour les Américains. Les classiques du duo de Brooklyn se sont égrainés les uns après les autres. De l’intro tonitruante, “Cold As Ice” en passant par “New Jack City ”, ou encore “Who Got Gunz”, et son hommage appuyé à Gangstarr, les moments de bravoure n’ont pas cessé. Point culminant ? “Ante Up”, véritable séisme dans le public présent et hymne international des rappeurs de Brownsville. Et si les rappeurs du pays de l'Oncle Sam ont mauvaise réputation quand il s'agit d'assurer le live, ici que nenni.

Les poids lourds ont mouillé le maillot et fait sauter les fans les dans tous les sens.

> Psy est un oldtimer comme on n'en fait plus. Bombes et marqueurs en poche, il fait partie des graffiti-artists les plus célèbres de Paris. Son enchevêtrement de ses trois lettres fétiches est devenu un modèle du genre. Un semi “wild-style” reconnaissable entre mille, aussi efficace que tape-à-l'œil. Lors de son passage à dans l'île pour une expo à la Galerie Australe, à Sainte-Clotilde, il a laissé son empreinte bleutée sur un mur tout proche. Rangé certes, mais toujours en contact direct avec la rue…

La complémentarité entre les deux MC's est exemplaire. Quand Lil fame crache le feu, Billy Danze glace les mesures. Pas avares en blagues, ni en verres de whisky distribués au premier rang d'ailleurs, les rappeurs sont restés natures sur scène. Ils étaient heureux d'être à La Réunion, et cela se voyait. Au final, un souvenir impérissable pour les amateurs réunionnais de rap. Et, une véritable leçon de 'Real HipHop'…

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“il faut évoluer avec les méthodes de son temps”

Jeux vidéos

Rhythm thief & les mystèRes de PaRis

jeu d'aventure et de rythme sur Nintendo 3DS. Vous y incarnez un jeune voleur parisien, Raphaël, qui va devoir retrouver le bracelet de Tiamat tout en résolvant le mystère de la disparition de son père. Pour cela, vous devrez venir à bout de plusieurs épreuves musicales en gardant le rythme, mais aussi explorer les rues de Paris pour trouver le fin mot de cette affaire.

L’avis de Laetitia

Belle surprise, côté graphisme et côté gameplay. C'est l'un des rares jeux à exploiter toutes les fonctions de la 3DS, tactile, boutons ET gyroscope! Si le scénario n'a rien d'extraordinaire, il a le mérite de nous tenir en haleine pendant un peu plus d'une dizaine d'heures. La rejouabilité est excellente. Seuls bémols: des énigmes un peu simples et la partie exploration ressemblant un peu trop à Layton. En conclusion, pour les fans de rythme ou de jeux originaux, ce qui est mon cas, ce jeux est parfait pour vous!

À POSSÉDER D'URGENCE !

leS 3 ScénArio BonuS

Débloquez les dans la section Histoire du mode Galerie. 1 : Fabriquer l'instrument légendaire en trouvant les 20 sons requis. 2 : Trouver toutes les notes fantomatiques pour reconstituer les 18 morceaux de la partition, puis parler à Charles, devant l'appartement de Raphaël. 3 : Obtenir un rang A sur tous les rythmes du jeu.

Sortie France : 5/04/2012

classification : déconseillé aux - de 12 ans

Multijoueurs : batailles 2 joueurs en local version : textes et voix en français

PandoRa's toweR Resident evil : oPéRation Raccoon city

La belle Elena est marquée par une terrible malédiction qui la transforme peu à peu en monstre difforme. Aeron tente de la sauver en parcourant Treize Tours pour lui rapporter de la chair de bête. Le jeu mélange énigmes, phases de plates-formes, action et éléments de jeu de rôle comme le crafting.

L’avis de Laetitia

Techniquement très très correct et cohérent, gameplay sans défaut et permettant combos, craft, gestion d'inventaire, combats variés et prenant, phase de plateforme/énigme impec, un bestiaire complet bien que peu fournis. Mais cette ambiance, ce scénario, ces personnages et cette mise en scène, RPG sur Wii !!!

Type : AcTion / AvenTure / Jeu de rôle

SorTie FrAnce : 13 Avril 2012

cl ASSiFicATion : déconSeillé Aux - de 12 AnS

MulTiJoueurS : non

&VOTEZGAGNEZ

Dans cet opus résolument tourné vers le multijoueur, vous incarnez l'un des quatre membres de l'équipe de sé curité d'Umbrella et devez à tout prix éliminer toute preuve mettant en cause votre employeur ainsi que tous les survi vants croisant votre route.

L’avis de david

Ce resident evil ne m'a pas déçu, contrairement à d'autres... J’ai adoré le fait qu'il change un peu le concept du gameplay, que lorsque tu vises, tu peux bouger en même temps. Campagne et mode coop online sympas . Je le conseille à ceux qui aiment abattre des zombies !

Type : Action

SorTie FrAnce : 23 mars 2012

cl ASSiFicATion : déconseillé aux - de 18 ans exiSTe AuSSi Sur : xBox 360 et pc

Votez pour votre jeu préféré sur notre page Facebook. Chaque mois, retrouvez votre classement dans notre magazine et gagnez une demi-journée de découverte de jeux animée par Vgas. Rubrique réalisée par VGAS, association de gamers. www.vgas974.com

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Wii PS3

À la découverte du sentier littoral nord

L'île de la Réunion regorge de surprises, que vous ne pourrez découvrir qu'au prix de quelques efforts. Nous vous emmenons cette semaine sur le sentier littoral nord entre Sainte-Marie et Sainte Suzanne.

pied ou à vélo, (ici le VTT s'impose), le sentier littoral nord est un véritable havre de paix, et pour cause, sur cette portion vous ne croiserez aucune voiture. Pour le découvrir pleinement, le mieux est de vous garer au port de Sainte-Marie et de monter les quelques marches qui vous mèneront à l'ancienne départementale. Route aujourd'hui totalement fermée à la circulation pour le plus grand bonheur des cyclistes, piétons ou autres adeptes du roller. Si vous êtes à pied, n'oubliez pas votre casquette ! Prenez la direction de Sainte-Marie, en longeant le parc de BoisMadame, où, si vous avez oublié de prendre de l'eau, vous pourrez remplir une bouteille.

Longez ensuite toute la baie de Sainte-Marie : baleines visibles de juillet à septembre. Dépassez la ville et continuez votre montée jusqu'à atteindre une petite entrée à votre gauche avec un panneau “ Sentier littoral nord ”. Après avoir emprunté un sentier rocailleux entre un champ de canne et une “ chapelle malbar ”, vous entrez dans le territoire des baies roses, champ de cannes et autres caramboles. Là, comme dans un monde enchanteur, vous marcherez sous une voute végétale pendant prês de deux kilomètres. Ce qui équivaut à environ 20 mn à pied et 5, si vous êtes en vélo. Prenez le

temps de vous arrêter aux petits points de vues, le spectacle en vaut la peine, car au bas de la falaise, viennent s'écraser les vagues. Ceux qui font ce parcours en VTT apprécieront le sol rocailleux. Petit conseil, pour éviter les chutes, moulinez sans arrêt ! Sur cette portion du parcours vous trouverez sur votre droite un point d'eau et des toilettes publiques. Le ciel s'éclaire tout à coup, et le soleil redevient brûlant.

Vous arrivez à la Ravine des Chèvres, à mi parcours de votre périple. Un passage sécurisé longe la départementale avant de s’engouffrer de nouveau sous les arbres. Cette portion de sentier vous mènera vers Sainte Suzanne. Vous pourrez y découvrir les vestiges de l'ancienne voie ferrée. Sur cette partie de la balade, plus de cannes et un peu moins de végétation.

Des surprises à chaque détour de sentier

BALADES SainteMarie >Sainte-Suzanne a

Caillouteux au départ, le sentier se transforme en une piste beaucoup plus praticable juste après un petit pont en bois.

À partir de là, plus d'arbre, seulement des cannes. Au bout de cette piste, vous commencerez à voir les premières maisons de Sainte-Suzanne. Vous arrivez au terme du parcours, mais avant d'arriver au phare de Bel Air...une dernière surprise : vous découvrirez de part et d'autre du sentier des parois tapissées de lianes, de mousses et de plantes...le tout agrémenté par des chant d'oiseaux. .

Après être passé sous le tunnel, c'est une vue magnifique sur le littoral de Sainte-Suzanne qui s'offre à vos yeux. Retournez-vous : Le phare de Bel Air, majestueux, se dresse au sommet de la falaise. Si vous n'avez pas envie de faire le même parcours en sens inverse, vous pouvez, avant de commencer la randonnée, partir à deux voiture. En garer une à Sainte-Marie et l'autre à Sainte-Suzanne.

infos d istance d urée

parcours sécurisé pour marcheur moyen et cycListe en vtt 16 km aLLer/ retour 1h30 à véLo

3h00 à pied

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Gare routière banians La convenance médiathèque cimetière de L'est bois madame Grand hazier viLLaGe desprez parkinG pêcheurs La jamaïque ravine des chèvres phare de beL air parc des tamarins duparc La mare Le Barachois Bocage Le parcours
sonia delecourt
Par

Yolande

Jardin

Yolande ou la passion des orchidées

Cette semaine, nous sommes allés à St-Paul, à la rencontre de Yolande, passionnée d'orchidées depuis plus de trente ans. Elle a eu la gentillesse de partager avec nous quelques petites astuces pour réussir au mieux ces magnifiques fleurs.

CC'est parmi plus de 250 orchidées différentes que nous retrouvons Yolande afin de partager avec elle sa passion. Les espèces ne manquent pas : les Dendrobiums, Epidendrums, Phalaenopsis et autres se côtoient harmonieusement.

Au début des années 80, elle rencontre Marcel Lecoufle, célèbre spécialiste des orchidées et achète ses premières plantes. Le choix de cette fleur a été comme une évidence pour cette jeune retraitée. Outre la beauté de sa fleur, cette plante, contrairement aux idées reçues, demande peu de soins.

Aujourd'hui elle trouve son bonheur aux marchés aux fleurs, aux manifestations, mais aussi directement chez les professionnels.

Comme toute néophyte, elle commet dans un premier temps les erreurs les plus fréquentes : trop ou pas assez d'arrosage, des brulures par le soleil,...Mais petit à petit elle acquiert technique et expérience. Aujourd'hui, elle insiste sur le fait que l'orchidée se développe très bien dans des graviers, elle n'a donc pas besoin de passer son temps à désherber son petit jardin. Selon elle, il n'est pas nécessaire d'investir dans un substrat onéreux (compost, billes d'argiles,...), de simples petits cailloux suffisent.

Soleil, ombre et Serre

Actuellement son jardin est divisé en trois parties : une zone de plein soleil où les Dendrobiums sont rois, une zone de miombre avec des Vandas, des Cattleyas,… et une petite serre qui offre le milieu le plus adapté aux Phalaenopsis. Yolande ne laisse aucun espace se perdre, les orchidées se retrouvent aussi bien sur les murs, sur les arbres qu'en pleine terre. Chez elle la réussite des orchidées s'obtient grâce à l'entretien d'un microclimat par l'intermédiaire d'autres plantes. En effet, les plantes vertes et les arbres apportent un milieu humide aux orchidées de zones d'ombre.

Vous aussi Vous êtes passionné de jardin et que vous voulez partager avec nous vos astuces, contactez nous au 0262 90 20 60.
Gaëlle TISS era ND

comment démultiplier une orchidée

L'orchidée, fleur somptueuse et raffinée

Astuces

, se démocratise et devient à la portée de tous. Il est désormais possible de trouver à l'arrachée des plants à partir de 2 euros. Nous sommes tous tentés d'avoir une magnifique orchidée à la maison pour si peu. Mais que faire de cette plante aux racines nues ? Yolande a donc choisi de nous détailler comment démultiplier une orchidée et comment la rempoter, point clé pour la réussite de la culture. Le principe du rempotage sera le même pour une plante achetée à l'arrachée. 1

Une orchidée ne doit jamais être rempotée en cours de floraison, il faut attendre que sa fleur ait fané. 2

Pour les débutants, préférez un pot ajouré en plastique, au début l’arrosage a tendance à être excessif. Les trous permettront d’évacuer le surplus d’eau. 3

Pour les Phalas le principe de rempotage est le même, mise à part qu’il faut laisser le plus de racines possibles à l’air libre et ne pas les mettre en plein soleil. Elles préfèrent l’ombre d’une serre.

Étape 1

Enlever le pot.

Une orchidée du type Dendrobium qui a besoin d’être démultipliée se reconnaît par le nombre important de racines qui débordent du pot. Vérifiez que la plante est prête à être rempotée : la plante doit sortir très facilement de son pot initial, s’il y a de la résistance c’est que ce n’est pas encore le bon moment.

Étape 2

Démultiplier.

Coupez les racines sèches au sécateur, elles sont mortes et ne sont donc plus utiles à la plante. Puis procédez à la démultiplication : il faut diviser le plant mère en plants filles, un plant fille possède 3 ou 4 belles tiges environ. Ne pas hésiter à forcer un peu à cette étape, les racines étant bien entrelacées. Vous pouvez utiliser un couteau bien aiguisé pour tailler dans la motte mais n’oubliez pas de bien désinfecter vos outils avant et après.

Étape 3

Le rempotage.

Mettez dans le pot une poignée de graviers (de quoi recouvrir tout le fond). Puis placez la plante dans le pot et recouvrez ses racines de graviers jusqu’au haut du pot. N’oubliez pas d’arroser votre plante après le rempotage et placez la en plein soleil. Les plants filles peuvent être aussi replantés directement dans le sol, mais toujours entourés de graviers.

simple mais elle est pourtant primordiale à la réussite de ses orchidées. En effet, les graviers vont permettre une bonne irrigation de la plante et éviter le trop plein d’eau qui entrainera la pourriture des racines. Il est important de bien comprendre que le système racinaire des orchidées est différent des autres plantes, souvent aériennes, les racines captent les éléments nutritifs dans l’eau de ruissellement. Ce peu d’éléments suffit à la plante pour se développer.

Cette méthode peut paraître très

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Le Faham peut être consommé en infusion de 2 manières

Décoction D e Faham

l Vert : contre l’infection urinaire.

l Mûre (quand les feuilles virent au marron) : élimine le rhume en 3 jours et dégage les voies respiratoires. Une petite tasse de tisane peut également être consommée à titre préventif contre les coups de froid. Cette infusion facilite aussi la digestion.

Si vous achetez des feuilles de Faham vertes, vous pouvez les conserver plus d’un an en les faisant sécher à l’abri du soleil pendant à peu prés 1 mois.

le faham

TISANES

Les Réunionnais sont de plus en plus nombreux à se soigner par des méthodes traditionnelles. Mais il est crucial de se faire conseiller par un professionnel, en effet l’abus ou la mauvaise utilisation de plantes peut entraîner des effets non désirables. A titre d’exemple, le Benjoin est souvent utilisé pour ses écorces alors que celles-ci auraient tendance à bloquer l’appareil digestif. Les principes actifs du Benjoin se trouvent en réalité sur les jeunes pousses.

Mr Kakouk, tisaneur reconnu sur l’Entre-deux a bien voulu partager avec nous son savoir. Ce tradi-praticien travaille aujourd’hui en collaboration avec des pharmaciens pour améliorer les connaissances sur notre pharmacopée. Il fait partie de l’Association pour les PLantes Aromatiques et Médicinales de la Réunion (APLAMEDOM) qui œuvre depuis 1999 à la reconnaissance et à la valorisation des plantes médicinales de La Réunion et à l’accompagnement de la création d’une filière organisée.

Le Faham est une orchidée épiphyte des forêts de la Réunion. Il s’agit d’une espèce endémique des Mascareignes. Il semblerait que cette plante est utilisée en infusion depuis le XIXe siècle en Angleterre. En effet, l’île Maurice, ancienne colonie anglaise, fournissait à la reine cette orchidée qu’elle utilisait à l’occasion à l’heure du thé. Sur notre île, elle est principalement utilisée contre les rhumes ou en rhum arrangé. Mais attention à la provenance de cette plante, elle ne doit pas être récoltée dans les milieux naturels.

Mr Kakouk prélève ses plantes sur des parcelles familiales où une replantation de 3 ha est prévue cette année. Il est important pour un tisaneur d’exercer son activité sans altérer le milieu naturel. Il doit en être de même pour le consommateur.

Mr KaKouK

Pour en savoir Plus

Vous pouvez contactez : Mr Kakouk, tisaneur sur l’Entredeux au 0692 83 81 87

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Les feuilles du haut sont vertes, celles du bas sont mûres (coloration marron).

la cuisine de... Edvin Grondin

Dans les hauts du Tampon Edvin Grondin propose de découvrir son cari coq façon grand-mère. Le maçon a toujours aimé la cuisine et partage avec plaisir une recette qui lui rappelle son enfance. Rencontre autour du feu de bois.

J“'ai déjà cuisiné pour 150 personnes ”. Notre cuisinier de la semaine est bien entraîné. Edvin Grondin, 47 ans, a l'habitude de jouer le traiteur pour la famille et les amis. Mariage, baptême, et fêtes en tout genre, le nombre d'invités ne lui fait pas peur.

L'important : faire une mise en place dans la cuisine avec tous les éléments de la cuisson, “ Sinon ou lé perdu ”, précise Edvin. Dans les hauts du Tampon, mijote sur le feu de bois un coq de la cour.

“ C'est une recette qui me rappelle les anciens. Quand nous étions petits, avec mes 12 frères et sœurs, on se bagarrait pour manger un morceau de corde (d'intestins) comme on disait ”, raconte le tamponnais pour présenter sa recette du cari coq façon grand-mère. Le coq, il l'achète à son beau-frère qui habite tout près.

Une histoire de famille

Lui aussi élevait autrefois des animaux : volailles, cochons et autre. Dans la famille “ on préfère les ingrédients de la cour ”. Le primeur, où il se fournit en légumes, est d'ailleurs tenu par la famille de l'un de ses beaux-frères. A 25 ans, Edvin commence à travailler comme plongeur au restaurant

Le Géranium au Tampon. Il prépare ensuite une qualification pour apprendre la cuisine. C'est là qu'il saisi vraiment les bases, mais “ ça a toujours été une passion, je teste des plats chez moi pour la famille ”, raconte le père de trois enfants. Et c'est aussi en regardant les autres membres de la famille que lui sont venues ses connaissances en cuisine.

Des projets sur le feu

Entre 1994 et 1997, il ouvre son propre restaurant : Le restaurant des Trois Mares, où il proposera de la cuisine créole et chinoise.

Il s'essaie aussi à la cuisine métropolitaine. Edvin adore cuisiner le canard et le coq sous toute ses formes : civet, coq au vin... etc. A qui voudra bien, il propose ses services de traiteur.

Mais le tamponnais ne fait pas que cuisiner, il travaille comme maçon de façon ponctuelle, faute d'un contrat plus stable, et avait également lancé une entreprise spécialisée dans le moellon : des murs en pierre.

Sa maison, il l'a construite de ses mains... encore en travaux, les projets d'améliorations sont nombreux.

Pour résumer le monsieur : de gros bras et une sensibilité culinaire.

Les trucs du chef LE ROUGAIL

Je préfère couper le chou à la main, la coupe est plus fine, ça change tout. Dans une salade, on ôte les grains des tomates pour éviter de détremper les autres ingrédients. Pour le rougail, je prévois toujours deux versions: l'une pimentée, l'autre non. Les enfants aiment bien faire comme les adultes, ça leur permet de pouvoir gouter à tout sans risque. Le coq, je l'ai acheté à mon beau-frère, c'est un coq de la cour. Il faut toujours préparer tous les ingrédients et tout mettre en place pour ne pas être perdu pendant la préparation.

- Peler et couper le concombre en fines lamelles.

- Mélanger 2 cuillères à soupe de vinaigre avec 1 cuillère à soupe d'huile.

- Couper l'oignon et mélanger.

- Écraser l'ail au pilon, et ajouter à la préparation.

- Diviser la préparation ainsi obtenue en deux. L'une sera servie aux enfants et aux gens peu amateurs de piment.

- Équeuter les petits piments et les écraser dans un pilon.

- Ajouter à la deuxième moitié de la préparation.

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Par Linda S a C i
C
Photos Jeann oël en lo
R a
Au 17e kilomètre au Tampon, le dimanche de bon matin, Edvin se fournit toujours au même endroit pour les légumes. Il connait les propriétaires, ils font en quelque sorte “ partie de la famille ”.

PoUr 4 PerSonneS

1 ou 2 carottes

2 chouchous (ou un kilo)

1/4 de chou

2 tomates

100 grammes de haricots verts

3 oeufs

Pour la vinaigrette : Vinaigre blanc

Huile

Oignons Sel poivre

Salade Créole Cari Coq

> Faire cuire les oeufs, 15 minutes dans l'eau bouillante. Retirer ensuite la coquille et couper en deux.

> Mettre à cuire les haricots verts dans de l'eau salée bouillante 3 minutes, à découvert pour qu'ils gardent leurs couleurs. Puis les égoutter.

> Couper les tomates en dés, en ne conservant que la peau et la chair.

> Hacher le chou finement.

> Peler et râper les chouchous et les carottes.

> Laver la salade et disposer le tout dans un grand plat.

> Préparer ensuite la vinaigrette. Deux cuillères à soupe de vinaigre pour 4 cuillères à soupe d'huile, un oignon émincé, du sel et du poivre. poiv. On remue, c'est prêt.

Façon grand-Mère

PoUr 10 PerSonneS

Un coq entier, vivant.

3 tomates

3 oignons rouges

10 branches de thym en bouquet

10 branches de persil

10 branches d'oignons verts

20 grammes de riz

Sel, poivre, safran

Pour le piment : 1 concombre

20 petits piments verts

Vinaigre blanc, huile

sel, poivre

1 oignon

2 gousses d'ail

> La préparation du coq se fait la veille du repas. Hacher les oignons verts, le persil et ajouter 20 grammes de riz cru dans une coupelle.

> Récupérer le sang du coq dans la coupelle et réserver pour le lendemain lors de la cuisson de la volaille.

> Plumer le coq dans l'eau chaude. Couper le coq dans les jointures pour avoir de jolis morceaux (avec les pattes). en les vidant. Ouvrir le gésier et les tripes sur la longueur à l'aide d'un couteau fin pour les nettoyer de leur contenu . Laver avec de l'eau puis tremper et frotter dans du vinaigre et du sel, gésier et tripes à part.

> Le jour du repas, couper les tomates en dés, sans retirer les grains, réserver.

Faire roussir, à feu vif, dans une grande marmite l'ensemble des morceaux, exceptés le foie, le sang et les intestins, dans de l'huile jusqu'à ce que les morceaux prennent une jolie couleur dorée. Faire dorer les intestins, juste une ou deux minutes et retirer. Retirer le surplus d'huile.

> Ajouter le bouquet de thym, les oignons émincés, le sel, le poivre, et deux petites cuillères de safran.

> Ajouter les tomates, remuer quelques secondes sur feu vif, puis ajouter de l'eau à hauteur. Ajouter le foie, les intestins, et le sang. Couvrir. Laisser cuire une heure à feu vif, puis encore deux heures sur feu moyen.

COÛT
COÛT 5€
46
10€
Recettes

notre note :

> Bon élève, appliqué et créatif.

L ’Art i Show à SAint-pierre la Carte

GLOBE COOKER

L’Art i Show, c’est d’abord une philosophie. Stéfan et Céline, les propriétaires, ont décidé de voyager à travers leur métier. Tous les cinq ans, ils mettent les voiles vers une nouvelle destination culinaire, s’installent et ouvrent un restaurant. Après avoir succombé aux charmes du pays des Miss Univers, pris un bon coup de froid du côté de chez Eva Joly, les deux globecooker ont établi leur QG dans le centre-ville de Saint-Pierre, rue Suffren. L’Art i Show c’est également un concept : un resto galerie.

Graines de sésame et quinoa

Rien de guindé, un accrochage à la roots, un éclairage pas très flatteur mais un choix d’artiste plus street que croûtes. Très vite, on se laisse porter. Olivier, le serveur vous accueille avec une gentillesse naturelle, qui sans vouloir jouer les rabats- joies, se perd un peu.

La déco est simple et presque ethnique. Les tables sont judicieusement espacées pour des conversations en toute intimité avec ce qu’il faut de distance pour capter la chaleur humai-

ne de ses voisins.

Tous les plats fleurent bon la destination exotique. Les noms mélangent les sonorités d’ici et d’ailleurs, comme l’ambiance musicale qui voyage entre funk et rumba congolaise. A l’Art i Show, pas de magret sauce au poivre vert ou de pavé de rumsteack. La base des plats reste classique mais réinterprétée comme autant de cartes postales.

Des épices, des graines de sésame et de Quinoa, de la menthe, du coriandre, un tour de main asiatique, des réminiscences du sud ouest et des embruns de churascaia brésilienne. Et cela donne des camarons au gingembre, du filet mignon au colombo, du kangourou aux cèpes et aux girolles, du filet de bœuf au Porto ou de perroquet aux agrumes. Réputé pour ses poissons, option prise finalement pour le mi- cuit de thon, qui bien que n’étant pas un choix kamikaze, a le mérite d’être un test imparable. Le jus de fruit siroté, le plat arrive sans trop attendre. La présentation est claire, l’assiette généreuse, le service est irréprochable.

Le thon est délicieux, moelleux, et réellement mi- cuit, subtilement relevé par un pesto de coriandre. Les frites ne baignent pas dans l’huile, en revanche, dommage, la salade verte un peu. A cette exception près, c’est bon, simple et bien fait.

4 SENSATIONS DE FRAICHEURS

> Entrées entre 8 et 10€

> Plats entre 19 et 25€

> Dessert entre 8 et 10€

l’ a D re SS e

> L’Art i Show 107 rue de Suffren, 97410, St Pierre.

02 62 328 602

02 62 606 376

Du mardi au vendredi midi et soir, samedi soir uniquement.

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DANS UN SEUL TUBE !
En vEntE sur toutE l’îlE
INTENSES
Mia M test 14 20
Par C.M

Port du bleu obligatoire style

Le Port. A priori, ce n’est pas la ville où l’on va spontanément faire son shopping. Pourtant, quand on prend la peine de se balader dans le centre de la petite cité portuaire, on se surprend à dénicher quelques pièces so trendy…bleu de préférence. Ben oui ! La ville, qui se tourne de plus en plus vers la mer, ne pouvait passer à côté de la tendance électrique du moment. Embarquement pour un diabluerama.

> En deux mots. C’est le top qui tue. Bleu profond presque Klein. Fluide et léger. Une coupe simple et super stylée avec son col écolière de pensionnat, encanaillé de strass dorés. Il se suffit à lui même. Un jean slim brut ou noir, de jolis escarpins et le tour est joué. A mettre au boulot, comme au resto.

25€. ita ita, 39 rue du général de gaulle. Je parie que ce n’est pas la seule chose que vous achèterez là-bas.

> Pour celles qui ne sont pas prêtes à assumer le color-block, l’accessoire reste une option. Voici un bracelet arty, repéré chez Capri, une institution de la bijouterie fantaisie au Port. Certes, il faut s’armer de courage pour repérer la bonne pièce entre les millions d‘articles qui se chevauchent mais les plus persévérantes repartiront ravies. Il y a de vrais trésors à condition d’oser. Fans des années 80, c’est votre nouvelle adresse.

4,27€. Capri, 32 rue François de Mahy.

> Ce n’est pas parce qu’on habite sous les tropiques, qu’on n’a pas le droit, nous aussi, à notre veste uniforme: savant mélange entre un spencer pour la coupe courte, un sweat pour le coté coton et confortable, et une veste d’apparat pour ses boutons dorés et ses brandebourgs. On évite de l’associer à une chemise à jabots façon Prince, le chanteur à talonnettes, mais avec un petit tee-shirt gris, là par contre on gère.

30€. ita, ita retrouvez la collection sur leur facebook.

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> Il n’y a pas que les rires qu’on peut acheter à la « boutik » Ah-Tiock. A la quincaillerie du centre-ville, entre les clous et les vis, on flashe sur le traditionnel thermos chinois en aluminium. Vintage et utile, à la fois. Astuce du commerçant : pour savoir si il est authentique, collez votre oreille sur le goulot, si vous entendez un bruit de ventouse, achetez-le les yeux fermés et l’oreille rouge.

26€ le thermos. chez Ah-Tiock quincaillerie, 9 rue du général de Gaulle.

> Le Headband-bijou de tête- c’est la tendance lourde. Les « cercles » ne sont plus réservés aux petites-filles. Aujourd’hui, on habille sa coiffure. Si on choisit le gros nœud-nœud à pois-pois, c’est rigolo, à condition de le marier avec une tenue sobre et cool, sinon vous risquez l’interpellation par la police du goût.

18,50€, un peu cher mais fait main. Lila boutik, 31 rue de Général de Gaulle.

> Adoptez la tendance imprimé avec cette mini robe à motif tropical, qui au passage peut aussi se porter en top. Les couturiers en ont fait un must-have des collections. Osez donc fleurs et palmiers flashy. Pour éviter le fashion faux-pas, on l’associe avec une veste militaire en soirée, et tiens des « savat’ pizon blé pou bat’karé la plaz ».

> C’est l’encens le plus vendu au monde. Le Nag Champa, qui parait-il procure calme et harmonie intérieure, sent surtout très bon. Pratique, il absorbe aussi l’humidité. Pour les plus accros à ce bâtonnet fort en bois de santal, conservez la boîte dans votre penderie pour parfumer délicatement vos vêtements.

2,50€ chez Fatex

13 rue du cardinal de la viergerie.

107
x€ Super Polygone- 45 rue François de Mahy.
n oël en lo R a C
Photo Jean-

Maladie due à un excès de sucre dans le sang, le diabète de type 2 entraîne des complications chroniques ou aigues. Il est donc souhaitable de se faire dépister.

Qu’est-ce Que le diabète de type 2 ?

> “C’est une maladie due à un excès de sucre dans le sang (hyperglycémie). Le pancréas ne produit plus assez d’insuline et l’organisme ne parvient plus à l’utiliser efficacement, provoquant une augmentation de sucre dans le sang. Ce type de diabète (touchant 80% des diabétiques) apparaît en général chez les adultes. Il peut évoluer pendant des années sans aucun signe, mais l’excès de sucre va provoquer progressivement des complications.

Quels sont les facteurs de risQue ?

> L’hérédité et la génétiques : les antécédents familiaux d’un des parents, d’un frère ou d’une sœur.

> L'âge : le risque augmente à partir de 40 ans.

> Le surpois : l’action de l’insuline est gênée par l’excès de graisses dans le corps.

> La sedentarité : elle favorise la prise de poids.

Que peut-on faire ?

> Se faire dépister régulièrement

> Avoir une bonne hygiène de vie : manger équilibré, lutter contre le surpoids, avoir une activité physique régulière, réduire sa consommation d’alcool si elle dépasse 2 verres par jour.

Diabète mieux vaut prévenir

comment savoir si on est diabétiQue ?

> A partir d’une simple goutte de sang et à l’aide d’un lecteur de glycémie, il est possible de connaître son taux de sucre dans le sang.

> A jeun, la glycémie ne doit pas dépasser 1,26g/l (taux normal : de 0,8 à 1,26g/l)

> Après un repas, cette glycémie ne doit pas dépasser 1,4g/l > on est considéré comme diabétique à partir de 2g/l > un contrôle est recommandé tous les ans, surtout chez les personnes présentant des facteurs de risque.

Que faire Quand on est diabétiQue ?

> Il faut équilibrer le diabète en modifiant ses habitudes de vie : manger équilibrer, réduire sa consommation de sucre, de graisse et d’alcool, pratiquer une activité physique régulière adaptée à son âge, arrêter de fumer.

> Il faut prendre son traitement tous les jours (insuline et médicaments) et effectuer une surveillance médicale (tous les trois mois chez le médecin, tous les ans, ophtalmo, cardiologue, podologue et contrôle des reins).

Quelles sont les complications ?

> LeS CompLICAtIonS AIgueS : les modifications trop importantes de la glycémie (trop basse ou trop élevée) peuvent entrainer des malaises allant jusqu’au coma.

> LeS CompLICAtIonS ChronIqueS Ces atteintes s’installent silencieusement et progressivement sur plusieurs années. Elles apparaissent d’autant plus souvent et d’autant plus vite si le diabète est mal équilibré : accident vasculaire cérébral, maladie de la rétine, infarctus du myocarde, insuffisance rénale, impuissance, artérite, neuropathies (douleur et perte de sensibilité des pieds), ulcérations, nécroses, maux perforant plantaires.

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à
APRÈS
Rubrique réalisée par l’Aurar, Saint-Paul.
jeun
un RePAS
santé
On est cOnsidéré cOmme diabétique à partir de 2 grammes de sucre par litre de sang

Tu m'as vu sur FaCebook?

Groupes, tests, actualisation du statut, commentaires... Facebook est une nouvelle drogue qui a envahi le quotidien. Premiers adeptes, les ados. Quelques pistes pour savoir ce qu'ils trafiquent, derrière leur écran.

Ils actualIsent leurs statuts

C'estgrave?

> “ Marre de bosser ” ou “ top la robe rouge de X ”.... La mise à jour de son statut est un témoignage de sa vie, bien sûr trépidante : il s'y passe toujours quelques chose qui vaille la peine d'être raconté. Et même s'il ne se passe rien, on le dit. On s'y montre plein d'énergie et d'esprit, si possible drôle. Ca change tout le temps, ça va vite. Plus vite que la vie elle-même?

Ils font des tests

> “ Quelle est ton équipe de foot préférée ”, “ Quel mot tu dis le plus à ta mère? ”, “ A quelle star de Twilight ressembles-tu? ”.... Les ados adorent les tests et s'y adonnent sans retenue. On y apprend qu'une jeune fille estime que Nicolas Sarkozy a dominé le débat de la présidentielle et qu'une autre a désigné la Réunion comme meilleur endroit du monde pour habiter. C'est intéressant....

Ils commentent les statuts

> Plus on me commente, plus je suis populaire, plus j'ai de “ j'aime ” sur mon statut, plus ce que je raconte est intéressant aux yeux des autres, plus je regarde, plus je sais ce que font les autres et où ils sont. Je “ facebooke ” donc je suis.

Ils se prennent en photo

> Des floues, des coupées, des sans intérêt.... Les ados adorent poster des photos. Mais quand il s'agit de se mettre en scène, certaines jeunes filles n'hésitent pas à se retoucher abusivement ou à se présenter dans des poses lascives, dont on imagine qu'elles ne mesurent pas toujours la portée. Mais attention, le monde de l'internet est impitoyable et jaloux.

Ils phIlosophent

> “ La séduction a toujours été une histoire de manipulation ” ou “ A quoi ça sert des émotions pour toi tout seul?”... Les ados, surtout les jeunes filles, adorent les phrases définitives, glanées par-ci par -là et souvent pleines d'allusions. Certains y déversent leur mauvaise humeur et d'autres règlent leurs comptes en disant que “ les concernés se reconnaitront ”. Bref, ils s'expriment.

Ils abusent des voyelles

> “ Je t'aaaaaaaaaaaaaaaime ” ou “ je surkiiiiiiiiiiiiiiife ”. Sorte d'hystérie littéraire, l'accumulation de voyelles est une forme d'accentuation de son état qui, à haute voix, pourrait ressembler à un hurlement. Un cri strident ou rauque, à la limite du désagréable

Les parents des ados d'aujourd'hui sont nés avant internet et bien avant le web 2.0, dit participatif. Beaucoup s'interrogent donc légitimement sur les conséquences de cette pratique qui pique plus de 200 000 Réunionnais. Des études américaines ont des résultats contradictoires. Selon une note de l'American Academy of Pediatrics, les adolescents qui consultent intensivement les médias sociaux seraient sujets, plus que les autres, à la dépression. Voir le profil éclatant de ses “ amis ” pourrait susciter des jalousies entrainant un repli dans la vie virtuelle au détriment de la vie réelle. A l'inverse, montrer une image de soi constamment positive est épuisant.

Cependant, cette mise en scène permanente aurait aussi des vertus : elle stimulerait l'imagination et, dans certains cas, diminuerait le sentiment d'isolement. Aujourd'hui, la crise d'adolescence se vit toujours porte fermée dans sa chambre, mais avec des centaines d' “ amis ”. Car cette addiction révèle un incroyable besoin de communiquer. Donc d'exister.

109 ados
Par Marine V ei TH
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