Supplément Spécial BiO au Quotidien du 25/06/2019

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Supplément gratuit au Quotidien n°14084 du mardi 25 juin 2019

Comprendre le bio

es produits AB s’installent peu à peu dans nos habitudes. Leur place ne cesse de grandir dans les achats alimentaires, alors qu’ils suscitent les premières critiques, les premières déceptions. Sans doute parce qu’on a oublié un peu vite que la certification AB imposait une obligation de moyens, pas de résultats. Ce supplément du Quotidien fait le point sur le développement du bio et sa spectaculaire percée dans les rayons de la grande distribution, alors que la production locale peine à suivre la demande.

édito
Ce dossier “ Spécial BiO ” a été réalisé par le service Publicité du Quotidien. • Directrice de la publication : Carole Chane-Ki-Chune • Supervision : Roland Hébrard • Rédaction : Bernard Grollier • Maquette : Hervé Baum (DA), Macaire Dormeuil, Olivier Banor, Pierre Racine. • Régie publicitaire : 0262 92 15 12 email : resa.regiepub@lequotidien.re • Prépresse et impression : Imprimerie SAFI ZI du chaudron 97490 Sainte-Clotilde
Spécial bio 25
le Converti de la ligne
400 vindémia
shopping
Consomma-
l’agriCulture bio gagne du terrain, mais…
25
des
joue la Carte bio loCale
: des produits bio de qualité 26 32 33 les
teurs de bio en veulent plus 28
29

le converti de la ligne des 400

GeorGes sauveur, ancien planteur de cannes, a converti son exploitation de 12 hectares à l’aGriculture bioloGique, “ par conviction ”. il s’oriente aujourd’hui vers l’aGroforesterie. D.R

il y a quatre ans, Georges s auveur obtenait la certification ab pour la quasi-totalité de son exploitation de 12 hectares, sur la l igne des 400 au tampon. “ Mais j’étais bio bien avant, dit-il. j ’ai arrêté la canne d’un coup, il y a quinze ans, par conviction, ayant pris conscience du danger des produits phytosanitaires pour ma santé, celles des autres et leur impact sur l’environnement. j ’ai commencé par les pitahayas, les fruits de la passion, puis mes premiers arbres fruitiers ont commencé à donner : avocats, mangues, letchis, longanis… Grâce à cette diversité, j’ai vu revenir les oiseaux, les cailles, les papillons, les abeilles pour qui j’ai planté des espèces mellifères ”. Georges vend l’essentiel de sa production en direct, sur son exploitation. i l travaille seul mais accueille souvent des stagiaires des lycées agricoles, de la Maison familiale et r urale. l a porte de son exploitation est toujours ouverte, également, à ses clients qui veulent en savoir plus sur ses pratiques de production.

la noix D e maca D amia bio, une D es spécialités D e l’exploitation

“au déBut, j’étais un peu isolé, poursuit-il. puis l’agriculture Bio a commencé à s’organiser, j’ai rencontré des gens qui pensaient comme moi. je me suis mis en relation avec le cirad, l’armeflhor, la chamBre d’agriculture, pour m’informer des nouveautés, vérifier que j’étais sur la Bonne voie ”.

le converti de la l igne des 400 utilise très peu des produits de traitements autorisés en ab j uste un peu de soufre, pour contrer les tarsonèmes qui attaquent ses lianes de fruits de la passion. i l base sa stratégie sur le respect du sol : fini le rotavator et la charrue à soc, juste un peu de décompactage sur 10 à 20 centimètres de profondeur et du billonnage, pour offrir un substrat drainant aux racines de ses plants de manioc. Georges s auveur pratique la rotation des cultures : pas plus d’un cycle de production d’une espèce sur une même parcelle, et un temps de repos accordé fréquemment au sol. i l oriente aujourd’hui son exploitation vers l’agroforesterie, multiplie les plantations d’arbres pour développer ses cultures en clairière. “ plantons des arbres, plantons, plantons et les problèmes d’érosion seront réglés ! clame Georges. i l aime mettre en terre des arbres endémiques :

bois de gaulette, de sureau, de judas, bois rouge, et toujours des espèces adaptées à son altitude : noyer du q ueensland (macadamia), jaquier et champedak (qui donne une variété de jaque sans filasse ; patience, pas encore en production !)… e t des grévilléas pour les abeilles, puisque l’exploitation accueille les ruches d’un apiculteur. c ’est magique, un arbre, insiste Georges. les plus grands aident les plus petits, les plus petits aident les plus grands. Mais il faut varier les espèces. s i un arbre ramène trois espèces d’insectes, et qu’on plante 10 000 de ces arbres, il n’y aura aucune biodiversité ! ”. à 55 ans, l’agriculteur bio du tampon ne manque pas de projets., en attendant l’arrivée de l’irrigation, annoncée pour 2021 sur la l igne des 400 et qui permettra de passer à la vitesse supérieure en terme de production.

l a poussée des papam

la première étude consacrée à l’agriculture biologique à la réunion réalisée par la direction de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt, sur la base des statistiques de 2016, montrait déjà la place importante des plantes à parfum, aromatiques et médicinales (papam) dans la production bio totale de l’île. si les cultures fruitières représentaient alors 35% des surfaces certifiées ab ou en conversion, les papam arrivaient en deuxième position, avec 25% des surfaces, devant les cultures légumières (18% des surfaces). ces plantes comprennent la vanille, qui couvrait en 2016 les deux tiers des surfaces de papam engagées en bio, ainsi que le curcuma, autre plante emblématique de la réunion. Mais aussi des plantes médicinales, dont l’essor de la culture est directement lié à leur inscription à la pharmacopée française, ainsi qu’à la demande grandissante du public. agriculteur bio dans les hauts de sainte-Marie, certifié depuis plusieurs années, il s’est ainsi spécialisé dans les plantes

aromatiques. il transforme une partie de sa production en sachets de préparation pour rhums arrangés, une autre partie à la société habemus papam. cette dernière s’est dotée il y a deux ans d’équipements high tech à la plaine-des-palmistes, déshydrater et conditionner en dosettes individuelles une douzaine de plantes médicinales. sur son terrain de flacourt-les-hauts, entre 500 et 600 mètres d’altitude, alain chane cultive en parallèle un peu d’ananas, d’agrumes et de citrouilles, mais s’est surtout spécialisé dans ces plantes bienfaisantes de la pharmacopée créole, du bois de pêche marron au lingue café ou le bois de joli-cœur. “ je les cultive en haies, taillées, de manière à faciliter la récolte ”, explique l’agriculteur qui a étudié avec l’armeflhor les distances de plantation optimales entre chaque alignement. des plantes traditionnelles, que l’on cueillait jusqu’alors dans la nature, deviennent ainsi des productions agricoles à part entière !

production
Bio 26
Spécial
© DR © DR
Geor G es s auveur, un des pionniers de l’a G riculture biolo G ique au tampon

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Les Consommateurs de bio en veuLent pLus

6 Français sur 10 déclarent manquer d’in F ormations sur les produits bio, des analyses révèlent la présence de polluants : l’occasion de rappeler que le label ab n’est pas la panacée.

L’agence b io (agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique) a publié il y a quelques mois un “ baromètre de consommation et de perception des produits biologiques en France ” riche d’enseignements. b asée sur les réponses d’un échantillon de 2 000 personnes, l’étude montre notamment que plus de la moitié des Français (57%) ont modifié leurs comportements alimentaires et culinaires. “ o n veille davantage à la provenance de ce que l’on mange, à la manière dont c’est produit, au fait de manger des produits sains. o n retrouve le goût du fait maison, commente l’agence b io. l a montée de la préoccupation environnementale joue un rôle moteur dans cette évolution. les produits

bio apparaissent comme un bon moyen de conjuguer exigence individuelle de mieuxêtre et dimension collective de sauvegarde de la planète ”. les jeunes générations sont plus particulièrement attachées au bien-être animal

Les principales raisons de consommation de produits biologiques en France

profi Ls de C onsommateurs réunionnais

doctorant au cirad, luca piccin à interrogé 741 consommateurs réunionnais de produits issus de l’agro-écologie, aFin de mieux les connaître.

animateur de la micro-ferme urbaine du tampon, luca piccin est également doctorant au cirad pour réaliser une thèse sur les marchés de fruits et légumes à la réunion et la transition écologique. dans ce cadre, il a interrogé 741 consommateurs de produits bio ou issus de l’agriculture raisonnée, de la permaculture… recrutés autour de lui et en ligne, dans les groupes des réseaux sociaux s’intéressant à ces thématiques. leurs réponses permettent de dessiner le profil d’un public à la recherche de produits sains… mais pas seulement. “les personnes interrogées sont avant tout solidai-

res des producteurs locaux, détaillent luca piccin. 81% préfèrent manger local, même si ce n’est pas bio. ils sont attirés par la dimension sociale et éthique de l’agro-écologie ”. mais ces consommateurs veulent malgré tout des produits sans pesticides (82%) et 83% disent avoir changé leurs pratiques alimentaires : ils mangent moins de viande, moins de produits importés, davantage de fruits et légumes et près de la moitié disent éviter les emballages et acheter en vrac. les femmes sont plus particulièrement porteuses de cette dynamique : elles ont été trois fois plus nombreuses que les hommes à répondre au questionnaire. “ sans surprise, plus de la moitié des répondants ont des enfants, note luca piccin. on pense à la nouvelle génération quand on choisit son alimentation ”. autre enseignement de l’enquête : les chômeurs sont sous-représentés parmi les répondants, en revanche nombreux parmi les indépendants, les cadres et les fonctionnaires.

et aux motivations éthiques et sociales d’une consommation bio. à rebours du reste de la population, elles trouvent normal de payer davantage pour des produits bio. les chiffres de l’étude confirment ce que souffle l’air du temps. l’un d’entre eux

surprend toutefois. plus de 6 Français sur 10 n’ont qu’une confiance mitigée dans les informations fournies sur les produits biologiques. 51% déclarent ne pas avoir assez d’informations sur l’origine de ces produits, 63% sur la réglementation de l’agriculture biologique et sur le contrôle des produits. le fait que l’enquête d’opinion ait eu lieu en novembre-décembre, alors que le mouvement social des gilets jaunes battait son plein, a pu exacerber l’esprit critique des répondants. m ais de critiques, les produits ab ne sont pas exempts. d ans son dernier hors-série “ le meilleur du bio ”, 60 m illions de consommateurs, passant au crible 130 produits alimentaires, a trouvé des traces de produits polluants (dioxines, pcb ) qui ne font pas partie des molécules mesurées dans le sol avant l’installation d’une activité agricole biologique. d e même, le magazine pointe du doigt “ les dérives du bio pas cher ” et rappelle que bio ne veut pas toujours dire diététique. l a déception guette les consommateurs persuadés qu’en achetant un produit ab, ils achètent un produit à la fois sain, éthique, équitable… l a certification ab interdit l’utilisation d’une longue liste de produits chimiques de synthèse et la culture hors sol, ce qui est déjà beaucoup, mais pas la définition de la panacée.

Les Comptoirs de L a b io : une première au tampon

anne tHien Kin sien a ouvert en novembre dernier un magasin bio de 300 m2 au tampon, sous enseigne les comptoirs de la bio : une première en outre-mer pour ce groupement de commerçants indépendants.

une nouvelle enseigne a fait son apparition dans le paysage des produits bio à la réunion, il y a un peu plus de six mois : les comptoirs de la bio, dans le centre-ville du tampon. l’initiative en revient à anne thien Kin sien. la jeune femme est sortie diplômée d’Hec montréal en 2016. “ de retour à la réunion avec mon conjoint, j’ai commencé à réfléchir à un projet dans le bio. J’ai été éduquée à l’écologie et à la nourriture saine dans ma famille, mon séjour au canada, pays très ouvert au bio et à l’alimentation végétarienne, m’a renforcée dans mes convictions ”. alors que son premier projet professionnel mûrit progressivement, anne travaille avec son père, propriétaire du magasin u du tampon. elle étudie le marché et fait connaissance avec les comptoirs de la bio, un réseau national en pleine expansion. “ J’ai été intéressée par la grande liberté laissée aux magasins dans le choix des produits et le respect de l’indépendance de chacun, poursuit-elle. l’année dernière, un local familial qui abritait un magasin de vêtements de sport s’est libéré, j’ai franchi le pas ”. la première enseigne ultramarine des comptoirs de la bio est hissée en novembre 2018, sur un excellent emplacement : la rue Hubert-delisle est on ne peut plus passante et le magasin de 300 m2 donne sur le parking du supermarché u quatre salariés sont recrutés. “ deux ont déjà travaillé en magasin bio et une collègue est naturopathe, pour conseiller les clients ”,

précise anne thien Kin sien. sur les 4 000 références proposées, la jeune commerçante bio déplore la rareté des produits transformés réunionnais certifiés ab .“ nous importons des produits qui pourraient sans doute être fabriqués localement. des mangues séchées, par exemple ! J’ai réellement envie de développer l’offre locale, à tel point que j’accepte quelques produits non bio, mais que je sais très sains, comme le café bourbon pointu de la coopérative, parce que je souhaite la soutenir. ”

Questions sur L e bio venu d’ai LL eurs

Faut-il avoir confiance en ces produits bio provenant de de pays extérieurs à l’union européenne ? nous avons posé la question à François soulard, responsable du pôle développement de l’organisme certificateur certipaq bio. “ les produits bio qui entrent sur le

territoire communautaire doivent être certifiés par un organisme reconnu par l’union européenne ou par un organisme européen travaillant sur place, explique-til. il existe un système d’équivalence entre les normes européennes et les normes locales, qui comporte toutefois quelques

distorsions. un produit phytosanitaire peut être autorisé en bio à une certaine dose en europe, à une dose plus élevée ailleurs, ou sur une culture en europe et sur une autre culture ailleurs. ces distorsions sont de plus en plus contrôlées. depuis un an et demi les produits venant

de pays tiers doivent être intégrés dans un logiciel de traçabilité, l’exportateur reconnu par un organisme certifié. des analyses complémentaires peuvent être demandées sur des importations en provenance de pays considérés à risque : la chine, l’ukraine, certains pays africains…

Consommation
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a gence b io Spécial bio 28
ource

vinDémia joue la carte bio locale

Après les produits secs proposés en vr Ac, vindémiA lAnce début juillet dAns son hypermArché jumbo de sAvAnnA un îlot de vente de fruits et légumes bio loc Aux.

vindémia ne regrette pas d’avoir triplé le nombre de références de produits bio proposés dans ses magasins, entre 2016 et 2018. dans le même temps, le chiffre d’affaires de ce rayon a fait un bond de 91%. “ les produits bio sont désormais dans le top 10 des ventes d’épicerie, alors qu’ils occupaient la 20ème place trois ans plus tôt ”, souligne jeff macintach, directeur achat du groupe. plus de 56% des références bio appartiennent à des marques nationales. c ’est notamment le cas du produit le plus vendu, des graines de chia, ou du lait d’amande

également très demandé. contrairement à la métropole, des marques spécialisées acceptent d’être vendues dans la grande distribution à la réunion. l’an passé, vindémia a d’autre part lancé la vente en vrac de fruits secs, pâtes et autres grains et graines : 20 de ses magasins sont déjà équipés de ces distributeurs qui ont trouvé leur public. “ nous constatons également un véritable engouement pour les produits frais bio, note franck fras, directeur général de vindémia. les clients, qui ont commencé le bio par les produits d’épicerie, veulent maintenant du frais ”. mais comme chez ses concurrents, l’immense majorité des références bio pré -

sentes dans les jumbo et les score est importée. les produits bio réunionnais transformés sont très rares et les fruits et légumes locaux Ab peinent à franchir les portes des grandes surfaces. la réglementation impose en effet aux enseignes de prendre toutes les précautions pour éviter les contaminations avec des produits non bio : espaces de ventes dédiés, balances spécifiques, palettes transportées au-dessus des autres pour ne recevoir aucun ruissellement… tant que les distributeurs n’instaurent pas ce circuit spécifique, les produits bio locaux ne peuvent être vendus qu’emballés : un conditionnement coûteux pour les producteurs.

accompagner les agriculteurs

“ Tout comme nous avons accompagné la structuration des filières agricoles réunionnaises, nous avons la volonté de soutenir le développement de l’agriculture bio locale, poursuit Franck Fras. Le mois dernier, nous avons acté avec la coopérative Terra Coop un projet d’accompagnement des agriculteurs à la conversion. Début juillet, nous mettrons en service un îlot de vente en vrac de fruits et légumes bio locaux, dans notre hypermarché Jumbo de Savanna, avec un meuble et une balance dédiés. Nous comptons beaucoup apprendre de cette expérience. ”

Distribution
Spécial bio 29

l’agriculturE bio gagnE du tErrain, mais…

Plus d E 300 E x Ploitations c E rti F ié Es b io

selon les derniers chiffres fournis par l’Agence Bio, La réunion comptait, fin 2018 :

• 306 exploitations agricoles certifiées AB (+19% par rapport à 2017)

• couvrant une surface totale de 1 069 hectares (+25%)

• 203 hectares en cours de conversion (+3%)

• 32 transformateurs certifiés AB

• 23 distributeurs certifiés AB

La réunion est, de loin, le premier département d’outre mer “ bio ”. fin 2018, la Guadeloupe comptait 63 exploitations certifiés AB, la Martinique 64, la Guyane 75 et Mayotte 3. C’est toutefois la Guyane qui compte le plus de surface en production bio (2 815 hectares), grâce au développement de l’élevage extensif de zébus et de buffles en AB.

LA PrOduC tiOn réuniOnnAise Certifiée AB est en PLein essOr.

MAis Les PrOduits tr AnsfOrMés restent r Ares, ALOrs que LA deMAnde exPLOse et que Les iMPOrtAtiOns déferLent.

année après année, la tendance se confirme : la pratique de l’agriculture biologique se développe à un rythme soutenu à La réunion, même si elle ne concerne que 3% de la surface agricole utile de l’île. La progression des surfaces certifiées AB n’est plus seulement le fait de militants de la cause environnementale et de pionniers un peu idéalistes. des coopératives encouragent leurs adhérents à se convertir, des producteurs conventionnels sont toujours plus nombreux à franchir le pas, sous la pression de la demande. Les réunionnais veulent consommer des produits plus sains. Ceux qui en ont les moyens n’hésitent pas à mettre le prix pour cela. Mais le bio n’est plus réservé aux ménages les plus

aisés. il n’est pas rare de trouver des fruits et légumes AB au même prix que des produits traités. La demande bio dépasse largement le rayon frais – produits cosmétiques, d’hygiène et d’entretien se verdissent peu à peu pour y répondre – et les consommateurs veulent aussi, désormais, des produits alimentaires transformés ornés du logo AB. Problème : dans ce domaine, l’offre locale est plus que limitée. Les rayons bio de la grande distribution comme des enseignes spécialisées se couvrent donc de produits importés, au prix fort et d’un bilan carbone désastreux. face à cette évolution, récente et fulgurante, les acteurs de la production réunionnaise peinent à trouver une parade et à élaborer des stratégies coordonnées. un défi à relever d’urgence !

En Franc E, un E t E ndanc E lourd E

41 600 fermes françaises étaient engagées en agriculture biologique fin 2018, 5 000 de plus qu’en 2017. Près d’une exploitation agricole française sur dix (9,5%) est aujourd’hui certifiée AB ou en conversion. “ La production bion a doublé en cinq ans, c’est la plus forte progression jamais enregistrée. L’an dernier, le cap des 2 millions d’hectares cultivés en bio a été franchi : 7,5% de la surface agricole totale

du pays, contre 6,5% une année plus tôt. Cette croissance est due aux productions céréalières, viticoles et de fruits et légumes. Les entreprises de transformation de produits bio se multiplient au même rythme, avec une augmentation de 12% en un an et de 49% en cinq ans. On dénombrait fin 2018 plus de 155 000 emplois directs à temps plein dans les filières bio, soit plus du double qu’en 2012.

“ nE Pas déstructurE r l E sol ”

david Morel, technicien “ bio ” de la Chambre d’agriculture depuis quatre ans, conseille au quotidien des jeunes agriculteurs qui s’installent, d’autres qui se convertissent, tout comme les exploitations déjà certifiées. sur le terrain comme lors des formations qu’il propose deux à trois fois par an, il prêche sans relâche pour un travail minimal du sol. un principe qui peine à progresser, même en agriculture biologique. “ Cultiver puis enfouir un engrais vert, c’est annuler une bonne action par l’action suivante, dit-il. il ne faut pas faire n’importe quoi avec le sol. L’enjeu majeur de l’agriculture, c’est la préservation du sol, qui recèle une partie de la biodiversité. Pour garder la maison en bon état, il ne faut pas le déstructurer. en le travaillant trop, en labourant profondément, on casse ses fonctionnalités. nous sommes les héritiers de l’agriculture née au néolithique dans le Croissant fertile, mais aujourd’hui le Croissant fertile est un désert ! ”. david Morel a notamment une position qui peut paraître iconoclaste au sujet du compostage. “ Composter, c’est polluer ”, dit-il en forçant volontairement le trait. explication du technicien : “ Composter, c’est détruire du carbone et l’envoyer dans l’atmosphère. ne sentez-vous pas la chaleur qui se dégage de votre composteur, et le gaz qui s’échappe quand vous en soulevez le couvercle ? Le compost nourrit la plante mais pas le sol, alors que le carbone aurait pu nourrir le sol, sous forme de mulch. Le mulch permet de mieux gérer

l’enherbement, de maîtriser les maladies fongiques, de retenir l’eau et de réduire les coût de fertilisation ”.

La fertilité d’un champ se fabrique à sa surface, c’est la digestion de la matière organique riche en carbone (pailles, feuilles, branches...) qui crée l’humus et augmente les rendements. tel est le crédo de david Morel, qui se félicite des résultats obtenus par ceux qui suivent ses conseils : “ un sol qui a été travaillé à l’excès mais ne s’est pas encore trop érodé de sa partie minérale peut se reconstituer en deux ou trois ans de bonnes pratiques. ”

photos © Chambre d’agri C ulture Production
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