CLGB_REIMS#11

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ART MODE MUSIQUE DESIGN Chezlegrandbag Newspaper • Journal à parution bimestrielle gratuit /// Reims

CINÉMA

photo : © Tom Burr « SILVER SLEEVES » 2009. Papier, 45 pochettes de disques, punaises, peinture sur panneau recouvert de plexiglas (121.9 x 121.9 x 7.6 cm) / Courtesy de l’artiste et Bortolami Gallery, New York

JANVIER FÉVRIER 2011


PHILIPPE EMOND SA BAYERN REIMS • CORMONTREUIL 03 26 08 63 68 • www.philippe-emond.com


Édito On en parle beaucoup. “Crop Circles“, traditions, Maya, theosophie, cette planète Nibiru qui doit venir nous frapper... chacun est d’accord. Cette année 2011 sera la dernière. Et on nous promet guerres, tremblements de terre, inondations, misère et explosion du système ... L’Armageddon ! Jodorowski disait que s’il y a tant de films avec des extraterrestres, c’est pour nous préparer a leur venue. Ou plutot a leur retour ! puisque l’esoterisme nous appprend depuis toujours que “Dieu“, les “Elohim” de la Bible, sont en fait des extraterrestres qui nous ont jadis colonisés. Rael, l’ufologie, tout cela, d’une certaine façon, n’est que variations d’un même message. Celui qu’on peut trouver, aussi, au long des pages de “la face cachée de la lune“ de Jean Sendy, chez Charroux ou Pauwels. Qu’Internet, évidemment, développe à foison.

par Patrick Eudeline

regarder la beauté du monde, dépasser chaque limite, se lever vraiment éveillé, et non point comme un mortvivant, un automate ! c’était la le message des grands poètes, Holderlin et les autres. Quelques mois. Avant que tout ne meure. Pour aller à l’essentiel. Quelle époque curieuse ou chacun est si pessimiste que l’air du temps en est à inventer une catastrophe finale pour nous sortir de là. Une époque si terrorisée et si frileuse qu’elle ne s’intéresse plus qu’aux émissions de cuisine et aux livres qui mettent en avant la chaleur de la famille.

Des petits gros et grosses trop bien nourris qui pleurent dans les jupes de leur maman et obéissent à leur papa ? voila le nouvel idéal ? Hum, les années rebelles et havres sont, effectivement bien loin. Où est Gide et son “famille je vous hais ?“. Où sont les conflits parents/enfants des fifties et Et s’ils reviennent, ces extraterrestres, cela sera pour nous apporter de sixties ? Homosexualité, sorties, cheveux longs... On ne se construisait alors nouvelles technologies si puissantes et déstabilisantes (le systeme trinaire qu’en tuant le père. On en revient, dirait-on, au moyen âge. Socialement. !) qu’elles feront tout exploser, ou pour emporter les meilleurs. Si. Et si c’était Culturellement. Et même Freud se fait abattre. vrai ? Une année encore, et donc, sur cette vallée de larmes. Et rien de plus. Quel challenge ! quelques mois pour se rendre compte de ce qui compte Il est temps donc d’aller a contrecourant et de, surtout, ne pas avoir peur. vraiment, se jeter dans chaque nuit d’amour comme si elle devait etre la Sexe, passion, coke, élégance trouble, dandysme... Quitte à vivre au bord dernière, écrire un chef d’oeuvre, vivre comme on devrait vivre chaque jour, du gouffre, autant le faire bien.

Sommaire p5

p7

LAGO Jeune design transalpin

HISTOIRE DU SOLDAT Vente d’âme p9

TOM BURR Gravity moves me p10

p11

NMNM L’art dynamique

ISABELLE GIOVACCHINI Sublimation du mutisme et du vide p12

EARTH Angels of darkness, demons of light 1 p14

p17

SOMEWHERE Le Los Angeles de Sofia Coppola p19

p22

HAARPBAND Art vibrant

BERLIN La ville à la culture enflamée

ALAIN DUCASSE Nouveau ! La recette d’Alain Ducasse

Chezlegrandbag Newspaper est publié par l’association Chezlegrandbag, 2 impasse J.B de la Salle, Reims • Tél : 09 51 61 48 91 • Mail : chezlegrandbag@gmail.com Responsable de publication : Boris Terlet • Responsable de rédaction : Alexis Jama-Bieri • Régie publicitaire : Julien Ciolina (j.ciolina@gmail.com / 06 66 67 17 04) Réalisation graphique : Romuald Gabrel (gr@postcomputer.fr) • Photographie : Clément Moreau (clement.moreau@digit-art.fr)


M O D E Texte : Oscar Queciny • Photo : DR

ESSENTIEL SE VÊTIR SANS SUPERFLU De leur rencontre, Esfan Eghtessadi et Inge Onsea ont fondé leur marque « Essentiel » tel un foyer... ardent.

Chaque saison est l’occasion de narrer une nouvelle histoire, passant de l’univers de peaux et fourrures des trappeurs russes aux légendes fluides et évanescentes du monde des elfes. Les oeuvres d’Esfan et Inge traduisent l’identité d’une marque de vêtements empreints d’émotions, une mode glamour et confortable permettant des combinaisons à l’infini pour la femme, l’homme et l’enfant.

À l’origine créateurs de t-shirts, la plus basique des pièces d’un vestiaire, vendus depuis leur appartement, Esfan et Inge ouvrent rapidement leur première boutique à Anvers en 2000, mus par la nécessité d’affirmer l’identité de leur griffe. Puis les collections se sont étoffées, empesant leur style plus chatoyant, plus élaboré dès lors. Nourri de cette complexité naissante, s’épanouissant au travers de nouveaux articles, nouvelles couleurs et nouvelles matières, va éclore le cocon de cette jeune entreprise. Désormais internationale, elle s’affiche dans de nombreuses échoppes au royaume des Belges, et dans d’exclusifs points de vente en France.

Disponible chez Kinh Prêt-à-porter féminin 4 rue de Pouilly • 51100 Reims (entre le Cours Langlet et l’Hôtel de Ville) • 03 26 84 73 39 Ouvert le lundi de 13h30 à 19h et du mardi au samedi de 10h à 19h.

M O D E Texte : Oscar Queciny • Photo : Julien Palast

JOKI BUSINESS BASIQUE HARDCORE Cette jeune griffe de créatrice parisienne aime les basiques. Pourtant sa personnalité n’a rien de lisse ni d’attendu, à l’image de ses vêtements qui lui ressemblent : coupe parfaite, tombé impeccable, couleurs neutres voire nude, mais propos hardcore, au meilleur sens du terme. Sa collection, quasi intemporelle, efface la saisonnalité. On est pris entre la violence d’un strapping qui contraint, tel un bondage soumettant un corps soumis et la douceur d’un joli tutu rose poudré, tel un écrin romantique suranné ; entre l’engagement d’un vêtement volontairement unisexe, qui efface les formes, et l’exacerbation d’un désir assumé, en toute transparence. Joki Business, basique hardcore…subversif !

Avec des accessoires décalés : broches capitonnées en forme de cœur et moustache (« broche cœur moustache »), sautoirs ornés de mini coussins capitonnés (« colliers querelle de boudoir »), robes extravagantes. Une communication mettant en scène des modèles, présentés en photo, aussi bien portés par des femmes que par des hommes ; une présence sur la Gay pride - Joki business annonce la couleur… et y met les formes !

Disponible Chezlegrandbag Concept Store privé 2 impasse de la Salle • 51100 Reims Ouvert le mercredi, vendredi, et samedi de 14h à 19h.

GABRIEL COIFFEUR Spécialiste de la coupe à sec 56 rue Buirette • 51100 Reims • 03 26 04 53 38


D E S I G N Texte : Jens Andersson • Photo : DR

LAGO JEUNE DESIGN TRANSALPIN

Au milieu de la pléthore d’éditeurs italiens de mobilier design, la société Lago a su se singulariser avec des produits innovants, liant aspects pratiques et qualité artistique des créations. Avec des meubles aux formes simples, colorés et modulables, réalisés par de talentueux jeunes designers, Lago réinvente l’espace. La demeure devient un lieu réel de vie, à l’environnement domestique personnalisé et maîtrisé, sobrement, efficacement, loin d’un intérieur baroque parfois étouffant. Lago s’investit par ailleurs dans la recherche quant aux nouveaux modes d’occupation des surfaces de vie publiques et privées. Ainsi, Lago développe, en collaboration avec des designers émergeants, et des étudiants en design du monde entier, des side projects tels que « la salle d’attente d’art », la première salle d’attente d’entreprise transformée en galerie d’art. Pour l’intérieur privé, Lago conçoit notamment des canapés modulables (série Air), quasi sur mesure, à la ligne pure, vierge de toute intervention stylistique superflue, ou des fauteuils matelas, s’ouvrant en corolle pour accueillir les séants les plus délicats. Avec ses cuisines (série 36 E 8), Lago invite à réinventer l’art culinaire, au coeur d’une œuvre rappelant presque Mondrian. Sur des surfaces aux lignes tendues, immaculées, presque froides et d’une insolente praticité, la viande et le poisson tels sur une table d’autopsie, révèleront leur essence cachée, de l’âcreté du sang frais surgissant de leurs entrailles aux succulentes senteurs de cuisson… Le miracle de la cuisine : une invitation au repas, au partage…

Disponible chez Intérieur Actuel 40 Rue Buirette • Reims • 03 26 88 25 34 05


W E B

R E V I E W S

Textes : Anne Babb • Photos : DR

Lampe à trésor

Ski Europe 2011

Précieuse lumière

Piste glissante et grisante

Phonophone III

Sacs de conservation trompe l’oeil

Le son qui se voit Rien à voir avec le Gaffophone, le Phonophone III est un amplificateur passif élégant conçu spécialement pour iphone.

Touche pas au moisi !

Ce dispositif intelligent amplifie le son de votre smartphone 4 fois environ. Son design, en céramique, en fait un objet de plus bel effet, dans un décor d’avant-garde. Une lampe d’esprit pop qui devient une vitrine suspendue pour vos trésors, qui alors seront mis en scène et illuminés comme des objets des collections les plus précieuses. Composée de Polypropylène d’un diamètre de 45 cm, cette suspension lumineuse est disponible en gris anthracite, vert pastel et gris clair.

chenkarlsson.com

Bang lights Éteindre d’un coup de feu

Compatible avec les iphones de toute génération / Poids 800g Dimensions 27cm x 29cm x 22cm. Fabriqué à la main au Canada.

Avant de vous élancer dans la poudreuse, une application iphone utile et ludique ! Cette application fournit les cartes détaillées des pistes en Europe (1576 stations et 22 000 km de pistes), les conditions météo et d’enneigement et toutes infos sur les pistes, remontées, refuges, postes de secours, loueurs, écoles, billetteries… etc. Vous pouvez par ailleurs enregistrer votre parcours et visualiser vos statistiques : distance parcourue, vitesse maximale, vitesse moyenne, dénivelé total, et vous pouvez y ajouter des photographies géoréférencées. La fonction play-back permet enfin de rejouer les traces enregistrées.

Des sacs antivol pour votre encas du bureau. Ces sacs, munis de fermeture éclair comportent des taches vertes imprimées en trompe l’œil aux deux faces, donnant l’apparence de victuailles fraîchement gâtées. Ne vous laissez pas subtiliser votre précieux bien alimentaire Vital dans la jungle urbaine ! Matériaux : sac réutilisable et recyclable LDPE / Quantité : Boîte de 25 unités

thinkofthe.com

Disponible sur L’appstore

scienceandsons.com

La lampe Bang permet d’éteindre la lumière avec un interrupteur télécommande en forme de pistolet. D’un blanc immaculé, la lampe et l’arme factice sont un objet de design à l’humour décalé, nécessaire. Visez la lampe pour éteindre, la lumière disparaît faisant basculer sur le côté l’abat jour, comme touché par une balle.

Chargeur solaire

Moustache typographique

Rê animer votre iphone

Effet de mode ?

Tête de mort tableau Écrire ou ne pas écrire, là est la question !

Un des rares défaut de l’iphone (parce que le joujou de la firme Californienne en aurait ?) c’est sa parfois trop limitée autonomie. Lorsque l’on utilise à plein régime, les fonctionnalités de l’iphone, celui-ci voit les capacités de sa batterie décliner très rapidement. Il existe désormais une alternative à la panne pure et simple, c’est le chargeur de batterie solaire, une solution écologique lorsque l’on est iphonophile, toujours à portée de dockconnector !

bitplayinc.com

Starlite USB Rechargeable LED Light

Que la lumière soit

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Une lampe portable qui se fixe sur la couverture d’un livre, créée par Simone Spalvieri et Valentina Del Ciotto. Quoi de plus pratique pour lire dans un lieu faiblement éclairé ? Alors, si vous êtes un(e) mordu(e) de littérature, laissez vous aller à ce plaisir presque solitaire. Emmenez votre lampe portative partout avec vous, après l’avoir rechargée sur port USB.

Caractéristiques techniques et compatibilité : iphone 1, 3 / Batterie Li-ion 1600 mA / Rechargement de la batterie du chargeur par panneau solaire (8 heures d’exposition face au soleil) / Indicateur de charge de la batterie du chargeur solaire / Poids : 68 g / Taille : 12,5 x 6,7 x 2,3 cm.

momastore.org

boutique.consoglobe.com

La mode est encore aux moustaches. Populaires, ces quelques centimètres de pilosité affirmée, peuvent être simulés tels une composition graphique avec l’application Typoschnauz in your face. Glissez votre photo dans le cadre et choisissez votre moustache. Votre visage agrémenté de vos sublimes bacchantes apparaît alors sur votre écran. Fiers de votre moustache, vous pouvez partager votre image sur Facebook. Indispensable...

typoschnauz.com

Pour écrire un message rapide, fruit d’une fulgurante et brillante pensée, utilisez le crâne tableau noir. Réalisée par moulage d’un véritable crâne humain, cette reproduction synthétique (Uréthane) ramènerait quasiment à l’époque du bon vieux tableau de classe noir, en des temps presque médiévaux… donnant ici l’envie d’une danse, pour notre missive, macabre peut être… optimiste parfois, inspirée toujours…

etsy.com


O P É R A

D E

R E I M S

Texte : Valentin de La Hoz / Opéra de Reims • Photo : DR

Histoire du soldat : vente d’âme Représentations Jeudi 13 janvier • 20h Vendredi 14 janvier • 14h30 (scolaires) Samedi 15 janvier • 20h30 Diable ! Dans quel coin obscur de l’âme humaine ce conte musical veut-il nous entraîner ? Inspirée d’un conte populaire russe intitulé Le Déserteur et le Diable, l’Histoire du Soldat, œuvre d’inspiration faustienne, nous entraîne aux côtés de Joseph, soldat pauvre et naïf en marche vers son destin. C’est le Diable, croisé en chemin, qui détourne le soldat de sa route et de sa promise. Contre un livre magique qui prédit l’avenir, Joseph lui abandonne son âme (personnifiée par un violon) et se rend compte, mais un peu tard, qu’il a également abandonné le cours tout tracé de sa vie. Car, dans son aveuglement, il montra au Diable comment utiliser son violon... et, lui ayant offert les clés de son âme, s’aperçoit, trop tard, de la duperie du Seigneur des enfers qui, lui ayant promis que son concours durerait trois jours, le libère de son séjour après trois années. Revenu chez lui, Joseph est devenu un étranger, reconnu ni par sa mère, ni par sa fiancée. Cependant, loin de se laisser abattre, il fait usage de son livre magique pour devenir richissime. Mais la fortune n’ayant pas réalisé son bonheur, il joue aux cartes avec le Diable. L’enjeu : son argent en échange du violon. Mais gagne-t-on contre le Diable ? Cette œuvre universelle et tout public, installe la musique au coeur de l’intrigue et mène les personnages sur des rythmes… endiablés. Pour donner une cohérence organique à cette oeuvre, JeanChristophe Saïs a choisi de rendre visible la place de la musique dans les enjeux dramatiques de la pièce : ainsi c’est le diable

qui endosse le costume du chef d’orchestre et tire toutes les ficelles. L’orchestre du diable, sur scène, est un véritable personnage. La musique mène tous les personnages à la baguette, donne le tempo et les fait danser malgré eux. Danse, théâtre, mime

princesse danseuse qui libère et ensorcelle un soldat qui essaie désespérément d’agir sur son destin, entre naïveté et hybris. Écrite par l’écrivain suisse Ramuz et composée par Stravinsky, elle est conçue pour trois acteurs (le narrateur, le soldat et le Diable) et sept instrumentistes (violon, contrebasse, basson, cornet à pistons, trombone, clarinette et percussions). Cette pièce musicale, élaborée par Stravinsky alors qu’il vit en exil en Suisse, loin des troubles de la révolution russe, précède la période néoclassique du compositeur. La partition a été imaginée partiellement en France, à Lens où il fut hébergé, dans le chalet du peintre Albert Muret. C’est une oeuvre de divertissement, composée de courts tableaux inspirés de danses alors en vogue (tango, ragtime...) et dont la forme réduite devait permettre de faciles représentations en tournée. Elle fut dévoilée au public le 28 septembre 1918 à Lausanne. Deux suites ont été ensuite composées en 1919 et 1920.

Production : Arcal, compagnie nationale de théâtre lyrique et musical en résidence à l’Opéra de Reims et en Région Champagne-Ardenne. Coproduction : TM+, ensemble orchestral de musique d’aujourd’hui ; Opéra de Reims ; Maison de la Musique de Nanterre.

et musique seront intimement liés, avec des images fortes pour que le conte puisse parler directement à notre imaginaire : une marche qui ne mène nulle part, suspendue à la manière d’un funambule, un diable qui nous trouble subtilement pour nous séduire, un livre magique qui prédit l’avenir pour « faire de l’argent » et envahit la scène, une

Direction musicale : Laurent Cuniot / TM+ Mise en scène : Jean-Christophe Saïs Scénographie et lumières : Jean Tartaroli Assistant à la mise en scène : Jérôme Ragon Le Narrateur, comédien : Serge Tranvouez Le Diable, chef d’orchestre : Laurent Cuniot Le Soldat, comédien : Mathieu Genet La Princesse, danseuse : Raphaëlle Delaunay TM+ ensemble orchestral de musique d’aujourd’hui.

Renseignements :

www.operadereims.com 07


B O O K S

R E V I E W S

Textes : AVC • Photos : DR

Grey Magazine #3

Not In Fashion

Gris, éternel et sans compromis

Les années 90, révolutionnaires… Pour ceux qui n’ont pu se rendre au Musée d’art moderne de la Ville de Francfort-sur-le-Main, le catalogue de l’exposition « Not in Fashion » offre 200 illustrations de photographes, designers et campagnes de pub pour comprendre comment, dans les années 90, se sont mutuellement influencés mode, photographie et art.

Pour la troisième fois, la revue GREY et sa fondatrice, rédacteur en chef et directrice de création, Valentina Ilardi Martin atteignent leur but : toujours plus d’exigence, d’épure et de finesse, dégagé de toute superficialité et de tout éphémère. Grey est un biannuel, international, publié et façonné en Italie. De la mode certes, mais avant tout un travail de conviction, rigoureux, cohérent, sans fausse provocation et presque austère. Chaque page de gris vêtue

ou habillée d’un subtil dégradé de tons sourds nous oblige à retourner à l’essentiel de la beauté, promenade mélancolique où il n’y a d’autre choix que de se poser , tranquillement et sereinement. À commencer par la cover de ce numéro 3, Karlie Kloss. Loin des projecteurs de Chloé ou Dior, elle est là, toute jeune femme de 19 ans aux grands yeux… gris, interrogateurs, avec ce visage imparfait qui la rend encore plus touchante et plus belle. Stop, arrêt sur image … ! Et de comprendre finalement pourquoi l’image nous fascine. L’élégance de l’œil est là, force le respect, sans compromis … Issue 3 • Fall/Winter 2010

Disponible Chezlegrandbag

Le Musée de Francfort nous invite surtout à comprendre comment la mode a réinventé la photo et comment les images surfaites et artificielles des années 80 ont été remplacées par une certaine forme de minimalisme et de réalisme. Professionnalisation, recherche d’identité, dimension industrielle, apparition de la figure désormais incontournable du directeur artistique sont autant d’événements qui modifient le paysage des années 1989/1990. La photographie vulgaire et bavarde se tait doucement et le photographe de mode développe une contreproposition, se focalise sur le détail dans une démarche d’économie

et de conscience, plus grave et plus inquiète, à l’image du monde qui l’entoure. Helmut Lang, Jürgen Teller, Yohji Yamamoto sont les acteurs de ce nouveau regard qui met en exergue individu, individualisme et identité, voire rejet de la notion même de beauté, afin de nous convaincre que la mode est plus que jamais aujourd’hui fondatrice de notre façon de vivre.

Kerber Editions

Disponible Chezlegrandbag

Terryworld Vous avez dit Trash ? pourquoi ils acceptent de le faire, c’est parce que vous ne connaissez pas encore Terryworld, le monde où les tabous n’existent pas et où la mode se marie parfaitement avec le sexe. Volontiers qualifié d’inventeur du pornochic, Terry Richardson est effectivement un photographe controversé aimant le sexe, la provocation, l’exhibitionnisme. Il a décliné son univers sans concession pour des marques prestigieuses comme Sisley, Hugo Boss, Gucci, Miu Miu et des magazines de mode non moins connus, Vogue, Harper’s Bazaar ou Purple. Terry Richardson, c’est vrai, aime les lumières sales et crues, la nudité brute voire repoussante.

Mars 2010, la Fashion week de Paris et comme un parfum de scandale : le mannequin suédois Rie Rasmussen lâche une bombe dans l’univers de la mode en dénonçant le travail du photographe Terry Richardson comme dégradant à l’égard des femmes. Plus encore, elle l’accuse de prendre des jeunes filles, de les manipuler pour qu’elles enlèvent leurs vêtements, de leur faire accepter des clichés dont 08

elles ont honte, des jeunes filles si effrayées qu’elles ne peuvent dire non au célèbre photographe, dans l’impasse de se défendre ellesmêmes… Scandale ou nouveau coup de pub pour le sulfureux Terry Richardson ? Mais qui est donc cet individu provocant qui défraie la chronique depuis une quinzaine d’années ? Stars du porno, grands mannequins, transsexuels, péquenots, amis, animaux et célébrités se livrent comme jamais devant son objectif. Et si vous vous demandez

Il aime aussi les cuisines, la rue et déteste les fards et les artifices… mais l’artiste est avant tout, comme l’ont dit certains, « un concentré de testostérone et d’hormones mâles puissance 1000, mixés avec un peu de chemise à carreaux façon bûcheron punk et une paire de lunettes volées à un camionneur fan d’Yves Saint Laurent ». Il pourrait être le complice de Starky ou Hutch, tant il tient et du grand blond et du petit brun. Il est myope, c’est important : sa cécité est son outil de travail préféré. « Le mieux, c’est dans le noir… quand on ne sait plus vraiment ce que l’on shoote. Beaucoup de mes clichés sont des accidents », confie-t-il. Né en 1962 à New York, il grandit à Hollywood, élevé par une maman styliste et beatnik qui sortira avec

Jimi Hendrix et un père photographe de mode, omniscient et tyrannique qui convolera à 42 ans avec Angelica Huston alors âgée de 17 ans. Enfant, il entend des voix, est incontrôlable et est reconnu comme psychologiquement atteint mais refuse de se laisser approcher par les médecins. C’est la photographie qui sauve cet adolescent perturbé. Aujourd’hui, Terry Richardson est LE photographe alternatif et le monde de la mode s’arrache ce dépressif schizophrène … Avec lui donc, pas de lumières léchées, pas de corps lisses ni d’épilation impeccable, pas de perfection. Odeur de soufre, scandaleux, pornographe, trash ou simplement rock and roll ? À vous de juger avec cette nouvelle édition de Terryworld qui n’est autre qu’un catalogue exhaustif de son travail enrichi de plus de 70 nouvelles images …

Editions Taschen

Disponible Chezlegrandbag,


A R T Texte : FRAC Champagne-Ardenne • Photo © Tom Burr / Nylon nude / 2010 / Fonte, radiateur peint, socle en bois, bas en nylon /121.9 x 91.4 x 91.4 cm / Courtesy de l’artiste et Bortolami Gallery, New York.

TOM BURR GRAVITY MOVES ME

Exposition du 4 février au 17 avril 2011 au FRAC Champagne-Ardenne Vernissage le jeudi 3 février à 18h

Tom Burr est un artiste américain né en 1963 à New Haven qui vit et travaille à New York. Son Oeuvre (sculptures, photographies, dessins, collages, installations) revisite le vocabulaire formel des avant-gardes et néo-avant-gardes artistiques, et mêle références littéraires, cinématographiques et musicales, iconographie pop, culture homosexuelle, esthétiques underground, architecture, design et mode. L’investigation conceptuelle qu’il mène questionne de quelle manière l’identité, en particulier l’identité sexuelle, se construit ou est au contraire contrainte par la société et ses espaces physiques. L’artiste reprend le mode d’appropriation de l’art des années 1980 comme une stratégie permettant de revisiter des oeuvres du passé et d’en révéler des significations différentes. Ainsi, il reconfigure une histoire non plus figée dans le temps et l’espace, mais au contraire parfaitement ouverte et permettant d’éclairer et de transformer le présent. Ses plus récentes expositions personnelles ont notamment été présentées au Museum für Gegenwartskunst de Bâle, à la Städtische Galerie im Lenbachhaus und Kunstbau de Munich, au SculptureCenter et au Swiss Institute de New York, à la Secession de Vienne et au Musée Cantonal des Beaux-Arts de Lausanne. Il est représenté par Bortolami Gallery, New York ; Franco Noero, Turin ; Neu, Berlin ; Galerie Almine Rech, Paris ; Stuart Shave/Modern Art, Londres. L’exposition Gravity Moves présente des oeuvres intrinsèquement liées les unes aux autres et directement connectées à Deep Purple, une sculpture monumentale réalisée en 2000. C’est sous l’angle de « l’effet » produit par le passage du temps, sur les corps comme sur les objets qui les entourent, que l’artiste envisage en effet la notion de « gravité ». Ce mot décrit aussi bien les actions de la pesanteur sur un corps donné, mais il peut également être entendu comme un état cérébral décrivant des pensées sérieuses, sombres, parfois même morbides qui, paradoxalement, sont celles qui font naître l’humour véritable, celui qui émerge d’une prise de conscience du déclin, du délabrement et de la disparition inéluctable. Deep Purple est une réplique en bois et au deux tiers de sa taille initiale de la célèbre sculpture Tilted Arc (1981) de Richard Serra rendue modulable, adaptable et déplaçable. C’est bien la notion d’in situ, et à travers elle toute l’histoire de la sculpture contemporaine, qui est ici convoquée afin d’en repousser les limites tant formelles que conceptuelles. De par la trajectoire exceptionnelle de l’oeuvre de Serra et le procès surmédiatisé qu’elle généra, cette oeuvre articule également des problématiques liées à l’architecture et à l’espace public avec des questions de politique, de sociologie, de psychologie, etc. Son titre fait notamment référence au célèbre groupe de rock britannique éponyme, à une couleur prisée par la communauté homosexuelle ou à celle du deuil, ou encore aux rideaux pourprés de cer-

taines nouvelles d’Edgar Allan Poe. Les références récurrentes à de grandes figures de l’histoire de la culture, au sens large, répondent au désir de l’artiste de se situer en tant que tel et d’intégrer ses gestes à l’intérieur du champ du modernisme, tout en générant de multiples lectures possibles. Le titre de l’exposition de Tom Burr, Gravity Moves Me, rend hommage à Carl André, autre grande figure du Minimalisme avec Richard Serra. Avec ses oeuvres composées de plaques en acier alignées directement sur le sol, Carl André a durablement conditionné la relation du spectateur à l’oeuvre en mettant à bas plusieurs des caractéristiques principales de la sculpture, dont la verticalité, le geste, la technique et l’autonomie de l’oeuvre, et en avançant l’idée que la sculpture est le lieu de l’oeuvre. Tom Burr entreprend donc de questionner et tester ces notions. Différentes choses sont en effet révélées en fonction de son positionnement sans qu’il n’y ait jamais de point de vue unique ou idéal. Cette exposition investit la totalité des espaces FRAC de Champagne-Ardenne. La longue rampe qui s’étend au rez-dechaussée du FRAC apparaît comme une référence à Seedbed, la performance légendaire que Vito Acconci réalisa en 1972 à la galerie Sonnabend de New York. Elle constitue une surface picturale que l’on imagine plus volontiers accrochée à un mur. Tout comme l’ensemble des œuvres exposées, elle représente également une forme hybride entre différents corpus d’oeuvres

créées précédemment : les plateformes, les pièces murales intitulées « Bulletin Boards » et les cloisons. Parallèlement, des murs sont ici couverts, enveloppés, protégés, vêtus de lourdes étoffes, et semblent véritablement danser dans les espaces d’exposition. Ils font écho à une série de « jupes » qui révèlent une nudité de ces espaces et qui, sans elles, nous aurait autrement échappé. Enfin, une série de collages prend pour mesure un carreau standard de linoléum. Ils constituent des fragments dont les relations ne peuvent apparaître dans leur totalité et nécessitent d’opérer des déplacements, de prendre de la distance ou au contraire de les examiner au plus près. Une anthologie de textes de Tom Burr, éditée par le FRAC Champagne-Ardenne, est actuellement en préparation et sera publiée dans le courant de l’année 2011. Gravity Moves Me, première exposition institutionnelle de Tom Burr en France, réunit un ensemble d’oeuvres inédites spécialement conçues par l’artiste pour les espaces du FRAC Champagne-Ardenne. Commissaire de l’exposition : Florence Derieux Avec le soutien de Champagne Deutz.

FRAC Champagne-Ardenne 1 Place Museux • 51100 Reims • 03 26 05 78 32 frac-champagneardenne.org 09


A R T Texte : Alexis Jama-Bieri • Photo : © NMNM / Adrien Missika

NMNM L’ART DYNAMIQUE

En entrant dans ces lieux, au-delà du tumulte que raconteraient les murs, l’esprit apaisé peut contempler les œuvres peuplant ces espaces. Ici enfin, la vie réinterprétée sur cimaises s’impose. La Principauté a réuni deux villas en un seul établissement : Le Nouveau Musée National de Monaco. Sauber et Paloma dialoguant en un étrange et passionnant rapport de séduction. Séduction entre les esthétiques, les œuvres, se dévoilant au visiteur, qui d’emblée s’abandonne au chant de Circé orchestré avec maestria par les artistes. Ces deux visages du musée proposent chacun deux expositions par an, destinées à valoriser un patrimoine méconnu et à favoriser la découverte de la scène contemporaine. Marie-Claude Beaud s’est vu confier par la Principauté, en 2009, la direction de ce projet dédié à la culture et à l’art, après avoir présidé à la destinée de nombreuses institutions prestigieuses de l’art contemporain (Fondation Cartier pour l’art contemporain, American Center à Paris, musées de l’Union Centrale des Arts Décoratifs, Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean à Luxembourg). Refusant tout type de cloisonnement, elle défend un art constitué de rencontres et de confrontations, entre formes, qu’il s’agisse notamment d’art contemporain, d’arts appliqués, de graphisme, d’architecture ou de mode, et entre art et public. Interview.

Comment êtes-vous arrivée à Monaco et pourquoi ? Qu’estce qui vous a plu dans ce projet Monégasque ? Je suis venue en Principauté, il y a 6 ans, car SAR la Princesse de Hanovre m’avait demandé de repenser le prix d’art contemporain de la Fondation Prince Pierre pour le revitaliser. J’avais par ailleurs un pied dans l’histoire de Monaco car je fus membre du jury pour la sélection de Jean-Michel Bouhours, mon prédécesseur au musée. Lorsque la Principauté m’a proposé de venir prendre en charge le musée, je connaissais alors la vie à Monaco, le pays, le musée, je savais comment ça fonctionnait et je n’ignorais pas la situation, notamment que le musée en mer ne se ferait pas. Et je trouvais qu’en fin de carrière, c’était particulièrement intéressant de développer un projet avec un potentiel important. Je me suis donc donné 3 ans pour atteindre mon objectif avec ce musée. Comment avez-vous conçu le projet du NMNM ? Je suis arrivée l’année dernière sur ce projet. Il y avait déjà une équipe qui existait, j’ai donc juste posé la question, en arrivant, de la mise en cohérence d’un ensemble de musées répartis sur deux villas. Pour la Villa Paloma, l’architecte était déjà choisi par mon prédécesseur et le projet était une préfiguration de musée en mer. À la Villa Sauber, la collection « de Galéa » (poupées et automates, ndlr) avait laissé place à l’exposition consacrée aux ballets russes. En réfléchissant avec l’équipe, on s’est dit qu’il y avait 2 thématiques à aborder, en lien avec Monaco : les arts du spectacle (tradition de Monaco) et tout ce qui concernait la nature et le paysage, car la vision qu’on a de Monaco peut paraître contraire à celle d’un paysage, même si c’est un paysage. À partir de là nous avons lancé l’élaboration du projet, en matière de collection, de ce qu’on présente au public et déterminé comment et avec qui l’on travaille. Pour moi un musée c’est un véritable projet, et pas un lieu simplement mis à disposition de personnes qui ont des idées pour faire des expositions. Quelle est la spécificité du public Monégasque ? Ce public n’a pas de spécificité, il est très varié, pas forcément connaisseur en art au départ et parfois superficiel. Mais il y a sur ce territoire des individualités incroyables ! En revanche, il existe une image 10

facilement caricaturale de Monaco liée à un côté «bling bling» associé à un imaginaire de casino et de luxe ostentatoire, mais l’art peut se reconnaître aussi dans tout ça : des artistes jouent au casino, donc tout est lié quelque part. Particulièrement, des lieux comme le casino développent-ils des partenariats avec vous ? Ce sont des lieux incroyables ! Le casino serait évidemment un partenaire naturel, si on faisait notre projet d’exposition autour de Marcel Duchamp, fin connaisseur des casinos. Ce sont des lieux patrimoniaux uniques, à l’image de Monaco ? J’espère en tout cas que la Principauté saura conserver ces lieux patrimoniaux, même le patrimoine moderne, et les préserver pour éviter qu’ils disparaissent totalement... Il n’y a pas encore de procédure de classement des bâtiments, mais il y a quelques frémissements encourageants de ce côté là. Par exemple, à proximité de la Villa Paloma, il y a l’ancien musée d’anthropologie préhistorique, qui date des années 60 : il va être restauré fin décembre pour être ensuite rouvert au public. Ces bâtiments sont incroyables, très bien dessinés avec de grandes baies vitrées et s’intègrent intelligemment dans leur environnement. D’ailleurs l’architecture a une place importante à Monaco. Comment vous est venue l’idée, le concept de votre exposition actuelle « La carte d’après Nature » ? Certains vont peut-être trouver cette exposition trop intellectuelle, mais le public peut l’apprécier sans pour autant connaître le travail de Thomas Demand ou celui de René Magritte. Elle permet, avec ses liens visibles, réels, une nouvelle lecture de Magritte, confronté ici aux autres artistes. Tout se tient et interagit : Il y a des oeuvres de différentes techniques, médiums, pays ou générations, mises en symbiose. Thomas Demand était pour cette exposition le meilleur curateur possible. Il a établi tout son travail sur le faux, le vrai, la représentation, et le paysage, une thématique qui l’habitait depuis longtemps. Il y a un rapport important ici au paysage et à la mer. Il a eu toute liberté et nous ne sommes pas intervenus dans ses choix artistiques. Il est très généreux - c’est

un collectionneur (et les artistes collectionneurs ont un autre regard) : il digère l’art pour mieux le restituer au public. Tout est lié dans ce projet, car Demand collectionne les œuvres de Luigi Ghirri, à cause de Magritte, dont Ghirri était passionné, et ça se voit sur ses photographies. Et puis, il y a toujours une part d’imprévus heureux dans la genèse d’un tel événement. Par exemple, ma rencontre fortuite chez Colette à Paris avec Charly Herscovici l’ayant droit de René Magritte, que je connais depuis très longtemps, qui nous a permis de présenter des œuvres de Magritte dans l’exposition. Quel rapport à l’art avez-vous souhaité créer avec le public ? Une exposition, c’est une rencontre avec l’imaginaire des gens. Tout est lié à un complexe système mental - j’aime beaucoup ce que dit François Morellet : « chaque visiteur vient avec son pique-nique ». Il a raison, on vient avec son pique-nique, on le développe quand on regarde une exposition. C’est le but d’un tel événement : que le public développe sa propre culture et comprenne, avec ses acquis, ce qui se passe en face de lui. Il y a plusieurs niveaux de lecture, et c’est ce qui est riche !

La Carte D’après Nature

Une sélection d’artistes par Thomas Demand

Jusqu’au 22 février 2011 Avec Kudjoe Affutu, Saâdane Afif, Becky Beasley, Martin Boyce, Tacita Dean, Thomas Demand, Chris Garofalo, Luigi Ghirri, Leon Gimpel, Rodney Graham, Henrik Håkansson, Anne Holtrop , August Kotzsch, René Magritte, Robert Mallet-Stevens, Jan et Joël Martel, Sigmar Polke et Ger Van Elk. Villa Paloma • 56, boulevard du Jardin Exotique • Monaco

Looking Up...

Yinka Shonibare, MBE

Jusqu’au 30 avril 2011 Un dialogue entre l’imaginaire des collections des arts du spectacle monégasques et l’univers d’un artiste anglo-nigérian. Villa Sauber • 17 avenue Princesse Grace • Monaco


A R T Texte : Alexis Jama-Bieri • Photos : © Isabelle Giovacchini

ISABELLE GIOVACCHINI SUBLIMATION DU MUTISME ET DU VIDE

Exposition du au Chez Vernissage le

19 janvier 18 mars 2011 Pomme Z 18 janvier à 19h

Originaire de Nice, diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure de la photographie d’Arles, Isabelle Giovacchini développe un art qui, s’il s’éloigne du réalisme parfois trop soigné de la photographie, rapproche d’autant mieux le spectateur de son essence même : sublimer le réel dans une quête de sa représentation la plus (in)juste, Saint Graal de l’artiste visuel. Jeune artiste de près de 30 ans, elle élabore une œuvre, sur la voie de sa maturation, puisant ses sources dans la photographie et s’en extirpant pour s’exprimer dans de multiples médiums (photomontage,vidéo, installations…). Elle réalise notamment des vidéos d’hyménoptères réagissant à d’artificiels stimuli (série Lasse), des dessins de becs d’oiseaux miniatures (série cloués), darwinisme fait art, s’exprimant ici dans une typologie quasi scientifique, des photographies de parasites d’arbres épinglés, quasi entomologiques, des livres sans textes, où l’annotation du lecteur devient ode plastique, des vidéos, où les anciennes images se muent en sampling du mouvement, des installations mêlant matières brutes et instruments de projection en lanternes magiques revisitées (série Ambre), ou proches de la démonstration scientifique... Expérimentation et mouvement perpétuels - froids, poésie et fantastiques - chaleureux, sont les versants dichotomiques, d’un art homogène réalisé au scalpel… envoûtant tel un rêve du réel. Interview.

Comment êtes-vous passée d’un travail de photographe à un travail d’artiste « conceptuelle » ? Étrangement, en étudiant à l’École Nationale de la Photographie d’Arles. Les fondements techniques et théoriques de ce médium m’interpellaient, mais je ne voulais pas appuyer sur le déclencheur. J’ai donc arrêté de photographier pour commencer une sorte d’entreprise de déraillement. J’utilisais les objets comme s’il s’agissait d’appareils photo. Au travers de ces expérimentations, l’art conceptuel n’est pour moi qu’un prétexte pour introduire autant que possible du mutisme et du vide. Quelles méthodes utilisez-vous principalement pour sublimer votre travail sur la représentation ? Je mets au point des modes opératoires. Je me sens comme un inventeur qui aurait découvert la photographie mais qui en aurait fait un tout autre usage. Vos thématiques, hétéroclites, constituent un corpus toutefois cohérent et très personnel, allant du monde animal aux expérimentations scientifiques farfelues. Comment effectuez-vous vos choix pour vos créations ? Quelles sont les lignes conductrices de votre réflexion ? Je choisis volontairement des sujets qui me sont étran-

gers et j’en sélectionne des détails qui dérapent, qui dissonent. Je sonde ces « tâches aveugles ». Quant aux lignes conductrices, j’essaie de travailler sur la disparition ou la latence de certains signes, afin d’éprouver les limites du représentable et d’en révéler les traces les plus volatiles. Votre œuvre distille, avec une méthodologie scientifique, un univers à la limite du fantastique… La recherche d’une limite entre réel et irréel, un lieu où l’aberration donne toute sa signification au paradigme du réel ? L’aberration résulte de modes opératoires ignorant le fonctionnement usuel des machines, de l’image ou du discours. J’expérimente : ça fonctionne en dysfonctionnant. Qu’importe la réalité, il s’agit pour moi d’expérimenter des possibilités plastiques inengendrées.

tion du réel (vecteur de liberté de pensée)…? J’espère avoir une démarche cohérente et j’estime qu’une certaine médiation en aval est toujours nécessaire afin d’exposer la règle du jeu. Finalement, si je déploie souvent des jeux de langage très hermétiques, ce n’est qu’en apparence. L’expérience esthétique prime sur le concept, ce qui ne signifie pas qu’elle puisse ou doive s’en débarrasser. Vous exposez prochainement à Reims, en collaboration avec le FRAC Champagne-Ardenne et Chezlegrandbag. Qu’allez-vous présenter comme œuvres ? Le titre de l’exposition est Gisants et transis. On y trouvera un ensemble de vidéos, de dessins et une installation qui abordent la question de l’organique, du résidu et de la trace.

En fait, vous êtes une plasticienne de la photographie… Vous considérez-vous encore comme photographe ? Plasticienne peut-être, photographe certainement pas.

Pomme Z Communication

Pensez-vous que la médiation, par l’éducation de l’œil et de l’esprit puisse permettre au grand public d’étendre son champ de la percep-

92 rue Du Barbâtre • 51100 Reims • 03 26 40 08 88 pomme-z.fr isabellegiovacchini.com 11


M U S I Q U E Texte : Steeve Grandsire • Photo : DR

EARTH ANGELS OF DARKNESS, DEMONS OF LIGHT 1 À quelques semaines de la sortie du nouvel album du groupe Earth, Dylan Carlson, leader de la formation de Seattle, a répondu à nos questions. Ce dernier nous livre ses sentiments quant à la sortie d’un disque de rock progressif aux penchants Drone-doom. « Angels of darkness demons of light 1 » qui est une suite logique à leur précédent disque « Bees made honey in the lion’s skull » de 2008 très bien accueilli par la presse musicale indépendante.

Votre musique est calme, lente et introspective. N’avez-vous pas envie de temps en temps de vous énerver de l’accélérer ? N’avezvous pas des moments de violence musicale ? Maintenant que je suis plus âgé, la vengeance n’est plus une force motrice de ma vie, et je n’ai pas envie que ma musique soit tout aussi violente que je peux l’être. Cela dit, la violence et la colère font partie de l’existence et l’émotionnel est le maquillage de tous les humains. Tout ceci fait partie de la musique, surtout rock, folk, blues/jazz et de country/western. Par conséquent, il y a de la violence dans Earth.

ficateur au lieu de quelques sirupeux sons classiques. Lori est une partie intégrante du groupe. J’aime aussi la façon dont les cordes donnent une vague, le sentiment à la musique. J’aime que les cordes sonnent comme une voix mélodique.

Quelles ont été vos sources d’inspiration pour Angels of Darkness, Demons of Light 1 ? En ce moment je suis musicalement obsédé par la folk/rock anglaise comme les groupes Fairport Convection et The Pentangle. Je suis aussi dans une histoire de fées, la chanson Father Midnight a été inspirée par et dédiée à Fred Chichin des Rita Mitsouko.

Vous sentez-vous proche de groupe comme Mogwai, Godspeed, The winchester club, qui font du rock instrumental shoegazing ? Pas du tout !

Comment allez-vous présenter le futur album sur scène ? Avez-vous des projets pour cette tournée ? Où allez-vous voyager ? Nous allons faire une tournée au Royaume-Uni et en Europe d’avril à mai 2011. Nous jouerons beaucoup de nouvelles chansons, les plus susceptibles de se faire à l’improvisation ainsi que des chansons plus anciennes et de nouvelles matières en fonction du temps. Pour la tournée du groupe, il y aura Adrienne Davies à la batterie avec Lori Goldston au violoncelle, Angelina Baldoz à la guitare basse et moi.

Quels groupes actuels vous intéressent ? Cold lake, O paon, Rose Kemp, Daniel Higgs, The Smoke Fairies, Tinariwen, Miranda Lambert, Black Tide, Wolves in the throne room. Votre musique évoque beaucoup d’images lors de l’écoute, avezvous été approché par des réalisateurs pour faire une bande originale ? Est-ce que ça vous plairait de travailler avec ce genre de contraintes ? Nous avons eu récemment l’un de nos morceaux utilisé dans le film de Jim Jarmusch, The Limits Of Control, et une chanson utilisée dans The Art of the Steal. J’aimerais un jour avoir l’opportunité de faire une bande-son. L’arrivée du violoncelle donne un côté plus chaleureux par rapport à The Bees Made Honey in the Lion’s Skull, pourquoi un tel choix ? J’aime la façon dont le violoncelle est joué par Lori. Elle joue beaucoup de genres de musique, en grande partie improvisés. Elle utilise son violoncelle tel un instrument rock qu’elle fait passer à travers un ampli-

The Bees Made Honey in the Lion’s Skull a été très bien accueilli par la presse et le public, êtes -vous stressés pour le futur disque ? Non, je n’ai pas peur de cette sortie. Je suis très heureux, et pense que c’est un grand disque ...

Qu’est-ce qui vous plait le plus dans votre vie actuelle ? Être en vie et faire le tour du monde pour jouer devant le public.

Le public français ne comprend pas toujours l’anglais, pouvezvous nous expliquer le titre des chansons et le rapport avec le titre Angels of Darkness, Demons of Light 1 ? La chanson-titre a été entièrement improvisée en studio, une composition spontanée, la chanson a été jouée sans modification, et ce nom est venu spontanément. J’aime jouer avec les contradictions car, en tant qu’être humain, on est souvent pris au piège.

Avec qui aimeriez-vous travailler pour un futur enregistrement ? Je n’en suis pas sûr pour le moment... Aimez-vous des groupes français ? Lesquels ? J’aime les Rita Mitsouko, Magma, Shylock, Françoise Dorléac...

www.myspace.com/earthofficial

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CHEZLEGRANDBAG Concept Store privé 2 impasse de la Salle • 51100 Reims Ouvert le mercredi, vendredi, et samedi de 14H à 19H

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JC de Castelbajac / Alexander Mc Queen / Marc Jacobs / Kris Van Assche / Paul & Joe / Naco Paris / Erotokritos... (Photo : collection Erotokritos)


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23/09/09

14:24

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L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. CONSOMMEZ AVEC MODÉRATION.


C D

R E V I E W S

Texte : Steeve Grandsire • Photos : DR

The Bewitched Hands

Twin Shadow

Good Old War

Birds & drums

Forget

Good old war

(Look hum no hands / Sony)

(4AD / Naïve)

(Sargent House / Differ-ant)

Méfiance, cet album fait l’unanimité dans la presse. Arfff ! cette fois pas le choix, il va falloir nous rallier à la majorité. Comme tous les médias, à notre tour, nous nous inclinons devant le premier album de ces rémois au potentiel de sympathie indéniable. Chaque titre regorge des mélodies pop et rythmes rock donc l’incrustation sonore fait vite son effet. C’est comme si des chants d’oiseaux (« Birds ») ne quittaient plus votre cerveau car plantés aussi fort qu’on peut taper sur des batteries (« drums »). C’est une vraie chorale déjantée, ordonnée, violente et douce qui s’invite dans votre salon. Nous aimerions vous conseiller tels ou tels titres, mais impossible d’en sortir du lot tellement chaque composition est indispensable. L’album est une déclinaison de tout ce que la scène indie peut faire de mieux, nous avons l’impression que chaque membre du sextuor a ensorcelé ses camarades pour lui transmettre sa propre culture musicale. C’est ce mélange d’influences qui crée leur propre univers duquel vous n’aurez pas envie de sortir.

Il ne les a pas connues, mais il sait les recréer. Le jeune George Lewis Junior aka Twin Shadow à l’air de connaître mieux les années 80 que ceux qui les ont vécues. Le look y est déjà pour beaucoup : moustache, t-shirt bariolé, badges, chaîne en or... tout y est pour créer l’illusion. Côté musique, nous trouvons des synthétiseurs et ses nappes sonores omniprésentes, un batterie aidée d’une boîte à rythmes, une basse au groove typique d’antan et une voix parfois proche du grand Morrissey, personnage récurrent des années qui font parfois honte. J’espère que nous ne vous avons pas fait peur en parlant de cette époque, car cette fois, aucune faute de goût de la part de Twin shadow. Une efficacité naturelle et une simplicité sonore sont de mise, les titres s’enchaînent spontanément et stimulent votre corps de danseur frustré. George a un don musical qui lui permet de faire oublier le son vintage qui rebute certain. Comme on aurait dit à l’époque : « Ce disque est plein de hits ! »

La neige ayant fait son apparition nous renonçons aux sorties et décidons de ranger nos intérieurs, c’est à ce moment que les découvertes font d’excellentes coïncidences. Nous sommes tombés sur ce disque posé sur une étagère depuis cet été, on se dit qu’une partie de la chaleur estivale y est peut-être enfermée... Effectivement c’est un son teinté par le soleil qui sort de nos enceintes. Good Old War opère un folk marqué par la Pennsylvanie d’où le trio est originaire. Les amateurs de Fleet Foxes et Blitzen Trapper y trouveront satisfaction. Certes ils n’ont pas la prétention d’inventer un univers sonore, mais la voix chaleureuse de Keith Goodwin offre à ce disque une légitimité. Ils signent ici leur second album marqué par une évidence musicale, les titres s’enchaînent naturellement et les mélodies restent en tête sans aucun esprit belliqueux comme le titre du groupe pourrait le laisser croire. En effet, leur nom est simplement composé des syllabes de leurs patronymes : Keith Good’vin, Tim Arn’old et Dan Sch’war’tz.

M U S I Q U E Texte : Alexis Jama-Bieri • Photos : DR

HAARPBAND ART VIBRANT Au-delà des notes et des rythmes, une ambiance : Haarpband, c’est le nouveau projet d’Eric Pajot et de Raphael Elig, deux quadra parisiens, créateurs éclectiques imprégnés de classicisme et d’avant-gardisme. Eric Pajot est un touche-à-tout. Son art s’exprime aussi bien dans la création musicale expérimentale ou axée clubbing, les arts visuels et la performance (Palais de Tokyo, Centre George Pompidou, Fondation Cartier…). Membre du duo Radio Mentale à partir de 1992, il a participé aux premières techno parties parisiennes. Raphaël Elig, après avoir étudié la musique classique et expérimentale à l’ENM de Paris puis au CCRMA de Stanford (et composé, encore étudiant, « J’me fais du bien » et « les garçons aiment les filles » oubliables œuvres de jeunesse de la fin des 80’s), oriente son travail vers la recherche d’une conjonction entre des compositions au fond classique et la contemporanéité de la culture électronique et de ses images. Il crée principalement des musiques pour la publicité, des chansons à la tonalité anglo-saxonne et des vidéos empiriques à partir de films anciens qu’il met en musique. Deux parcours qui se rejoignent au XXIème siècle en une complémentarité contemporaine, riche de ses différences…. À découvrir ! Interview. Comment votre projet s’est-il formé ? Nous nous connaissons depuis de nombreuses années, et nous nous sommes retrouvés en 2003 pour collaborer sur un projet de collection d’art numérique intitulé DVD by Numbers, édité chez Sony music Video. À cette époque, nous avons commencé à composer des titres pour un autre projet, toujours inédit aujourd’hui, appelé Robopop. Plus récemment nous nous sommes lancés dans le projet HaarpBand. Et quel y est le rôle de chacun ? Raphaël joue du piano debout et Eric chante assis, voire couché. Comment qualifieriez-vous votre musique, ses racines, ses influences ? Notre musique est une équation algorithmique et rythmique, auto alimentée par nos cortex dont l’imagination est sans limites. Que souhaitez-vous apporter au public qui vous écoute ? La joie telle que Spinoza l’entendait 14

dans L’éthique : « une passion par laquelle l’âme passe à une perfection plus grande, car la joie n’est pas un état mais un passage ». Quelles sont vos instrumentations ou sonorités de prédilection : acoustiques ou synthétiques, compositions épurées ou orchestrations baroques...? Acoustiques et synthétiques, des compositions épurées et des orchestrations baroques. Tout ça nous convient assez bien et nous en jouons en permanence.

brute et noire, telle une chrysalide de carbone prête à renaître en diamant…limpide et étincelant ! Quels sont vos projets à venir (nouveaux titres, concerts, vidéos…) ? Début 2011, la sortie numérique de 5 titres originaux sous le nom HaarpBand, chez Ricorder Paris, et d’autres clips vidéo dans la foulée… ainsi qu’une série de titres plus club sous un autre nom probablement !?

Votre premier clip « Black Diamond » procure à la fois une impression de liberté, au cœur d’une forêt, et d’oppression par la situation du protagoniste. Concret et fantastique à la fois…il véhicule une réalité irréelle… Oui ! En effet, teinter le réel de fantastique et d’onirisme est notre mission musicale et visuelle !

Pour vous, la musique est-elle une fin en soi, la réalisation concrète d’une œuvre…Vanité ? Ou bien un mode de vie, l’expression du quotidien vécu ou rêvé, de choses fantasmagoriques ou réelles (presque) à partager…Utopie ? Les deux mon camarade ! Ce projet nous tient à cœur bien sûr, mais évidemment le but est de partager notre vision et interprétation du monde avec le plus grand nombre.

C’est d’ailleurs bien à l’image de votre musique,

www.haarpband.com


A G E N D A

C A R T O N N E R I E

Texte : Alexis Jama-Bieri / La Cartonnerie • Photos : DR

CONCERTS

Foreplay Elektricity 3 Carto Kidz #6 Samedi 29 janvier • 22h

Vendredi 4 février

La Cartonnerie et Césaré présentent

Jeune public pour les 7-12 ans

LE FESTIVAL S’HABILLE EN KITSUNÉ

+ Logo (LIVE / photo ci dessous) + Is Tropical (LIVE) + Beataucue (DJ) + Art Nouveau (DJ) Au cœur de l’hiver, voici déjà venue la troisième Foreplay Elektricity, placée sous le signe de l’élégance et du détail, du plaisir et de l’abandon. Seule véritable soirée électro-rock rémoise alliant programmation de qualité et bon goût avéré, Foreplay Elektricity accueille cette fois de jeunes artistes, qui sont tous passés entre

JANVIER FÉVRIER

CARTO KIDZ #6 AVEC CHAPI CHAPO & LES PETITES MUSIQUES DE PLUIE Parce que les concerts ne sont pas réservés aux ados boutonneux, la Cartonnerie propose des concerts destinés au jeune public (et à leurs parents trentenaires) avec les soirées Carto Kidz, un rendez-vous musical proposé quatre fois par saison aux 7-12 ans. Une occasion de découvrir les courants musicaux en famille. Ici, le le niveau musical est adapté aux enfants et un vestiaire gratuit est à disposition. Au programme de la sixième édition, Chapi Chapo utilise pour ses petites musiques de pluie un arsenal multicolore et pacifique d’instruments-jouets, s’inscrivant dans le courant de la toy-music (comme Pascal Comelade, Pascal Ayerbe ou Yann Tiersen). Une mini symphonie de jouets se met en marche pour créer de délicates mélodies, une musique

SAM 15 JAN I 20H

CABARET DES ROIS

AVEC PANICO I YUSSUF JERUSALEM JANSKI BEEEATS I PIANO CHAT VEN 21 JAN I 20H I METAL

BLOCKHEADS I NESSERIA N’CEST

SAM 22 JAN I 20H I POP ROCK

MIND THE ROCK9 AVEC JAMAICA

POLLUX FROM RIO I CURRY & COCO

MORIARTY & PREMIERE PARTIE VEN 28 JAN I 20H I CHANSON

GAVROCHE & PREMIERE PARTIE SAM 29 JAN I 22H I ELECTRO

gratuit pour tous

JEU 27 JAN I 20H I POP FOLK

AVEC LOGO LIVE I BEATAUCUE DJ IS TROPICALLIVE I ART NOUVEAU DJ MER 02 FÉV I 20H I POP ROCK

AN PIERLÉ & WHITE VELVET I AGNÈS OBEL VEN 04 FÉV I 18H30 I POUR LES 7-12 ANS

CARTO KIDZ#6 AVEC CHAPI CHAPO & LES PETITES MUSIQUES DE PLUIE SAM 05 FÉV I 20H I MÉTAL

MASS HYSTERIA I THE ARRS HARMFUL MIND

www.elektricityfestival.com 10€ / 13€ / 15€ / 17€

riche et envoûtante, pleine d’images et de sensations. Pianos-jouets, mélodicas, trompettes et guitares en plastique, xylophones colorés, pistolet à bouchon, sifflet à turbine, mais aussi ukulélé, scie musicale, harmonica... composent le monde incroyable et magique de Chapi Chapo. Parfois un peu mélancolique sur disque, la musique de Chapi Chapo s’anime en live et prend une tournure mi-twist, mi- sautillante assez irrésistible. Un véritable moment de bonheur à partager en famille...

Patrice Elegoet : jouets, flûtes

Christophe Campion : jouets, percussions, guitare, flûte, mélodica

Pascal Moreau : jouets, percussions, ukulele, guitare

Bertrand Pennetier : jouets, mélodica, guitare Une séance scolaire est aussi proposée à 14h au tarif de 5€ par enfant (gratuit pour les accompagnateurs), n’hésitez pas à en informer l’instituteur de votre enfant.

MAR 08 FÉV I 20H I REGGAE

DUB INC. & PREMIÈRE PARTIE MAR 08 FÉV I 19H À LA COMÉDIE DE REIMS

CYCLE MUSIQUES DU MONDE

ZERITU I CABARET AZMARI VEN 11 FÉV I 20H I POP FOLK

COCOON & PREMIÈRE PARTIE SAM 12 FÉV I 20H I CHANSON

JP NATAF I FLORENT MARCHET JEU 17 FÉV I 20H I ROCK

MADEMOISELLE K RATSINGER

MER 23 FÉV I 18H30 I PROJECTION CYCLE MUMA

MIROIR NOIR DOCUMENTAIRE SUR ARCADE FIRE MER 23 FÉV I 20H I SOUL

BEN L’ONCLE SOUL & PREMIÈRE PARTIE

VEN 25 FÉV I 20H I BLUES ROCK

LES NUITS DE L’ALLIGATOR#6 AVEC THE LEGENDARY TIGERMAN I JAKE LA BOTZ BLOODSHOT BILL

SAM 26 FÉV I 21H I TECHNO

Pour toute info sur la séance scolaire : 03 26 36 72 40 ou www.cartonnerie.fr Tarif unique 8€ • Tarif enfants de moins de 12 ans 5€

NETWORK23 CHIP JOCKEY CREW

69 DB I CRYSTAL DISTORTION I IXINDAMIX I JEFF23 I VJ’S Locations : la Cartonnerie (sans frais de locations), Fnac, fnac.com, Carrefour, Géant, Auchan, Leclerc, Magasins U, Virgin, Cora, Cultura, 0 892 68 36 22 (0.34€/min), digitick.com

La Cartonnerie 84 rue du Dr Lemoine • 51100 Reims Infoline 03 26 36 72 40 • www.cartonnerie.fr

LA CARTONNERIE I MUSIQUES & CULTURES ACTUELLES 84 RUE DU DOCTEUR LEMOINE 51100 REIMS I 03 26 36 72 40

WWW.CARTONNERIE.FR

#pour les abonnés, une place achetée = une place offerte

les mains de ce curieux objet qu’est Kitsuné. Kitsuné (renard en japonais) c’est LE label électro-rock, fondé par Gildas Loaec et Masaya Kuroki, qui affole les dancefloor depuis 2002. Véritable dénicheur et accompagnateur de talents, le label a lancé plusieurs artistes autour de leur concept fédérateur alliant dance, pop, rock et mode. Se considérant plus comme un laboratoire de talents que comme un label traditionnel, Kitsuné c’est de nombreux groupes flirtant avec une certaine hypitude tels que Boys Noize, Bloc party, Crystal Castles, Digitalism, Foals, Gossip, Klaxon, La Roux, MSTRKRFT, Phoenix, Riot in Belgium, Simian Mobile Disco, The Teenagers, Two Door Cinema Club, Yelle... et bien d’autres encore. Parmi ce vivier d’artistes, Logo, jeune duo parisien lancé il y a tout juste un an. Sur scène Logo confirme les impressions du EP La Vie Moderne, sans nul doute un des titres de l’année, avec un live tout simplement magistral ; Les trois hippies londoniens de Is Tropical célèbrent, derrière leurs masques, les noces des guitares et des machines. Rêveuse et futuriste, leur pop électronique aux accents post-punk incarne le psychédélisme de 2010, brillant par son insouciance ; Beataucue, djs prisés de la scène électro, débarquent à Reims après les Transmusicales pour mettre le feu à la Cartonnerie ! Dernière sensation du cru rémois, les deux ados au style impeccable de Art Nouveau, prennent le poste de résident. Des œuvres du vidéaste Jérôme Thomas seront projetées pendant cette soirée, en 5.1.

gratuit pour les abonnés (dans la limite de 100 places)

FOREPLAY ELEKTRICITY3


C I N É M A Textes : Valentin de La Hoz/Wild Bunch Distribution (Le discours d’un Roi) / Paramount Pictures (True Grit) • Photos : DR

Le discours d’un Roi

Prix du Public - Toronto 2010

De Tom Hooper son pays, d’autant plus que la Seconde guerre mondiale approchait.

D’après l’histoire vraie et méconnue du père de l’actuelle Reine Elisabeth, qui va devenir, contraint et forcé, le Roi George VI, suite à l’abdication de son frère Edouard VIII. D’apparence fragile, incapable de s’exprimer en public, considéré par certains comme inapte à la fonction, George VI devra vaincre son bégaiement pour assumer pleinement son rôle et faire de son empire le premier rempart contre l’Allemagne nazie. Il tentera de surmonter son handicap grâce au soutien indé-

fectible de sa femme et d’affronter ses peurs avec l’aide d’un thérapeute du langage aux méthodes peu conventionnelles. George VI qui s’attendait à mener une vie tranquille n’aurait jamais cru qu’il deviendrait roi. Mais un jour, son frère aîné Edouard VIII abdique pour épouser une Américaine. Il est alors intronisé roi d’Angleterre. Or il souffre d’un terrible bégaiement, au moment même où la radio s’impose comme un média de masse : du jour au lendemain, il doit s’adresser aux 58 pays qui composent l’Empire britannique, soit un quart de la population mondiale. Et pour être roi, il faut être un bon orateur doublé d’un excellent comédien. Il a non seulement dû s’exprimer avec clarté, mais être un modèle pour

Tom Hooper a découvert la pièce dont s’inspire le film par le plus grand des hasards : « Ma mère a été invitée, fin 2007, à la lecture d’une pièce dans un petit théâtre alternatif : il s’agissait de The King’s Speech. En sortant, elle m’a appelé et m’a dit : Je crois que j’ai trouvé le sujet de ton prochain film. Je lui ai dit que j’allais le lire, mais la pièce est restée plusieurs semaines sur ma pile de scénarios que m’envoyait mon agent. Au bout de quatre mois, j’ai fini par le lire et j’ai rappelé ma mère pour lui dire. Tu as parfaitement raison, c’est mon nouveau film. Le plus étonnant, c’est qu’aucun producteur n’avait repéré ce texte formidable… » Pour Hooper, il s’agit d’une histoire dans laquelle beaucoup de monde peut se reconnaître : « nous souffrons tous de blocages qui nous inhibent dans notre vie de tous les jours, qu’il s’agisse de timidité, ou de manque de confiance en soi en raison de notre physique, de notre intelligence ou de nos origines sociales, on se bat au quotidien pour surmonter ces complexes – tout comme George VI s’est battu pour vaincre son handicap ».

Bafta, et Cold Feet (1999). Pendant deux ans, il a tourné plusieurs épisodes de Eastenders qui a également remporté un Bafta. Ces dernières années, il a décroché un Emmy pour Elizabeth I (2005), avec Helen Mirren et Jeremy Irons, et a obtenu quatre Golden Globes et treize Emmy pour la série John Adams (2008), avec Paul Giamatti et Laura Linney. Inspirée du roman de David McCullough, cette série retrace l’histoire de la Révolution américaine à travers le regard du deuxième président des Etats-Unis. Tom Hooper a réalisé les neuf heures que comporte cette fresque historique, produite par Tom Hanks. Il a dirigé, plus récemment, la série The Damned United (2009), avec Michael Sheen dans le rôle du coach de football Brian Clough. D’autre part, il a mis en scène plusieurs pièces de théâtre à l’Université d’Oxford, avec Kate Beckinsale et Emily Mortimer, et réalisé plusieurs spots publicitaires. Au cinéma, il a signé le court-métrage Painted Faces, présenté au festival du film de Londres. On lui doit également Red Dust, avec Hilary Swank et Chiwetel Ejiofor.

Tom Hooper est un réalisateur britannique né en 1972. Il a tourné son premier film, Runaway Dog, à l’age de 13 ans, avec une petite caméra Bolex 16mm. Il filme pour la télévision et le cinéma. D’une part, il a réalisé pour la télévision Daniel Deronda, Love in a Cold Climate, qui a valu à Alan Bates une nomination au

Casting : Colin Firth, Geoffrey Rush, Helena Bonham Carter, Guy Pearce, Jennifer Ehle, Derek Jacobi, Michael Gambon, Timothy Spall, Anthony Andrews.

le corps et l’âme. Les personnages de Mattie, Rooster Cogburn et La Boeuf se heurtent alors avec violence, tandis qu’ils oscillent entre sauvagerie et vertu.

thèmes qui s’opposent dans True Grit – justice/vengeance, nature sauvage/sanctuaire, individualisme/loyauté, vraie vie/légende - sont intemporels, l’action, elle, se déroule à une époque très précise qui a toujours enflammé l’imagination de l’Amérique : les derniers jours de ce qu’on appelait « la frontière de l’Ouest ».

Sortie le 2 février

True Grit De Joel & Ethan Coen

Joel et Ethan Coen signent ici une adaptation qui rend hommage à l’humour franc et direct, au style puissant et à la beauté brute du classique de la littérature américaine, The Grit, paru en 1968 dans le Saturday evening Post sous la plume de Charles Portis. Ce récit fut étudié dans les écoles, puis est rapidement devenu un film en 1969 100 Dollars Pour Un Shérif de Henry Hathaway, avec John Wayne : un western viril au goût de Bourbon et aux effluves de poudre.

1870, juste après la guerre de Sécession, sur l’ultime frontière de l’Ouest américain. Seule au monde, Mattie Ross, 14 ans, réclame justice pour la mort de son père, abattu de sang-froid pour deux pièces. L’assassin s’est réfugié en territoire indien. Pour retrouver Chaney, l’assassin de son père et le faire pendre, Mattie engage Rooster Cogburn, un U.S. Marshal alcoolique. Mais Chaney est déjà recherché par La Boeuf, un Texas Ranger qui veut le capturer contre une belle 16

récompense. Ayant la même cible, les voilà rivaux dans la traque. Tenace et obstiné, chacun des trois protagonistes possède sa propre motivation et n’obéit qu’à son code d’honneur. Ce trio improbable chevauche désormais vers ce qui fait l’étoffe des légendes : la brutalité et la ruse, le courage et les désillusions, la persévérance et l’amour… Cette épopée puise sa force dans l’essence même du western pour raconter une histoire mythique sur le thème de la vengeance et de la valeur des hommes. Elle se penche sur l’instabilité du caractère américain, déchiré par les conflits entre la soif d’aventure et le besoin d’un foyer, entre le désir de réparer les injustices et le prix que ce même désir prélève sur

Les frères Cohen ont souhaité, non pas faire une adaptation de ce premier long-métrage, mais créer leur propre film à partir de l’œuvre romanesque de Portis, attirés par la construction de l’histoire autour d’une jeune fille que rien n’abat, et d’une aventure pétrie de brutalité, d’ironie et d’un âpre réalisme. L’histoire de Mattie est riche de l’humanité brute et de l’intelligence incisive et cinglante que l’on retrouve dans les films des Coen. Mais c’est aussi pour eux un film différent, marqué par un style de narration particulièrement affirmé, littéraire, émouvant et direct. Ce film est, quelque part, une exotique immersion au cœur des grands espaces américains, périlleux et fascinants. Ainsi, si les

L’histoire commence en 1870, à cette époque, les États-Unis ne comptaient encore que 38 États, et la bourgade où le père de Mattie a été assassiné, Fort Smith, dans l’Arkansas, était la ville-frontière la plus à l’ouest de la nation, juste avant le territoire indien, qui alors n’était rattaché à aucun État, mais allait devenir l’Oklahoma en 1907. Des terres avaient été réservées aux Indiens d’Amérique selon l’Indian Intercourse Act de 1834. Ce « no man’s land » attirait des fugitifs, des esclaves en fuite, d’autres individus espérant disparaître et qui finissaient souvent par vivre à proximité de Fort Smith. C’est pour cette raison que Fort Smith est devenu un lieu stratégique, une sorte de portail entre ces deux mondes, et que l’on disait : « Il n’y a plus de Loi à l’ouest de St. Louis et plus de Dieu à l’ouest de Fort Smith ».

Sortie le 23 février


C I N É M A Texte : Pathé Distribution • Photo : DR

SOMEWHERE LE LOS ANGELES DE SOFIA COPPOLA Johnny Marco, acteur à la réputation sulfureuse, vit au Château Marmont, hôtel légendaire d’Hollywood, entre alcool et filles faciles. Sortie le 5 janvier 2011. Un film écrit et réalisé par Sofia Coppola.

Tous les cinéphiles ont leur Johnny Marco : un acteur ou une actrice à qui l’on est fidèle tout en étant conscient qu’il n’a pas encore donné le meilleur de lui-même. Ils ont joué les mauvais garçons et puis ils ont grandi, décidé d’avoir des enfants et de se ranger, ou bien ils ont vieilli sans évoluer et traînent dans les boîtes comme des ados attardés. Johnny en est à ce moment de sa vie où il doit se regarder en face et faire un choix. Au début du film, Johnny est perdu dans un train-train et un mode de vie décadent. C’est un type sympa qui, pour échapper à la solitude, enchaîne les verres, collectionne les filles, roule en Ferrari et avale des tas de pilules. L’esprit embrumé, Johnny dérive sans trop se poser de questions. Un matin, Cleo, sa fille de 11 ans, débarque au château pour quelque temps. Les moments passés ensemble, la fraîcheur de cette relation et la découverte de nouvelles responsabilités vont pousser Johnny à faire le point et à décider du sens qu’il veut donner à sa vie. Bien qu’il se sente incapable d’assumer, il passe plus de temps avec elle qu’il n’en a jamais passé depuis qu’elle est née, plus d’un après-midi en tout cas. Ces moments privilégiés le métamorphosent alors. Élément central du film, le Château Marmont a toujours eu une aura décadente, entre acteurs et rock stars qui saccageaient leur chambre. Ce lieu est une sorte de rite de passage pour les jeunes acteurs, qui y résident (presque) tous une fois : une sorte de lieux mythique suranné tout droit sorti de la grande époque des 60 et 70’s. Le Château Marmont était alors un petit monde à part : un lieu unique. Aujourd’hui, il est devenu le centre d’un microcosme à la mode où l’on se presse simplement pour se faire photographier : un lieu commun. Esthétiquement, le film, tourné en 35 mm (alors que l’emploi du numérique HD tend à devenir la règle,) est plutôt classique. La pellicule confère à l’image un rendu magnifique et inimitable. L’utilisation d’objectifs Zeiss

anciens (des années 80) accentue la douceur du rendu, quasi romantique, loin de la netteté et de l’hyper précision froide de la haute définition. Somewhere est un film à part, poétique, tendre et dans le plus pur style de Sofia Coppola où récit et image sont plus qu’intimement liés, donnant à ce film le relief d’un chef d’œuvre du 7ème art.

Entretien avec Sofia Coppola Pourquoi y a-t-il aussi souvent des hôtels dans vos films ? C’est vrai. Versailles était aussi une sorte d’hôtel dans Marie-Antoinette ! Quand j’étais petite, on séjournait souvent dans des hôtels à l’occasion des différents tournages de mon père. J’ai toujours trouvé intéressant d’observer les gens qui y descendaient et je m’y amusais bien. Les hôtels sont de véritables microcosmes.

Pouvez-vous nous expliquer le titre ? C’est drôle, Somewhere devait être un titre provisoire, puis il est resté. Je voulais que ce film soit l’évocation poétique d’un moment dans la Vie, l’évocation de la conscience de devoir aller « quelque part » sans savoir où exactement. À propos du lieu, vous êtes allée tourner dans le monde entier, mais vous n’aviez jamais fait de film à Los Angeles avant celui-ci. Avez-vous senti qu’il était temps pour vous d’explorer cette ville ? Quand j’habitais en Californie, j’écrivais sur des endroits lointains. Après la naissance de ma fille, j’ai vécu à Paris, c’est peut-être la distance et le mal du pays qui m’ont donné envie de me tourner vers la Californie. Et puis, j’ai toujours adoré les films cultes sur Los Angeles, comme Shampoo et American Gigolo, et je n’arrivais pas à trouver un film récent qui ait rendu l’atmosphère de cette ville aujourd’hui. En commençant à travailler sur le personnage, j’ai pensé à la culture pop américaine contemporaine, avec sa fascination pour la célébrité et tout ce que ça engendre. Est-il facile de faire un film à Los Angeles aujourd’hui ? Nous travaillions de manière très confidentielle et aucune superstar ne jouait dans le film, alors il était facile de se déplacer et de faire ce qu’on avait à faire. Après Marie-Antoinette, tous ses costumes et tous ses figurants, c’était libérateur de travailler avec une équipe réduite et ça se rapprochait en cela de mon expérience sur Lost In Translation. C’est le tournage le moins stressant et le plus agréable que j’ai connu !

Sortie le 5 janvier

C I N É M A Texte : S.U.A.C.

@ La Villa Douce Mes deux seins, journal de ma guérison : Cachez ce sein que je ne saurais voir ! Le 20 janvier 2011 Projection proposée par La Pellicule Ensorcelée, suivie d’un débat animé par Marie Mandy et Jérome Descamps. Réalisation : Marie Mandy

Ne vous y trompez pas, point ici question de poitrines opulentes ou menues, s’offrant, hypocrites cachées ou conquérantes dénudées aux regards envieux des hommes et des femmes. Ici, il est question d’une histoire... l’histoire d’une femme qui apprend qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. Sa vie bascule... comment pourrait-il en être autrement face à l’insidieuse maladie ? Cinéaste, elle entreprend alors de suivre au plus près ce mal qui la ronge, seule façon d’échapper au naufrage. D’où vient ce cancer et jusqu’où ira-t-il ? Que peut le cinéma en pareille circonstance ? Raconté à la première personne, ce récit magnifique de sincérité tisse le dialogue entre médecine classique et médecine complémentaires. À la recherche

d’une guérison qui soit aussi intérieure que physique, la réalisatrice explore le sens de cette maladie qui touche une femme sur neuf. Elle se confronte à l’image des nouvelles amazones, ces femmes qui aujourd’hui ne se font pas remplacer le sein. Faudra-t-il qu’elle perde aussi son sein ?

Informations et réservations : S.U.A.C. (Service Universitaire d’Action Culturelle) Villa Douce - présidence de l’Université de Reims Champagne-Ardenne, 9 boulevard de la Paix, 51100 Reims • 03.26.91.84.15 magalie.ninin@univ-reims.fr 17


NOUVEAU À REIMS !


C A R N E T

D E

V O YA G E

Texte : Stéphane Boulissière / Vincent Havret • photo : DR

BERLIN LA VILLE À LA CULTURE ENFLAMMÉE

Toujours en partance, pour de nouvelles découvertes, Chezlegrandbag newspaper ramène à ses lecteurs, quelques émotions du vaste monde ; une autre page encore d’un carnet de voyages qui s’ouvre sur Berlin, cette ville symbole de l’Europe, où chacun s’y retrouve tel un Kennedy du XXIème siècle : « ich bin ein berliner » pourrait-on alors s’écrier... Bon voyage ! Un jour, sans trop savoir pourquoi vous pourriez bien vous décidez à marcher le long de vos souvenirs, les bons comme les mauvais, histoire de mieux entrevoir les tonnes kilomètres et de bitumes qui ont jalonné votre vie. Ce jour-là, si vous leviez les yeux, vous pourriez bien alors vous retrouver à Berlin, peut-être parce que cette ville libère les parfums étranges d’une renaissance inattendue, et aussi parce que vous pensiez que rien des autrefois ne survit vraiment, et pourtant… Berlin a survécu. À ses hier, à ses entrelacs d’Histoire façonnés de briques, d’ordres et d’anciennes douleurs… Pourquoi ou plutôt comment ? Je n’en sais rien. Je sais juste que quelque chose fleurit ici, quelque chose de profond, d’inaliénable, quelque chose qui peut-être ne s’était endormi qu’un instant dans la mémoire collective d’une Allemagne qui ouvre à nouveau les yeux et sourit imperceptiblement devant le choix de sa destinée. Berlin est un jardin, une fleur improbable et recomposée, dont les couleurs libèrent l’essence d’un ancien désir, celui de vivre, tout simplement. Quelque pas dans Prenzlauer Berg (quartier de Berlin qui fait partie de l’arrondissement de Pankow, ancien district situé dans le secteur est). À l’image de ces badauds, la population de cette partie de la capitale allemande est incroyablement homogène : la moyenne d’âge n’excède guère 35 ans et les métiers de l’art ou de la communication y sont monnaie courante. « C’est un ghetto de jeunes à projets multiples », ironise Kristina, une juriste de 29 ans, originaire de Hambourg et qui habite à Berlin depuis cinq ans. Il faut dire que depuis la réunification, la jeunesse ouest-allemande et les artistes ont envahi le quartier. Les designers et les galeristes se sont plutôt installés à Mitte, tandis que les étudiants et les jeunes familles ouest-allemandes ont été séduits par les immeubles de rapport, les Mietkasernen de Prenzlauer Berg, relativement peu endommagés par les bombardements aériens de la seconde guerre mondiale. Le jour, il est difficile déambuler dans Prenzlauer Berg sans croiser une femme enceinte ou un trentenaire accompagné d’une poussette. On les retrouve le week-end sur le marché du Kollwitzplatz réputé pour ses produits bio ou sur les places ombragées du Helmholtzplatz ou du Wasserturm. La nuit, les vitrines colorées des bars attirent une joyeuse population estudiantine ou simplement avide d’émotion. Avant la chute du mur, Prenzlauer Berg offrait pourtant un tout autre visage.

Les façades grises et massives menaçaient de s’effondrer, alourdies peut-être par les traces d’impacts de balles de la guerre. En quelques années, les bâtisses de l’époque Wilhelmienne (à partir de 1880) ont retrouvé leur souffle d’antan, les appartements terrasses - un must à Berlin - poussent comme des champignons, tandis que cafés et bars jalonnent les rues autrefois menaçantes.

Carnet d’adresses • Shopping Hackesher Markt dans le quartier Mitte réunit toutes les meilleures marques et enseignes du shopping tendance. Kurfurstendamm dans Berlin-Ouest dit Kudamm sont les Champs Elysées de Berlin, un boulevard de 2 km de shopping avec le fameux KaDeWe,

Un peu plus au sud, à Mitte, les créateurs ont élu domicile dans les arrière-cours en enfilade, témoins de l’histoire artisanale et industrielle de ce quartier, ou dans les rues alentour, Alte Schönhauser Strasse et Münzstrasse. C’est là, dans l’euphorie de la chute du Mur, qu’une mode jeune issue des mouvements techno des années 1990 s’est d’ailleurs développée : streetwear, urbanwear, et sportwear. Plus loin, d’autres rues encore, ont été colonisées par les galeries d’art. L’Augustrasse ou la Linienstrasse sont devenues incontournables pour les amateurs. Ceux qui n’ont pas les moyens de s’offrir une photographie ou même une peinture pourront d’ailleurs, s’ils le souhaitent, louer une oeuvre d’art pour quelques euros à l’Artothek...

le plus beau et luxueux grand magasin de la ville.

• Restauration CUISINE ASIATIQUE : Le Vox Sushi Bar de l’hôtel Hyatt (Marlene-Dietrich-Platz 2, 10785 Berlin) Le Pan Asia (Rosenthaler Str. 38, 10178 Berlin) Monsieur Vuong (Alte Schönhauser Str. 46, 10119 Berlin) CUISINE AMÉRICAINE : Hamburgers authentiques au Bird Restaurant à Falkenplatz dans le quartier de Mauerpark. (Am Falkplatz 5, 10437 Berlin) CUISINE MEXICAINE AUTHENTIQUE : Maria Bonita dans le quartier de Prenzlauer Berg propose une cuisine mexicaine savoureuse préparée par de vrais mexicains.

Berlin s’ouvre, se découvre et se donne à chacun de ses habitants, et aussi à toute personne capable de transcender la sensation posée sur un ancien vertige de couleur sombre, vous savez, cette même couleur surannée qui vous fait imaginer à tort les crissement de pneus d’une trabant diplomatique dévalant les souvenirs d’un jour d’hiver. Et l’hiver ici, qui a peut-être perduré de longues décennies, est bien clos, ingéré puis digéré à la façon d’un hamburger bio berlinois (best adress: Burgermeister, Oberbaumstraße 8, Kreuzberg). Depuis quelques instants derrière moi, une ombre me suit. Une ombre qui lorsque je me retourne, découvre le cheminement chaotique et joyeux d’une poussette bercée par les gazouillis immaculés d’un visage poupon. La Trabant elle, s’est effacée depuis longtemps, ensevelit par l’éclat radieux d’un sourire neuf et originel…

(Danziger Str. 33, 10435 Berlin) TOUTES LES CUISINES DU MONDE : Le 6ème étage du Kadewe propose toutes les cuisines du monde. Leur devise est d’ailleurs : «Si vous ne le trouvez pas ici, c’est que ça n’existe pas» (Tauentzienstr. 21-24, 10789 Berlin)

• Boire un verre et manger Le Solar Bar, vue panoramique sur toute la ville (Stresemannstraße 76, 10963 Berlin)

• Sortir Pour sortir et faire la fête en club crawling, ou l’art d’aller d’un club à un autre tout au long de la nuit : Le Watergate (Falckensteinstr. 49, 10997 Berlin) Le 40 Seconds (le trajet pour y arriver en ascenseur dure 40 secondes !) (Roof GmbH & Co.KG, 10785 Berlin) Le Knaack (Greifswalder Straße 224, 10245 Berlin) Le Sage Club (Köpenicker Straße 76, 10179 Berlin) Le Comet (Falckensteinstraße 48, 10997 Berlin) Club der Visionäre (Am Flutgraben 1, 12435 Berlin)

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SOLDES ! SOLDES ! SOLDES ! SOLDES ! SOLDES ! KINH Prêt-à-porter féminin • 4 rue de Pouilly • 51100 Reims (entre le Cours Langlet et l’Hôtel de Ville) • 03 26 84 73 39 Ouvert le lundi de 13h30 à 19h et du mardi au samedi de 10h à 19h.

PRÊT-À-PORTER FÉMININ

LE BISTROT DU FORUM 6 place du forum • 51100 Reims • 03 26 47 56 58 www.bistrot-du-forum.fr • ouvert 7/7

MADEMOISELLE A DIT ... 20 passage Talleyrand • 51100 Reims • 03 26 49 27 62 Ouvert le lundi de 14h à 19h15 et du mardi au samedi de 10h à 19h15. (Les P’tites Bombes / By Joos / Biscote / Nice things of White Suncoo ... et accessoires)


Sérigraphie Broderie Adhésif

IRON AND DREAM Tattoo, piercing, art photo 41 rue de Talleyrand • 51100 Reims • 03 26 87 54 65

B-SIDE PRINTSHOP 22 rue Bacquenois, 51100 Reims • 03 26 46 18 47 boris@bside-printshop.com • Ouvert du mardi au vendredi de 12h30 à 19h et le samedi de 14h à 19h.

Z CLUB 41 Boulevard du Général Leclerc • 51100 Reims • 03 26 86 83 32 Infos et réservations : Billy 06 32 34 05 01 • www.z-club.fr


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R E C E T T E

D ’ A L A I N

D U C A S S E

LE LOUIS XV • Hôtel de Paris • Place du Casino • 98000 Monaco • +377 98 06 88 64 (Texte et photo : Le Louis XV)

Salade tiède de haricots cocos, poulpes de roche, crustacés et coquillages à l’italienne. Les haricots cocos des collines niçoises ou encore ceux de Pigna (dans la province d’Imperia, en Italie), tous cultivés en altitude, sont un merveilleux produit qui allie rusticité et classe. Mêlés aux coquillages et aux crustacés, ils sont loin d’être seulement un faire-valoir.

une pincée de gros sel gris de mer. Vérifier leur cuisson. Les débarrasser dans un saladier avec leur jus de cuisson. Les laisser refroidir.

Préparation des calamars : Séparer les corps et les grosses tentacules. Retirer le cartilage, les peaux internes et externes. Les laver en séparant les têtes des corps. Les égoutter. Les sécher sur un linge. Réserver au frais.

Ingrédients pour 4 personnes : 1 poulpe de 400 g • 1 citron • 1 branche de romarin • 1 gousse d’ail • Haricots cocos • 100 g de haricots cocos frais écossés • 1 feuille de sauge • 1 brindille de romarin • Crustacés : 4 gamberoni + 2 homards de 400 g • 1 branche de fenouil sec • 5 grains de poivre • 20 palourdes • 5 cl de vin blanc • 500 g de petits calamars (pistes) • 6 pétales de tomate confite • 1 oignon rouge • 1/2 botte de persil • 4 sommités de fleur de thym • 4 sommités de riquette • huile d’olive • gros sel gris, sel, poivre du moulin.

Préparation de la garniture : Couper les pétales de tomate confite en deux. Éplucher l’oignon. Le couper en fines rouelles. Laver, essorer, effeuiller le persil. Le concasser. Réserver le tout.

Cuisson des palourdes : Laver les palourdes à grande eau plusieurs fois jusqu’à ce que l’eau soit claire. Dans un grand sautoir, verser un filet d’huile d’olive. Ajouter les palourdes égouttées. Verser le vin blanc. Cuire à couvert et à feu moyen jusqu’à ce qu’elles soient ouvertes. Les remuer de temps en temps. Les égoutter. Conserver le jus de cuisson. Réserver huit palourdes. Décoquiller le reste.

Préparation du poulpe : 48 heures avant. Bien rincer le poulpe, couper la tête. Faire bouillir de l’eau dans une casserole avec le citron coupé en deux et pressé, le thym, une poignée de gros sel gris. Cuire le poulpe pendant 30 à 45 minutes (selon sa grosseur) en maintenant un léger bouillonnement. Le laisser refroidir dans son bouillon de cuisson. L’égoutter. Le tailler en tronçons réguliers de 1 cm d’épaisseur. Réserver douze tronçons au frais. Mettre le reste dans un récipient. Ajouter le romarin et la gousse d’ail pelée. Recouvrir largement d’huile d’olive. Réserver au frais pendant 48 heures.

Préparation des haricots : Mettre les haricots cocos dans une casserole. Les recouvrir d’eau froide. Porter à ébullition. Écumer plusieurs fois. Ajouter la sauge, le romarin. Cuire à feu doux pendant 30 à 40 minutes en maintenant un léger frémissement. Aux trois quarts de la cuisson, les assaisonner avec

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queues en deux dans leur longueur. Réserver au frais. Réserver les pinces pour une autre utilisation.

Cuisson des calamars : Pocher les calamars dans le jus de cuisson des palourdes pendant 3 minutes. Les réserver au chaud.

Préparation des crustacés : Décortiquer les gamberoni. Laisser le dernier anneau avec la queue. Garder la tête. Réserver au frais. Chauffer une casserole d’eau salée. Ajouter le fenouil et les grains de poivre. Plonger les homards dans l’eau bouillante pendant 4 minutes. Les retirer, détacher les pinces, remettre celles-ci à cuire pendant encore 2 minutes. Laisser refroidir les homards. Les décortiquer en éliminant bien le boyau. Tailler les

R E C E T T E S

D ’ A R N A U D

Cuisson des gamberoni : Dans une poêle antiadhésive et avec un filet d’huile d’olive, colorer légèrement les gamberoni. Poivrer. Les cuire 3 minutes sur chaque face. Les débarrasser sur une grille.

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L’ASSIETTE CHAMPENOISE • 40 avenue Paul Vaillant Couturier • Tinqueux • 03 26 84 64 64 (Textes et photos : l’Assiette Champenoise)

Souris d’agneau aux herbes

Ris de veau Moutarde et Vinaigre de Reims

Pour 4 personnes : 4 Souris d’agneau de 370 g pièce • Croûte d’herbes • 300 g de pain séché réduit en

Pour 4 personnes : 4 Noix de ris de veau • Gros sel, vinaigre de champagne, beurre, huile d’olive, sel,

chapelure • 100 g de persil plat • 50 g de cerfeuil • 50 g d’estragon (hacher et mélanger à la chapelure) • 20 g d’aneth • 2 cl d’huile d’olive • 2 gousses d’ail • Jus de persil plat • 3 Bouquets Persil • ¼ jus citron • 2 cl d’huile Toscane • Souris d’agneau des Pyrénées, croûte d’herbes, jus de persil plat.

poivre • 200 g de Moutarde de Reims • 1 échalote • ½ litre de vin de Sauternes • ½ litre de jus de veau • 1 litre de fond de veau clair • 3 belles pommes Jonagored.

Ris de veau Moutarde et Vinaigre de Reims : Blanchir les ris de veau pendant trois à quatre Demander à votre boucher de détailler les souris d’agneau. Faire revenir une garniture aromatique, mettre les souris d’agneau à faire colorer de chaque côté. Avec les parures d’agneau, on fera un jus d’agneau. Une fois les souris d’agneau revenues, on va les déglacer avec une pointe de Porto, laisser réduire, rajouter une pointe de vin rouge, on va laisser réduire, mouiller avec le jus d’agneau à hauteur, laisser cuire très doucement à feu doux pendant environ trois heures. Les souris d’agneau seront ainsi bien fondantes. Au moment d’envoyer, on va bien les égoutter, on va les napper avec la croûte d’herbes. Pour la croûte d’herbes : vous allez prendre des herbes, laisser sécher tout doucement pendant toute une nuit à l’étuve. Vous allez les passer au cutter, rajouter de la chapelure.

minutes dans l’eau avec une pointe de gros sel et une petite de vinaigre. Pour la cuisson, il faut prévoir une cocotte en fonte, avec un peu de beurre et huile d’olive. Mettre les ris de veau, saler et poivrer. Colorer de chaque côté dans la cocote en fonte.

Sauce à la moutarde de Reims : On fait revenir des échalotes avec de la moutarde, déglacer avec un vin de Sauternes, laisser réduire, rajouter du fond de veau clair, laisser de nouveau laisser réduire, rajouter du jus de veau réduit. Laisser de nouveau réduire, rajouter du jus de veau réduit, laisser encore un peu réduire. Passer au chinois étamine et rajouter au dernier moment une pointe de graine de moutarde. En garniture, confire des pommes fruits.

Pour le jus de persil plat : on va prendre du persil que l’on vous va blanchir, égoutter puis rafraîchir dans de l’eau glacée, passer au cutter puis au tamis. On va, pour terminer, additionner à cette purée de persil plat le jus de citron, un peu d’eau et un peu d’huile de Toscane. 22


CAVE • BRASSERIE • BAR À CHAMPAGNE 23 BIS RUE DE MARS • 51100 REIMS • 03 26 46 10 00

www.hallplace.fr

photos : Clément Moreau

S É L E C T I O N

É P I C E R I E

ÉPICERIE AU BON MANGER • 7 rue Courmeaux, Reims • 03 26 03 45 29 • www.aubonmanger.fr (texte : AE)

Que du raisin ! À une époque où nous nous interrogeons sur la traçabilité et la transparence de ce que nous achetons, que feriez-vous si vous lisiez sur la bouteille de ce petit vin de pays que vous aimez tant ou sur celle d’un grand domaine : « Contient de l’acide tartrique rajouté, du sucre de betterave, de la bentonite, des levures exogènes, des enzymes et l’anhydride sulfureux du lysozyme, des lactosérums, de la gélatine de poisson » ? Pourtant ces produits (officiellement plus de 300) sont légalement autorisés pour parfumer, aseptiser, colorer et uniformiser les vins que nous achetons dans les rayons des petits et grands magasins mais également chez nos cavistes. Une liste impressionnante de produits parfois inoffensifs, mais parfois dangereusement allergènes. Une liste noire que vous n’êtes pas prêts de trouver sur les étiquettes (pourtant très réglementées et méticuleusement contrôlées). Avec l’industrialisation des moyens de production,

la chimie est entrée dans les vignes et les chais remplaçant les recettes naturelles qui ne convenaient plus à la consommation de masse. Toutefois, une autre façon d’envisager le vin persiste et un petit nombre croissant de vignerons continuent d’affirmer et de démontrer que l’on peut (avec une bonne dose de courage) faire des vins dits naturels, élaborés sans poudre de perlimpinpin, sans produits chimiques de synthèse et avec très peu (voir pas du tout) de soufre. Très réputés au Japon, en Angleterre, en Italie, aux ÉtatsUnis, en Allemagne et dans les pays nordiques, ces vins naturels et leurs auteurs restent encore méconnus du grand public français. Les vignerons s’organisent en associations et montent des salons où l’on se bouscule gaiement. Pourtant bon nombre d’entre eux ont été repérés par les bons restaurateurs, les amateurs et les professionnels du vin. Certains sont même entrés dans les guides et sur les cartes de restaurants étoilés. Ces vins naturels sont issus de toutes les régions, sans concession, moins dociles, ils surprennent et bousculent nos papilles, nos

repères et nos habitudes. Souvent gorgés de fruits, ils mettent en avant le cépage, le terroir et la diversité climatique que l’on cherche trop souvent à gommer. Ils sont un reflet de la vie et des hommes ; une mise en bouteilles de qualités et d’imperfections naturelles. Sans concession, très digestes, très fruités, vivants et dynamiques, ils peuvent également présenter quelques déviances aromatiques, quelques notes fermentaires et pétiller légèrement (on dit qu’ils frisent). Mais un bon carafage et un peu de patience atténuent très vite ces caractéristiques difficiles pour les novices. On s’habitue et le plaisir devient intense. Attention, le retour en arrière sera une épreuve pour votre palais et votre organisme. Quelques-uns de ces vins rock’n’roll (tendance punk) sont disponibles à l’épicerie Au Bon Manger (Le Raisin et l’Ange de Gilles Azzoni, le domaine Mazel, les Viré Clessé de Catherine et Gilles Vergé). Ces vins nous ouvrent sur un autre monde, vers une mini-révolution gustative, un retour à la vie, à la terre et aux plaisirs de vins faits tout simplement de raisins et de passion. 23


COIFFURE FILLES & GARCONS • 51 RUE DE TALLEYRAND, REIMS • TÉL : 03 26 47 49 85 PHOTO : CRAPAUD MLLE • COIFFURE : JEAN-NOEL • STYLISME : CHEZLEGRANDBAG • MODÈLE : ÉMILIE


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