Le Récolteur de décembre 2023

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Récolteur

Le

S'unir pour s'aider!

Bulletin d'information du Groupe multiconseil agricole Saguenay-Lac-Saint-Jean Volume 11• Numéro 1 • Décembre 2023

Retour sur le congrès régional de l’UPA Page 8

Bilan hydrique de la saison 2023 : tout un défi! Page 14

DOSSIER SPÉCIAL : Plan de nivellement Page 18


Sommaire

4 MOT DU DIRECTEUR 6 MOT DU CA 7 Joyeuses Fêtes

8 Congrès régional de l’UPA GESTION 10 Remboursement des prêts d’urgence CUEC

12 Un plan stratégique, ça mange quoi en hiver? AGRO 14 Bilan hydrique de la saison 2023 : tout un défi!

16 Surplus d’eau! Qu’en est-il de nos sols? GÉNIE 18 Plan de nivellement - DOSSIER SPÉCIAL CHRONIQUE BOEUF 26 La génétique, c’est compliqué!

28 STATISTIQUES 29 CONSEIL D'ADMINISTRATION PORTRAIT D'ENTREPRISE 30 Ferme Olofée

Alexandra Gagnon Agronome

Naëla Laberge-Grégoire Candidate à la profession d'ingénieur

Marc Coulombe Directeur adjoint

alexandra.gagnon@gmasaglac.com

naela.laberge.gregoire@gmasaglac.com

marc.coulombe@gmasaglac.com

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MERCI à nos généreux partenaires!!

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Mot du directeur général Denis Larouche Directeur général et agronome Ajustement des taux horaires du personnel au 1er janvier 2024 Comme pour les autres entreprises, le GMA n’échappe pas à l’inflation sur les biens et services, et par le fait même, l’indexation des salaires. Ces éléments affectent indéniablement nos finances. Après un exercice budgétaire rigoureux, nous avons mis en place diverses mesures pour équilibrer le budget. Donc, à partir du 1er janvier 2024, les taux horaires augmenteront de 5 $/heure, ce qui représente une augmentation d’environ 3 %. De plus, les frais d’ouverture de contrat et le temps de déplacement chez nos membres seront ajustés afin de mieux refléter les coûts réels assumés par le GMA. Enfin, un coût de 100 $ sera ajouté aux contrats de fermetures pour permettre le maintien des données de références régionales et le développement des analyses de groupe. Je peux vous assurer que les administrateurs et le personnel sont bien au fait qu’en bout de ligne, ce sont vos entreprises qui assument ces hausses. J’ai fixé au personnel une augmentation de l’efficacité qui se traduit par une augmentation de 3 % de notre temps facturable sur le temps payé en 2023-2024 afin de collaborer à réduire l’augmentation de nos taux. Aussi, considérant le déficit de 2022-2023, nous avons été dans l’obligation de réduire la contribution du GMA au REER collectif du personnel de 1,5 %. Toute l’équipe est motivée à atteindre l’équilibre financier. Notre personnel du volet Génie en maternité! Comme la majorité d’entre nous, la vie de famille représente un objectif de couple! Et qui dit famille, dit bébé! Hé oui, ce n’est pas une, mais quatre ressources sur cinq qui auront un nouveauné en 2024! Félicitations aux nouveaux parents : Maude, Naëla, Kim et Alexandre.

😊

Vous l’aurez deviné, un seul restera en poste : François! En conséquence, le service vivra un certain ralentissement. Toutefois, la direction générale est prête à soutenir l’équipe et malgré les défis, de belles nouvelles sont à venir.

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D’ailleurs, dès janvier 2024, une nouvelle ressource devrait joindre l’équipe pour venir appuyer François dans ses mandats. Nous souhaitons que cette nouvelle ressource puisse faire sa place dans notre équipe et la conserver même lors des retours des congés maternité. L’enveloppe du réseau Agriconseil en mode minceur C’est en septembre dernier que nous apprenions que l’enveloppe régionale du réseau Agriconseils avait été coupée d’environ 500 000 $ par rapport à la dernière année. Les représentants nous rassuraient en nous affirmant que les diminutions du pourcentage des aides représentaient environ l’équivalent de la coupure monétaire de l’enveloppe selon leurs estimations. Hé bien, malheureusement, en octobre 2023, le directeur régional du réseau nous annonçait que l’enveloppe était vide! Les administrateurs du réseau ont alors décidé d’utiliser les fonds de réserve disponibles. Cependant, cela s’est avéré insuffisant, car à la mi-novembre l’enveloppe était à nouveau épuisée. Pour dénoncer cette situation, je peux vous assurer que nous avons fait toutes les représentations possibles auprès du réseau Agriconseils et du MAPAQ. Un merci tout particulier à M. Mario Théberge, président régional de l’UPA qui est intervenu auprès des députés et du ministre de l’Agriculture afin de dénoncer cette coupure. D’ailleurs, lors du dernier congrès régional de l’UPA, une résolution a été acceptée à l’unanimité pour demander au MAPAQ de rétablir l’enveloppe afin de soutenir les entreprises agricoles qui utilisent les services-conseils. Espérons que l’enveloppe sera bonifiée, car dans la situation actuelle, certains services du GMA ne pourront pas bénéficier d’une aide financière du réseau Agriconseils, créant ainsi une disparité entre les utilisateurs de début d’année VS ceux de la fin de l’année budgétaire. Une grande injustice totalement inacceptable dans un contexte où vos entreprises ont des besoins récurrents et croissants. N’hésitez pas, vous aussi, à dénoncer cette situation auprès de nos élus.

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Denis


Mot du CA Guillaume Barrette Administrateur

À la fin du mois d’octobre dernier, à titre d’administrateur, j’ai participé à un webinaire de miparcours de VIA, notre organisation provinciale qui soutient les groupes comme le nôtre. Comme à l’habitude, il était possible de prendre connaissance de l’avancement des principaux mandats de VIA. Il y avait également divers sujets à l’ordre du jour, dont un suivi sur la nouvelle version du PSC du MAPAQ, le programme de service-conseil. Ce programme contient l’essentiel des aides financières possibles pour les entreprises agricoles qui font affaire avec un groupe œuvrant dans le service-conseil en agriculture. Bien que la nouvelle version de ce programme aurait dû sortir au printemps, nous n’avons connu que les détails à la fin de l’été. Globalement, c’est une certaine continuité. Selon notre réseau, il y a des gains à certains niveaux et des pertes à d’autres. La plus grande déception vient du fait qu’il n’y a pas eu d’indexation des montants. Pire encore, l’enveloppe globale a été diminuée en comparaison à celle de l’ancien programme. Or, les coûts d’exploitation ont augmenté pour tous, les groupes-conseils inclus et les entreprises agricoles consomment davantage de services. Inévitablement, il est facile de penser que les sommes disponibles seront insuffisantes. Ce constat a rapidement été identifié dans plusieurs de nos organisations. Comment réagir maintenant? Bien évidemment, lorsqu’une aide financière se tarit, un changement dans les habitudes de consommation s’effectue. La clientèle réduit presque invariablement sa demande. Lors de notre webinaire, des conseillers se disaient inquiets pour le développement de leur offre. Bizarrement, bien que je les comprenais, une autre partie de moi me disait que ce n’était peutêtre pas un drame. En fait, je me disais que tant qu’à développer, faisons-le à un coût réel. Bien sûr, c’est un changement de culture. Mais n’est-ce pas là un moyen de valider la pertinence d’un nouveau service? Pour les organisations qui peinent à suffire à la demande, le moment sera probablement venu de revoir leur offre et peut-être délaisser ce qui a moins d’intérêt pour les entreprises. Mon point de vue peut vous paraître étrange. En conseil d’administration, avec notre directeur général, nous avons convenu qu’il faut se rendre à l’évidence. Les aides financières pour les services-conseils stagnent. C’est d’actualité : l’argent est plus rare. Les différents ministères resserrent l’étau. Nous allons donc continuer de défendre nos acquis, mais une ère de transition s’impose. Ceci impliquera pour nous, agriculteurs, d’accepter de recevoir des services à leur juste valeur alors que nous étions habitués d’obtenir une généreuse subvention pour ceux-ci. Nous devrons donc nous habituer à vivre dans ce nouvel environnement. En dépit de tout cela, soyez assurés que votre GMA tient à ce que tous ses membres continuent de bénéficier d’un service de qualité qui répond à vos attentes. Bon hiver à tous!

Guillaume PAGE 6

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Chers membres et partenaires, Les membres du conseil d’administration se joignent à toute l’équipe du GMA pour vous adresser nos meilleurs voeux et vous remercier pour la confiance que vous nous accordez. Que 2024 vous apporte réussite et progrès et nous permette à nouveau de collaborer ensemble. Nous vous souhaitons un merveilleux temps des Fêtes! Santé, joie et bonheur à profusion!!

Horaire pour la période des Fêtes Nos bureaux seront fermés du 25 décembre au 2 janvier inclusivement.

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Alexandra Gagnon Agnonome

Congrès régional de l’UPA C’est dans un contexte économique, politique, et même environnemental différent des années passées qu’avait lieu cette année le Congrès régional de l’UPA. Celui-ci s’est tenu à Jonquière, le 24 octobre dernier, attirant plus de 200 personnes. On ne peut taire les difficultés rencontrées dans la dernière année telles que le climat politique international, les changements climatiques, la hausse des taux d’intérêt, le manque de maind’œuvre, et j’en passe. Il aurait été facile d’être pessimiste et même négatif sur les derniers mois et ceux à venir. Or, votre association régionale en a choisi autrement! Votre président, Mario Théberge, s’est donné, lors de la rencontre, la mission de trouver du positif dans chacun des sujets apportés. Il a livré, tel à son habitude, un message bien senti, touchant et confiant que l’avenir peut réserver de belles choses! Pas sans effort ni travail, mais il est possible de passer cette mauvaise vague! Les jeunes, au centre de l’attention Étaient présents, les étudiants en agriculture des différentes cohortes du Collège d’Alma. Une belle poignée de jeunes que Mario a tenu à accueillir chaleureusement, féliciter de leur présence à un tel évènement et souligner leur importance pour l’avenir de l’agriculture. C’est d’ailleurs sous la thématique “Ensemble, assurons l’accès à l’agriculture!” que se sont déroulés les échanges. Considérant l’âge moyen de 54 ans des producteurs dans la région, cela impliquera une vague de transferts d’entreprises, accompagnés de leurs défis et enjeux. Afin de maintenir le milieu agricole dynamique, la Fédération a repris, au cours de la dernière année, le mandat de la Table Relève et Transfert de la région. Elle en a fait une priorité, et ce, également pour les jeunes en démarrage qu’ils soient issus ou non du milieu agricole. Cette table réunit plusieurs intervenants de la région, dont le GMA. L’accessibilité des terres, que faire? Lorsque l’on pense à la relève et aux enjeux auxquels elle fera face, on ne peut ignorer l’accès à la terre. Dans quelles conditions et à quel prix ce bien non renouvelable se transigera-t-il demain?

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La Fédération a tenu à en faire un sujet central lors de la rencontre du 24 octobre dernier. D’abord, Mario, fervent défendeur de l’agriculture, protecteur et sensible à vos intérêts, a mis la table en partageant certaines de ses inquiétudes. Votre association régionale a également fait part de ses préoccupations face à l’avenir et pour les entreprises agricoles de la région. Puis, deux invités, David Tougas (coordonnateur - économie et commerce de l’UPA) et Nicolas Mesly (journaliste, photographe et agronome), nous ont brossé un portrait autant économique que politique sur l’accès aux terres. L’un des grands constats apportés par M. Tougas est que le coût moyen des terres est passé de 2 000 $ à 12 000 $ l’hectare en l’espace de 10 ans! Pourtant, les revenus générés sur ces mêmes terres n’ont pas augmenté au même rythme, creusant ainsi l’écart entre l’accès à la terre et sa valeur marchande actuelle. La question qui suivait : qu’est-ce qui est actuellement fait pour protéger nos terres? Le débat est complexe et il n’est pas question ici d’en faire le pour et le contre. Cela dit, lors de la rencontre, la fédération régionale a tenu à préciser qu’elle s’impliquait et suivait le dossier de la grande consultation sur la LPTAA* qui est actuellement menée par le Gouvernement du Québec. L’implication va également jusqu’à défendre l’accès à la terre agricole. Cet enjeu présente toutefois une double finalité : d’une part, rendre la terre accessible à tout producteur et particulièrement la relève, d’autre part complexifier son accès pour en limiter les pertes, au profit de projets non agricoles tels que le passage d’une autoroute, l’implantation de parcs industriels ou encore l’agrandissement des zones urbaines. Un avenir possible Plusieurs enjeux tout aussi importants les uns que les autres auraient pu faire la ligne directrice de cette rencontre d’octobre. L’agriculture est en changement constant et vous demande d’être résilient, patient et persévérant. Pourtant, chaque matin, dans notre région du Saguenay – Lac Saint-Jean, c’est plus de 600 producteurs qui se lèvent avec l’envie, la passion et la fierté de rendre leur entreprise un peu plus viable! Alors, sans venir amoindrir ce qui a été dit lors de cette journée et ci-haut dans ce texte, j’oserai conclure avec l’énergie positive que Mario a souhaité transmettre. Donnons-nous, nous aussi, la mission de trouver du positif dans chacun des enjeux et de nous y accrocher afin que notre agriculture, VOTRE agriculture, en ressorte plus forte! L’agriculture est présente dans le quotidien de tous, elle est essentielle et il faut qu’elle soit accessible à la relève.

Alexandra * Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles PAGE 9

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GESTION

Anne St-Onge Agronome

Remboursement des prêts d’urgence CUEC (Covid) L’échéance de remboursement a été reportée au 18 janvier 2024. Il est important d’entrer rapidement en contact avec votre créancier principal pour voir avec lui les options possibles si vous pensez ne pas pouvoir rembourser le prêt à même vos liquidités. Ce dernier pourra certainement vous proposer un moyen de conserver la partie de la subvention et vous avancer le montant par un produit de son choix. À noter que pour la majorité de leurs clients, une entente de remboursement est déjà prévue, mais vous devez vérifier. Si vous êtes incapable de rembourser le montant, vous devrez non seulement rembourser la partie du prêt, mais y ajouter la partie de la subvention. Le tout sera mis à échéance sur 3 ans avec un taux d’intérêt de 5 % par le gouvernent fédéral, ce qui est vraiment une perte nette pour votre entreprise! La meilleure solution est vraiment de rembourser la partie du prêt à même vos emprunts, même s’il y a des frais d’intérêt beaucoup plus élevés. Exemple : Le coût en remboursement est beaucoup plus important avec la proposition du gouvernement, bien évidemment, puisque c’est 60 000 $ que vous devrez rembourser et non pas 40 000 $. Donc, même avec un coût d’intérêt élevé de 10 %, par exemple, il est économiquement plus avantageux de vous entendre avec votre institution financière!

Enfin, sachez que ceux qui doivent de l'argent au fédéral (TPS, impôt, DAS) vont automatiquement être obligés de rembourser la totalité du montant avec le financement imposé sur trois ans avec 5 % d'intérêts.

Anne

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GESTION

Félix Girard Technicien agricole

Un plan stratégique, ça mange quoi en hiver? Il s’agit d’un processus pour déterminer où votre entreprise s’en va et comment elle y arrivera. Cela permet de définir votre entreprise et énumère des actions concrètes pour atteindre vos objectifs. Le plan stratégique est un élément de plus dans votre coffre à outil de gestion. Lorsque des imprévus ou de nouvelles occasions d’affaires se présenteront à vous, vous aurez tout ce qu’il vous faut pour rester fidèle à vos valeurs et à votre mission, tout en développant l’entreprise. Aussi, le processus de planification stratégique permet de consolider la motivation et l’implication au sein de votre équipe. La réflexion est importante puisque la rentabilité des entreprises agricoles est mise à rude épreuve ces derniers temps avec l’augmentation du coût des intrants, la hausse des taux d’intérêt, la valeur des terres et les turbulences économiques sur les marchés. Une planification stratégique se déroule sur une période de cinq à six rencontres avec votre conseiller en gestion, où vous êtes au centre de l’action. Ce n’est pas le conseiller qui apporte des solutions et des objectifs. Il agit plutôt comme accompagnateur en animant les séances de travail en vous posant des questions et en apportant des pistes de réflexion. Pour le producteur agricole, cela demande d’investir du temps, de poser un regard critique sur son exploitation et être prêt aux changements. À la suite des rencontres, vous avez donc : Le bilan de votre entreprise; Les énoncés de valeurs, de vision et de mission; Une analyse stratégique de l’environnement interne et externe; Une analyse des forces, faiblesses, opportunités et menaces; Une description des objectifs de votre entreprise et des moyens pour les atteindre; Un plan d’action précis, indiquant quelles actions sont à prendre, par qui elles seront réalisées et dans quels délais. Le plan d’action inclut également des indicateurs de réalisation pour vous permettre un suivi adéquat de celui-ci.

Faire une planification, c’est se donner la possibilité de faire les bons choix, de savoir exactement où on s’en va et d’avoir des objectifs pour l’entreprise qui sont en cohérence avec ses aspirations personnelles. Ça vous intéresse? Parlez-en à votre conseiller.

Félix PAGE 12

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AGRO

Christine Gagnon Agronome

Bilan hydrique de la saison 2023 : tout un défi! Selon certains, le plus grand défi des changements climatiques sera la gestion de l’eau, et non la température. La saison de culture 2023 nous a montré le potentiel du défi à relever et c’en est tout un! Pour illustrer l’ampleur du défi, le bilan hydrique demeure un bon indicateur. Celui-ci étant composé de la différence entre les précipitations cumulées et l’évapotranspiration sur le terrain.

Bilan hydrique = Précipitations (P) – Évapotranspiration (ETP) L’évapotranspiration, c’est l’ensemble des phénomènes d’évaporation de l’eau, des nappes liquides et de la transpiration des végétaux :

Photo 12A. Évapotranspiration

Ainsi, dans un bassin versant, le niveau d’humidité du sol ne tient pas uniquement compte des précipitations, mais des pertes contribuant à la disponibilité de l’eau pour les plantes, au contenu en eau du sol pour établir sa facilité d’accès, etc. :

Photo 12B. Cycle de l’eau

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Ainsi, pour visualiser l’ampleur du phénomène de la saison 2023, nous avons conçu un graphique de l’évolution du bilan hydrique entre le 1er mai et le 31 octobre, selon certaines stations météo de la région :

Photo 20. Graphique du bilan hydrique (Source : Agrométéo)

On peut donc constater que le bilan hydrique part autour de 0 mm pour la plupart des secteurs. Les stations ayant les plus hauts bilans hydriques de départ étant celles où le couvert de neige était le plus important cet hiver. Les agriculteurs et motoneigistes se souviendront que la quantité de neige au sol de l’hiver 2023 n’était pas importante, les sentiers de motoneige ont ouvert tard et fermé tôt. Ainsi, en mai et juin, le bilan hydrique a suivi une descente vers le déficit, mais à des niveaux différents selon le secteur. Du 1er mai au 9 juillet 2023, le secteur de La Baie atteint un creux de -79 mm, alors que le secteur de Saint-Augustin est à -164 mm de déficit hydrique. Les nombreux feux de forêts dans la province, surtout dans l’Ouest et au Nord en sont la preuve. Les semences près de la surface ont la vie dure pour croître à travers les vivaces qui elles, ont accès à plus d’eau en profondeur. Le chiendent est bien présent en fin d’été. Autour du 9 juillet, les précipitations commencent et le bilan remonte spectaculairement dans la majeure partie des stations météo. La saison se termine au 31 octobre avec un bilan hydrique variant de +30 mm pour Jonquière, à +206 mm pour St-Eugène-d’Argentenay. Quand on sait que la moyenne régionale des années 1981 à 2010 était de -66 mm et que le modèle prévisionnel d’Ouranos publié en 2017 pour la période 2041-2070, estimait une augmentation du déficit hydrique moyen de 29 mm, donc un résultat moyen de -96 mm. On est loin de ce à quoi l’on s’attendait. De plus, depuis 2018, les épisodes de sécheresse sont fréquents et vous ont orienté à développer des pistes de solutions lors des conditions de stress hydrique, et non l’opposé. Cet automne, des chantiers de récoltes ou autres travaux ont eu lieu dans des conditions d’humidité très défavorables. Plusieurs ont été pris au dépourvu, s’étant fiés sur la tendance climatique des dernières années pour la planification de leur fin de saison. Malheureusement, le bilan hydrique actuel aura des séquelles. Cela nous amène à des réflexions pour le futur afin d’adopter des stratégies de décisions prudentes, considérant les possibilités de gestion de surplus d’eau autant que de déficit. À nous de prendre un pas de recul et retourner à nos réflexes d’autrefois, c’est-à-dire la possibilité d’un surplus hydrique menant à des fins d’automne moins favorables. PAGE 15

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AGRO

Christine Gagnon Agronome

Surplus d’eau! Qu’en est-il de nos sols? Depuis 2019, plusieurs producteurs font face à des épisodes de sécheresse à divers moments ou intensités qui apportent des défis de succès de récolte et/ou d’implantation, entre autres, et qui ont mis en oublis les possibilités d’avoir à travailler avec des conditions opposées. Ainsi, le surplus d’eau laissé en fin de saison 2023 nous a permis d’observer beaucoup circulation de machinerie dans des conditions très défavorables, mais pourquoi sont-elles défavorables? Pour bien visualiser la situation, repartons de notions tirées du Guide des Pratiques de conservation en grandes cultures 1pour faire le lien avec la dégradation des sols. Les principales dégradations des sols liées au travail de sols humides sont la détérioration de la structure et la compaction. La détérioration de la structure du sol se caractérise par une perte de la stabilité des agrégats, une réduction de leur nombre et de leur diamètre moyen pondéré. Ainsi, la détérioration de la structure par le travail de sol en conditions trop humide amène : Une moins bonne aération Un drainage et réchauffement plus lents Une diminution de l’intensité de l’activité biologique Pour ce qui est de la compaction, c’est le réarrangement des particules de sol sous l’effet d’une pression externe. Cette compaction se traduit par une augmentation de la densité, souvent accompagnée par une diminution de la macroporosité et de la conductivité hydraulique.

La figure ci-contre, tirée d’une présentation de Vincent Poirier de l’Université du Québec en AbitibiTémiscamingue, permet de visualiser l’occupation des espaces par l’eau : Le passage de la machinerie dans un sol où les espaces d’air ont été occupés par l’eau reprend beaucoup plus difficilement sa forme sous une forte pression. Pour cela, nous n’avons qu’à imaginer que vous avez une éponge sèche dans une main, et une éponge mouillée dans l’autre et que vous pressez vos deux mains. L’éponge humide reprendra sa forme beaucoup plus lentement suite à la pression. Ainsi, tout passage de machinerie en conditions humide compacte le sol. [1] Les pratiques de conservation en grandes cultures : pourquoi s’y intéresser? Module 1 du Guide des pratiques en grandes cultures, CPVQ. PAGE 16

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Et la santé des sols dans tout ça? C’est une notion de plus en plus mentionnée dans nos recommandations agronomiques; la santé des sols, grandement liée à l’activité biologique qui, elle, nécessite de l’air et donc, que le sol soit en bon état et vice-versa. Pas d’air, pas de racines, pas de minéralisation de l’azote. Malheureusement, quand l’eau prend la place de l’air, ce sont des conditions difficiles pour la fertilité des sols. Et quand ces espaces sont dégradés par la compaction et la détérioration des sols, c’est encore plus néfaste. De plus, dans le guide Séquestrer du carbone dans les sols agricoles du Québec,[1] on mentionne que la matière organique des sols (MOS) est présente sur 1 à 10 % de la masse des sols. On considère qu’environ 5 % de MOS est vivante (bactéries, champignons, faunes et racines) et que le carbone est une source d’énergie pour les organismes vivants.La MOS est donc primordiale pour le fonctionnement des sols. Elle est impliquée dans le maintien de la structure, de la vie du sol et du cycle des éléments tels que le carbone, l’azote, le phosphore et le soufre (ce qu’on appelle les fertilités physique, biologique et chimique des sols). Bref, toutes de bonnes raisons pour en prendre soin. Aussi, le mécanisme de stabilisation du carbone a été revu au cours des dernières décennies. On peut résumer rapidement que la MOS stable possède une forme chimique simple constituée d’un amalgame de sous-produits de l’activité microbienne associés à des structures minérales. Ainsi, plus un sol est riche en MOS, plus il est fertile et résilient face aux diverses contraintes et aléas climatiques. Il est donc important de tout faire pour préserver cette matière organique des sols, car ce sont des caractéristiques de sol recherchées. Maintenant, le cumul de précipitations a pris plusieurs producteurs par surprise cet automne. Certains avaient pris pour acquis que les semaines d’octobre et du début novembre permettraient de finaliser calmement certains chantiers de travail et ça n’a pas été le cas. On a vu des récoltes se faire avec beaucoup d’eau à la surface du sol, des épandages de fumier non optimisés et des travaux primaires du sol dans des conditions dommageables. Certains ont pris la décision de reporter des labours au printemps, mais pour d’autres chantiers, le report était difficilement envisageable. Malheureusement, les passages de machinerie en conditions défavorables se feront sentir négativement et possiblement sur plusieurs saisons. La détérioration des sols et la compaction ont des impacts importants sur les pertes de rendements, et les pertes de sol, nutriments et pesticides qui conduisent à la pollution de l’eau. Force est de constater que le Québec et notre région sont caractérisés par une grande variabilité pédoclimatique (variation des sols et du climat). La courbe présentée dans l’article précédent de cette édition, sur la variation du bilan hydrique régionale, en est un bon exemple. Cela demande de développer une stratégie propre à chaque région, ou même à une ferme donnée. Voici des exemples de réduction du risque de travail de sol en conditions humides; -Éviter de produire des cultures tardives dans des champs plus humides; -Prioriser les épandages de fumier le plus tôt possible après les récoltes de foin pour conserver un minimum d’épandage en fin de saison; -Augmenter l’utilisation de cultures de couverture; -Débuter des essais à petite échelle de changement de régie comme le semis sous couvert végétal. La planification hivernale de la prochaine saison ajoute le défi de prévoir ce genre de conditions climatiques extrêmes à votre calendrier, par une réduction des risques. Cela fait partie de la définition des changements climatiques attendus bien malgré nous! [1] Samson, M-E., Angers, D.A., Poirier, V. 2023. Séquestrer du carbone dans les sols agricoles du Québec; concepts, perspectives et défis. Rapport remis au Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec. Québec, Université Laval, 106p. PAGE 17

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GÉNIE

François Durand Ingénieur et agronome

Comment lire un plan de nivellement De plus en plus de forfaitaires sont disponibles dans la région pour réaliser du nivellement de précision, guidé par GPS RTK. Les étapes de réalisation d’un tel nivellement sont généralement les suivantes : A. Le relevé terrain B. La réalisation d’un PLAN de nivellement C. Le nivellement. Le plan permet de prévoir avec précision ce qui sera réalisé sur le terrain. Je vous présente ici un guide pour comprendre l’essentiel de ce qui vous est présenté par votre concepteur de plan de nivellement, et prévoir si vous serez ou non satisfait du résultat. N.B. : Ici, je présente un plan de nivellement produit par le logiciel Opti-Surface, qui est généralement le plus utilisé. 1. Le mandat/prémisses de base Dans un rapport de nivellement, le concepteur peut indiquer quelles décisions il a prises en réalisant le plan et pour quelles raisons il les a prises. Ces décisions découleraient normalement de discussions avec le client, avec le niveleur, ou à la suite de visites terrain. Des exemples de DÉCISIONS prises par le concepteur sont les suivantes : Supposer qu’il y a 8 po de sol arable et ne jamais couper plus de 4 po. Décider de niveler jusqu’à un certain nombre d’heures de travail pour respecter un budget Décider localement de couper PLUS de 4, de 6 ou de 8 po : malgré une perte de fertilité, cela peut être justifiable parfois pour créer une voie d’eau, par exemple. Décider de l’intensité du nivellement « Le profil des planches rondes doit disparaître au complet, peu importe le coût » ou au contraire « viser un nivellement minimum » Identifier des zones à problème particulier : un affleurement rocheux à couvrir, un écoulement à diriger, etc. Inclure du sol importé ou prévoir une exportation de sols. La présence de décision PAR ÉCRIT dans le plan de nivellement vous permet de valider que le concepteur a tenu compte de vos préoccupations. Il le protège également légalement s’il a retenu des choix qui diffèrent des pratiques habituelles.

DOSSIER SPÉCIAL - PLAN DE NIVELLEMENT PAGE 18

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2.

La topographie, avant/après

La vue de la topographie reste la BASE d’un plan de nivellement topographique! L’échelle nous indique que les points bas sont en mauve puis bleus, et les points hauts, en rouge. Les courbes de niveau à l’intérieur des mêmes plages de couleurs sont espacées verticalement de 0,11 m, ou 11 cm dans ce cas.

Photo.1 Topographie existante, avant nivellement

La capacité à lire le plan topographique peut vous aider à comprendre rapidement ce qui vous est proposé. Néanmoins, ne vous inquiétez pas si cela reste flou pour vous, il y a plusieurs outils qui arrivent pour expliquer ce qui sera réalisé. Constatez tout de même ces deux propositions de nivellement pour le champ présenté. La première est une proposition plutôt « légère », tandis que la deuxième est très « intensive ». Voyez-vous la différence avec la topographie initiale?

Photo 2. Topographie proposée, nivellement léger

Photo 3. Topographie proposée, nivellement intensif

La première suggestion aura peu transformé le champ, tandis que la deuxième le modifie beaucoup. À titre indicatif, la première version représente 16 heures de nivellement et la deuxième, 72 heures. PAGE 19

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3.

Les flaques d’eau

Le logiciel simule assez efficacement l’accumulation d’eau en surface. Normal, puisque l’objectif du nivellement est de les faire disparaître! Les flaques indiquées ici-bas devraient correspondre aux problèmes observés au champ. La simulation « proposée » ne devrait en revanche montrer aucune flaque. Les flaques simulées dans la « proposition » guident le concepteur à voir s’il a bien réalisé son plan.

Photo 4. Simulation de flaque d’eau avant nivellement

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Photo 5. Simulation de flaque d’eau après nivellement

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4.

Les tracés d’écoulement

Les tracés d’écoulement indiquent comment l’eau circulera dans les champs avant et après le nivellement. C’est important de les consulter pour s’assurer que c’est acceptable que l’eau se dirige à cet endroit! Y a-t-il un fossé ou un ouvrage pour capter cette eau?

Photo 6. Tracé d’écoulement existant

Photo 7. Tracé d’écoulement proposé

Dans cet exemple, on constate que l’essentiel de l’eau se concentre dans la coulée, tant avant qu’après. On peut se demander si l’exutoire est bien protégé contre l’érosion, ce sera tout un coup d’eau qui circulera là. 5.

Le « Cut-Fill »

Cet outil indique à quel endroit on prélève du sol, soit le CUT (couleurs jaune, orange, rouge) et à quel endroit on le dépose, le FILL (bleu et mauve). Dans l’exemple suivant, je peux constater que : 1- Ok, je retire du sol du haut de mes planches rondes, ce qui est bien pour les amoindrir. 2- Cependant, mon remplissage est presque totalement dans la coulée. Généralement, je tente d’avoir un remplissage plus réparti dans le champ, sauf si c’est une demande du client. Dans cet exemple, je reverrais ma conception.

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Photo 8. Cut-Fill proposé

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6.

Le tableau résumé

Le logiciel sort un résumé des opérations qui est fort utile à savoir lire et interpréter.

Photo. 9 Tableau résumé

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7.

Les recommandations complémentaires

Parfois, la réalisation d’un plan de nivellement peut pousser le concepteur à recommander un ouvrage complémentaire. On peut ainsi recommander un avaloir, ou l’ouverture d’un réseau de fossés pour être en mesure de gérer l’eau qui sera évacuée en-dehors du champ. Des ouvrages pour gérer l’érosion peuvent aussi être utiles. Sur ce tracé d’écoulement, une partie de l’eau va vers la gauche du champ (cercle rouge). Je devrais donc recommander quelque chose pour la capter.

Photo 10. Tracé d’écoulement et autres ouvrages proposés.

Les travaux de remise en état des sols sont également à prévoir : sous-solages, engrais verts, etc.

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8.

Autres outils à la demande

N’hésitez pas à demander si vous avez des besoins spécifiques. Dans le cas présent, mon client veut voir de combien seront réduites les planches, et il me demande une vue en profil : Dans cette vue, on peut constater que le dénivelé planche-raie passera de 20-30 cm à 10-15 cm. Cela l’aidera à évaluer si cette réduction est suffisante, ou si je dois revoir mon design.

Photo 11. Vue de profil

Maintenant que vous savez comment lire un plan de nivellement, n’hésitez pas à contacter l’équipe en génie afin d’évaluer votre besoin en nivellement. Il nous fera un plaisir de vous accompagner dans ces travaux de précision, qui amélioreront l’égouttement de surface de vos champs!

François

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MERCI à nos généreux partenaires!!

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Chronique boeuf

Guillaume Barrette Producteur bovin

La génétique, c’est compliqué! De mémoire d’homme, l’élevage de sujets de remplacement a toujours fait l’objet de discussions intarissables et parfois même houleuses. Au cœur du débat, la génétique. Pour certains, cette matière est une véritable passion alors que pour d’autres, l’intérêt est ailleurs. Dans la production bovine comme dans certaines autres productions animales, cela a même créé deux statuts de producteurs/trices différents. Il y a les entreprises spécialisées dans la production de sujets de haute génétique, traditionnellement pur-sang et de l’autre côté, les entreprises qui se consacrent à la production d’animaux destinés à l’engraissement, sous la dénomination d’élevage commercial. Pendant de nombreuses années, sur notre entreprise, nous avions pris la décision d’acheter nos femelles de remplacement. Pendant un certain temps, il y avait une motivation économique à notre choix, mais nous avions également peu d’intérêt pour l’élevage. D’ailleurs, il n’y a pas de mauvaise ou de bonne réponse entre les deux modes soit d’acheter ou d’élever ses femelles. Cela dépend de nos aptitudes et de nos opportunités. Comme rien n’est statique dans ce bas monde, de retour sur notre entreprise, il y a cinq ans environ, nous avons décidé d’assurer une partie de notre remplacement par nos propres génisses. Les meilleures, juge-t-on, naturellement! Le temps ayant fait son œuvre, nous sommes maintenant en mesure de faire quelques constats. Pour ceux qui jouent dans la génétique depuis longtemps, cela n’aura probablement rien de nouveau, mais il est toujours amusant d’avoir le point de vue d’autres éleveurs. Tout d’abord, mettons les choses au clair : l’élevage, c’est COMPLIQUÉ! Pourquoi? Pour deux principales raisons : de un, dans la nature, lorsqu’on gagne d’un côté, on perd de l’autre. L’exemple le plus fréquent est que lorsqu'on met beaucoup l'emphase sur les traits de conformation on perd généralement en matière de performance de croissance. Même lorsque j’étais sur les bancs d’école, on nous enseignait qu’il faut choisir entre performance et conformation. On pourrait dire que la performance se traduit par des veaux qui auront fait de bons gains et nous assurerons donc un bon chèque de paie. Une bonne conformation quant à elle se traduirait par de bonnes mères, bien maternelles, qui demeureront longtemps dans le troupeau sans nous donner trop de soucis. Quoi choisir? Pas facile! Le cartésien en moi a fait une observation à la ferme. Nous faisons la semi-finition de nos veaux. Au cours de l’exercice, nous pesons deux ou trois fois chaque animal. Avec les années, j’ai remarqué qu’il est assez rare qu’un veau plutôt moche performe bien et l’inverse est aussi vrai. Cela peut donc nous enlever un peu d’inquiétude lorsque vient le temps de choisir nos femelles pour l’élevage. Il est peu probable qu’on élimine de bons sujets lorsqu’on fait un tri par les performances.

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Deuxième point, malgré une planification judicieuse dans le croisement des sujets, il y a toujours de la variabilité dans la descendance qui en découle. C’est propre à la nature, c’est loin d’être mathématique, disons! On obtiendra en général des sujets tels que souhaités ou meilleurs, mais il y aura également des déceptions qui bousillent parfois nos plans. Devant ce constat, il est préférable de produire plus de sujets de remplacement que nos besoins sur une base théorique. J’imagine déjà des conseillers en gestion sourciller à cet énoncé. Mais dans la vraie vie, lorsqu’on manque d’animaux de remplacement, on se voit parfois contraint d’abaisser nos standards. Pas sûr que ce soit judicieux. De plus, ce que j’ai également appris, c’est que si vous faites votre sélection en tenant compte de tous les critères possibles, il vous restera peu de candidats voire pas assez. Il faut donc identifier des priorités selon vos besoins, par exemple, tempérament calme, bons pieds, gain moyen quotidien raisonnable, etc. À partir de là, vous sélectionnerez les meilleurs sujets de votre troupeau, mais également des sujets qui se trouvent dans la moyenne. Il sera donc possible d’assurer le remplacement de votre troupeau. Pour essayer de conclure, disons que la perfection est dure à atteindre en matière d’élevage, mais qu’avec un bon plan, il est possible de bien faire les choses. Je sais qu’il me reste encore beaucoup de choses à apprendre en matière d’avancement génétique. Quoiqu’il en soit, ce que je vous ai partagé aujourd’hui est le fruit de mes expériences personnelles, mais également de discussions avec d’autres éleveurs. Maintenant, place au débat!

Guillaume

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Statistiques

Pierre Gagnon Agronome

À la publication du prix d’octobre 2023, les PGQ ont annoncé une augmentation du prix de 4,09$/hl, soit 4,4 % alors que dans le graphique ci-haut on observe une augmentation de seulement 1,48 $/hl ou 1,7 %. Comment expliquer cette différence? Tout d’abord, les PGQ précisent qu’il y a 1,92 $/hl d’augmentation qui provient de la hausse des composantes moyennes provinciales alors que les données ci-jointes sont calculées à composantes fixes. De plus, on utilise un prix net (brut – frais de mise en marché) qui explique 0,62 $/hl de l’écart (hausse des frais de transport). Il ne reste donc que 0,07 $/hl provenant de la différence entre les composantes utilisées et la moyenne provinciale. Le point sur les taux d’intérêt

Taux préférentiel au 5 décembre : 7,2 %

Malgré un taux préférentiel au beau fixe depuis juillet, les taux hypothécaires ont continué à monter. Cela s’explique par l’augmentation des taux de rendement des obligations des gouvernements causés par le ralentissement économique. Ce ralentissement combiné à la diminution de l’inflation va provoquer éventuellement une diminution du taux préférentiel. Certains économistes sont revenus sur leurs prévisions et anticipent une diminution du taux directeur de la banque du Canada dès le 1er trimestre de 2024.

Source : SRDI des PGQ, 5 décembre 2023

La tendance des prix est particulièrement influencée ces mois-ci par l’état des cultures en Amérique du Sud. Les conditions difficiles de semis du soya au Brésil apportent une tendance à la hausse du prix du soya. Dans le maïs cependant, la récolte record des États-Unis constitue le principal facteur baissier.

Transactions au SCVQ Les possibilités d’achat de quota demeurent intéressantes pour les acheteurs. Actuellement, un producteur de 70 kg/jour, misant chaque mois, a pu acheter 6,5 kg/jour au cours de la dernière année alors que cette quantité s’est élevée à 9,2 kg-jour pour un producteur de 150 kg/jour. De plus, la tendance est à l’augmentation des quantités offertes en vente avec, en contrepartie, une diminution du nombre et d’acheteurs. PAGE 28

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Conseil d'administration Justine Boivin-Côté Présidente

justine@boulangeriemedard.com

Nicolas Blackburn Vice-président

nicolas@fromagerieblackburn.com

Nicolas Lavoie Secrétaire

niclavoie@hotmail.com

Guillaume Barrette Trésorier

guillaume.barrette@outlook.com

Étienne Bettez Administrateur

lesjardinschezbettez@hotmail.com

Jade Girard Administratrice

jadegirard1026@outlook.com

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Portrait d'entreprise Ferme Olofée inc. Première usine du créneau et toujours le vent dans le dos

Fiche d’entreprise Une entreprise familiale fondée en 1974 par Bernard Lepage et Bergerette Tremblay Une production céréalière gérée par Virginie, Rose-Alice et Raphaël Lepage Plus de 2600 acres en culture Transformation et revente de 18 000 tonnes métriques d’avoine L’employeur de 30 personnes Un fleuron de Saint-Félicien, au Lac-Saint-Jean

Gestionnaire de grandes cultures et transformatrice d’avoine pour l’alimentation humaine, la Ferme Olofée est un joueur majeur de l’économie régionale. Raphaël Lepage témoigne des gains obtenus grâce à des stratégies éprouvées.

Raphaël, comment votre entreprise s’est-elle positionnée sur le marché de l’alimentation humaine? Ferme Olofée est le premier transformateur d’avoine pour la consommation humaine au Québec. Les entreprises dans ce créneau ne sont pas nombreuses. Nous cultivons une petite partie de l'avoine que nous transformons, donc nous l’achetons principalement d’autres fermes du Saguenay–LacSaint-Jean. En prenant le virage transformation, nous savions que notre succès reposerait sur la stabilité de la demande du flocon d’avoine, qui intègre les recettes année après année. La rentabilité est un aspect entrepreneurial que tes sœurs et toi avez appris avec vos parents. Peux-tu donner vos stratégies pour minimiser les risques? Nous vendons l’avoine et la majorité des produits de la ferme sous contrats, dans lesquels le prix et les spécifications de qualité sont déterminés. Nous planifions soigneusement les productions et la transformation, incluant le contrôle qualité à l’usine et la livraison. Nous avons des certifications et nous respectons nos contrats. Nous acquérons également de nouveaux marchés. Nous établissons une marge brute sensée en planifiant nos achats selon nos ventes. Comment déterminez-vous le prix des céréales? Le prix de certaines céréales varie sous influence du marché local, c’est-à-dire que c’est une entente entre nous et les acheteurs qui le détermine. Nous nous tenons informés des variations de prix auprès de nos clients et de nos fournisseurs. Tandis que le prix de certaines céréales, comme le soya et le canola, fluctue selon le marché boursier. Alors nous suivons l’évolution des récoltes mondiales à la bourse des grains.

Virginie_Rose-Alice_Raphael : La relève de la Ferme Olofée : Virginie, Rose-Alice et Raphael Lepage veulent diminuer la consommation de gaz à effet de serre de l’entreprise. PAGE 30

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Une entreprise qui aime les défis et l’innovation Quels gains faites-vous grâce à votre usine de transformation? La qualité des pièces qui composent la chaîne de production réduit les bris mécaniques, et donc diminue les arrêts de production. L’usine fonctionne 24 h/24. Nous avons aussi uniformisé nos produits et réduit nos coûts. Ayant à cœur d’innover, nous sommes à l’affût des technologies impliquant les céréales. Peux-tu m’expliquer comment cultiver en tenant compte du climat régional? Nous abordons notre climat rustique et les saisons courtes à notre avantage. Nous connaissons les céréales qui poussent dans le climat nordique. D’ailleurs, les professionnels du GMA nous fournissent des explications scientifiques aux problématiques et nous aident à profiler les sols. Pourquoi est-ce important de diversifier vos cultures? Quels défis en découlent? C’est bénéfique pour fertiliser nos sols et diversifier nos marchés! Notre portfolio de céréales évolue selon la demande. Toutefois, cela complexifie la régie, car il faut plus de nettoyage et plus de produits pour nos cultures variées. Nous devons aussi ajuster avec précision la machinerie en fonction des cultures. Prenez-vous des mesures pour contrer les changements climatiques? Nous voulons une entreprise plus attrayante sur le plan environnemental. Pour y arriver, nous visons un meilleur bilan GES pour l’ensemble de la production. Par exemple, pour diminuer la consommation de diesel, nous intégrons l’utilisation de la biomasse. Nous avons également diminué les déchets comme les sacs en plastique et les palettes.

« En prenant le virage de la transformation, nous savions que notre succès reposerait sur la stabilité de la demande du flocon d’avoine, qui intègre les recettes année après année. » – Raphaël Lepage, copropriétaire et directeur de production végétale de la Ferme Olofée.

La demande pour l’avoine est stable.

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Raphael Lepage est directeur production végétale et copropriétaire de la Ferme Olofée.

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Une relève qui a à cœur la pérennité de l’entreprise Vous êtes trois sur quatre enfants à avoir joint l’administration de l’entreprise fondée par vos parents. Était-ce un choix évident? J’ai eu envie jeune de travailler à la ferme. J’ai étudié en agriculture au Cégep de Victoriaville, puis j’ai fait ma place pour devenir gestionnaire de l’entreprise. Virginie a toujours travaillé à la ferme et nous apporte des notions de gestion avec ses études en administration. Quant à Rose-Alice, elle a étudié en réadaptation physique, puis a d’abord travaillé à l’extérieur avant de nous rejoindre dans la gestion de l’entreprise familiale. Nous voulions vivre et travailler à Saint-Félicien, alors notre intégration à l’entreprise était une avenue de carrière incontournable. Comment s’est passée l’intégration de tes sœurs et toi? Nous avons reçu les conseils de professionnels tout au long du processus. Nous étions conscients que, pour mes parents, ce n’était pas facile de laisser aller la relève. Depuis 2016, Virginie, RoseAlice et moi détenons chacun 20 % des parts. Nos parents détiennent 40 % des parts, mais sont inactifs dans l’entreprise depuis deux ans. Nous savons qu’ils sont fiers des progrès réalisés. Quels moyens prenez-vous pour assurer l’avenir de votre entreprise? Pour en arriver à une vision commune, nous rédigeons notre plan stratégique avec l’aide de consultants expérimentés avec les défis propres aux entreprises familiales. Nous continuerons à progresser en maintenant un milieu de travail stimulant et en définissant une structure qui va faciliter les opérations et, éventuellement, le transfert à une relève.

Installations de l’entreprise située entre le rang simple et le rang double à Saint-Félicien.

Entrevue réalisée par Félicia Pivin Créatrice de contenu pour Dico Référence linguistique

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Produits locaux offerts par nos membres Apiculteur

Producteur de farine et légumineuses

Producteur de viande

Laiterie

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Produits locaux offerts par nos membres Fromagerie

Légumes et petits fruits

Grossiste fruitier

Vous êtes transformateur et membre du GMA et votre logo n’apparaît pas sur ces page? Pour le faire ajouter, communiquez avec l’équipe du journal! (418) 679-5661 poste 251 Marc poste 252 Naëla (418) 547-9191 poste 262 Alexandra PAGE 35

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La correction et le montage visuel de cette édition du journal LeRécolteur ont été passionnément réalisés par

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Collaboratrice virtuelle

Johanne Roberge Correction linguistique, conception visuelle, bonne humeur et bien plus!

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