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Villard de Honnecourt

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RUDYARD KIPLING ET LA LOGE "BUILDERS OF THE SILENT CITIES" NO 12

par le TRF Francis Delon, Grand Archiviste

L’Imperial War Graves Commission (Commission Impériale des Cimetières Militaires) fut créée, par une Charte Royale en octobre 1917, afin d’honorer le million de soldats de l’Empire Britannique tombés durant la Grande Guerre et enterrés dans des cimetières militaires à proximité des champs de bataille.

Cette Commission, indépendante de tous pouvoirs politiques et religieux, comptait parmi ses membres de nombreux Francs-maçons, notamment Sir Herbert Ellisson (1880-1946), son contrôleur financier, ainsi que Sir Rudyard Kipling 1, en qualité de commissaire.

L’écrivain se considérait comme responsable de la disparition, à l’âge de 18 ans, de son fils John, sous-lieutenant au deuxième bataillon des Irish Guards lors d’une contreattaque allemande à Loos en septembre 1915. Il avait, en effet, sollicité l’appui d’un officier supérieur pour faire incorporer celui-ci alors, qu’en raison d’une infirmité de la vue, il venait d’être successivement refusé par la marine et l’armée de terre

Encouragé par son cousin Sir Stanley Baldwin, le futur Premier ministre conservateur, Kipling choisit ainsi l’extrait Après "l’avis favorable" donné par le Souverain Grand Comité lors de sa séance du 7 octobre 1921, la "Builders of the Silent Cities Lodge" no 12 fut donc consacrée, après la décision prise par le Grand Maître Barrois le 23 décembre, le samedi 7 janvier 1922 dans les locaux de la Banque Adam, rue Sainte-Aldegonde à Saint-Omer par le Premier Grand Surveillant Edmund Heisch.

Un des premiers Apprentis, le 18 février, fut d’ailleurs le vice-président de la Commission, le Major Général Sir Fabian Ware (1869-1949).

de la Bible, "Their names liveth for evermore" ("Leurs noms vivront à jamais") gravé sur "la pierre du souvenir" présente dans les cimetières militaires abritant au moins mille sépultures, ainsi que l’inscription "Known only to God" ("Connu seulement de Dieu") figurant sur les tombes des soldats britanniques demeurés inconnus.

Au printemps 1921, la Commission transféra son quartier général à Saint-Omer. Ses membres Maçons décidèrent alors d’y établir un Atelier.

À nouveau sollicité, Kipling leur proposa le titre distinctif de "The Builders of the Silent Cities" (Les Bâtisseurs des cités silencieuses). En hommage, ils décidèrent alors d’adopter le style de "Rituel Sussex".

La Loge comptait 26 fondateurs : 16 Officiers (un Colonel, trois Lieutenant-colonel, quatre Major et huit Capitaine) et dix civils dont Rudyard Kipling. Celui-ci en resta membre jusqu’à sa mort le 18 janvier 1936, même si le registre de présence atteste qu’il n’assista à aucune réunion entre 1922 et 1930. Ses Frères lui rendirent hommage en sa qualité de "Fondateur et Membre Honoraire" au cours de leur tenue du 21 mars.

1 - Rudyard Kipling (1865-1936) avait été reçu Apprenti (5 avril 1886), passé Compagnon (3 mai 1886), élevé Maître (6 décembre 1886) et élu Secrétaire (10 janvier 1887) à la Lodge "Hope and Perseverance" no 782 (Lahore). Le 14 avril 1887, il fut également avancé au grade de Maître Maçon de la Marque à la Loge "Fidelity" no 10 et élevé Marinier de l’Arche à la "Mt Ararat Ark Mariner Lodge" no 98. Il démissionna de ces trois ateliers les 4 mars et 30 mars 1889 après son retour en Angleterre. Durant son séjour à Allahabad, il s’affilia, le 17 avril 1888, à la "Lodge Independance with Philanthropy" no 391 dont il demeura membre jusqu’au 31 décembre 1895. En juillet 1909, il rejoignit, temporairement, la SRIA (Societas Rosicruciana in Anglia). En mai 1918, il fut enfin admis comme membre du "Correspondence Circle" de la Loge d’Études et de Recherche "Quatuor Coronati" no 2076.

VILLARD DE HONNECOURT

plus d'ambition que jamais

J’ai eu la joie d’être réinstallé dans la chaire du roi Salomon par notre Très Respectable Grand Maître Jean-Pierre Servel en janvier et je poursuis la tâche entreprise, voilà six années désormais. Les tenues se succèdent, les conférences ont désormais leur public, nous avons parfois osé des concerts, des voyages, des TED conférences... Nous avons réalisé, sous la direction de notre Grand Orateur, des livres superbes qui ont trouvé même un succès commercial. Les exemplaires de notre revue, alternant moments de réflexion et synthèses thématiques, ne cessent de s’aligner grâce au travail imperturbable de notre Frère Patrick B. et nous disposons même maintenant de numéros de prestige traduits en anglais et en espagnol.

Il est sûr que le travail de la Loge Nationale de Recherche ne saurait remplacer tous les travaux des Loges, les expériences spirituelles de chacun, les fruits quotidiens de la fraternité. Mais il est tout aussi certain que nous avons acquis pas la constance de notre travail une image dans la culture, une réputation dans la Maçonnerie internationale, une évidence dans le rayonnement de notre Ordre que personne ne pourra contester. Le mot d’ordre reste donc bien le même : tout Maçon est un cherchant qui vit en Loge une aventure personnelle, mais tout Maçon cherchant peut reconnaître sa quête privée dans les travaux communs de la Loge de recherche du Grand Maître : il la retrouve magnifiée, amplifiée, pérennisée. Oui, la fraternité va jusque-là ! Ce que je vis dans l’espace clos de ma Loge à couvert, d’autres le ressentent et l’expriment dans la Loge, voisine ou lointaine : ses actes vécus en parallèle trouvent leur point de convergence dans les actes accomplis, au nom de tous, par le Vénérable Maître de la Loge de recherche. Il rassemble les intentions de chacun, il porte les secrets des cœurs de toute la communauté maçonnique, il participe à la révélation de l’œuvre accomplie et favorise son rayonnement dans le temps et dans l’espace.

J’aime à souligner la dimension d’unanimité de nos travaux : personne n’est oublié, personne n’est négligé ou déconsidéré, l’intention va directement à tous, et les présents comme les absents sont unis dans la même prière récitée par notre Chapelain où il est demandé au GADLU de protéger notre Ordre « en le cimentant et en le fortifiant de toutes les vertus morales et civiques ». Villard de Honnecourt est ce ciment. On n’y pratique certes pas le rite de la Chaîne d’union, mais c’est que tout le rite de la recherche est cette Chaîne d’union, puisqu’il n’y aurait pas de recherche commune sans recherche de chacun et puisqu’il n’y aurait pas de manifestation unanime si chacun ne s’y joignait pas dans un commun élan et une adhésion de fond.

Villard de Honnecourt rassemble, on le voit, en plongeant ses racines dans les forces vives de la GLNF et il ne faut pas chercher ailleurs les raisons de son succès. Bien sûr, j’aimerais certains soirs, lors des tenues, avoir plus de présences vives et dans les conférences, en général bondées, j’aimerais voir plus de visages fraternels. Mais tant pis, ces moments de solitude n’entravent pas la qualité des travaux. Tous les Vénérables Maîtres connaissent ces distractions des Frères. Vous pouvez ainsi compter sur mon engagement et mon désir de construire l’arche que méritent nos serments. Nous avons la chance de vivre dans une obédience qui illustre un moment unique de la Maçonnerie en France, et peut-être en Europe. La rectitude de ses orientations lui permet de se présenter face à la Maçonnerie régulière mondiale à son rang et de participer à l’œuvre universelle. Certains se demanderont, par les temps qui courent, comment l’on peut, du point de vue de la recherche et de la culture, sinon définir, au moins pressentir la nature de cette œuvre universelle : quelles sont ses fins, quels sont ses pouvoirs ? Eh bien, la réponse va à l’encontre de tous les complotismes : que nous ayons ou non des Supérieurs inconnus, c’est-à-dire des chefs de l’Ordre agissants, mais non déclarés dans nos obédiences, notre œuvre est une œuvre « morale », ce qui ne veut pas dire moralisante ou moralisatrice, mais simplement spirituelle.

Nous n’agissons pas dans l’ordre de la nature (par la science ou la technique), ni dans l’ordre social (par la politique, l’argent ou les réseaux d’influence), mais dans l’ordre spirituel où l’on ne reconnaît que des personnes douées d’intelligence et de volonté. Nous formons une République spirituelle, un « empire » si l’on veut, mais au seul service de la perfection des âmes. Mais à quoi peut servir une telle République spirituelle ? La réponse ne souffre pas de délai : elle sert à sauver tout un chacun du non-sens.

La terre se dégrade, les sociétés se défont, l’histoire n’est plus une leçon dans des contextes devenus trop changeants. Sur cette planète perdue sous la courbure du ciel, entre galaxies et trous noirs, comment orienter une existence si précaire et si évidemment vouée à la déchéance ? Eh bien, nos Temples, nos rites, notre fraternité sont là pour servir cette humanité qui s’interroge et l’arracher à une condamnation qui semble inexorable. Elle lui donne la chance d’une harmonie qui ne se réduit ni aux forces mécaniques, ni aux intérêts de la survie. Nous témoignons d’un ordre inapparent et pourtant nécessaire. Telles sont les colonnes d’Hermès. Elles sont à la porte de nos Temples. Et souvenons-nous, elles ont résisté même au déluge...

Bruno Pinchard

Avec le soutien du TRF Jean-Pierre Rollet, Député Grand Maître et Grand Chancelier, les Frères du groupe international de Villard de Honnecourt ont groupé leurs énergies pour jeter les bases d'une édition internationale des Cahiers Villard : "A path to Freemasonry". Un appel à contributions volontaires auprès de personnalités et d'auteurs maçonniques internationaux pour renforcer le rayonnement international de notre Grande Loge.

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Grande Loge Nationale Française 12 rue Christine de Pisan 75017 - Paris

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