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Fondation - OAF

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Le Musée : riche de ses collections mais aussi de ses projetS

Constitué avec l’appui et le soutien constant des différents Grands Maîtres de la GLNF, le Musée-Bibliothèque de la Maison des Maçons rassemble un patrimoine culturel important d’objets, livres et documents, souvent rares et précieux ; qui le place à un rang comparable à celui des autres Musées Maçonniques français et européens.

Lors du 100e anniversaire de notre Obédience, la réorganisation de l’espace du rez-de-chaussée de "Pisan", avec la conception d’un parcours muséal permettant au visiteur de découvrir un choix de pièces significatives, avait constitué une première étape dans la valorisation de ce patrimoine culturel. Il en avait été de même avec la création du site internet du musée ; pour la première fois, en Europe, l’internaute – qu’il soit Maçon ou profane – peut accéder à une présentation ordonnée des collections d’une Obédience maçonnique (http://www.glnf-musee.fr/ ou, pour une version plus moderne, via Regius).

Aujourd’hui, l’équipe du Musée autour de son conservateur François Geissmann souhaite aller plus loin en initiant une politique active de communication, notamment à destination des Frères de la GLNF, car ce patrimoine est d’abord le leur !

Elle travaille ainsi notamment sur un projet de décentralisation muséale proposant aux Grandes Loges Provinciales une liste d’expositions thématiques temporaires pouvant, soit être réservées aux Frères, soit même être organisées localement à destination des profanes.

De la même manière, une politique d’expositions thématiques au sein même du Musée est en chantier ; une première exposition sur le livre maçonnique est ainsi testée autour de deux thématiques :

• celle des reliures maçonniques, des vitrines présentant quelques-unes des plus belles des XVIIIe et XIXe siècles, • celle des auteurs de la GLNF, avec une vitrine consacrée à Jean Baylot, auteur notamment de La Voie substituée, dont le tapuscrit est ici présenté avec le recueil des premiers travaux de la Loge de Recherche "Villard de Honnecourt", qu’il fonda. Une autre vitrine présente les ouvrages d’autres auteurs importants, en particulier les très rares ouvrages d’Edouard de Ribaucourt, premier Grand Maître de notre Obédience.

Parmi les autres projets, un est particulièrement important. Un Musée n’est pas simplement la collection d’objets du passé, il doit également s’enraciner dans le présent pour témoigner de la vitalité de la Maçonnerie régulière. Cette vitalité est d’abord celle des Loges de l’Obédience, dont le Musée présente les médailles dans des vitrines spécifiques. Or, de nombreuses médailles sont encore absentes, surtout parmi les Loges les plus récentes. Un appel va être lancé auprès des Grandes Loges Provinciales pour que cette collection soit complétée.

Enfin, il faut rappeler que des visites guidées du Musée peuvent être organisées à la demande des Loges, notamment à l’intention des Apprentis qui trouveront dans les témoignages du passé de l’Ordre qui ornent les vitrines des motifs supplémentaires pour construire l’avenir de la Franc-Maçonnerie.

LES ACQUISITIONS DE 2017

Les acquisitions du Musée en 2017 illustrent la diversité et l’universalité de la Franc-maçonnerie dans son histoire, avec des artefacts provenant de plusieurs pays européens et de différentes époques.

Les Loges militaires

Si, durant la Première Guerre Mondiale, l’alors toute jeune Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière a accueilli sous son Obédience quatre Loges composées de Frères de régiments anglo-saxons, la tradition des Loges régimentaires remonte à l’Ancien Régime, comme l’illustrent deux pièces acquises cette année par le Musée de la GLNF : le sceau en bronze de la Loge militaire "La Légion" à l'Orient du Haynault, sous l'invocation de St. Louis, roy de France, 5768 (réf. S2 1630) et le grand certificat (42x38 cm) sur vélin délivré en 1787 par la Loge "L’Union militaire "à l’Orient de Vallogne pour le Frère de Berthou, capitaine d’infanterie au Régiment de Bourgogne.

Diplôme de la Grande Loge maîtresse de Savoie

Autre témoignage de la Franc-maçonnerie du XVIIIe siècle, mais venant de Savoie : un Certificat manuscrit sur vélin décerné au Frère Joseph Blard par la Loge de "Saint-Jean aux trois Mortiers", à l'Orient de Chambéry et en date du 27 juin 1767. L’histoire de cette Loge est intéressante, car elle illustre la manière dont la Franc-maçonnerie s’est diffusée et implantée sur le continent européen. Elle fut fondée en 1749 à l’initiative de Joseph François Novel de Bellegarde, marquis des Marches (1692-1759). Initié à la Grande Loge de Londres vers 1720, il revint dans le Duché de Savoie muni de Lettres patentes délivrées le 13 juin 1739 qui l'instituaient Grand Maître Provincial dans le duché de Savoie et la principauté de Piémont, avec "pouvoir de créer, constituer des Loges dans l'étendue des susdits États, les réprimer et suspendre, établir son vicaire Grand Maître, son

représentant, ses Grands Surveillants et autres Frères en dignités". On notera d’ailleurs que c’est bien le titre de "vicaire Grand Maître, Vénérable" qui figure en tête du certificat. Cette filiation anglaise fit de "Saint-Jean aux trois Mortiers" la "Grande Loge maîtresse des États de Savoie", dont Joseph de Maistre fut le Grand Orateur en 1774 (il n’était âgé que de 21 ans !) et qui "essaima" en créant plus d’une dizaine de Loges.

Si Bellegarde se retira de ses fonctions quand le roi de Sardaigne, dont il était l’un des proches, interdit la Franc-maçonnerie, sa Loge continua ses Travaux jusqu’à l’extinction de ses feux en 1815.

Autres acquisitions

Bijou de la Grande Loge de Berlin "Zum drei Weltkugeln" Le Musée disposait déjà de plusieurs artefacts provenant de la Grande Loge mère nationale "Aux trois Globes" (diorama, bijou, tableau d’un Vénérable). Finement ouvragé, ce bijou date des années 1780, époque de rattachement de cette Obédience à la Stricte Observance Templière.

Bijoux de ponton Réalisés par les prisonniers français des guerres de la Révolution et de l’Empire enfermés sur des pontons britanniques, ces bijoux témoignent de l’ingéniosité des Frères dépourvus de tout pour maintenir actif leur engagement maçonnique.

Cordon de l’Arche royale De provenance anglaise et accompagné de son bijou, il date du début du XIXe siècle.

Tablier en bronze Cette pièce étonnante décorée d’Outils symboliques et garni de pendeloques provient probablement du comptoir d’accueil d’un hôpital maçonnique anglais, illustrant ainsi l’importante contribution philanthropique de la Maçonnerie. Pot maçonnique Haut de 12 cm et finement peint de deux cartouches similaires ornés de symboles maçonniques, il est en porcelaine émaillée de la Compagnie des Indes (famille rose) et date de la fin du XVIIIe siècle.

Deux tableaux Signés d’artistes contemporains, ils prouvent s’il en était besoin que l’art maçonnique se décline aussi dans la modernité.

SOUS LA LOUPE...

Un exceptionnel plat en faïence de Moustier En 2017, les collections du Musée de la Maison des Maçons se sont notamment enrichies d’un exceptionnel plat en faïence de Moustier qui appartenait à la Loge "La triple Harmonie" à l’Orient de Béziers. Il peut être daté des années 1770-1780. Il présente un décor de grand feu en camaïeu bleu à rehauts de jaune et manganèse, avec un bord contourné et un marli de lambrequins simplifiés. Trois médaillons disposés en triangle (dont un à cheval sur le marli) reprennent le blason de la Loge (Outils symboliques : Équerre, Compas, Truelle, Maillet,…) surmonté d’une couronne autour et porte l’inscription circulaire Loge de La Triple Harmonie de l’Orient de Bézies (sic). Il faut noter que les assiettes connues ressortant du même service ne comprennent qu’un seul médaillon en leur centre, comme on peut notamment le voir au Musée des Beaux-Arts de Bernay. Outre sa beauté, ce plat est particulièrement intéressant, car il est un témoignage de la Franc-maçonnerie dans les Provinces de la France d’Ancien Régime, en particulier dans le sud et le midi.

Dans un entretien de 2008 à l’Express, l’historien de la Maçonnerie française méridionale, Paul Pistre soulignait qu’il y avait cinq Loges à Béziers avant la Révolution de 1789. Si l’on met à part deux Loges régimentaires (donc liées à la présence militaire dans la ville), il existait trois Loges "civiles" ("Les vrais Amis", "Saint-Jean de Jérusalem" et "La triple Harmonie") pour un peu plus de 12 000 habitants. La particularité de "La triple Harmonie" est qu’il n’existe pas d’autre trace historique de son existence que celle du service de table auquel appartient ce plat. Ses archives ont-elles disparu avec la Révolution ? Le service de table a-t-il été commandé en vue de la création de la Loge ? Et dans cette hypothèse, qui en fut l’instigateur et le mécène ? Autant de questions qui aujourd’hui restent en suspens, ouvrant ainsi au visiteur du Musée tout l’espace de l’imaginaire.

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