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In Memoriam

In Memoriam

Ainsi dépouillé, comment agencer les Temples au mieux ?

MES : Avec la précision la plus absolue. L’essentiel du travail de metteur en scène consiste à aligner les acteurs sur la même ligne ce qui est très difficile car ils ne se voient pas les uns les autres. C’est pareil dans un Temple où il est très rare que les Frères soient parfaitement alignés sur les colonnes. Cela aboutit à un placement désordonné de sorte qu'en cours de cérémonie, nous éprouvons une impression de flou. Concrètement, lorsqu’il prépare le Temple, le Maître de cérémonie doit veiller à parfaitement aligner les chaises les unes par rapport aux autres, pour donner une belle impression de travail.

DD : On retrouve cette obligation dans nos rituels de table lorsque l’on dit « mes Frères, alignez vos colonnes ». Ou encore en Tenue de Grande Loge lorsque le Maître des cérémonies dit trouver chaque Frère sur ses colonnes respectives.

Il arrive parfois que nos Temples les plus grands soient vides et que les Frères se sentent un peu seuls. Comment investir cet espace ?

YP : Il est impossible de plonger le fond du Temple dans le noir pour masquer ce vide, sinon l’esprit se perd. Il faut donc prévoir des panneaux, ou des paravents sur roulette, pour couper la pièce en deux lorsque c’est nécessaire. Le but est de ne pas être perturbé par le vide.

GG : On peut éventuellement envisager un rideau, ou bien disposer des draps noirs sur les fauteuils vides. De cette façon, ils deviennent à leur tour un espace signifiant : ce ne sont plus des sièges mais des parties de décor. Quel mobilier choisir ?

YP : Tout est envisageable en fonction de l’ambiance et du style que l’on veut donner à nos Temples. Certaines couleurs ou matériaux grisés vieillissent mal et manquent de chaleur. Je pense là encore aux chaises dans nos Temples rue Christine de Pisan. Cela perturbe l'entrée dans la réflexion. Je pense fondamental de retravailler les couleurs de nos Temples pour une plus belle mise en harmonie.

GG : Il faut autant que possible chercher des couleurs et des matériaux nobles, naturels.

Venons-en aux lumières. Que peut-on imaginer avec toutes les techniques permettant aujourd'hui d'avoir des ampoules balayant le spectre lumineux ?

DD : Aux 3 premiers grades, nous travaillons avec du blanc. Le rouge n’arrive qu’à partir de l’Arche Royale. Travailler sur ces deux couleurs, constitue la base.

MES : On peut réaliser beaucoup de choses avec du blanc. Ce qui compte c’est l’intensité et surtout la direction. Par exemple si toutes les lumières viennent du même endroit on aura l’impression du soleil levant. On peut aussi se focaliser sur des points précis de l’espace que l’on souhaite mettre particulièrement en valeur. Je pense au tableau de Loge ou aux lumières derrière le Vénérable Maître (lune, soleil...) qui sont trop souvent en plastique.

Le faisceau doit montrer quelque chose. Prenez ce magnifique tableau du Caravage « L’invocation de Saint Mathieu » on y voit la lumière suivre le doigt de Jésus et se poser sur Saint Matthieu, ce qui crée un espace dramatique.

PV : Les Loges doivent investir dans les lumières, ce n'est pas très coûteux. Grâce aux leds, à couleur variable, nous pouvons mettre toute la gamme et aller en même temps dans le sens des économies d’énergie. C'est ainsi qu'à Pisan, depuis 4 ans que nous pratiquons des économies d'énergie au point d'avoir abaissé la facture d'électricité de 5 000 euros par rapport aux consommations prévues.

Y a-t-il des zones à surexposer par rapport à d’autres ?

YP : Les besoins sont différents selon les rites. Au Rite d’York le Temple est au milieu de la Loge donc c’est cela qu’il faut éclairer à la différence du Rite Écossais où il faut éclairer l’Orient. Par ailleurs, il faut se focaliser sur les points importants, l’Orient, le tapis de Loge et sur les trois lumières, la Bible l’équerre et le compas. Imaginer des éclairages spécifiques sur ces points là serait très utile. Il faut réinvestir enfin dans l'éclairage des cabinets de réflexion où il fait si sombre que l'on ne voit pas sa propre main, rendant difficile l'écriture.

Que peut-on envisager en termes de décoration murale ? Certains veulent mettre des dessins, des fresques...

OR : Les fresques ne seraient envisageables que si elles sont réalisées par un artiste, mais il est impossible de généraliser. Le plus simple serait peut-être d'envisager des rideaux de velours qui assombrissent l’espace. On peut aussi décorer des Temples avec des lacs d’amour.

DD : Nous devons absolument éviter de détourner l’attention des Frères.

YP : Je suis d'accord, ne tombons surtout pas dans le pastiche. Nous devons viser quelque chose de pérenne qui évite l’anecdote dont on se lasse très vite. Les Frères doivent être fiers en entrant dans le Temple, ils doivent avoir le sentiment d’appartenir à un club.

Abordons maintenant la question du matériel.

MES: Je me rappelle, lors de mon initiation, lorsque je me trouvais dans le cabinet de réflexion, avoir été frappé par le crâne qui était tout petit et n'avait rien d'humain. Cela faisait toc. Je ne dis pas qu’il faut un vrai crâne mais à la longue, le plastique n’a rien de symbolique. Il faut privilégier peu d’éléments mais qui fassent aussi vrais que possible. En évitant absolument d'avoir des kits pour enfants. Au théâtre il vaut mieux ne pas avoir d’élément qu’un élément qui fasse toc. Je préfère jouer une scène en imitant une épée plutôt que prendre une épée de Zorro pour enfant de 10 ans.

Tous : Il y a un gros travail à fournir avec nos fournisseurs dans ce domaine. C'est le rôle de Scribe, en priorité, que de concevoir des kits qui ne fassent pas toc mais permettent d'aménager le Ttemple au mieux. C'est vers ce but que doivent tendre, désormais, nos futures réflexions.

CULTURE MAÇONNIQUE

Rituels Inconnus

Jean-Luc Leguay, Commentaires Minh-Son Nguyen

Éditions DERVY, 2017, 192 pages,28 € Un beau-livre est un livre, généralement de grand format, comportant des illustrations de grande taille, souvent en couleurs, et imprimé avec soin. C’est le cas de Rituels Inconnus, nominé dans cette catégorie au Salon Maçonnique du Livre de Paris 2017 de l’Institut Maçonnique de France.

Un ouvrage qui nous raconte quelques-uns des plus grands récits de l’Ancien Testament… C’est le pari audacieux de l’auteur et illustrateur de génie qu’est Jean-Luc Leguay, dernier détenteur du savoir initiatique de l’école italienne d’enluminure, nous faisant ainsi cadeau de rituels méconnus. Avec un "R" et un "I » majuscules, aime-t-il à préciser, comme dans Supérieurs Inconnus, dernier rituel révélé, en italien, à l’aide de somptueuses planches. Mais les rituels sont constitués par des rites, c’est-à-dire un ensemble de règles immuables, fixant le déroulement d’une cérémonie. Et ce sont celles du troisième degré de la Franc-maçonnerie qui nous sont transmises, de Noé à Moïse, du roi Salomon à l’architecte Hiram, en passant par Babel, la ville où fut érigée la fameuse tour évoquée dans la Genèse.

Rituels Inconnus est une œuvre graphique novatrice, dont la profondeur et la poésie se mêlent aux textes sublimes rendant accessibles certains récits de l'Ancienne Alliance. Novateur, parce que l’auteur a collecté, au cours des quarante dernières années de sa vie spirituelle, des manuscrits anciens, de par le monde. En profondeur, parce que tous ces rituels, décrits et complétés après recherches historiques, ont été expérimentés en Loge. Et, comme par magie, ils opèrent. Ce ne sont pas que des mots alignés. Le rituel n’a d’autre intérêt qu’une recherche individuelle permanente de la lumière. Qui plus est, le rituel maçonnique est un véhicule initiatique qui nous conduit sur le chemin de la recherche de la Vérité et il nous invite à poursuivre au dehors l'œuvre commencée dans le Temple.

Le lecteur pourra ainsi découvrir six rituels : un dialogue entre le sage roi Salomon, roi d’Israël et Hiram, l’architecte, un rituel de l’Arche de Noé, un rituel des Maîtres de la tour de Babel, un rituel de Moïse, un rituel de voyage de Maître Hiram en Orient Éternel et le rituel Martiniste.

Les précieux commentaires de Minh-Son Nguyen, en fin d’ouvrage, sont particulièrement éclairants sur la symbolique des rituels proposés à notre curiosité.

De formation scientifique, Minh-Son Nguyen, polytechnicien, est docteur en physique. Initié il y a 20 ans à la GLNF au sein d’une Loge REAA, il est également membre de Loges travaillant au Rite Français et aux rites anglo-saxons. Il a mené de nombreux travaux de recherche sur la Maçonnerie et l’histoire des rituels.

Sous le nom d’Héraclius, Jean-Luc Leguay est l’un des derniers Maîtres Enlumineurs de renommée internationale. Il ne resterait à l’heure actuelle que quelques enlumineurs réguliers, non issus d’une école d’art avec enseignement collectif, mais d’une transmission de maître à disciple, individuelle et ininterrompue, remontant au VIIIe siècle. Héraclius est aujourd’hui le seul héritier de sa filiation italienne. Nous lui devons, entre autres, Perceval le Gallois de Chrétien de Troyes (Éditions Ipomée-Albin Michel, 1997), Le livre de l’Apocalypse (Éditions Ipomée-Albin Michel, 1999), La Divine Comédie (Éditions Ipomée-Albin Michel, 2003 ; rééd. DERVY, 2013), Le Maître de lumière (Albin Michel, 2004), Rituel de consécration d'une Loge (Jean-Luc Leguay, 2008), Mutus Liber initiation (DERVY, 2010) ainsi que les enluminures de Trois cents ans de Franc-Maçonnerie (GLNF/DERVY, 2017).

Trésors de la faïence maçonnique française du XVIIIe siècle

Jean-Claude Momal - Préface de Roger Dachez, DERVY, Coll. L’Univers Maçonnique, 2017, 238 pages, 29,90 € Jean-Claude Momal a consacré de longues années au rayonnent si particulier de la faïence - cet art du Petit ou du Grand Feu - dérivée de Faenza, localité italienne. Expert en son domaine, référence incontournable, l’auteur nous livre, en grand connaisseur, le travail d’une vie. Avec une mise en pages et en images des plus remarquables. Si un trésor est un ensemble de choses de valeur (or, argent, objets précieux, pierreries, titres, etc.) accumulées et souvent soigneusement cachés, dans le domaine artistique, il s’agit d’une collection d'œuvres considérées comme précieuses. Et c’est bien le cas ici. L’auteur nous retrace l’histoire de cet art en plein essor au XVIIIe siècle. En effet, de Nevers à Rouen, de Saint-Clément à Moustiers, de nombreuses faïenceries valorisent les gestes traditionnels de la faïence d’exception. Et Jean-Claude Momal de nous conduire dans un véritable tour de France à la découverte de l’art maçonnique et des faïences à décors maçonniques.

La préface de Roger Dachez nous éclaire quant à la genèse de ce très beau livre, sans omettre de nous compter combien les agapes vont contribuer à la diffusion de l’Art Royal.

Faite d’argile, d’émail blanc, d’étain et de feu, la faïence conjugue avec raffinement le beau et le fonctionnel. En fonction des régions et des tendances des arts décoratifs, chaque faïencerie cultive une signature qui lui est propre et produit des faïences aussi raffinées que variées. Parmi la grande diversité des formes et des motifs, l’auteur nous livre les plus belles réalisations à décors symboliques et maçonniques. Tout en nous retraçant, d’entrée, comment un public averti a pu, au fil du temps et des expositions, être sensibilisé à la faïencerie qui a su enrichir le patrimoine de la Franc-maçonnerie.

Nous recommandons la lecture de ce magnifique ouvrage, car tout ce qui touche à la culture maçonnique est nôtre. Ce livre est le second beau livre de la collection "L’Univers maçonnique", inaugurée en 2008. Et René Le Moal, auteur et ancien rédacteur en chef de La Chaîne d’Union et directeur de cette collection, n’hésite pas à le qualifier de livre d’art.

Jean-Claude Momal est membre du comité scientifique du musée de la Franc-maçonnerie, situé au Siège du Grand Orient de France, et de l'Institut d'Études et de Recherches Maçonniques (IDERM). Il est l'auteur de plusieurs contributions sur le patrimoine maçonnique publiées dans la revue Chroniques d'Histoire Maçonnique et de différents ouvrages et publications. Il a établi, en quarante années de recherches, un inventaire quasi exhaustif du décor maçonnique français sur faïence au XVIIIe siècle, tant chez des collectionneurs privés qu’à l'étranger dans des endroits aussi prestigieux que le Metropolitan Museum à New York et le Victoria & Albert Museum à Londres. Il a reçu le Prix littéraire 2017 de l'Institut Maçonnique de France, catégorie Beau Livre, dans le cadre du 15e Salon Maçonnique du Livre de Paris.

Symboles dans l’art populaire

Daniel Boucard - Éditions Jean-Cyrille Godefroy, Coll. Tradition et symboles, 2017, 304 pages, 28 € L’art populaire, notion apparaissant au XVIIIe siècle, regroupe toutes les formes d'art non élitiste. Les symboles que nous croisons régulièrement dans la vie courante, au coin de la rue, sur les frontons ou les piliers des églises, en régions ou sur les outils des Compagnons rentrent dans cette classification et sont ici passés en revue.

Pour le Maçon, le symbole est un objet, une image, un signe ou un comportement manifestant, figurant ou évoquant quelque chose. Il peut servir de marque de reconnaissance entre initiés. Le rituel du Rite d'Union, dit Émulation, définit la Franc-maçonnerie comme "un système particulier de morale, enseigné sous le voile de l’allégorie, au moyen de symboles..."

Pour aborder les symboles maçonniques, il nous faut donc regarder de plus près le lieu où se donne et se reçoit l’initiation : la Loge, image de l’univers, avec son plafond et sa voûte azurée constellée d’étoiles, son pavé dallé de grands carrés blancs et noirs, signifiant que l’harmonie naît de l’équilibre des contraires. Pour mieux appréhender et comprendre les symboles, nous devons sortir de ce cadre, pour mieux y revenir. Et c’est sous forme de dictionnaire, que Daniel Boucard entreprend de nous instruire.

Commençant avec l’"Abeille", ouvrière laborieuse et organisée, travaillant tant sur le plan temporel que sur le plan spirituel, et s’achevant avec le mot "Zodiaque", zone circulaire de la sphère céleste, contenant les douze constellations et dont les signes astrologiques sont reliés à la division traditionnelle en quatre éléments (terre, air, eau, feu), correspondance semblant résulter d'un rattachement secondaire à la classification d'Aristote en quatre qualités élémentales (chaud, froid, sec, humide), l’ouvrage couvre un très vaste domaine.

Allant de signes de reconnaissance de la Franc-maçonnerie, des symboles anciens de sociétés ésotériques antiques, mais aussi aux emblèmes utilisés en héraldique ou alchimie, sans oublier métiers et corporations, ce livre nous donnera les moyens de progresser. Orné de plus de 250 illustrations et de 50 superbes planches dessinées pleine page en noir et blanc, le dernier opus de Daniel Boucard nous révèle toute la richesse de l’imaginaire populaire.

Daniel Boucard est un écrivain et illustrateur français, spécialiste des arts populaires, des outils anciens, et auteur de dictionnaires qui font référence. Nous lui devons, pour l’essentiel, Les Outils de métiers (Jean-Cyrille Godefroy, 2002), le Dictionnaire des outils et instruments pour la plupart des métiers (JeanCyrille Godefroy, 2006), Prix Delmas décerné par l’Institut de France, le Dictionnaire illustré et anthologie des métiers du Moyen Âge à 1914 (Jean-Cyrille Godefroy, 2008), Prix Alfred Verdaguer de l’Académie Française et le Vocabulaire illustré des arts populaires (Eyrolles, 2014).

Basile Valentin : Derniers secrets

De la Pierre des Philosophes et des Tours de Main touchant sa droite préparation précédé de Basile Valentin ou De l’Admirable Mystère de l’Air - Collection dirigée par

Chalybe - Éditions du Cosmogone, 2017, 606 pages, 96 € Chalybe, adepte souhaitant garder l’anonymat, nous livre ici une très belle édition numérotée et limitée à 300 exemplaires. Il est le troisième et dernier volet de Testament - De la Transmutation métallique d’Alexandre Sethon, dit Cosmopolite et de La vérité Alchimique, traité inédit de Philalèthe. Une trilogie plus que parfaite. Il s’agit d’une première traduction française, annotée et commentée, avec érudition - comme il sied toujours aux Éditions Cosmogone - des ouvrages d'Alchimie du moine Basile Valentin présenté comme un moine bénédictin du XVe siècle. Ouvrages qui sortirent des ateliers d’imprimerie allemands en leur édition princeps. Tant le curieux de nature que le disciple apprécieront cet inédit, rareté littéraire s’il en est, et véritable somme philosophique. Il aidera à sortir des Ténèbres, pour celui qui décidera de se mettre aux fourneaux. Une vraie pépite…

Histoire du Régime Écossais Rectifié

Des origines à nos jours Jean-Marc Vivenza

La Pierre Philosophale, 2017, 568 pages, 44,90 € Jean-Marc Vivenza a effectué des études en philosophie, histoire de l'art et musicologie. Ses travaux, orientés vers l'ésotérisme, le font reconnaitre comme l’un des meilleurs connaisseurs de l'œuvre de René Guénon, du martinisme et des auteurs tels que Jacob Boehme, Joseph de Maistre, Martinès de Pasqually, LouisClaude de Saint-Martin et Jean-Baptiste Willermoz. Son dernier opus nous fait revivre la grande et la petite histoire du Régime Écossais Rectifié, une des plus anciennes structures maçonniques, qui est un "Ordre", issu de l’enseignement des Élus Coëns. Rappelons que l’Ordre des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte, qui coiffe et dirige le Régime Écossais Rectifié, est porteur de cette base spirituelle et de cet héritage historique, enseignements christianisés lors des Leçons de Lyon (1774-1776). De la Stricte Observance dite Templière au système établi à Lyon lors du « Convent des Gaules » (1778), allant jusqu’au dernier rebondissement de 2012, avec la constitution du Directoire National Rectifié de France et le réveil du Grand Directoire des Gaules, ce livre couvre près de trois siècles d’histoire. Il vous fera comprendre la doctrine initiatique issue de l’enseignement de Martinès de Pasqually, l’Ordre invitant à une rencontre intérieure. Pour les autres, il aidera à connaître ce Rite méconnu et à défaire l’enchevêtrement de cet écheveau qu’est le Régime/Rite. Cet imposant volume, complété par de riches annexes, fera date. l

Aux sources du REAA

Le cahier de loge du Vénérable Tarade

manuscrit témoin de la vie maçonnique de 1761 à 1776 Transcriptions et commentaires de Claude Gagne et Dominique Jardin - DERVY, Coll. "Pierre Vivante", 2017, 720 pages, 38 € Préfacé par Pierre Mollier, conservateur du musée de la Franc-maçonnerie, avec un avant-propos de François Rognon, ancien responsable des archives et de la bibliothèque de la GLDF, ce magnifique volume impressionne d’emblée par la qualité de son papier et la très grande beauté des reproductions couleurs du manuscrit Tarade.

Théodore-Jean Tarade (1731-1788) est violoniste, professeur, compositeur et auteur du célèbre Traité du violon ou Règles de cet instrument (1774), qui, dès 1751, est membre de l'Orchestre de l'Académie royale de musique. Ce manuscrit maçonnique, écrit entre 1761 et 1776, entièrement reproduit et pour la première fois transcrit, retrace la vie de la Loge parisienne "Saint Théodore de la Sincérité", probable Loge de musiciens dont il fut le Vénérable Maître.

La Constitution de la Loge, les procès-verbaux des tenues, les tableaux annuels pour la Loge et celle d’Adoption figurent parmi les nombreux et intéressants documents. Il aborde aussi les différents grades pratiqués au milieu du XVIIIe siècle, tant en Loge bleue qu’en ce qui concerne les hauts grades. Il offre un tableau complet des rituels de l’époque. C’est ainsi, que succédant aux trois premiers grades, les rituels de la Maçonnerie "pour les Dames" sont présentés et augmentés d'un quatrième grade d'Écossaise "inventé par le Frère de La Chaussée". Huit autres rituels de hauts grades sont aussi décrits.

Ce manuscrit confirme des points d’histoire et en éclaircit d’autres, sachant que certains rituels intégreront ce qui deviendra, quarante ans plus tard, le Rite Écossais Ancien et Accepté. Un remarquable travail à quatre mains.

Claude Gagne possède l’une des plus belles collections privées de manuscrits maçonniques. Il a publié de nombreux articles sur l'histoire et l'iconographie de la Franc-maçonnerie. Dominique Jardin, agrégé et docteur en histoire, est un Frère sachant. Nous lui devons Voyages dans les tableaux de loge, Histoire et symboles (Jean-Cyrille Godefroy Éditions, 2011), La tradition des francs-maçons, histoire et transmission initiatique (DERVY, 2014), prix de l’IMF au Salon Maçonnique du Livre de Paris 2014, catégorie Essai-Symbolisme et Le temple ésotérique des francs-maçons Jean-Cyrille Godefroy Éditions, 2015).

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