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BULLETIN d’information
Novembre 2018
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© FFL/ T. Winn
L’ACCÈS À LA SANTÉ POUR TOUS
Fondation Follereau
151, Av. du Dix Septembre L-2551 Luxembourg Tel: 44 66 06 1 | Email: info@ffl.lu
www.ffl.lu
Les activités de la Fondation en Afrique
2 axes d’intervention 36 projets 9 pays
MALI BURKINA FASO GUINÉE CÔTE D’IVOIRE
MADAGASCAR
TOGO BÉNIN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
HEALTH IS WEALTH 22 projets 80.2% du budget global + de 300 000 BÉNÉFICIAIRES
LET KIDS BE KIDS 14 projets
19.8% du budget global + de 23 000 BÉNÉFICIAIRES
SOMMAIRE SOUTENEZ NOS PROJETS AVEC UN DON ! Votre don est fiscalement déductible
IBAN LU38 0019 1100 2081 3000 (BCEELULL) IBAN LU15 1111 0000 7878 0000 (CCPLLULL)
2 > La Fondation 3 > L’accès à la santé pour tous 4 > La santé communautaire 6 > Témoignage volontaire
www.ffl.lu ou
8 > Les femmes et les enfants d’abord 10 > Retour de mission de Jean Hilger 11 > Interview avec Fatou Sow Sarr 12 > Hommage à Jos Hilger -2-
© LG Magazine
Edito
Au Grand-Duché du Luxembourg, une naissance est un bonheur incommensurable. Lorsqu’une personne de votre entourage vous annonce l’arrivée imminente d’un nouveauné, la joie, l’émotion, l’espoir pour l’avenir prennent une place importante. Si ce bonheur vous comble d’autant plus car il s’agit de votre propre grossesse, il peut également entraîner certains doutes, des incertitudes, et parfois même la peur. De ne pas être à la hauteur ou de ne pas en avoir les moyens. Et parfois même de perdre cet enfant, ou plus rarement, sa propre vie. Au Mali, par exemple, il s’agit d’une réalité bien plus présente. Pour 100,000 naissances maliennes, 587 femmes* vont décéder lors de l’accouchement ou de suites de la grossesse. En zone rurale, lorsqu’il n’y a pas de possibilité de contrôle prénatal et que la prochaine maternité pour accoucher est trop éloigné, ce risque augmente de manière inconsidérée. Au Luxembourg, ce risque existe aussi, mais reste bien mieux maîtrisé. Or toute femme, toute famille devrait pouvoir profiter de ce bonheur, sans être menacé par un destin tout à fait évitable. En 2019, la fondation s’est engagée à construire 12 centres de santé, munis d’une maternité, au Bénin, Burkina Faso, Mali et Togo, ceci dans des zones rurales non-couvertes par des soins de santé. L’exemple le plus
courageux est surement la construction d’une maternité sur pilotis à Lokpodji au Bénin. Une population de 10 000 habitants environ y vit sur une immense étendue d’eau, le lac Nokoué. Grâce à votre précieux soutien, une première maternité y verra le jour au 1er semestre 2019. L’accès à des services de santé pour les femmes et les enfants se trouve tout naturellement au centre de nos actions. La fondation a su se créer une solide expérience au cours des 50 dernières années dans ce domaine. Nous contrôlons et accompagnons le fonctionnement des centres de santé pendant plusieurs années jusqu’à ce qu’ils puissent opérer de manière autonome. Derrière ces projets menés par la fondation, des centaines de milliers de femmes, d’hommes et d’enfants voient leur quotidien amélioré et leurs chances s’accroître. C’est pour que leur destin, si similaire au nôtre et pourtant si différent, évolue considérablement, que nous nous battons au quotidien. Je remercie chaleureusement nos nombreux donateurs de la Fondation Follereau Luxembourg. Vous pouvez être fiers de vos contributions des résultats que nous obtenons ensemble. Sans vous, tous ces succès, tous ces bonheurs ne seraient pas possibles. Merci. Jean Hilger Président du Conseil d’Administration
BUREAU PERMANENT Conny Reichling, Aurélie Costantini, Nathalie Davila, Clémentine Gloire, Naristé Grün, Mohamed Mounir, Monique Schmit, David Thommes. CONSEIL D’ADMINISTRATION Jean Hilger (Président), Julio Nerin (Vice-président), Brigitte Bontemps-Loschetter, Georges Keipes, Anne Majerus, Boubacar Niang, Jean-Luc Pauly, Dr. Jean Smit, Jos Hilger †. CONSEIL ÉTENDU Marie-Thérèse Ney.
*Source : CIA World Factbook (2015) -3-
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“HEALTH IS WEALTH”
L’accès aux soins de santé de base en région rurale en Afrique de l’Ouest et centrale
« Les femmes ne meurent pas à cause de maladies que nous ne savons pas guérir. Elles meurent parce que la société n’a pas encore décidé qu’il vaut la peine de sauver leurs vies. » Mahmoud F. Fathalla, obstétricien
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uand nous sommes malades, nous consultons un médecin. En général, cela prendra une heure en comptant le temps dans la salle d’attente. Nous avons le choix de régler la facture directement ou plus tard, les frais sont remboursés par la mutualité. Au Luxembourg, ces démarches sont une évidence pour la majorité des résidents. Dans d’autres pays, notamment en Afrique de l’Ouest, ce n’est pas le cas. Encore moins lorsque l’on s’éloigne des grandes villes et que l’on avance dans les régions rurales isolées.
Depuis plusieurs années, la Fondation Follereau s’engage pour un accès aux infrastructures sanitaires et pour un accès aux soins de base, en particulier en région rurale. Ainsi, en collaboration avec notre partenaire togolais, l’AAT-FFL, une unité de soins périphériques (USP) a été construite et rendue fonctionnelle en 2016. L’USP de Doglobo est gérée par une équipe locale de professionnels de la santé, dans une volonté de renforcer les communautés locales et de garantir la durabilité du projet sur le long terme. -4-
« Ce projet [l’USP de Doglobo] a été d’une grande utilité pour nous. C’est dans ce centre que j’ai accouché de mon cinquième bébé. Auparavant, nous parcourions plus de 5km a pied pour aller accoucher ou pour nous faire consulter. De nos jours, nous avons plus de facilité à faire les consultations prénatales et les consultations postnatales grâce à ce centre construit ici à Doglobo. » Adjo Ahadjro, 30 ans, cultivatrice à Doglobo
DEUX
La malaria tue un enfant de moins de 5 ans toutes les 2 minutes. Les enfants sont, en effet, toujours les plus vulnérables face à cette maladie. Source : Organisation Mondiale de la Santé
CONCRÈTEMENT 1. Inclure les communautés dans la gestion de leur propre santé et leur offrir les moyens de la garantir en réduisant les barrières à l’accès aux soins: • Construction de centres de santé • Formation du personnel de santé • Mise à disposition d’ambulances • Initiation d’activités génératrices de revenus
?
2. Travailler sur les déterminants de la santé: • Intervenir en faveur de l’accès à l’eau potable • Soutenir de nombreux programmes d’information et de sensibilisation pour la population, très important pour garantir la fréquentation des centres de santé, ainsi que sur l’amélioration de la santé publique en général.
En République Centrafricaine, un projet de tickets de santé distribués aux communautés Aka et Bantous pour une contrepartie financière symbolique, a pour objectif d’inciter les gens à fréquenter les centres de santé. Ce système permet d’ouvrir les services sanitaires à des populations démunies (et jusque-là exclues des soins de santé), sans pour autant pénaliser les structures de santé dans la génération de leurs revenus. La fondation compte aujourd’hui plus de 20 projets touchant à la santé publique communautaire. Au travers des centres de santé, comme l’USP à Doglobo, l’accès aux soins est ouvert aux populations issues de régions enclavées, les distances à parcourir à pieds en étant malade ou enceinte sont largement réduites, et des consultations préventives, prénatales et postnatales, le dépistage de maladies, ou encore le suivi de personnes à risque peuvent aussi être assurés. Le personnel qualifié des centres est toujours issu de la communauté locale. Aussi, nos structures comprennent également la prise en charge alimentaire des patients pendant leur séjour et la possibilité, au Bénin notamment, pour les enfants hospitalisés sur une plus longue durée, de poursuivre leur scolarité. Depuis quelques années, la Fondation Follereau s’oriente sur l’appui plus poussé du couple mèreenfant. -5-
En effet, la santé maternelle et infantile se trouve quasi systématiquement au coeur des activités de nos programmes de santé communautaire et familiales au Mali, au Togo, au Burkina Faso et au Bénin. Il s’agit de suivre les patientes et d’accompagner les femmes tout au long de leur grossesse afin de minimiser les dangers et d’anticiper les grossesses à risques à temps. Sachant qu’une femme sur 39 court le risque de mourir de complications liées à la grossesse dans les pays africains (Source : UNFPA), contre (1 sur 4700 dans les pays du Nord), ces décès peuvent le plus souvent être évités à condition de pouvoir assurer un suivi régulier. Les nourrissons et les jeunes enfants sont suivis de près les premières années dans le but de réduire la mortalité infantile, souvent liée à des maladies curables, à un manque d’hygiène et/ou à la malnutrition. Une tragédie qui frappe encore trop de familles africaines, en raison du manque de connaissances. Pour pallier à ce manque d’informations, la fondation réalise, avec ses partenaires locaux, des activités de sensibilisation sur des sujets de santé et d’hygiène de base ainsi que des séances de vaccination et de bases en nutrition adaptée pour les mamans et leurs bébés.
TÉMOIGNAGE
CERTAINES RENCONTRES CHANGENT UNE VIE «
Bonjour, je m’appelle Anne-Sophie Pieger et je suis rentrée en avril de mon volontariat de 6 mois que j’ai passé au Bénin. La Fondation Follereau réalise un grand nombre de projets au Bénin et propose aux personnes intéressées de tout âge de s’engager dans un de ces projets à Allada, une petite ville au sud du Bénin. Ici la fondation a construit d’une part un centre social qui prend en charge des enfants et des jeunes adultes avec un handicap ou provenant de milieux défavorisés (CIPSA) et d’autre part un hôpital spécialisé en ulcère de Buruli, une maladie tropicale négligée très agressive. Cet hôpital est le « centre de dépistage et de traitement de l’ulcère de Buruli » (CDTUB). Le volontaire a alors la possibilité de s’engager dans ces deux projets et de découvrir à la fois le travail avec les enfants et le travail dans le domaine médical, si il le souhaite. Lors de ce volontariat, j’ai rencontré de nombreuses personnes qui m’ont beaucoup aidée, qui m’ont marquée profondément et avec lesquelles j’ai créé des liens d’amitié. Par la suite, j’aimerais vous présenter trois de ces amis qui m’ont marquée en particulier pour montrer qu’on ne doit jamais sous-estimer une personne et que la première impression qu’on gagne, qui est bien trop souvent basée sur des préjugés, s’avère souvent fausse.
HONORINE Tout d’abord je vais vous parler d’une petite fille que j’ai rencontrée à l’hôpital et qui souffre de l’ulcère de Buruli.
Cette maladie a provoqué une grande plaie allant de son épaule jusqu’à son poignet. Cette fille très mignonne âgée de 8 ans vit maintenant déjà depuis presqu’un an au centre et subit les séquelles de la maladie à savoir la rétraction musculaire au niveau de son coude. Etant une orpheline, elle est seulement accompagnée par une monitrice de son orphelinat et ne peut plus aller à l’école depuis son arrivée au centre. La fille dont je parle s’appelle Honorine. Malgré tous ces faits, Honorine ne se décourage pas. Elle suit activement ses exercices de rééducation à la kinésithérapie et veille à ce que la bande qui protège sa plaie reste propre. Honorine déborde toujours de joie et d’énergie et tous les jours elle a partagé cette joie avec moi. Elle est très forte et courageuse et au-delà de tout cela elle est extrêmement intelligente et serviable. Connaissant les procédures de l’hôpital, elle aide parfois au quotidien et m’a souvent corrigé lorsque j’ai oublié quelque chose en faisant mes tâches quotidiennes. Honorine m’a montré qu’on peut beaucoup apprendre des enfants et que même si toutes les conditions de vie s’y opposent, on peut être heureux en savourant les moments passés ensemble avec les autres.
orphelin délaissé par sa famille qui ne croyait plus en sa guérison. Or, Romain a été guéri. Même si son corps présente encore de nombreuses traces de sa maladie, il est en bonne santé et mène une vie normale. En passant du temps avec lui, j’ai appris à connaître une personne joviale, chaleureuse, sportive et surtout très intelligente. En fait, Romain est toujours le premier ou le deuxième de sa classe. Il travaille de façon consciencieuse pour pouvoir décider lui-même de son destin. Romain m’a montré une fois de plus que ce ne sont pas les apparences qui comptent mais que la personnalité est la valeur la plus importante qu’on possède.
ROMAIN La 2ème personne dont je veux faire le portrait s’appelle Romain. Romain est âgé de 14 ans et vit en face du CDTUB. A première vue et sans analyse profonde son apparence pourrait mener à la conclusion que Romain mène une vie plutôt triste. Romain n’a plus qu’un seul bras – il a été amputé avant ses 10 ans suite aux conséquences de l’ulcère de Buruli. De plus, partout sur son corps on observe des plaies cicatrisées et de légères déformations. En effet, il souffrait d’une forme d’ulcère de Buruli qui apparaissait sur plusieurs endroits de son corps et qui y infligeait de grandes plaies. Romain ne porte pas toujours des vêtements neufs puisqu’il n’a pas les moyens de s’en acheter régulièrement – Romain est un -6-
Voici deux enfants qui m’ont marquée et dont j’ai beaucoup appris. Or, pendant mon volontariat j’ai également rencontré « Maman Jeannette », qui a incité un changement de perspective chez moi.
MAMAN JEANNETTE Maman Jeannette vit en face du CDTUB, puisqu’elle a dû faire traiter un de ses enfants dans ce centre. J’ai passé mes six mois de volontariat auprès de Maman Jeannette et de ses enfants en étant chaque jour un peu plus intégrée dans cette famille extraordinaire. Or, au début
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j’avais une fausse image de Maman Jeannette. Maman Jeannette vient d’une famille assez pauvre. Elle ne parle pas français, ce qui signifie qu’elle n’a probablement pas pu aller à l’école ou au moins elle a dû quitter tôt. Ainsi, elle travaille aujourd’hui comme vendeuse de fruits en vendant des ananas et des oranges en dessous du grand arbre devant le CDTUB. Comme elle ne parle pas français, je n’ai pas pu communiquer avec elle et ainsi j’ai rapidement intégré dans ma tête l’image d’une femme qui mène une vie plutôt modeste et simple sans réussir quelque chose de significatif. Or, c’est à travers des récits et explications d’autres que j’ai appris exactement le contraire. Maman Jeannette vit depuis des années en face du CDTUB. Elle s’occupe aussi du stockage et de la distribution de nourriture pour les patients du CDTUB. De plus, elle héberge et s’occupe des orphelins du CDTUB, abandonnés par leurs familles. C’est par exemple le cas pour Romain: Depuis son jeune âge il vit avec Maman Jeannette et ses enfants ayant trouvé une famille d’accueil chaleureuse. C’est également le cas pour un petit bébé de quelques jours dont la mère est morte après son accouchement au CDTUB. Maman Jeannette s’en est occupé pendant plusieurs mois jusqu’à sa prise en charge dans un véritable orphelinat dans le même village.
Il ne faut pas non plus oublier l’énorme engagement de Maman Jeannette pour que ses enfants aient de quoi à manger, puissent aller à l’école et participer aux excursions coûteuses de leurs établissements. Maman Jeannette m’a donc montré que même si on n’a pas les moyens de s’investir à grande échelle, on peut en s’investissant avec tout son cœur - quand-même réaliser quelque chose de grand - souvent peut-être à une échelle plus petite mais qui est quand-même très importante. Je peux donc dire que pendant mon volontariat j’ai appris énormément de choses. Je suis partie en voulant donner de moi-même et revenue en réalisant combien j’ai reçu d’autrui. Ces personnes ont beaucoup participé à mon développement personnel et ils ont fait que ma perspective a changé. Laquelle? Ma perspective sur les préjugés et les critiques déplacées, sur l’engagement et tout simplement sur nous les humains.
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LES FEMMES ET LES ENFANTS D’ABORD Au Bénin
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ans ce pays d’environ 11 MILLIONS d’habitants, tout en longueur cerné par le Togo, le Nigeria, le Niger et le Burkina Faso avec une ouverture étroite sur l’océan Atlantique, la situation sanitaire des mères et des enfants est à l’image du continent africain : un niveau très faible avec une volonté d’amélioration sans, pourtant, les moyens et les ressources nécessaires. Même si l’instabilité règne au niveau régional, la société béninoise persévère dans la quête de son propre développement. Cet objectif est essentiel pour fournir à la population la plus vulnérable, et, en particulier aux futures générations, le moyen d’atteindre un niveau de vie et d’éducation décent qui renforcera sa capacité à lutter contre les menaces et les tensions extérieures.
2002
La Fondation Follereau, à travers son partenaire local, est présente au Bénin depuis 2002, principalement dans le département de l’Atlantique, au Sud du pays. Devant l’importance des besoins et les résultats déjà atteints dans certaines zones du département, la fondation a choisi de consolider les activités déjà existantes tout en étendant sa couverture géographique et par là même le nombre de bénéficiaires directs concernés. Ainsi, en 2019 et 2020, le Programme d’Appui à la Promotion de la Santé Maternelle et Infantile dans la Zone sanitaire Allada-Zé-Toffo (PRODUSAFCOM) couvrira également la zone Abomey-Calavi/ So-Ava. Le projet couvre plusieurs domaines axés sur la santé maternoinfantile. Des centres de santé sont construits et équipés afin de diminuer la distance à parcourir pour la population pour qu’elle puisse bénéficier des soins essentiels. Ainsi, en 2019 et 2020, 3 NOUVEAUX CENTRES de santé seront construits. Il en est de même pour l’accès à l’eau potable en réhabilitant des forages. À travers ces structures et avec l’aide des communautés, le projet lutte notamment contre la malnutrition infantile: 850 ENFANTS ont déjà été pris en charge. L’extension du programme à une nouvelle zone donnera également la possibilité de mieux détecter, et par conséquent de réduire ce fléau. Les mères et les tutrices sont formées afin d’encourager l’accouchement assisté. De grandes campagnes de sensibilisation et dépistage du VIH/SIDA sont organisées tout au long de l’année : 2 000 PERSONNES sont ainsi dépistées annuellement. En collaboration avec le Ministère de la Santé, le programme appuie les campagnes de vaccination pour atteindre les objectifs de couverture définis par la stratégie de santé nationale. Soutenez le programme PRODUSAFCOM avec un don !
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MISSION
EN ROUTE
Au Togo et au Bénin
Le Président de la Fondation Follereau Luxembourg, M. Jean HILGER s’est rendu en mission de terrain au Togo et au Bénin du 20 au 28 octobre. En compagnie du Représentant formel de la fondation en Afrique de l’Ouest, M. Boubacar NIANG, il a notamment pu mesurer l’impact des activités de la fondation sur divers projets financés par celle-ci. Le but de ce déplacement était de rencontrer les organisations partenaires de la fondation, la visite de certains projets sur le terrain, notamment des unités de santé périphériques (USP), des centres dédiés à la lutte contre la lèpre et l’ulcère de Buruli (UB), des centres de formation professionnelle et des maternités rurales. Ces missions de suivi de projets sont très importantes, permettant non seulement de s’assurer du bon fonctionnement des activités, mais aussi d’identifier des points d’amélioration ensemble avec nos partenaires afin de garantir un avenir meilleur pour nos bénéficiaires. Retour sur deux de ces projets : Promotion de la santé familiale et communautaire, au Togo En milieu rural, 46% de la population n’a pas accès à des structures sanitaires. Sur base du processus d’identification effectué par notre partenaire local, l’AAT-FFL, la Fondation Follereau s’est engagée à construire trois centres de santé entre 2015 et 2018. Jean HILGER a ainsi pu visité le nouvel USP de Zionou. Depuis son ouverture en avril, plus de 40 naissances et 150 consultations ont pu y être effectuées. Selon les normes de santé de l’OMS, chaque localité située à plus de 5km du 1er centre de santé, et ayant une population de 5000 habitants, doit disposer d’une structure de soins. Or, beaucoup en restent exclues. À droite, vous pouvez découvrir un exemple de kit de nouveau-né, fourni par cette USP et essentiel pour les jeunes mères. Promotion de la santé maternelle et infantile dans la zone sanitaire Allada-Zè-Toffo, au Bénin Après sa traversée de la frontière entre le Togo et le Bénin, la délégation conduite par M. HILGER a notamment pu visiter le chantier de la maternité de Lokpodji, en compagnie des autorités locales de So-Ava et de Lokpodji (village ci-dessus). Toujours dans l’intérêt de garantir un accès à des soins de qualité à une majorité de personnes, cette maternité, qui est un défi architectural et médical, car construite sur pilotis, sera achevée courant du 1er semestre 2019. - 10 -
« 98 pilotis vont porter la plateforme de la maternité de Lokpodji (Bénin). Environ 10,000 personnes vivant sur une immense étendue d’eau auront ainsi accès à des soins de santé dès le 1er semestre 2019. Personne n’avait osé. Nous l’avons fait. Merci à tous ! » Jean Hilger
INTERVIEW « IL FAUT UN IDÉAL POUR AVANCER DANS LA SOCIÉTÉ, MAIS IL FAUT LA SCIENCE POUR TRANSFORMER LE MONDE » FATOU SOW SARR Fatou Sow Sarr est chercheur à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, socio-anthropologue, et directrice du laboratoire Genre et Recherches scientifiques qu’elle a créé en 2004.
En mai 2018, nous organisions une conférence Intersections en sa compagnie concernant le rôle des femmes africaines dans la lutte contre les violations des droits des femmes. L’occasion d’échanger avec elle davantage sur ce sujet.
dans la mesure où les mouvements de femmes peuvent influencer les politiques publiques de leurs pays et en direction du Sud, il faut, qu’on aille au-delà de la question de l’égalité de principe, et de l’amélioration des conditions de vie, qui finalement n’est pas une égalité.
FFL: Les luttes féminines à venir en Afrique, peuvent-elles être similaires ou comparables à celles de l’Europe ?
Votre entourage a-t-il eu des réticences par rapport à vos choix de carrière, vos engagements ?
Fatou Sow Sarr : Elles peuvent être similaires dans une certaine mesure, car la trame de fond est le statut de la femme, quel que soit l’espace où l’on se trouve : au Sud comme au Nord, en ville ou en campagne.
Les gens qui pouvaient influencer directement ma vie, que ce soit mes parents, mon mari, mon frère : non. Mais quand il a été question de reprendre des études hors du Sénégal, l’entourage plus large, n’était pas d’accord, il trouvait ça tout à fait bizarre. « Qu’est-ce que c’est que cette histoire de femme qui décide de partir, de laisser son mari ? ». Evidemment, les gens pensaient que mon mari aussi ne devait pas être normal pour accepter cela.
Au Sénégal, lorsqu’on nous dit que « la lutte pour la parité est une affaire d’intellectuels », nous répondons qu’au niveau de l’Assemblée Nationale, étant donné que le système permet aux gens de représenter leur localité, il y a des femmes et des hommes qui ne sont pas allées à l’école. Nous leur disons aussi, qu’elles soient Première Ministre ou ouvrière, les femmes sont toutes régies par la même loi sur l’autorité parentale. La plupart des sociétés, sont caractérisée par une domination de l’homme sur la femme, au Nord, comme au Sud. À l’intérieur d’un même pays, qu’on appartienne à des classes sociales différentes ou pas, il s’agit du même statut. Toutefois, cette vérité est plus exacerbée en fonction des situations, plus ou moins pauvres. Car lorsqu’on n’est pas pauvre, on ne se rend pas forcément compte de toutes les formes de discrimination. Les femmes sont plus discriminées dans le Sud quant à l’accès aux ressources. On peut également parler de l’emploi. On verra qu’à travail égal, il n’y a pas de salaire égal. À diplôme égal, il n’y a pas de salaire égal. La manifestation peut être différente, selon le contexte, mais les causes sont les mêmes. “La coopération internationale s’engage sur quoi ?” Voici l’une des questions qu’il faut se poser. Elle s’engage sur la santé, sur l’éducation, mais est-ce qu’elle va s’engager sur le cœur de la problématique : la question de transformation des relations de genre, qui est une dimension politique ? La question de l’égalité n’est pas simplement une question d’amélioration des conditions de vie, et la coopération internationale s’en contente. Par ailleurs, les rencontres entre le Nord et le Sud sont importantes,
Cela a-t-il évolué ? Actuellement, je me demande s’il n’y a pas une régression quand j’entends certaines étudiantes me confier qu’elles sont pour la polygamie. Elles le font en partant d’analyses sur les probabilités d’avoir une 2ème, 3ème ou 4ème épouse. Les données statistiques montrent qu’il y a 50% de chance que l’homme prenne une 2ème femme, mais bien moins de chance qu’il prenne une 3ème et 4ème femme. Elles choisissent donc la 2ème place, car selon elles, la 1ère femme est délaissée, et la 2ème est choyée. Finalement, quand je discute avec ces jeunes filles, leurs arguments sont liés à l’angoisse due à des problèmes de survie. C’est-à-dire que la question matérielle justifie leur choix. Dans un article du Monde, j’explique que les hommes de leur génération n’ont pas d’emploi, parce qu’il n’y en a pas. Or, ces filles recherchent la sécurité. Et cette sécurité, elles ne la trouvent qu’auprès d’une génération plus âgée, déjà engagée. Les conditions économiques, la crise, le chômage... remettent en question l’idéal politique d’égalité entre homme et femme. Aujourd’hui c’est un luxe de se battre pour un idéal, car les femmes sont davantage dans une logique de survie. Je n’ai pas de jugement de valeur à donner sur la position des jeunes générations. J’essaye de comprendre quelle rationalité les pousse, et elles donnent leurs explications. Plutôt que de rester seules, elles préfèrent être avec un homme polygame.
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HOMMAGE
MONSIEUR JOS HILGER (1931-2018)
M
onsieur Jos Hilger, directeur honoraire du groupe LaLux, président d’honneur de la fabrique d’église de la Cathédrale Notre-Dame, membre fondateur de Hëllef Doheem et président d’honneur de la Fondation Follereau Luxembourg s’est éteint le 3 août 2018 à l’âge de 86 ans. C’est en 1966, dès les premières heures de la création de la Fondation Follereau Luxembourg, que Jos Hilger rejoint la cause de son ami et mentor, Raoul Follereau (1903-1977). Rapidement il est nommé secrétaire de l’association. Considéré par Raoul Follereau comme son fils spirituel, il devient en 1971 membre-représentant du Directoire de l’Union des Associations Follereau Internationales à Paris, puis son président de 1990 à 1992. En 1976, Pierre Ney cède la présidence de la Fondation Follereau Luxembourg à Joseph Hilger qui la présidera pendant 35 ans avant de céder à son tour la place à son fils, Jean Hilger, élu par le conseil d’administration en 2011. Monsieur Hilger était un homme infatigable à multiples talents et intérêts. Il avait un profond respect vis à vis de l’être humain quel que soit sa couleur de peau, sa position sociale, son instruction ou sa confession religieuse.
En marge d’une vie professionnelle bien remplie, il consacra toute sa vie, comme Raoul Follereau, aux malades touchés par la lèpre et autres maladies apparentées comme l’ulcère de Buruli. Epoux attentionné, père et grand-père aimant , il était également très sensible aux conditions de vie des femmes et des enfants défavorisés. Chaque donateur, petit ou grand, privé ou sociétaire recevait toute sa considération et sa sincère gratitude. Il était particulièrement sensible à l’engagement des écoles et lycées du pays qui chaque année déployaient des trésors d’imagination pour récolter des dons pour soutenir les différents projets de la Fondation Follereau Luxembourg en Afrique de l’ouest. Jos Hilger savait captiver ses interlocuteurs avec des anecdotes sur ses voyages humanitaires. Seul ou accompagné d’une délégation luxembourgeoise, il se rendit plusieurs fois sur le terrain, au Mali notamment, afin contrôler très consciencieusement l’affectation des dons luxembourgeois et suivre l’évolution des différents projets de la Fondation. Plusieurs cliniques et hôpitaux, centres de formation ont vu le jour sous sa présidence et sont toujours en activité à ce jour. D’une nature bienveillante et optimiste, Monsieur Hilger voyait toujours le bon côté des choses. Il avait la bonne citation appropriée à chaque situation. A ceux qui remettait en cause l’aide humanitaire, il racontait cette petite histoire : « Un jour, sur une plage, un homme vit un petit garçon ramasser des étoiles de mer échouées pour les remettre à l’eau. L’homme lui dit : Tu perds ton temps, ce que tu fais ne sert à rien. Il y en a tellement, tu ne peux pas toutes les sauver. Et le petit garçon lui répondit : pour celles remises à la mer, cela fait une différence «. Avec sa disparition, la Fondation Follereau perd un précieux pilier et le pays un philantrope et humaniste au coeur honnête et passionné. Il a poursuivi le combat de Raoul Follereau avec engagement en luttant contre la lèpre et toutes les formes d’exclusion pendant plus de 50 ans. Il a rendu leur dignité à ceux qui étaient marqués par la maladie, démunis et exclus par la société. Jos Hilger faisait partie de ces personnes qui ont le don de distribuer du bonheur autour d’eux et de rendre précieux chaque instant de la vie. Nous garderons en mémoire le beau souvenir de Monsieur Hilger, la grandeur de sa personnalité, sa sensibilité pour l’autre quel qu’il soit, et regretterons son absence. Il restera de lui toutes les graines qu’il a semées sur son chemin, et que nous continuerons de faire grandir avec la Fondation. Äddi Här Hilger. Äddi Jos.
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