Livret CD - In Nomine _ Les Harpies

In Nomine Les Harpies

In Nomine

Enfers et Paradis dans le paysage musical européen autour de 1600

Les Harpies

1 – Chorea • 2’11 Pierre Gallon (régale), Freddy Eichelberger (orgue)

2 – Polonica • 2’57 Odile Edouard (violon), Freddy Eichelberger (cistre), Pierre Gallon (colachon)

3 – Vestiva i colli e le campagne intorno - Giovanni Pierluigi da Palestrina (ca 1525 - 1594) • 3’26 Freddy Eichelberger (orgue)

4 – Slap and kiss • 3’03 Mickaël Cozien (cornemuse), Odile Edouard (violon), Freddy Eichelberger (cistre), Pierre Gallon (colachon)

5 – Szegény legény éneke • 2’22 Freddy Eichelberger (orgue), Pierre Gallon (régale)

6 – Io son ferito ahi lasso - Giovanni Pierluigi da Palestrina & Giovanni Battista Bovicelli • 5’37

(ca 1550 - ca 1594) Odile Edouard (violon), Freddy Eichelberger (orgue)

7 – Scjaraçule maraçule • 2’06 Mickaël Cozien (cornemuse), Pierre Gallon (régale), Freddy Eichelberger (orgue)

8 – Les Bouffons • 2’07 Pierre Gallon (spinettino), Freddy Eichelberger (orgue)

9 – In Nomine improvisé • 4’46 Freddy Eichelberger (orgue), Mickaël Cozien (gaita)

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10 – Rolling hornpipe • 1’51 Odile Edouard (violon), Mickaël Cozien (cornemuse), Pierre Gallon (colachon), Freddy Eichelberger (cistre)

In Nomine

Enfers et Paradis dans le paysage musical européen autour de 1600

Les Harpies

11 – Ricercar noni toni (Sopra le fuge Io son ferito, hai lasso è Vestiva colli) Christian Erbach (ca 1570 - 1635) • 6’05 Freddy Eichelberger (orgue)

12 – O Mely Csudalatos • 2’28 Mickaël Cozien (cornemuse), Odile Edouard (violon), Freddy Eichelberger (cistre), Pierre Gallon (colachon)

13 – Psaume LXV Verset 1 à deux voix Freddy Eichelberger (orgue)

• 1’58

14 – Psaume LXV Verset 2 orné • 3’08 Odile Edouard (violon), Freddy Eichelberger (orgue)

15 – Psaume LXV Verset 3 au ténor • 1’58 Freddy Eichelberger (orgue), Pierre Gallon (régale)

16 – Psaume LXV Verset 4 chanté - Guillaume Franc (ca 1505 - 1571), paroles Théodore de Bèze (1519 - 1605) • 0’52 Le Chœur des Huguenots

17 – First Witches dance • 2’38 Matthieu Boutineau (régale-spinettino), Mickaël Cozien (cornemuse), Freddy Eichelberger (cistre), Pierre Gallon (colachon), Odile Edouard (violon)

18 – In Nomine - John Bull (ca 1562 - 1628) Freddy Eichelberger (orgue)

19 –

• 7’49

Suite de bransles- Pierre Attaingnant (ca 1494 – ca 1551) & Claude Gervaise (ca 1525 – ca 1583) • 7’46 Mickaël Cozien (cornemuse), Odile Edouard (violon), Freddy Eichelberger (orgue), Pierre Gallon (régale)

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In Nomine - Enfers et Paradis dans le paysage musical européen autour de 1600 Dans le parcours d’une vie musicale, il est un moment où l’on se demande souvent l’intérêt d’enregistrer un disque de plus, qui tel la petite tortue marine à peine éclose, ira dans le meilleur des cas rejoindre l’océan (discographique celui-là !) déjà extrêmement peuplé, et au pire n’aura qu’une éphémère existence. Et puis parfois, grâce à une succession d’événements, émotions, hasards, rencontres, rapprochements improbables, un projet reprend forme dans une montée d’excitation joyeuse, et sa réalisation devient une évidence, quelles qu’en soient les suites…

Tout a commencé par une visite à Saint-Savin. Une magnifique vallée pyrénéenne, un promontoire avec une vue époustouflante, une abbatiale noble et d’une sensitive austérité, abritant nombre de trésors parmi lesquels un magnifique buffet d’orgue Renaissance artistiquement restauré, renfermant un véritable instrument de musique (ce n’est hélas pas toujours le cas avec les orgues…) réalisé par Alain Sals. La poésie de cet orgue, sa vocalité (oui, certains orgues chantent !) tellement proche du son franc et projeté sans détours des consorts instrumentaux, son décor en grisaille mettant en scène entre autres un petit sanglier jouant de la cornemuse, sa façade agrémentée de grotesques sculptés claquant des mâchoires à la demande, tout menait à l’idée d’une fête musicale autour de lui en compagnie des “Harpies”.

L’idée de base se concrétisait de plus en plus sur un voyage onirique autour des notions d’Enfers et de Paradis. Grâce à un travail approfondi des membres du groupe “Les Witches” sur ces thèmes il y a quelques années, nous n’avions plus qu’à sélectionner ce que nous préférions parmi un vaste répertoire exploré ou retrouvé.

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Après avoir éveillé la curiosité d’un vrai et courageux éditeur discographique comme il en reste peu, le reste s’est enchaîné comme par magie. Au fur et à mesure des échanges entre les membres de l’équipe qui se constituait autour du projet, une foule de choses remontaient à la surface: souvenirs d’enfance inattendus liés à la vallée, réminiscences familiales portées par le vent d’Est vers les plaines du Danube, chansons glanées au cours de différents voyages, réminiscences de vinyles aimés se réveillant de sommeils plus ou moins longs, lovées dans des recoins de neurones; tout cela s’est cristallisé dans un programme se plaçant sous le signe d’une certaine dualité moins hétérogène qu’on

pourrait le penser; toutes ces pépites musicales sont venues s’agglomérer à notre fonds de départ, à l’image de ces petits éclats multicolores finissant par créer une mosaïque prenant un sens. Il en résulte un tour d’Europe musical où sorcellerie peut rimer avec enfers mais aussi résistance, et où les paradis n’étaient pas forcément aussi sublimes que leur apparence.

Concernant l’alimentation en air de l’orgue, nous avions le choix entre deux solutions : soit utiliser le moteur électrique avec le bourdonnement continu et le vent plat “sécurisé” qui y sont associés, soit actionner les soufflets à la main. Grâce à l’enthousiasme sans limite de Matthieu Boutineau qui s’est porté volontaire pour être le génie du souffle, nous avons opté pour la deuxième solution. Il en résulte un vent extrêmement vivant, mettant de surcroît en valeur la pureté des sons de l’orgue grâce à l’absence de turbulences dans l’air, la plus grande justesse des harmoniques ainsi obtenues renforçant également le son fondamental de l’instrument. Le bruit des soufflets au moment de leur remontée apporte un côté “forges de Vulcain” qui froissera peut-être quelques puristes du son propre et léché, mais qui finalement est peut-être plus en rapport avec l’esprit général de cet enregistrement ? Autre avantage non négligeable : le souffleur, étant luimême un excellent musicien, a pu renforcer à sa guise certains effets musicaux grâce à sa sensibilité. On retrouve aussi une certaine authenticité en rappelant qu’un orgue ancien est “servi” par plusieurs personnes et non pas seulement par celui qui est aux claviers… De même, les soufflets de la régale ont été actionnés par Claire Berget avec soin, constance, et gracieuse gentillesse.

Les deux premières plages du programme, la Chorea Tantz et la Polonica, sont le souvenir d’un magnifique disque du « Clemencic Consort » enregistré il y a une quarantaine d’années autour principalement du Codex Vietorisz, rassemblé vers 1680 dans le nord de la Hongrie de l’époque, correspondant actuellement à la frontière slovaco-ukrainienne. Qu’elles soient un hommage respectueux à René Clemencic qui a été le premier à nous faire rêver et nous transporter vers les musiques anciennes à une époque où les pionniers de ce genre étaient encore bien rares ! La chanson Szegény legény éneké est tirée du même codex ; elle est classée avec la chanson O Mely Csudalatos dans la musique de l’ère Kuruc, période durant laquelle les nobles hongrois à peine sortis du joug turc ont tenté de lutter contre leurs “libérateurs” autrichiens.

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Slap & Kiss et Rolling hornpipe sont deux Lancashire hornpipes, danse réputée au XVIIe siècle comme ayant été dansée par le diable lui-même ! Les chroniques de l’époque racontent que d’aucuns s’aventuraient jusqu’à aller les jouer sur le parvis des églises en réaction contre les Puritains.

Le ricercar du neuvième ton de Christian Erbach, grand musicien au service de la famille Függer, banquiers de la Renaissance dont la fortune décidait du choix des empereurs germaniques, est bâti sur les deux célèbres madrigaux de Palestrina Io son Ferito Lasso et Vestiva i colli. Je l’avais découvert presque par hasard en bibliothèque ; au-delà de la prouesse contrapuntique, c’est une pièce d’une grande sensibilité encore bien trop peu connue. C’était l’occasion d’inclure aussi les deux madrigaux dans le programme, avec la sublime diminution de Bovicelli.

Je dois à Don Roberto Bossi, curé de Venzone dans le Frioul, de m’avoir raconté l’histoire de Scjaraçule maraçule, considérée traditionnellement comme ayant été dansée par les sorciers les nuits de la Saint Jean, non loin de là où nous nous trouvions.

Qu’elle soit un pied de nez à l’obscurantisme qui a fait brûler des dizaines de milliers de femmes, mais aussi d’hommes, d’enfants et d’adolescents lors des grandes chasses aux sorcières du XVIIe siècle. Puissent les chansons rester pour longtemps un rempart contre l’oubli…

Le groupe “Les Witches” n’ayant jamais enregistré la First Witches dance, nous avons sauté sur l’occasion. Que Pascale Boquet veuille bien me pardonner pour les harmonies probablement bien trop “sucrées” à son goût ! Que cette pièce soit un tendre clin d’œil pour rappeler tout ce que les “Harpies” doivent aux “Witches”.

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Le In Nomine de John Bull avec son découpage à 11 temps par mesure m’était devenu très familier il y a bien longtemps grâce au magnifique disque d’Etienne Baillot sur l’orgue du triforium de la cathédrale de Metz, suffisamment magistral pour qu’il paraisse inutile d’enregistrer une autre version. Mais la rencontre entre cette pièce et l’orgue de Saint-Savin avec son diapason très bas (364 Hz) qui lui donne une ampleur inouïe m’a tellement bouleversé que je n’ai pas résisté. Peut-être est-ce aussi une manière de ponctuer le temps que de graver à un certain moment une musique qui a été la compagne de toute une vie de musicien ?

Difficile d’enregistrer un orgue Renaissance en bonne compagnie sans ajouter une partie de musique improvisée. C’est ainsi que l’on retrouvera un autre In Nomine qui nous a permis de mêler le son de la Gaïta à celui du plein jeu de l’orgue, seule pièce où nous avons utilisé le moteur électrique, la tendance de l’organiste à enfoncer un peu trop de touches à la fois ayant failli provoquer un épuisement prématuré et apoplectique de notre souffleur chéri.

“Les bouffons” est le nom français du Passamezzo moderno, l’un des “standards” incontournables de la musique renaissante européenne.

Le psaume a été traité à la lumière des exemples de Sweelinck, Van Noordt, ou Schop.

Nous n’avons pas résisté au plaisir de le faire chanter par tous les gens disponibles, membres de l’équipe et amis de passage. Les paroles de la strophe choisie célébrant le bonheur de se saouler à plein et d’être repu des biens du palais de l’éternel devraient satisfaire la sensibilité des plus mécréants des auditeurs.

Nous avons clos le programme par une suite de bransles choisis dans les collections éditées par Attaingnant. Honni soit quiconque y verrait le moindre rapport avec l’onaniste représenté sur le panneau latéral de l’orgue en pleine séance d’auto-allumage explosif contrastant singulièrement avec l’expression particulièrement morne de son visage. Jusqu’où peut donc aller se nicher la représentation de la dualité…

Enfin, que l’auditeur ne s’étonne pas d’entendre des changements apparents de tonalités assez étranges d’une plage à l’autre. Le diapason très bas de l’orgue (un ton au-dessous du diapason à 415 Hz), le tempérament mésotonique, et l’étendue d’une octave de la cornemuse du Poitou représentaient trois données qui nous ont obligés à jongler avec toutes sortes de diapasons selon les instruments utilisés : 440 Hz, 466 Hz, Odile Edouard allant jusqu’à monter son violon Renaissance au diapason 490 Hz afin que nous nous retrouvions une quarte au-dessus du diapason de l’orgue pour être en mesure d’enregistrer la diminution de Bovicelli.

Puisse ce disque refléter le plaisir que nous avons eu à être tous ensemble pendant ces quelques jours dans ce lieu magique, et de partager tant d’émotions.

Freddy Eichelberger

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L’orgue Renaissance de Saint-Savin-en-Lavedan (1557) L’orgue de Saint-Savin est l’un des plus anciens de France. C’est sans doute sous l’administration de l’abbé François de Foix Candale qu’il fut construit. Une inscription peinte au-dessus du clavier indique en effet que “cet orgue a été élevé en l’honneur de toute la cour céleste en l’an 1557”. En 1618, des travaux “devenus nécessaires” furent réalisés par Antoine Riballier, organiste d’Auch ; l’orgue contenait à l’époque “huit jeux et chaque jeu trente-huit tuyaux tant gros que médiocres et menus donnant son de flûte, de rossignol, de tambour et tremblement”. Les archives nous apprennent que cette même année, Arnaud Couture est organiste de l’abbatiale ; il promet de faire sonner les orgues du monastère les dimanches et pour les fêtes solennelles. Nous ne connaissons pas son histoire pendant le XVIIIe siècle. Abandonné sous la Révolution et pillé d’une grande partie de sa tuyauterie, il est à l’état de ruines en 1861.

Au début du XXe siècle, des projets de restauration seront déclenchés mais n’aboutiront pas. Le buffet sera classé Monument Historique en 1904. Ce n’est que dans les années 1970 que Xavier Darasse et Jean-Pierre Decavèle (respectivement rapporteur auprès de la Commission Supérieure des Orgues Historiques et technicien-conseil auprès du Ministère de la Culture) relanceront le projet d’une restauration. Décidée officiellement en 1994 par la D.R.A.C. de Toulouse, la restauration “à l’identique” de cet orgue sera menée à bien par Alain Sals et Charles Henry, facteurs d’orgues à Entrechaux (Vaucluse) en 1995-1996. D’origine, subsistaient le buffet, les sommiers, les faux sommiers, les registres “à l’italienne” (transversaux et non tirés), deux soufflets cunéiformes, des morceaux de clavier, de rares fragments de tuyaux, des traces d’étiquettes de registres et de passage de mécanique, des diamètres de trous et inscriptions de notes.

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La tribune sera restaurée à cette occasion et un escalier à vis construit par l’entreprise G. Simian de Saint-Gret (Aveyron), les peintures reprises par Pierre Belin et Françoise Bernon. La tribune est en effet habillée de panneaux peints avec rinceaux de fleurs, instruments de musique et partitions, trompe l’œil, mais aussi personnages de l’Ancien Testament, l’Agneau de Dieu, saint Pierre et saint Paul, des anges, ainsi que des motifs grotesques et vulgaires. Le concert inaugural eut lieu en juin 1997.

Composition Montre (coupée en basses et dessus) 8’ Prestant

4’

Douzième

2 2/3’

Flûte bouchée

4’

Quinzième 5’ Dix-neuvième

1 1/3’

Vingt-deuxième

1’

Régale (en roseaux)

16’

L’étendue du clavier est particulière : de Fa 1 à La 4 (sans premiers Fa #, Sol #, ni dernier Sol #), soit 38 notes, ce qui est relativement rare. Toutefois nous avons eu l’heureuse surprise de constater que le spinettino-régale qui a été utilisé pour l’enregistrement, copié d’après un instrument autrichien de 1587 construit par Anton Meidting, a exactement la même étendue de clavier et nombre de notes.

Les huit jeux sont dans l’esprit du “ripieno italien”. Le diapason est très bas, La 364 Hz, peut-être calculé à l’époque à la quarte inférieure d’un diapason de choeur d’église à 490 Hz, plausible à la Renaissance ? A titre de comparaison, le diapason moderne actuel est fixé au La 440 Hz depuis la conférence internationale de Londres de 1953.

L’orgue est accordé selon le tempérament Mésotonique. Il comprend des accessoires visuels et sonores que peut actionner l’organiste : étoiles et rossignol, tremblant et masques grotesques à mâchoires et yeux articulés.

Jean-Paul Lécot et Damien Naud

Damien Naud est l’actuel titulaire de l’orgue de Saint-Savin et président de l’Association des Amis de l’Orgue Renaissance.

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In Nomine - Heaven and hell in the European musical landscape circa 1600 Over the course of a life in music there comes a time when you keep finding yourself wondering whether there’s really any point in making yet another record when at best – and rather like a newly-hatched sea turtle – it may make it as far as an ocean (of records!) which is already densely populated, and at worst lead only the shortest of lives.

But then, every once in a while, things happen... You get that feeling, the odds are in your favour, you meet the right people, make unlikely connections and a project takes on a fresh shape; with it comes that sudden thrilling rush and you know that this one just has to be made, whatever the outcome…

It all began with a visit to Saint-Savin. Here, in a magnificent valley in the Pyrenees, there was a promontory with a breathtaking view and an austerely noble abbey, home to all kinds of treasures including a magnificent Renaissance organ case which had been artistically restored, and containing a real musical instrument (unfortunately this is not always the case with organs…) made by Alain Sals. This organ’s poetry, its voice (for there certainly are some organs that can sing!) which sounds so like the pure, straightforward sound of an instrumental consort, its grisaille decoration depicting, amongst other things, a little wild boar playing the bagpipes, its frontage adorned with sculpted grotesques snapping their jaws whenever the organist activates them... the whole thing led to the idea of basing a musical festival around it, working alongside the “Harpies”.

The basic idea began to take definite shape and grew into a dreamlike journey based around the concepts of heaven and hell. We were in luck, because members of the “Les Witches” group had done some extensive work on these very topics a few years ago, so all we had to do was pick our favourites from a huge repertoire of pieces they had explored or rediscovered.

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Once we had managed to whet the curiosity of a genuinely brave record label – and there aren’t many of those left nowadays - the rest fell into place as if by magic. As discussions continued between the members of the team which came together to work on the project, a whole host of things came bubbling back up to the surface - unexpected childhood memories of the valley, family reminiscences blown by the East Wind towards the plains of the Danube, songs picked up on various journeys, recollections of beloved vinyl records awakening from sometimes lengthy slumbers, tucked away in

corners of our neurones - it all crystallised into a programme based upon a kind of duality which was less heterogeneous than might have been expected. We added all these musical nuggets to the collection we’d started out with, in the same way that small multicoloured shards can end up creating a mosaic which means something. The result is a musical tour of Europe on which witchcraft may mean not just hell but also resistance, and where heaven is not necessarily as sublime as it might appear.

As far as the organ’s air supply was concerned, we had a choice between two solutions - we could either use the electric motor which produced a constant humming and the “safe” smooth wind that comes with it, or else we could operate the bellows by hand. Matthieu Boutineau volunteered to be our breath genie so, thanks to his endless enthusiasm, we went for the second solution. The result is a very lively wind, which furthermore shows off the purity of the organ’s sounds because there is no turbulence in the air and the greater accuracy of the harmonics produced in this way also strengthened the instrument’s basic sound. Although the noise made by the bellows as they come back up gives a hint of “Vulcan’s forge” which might perhaps upset a few purists seeking a clean, polished sound, ultimately we feel this might be more in tune with the general spirit of this recording. Another advantage not to be sniffed at is the fact that the bellows operator is an excellent musician himself and so his sensitivity meant that he was able to boost certain musical effects in his own way. This also restored a certain degree of authenticity, remembering that an old organ is “served” by a number of people and not just whoever happens to be sitting at the keyboards... Similarly, the regal’s bellows were carefully, constantly and elegantly operated by Claire Berget.

The first two tracks on the programme, the Chorea Tantz and the Polonica, are something remembered from a wonderful record made by the “Clemencic Consort” forty or so years ago and based mainly around the Codex Vietorisz, which was collected in around 1680 in what was then Northern Hungary, and is now on the border between Slovakia and the Ukraine. We hope they will stand as a respectful tribute to René Clemencic who was the first person to inspire us with an interest in Early Music at a time when there were still all too few pioneers in the genre! The song Szegény legény éneke is drawn from the same codex; it is listed together with the song O Mely Csudalatos in the music of the Kuruc era, a time when Hungarian nobles – who had only just thrown off Turkish shackles - were attempting to battle their Austrian “liberators”.

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Slap and Kiss and Rolling Hornpipe are two Lancashire hornpipes, a dance which, in the 17th century, was said to have been performed by the Devil himself! Contemporary reports tell us that some people even ventured as far as to play them in church squares as a protest against the Puritans.

The Ricercar Noni Toni by Christian Erbach, a great musician who was employed by the Függers, a family of Renaissance bankers so rich they could decide who was chosen as Germanic Emperor, is built upon the two famous madrigals by Palestrina, Io son Ferito Lasso and Vestiva i colli. I had come across this almost by chance in a library and, in addition to its contrapuntal prowess, it is a piece of enormous sensitivity, although sadly little-known. This was an opportunity to include the two madrigals in the programme as well, with Bovicelli’s sublime diminution.

I am indebted to Don Roberto Bossi, the vicar of Venzone in the Friuli region, for telling me the story of Scjaraçule maraçule, traditionally considered to have been danced by sorcerers on Midsummer Nights, not so very far from where we are now. This is a way of thumbing our noses at the obscurantism which saw tens of thousands of people – not just women but also men, children and teenagers – burned during the great witch hunts of the 17th century. We hope that songs will long remain a safeguard, lest we should ever forget…

As “Les Witches” had never recorded the First Witches Dance, we jumped at the chance.

I hope Pascale Boquet will forgive me for the harmonies which are probably far too “syrupy” for her own taste! I hope this piece will act as an affectionate reminder of all that the “Harpies” owe the “Witches”.

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John Bull’s In Nomine, with its division into eleven beats to the bar, had become very familiar to me long ago thanks to the wonderful record of Etienne Baillot playing the organ of the triforium of Metz Cathedral. Although his version was so masterly that there seemed no point in recording another, I found the combination of this piece and the organ of Saint-Savin with its very low pitch (364 Hz) which gives it a totally unprecedented magnitude, so overwhelming that I was unable to resist the temptation.

Who knows? It might be that when the time comes for a musician to record a piece of music which has accompanied him throughout his life this might be a way of keeping track of time.

It’s hard to record a Renaissance organ in good company without adding at least some improvised music and this is why you will find another In Nomine here. It gave us an opportunity to mingle the sound of the Gaita with that of the organ’s full chorus; this was the only piece on which we used the electric motor, because the organist’s tendency to press down slightly too many keys at once almost caused our beloved bellows operator to have a fit and collapse prematurely with exhaustion.

“Les bouffons” is the French name of the Passamezzo moderno, one of the real “standards” of European Renaissance music.

The psalm was treated in the light of the examples of Sweelinck, Van Noordt and Schop.

We allowed ourselves the pleasure of getting everyone available to sing it, including both members of the team and passing friends. The words of the chosen verse - which celebrate the joy of getting really drunk and enjoying the pleasures of the House of the Lord to the full - ought to satisfy the sensitivity of even the most godless listeners.

We have closed the programme with a series of branles chosen from the collections published by Attaingnant. Shame on you if you see even the slightest connection with the onanist on the organ’s side panel who is portrayed in the middle of an explosive self-pleasuring session contrasting singularly with the gloomy expression on his face1.

This shows just how far some representations of duality can go…

Finally, listeners should not be astonished to hear some rather strange apparent changes of key from one track to the next. The organ’s very low pitch (a tone below the pitch at 415 Hz), the meantone temperament and the octave range of the Cornemuse de Poitou bagpipes were the three pieces of information that we had to juggle with all sorts of pitches, depending on the instruments we were using: 440 Hz and 466 Hz. Odile Edouard even went so far as to tune her Renaissance violin to 490Hz so that we’d be able to get a fourth above the pitch of the organ and thus record Bovicelli’s diminution.

I hope this record will reflect the pleasure and excitement we all enjoyed together over the few days we spent in this magical place.

Freddy Eichelberger 1

Translator’s note: there’s an untranslatable piece of double-entendre here in French as the verb “branler” means “to masturbate”.

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The Renaissance organ of Saint-Savin-en-Lavedan (1557) The organ of Saint-Savin is one of the oldest in France. It was probably build during the administration of Abbé François de Foix Candale. Indeed, an inscription painted above the keyboard states that “this organ was raised in honour of the whole heavenly host in the year of Our Lord 1557”. In 1618, work “which had become necessary” was carried out by Antoine Riballier, an organist from Auch; at the time the organ contained “eight stops and each stop thirty-eight pipes, some large, some medium-sized and some small, giving flute, nightingale, drum and tremulant sounds”. The archives tell us that Arnaud Couture was the abbey’s organist in that same year and he promised to play the monastery’s organs on Sundays and for solemn feast days. We don’t know what happened to it during the 18th century - it was abandoned during the French Revolution and looted of a large part of its piping, leaving it ruins in 1861.

Although various restoration projects got underway in the early 20th century, they were never successfully completed. The case was listed as a historic monument in 1904 but it wasn’t until the 1970s that Xavier Darasse and Jean-Pierre Decavèle (rapporteur to the Commission Supérieure des Orgues Historiques – Higher Commission for Historic Organs, and a consultant technician employed by the Ministry of Culture respectively) managed to get the plan for a restoration started again. In 1994 the D.R.A.C. de Toulouse officially decided to restore the organ “exactly to its original state” and the work was carried out by Alain Sals and Charles Henry, organ-makers based in Entrechaux (Vaucluse) in 1995-1996. All that remained of the original parts were the case, the wind chests, the false wind chests, the “Italian-style” registers (transversal and not drawn), two cuneiform sets of bellows, pieces of the keyboard, a few rare fragments of pipes, traces of register and mechanical movement labels, hole diameters and note inscriptions.

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The loft was restored at the same time and a spiral staircase was built by G. Simian, a company from Saint-Gret (Aveyron), with the paintings retouched by Pierre Belin and Françoise Bernon. The loft is actually decorated with panels painted with flower motifs, musical instruments and scores and trompe l’œil effects, but there are also characters from the Old Testament, the Lamb of God, Saint Peter and Saint Paul, angels, along with grotesque and vulgar motifs. The inaugural concert took place in June 1997.

Composition Diapason (split into basses and trebles) 8’ Octave Twelfth Stopped flute

4’ 2 2/3’ 4’

Fifteenth 5’ Nineteenth Twenty-second Regal (reeds)

1 1/3’ 1’ 16’

The keyboard has an unusual range, running from F1 to A4 (without the first F# and G# or the last G#); in other words there 38 notes, which is fairly rare. However, we got a wonderful surprise when we found that the spinettino-regal that was used for the recording, a copy made from an Austrian instrument dating from 1587, built by Anton Meidting, had exactly the same keyboard range and number of notes.

The eight stops are in the “Italian ripieno” spirit. The pitch is very low – A = 364 Hz – at the time this may have been calculated to be a fourth below a church choir at 490 Hz, which may have been plausible during the Renaissance? As a comparison, the current modern pitch has been A = 440 Hz ever since the international conference held in London in 1953.

The organ is tuned using the Meantone temperament and includes various visual and sound accessories which the organist can activate, such as stars and a nightingale, a tremulant and grotesque masks with articulated jaws and eyes.

Jean-Paul Lécot and Damien Naud

Damien Naud is the current tenure holder of the organ of Saint Savin and president of the “Association des Amis de l’Orgue Renaissance”.

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Les Harpies

Odile Edouard Mickaël Cozien Freddy Eichelberger Pierre Gallon

– violons – cornemuses et gaita – orgue, cistre et coordination artistique – régale, spinettino et colachon

Guest Harpie

Matthieu Boutineau – régale-spinettino, souffleur

Le Chœur des Huguenots Claire Berget Odile Edouard, Emmanuelle Huteau, Stéphane Breyer, Mickaël Cozien, Olivier Depoix, Pierre Gallon

Les instruments

Violons – école Maggini, Brescia XVIIe siècle, et Renaissance de Jean Paul Boury (2013)

Cornemuses du Poitou – Jean-Yves Peran Gaita – Seivane

Cistre – Judith Kraft 1976, d’aprés un modèle italien du XVIe siècle

Colachon ou Colascione – Didier Jarny (2005), d’après un instrument italien anonyme du début du XVIIe siècle, conservé au Musée de la Musique de Paris 18

Régale-spinettino – Manufacture Blumenroeder & Jean-François Brun (2012), d’aprés Meidting 1587

Enregistré du 14 au 17 septembre 2015 en l’Abbatiale de Saint-Savin-en-Lavedan (Haute-Pyrénées).

Prise de son - Direction artistique - Montage : Mireille Faure Illustration de couverture : The Garden of Eden, vers 1860 par Erastus Salisbury Field (1805-1900) - © Museum of Fine Arts, Boston (USA) Photos livret : © Damien Naud, © Michelle Delhommeau, © Stéphane Breyer, © Yves Vernin (portrait de Freddy Eichelberger), © Elena Manente (portrait d’Odile Edouard), © Diego Salamanca (portrait de Pierre Gallon) Réalisation graphique : Fokko B Traduction anglaise : Nick Halliwell Freddy et L’Encelade remercient chaleureusement • La Mairie de Saint-Savin et la paroisse de l’Abbatiale pour nous avoir permis d’enregistrer en ces lieux • Matthieu Boutineau pour s’être dépensé sans compter pour nous offrir le souffle • Estelle Bernard pour nous avoir nourris et choyés en collaboration avec Matthieu • Damien Naud et l’Association des Amis de l’Orgue Renaissance pour nous avoir attirés dans cette vallée • Jean-Vincent Roux pour nous avoir ouvert toutes les portes de l’abbatiale, et avoir veillé sur notre tranquillité • Claire Berget pour avoir actionné les soufflets de la régale avec tant de grâce • Emmanuelle Huteau et Olivier Depoix pour leur réjouissante visite impromptue, et pour avoir accepté d’être recrutés illico dans le “Chœur des Huguenots” • Alain Sals pour avoir construit un si bel orgue • Alain Faye pour l’avoir préparé et accordé en prévision de cet enregistrement • Philippe Vaidie pour l’utilisation acrobatique de ses microphones si choyés • Nancy Huston pour l’emprunt de l’expression “auto-allumage” (in “Le club des miracles relatifs”, Actes Sud) • L’ensemble “Les Witches” sans qui “Les Harpies” n’auraient jamais vu le jour.

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