Tendrement,
Marion
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Diffusion principalement par correspondance © 2022, Éditions du Triomphe - 7 rue Bayen - 75017 Paris
Premier dépôt légal avril 2005 - Déposé au Ministère de la Justice N° édition : T22019
Loi n°49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, modifiée par la loi n°2011-525 du 17 mai 2011.
Achevé d’imprimer en France par SEPEC Z.A. « Les Bruyères » 1, rue de Prony 01960 Péronnas, en août 2022. Ce livre est imprimé avec des encres végétales et est composé de matériaux issus de forêts bien gérées, certifiées FSC® et d’autres sources contrôlées.
Une chaude après-midi de fin d’été
Une tête ébouriffée jaillit du tas de peluches amoncelées sur le plus haut des lits superposés. Deux nattes plongent vers le sol, pendant qu’une paire d’yeux malicieux observe le petit garçon qui, en contrebas, lit sagement une bande dessinée.
D’une main assurée, Colombe saisit un oreiller et le jette sur la tête blonde de son cousin. – Aïe ! ça va pas, non !!!
La fripouille saute et s’installe sans façon aux côtés de Paul.
– Je m’ennuie...
– Pas moi !
– T’as vu comme il fait beau, c’est bientôt la rentrée.
En cette fin de vacances, les enfants se sentent un peu seuls dans la grande maison de Mayotte. Mayotte, c’est Madame Lecomte, leur grand-mère, qui les garde en l’absence de leurs parents partis quelques jours en Espagne.
La bande des cousins, les oncles et tantes sont rentrés chez eux, ils sont les
derniers et ne savent pas comment occuper leurs journées.
– Si on allait au petit pont de pierre ? propose Colombe.
C’est une fillette de sept ans, châtain, mince, avec un visage rond qu’éclairent de jolis yeux verts mousse et... bêtisière comme on en fait peu !
Paul, son cousin, d’un an son aîné, blond comme les blés, au regard d’azur, est un grand garçon costaud et raisonnable.
– Ce n’est pas permis.
– Mayotte n’en saura rien, elle fait sa sieste jusqu’à quatre heures.
– Oui, et elle nous a demandé d’en faire autant, je te signale !
– Allez ! Dans trois jours, c’est la rentrée et on ne pourra plus s’amuser !
– Mais si...
– Non !
Paul ne tient pas à avoir des ennuis. Or, c’est ce qui arrive à chaque fois qu’il partage les aventures de sa cousine. Mais le garçon se sent responsable d’elle et irait jusqu’en enfer tirer la queue du diable en personne pour la protéger.
– Si tu ne viens pas, j’y vais toute seule !
Têtue comme une mule, la chipie finit, comme toujours, par faire plier son cousin à sa volonté. Et les voilà qui sortent de la maison et filent discrètement vers le Lausset, la petite rivière qui coule non loin de la propriété.
Le soleil brille et les grands arbres du parc apportent une ombre bienvenue. Paul et Colombe suivent le sentier qui descend dans le petit bois. Cueillies d’une main leste, les premières mûres de la saison ne tardent pas à disparaître, englouties par les deux gourmands. Mais bientôt, on entend le doux murmure de l’eau.
Les enfants descendent sous le pont et ôtent leurs chaussures.
Les pieds dans l’onde fraîche, Paul ne regrette pas sa décision.
– Hum ! C’qu’on est bien ! Colombe lance des cailloux en de vaines tentatives pour faire des ricochets. La patience n’étant pas son fort, la fillette laisse tomber son jeu et se penchant sur l’eau, éclabousse son cousin dans un grand éclat de rire. – Tu vas voir ! s’écrie le garçon ravi.
- Une formidable bataille s’ensuit qui les laisse trempés et essoufflés d’avoir tant ri.
– On pourrait jouer aux pirates !
– Ou aux naufragés perdus sur une île déserte.
Les deux enfants semblent sur le point de se disputer.
Quand soudain...
Le sauvetage
Un bruit étrange les fait taire.
– Qu’est-ce que c’est ? demande Colombe d’une voix tremblante.
Car, même si la chipie se lance dans les aventures les plus invraisemblables, elle ne brille pas toujours par son courage. Paul gonfle la poitrine, serre les poings et se dresse en fixant la rivière d’un œil de lynx.
Et, à nouveau, le bruit étrange se fait entendre.
– Mâoû, miâoû !
– Mais... on dirait un chat.
– Là-bas ! s’écrie Colombe qui a retrouvé tout son courage et pointe un doigt vers l’autre rive. Là, tout près du bord, un chaton est planté au milieu d’une planche et semble en grand danger de chavirer.
– Il faut le sauver ! J’y vais !
– Non, ne bouge pas, je suis meilleur nageur que toi.
– On a pied, fait remarquer la petite fille un peu vexée.
– Peut-être, mais si tu glisses... Nous n’avons déjà pas le droit d’être là !
Pour couper court aux récriminations de sa cousine qui semble sur le point de se lancer dans des pourparlers sans fin
comme à son habitude, Paul fait voler son polo et pénètre dans l’eau.
Furieuse, la pestouille croise les bras et lui tourne le dos. Bientôt, la curiosité étant la plus forte, elle glisse un œil vers la rivière. Son cousin a pratiquement atteint le naufragé. Il avance prudemment dans le courant, de l’eau à mi-cuisse.
Mais un remous fait dangereusement pencher l’embarcation du petit chat qui miaule de plus belle.
Colombe se retourne d’un seul bloc.
Elle se tord les mains d’inquiétude.
Le garçon n’est plus qu’à un mètre.
Soudain la planche bascule, précipitant l’animal dans l’eau.
– Paul ! Attention !
Mais Paul a beau lutter de toutes ses forces contre le courant, il n’est pas assez rapide. Le chaton s’est accroché au bord de sa barque de fortune mais ne semble pas pouvoir tenir bien longtemps. Et déjà, le voilà entraîné loin de son sauveteur.
Sur la rive, Colombe cesse de crier et court comme une folle le long du Lausset. Vive et légère, elle enjambe
troncs d’arbre et racines, saute de rocher en rocher et finit par dépasser la pauvre bête. À cet endroit, un arbre couché traverse la rivière. La fillette se hisse dessus et bras écartés se dirige vers le milieu de ce pont improvisé.
Puis, elle se met à genoux et tend les mains vers le chaton dont l’embarcation est en train de filer sous elle.
– Vite, il ne tient plus que par une patte ! crie Paul qui n’a rien manqué de la course de sa cousine.
Mais déjà, cette dernière a saisi
la boule de poils et la presse sur sa poitrine.
– Je l’ai !
– Bravo !
Beau joueur, le garçon rejoint sa cousine et l’aide à descendre.
– Il était moins une !
Colombe examine leur protégé. C’est un adorable chaton noir aux yeux verts.
– Il faut le sécher, il tremble de froid !
– Prenons mon polo.
Délicatement, les enfants emmaillotent le petit chat et frottent doucement les poils soyeux.
– Ça a l’air d’aller mieux, constate Paul avec satisfaction.
L’animal ronronne de plaisir puis se met à remuer dans tous les sens.
– Sortons-le de là.
À peine libéré, leur marin d’eau douce se met à faire consciencieusement sa toilette à petits coups de langue appliqués.
– Regarde ! Il est aussi maniaque que toi !
Colombe se moque de son cousin qui est toujours tiré à quatre épingles.
Paul hausse les épaules et foudroie la fillette du regard ce qui la fait rire de plus belle.
– Comment va-t-on l’appeler ?
– Minou ?
– Non, c’est tarte !
– Malou ?
– Bof !
– Doudou ? – Bah !
– Tu as de meilleures idées ? s’agace Colombe, vexée à son tour.
Paul affiche un sourire supérieur.
– Charbon, puisqu’il est tout noir.
– D’accord.
Sa cousine abandonne la partie. Après tout, Charbon, c’est très mignon et ça lui va bien.
Mais une inquiétude assombrit son regard.
– Dis, on ne peut pas le ramener à la maison. Mayotte ne sera pas d’accord.
– En plus, il y a Lubie et Polka ! Effectivement, leur grand-mère a deux cockers qui, s’ils sont les plus braves chiens de la terre, n’en détestent pas moins tout ce qui appartient de près ou de loin à la race féline.
– Que va-t-on en faire ?...
Marion Raynaud de Prigny Née en Béarn d’un père montagnard, commandant de... sous-marins, et d’une mère peintre, descendante des Croisés. Une enfance à manger des pinceaux qui l’amène, de port en port, aux Arts-Déco à Paris. Diplôme en poche, elle illustre alors livres et revues, et triomphe aujourd’hui avec Paul et Colombe !
Paul et Colombe, deux cousins inséparables... Mais Colombe a le chic pour agacer Paul et l’entraîner dans ses bêtises...
La rentrée approche. Comment résister à une dernière escapade au bord de la rivière ?