9 minute read

La nature du sol

Next Article
Les engrais verts

Les engrais verts

Les meilleurs terres sont les terres franches ; ces terres donnent de bonnes récoltes si l’on entretient leur fertilité. Les terres argileuses ont pour principale caractéristique d’être très humides, les terres sablonneuses sont faciles à travailler, mais sèchent vite. Les autres terres nécessitent des améliorations préalables.

Les différents types de sols

Les terres franches Appelées « terre de jardin », « terre à blé » ou « bonne terre ordinaire », elles sont assez faciles à travailler, et sont perméables tout en retenant bien l’eau.

Contenant suffisamment d’humus et d’argile, elles forment ainsi le complexe argilo-humique, qui retient les éléments fertilisants.

Des apports annuels de compost et d’engrais naturels suffisent ; c’est presque la terre idéale !

Les terres argileuses De teinte claire, grisâtre à jaune orangé, on les appelle aussi « terre lourde », « terre grasse » ou « terre glaiseuse ». Elles sont douces au toucher, composées de particules inférieures à 2 microns (0,002 mm). Par temps de pluie, elles deviennent boueuses et collantes, tandis qu’en période de sécheresse elles sont très dures et crevassées.

Toutes les terres qui contiennent plus de 40 % d’argile sont lourdes, compactes, retenant l’eau (l’argile retient environ 3 fois plus d’eau que le sable fin, soit environ 70 % de son poids). Parfois trop humides et surtout difficiles à travailler, elles ont cependant un très fort potentiel : ce sont les « meilleures » quand on sait exprimer leurs qualités. En revanche, elles se réchauffent difficilement au printemps.

Ces terres fortes se travaillent de préférence avant les grands froids, au plus tard en janvier.

Elles s’améliorent par des apports de compost, de poudre de roches (riches en silice) ou de tourbe (à employer prudemment, car elle acidifie). L’idéal est la paillette de lin, sous-produit du lin riche en cellulose et en lignine, mais de pH neutre (voir pages 35 et 36). Ces apports ne doivent contenir aucun engrais chimique de synthèse.

Une terre argileuse très humide a souvent tendance à l’acidité. Dans ce cas, des apports de lithothamne (algue marine riche en calcium et magnésium) remonteront le pH et faciliteront la décomposition des matières organiques.

Cet amendement calcaire apporte de nombreux oligo-éléments. Les cultures d’engrais verts sont aussi fortement conseillées ; en été, un bon paillage évite le durcissement de la terre.

Dans certains cas extrêmes, l’apport de sable de rivière (une dizaine de brouettes pour 1 are) peut être nécessaire. Cette opération s’effectue lorsque la terre n’est pas trop mouillée, ni trop sèche.

Éviter de piétiner pour limiter le tassement ; mieux vaut marcher sur des planches pour effectuer les semis. Les terres sablonneuses Appelées « terres légères », elles ont une couleur grisée, et sont rudes au toucher ; l’été, elles sont brûlantes. Souvent, elles peuvent être maigres ou sèches, c’est-àdire riches en sable et pauvres en matières organiques. Leur grande qualité est de ne pas coller ; elles se travaillent à n’importe quelle période de l’année (sans retournement).

Ne retenant pas l’eau, elles sèchent vite. Elles absorbent difficilement les engrais solubles, principalement ceux contenant de l’azote, car ils sont pauvres en complexe argilo-humique ; et surtout, elles ne les retiennent pas.

Les terres sablonneuses s’émiettent facilement ; elles peuvent être acides ou calcaires. Les vents les dessèchent rapide-

LE SAVIEZ-VOUS ?

Idéalement, une terre arable se compose ainsi : - 50 à 70 % de sable (silice) ; - 10 à 20 % d’argile ; - 5 à 10 % de calcaire ; - 3 à 6 % d’humus.

COMMENT CONTRÔLER LE PH DE SA TERRE

Plusieurs méthodes permettent au jardinier de mesurer le pH.

1. Le résultat le plus précis s’ob- tient sans doute en utilisant un pH mètre, appareil qui permet de contrôler rapidement et avec une précision de + ou – 0,1 le pH du sol.

2. On trouve chez les grainetiers ou en jardineries des « kits » d’analyse spécifique. En quelques minutes, ils donnent le pH de la terre par réaction colorée. 3. Si les problèmes se révèlent importants, mieux vaut faire procéder à une véritable analyse de terre : • prélever en différents endroits du jardin des échantillons de terre entre les 2 et 5 premiers centimètres du sol ; il en faut au total de 400 à 500 grammes environ ; • bien mélanger le tout ; • envoyer la terre à un laboratoire spécialisé (la Chambre d’agriculture, les jardineries… peuvent vous renseigner). Une analyse de terre porte normalement sur le pH, la teneur en azote, en acide phosphorique, en potasse, en magnésium, en oligoéléments et en humus.

ment, mais elles se réchauffent assez vite, rendant ainsi possible les semis précoces. En revanche, elles ne conservent pas longtemps leur chaleur.

On améliore ces terres par des apports réguliers de compost, de tourbe non enrichie (avec modération), de poudre de roches siliceuses d’origine volcanique. Les cultures d’engrais verts sont conseillées. Les terres calcaires Appelées aussi « terres alcalines », de couleur blanchâtre, elles se dessèchent rapidement, surtout si elles contiennent plus de 20 % de carbonate de chaux. Elles se réchauffent assez vite et conservent bien la chaleur.

Lorsqu’elles sont riches en argile, elles deviennent compactes et collantes par temps de pluie et ne sont pas toujours faciles à travailler. Celles contenant peu d’argile se travaillent facilement, mais conservent assez mal la fraîcheur.

Dans ce type de terre, les fertilisants sont souvent lessivés. Les feuilles de nombreux végétaux jaunissent (chlorose), principalement celles des fraisiers et des arbres fruitiers, tels que les poiriers et les pêchers. On améliore lentement la terre par des apports importants et réguliers de compost, de tourbe blonde (acide et non enrichie), de terreau de feuilles, d’engrais à base de poudre de roches.

La fleur de soufre, à raison de 400 g/are, permet de baisser sensiblement le pH sans pour autant corriger la nature du sol. Les engrais verts sont fortement recommandés, d’abord comme couvre-sol en hiver et pour leur restitution au sol au début du printemps.

Les terres humifères Ces terres sont de couleur noirâtre. Plus elles sont foncées, plus elles sont riches en humus (matières organiques).

Retenant et absorbant l’eau, elles se réchauffent assez vite au printemps. Elles ont tendance à l’acidité : lorsque celle-ci s’accentue, on redresse le pH par des amendements calcaires à base de lithothamne (2 kg pour 1 are au printemps et 2 kg pour 1 are à l’automne).

Chaque année, des apports de compost et de poudre de roches sont nécessaires.

Les terres limoneuses De couleur noirâtre, ce sont d’anciennes terres alluvionnaires, marécageuses ou forestières. Elles deviennent assez compactes pendant les périodes humides et se croûtent en surface. Ce phénomène nuit à la végétation, la vie microbienne se trouvant alors ralentie.

Elles demandent à peu près les mêmes soins et les mêmes apports que les terres argileuses.

Les terres graveleuses Ce sont des terres dont la nature peut être acide, calcaire, lourde ou légère mais qui comportent, toutes, une quantité importante de cailloux ; elles sont difficiles à travailler. La plupart des plantes légumières à racine s’y développent mal (carotte, salsifis, scorsonère…).

Enlever les plus gros cailloux et procéder à des apports annuels de compost et de fertilisants.

La qualité du sol

Qu’est-ce que le « pH » ? Le terme « pH » signifie potentiel Hydrogène. C’est une caractéristique très importante du sol. Variant de 0 à 14, il exprime le degré d’acidité de celui-ci (de 0 à 6,9) ou d’alcalinité (de 7,1 à 14). Un pH neutre est de 7.

Un sol ayant un pH compris entre 6,5 et 7,2 (l’idéal) convient pour la plupart des plantes potagères.

La flore spontanée et le pH du sol La flore spontanée montre parfois la nature du sol. En effet, un sol à pH calcaire ou alcalin favorise le développement de plantes comme le trèfle blanc nain, le coquelicot (cher au peintre Monet), la moutarde blanche, le bleuet, le chardon…

L’oseille sauvage nous fait comprendre que le sol est lourd, tassé et acide ; il en est de même pour le bouton d’or ou renoncule rampante (terre acide, lourde, argileuse et humide).

La pâquerette apparaît spontanément en terre acide et lourde ; le plantain en terre lourde et tassée ; la prêle en terre lourde, acide, tassée et humide.

Le laiteron pousse dans un sol argilocalcaire ; la grande oseille se développe surtout dans un sol riche en humus ; l’ortie se plaît dans les terres surtout riches en azote ; le mouron, comme le chiendent, choisissent les bonnes terres avec un faible pour celles qui sont légères et siliceuses ; le pissenlit préfère les sols argileux et lourds…

L’observation de l’apparition ou non de ces plantes donne une approche fiable de la nature des sols.

Peut-on corriger le pH ? Il est plus facile d’augmenter le pH d’une terre acide que de faire baisser celui d’un sol calcaire. Cependant, on ne change pas la nature de certains sols comme ceux de la Champagne (fortement calcaires) ou ceux des régions à terre de bruyère (fortement acides). Lorsque l’acidité ou l’alcalinité n’est pas trop importante, des solutions existent.

Pour une terre un peu acide, il est conseillé d’effectuer des amendements calcaires (lithothamne ou dolomie – roche calcaire et magnésienne) ; éviter la chaux, car elle déclenche une véritable flambée de matières organiques au détriment des réserves d’humus du sol, d’où le dicton « la chaux enrichit le père et ruine le fils ». Généralement, on apporte du lithothamne à l’automne (2 kg pour 1 are), et on renouvelle ces mêmes apports à la fin de l’hiver.

On améliore une terre à pH calcaire

par des apports réguliers de compost, de poudre de roches, de tourbe blonde acide (non enrichie). Les apports de fleur de soufre, à raison de 400 g pour 1 are, abaissent légèrement le pH mais ne corrigent pas la nature du sol. Dans tous les cas, ne pas faire varier le pH de plus d’un point en un an, au risque de perturber trop brutalement la vie du sol.

Les chardons poussent sur sol calcaire.

DES SOLS ET DES PLANTES

Les plantes adaptées à un sol légèrement calcaire

Il semble que l’absinthe, l’angélique, l’artichaut, la betterave potagère, la carotte, le carvi, les choux, la coriandre, la fève, l’hysope, la lavande, la lentille, le melon, la marjolaine à coquille, l’oignon, l’origan, les panais, le romarin, la sarriette, la sauge officinale, la sauge sclarée, les thyms… ont un léger penchant pour les sols calcaires. L’arroche, le haricot, la lentille, les pois, la pomme de terre n’apprécient pas un sol dont le pH devient trop élevé ; la claytone de Cuba refuse de s’y développer.

Les plantes adaptées à un sol légèrement acide

La claytone de Cuba aime ce genre de sol riche en humus. Les fraisiers, le maïs sucré et éclaté, le navet, l’oseille, la patience, la pomme de terre, la rhubarbe, la tétragone cornue… supportent bien une terre un peu acide. En revanche, le crambé maritime, le pois, la tétragone cornue, les choux, les carottes, les épinards et les melons n’apprécient pas les sols très acides.

This article is from: