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Le sol, son rôle, ses habitants

Les végétaux plongent leurs racines dans la terre que nous foulons pour y puiser les éléments nécessaires à leur existence. Cette terre nourricière, qui apporte aux végétaux, aux animaux et aux hommes leur nourriture quotidienne, abrite une population phénoménale qui peut varier considérablement selon la fertilité du sol.

Macrofaune et microfaune

Les habitants du sol se scindent en deux groupes principaux.

• La macrofaune (ou les macro-organismes) qui est visible soit à l’œil nu, soit au moins à la loupe. Cette population comprend principalement : les rongeurs, les insectes détritivores, les arachnides, les myriapodes, les crustacés et les vers de terre. • L’autre groupe appartient à la microfaune appelée plus généralement les micro-organismes. Invisibles à l’œil nu, ceux-ci ne s’observent qu’au micro-scope. Ils forment une population très diversifiée et dense. Les microorganismes transforment les éléments au milieu desquels ils vivent et participent à l’humification et au recyclage de la matière organique. Ils sont répartis en deux catégories : - ceux appartenant au règne animal (la microfaune) : les nématodes et les protozoaires principalement ; - ceux rattachés au règne végétal (la microflore) : les algues, les champignons, les bactéries, les actinomycètes…

LE SOL : PLUS QU’UN

SIMPLE SUPPORT

Le sol est une immense usine à recycler, peuplée de milliards d’organismes vivants. Certains appartiennent au règne animal, d’autres au règne végétal. Cette main-d’œuvre travaillant 24 heures sur 24 est extraordinaire. Grâce à elle, la matière organique est décomposée et transformée : certains microorganismes rendent les minéraux du sol assimilables par les plantes, d’autres font la synthèse des vitamines…

La fonction de cette usine vivante

La macrofaune et la microfaune ont un rôle fondamental ; elles sont la garantie de la fertilité du sol. • Les rongeurs : Ils ont surtout une influence mécanique (broyage et digestion des débris végétaux).

• Les insectes détritivores : Se nourrissant de détritus, ils ont également une influence mécanique ; de plus, ils digèrent divers constituants d’humus pour les restituer aux plantes sous des formes complexes organo-minérales.

• Les arachnides (les araignées, les faucheux, les acariens et autres animaux du même groupe) : Certains d’entre eux se nourrissent de cadavres et de détritus de végétaux, contribuant ainsi à maintenir un équilibre nécessaire dans la microfaune.

Chenille sur une tige. • Les myriapodes (comprenant les millepattes) :

Musaraigne et lombric.

Ils se nourrissent d’araignées et de petits insectes, participant ainsi à l’équilibre des diverses populations.

• Les crustacés ou arthropodes (dont les cloportes) : Ils vivent de matière végétale en décomposition.

• Les vers de terre ou lombrics : Ce sont les plus connus ; leur nourriture se compose surtout de substances végétales ; ces infatigables travailleurs jouent un rôle très important dans l’amélioration du sol. Leur nombre varie selon la fertilité de ce dernier (on peut en trouver jusqu’à 15 kg/are). En une année, et sur un are, 600 kg de terre passent en moyenne dans le tube digestif des lombrics. Cette terre « frisée » (en tortillons), et rejetée en surface une fois digérée, renfermerait cinq fois plus d’acide phosphorique et onze fois plus de potasse qu’il n’en existe dans les couches superficielles du sol ; elle est, en outre, enrichie en azote, en calcium et en magnésium assimilables par les plantes. La quantité d’azote pouvant provenir des déjections ou de la décomposition des vers de terre atteint jusqu’à 2 kg pour 1 are sur une année.Très actifs dans le sol, ils favorisent à la fois son transfert, son mélange, son aération, son drainage et sa structure granulaire.

• Les nématodes : Ils se nourrissent de la matière organique en décomposition et de divers micro-organismes parasites des plantes (quelquefois également auxiliaires du jardinier). Efficaces pièges à champignons pathogènes, ils représentent environ 8 kg de matière vivante pour 1 are !

GÉOMÉTRIE DE

LA VIE MICROBIENNE

Les micro-organismes se développent à des niveaux différents dans le sol. Ceux dits « aérobies » vivent à une faible profondeur (de 12 à 15 cm), car ils ont besoin de l’oxygène de l’air pour vivre, d’où l’importance de l’aération du sol et l’efficacité des binages profonds. Les micro-organismes dits « anaérobies » vivent dans les couches plus basses, à l’abri de l’air, donc de l’oxygène ; ils tirent l’énergie dont ils ont besoin de substances organiques qu’ils décomposent.

• Les protozoaires : Ils sont plusieurs centaines d’espèces dont le rôle est de régulariser le développement de diverses familles de bactéries, notamment les phytopathogènes responsables de nombreuses maladies des plantes. Vivant dans les couches supérieures du sol, on peut en trouver jusqu’à 3 kg pour 1 are. Ils sont plus nombreux au printemps et à l’automne.

• Les algues : Elles se développent principalement dans la couche superficielle du sol, et sont plus nombreuses dans une terre riche en humus. On peut en trouver près de 3 kg pour 1 are, soit une population d’environ 80 000 à 100 000 dans un gramme de terre. Ces algues fixent l’azote atmosphérique. Elles transforment les constituants minéraux solubles en complexes organiques qui sont retenus par le pouvoir absorbant du sol, évitant ainsi les pertes par lessivages. Elles créent une aération du sol et jouent un rôle important dans la solubilisation du calcium.

• Les champignons :

Comprenant les moisissures et les levures, ils sont également très nombreux. On trouve plus d’un million de ces champignons microscopiques par gramme de terre, soit environ 15 kg/are. Ils agissent sur la structure du sol en décomposant les substances organiques azotées et carbonées. Ils assimilent l’azote qu’ils transforment en protéines libérées progressivement par les plantes. Par ailleurs, ils absorbent une quantité appréciable d’éléments minéraux, y compris les oligoéléments, qui s’avèrent inassimilables tels quels par les plantes, et les restituent sous une forme qu’elles peuvent assimiler. Ils contribuent à transformer les matières organiques en produits constitutifs de l’humus. Ils se révèlent aussi très précieux en produisant des antibiotiques naturels qui jouent un très grand rôle sur l’état phytosanitaire du sol. Une terre riche en champignons microscopiques pourra donc assurer elle-même sa propre défense.

• Les bactéries : Elles représentent la population la plus importante du sol ; on peut en compter jusqu’à 100 millions dans un gramme de terre, soit un poids d’environ 5 kg pour 1 are. Leur rôle est de décomposer la matière organique dont sont constitués tous les cadavres végétaux ou animaux ; cette matière organique transformée sert d’aliment à la végétation, repartant ainsi pour un nouveau cycle. Sans ces infiniment petits, la vie deviendrait impossible car « l’œuvre de mort serait incomplète » (Pasteur). Parmi les bactéries, les rhizobiums (bactéries aérobies vivant en symbiose avec les racines des légumineuses) et les azotobacters (bactéries aérobies qui prolifèrent sur les débris végétaux au contact avec le sol) sont les plus grands producteurs d’engrais azotés naturels.

• Les actinomycètes (micro-organismes se classant entre les bactéries et les champignons) : Leur population peut atteindre jusqu’à 36 millions de sujets par gramme de terre, soit environ 7 kg pour 1 are de matière vivante. Leur rôle est de transformer la matière organique en un complexe organo-minéral qui devient assimilable par les plantes.

Les causes d’une baisse d’activité

On peut tout d’abord incriminer les pesticides, grands polluants des sols, qui modifient l’équilibre de la microfaune et de la microflore. Les désherbants (ou herbicides), qui en font partie, sont en effet les principaux responsables de la diminution des micro-organismes dans le sol.

Le manque d’apport de matières organiques provoque l’appauvrissement du sol en humus, réduisant ainsi toute forme de vie dans celui-ci.

Certains engrais chimiques de synthèse sont aussi néfastes pour les vers de terre et les micro-organismes ; ils courtcircuitent le cycle naturel de la fertilisation. N’ayant plus de raison d’être, la vie du sol disparaît d’année en année. Tout comme les pesticides et les herbicides, qui tuent cette formidable population microbienne, ils endommagent gravement notre plus grande richesse : notre capital santé.

LE SAVIEZ-VOUS ?

Les vers de terre sont le baromètre du sol. À l’œil nu, on peut remarquer la diminution de leur population, voire leur absence totale, selon le degré du déséquilibre. En outre, dans ce cas, les débris végétaux ne se décomposent plus que très lentement dans le sol.

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