57, rue Gaston Tessier, CS 50061, 75 166 Paris Cedex 19
editionscriterion.fr
ISBN : 9782741302728
MDS : MM02728
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« Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, modifiée par la loi n° 2011-525 du 17 mai 2011. »
De
Rutebeuf à Georges Brassens et de Christine de Pisan à Anne Sylvestre, le courant continu de la poésie française ne s’arrête pas.
Elle ne cesse de chanter toujours l’amour et l’amitié, l’amour de Dieu, l’amour humain, l’amour de la terre et des fleurs, l’amour de la patrie et de ceux qui sont morts, et surtout l’amour des enfants.
Pour toutes ces raisons, il est important de donner aux enfants la connaissance et le goût de la poésie, ce que fait cette anthologie. Une anthologie suppose un choix. Mais choisir n’est pas exclure, ni préférer sacrifier. Ainsi ces grands classiques de la poésie française appellent à aller vers d’autres que les dimensions de l’édition n’ont pas permis de retenir, et qui doivent cependant s’inscrire dans la mémoire. L’anthologie est une introduction, ou un apéritif. Ce n’est pas le repas tout entier, mais c’est un bon commencement.
Elle met en appétit et donne envie de découvrir de nouvelles beautés.
La poésie, qui écrase le temps –Rutebeuf est aussi proche de nous que Georges Brassens – est aussi ce lien d’amour et de beauté qui nous unit à ceux qui sont morts et à ceux qui viendront. La poésie se transmet par celles et ceux qui la récitent et la chantent. On ne dira jamais assez combien les jolies mamans, les jolies sœurs et les jolies cousines, les jolies tantes et les douces grands-mères ont le devoir d’ouvrir à ces beautés l’âme des enfants. On n’encouragera jamais assez les pères, les beauxpères, les grands-pères, les cousins et les oncles, à élever et à fortifier les esprits des jeunes par les vers de nos aïeux. Pour cela il ne leur suffit pas de donner à lire mais de dire ces poèmes, qui sont des morceaux de beauté de notre histoire. Ouvrons ce livre et puisons dedans les mots qui font aimer la poésie.
Jacques Trémolet de Villers
Moyen Âge
Rutebeuf (1230-1285)
Christine de Pisan (1364-1430)
Charles d’Orléans (1394-1465)
François Villon (1431-1463)
Que sont mes amis devenus…
Extrait
Les maux ne savent seuls venir ;
Tout ce qui m’était à venir
M’est advenu.
Que sont mes amis devenus
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés ?
Je crois qu’ils sont trop clairsemés
Ils ne furent pas bien semés
Ils m’ont failli.
De tels amis m’ont bien trahi
Lorsque Dieu m’a assailli
De tous côtés.
N’en vit un seul en mon logis
Le vent je crois, me les a pris,
L’amour est morte.
Ce sont amis que vent emporte,
Et il ventait devant ma porte
Les emporta.
Rutebeuf
Rutebeuf a vécu au xiii e siècle et était poète de profession. Il connut la misère, mais fut aussi soutenu par la générosité de saint Louis. Ce poème est dédié à Alphonse Poitiers, le frère du roi, qui était également son protecteur.
Voici venu le très aimable
mois de mai
Voici venu le très aimable mois de mai, le gai, qui a tant de douceur
Que les vergers, les buissons et les bois
Sont tout chargés de verdure et de fleurs
Et toute chose se réjouit.
Parmi les champs tout fleurit et verdoie,
Et il n’est rien qui n’oublie ses soucis, Par la douceur du joli mois de mai.
Les oisillons vont chantant de plaisir, Tout s’éjouit partout communément, Sauf moi, hélas ! qui souffre trop de peine, Parce que loin je suis de mon amour
Et je ne peux avoir de joie.
Et plus est gai le temps et plus me peine.
Mais mieux connaît si une fois s’étonne, Par la douceur du joli mois de mai.
J’ai déploré en pleurant maintes fois, Il me manque celui dont n’ai secours.
Et maux d’amour encor plus forts connais, Les dommages, les assauts et les tours. En ce doux temps, que je me rende encor n’ai fait ; car cela me détourne
Du grand désir que plus trop ferme n’ai, Par la douceur du joli mois de mai.
Christine de Pisan
Christine de Pisan oppose la joie du renouveau printanier à la tristesse que cause un amour malheureux. La nature est tout en fête, ce qui accentue sa peine qui lui semble encore plus lourde et plus noire.
Le Printemps
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie, Et s’est vêtu de broderie
De soleil luisant, clair et beau.
Il n’y a bête ni oiseau, Qu’en son jargon ne chante ou crie : Le temps a laissé son manteau.
Rivière, fontaine et ruisseau
Portent, en livrée jolie, Gouttes d’argent d’orfèvrerie ; Chacun s’habille de nouveau, Le temps a laissé son manteau.
Charles d’Orléans
Charles d’Orléans était petit-fils, neveu, cousin et père de roi. Sa poésie, à la finesse tout aristocratique, évoque dans ce rondeau le renouveau, thème particulièrement présent dans la poésie au Moyen Âge.
Hiver, vous n’êtes qu’un
vilain
Hiver, vous n’êtes qu’un vilain !
Été est plaisant et gentil,
En témoin de Mai et d’Avril
Qui l’accompagnent soir et matin.
Été revêt champs, bois et fleurs
De sa livrée de verdure
Et de maintes autres couleurs
Par l’ordonnance de Nature.
Mais vous, Hiver, êtes trop plein
De neige, vent, pluie et grésil ;
On devrait vous bannir en exil !
Sans point flatter je parle plain :
Hiver, vous n’êtes qu’un vilain !
Charles d’Orléans
On appelle « rondeau » un poème dans lequel on utilise le même vers au début et à la fin, comme une boucle. Charles d’Orléans en a écrit un grand nombre durant sa captivité en Angleterre, qui dura vingt-cinq ans, après la bataille d’Azincourt.
Ballade des dames du temps jadis
Dites-moi où, et en quel pays, Est Flora la belle Romaine, Archipiades, et Thaïs,
Qui fut sa cousine germaine, Écho, parlant quand bruit on mène
Dessus rivière ou sur étang, Qui beauté eut trop plus qu’humaine ?
Mais où sont les neiges d’antan ?
Où est la très sage Héloïs,
Pour qui fut châtré et puis moine
Pierre Abélard à Saint-Denis ?
Pour son amour eut cette essoine.
Semblablement, où est la reine
Qui commanda que Buridan
Fût jeté en un sac en Seine ?
Mais où sont les neiges d’antan ?
La reine Blanche comme lys
Qui chantait à voix de sirène,
Berthe au grand pied, Bietris, Alis, Haremburgis qui tint le Maine,
Et Jeanne, la bonne Lorraine
Qu’Anglais brûlèrent à Rouen ; Où sont-ils, où, Vierge souveraine ?
Mais où sont les neiges d’antan ?
Prince, n’enquérez de semaine
Où elles sont, ni de cet an,
Qu’à ce refrain ne vous remaine :
Mais où sont les neiges d’antan ?
François Villon
Dans cette ballade, François Villon médite sur le temps qui passe et le regret du passé en se souvenant de femmes célèbres aujourd’hui disparues.
Ces femmes sont pour la plupart des reines ou des figures historiques.
La Jeune Tarentine ........................................................................................ 92
Jean
Jean
Paul-Jean Toulet (1867-1920)
(1868-1955)
Francis Jammes (1868-1938)
Edmond Rostand (1868-1918)
Gérard (1871-1953)
Charles Péguy (1873-1914)
Max
(1876-1944)
Guillaume Apollinaire (1880-1918)
Blaise
Raymond
René Char (1907-1988)
Claude Roy (1915-1997)
Georges Brassens (1921-1981)
(1934-2020)
Émile
Rosemonde Gérard
Le Printemps de Charles d’Orléans, Mignonne, allons voir si la rose de Pierre de Ronsard, Le Lièvre et la Tortue de Jean de La Fontaine, Demain, dès l’aube de Victor Hugo, L’Albatros de Charles Beaudelaire, Le Dormeur du val d’Arthur Rimbaud, Le Pont Mirabeau de Guillaume Apollinaire, Les yeux d’Elsa de Louis Aragon…
Une anthologie des plus beaux poèmes de la littérature française, du Moyen Âge à nos jours, à lire, à relire et à apprendre pour en goûter toute la beauté. Des trésors de notre patrimoine qui, inscrits dans la mémoire, nous accompagneront tout au long de notre vie.