

Monique Amiel Scénario
Gloesner Dessins et couleurs
À la maison, chaque enfant avait son arbre de Noël…
Nous étions huit, donc huit sapins…
…
mais le plus beau, c’était celui d’Elisabeth, dite « Sissi » car le même jour, nous fêtions son anniversaire…
En effet, Sissi était née le 24 décembre 1837 et nos parents l’appelaient souvent encore « l’Enfant de Noël ».
Nous appartenions à la famille des Wittelsbach, la plus ancienne des familles régnantes d’Europe. Nous habitions le vieux burg de Possenhofen, pas confortable mais que nous aimions tant…
Maman, la Duchesse Ludovica, était la meilleure des mères, surveillant, houspillant… adorant sa couvée…
Mathilde, ne bouge pas… Sophie, descends !
Notre père, le Duc Maximilien de Bavière, était le plus merveilleux des papas… vivant comme ses paysans, et nous laissant tout faire !
… Et
Marie… où est ton père ?
Aux cuisines, je crois… Il joue aux cartes avec le postillon…
Max ! Max ! Pensez à l’exemple que vous donnez à vos enfants…
C’est l’exemple d’un homme qui ne se croit pas supérieur parce qu’il est né dans un château…
Tante Sophie était aussi la mère de l’Empereur, notre cousin François-Joseph. Elle venait de temps en temps à Possenhofen… et c’était souvent orageux !…
Oh ! Sophie ! Quelle bonne surprise !
Ludovica, je me demande comment tu peux vivre presque toute l’année dans un trou aussi perdu ?… Et tes enfants… où les as-tu mis ?… Pour une fois, on ne les entend pas…
Ils sont au lac, avec leur père…
Au lac ? Mais où donc ?
Eh bien, là… dans l’eau… Il fait si chaud !
Dans l’eau !! Comme des petits paysans… Et filles et garçons ensemble !!…
Maman !
Tante Sophie ! Venez… l’eau est bonne…
Ma pauvre Ludovica !… Tu ne marieras jamais tes filles si tu les élèves ainsi !
Mais, Sophie… … Je t’assure que je m’en occupe personnellement… Elles sont instruites, élégantes, artistes…
Un peu plus tard… C’est vrai que ton Hélène est charmante…
Mais, celle-là ? C’est Sissi !
Sissi ?… Cette écuyère de cirque !…
Ce n’est qu’un jeu ! Sissi a juste quinze ans et elle aime tant les chevaux !
Au fond, tu as raison ! Que Sissi se casse le cou, c’est son affaire… Moi…
… Moi, je suis venue ici pour François-Joseph, mon fils…
Ton fils… Tu veux dire l’Empereur !…
Justement : en en choisissant une, il faudra rejeter toutes les autres… d’où des vexations, des querelles, des risques de guerre…
… Tandis qu’en choisissant une princesse de l’Empire, pas de jalousie et, au contraire…
Naturellement, l’Empereur !… Mais pour donner des héritiers à l’Empire, il faut que je le marie…
Jeune et beau comme est ton François-Joseph, toutes les princesses d’Europe se l’arracheront !…
… Ce mariage resserre les liens entre l’Empire et ses provinces… donc, finies les révoltes !…
Sophie, j’ai toujours dit que tu étais le cerveau de la famille !
Merci pour le cerveau…
C’est pourquoi, pour mon FrançoisJoseph, j’ai choisi ton Hélène…
… Te rends-tu compte, Max ?… Notre Hélène, impératrice !…
Eh ! Bien… Quoi ?… Hélène ?…
Mais…
J’ai dit : « Pas de mais » ! Si tu veux que ta fille soit impératrice… Et amène Sissi pour que la rencontre ait l’air naturel…
Tss… Tsss… Ce n’est pas encore fait…
Mais justement, Max ! Je souhaite que cela se fasse très vite ! Si c’est décidé, pourquoi s’attarder ?
Mais…
N’a-t-elle pas dix-huit ans, la beauté, le charme, l’éducation ?…
C’est vrai…
Si bien que peu après…
… Moi, au bal d’Ischl ?… Mais cela m’ennuie, Maman !
Pas de « mais » : Ludovica viendra à Ischl avec Hélène pour le grand bal d’été… et ce sera… les fiançailles !
Et quelques jours plus tard…
Sissi, on ne te demande pas ton avis. Tu viens, et tu te tais !
À bientôt, Papili ! On m’enlève… mais pas pour longtemps…
Qui peut savoir l’avenir quand les oisillons quittent le nid…
De relais en relais, le voyage dure une bonne journée, puis…
Bienvenue à Ischl, Altesses ! Ouf !
Venez les enfants, nous avons grand besoin de nous rafraîchir…
Mais c’est vous, mes tout beaux, qui avez besoin qu’on s’occupe de vous…
Quelques minutes plus tard…
Sissi ! Sissi ! Où es-tu ?
Voilà ! Voilà ! J’arrive !
Mais… Oh ! Qu’as-tu fait ?…
D’où sors-tu ?…
Oh ! J’étais juste un moment à l’écurie pour être sûre qu’on soignerait bien les chevaux…
Va immédiatement te changer, et ne bouge plus ! Et demain, tu resteras ici tandis que ta sœur et moi…
… Nous irons nous présenter à la cour…
Cette enfant me fera mourir !…
… Si tante sophie te voyait !…
Et toi, que vastu faire toute seule ?…
Je ne suis pas seule : j’emporte mon cahier à dessin… et j’aurai la compagnie de tous les animaux de la forêt !
Allons bon, quelqu’un !…
En effet, le lendemain…
Ça, c’est plutôt une bonne nouvelle !
Comme tu es belle, Hélène ! Et comme je te plains de passer une si belle journée au milieu des archiduchesses…
… On ne peut donc jamais être tranquille ?…
Vous dessiniez et j’ai fait fuir vos modèles…
… Une fée des bois !…
… Et ils parlent… jusqu’au soir.
Tant pis… Ils reviendront… dès que vous ne parlerez plus !
Mais… j’ai envie de parler, moi !
Excusez-moi… je vous dérange ?… Oui… Enfin… euh… Non…
Mais, je veux vous revoir…
Où ? Quand ? Dites : j’y serai !
Et moi aussi ! Ha ! Ha ! Ha !
Le soleil qui se couche… Il faut que je parte… adieu…
Comment, adieu ?…
Demain, au grand bal de la cour… j’y serai !
Sissi… où étaistu encore ?… Je commençais à m’inquiéter…
Je me promenais, Maman… Je dessinais… On ne voit pas le temps passer, ici…
… Charmant…
Et le lendemain…
Maman, quelle robe mettrons-nous pour le bal ?
Que va-t-il dire ?…
Ce soir, je serai fiancée…
Enfin, une fille casée… et joliment bien casée…
Son altesse Elisabeth de Bavière. Vous ! Moi…
La petite Sissi dont je tirais les nattes !… Comme tu as changé !
Mais toi, pas du tout !
Et vous… êtes-vous contentes de votre journée ?
Très contentes… L’Empereur est même venu quelques minutes…
Il est charmant !
La blanche pour toi : c’est une vraie robe de fiançailles… Et Sissi sera en rose, car elle n’a que quinze ans.
Les voilà…
Ma rose de Bavière ! Viens vite danser… Je suis si heureux !…
Mais… Et Hélène ?…
Sissi, une histoire vraie aux allures de conte de fées, à la fois superbe et tragique.
Libre, presque insouciante, Elisabeth est amoureuse de Franz, l’Archiduc d’Autriche. Rien ne doit s’opposer à leur bonheur.
Mais la rigueur de l’étiquette de la cour et les drames familiaux auront finalement raison de cette indomptable princesse.
Une héroïne mythique qui marquera, au-delà des générations, les esprits et les cœurs de toutes les jeunes filles.
Une histoire magistralement mise en images par Noël Gloesner sur un récit de Monique Amiel.