LA MÉMOIRE DES LIEUX
que l’on oublierait… Par exemple, la ville de Castillonla-Bataille se nomme ainsi depuis la bataille qui a marqué la guerre de Cent Ans. Et les hameaux ou les lieux-dits s’appelant « Maladrerie » ou « Madeleine » rappellent l’existence d’une ancienne maladrerie, ou léproserie, nous aurons l’occasion d’en reparler. Inutile de préciser les mémoires présentes dans de tels lieux, même si le temps a pu alléger la souffrance. Que penser de ces lieux de soins et de ces mouroirs gérés par les religieux, puis confisqués sous la Révolution pour souvent devenir des fermes, l’église étant alors transformée en grange. Ajoutez le cimetière proche pour enterrer les malades défunts, patientez quelques décennies que l’oubli fasse son effet, et vous retrouvez des maisons, voire des lotissements, construits sur de tels endroits. Au-delà de ces lieux très particuliers, l’humain étant ce qu’il est, alors que la végétation envahit peu à peu les lieux désolés et meurtris, le paysan rebâtit sur les ruines abandonnées. La vie reprend ses droits, car les lieux de vie étant rarement choisis par hasard, il est naturel de recommencer là où l’environnement offre le plus de possibilités : présence d’eau, opportunités défensives, nourriture abondante, voies de communication aisées, etc.
LE TAUX VIBRATOIRE DU LIEU
Au fil de l’histoire, nous retrouvons ainsi une continuité dans l’occupation des lieux. Les siècles s’écoulent lentement au gré des massacres, des instants de paix et 16