Corée gourmande
Voyage culinaire au pays du matin calme

































Voyage culinaire au pays du matin calme
Typique et pittoresque, Corée gourmande est une invitation à traverser les différents paysages culinaires de la Corée. Un voyage gastronomique, mais aussi une expérience humaine où se reflète l’histoire d’une culture au travers de l’alimentation et des évolutions de sa cuisine.
Plus qu’une simple présentation de recettes et de produits exotiques, cet ouvrage est un sésame pour découvrir les secrets de la cuisine coréenne avec ceux qui la pratiquent : comprendre et sentir sa gastronomie dans son contexte vivant.
Au fil des pages, tout en appréciant l’art de vivre à la coréenne, vous entreverrez les aspects véritablement uniques de cette cuisine.
Je me permet d’écrire « véritablement », car les narrations contenues dans cet ouvrage sont le fruit de mon observation en tant que Coréenne vivant en France depuis de nombreuses années.
J’ai la chance de pouvoir aborder des cultures très différentes qui me donnent également le privilège de mieux comprendre et d’identifier la part de folklore et d’authenticité des pratiques culinaires coréennes, dont les acteurs locaux ne sont eux-mêmes parfois pas toujours conscients.
Présenter les fondements de la gastronomie coréenne est un immense plaisir à partager tout particulièrement avec un pays comme la France, où les valeurs gastronomiques et les héritages culturels sont une référence dans le monde entier.
Luna Kyung est coréenne, installée en France depuis de nombreuses années. Elle est l’auteure en langue française de plusieurs ouvrages culinaires, dont Easy Corée et L’Art de la fermentation (coécrit avec Camille Oger). Son blog « La table de Diogène est ronde » est une référence de la cuisine coréenne et de la fermentation alimentaire.
AhnJi est une illustratrice coréenne. Après avoir travaillé sur La Cuisine coréenne illustrée, elle se passionne actuellement pour la création d’illustrations culinaires. Elle construit son univers comme une esthétique de la nostalgie et du surréalisme, représentés dans son art.
La richesse de la gastronomie coréenne, tient d’abord à la diversité de son environnement.
Grâce à sa géographie et à son caractère péninsulaire, la terre coréenne a les pieds dans l’eau et la tête dans les nuages, elle offre une large variété de produits issus de la mer comme de la terre.
Si le relief montagneux occupe 70 % de sa surface, il abrite des terroirs de nature et de caractères variés, gardiens de richesses naturelles et de traditions ancestrales.
Les quatre saisons coréennes sont particulièrement distinctes. Par rapport à d’autres pays situés à la même latitude, ses hivers sont plus froids et ses étés plus chauds. Son territoire s’étend du Nord au Sud, il y a donc une grande différence de climat entre les régions du nord et du sud. Ces variations climatiques ont entraîné une diversification des caractéristiques culturelles et des produits régionaux, donnant naissance à des cuisines locales distinctives.
Bien que le riz soit la base alimentaire en Corée – d’autant plus aujourd’hui où la technologie agricole avancée permet son abondance –, les régions du nord sont inadaptées à la culture du riz en raison du climat froid et montagneux, et en conséquence, la consommation d’autres céréales, comme du millet, du sarrasin, ou du sorgho, mais aussi des pommes de terre, y est assez élevée. Dans les régions du centre-ouest et du sud, sous le climat tempéré, la culture du riz bien plus développée. La péninsule coréenne, située à l’extrême orient de
l’Eurasie, s’investissait dans le continent au cours de son histoire. C’est probablement en Mandchourie, à la fois terre de l’ancien royaume coréen et région originaire du soja, que les Coréens ont fondé le pilier de leur cuisine : le goût du soja fermenté. Les aliments fermentés sont depuis toujours considérés comme les produits les plus importants dans la gastronomie du pays.
Les mers qui entourent le pays ont aussi chacune leurs caractéristiques. En Donghae, mer de l’Est, le croisement des courants froids et chauds forme un écosystème marin diversifié. Le merlan, le calmar et le maquereau pêchés ici font partie des poissons les plus consommés en Corée. La Seohae, mer de l’Ouest, possède des vasières, parmi les plus grandes du monde grâce à ses eaux peu profondes et au loess de la terre. Les crustacés tels que l’ormeau, la coque et les petites crevettes à fermenter sont abondants partout.
Il n’est pas exagéré de dire que les aliments maturés au sel se sont développés en Corée en raison de la forte teneur en minéraux du sel de mer provenant de ces vasières, qui lui donnent un goût sucré.
Dans la Namhae, mer du sud, des courants chauds circulent toute l’année et, grâce à la topographie caractéristique d’innombrables îles, les conditions de frai, de croissance et de reproduction des poissons sont favorables à diverses pêcheries aquacoles. De nombreuses algues y sont aussi présentes en abondance.
Moonbaesul
Bière Daedonggang
Bossam kimchi
Alcool aux myrtilles des marais du mont Baekdu
Vin de raisin (de Ganggye)
Nongma-guksu (de Hamhung)
Oebok-jengban (fondue aux viandes et légumes)
Pyongyang-nengmyeon
Riz Pyeonsu
Bibimbap (de Haeju)
Galbi, grillade de bœuf (de Suwon)
Pain d’épices feuilleté (de Kaesung)
Raviolis de pomme de terre
Gajami-sikhae (limande et radis fermentés)
Hwantae-gui
Pignons de pin Tofu (de Gangneung) Soja
Soupe de seuleong-tang
Bindaetteok Makkoli Raisin
Alcool aux fleurs d’azalée
Soja fermenté express Huîtres
Gaejang
Crevettes fermentées
Tuile à tête de cheval Alcool de millet
Gelée de gland
Jujube Ginseng (de Geumsan) Samgyetang
Bibimbap (de Jeonju)
Gochujang (de Sunchang)
Ligulaire du Mont Kumgang Alcool au grémil
Alcool de pomme de terre (de Pyeongchang)
Champignon de pin
Sésame
Baie d’Omija (de Mungyeong)
Bulgogi (de Eonyang)
Kim, feuille d’algues
Anchois Poire
Mulhoe
Clémentine (de Seoguipo)
Bingtteok (crêpes de sarrasin au radis)
Porc noir
Andong soju
Ail Piment (de Youngyang)
Yuja (yuzu)
Algue miyeok
Crevettes Calmar
Rouleaux de riz aux algues et calmar (de Chungmu)
Comment et que mange-t-on en Corée ? Pour mieux comprendre la cuisine de ce pays, un aperçu historique et social est indispensable avant d’entrer dans les détails de l’alimentation.
À travers son histoire, la Corée a eu différentes influences culinaires : le chamanisme coréen a introduit une vision philosophique de la cuisine, le bouddhisme a quant à lui laissé une grande tradition végétarienne, tandis que les échanges étroits avec les peuples nomades d’Asie du Nord et d’Asie centrale ont été à l’origine de nombreux plats de grillades de viande.
À l’entrée dans le XXe siècle, l’histoire de la Corée a été mouvementée : l’occupation japonaise, la guerre de Corée, puis la fulgurante réussite économique du pays ont profondément modifié les habitudes alimentaires.
Les Coréens, hommes et femmes, travaillent beaucoup et la majorité d’entre eux vivent dans les grandes villes. Les repas entre collègues de travail occupent une place beaucoup plus grande qu’en Europe, ce qui assure un développement très dynamique du secteur de la restauration. Les offres de restauration et les services de livraison sont très importants en Corée.
Bien que le rythme de vie soit effréné, la table et la convivialité restent au centre de la culture coréenne. Si le partage autour d’une
table représente aujourd’hui une chaleureuse consolation face au poids de la vie urbaine, historiquement, on se restaurait à une table individuelle et on ne parlait pas pendant le repas.
Durant l’occupation et la guerre, la pénurie de matériel ne permettait plus ces pratiques car l’organisation d’un repas traditionnel nécessitait beaucoup de vaisselle : un bol pour le riz, un autre pour la soupe, de nombreuses coupelles présentant les banchan (petits plats d’accompagnement du riz)… Toutes ces préparations étaient servies en même temps à chaque convive.
De nos jours, les Coréens partagent les mêmes plats sur une même table. Ils en ont d’ailleurs fait une particularité, de nombreux plats se préparant directement à table par les convives, créant une ambiance en tout point comparable à l’esprit et à la convivialité d’une fondue. La table coréenne d’aujourd’hui représente ainsi un espace de trêve et de tradition rassurant dans le tourbillon des changements rapides que la société coréenne connaît.
Le charme de hansik 한식, la gastronomie coréenne, vient de son esprit naturaliste.
Depuis 5 000 ans, la péninsule a été traversée par de nombreux courants philosophiques, mais également par de constants échanges avec les cultures étrangères, façonnant ainsi les multiples facettes de l’art culinaire coréen. La plus emblématique de cellesci est probablement sa vision « médicinale » : cette approche, tenant à considérer l’alimentation comme un acte thérapeutique, est principalement axée sur la large utilisation des végétaux cultivés et sauvages et la consommation de produits fermentés. Les préparations et les savoir-faire concernant les produits carnés naîtront des contacts avec les peuples nomades de l’Asie du Nord.
La diversité comme gage d’un équilibre nutritionnel a consacré la cuisine coréenne comme l’une des plus saines au monde. Cependant, l’authentique vertu de sa cuisine va au-delà de l’objectif de sustenter ou de la quête des goûts et des plaisirs.
Sa singularité réside principalement dans son aspect humain, une approche considérant l’alimentation comme un moyen de restaurer autant le corps que l’esprit.
Au cœur de cette cuisine, s’épanouissent le partage et la joie de lier les hommes entre eux, plaçant l’alimentation comme la clé d’un art de vivre en harmonie avec la nature.
Dans ce monde où les questions écologiques sont aujourd’hui devenues cruciales, la cuisine coréenne propose une alimentation raisonnée comme l’un des moyens de réconcilier l’homme avec la nature.
Si la gastronomie coréenne possède des racines culturelles ancrées constituées au cours du temps, le trait caractéristique de sa forme contemporaine est le reflet de son histoire récente, et en particulier de ce que l’on appelle « le miracle coréen ».
Selon la philosophie coréenne, l’homme est une partie de la nature, et celle-ci doit rester le modèle de la vie de l’être humain. Au-delà d’être un moyen de survie, l’alimentation – saine – est considérée comme la façon de maintenir le corps en harmonie avec la nature. La cuisine offre donc aux individus des occasions bénéfiques de se sentir proches de la nature et d’en tirer des leçons. Une bonne alimentation nourrit ainsi autant l’esprit que le corps. Si cet esprit naturaliste reste toujours un fondement de la cuisine coréenne, ses pratiques ont beaucoup changé dernièrement. En Corée, le XXe siècle a été une succession de grands bouleversements historiques qui ont détruit le pays, puis de batailles économiques pour la reconstruction. Ces événements ont causé des changements sociaux profonds assez brutalement.
Au cours de cette période tumultueuse, la nourriture tenait un rôle d’une importance capitale. Elle procurait le temps d’être ensemble, du réconfort mental autant que de l’énergie physique. La cuisine offrait un espace où les nouveaux émigrés en ville installaient leur point d’ancrage.
La cuisine a également été une ouverture par laquelle ont commencé des mutations sociales : les façons de prendre un repas, la consommation de produits provenant de pays étrangers, etc.
Avant le XX e siècle, les repas quotidiens étaient servis sur une table individuelle. La pénurie matérielle d’après-guerre a entraîné des modifications, réunissant les convives autour d’une unique table commune.
Cela dit, quelle qu’en soit la cause, ce changement a été l’opportunité de se consoler mutuellement en mangeant ensemble dans ce contexte social éprouvant. En Corée, la table à manger porte des symboles forts : partager, se restaurer, se réparer.
signifie « la famille » en coréen. Il se traduit littéralement par « les bouches mangeant ». Ce terme est un bon exemple qui montre que le partage de repas lie les individus aussi fortement que les liens du sang.
Un autre rôle important de la cuisine coréenne est de permettre de renouer avec la tradition, abandonnée pendant ces courses effrénées vers la modernisation du pays.
Les jeunes cherchent désormais la stabilité et fouillent « les greniers » de leurs arrière-grands-parents dans le but de retrouver leurs racines et le temps d’avant, quand s’épanouissait la slow food, à base nottamment d’aliments fermentés, de produits naturels et de recettes végétariennes.
Le piment, un des symboles forts de la cuisine coréenne contemporaine
Cette épice au caractère « bien trempé », a été utile à la fois pour remonter le moral des peuples, mais aussi pour masquer la mauvaise qualité des aliments chez certains restaurateurs malhonnêtes qui profitaient du chaos de l’époque. Toutefois, son goût piquant a rendu les Coréens accros ; ils ont adopté sa couleur rouge de feu comme symbole de la force « diaboliquement forte » qu’ils croient en avoir en eux.
Les Coréens mangent les piments frais avec de la sauce de piment !
World Cup, vague rouge ! En 2002, le pays a été confronté à un rupture inédite de pigment rouge, couleur symbole de force et signe de soutien à l’équipe de football arrivée en quatrième place lors de la coupe du monde (du jamais-vu dans l’histoire de la Corée !).
Le « goût de la main »
Pour les Coréens, le son-mat 손맛 se traduit littéralement par « le goût de la main ». C’est une expression chère aux Coréens qualifiant le goût d’un plat réussi. Une façon de confirmer qu’un bon plat doit porter l’empreinte de la personne qui l’a préparé, une signature presque. Cette approche esquisse l’importance de l’aspect humain lié à la cuisine.
Le riz est au centre des repas quotidiens en Corée. D’ailleurs, bap 밥 signifie à la fois le riz cuit et le repas lui-même. Autrefois, les repas étaient soumis à des règles formelles précisant le nombre et les sortes de mets. Un bol de riz, une soupe, trois petits plats et des sauces composaient un repas de base : le samcheop-bansang.
C’est le nombre de mets servis lors d’un repas. À l’époque de la dynastie Joseon (XIV-XIX e siècles), au cours de laquelle existait le système de caste, l’abondance de la table était représentative de la classe sociale. Un bol de riz, une soupe, trois petits plats et des sauces composaient un repas de base, le samcheop-bansang. À partir de cette formule, que l’on trouvait chez les familles ordinaires, le nombre de mets augmentait à sept chez les aristocrates et jusqu’à 9 ou 12, sibicheop-bansang, chez le roi. Le riz, la soupe, le ou les kimchi et les sauces sont systématiques, ils ne sont pas comptés. Les jours de fête, le nombre de plats pouvait augmenter même chez une famille de classe ordinaire.
Aujourd’hui, la composition se fait plus librement, même si ces règles restent toujours une référence pour le quotidien et les jours festifs.
Contrairement à l’ordonnancement « entrée-plat-dessert », le bansang est une table dressée proposant l’ensemble du repas. Un repas familial typique se compose toujours d’un bol de riz, d’une soupe, de banchan et de l’incontournable kimchi.
Le banchan est un assortiment de petits plats disposés autour du riz et de la soupe. On mange en alternance du riz, de la soupe et des banchan. La culture du dessert n’existe pas en Corée et on propose souvent des fruits à la fin des repas, même si aujourd’hui, les nouvelles générations consomment davantage de mets sucrés.
Dans les repas quotidiens, une large place est consacrée aux légumes et aux produits fermentés. Le kimchi, d’une ou plusieurs sortes, est omniprésent. Le doenjang-guk, soupe de pâte de soja fermenté, est un mets très régulièrement servi. Les sauces sont quasiment toutes issues de la fermentation. Côté produits d’origine animale, les poissons sont le plus souvent cuisinés entiers. Quant au bœuf, au porc ou aux volailles, coupés en morceaux, ils entrent dans la composition de soupes, ou sont mélangés avec des légumes.
1 Le petit déjeuner
Le petit déjeuner coréen est presque aussi complet que le déjeuner. Il se compose par exemple de riz au soja, d’une soupe aux algues et au bœuf, de kimchi de chou, d’une omelette roulée, de namul de courgettes, d’une poêlée de petits anchois et piments doux et de fruits. De nos jours, ce repas est souvent occidentalisé. Il est alors composé de pain et de café, thé, lait ou jus de fruits. Nombreux sont ceux qui préfèrent cette formule pour sa commodité.
2 Le déjeuner
Ragoût de doenjang, riz blanc, kimchi de radis, ail fermenté à la sauce soja, poisson grillé, namul d’épinards, confit de tofu, chips d’algues… Beaucoup de gens prennent leur déjeuner à l’extérieur, à la cantine de l’école ou du bureau. On trouve ainsi facilement des restaurants proposant un baekban, un menu « comme à la maison » (riz, soupe et banchan).
3 Le dîner
Riz aux céréales, soupe de pousses de soja, kimchi de chou, kimchi à l’eau, bulgogi, laitue et feuilles de pérille, déclinaisons de sauces (à base de pâte de soja fermenté), salade de ciboule, confit de racine de lotus, namul de champignons, composent un menu typique en Corée. Le dîner se déroule le plus souvent en famille, même si celleci est rarement complètement réunie en milieu citadin, car généralement les deux parents travaillent et les enfants suivent des cours particuliers jusqu’à tard dans la soirée.
Chapo
La forme traditionnelle du repas coréen, composé de riz, soupe et petits mets assortis, qui s’est longtemps maintenue, évolue maintenant en une forme plus libre du fait de la grande variété de produits disponibles et de l’abondance des aliments.
« Résoudre un repas » est une expression coréenne insinuant que cette tâche quotidienne n’est pas une chose facile. Aussi, de nouveaux services ont émergé pour faciliter cette mission : restauration rapide, traiteurs, aliments prêts à manger industriels et livraisons…
Au niveau des ingrédients, on a accès à de nouveaux produits étrangers qui participent également à l’évolution de repas coréens. Globalement, on voit que la proportion de plats carnés augmente et que les nouvelles générations désirent manger varié et découvrir de nouveaux goûts.
Cheese tteokbokki
L’arrivée du fromage en Corée est récente et a conquis rapidement la jeune génération par son goût doux et riche.
La fameuse street food américaine s’est adaptée avec le steak saveur bulgogi.
Tteokbokki
Il s’agit d’un plat unique. Beaucoup de gens l’apprécient car il est plus commode que le repas complet « riz-soupe-banchan » qui nécessite beaucoup de préparation et de vaisselle. Il permet aussi de sortir de la routine des plats traditionnels. Pour l’ancienne génération, un ilpum-yori peut évoquer un plat issu de la cuisine du monde ou un plat festif.
Pour les Coréens, ce plat est à la fois très banal et toujours délicieux. On peut y ajouter en option de la viande de porc, du bacon ou, la dernière tendance, du fromage fondu. Toutes les sortes de kimchi peuvent être utilisées. Accompagné d’une soupe de pousses de soja, c’est l’un des déjeuners préférés des Coréens.
Les ilpum-yori les plus populaires sont à base de riz ou de nouilles, tels le kimchi bokkeumbap (riz sauté au kimchi), la soupe de nouilles, le gyerandeopbap (riz à l’omelette), le karerais (riz au curry à la japonaise), le bibimbap, les jjajangmyons (nouilles sauce haricots noirs à la chinoise), les pâtes sauce tomate, etc.
Choco Pie®
En Corée, on grignote ! Cela est dû au fait que les repas coréens sont plus légers et que les Coréens travaillent énormément et ont besoin de pauses réconfortantes régulières. Si, auparavant, on mangeait des produits naturels tels que les gâteaux de riz, de la patate douce, du maïs ou des fruits, de nos jours, on consomme davantage de gâteaux et de produits occidentaux. Outre la nécessité de l’apport calorique, les Coréens aiment manger et prolongent le plaisir en mangeant par de petites quantités.
Aujourd’hui, les gens ont de moins en moins de temps pour cuisiner. Et souvent, les deux membres d’un couple travaillent tous les deux. Ils font donc fréquemment appel à la restauration rapide et aux services de livraison, qui sont bien optimisés en Corée (voir p. 90).
Prospectus de service de livraison de plats
C’est avec la forte augmentation des repas pris en dehors de la maison qu’est né le néologisme jipbap. De nombreux restaurants les proposent et plusieurs émissions de télévision se consacrent à ce thème en montrant l’exécution des recettes basiques – on peut même apprendre « à cuire un œuf ». Ce terme attribue une valeur précieuse aux plats faits maison, mais aussi une valeur affective, car jipbap est un repas familial qui manque à ceux qui vivent seuls, loin de leur maison en raison de leurs études ou de leur travail.
« Vivre en harmonie avec la nature » est une idée chère aux Coréens depuis l’Antiquité. Pour ce faire, dans la vie réelle, ils appliquent la théorie de oheng, les cinq éléments de la nature, se traduisant également par la variation des couleurs, les obangsek : noir (eau), bleu (bois), blanc (métal), jaune (terre), rouge (feu).
En Corée, on veut des plats goûteux, bons pour la santé mais aussi beaux ! Les Coréens pratiquent la théorie des cinq couleurs pour réaliser ces vœux.
Dans le domaine culinaire, on pense qu’un plat est parfait sur les plans diététique, gustatif et visuel à la condition qu’il réunisse ces cinq couleurs fondamentales. Le vert remplace le bleu dans la nourriture. Nombreux vêtements, maisons et objets sont également décorés selon ce principe.
Les gomyeong sont des éléments de finition et de décoration, ils apportent les obangsek dans les plats : par exemple, le blanc d’œuf, le jaune d’œuf, le noir du champignon noir, le rouge du piment ou du jujube séché, le vert du céleri. L’obangsek est aussi une façon d’embellir le repas, une sorte de « cerise sur le gâteau ».
Une découpe minutieuse est nécessaire pour confectionner ces éléments décoratifs. Les découpes en allumettes filamenteuses, en rondelles, en losanges ou hachées sont les plus fréquentes.
Les gomyeong les plus faciles à réaliser et les plus populaires sont les graines de sésame blanc saupoudrées pour le blanc, la ciboule finement émincée pour le vert, le piment, soit en flocons, soit émincé pour le rouge, les algues kim (nori) grillées, découpées ou émiettées pour le noir et le dalgyal-jidan, œuf en omelette coupé en lanières pour le jaune ou le blanc, s’ils sont séparés.
fruit du ginkgo, minari (céleri d’eau), peau de courgette et de concombre, ciboule.
Le bibimbap est un exemple par excellence d’ obangsek.
jaune d’œuf, courge, pollen de pin, fruit du gardenia.
blanc d’œuf, pignons, marron cru, poire, sésame blanc.
champignon, algues, pousses de fougères séchées, sésame noir, viande.
piment, jujube séché, crêtede-coq (fleur), carotte, crevette.
Faites cuire le jaune et le blanc d’œuf séparément et très finement dans une poêle huilée, à feu doux, sans les faire brunir. Découpez-les en lanières de 3 à 5 mm de largeur ou en losanges de 2 cm.
Les garnitures peuvent varier et apportent de nombreuses couleurs. Avec beaucoup de légumes et peu de viande, le bibimbap est en effet un plat parfaitement équilibré.
On retrouve ces couleurs dans les pâtisseries grâce aux pigments végétaux très variés.
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Un voyage unique et passionnant dans l’immense richesse de la Corée contemporaine.
Spécialiste de la cuisine coréenne, Luna Kyung a rassemblé dans cet ouvrage toute la culture gastronomique et les meilleures recettes de son pays d’origine.