UN ROMAN-JEU
À LIRE SEUL OU À DEUX

LE SAPHIR DE L’OPÉRA



les deux histoires en parallèle, chapitre après chapitre!
De ce côté du livre, tu vas suivre l’enquête de MILO.
Alterne entre chaque personnage tout au long de l’histoire.
Pour cela, rends visite à ARIELLE à la fin de chaque chapitre pour lire son côté de l’histoire.
exemple
« J’ai lu le chapitre 1 de MILO, maintenant je vais lire le chapitre 1 d’ARIELLE.
Je vais noter les indices que j’ai trouvé dans chaque partie, ils vont m’aider pour la suite.
Maintenant que j’ai lu les deux chapitres 1, je vais passer aux chapitres 2. »
De ce côté du livre, tu vas suivre l’enquête de MILO.
À la fin de chaque chapitre, fais le point avec ton co-lecteur qui lit la partie d'ARIELLE pour échanger les indices que vous aurez trouvés.
exemple
« - J’ai terminé le chapitre 1, tu en es où, toi ?
- Je l’ai fini aussi, MILO a trouvé l’indice “42”, et toi ?
- ARIELLE a trouvé “Lune” !
- Ok, notons-le quelque part avant de lire le chapitre 2. »
En casde nécessité, tous les indices et solutions de chaquejeu se trouvent à lʼintérieur de la couverture.
L’air frais embaume le gazon et le tilleul. Milo en respire une grande bouffée. Élégamment, il lève les bras, prend une nouvelle inspiration, plus profonde encore, et s’élance. Un pas, puis un bond leste où il tend les jambes au maximum pour produire un grand écart qu’il espère parfait, avant de retomber au sol avec autant de légèreté que possible.
– Pas mal, approuve un camarade, allongé sur la pelouse.
Après l’avoir salué d’une profonde révérence, Milo approche son bras hâlé pour saisir son smartphone que lui passe le garçon roux. Analysant la vidéo tout juste enregistrée, il cligne plusieurs fois de ses longs cils :
– Nullissime tu veux dire ! On ne peut pas appeler ça un grand écart, et encore moins une réception réussie !
– T’as pas envie de te poser un peu ? propose son ami en baillant. Les cours sont finis tu sais.
Alors que Milo se laisse tomber dans l’herbe, le copain ajoute :
– Le « grand jeté » n’est même pas au programme de la cinquième.
– Je sais, je sais, mais… Ça ne coûte rien de prendre de l’avance !
Enfilant son sweat, Milo s’allonge pour contempler le ciel clair où les nuages défilent.
– C’est à toi ça ?
Milo reconnaît l’enveloppe cachetée tombée de sa poche.
– Ah, euh, oui, je l’avais oubliée celle-là .
Il se met gracieusement en tailleur et observe l’en-tête :
– C’est un autre établissement auquel j’ai candidaté pour cette année.
Incrédule, l’autre le dévisage :
– Sérieux ? Tu n’étais pas sûr de vouloir pratiquer la danse à l’école de l’Opéra de Paris ?
Milo lui adresse un sourire enjĂ´leur :
– J’hésitais : celle-là , c’est une école d’agents secrets !
– Mais ouais, c’est ça…
Laisse-moi deviner, c’est le Président de la République qui te l’envoie ?
D’un air suggestif, Milo hausse les sourcils plusieurs fois puis s’éloigne dans le parc pour trouver un banc au calme où il aura tout
loisir de découvrir la lettre du pensionnat Schabert. Que peuvent-ils
bien lui vouloir ? N’ont-ils pas compris qu’il refusait de s’y inscrire ?
Milo Jensen, Ce n’est pas parce que vous avez refusé de rejoindre le Pensionnat Schabert que vous vous trouvez libéré de toute obligation envers notre établissement.
Considérez-vous, dès réception de cette lettre, comme membre à vie de la Réserve. Dans les plus brefs délais, une étudiante de première année va vous contacter pour vous donner des informations sur une enquête à laquelle vous devrez prendre part. Rendez-vous sur-le-champ à l’Opéra de Paris pour y récupérer un paquet situé au niveau de la façade principale au pied de la colonne qui surplombe la couronne aux deux étoiles. Cela vous permettra de décoder le sujet se trouvant sur le second feuillet de ce pli. Antoine Verguin Professeur d’investigation Chapitre 1
1 –
Bah mince alors ! pouffe Milo en sentant son corps s’emplir de papillons. Ça veut dire que je vais pouvoir être ET danseur de ballet ET agent spécial ?
Ravi, il file à l’intendance demander une autorisation de sortie pour se rendre à l’Opéra. L’école de danse a beau être liée à la célèbre institution – le Palais Garnier formait les petits rats jusqu’en 1987 – l’établissement a depuis été déplacé en banlieue parisienne.
Heureusement, les élèves sont encouragés à s’y rendre autant que possible, aussi bien pour assister à des représentations que pour s’imprégner de l’ambiance qui y règne. Et c’est justement ce que fait valoir Milo à Michèle, la secrétaire, qui fond face à la bouille angélique du garçon et accepte de lui fournir une autorisation de sortie de l’Académie.
Aussi à l’aise qu’un poisson dans l’eau, Milo se retrouve dans les rues de Nanterre qu’il parcourt avec grâce, mélangeant à ses pas des pirouettes et autres entrechats sous les yeux étonnés des passants, jusqu’à gagner le RER A. Direction la station Auber !
Gravissant les marches bondées de badauds, Milo émerge de la bouche de RER sur une petite place entourée de voitures. Face à lui s’étire l’avenue de l’Opéra qui court jusqu’au Louvre. Et dans son dos, il le sait, se dresse le Palais Garnier. Il fait durer l’instant en
se remémorant la toute première fois qu’il y est allé. Il devait avoir six ou sept ans. Il se souvient avoir été impressionné par la foule de spectateurs richement vêtus qui emplissait les fastueux couloirs du théâtre. Mais ce n’est pas ce qui l’a le plus marqué. Non, le moment qu’il ne pourra jamais oublier – et qui a été décisif dans sa courte vie –c’est celui du lever du lourd rideau de velours rouge dévoilant un artiste qui s’est mis en mouvement, bientôt rejoint par tout un ballet qui paraissait flotter sur la musique symphonique de l’orchestre.
Milo se retourne enfin et embrasse du regard l’imposant monument. Sa coupole verte, ses anges dorés postés de part et d’autre, ses multiples statues, ses innombrables colonnes…
Traversant prudemment la route, il rejoint les quelques marches au pied de l’édifice et cherche à identifier l’endroit où est caché ce qu’il doit récupérer.
À partir de l’indice donné dans la lettre, situe où est dissimulé le paquet que Milo doit trouver.
Chapitre 1
Le danseur en herbe passe la main entre les pieds d’une statue sur un piédestal, se dressant sous la couronne aux deux étoiles. Il en extrait un petit colis dépourvu d’inscription. Enchanté, il s’assied sur une marche et l’ouvre précautionneusement. À l’intérieur, il trouve un portable qui n’a rien à voir avec le sien. Petit, lourd, le combiné à clapet dissimule un minuscule papier sur lequel est écrit un code à 4 chiffres. Certainement le code PIN. Après l’avoir allumé, le Réserviste déverrouille l’appareil et contemple son minuscule écran. Il constate qu’il a déjà un message non lu.
Dessine chaque arête centrale des branches de l’étoile pour trouver le symbole qui te faudra communiquer à Arielle Mazarine.
Milo pivote sur lui-même, les bras en arabesque. « Ta-da ! pense-t-il. Ce premier défi n’était pas bien compliqué ! »
Il n’a aucun doute sur le fait d’avoir choisi sa vocation - la danse. Mais il est évident qu’il aurait adoré être agent spécial. En plus, le Pensionnat Schabert est établi dans un magnifique château du xvie siècle, au beau milieu des Pays de la Loire, ce qui n’a rien pour lui déplaire.
« Qui est cette Arielle, ma référente pour cette mission ? » s’interroge le garçon en regardant le téléphone. Est-ce une redoutable détective regorgeant d’idées, experte en déductions, avec qui il va pouvoir résoudre l’enquête haut la main ? Comme dans tout ce qu’il entreprend, Milo sait qu’il est capable d’exceller. Comme l’établissement est élitiste, cette qualité est sûrement partagée par tous les pensionnaires.
À peine Milo a-t-il le temps de se poser cette question que l’objet se met à vibrer.
Si tu lis ce livre à deux, c’est le moment de faire le point avec ton co-lecteur ! Montre-lui l’indice que tu as dessiné au jeu précédent : « l’étoile ».
Si tu lis ce livre seul, retourne-le, et lis le chapitre 1 d’Arielle. Si tu l’as déjà lu, alors tu as tous les indices pour résoudre le jeu suivant.
Raccrochant, Milo s’étire longuement en contemplant les lueurs du soleil couchant caresser les bas-reliefs de l’Opéra. L’échange avec la première année de Schabert, Arielle Mazarine, lui a laissé une drôle d’impression. Contrairement à ce qu’il attendait, la pensionnaire lui a paru molle et hésitante. Comme si elle n’était pas sûre de ce qu’elle devait communiquer à Milo.
En tous cas, ils ont échangé leurs indices, ce qui leur a permis de comprendre comment décrypter le code du sujet. En associant la forme de l’étoile à l’indice que lui a donné l’apprentie-détective, ils ont déduit que chaque symbole est en fait constitué d’une lettre démultipliée selon l’axe de symétrie donné par la forme de l’étoile.
Dévalant les niveaux souterrains de la station Auber, Milo file vers le RER en espérant trouver une bonne place pour se lancer dans la lecture de l’ordre de mission.
En t’aidant des deux indices, décrypte le sujet donné aux élèves p.5.
–
Ma chère Michèle, comment ça va ?
Levant les yeux de son écran, la secrétaire hausse un sourcil suspicieux :
– Qu’as-tu encore à me demander aujourd’hui ?
– Moi ? fait le garçon en prenant une expression d’étonnement comique. Puis, comme il l’a si bien pratiqué en classe de mime, il métamorphose son visage pour prendre un air radieux :
– Je t’ai apporté une petite douceur…
– Ma préférée, remarque Michèle à qui on ne la fait pas.
Pour autant, elle s’empare de la sucrerie qu’elle fait disparaître dans un tiroir.
– Que puis-je pour toi ?
– Comme tu es trop forte, je suis sûre que tu l’as déjà deviné : j’ai besoin d’une autorisation de sortie car je veux retourner à l’Opéra aujourd’hui.
Michèle désigne ostensiblement la pendule suspendue audessus d’une étagère débordante de dossiers. Elle indique 18h05.
– Ce n’est pas ma faute si c’est l’heure à laquelle les cours se terminent… minaude Milo en prenant un air boudeur.
Puis à nouveau, il transforme son expression en un sourire éclatant :
– Allez… Promis, je serai de retour pour dîner !
– Tu sais bien que l’Opéra ferme ses portes aux visiteurs à 17 heures…
Se dessine sur la bouche de Milo un « O » qui n’a rien de feint cette fois. Perdant d’un coup toute sa superbe, il se laisse tomber sur le siège faisant face à Michèle.
– Comment est-ce que je vais faire ? murmure-t-il pour luimême.
Arielle l’a appelé à la pause-déjeuner pour lui demander d’effectuer une mission le jour même : elle et son équipe – baptisée « les Faucons » – ont rencontré Catherine Buffet. L’ancienne dan-
seuse demande leur aide pour pénétrer dans sa chambre forte dont elle a perdu les codes d’accès. Pour cela, ils ont besoin d’indices cachés à l’Opéra. En effet, l’immense coffre compte plusieurs salles imbriquées les unes dans les autres, toutes régies par des systèmes de sécurité complexes.
Mortifié, il réalise en plus que – en excluant les week-ends –ses horaires de cours à l’académie sont toujours les mêmes : scolarité classique le matin, artistique l’après-midi. Comment fera-t-il les jours suivants pour investiguer dans l’Opéra ?
Le désarroi sincère du garçon fait fondre le petit cœur de l’intendante. Elle décide de le sortir de ce mauvais pas et fouille son bureau avec impuissance.
– Si seulement je pouvais me souvenir du nom de l’ouvreuse que je connais là -bas … Peut-être qu’elle pourrait t’aider ?
D’une pile de classeurs en équilibre précaire, elle tire un petit répertoire qu’elle commence à feuilleter.
– Il me semble que son nom de famille commençait par un F, mais en dehors de ça…
Elle pose le carnet devant elle et ajoute pensivement :
– Tout ce dont je me souviens c’est que je l’avais rencontrée à la représentation du ballet « La Belle au Bois Dormant ».