Femmes 209

Page 111

WE ARE FAMILY

Pour ou contre l’allaitement : les mères témoignent Selon le rapport ALBA (l’enquête nationale portant sur l’alimentation des bébés au Grand-Duché), plus de 90 % des femmes sont initiées à l’allaitement dès la salle de naissance. Bien que la plupart d’entre elles soient volontaires et convaincues des bienfaits du lait maternel pour elles et pour leur enfant, allaiter au quotidien est une tout autre histoire. Devenir maman, reprendre son activité, gérer la fratrie, elles témoignent de leurs difficultés et de leurs réussites.

AURÉLIE HANTZBERG

Sage-femme et conseillère en lactation : les bonnes fées de l’allaitement Les questions sur l'allaitement arrivent très souvent avant la naissance, les mamans ont généralement quelques connaissances sur le sujet avant l’arrivée de leur bébé.

Pour en discuter et se préparer au mieux, les mères doivent s’adresser aux bonnes personnes. « Il ne faut pas hésiter à consulter au moindre souci. Ce qui est souvent perçu comme un manque de lait peut résulter uniquement d’un manque de stimulation du sein. Plus on met bébé au sein, plus il produit du lait. Pour allaiter il faut avant tout s’informer. » Barbara Tasch, conseillère en lactation depuis 5 ans, est infirmière en pédiatrie au Centre Hospitalier de Luxembourg. Son credo ? Utiliser les ressources et déculpabiliser les mamans. « Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide, on ne naît pas maman, on le devient ! Les mères ne doivent pas mettre en péril leur allaitement pour s’occuper des invités ou d’autres choses annexes, elles doivent utiliser les ressources que leur entourage leur offre : se faire cuisiner des petits plats par maman, ou s’arranger avec les proches pour faire garder les autres enfants de la fratrie… accepter les visites et conserver un lien social bien sûr ! Mais pourquoi ne pas mettre les convives à contribution ? » L’isolement et la pudeur sont souvent évoqués par les femmes réfractaires à l’allaitement.

« Je n’ai jamais eu envie de m’isoler toutes les deux heures pour donner le sein à mon bébé et je suis trop pudique pour le faire devant les autres. Après avoir passé les 3 derniers mois de ma grossesse alitée, je ne souhaitais qu’une chose : retrouver une vie sociale ! », explique Mélissa, une jeune maman de 25 ans. Bien que les difficultés rencontrées soient souvent d’ordre physique, le frein peut aussi se révéler psychologique. « Je n’ai jamais aimé mon corps », avoue Mélissa. « L’idée d’ouvrir mon chemisier plusieurs fois par jour me dérange, j’espérais que la grossesse me réconcilie avec mon corps mais ça n’a pas été le cas. Je ne suis pas vraiment tactile mais ce n’est pas pour ça que la relation avec mon bébé n’est pas forte, on joue, on chante, on rigole, on est heureux ensemble. Mon choix n’a pas été très bien perçu par mon entourage, il se trouve qu’en plus, mon bébé étant né en hiver, il a été pas mal malade. J’ai beaucoup culpabilisé. On me rabattait les oreilles chaque jour avec les anticorps, ma culpabilité était immense. Pendant ma deuxième grossesse je me suis mis un stress énorme. Mon entourage pensait me soutenir avec des phrases du type, « Tu vas voir cette fois ça va marcher ! » en faisant référence à

| N°209

« Dès le début, ma grossesse, j’ai voulu allaiter, je ne me suis pas posé la question, pour moi c’était tellement évident » annonce Stella, maman de Hannah, 18 mois. « L’allaitement était pour moi une façon de prolonger la grossesse que j’ai adorée. En allaitant, j’ai gardé ma fille encore un peu pour moi », avoue-t-elle. Si pour certaines l’allaitement est une évidence, il est pour d’autres une source réelle de stress. « J’avais l’impression de ne pas avoir suffisamment de lait, mon fils pleurait jour et nuit car il avait faim, il réveillait sa grande sœur qui partait à l’école épuisée. Son papa et moi étions à bout de nerfs. Le lait en poudre m’a permis de retrouver le sommeil et la forme pour enfin profiter de mon bébé et sortir de chez moi! J’étais un vrai zombie j’ai vraiment eu peur de faire une dépression », se rappelle avec émotion Séverine, maman de Théo, 6 mois.

femmesmagazine.lu | 111


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.