Les Cahiers d'Europan 17 - Villes Vivantes 2 (FR/ENG)

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Europan

C 1 7 A V i l l e s v i v a n t e s 2 Ré-imaginer des architectures en prenant soin des milieux habités

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EuropanC1 7 A V i l l e s v i v a n t e s 2

Ré-imaginer des architectures en prenant soin des milieux habités

EuropanC1 7 A V i l l e s v i v a n t e s 2

Avant-propos Hélène Peskine10 Ouverture Louis Vitalis 12 A Spatialiser le vivant ? 15 Perspectives anthropologique et interdisciplinaire sur la ville vivante Perig Pitrou 17 Ruralité et petites villes vivantesFlorine Lacroix23 Urban Metabolism research can leverage resource-sensitive planning and design of open spaces and green infrastructure Daniela Perrotti, Sareh Moosavi et Daniel Otero Peña 27 Villes vivantes bis : les raisons d’un thème Alain Maugard37 B L’architecture comme vitalité ? 43 L’altérité par les villes vivantes ?Fabien Gantois45 Et si Je ne suis qu’un animal parmi les autres ? Anne-Lise Dauphiné-Morer 49 Le langage de l’architecture à l’épreuve de l’Anthropocène Léa Mosconi53 L’école-village ou comment un programme spécifique peut dépasser ses propres usages pour revitaliser un tissu de centre-bourg ? Édouard Cailliau, Thomas Lecourt Studio Rijsel 59 AnnexeLe thème européen Villes vivantes 2 : Ré-imaginer des architectures en prenant soin des milieux habités Comité scientifique d’Europan Europe 65 Livret d’images / Picture booklet 69
Foreword Hélène Peskine102 Introduction Louis Vitalis 104 A Spatializing the living world? 106 Anthropological and interdisciplinary perspectives on the Living City Perig Pitrou109 Rurality, frugality and small living communities Florine Lacroix115 Urban Metabolism research can leverage resource-sensitive planning and design of open spaces and green infrastructure Daniela Perrotti, Sareh Moosavi et Daniel Otero Peña 121 Living Cities 2: Reasons for a theme Alain Maugard129 B Architecture as vitality? 135 Otherness through living cities?Fabien Gantois137 What if I’m just one animal among many? Anne-Lise Dauphiné-Morer 141 The language of architecture in the Anthropocene era Léa Mosconi145 The village-school: how a specific programme can radiate to revitalise a village centre Édouard Cailliau, Thomas Lecourt Studio Rijsel 151 AnnexThe European Theme Living Cities 2: Reimagining Architectures By Caring For Inhabited Milieus Europan Europe scientific Comittee 157 Lectures 160 Biographies 162 Colophon 167

Avant-propos

Hélène
Peskine

Cet ouvrage a vocation à proposer des perspectives et à développer un point de vue interdisciplinaire sur la session Europan Villes vivantes 2, afin d’inspirer les équipes qui viendront à concourir. La diversité des profils des auteurs et de leur champ d’expertise ou de recherche est en elle-même une indication des nombreux fils tissés dans l’articulation entre la ville et le vivant. Je les remercie chaleureusement d’avoir accepté de prendre la plume pour orienter les candidats et exprimer de manière savante ce que cette nouvelle session d’Europan peut nous apporter en matière d’aide à la conception et à la réalisation de projets innovants. Nous ne partons pas tout à fait de rien, du point de vue des réponses formelles, puisque cette session sera la seconde à investir ce thème. Lors de la session 16, j’ai été frappée par la force du concept de villes vivantes, et de la grande appétence des jeunes concepteurs pour en tirer de nouvelles matières à penser et de nouvelles façons de dessiner la ville et les territoires. De la géographie à l’écologie naturaliste, en passant par la mémoire industrielle et la toponymie, les réponses ont résolument voulu montrer comme le « déjà-là » est structurant dans une vision durable et soutenable du développement urbain. C’est une leçon pour ceux, plus installés, qui hésitent à emprunter le chemin de la transition écologique, et singulièrement celui de la sobriété foncière, fortement porté par le ministère de la Transition écologique. C’est aussi une illustration éloquente de ce qui anime la jeunesse en matière de conception architecturale et urbaine, à l’articulation entre la création et la transformation d’un patrimoine bâti, si précieux du point de vue culturel mais aussi environnemental.

On a ressenti dans nombre de projets le respect renouvelé et puissant, documenté, des écosystèmes naturels, du relief, des savoirfaire. On a mesuré la prise de conscience, au sein des générations qui émergent dans le milieu professionnel, des travers d’un développement prédateur, consommateur de ressources, court-termiste, financiarisé. On a observé avec intérêt ces tentatives de choisir un autre chemin pour répondre aux besoins exprimés par les maîtres d’ouvrage et les collectivités. On a relevé, enfin, une inscription affirmée dans le temps long de la géologie, de la transformation des territoires et des sols, en même temps que la mise en exergue de l’urgence écologique. Ce qui nous a peut-être manqué, dans cette première session de Villes vivantes – marquée, rappelons-le, par la sidération qu’a générée la pandémie de Covid-19 et ses effets – ce qui nous a manqué donc, ce sont… des projets d’architecture ! Je m’explique en tentant de traduire le sentiment qui m’a traversée au long de cette session et au-delà, qui me saisit souvent face à cette nouvelle génération de concepteurs. L’accélération du changement climatique ainsi que de l’érosion de la biodiversité incitent à la timidité quant à la posture à adopter pour réaliser des projets. L’incertitude est forte sur les solutions à adopter, pour éviter les désordres causés par les générations antérieures, ou ne pas en créer de nouveaux. Il est tentant d’en faire le moins possible, de concentrer l’ambition sur le toilettage de l’existant et la reconquête des espaces et espèces naturels. La sobriété et la subtilité de certaines propositions ont ainsi été saluées. Mais il reste des besoins à satisfaire : loger, nourrir, accueillir, produire, enseigner, relier. Le monde de demain devra savoir résoudre cette difficile équation du mieux avec moins. Cela implique de se confronter au projet, construit, inscrit, de ne pas renoncer. Dans cette session, je forme le vœu que les équipes sauront trouver ce chemin de conciliation. C’est l’ambition même du concours et c’est aussi essentiel pour donner à voir les imaginaires positifs et inclusifs de la ville de demain, à tous ceux qui sont à même de les réaliser.

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Louis Vitalis
Ouverture

Début 2022 le thème de la 17e session d’Europan est décidé à l’échelle européenne : ce sera Villes vivantes 2. Un bis devenu coutumier depuis les Villes adaptables 1 et 2 d’Europan 13-14. Avec le thème c’est tout le cycle du concours qui s’enclenche : la recherche de sites dans les pays participants, l’élaboration des dossiers de sites, l’ouverture des inscriptions aux candidats, puis viendront les rendus, les jurys, les forums, les résultats... et les suites opérationnelles.

Le thème est un point d’ancrage théorique de l’ensemble de ce processus ; une question orientée mais ouverte. Elle appelle une réflexion particulière, située et prospective, incarnée par les projets d’architecture, d’urbanisme et de paysage. Il est dans les habitudes d’Europan France de nourrir cette thématique tout au long du cycle et notamment par des contributions de différentes personnalités ; cette fois avec le dispositif éditorial des Cahiers d’Europan. Un cahier C17A, donc, pour ouvrir la session. Un cahier C17B viendra analyser a posteriori les réponses proposées par les équipes.

Pour mener à bien cette ambitieuse tâche qui m’a été confiée en octobre 2022, j’ai proposé de découper la question en deux parties : d’interroger d’abord comment le vivant et sa singularité pouvait rencontrer la spatialité propre à l’architecture et à la ville, puis, d’interroger la vitalité propre aux activités de conception face à la bio-éco-diversité. Des contributeurs de différents horizons disciplinaires ont été sollicités : de l’anthropologie avec Perig Pitrou, de l’éthologie avec Anne-Lise Dauphiné-Morer, de l’urbanisme avec Daniela Perrotti et ses collègues, du paysage avec Florine Lacroix et de l’architecture, bien entendu, avec Fabien Gantois, Léa Mosconi et le studio Rijsel, sans oublier l’ingénieur et président d’Europan France, Alain Maugard. C’est en toute indépendance vis-à-vis de l’organisation d’Europan que les auteurs livrent leur point de vue. Leur prise de position n’est d’ailleurs pas toujours convergente – nous n’avons pas cherché à les lisser. Les oppositions comme les complémentarités que l’on pourra déceler entre ces écrits nous semblent faire la richesse d’une réflexion ouverte.

Alors que les candidats ont maintenant à concevoir des projets investissant une réalité territoriale concrète, exigeante et complexe apportée par des élu.e.s, cet ouvrage vise à compléter le thème européen en esquissant différentes pistes de recherche. Puissent ces quelques éléments de réflexion nourrir le travail des équipes d’architectes, de paysagistes et d’urbanistes sur qui repose la contribution majeure d’Europan.

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A Spatialiser le vivant ?

Perspectives anthropologique et interdisciplinaire sur la ville vivante

Perig Pitrou

Depuis des millénaires, les sociétés humaines ont développé des savoirs, des savoir-faire et des symboles qui ont permis de modifier les milieux naturels en construisant une grande diversité de mondes culturels. Les techniques d’interventions sur le vivant – agriculture, élevage, horticulture, apiculture, etc. – de même que les constructions –habitations, chemins, routes, moyens de transport et de stockage –participent à cette manière d’habiter le monde. En même temps que la biodiversité, la diversité des techniques et des organisations sociales élaborées pour assurer la coexistence entre les vivants, humains et non humains, constitue un trésor d’expériences où puiser des idées pour repenser notre relation à l’environnement. L’époque contemporaine démontre en effet que le pouvoir de transformation de la nature généré par l’inventivité humaine s’avère d’autant mieux orienté qu’il s’accompagne d’une réflexion sur les manières de cohabiter de façon harmonieuse avec une multiplicité d’organismes et d’écosystèmes. Dans ce cadre, l’anthropologie de la vie fournit des instruments pour explorer les différentes échelles d’imbrication entre processus techniques et processus vitaux1, tout en imaginant la ville de demain. Ce domaine en pleine effervescence est délimité par des travaux portant sur la diversité des conceptions de la vie élaborées par les sociétés humaines, en fonction des contextes sociotechniques organisant leurs interactions avec les vivants. Partout sur la planète, les humains observent, aussi bien dans leur corps que dans la nature, des processus vitaux tels que la procréation, la naissance, la croissance, la régénérescence, le vieillissement, tous dépendant d’un pouvoir qu’ils ont conscience de ne pas contrôler totalement. Cela se manifeste dans l’effort, inhérent à toutes les sociétés, pour découvrir les causes de ces phénomènes, en forgeant notamment des « théories de la vie », dans le but de développer des techniques et des institutions visant à assurer les meilleures conditions d’existence collective dans un milieu donné2 Les questionnements contemporains sur l’urbanisme et l’architecture autour de la thématique de la « ville vivante » gagnent à être abordés dans cette perspective anthropologique. Celle-ci permet un dialogue interdisciplinaire dans lequel s’affirme la valeur des enquêtes empiriques pour décrire différents niveaux d’interaction entre formes d’organisations sociales et dynamiques propres aux systèmes biologiques de même qu’écologiques. Comment la connaissance du vivant, et de la vie, influence-t-elle la conception des villes et des manières de l’habiter ? Comment les innovations techniques permettentelle de coordonner les projets humains avec l’agentivité propre aux systèmes vivants, notamment pour prendre en compte la dimension aléatoire des processus évolutifs ? Comment les institutions humaines, qui stabilisent des règles et des valeurs (économiques, morales, légales, religieuses, esthétiques) dans des organisations sociopolitiques, assurent-elles la coexistence entre les vivants, humains et non humains, ainsi qu’entre les diverses formes de vie expérimentées par les humains selon leur âge, leur genre, leur culture ? Répondre à ces interrogations suppose la mise en place de méthodes capables d’appréhender, dans un cadre élargi, les dynamiques biologiques et sociales, afin d’éclairer les manières de construire et d’habiter un environnement urbain.

Une telle approche rompt avec les discours vantant – et vendant –la prétendue capacité du biomimétisme à apporter des solutions à la crise écologique. Les discours stéréotypés enjoignant aux humains d’imiter ou de s’inspirer de la nature font florès. Ils reposent généralement sur une vision réductrice du vivant, abordé au niveau des apparences superficielles et non comme un phénomène complexe dont

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les mécanismes échappent à une perception humaine immédiate. Alors qu’une part des désastres environnementaux résulte de la tendance des sociétés industrielles occidentales à imaginer les humains comme « maîtres et possesseurs » de la nature, pour reprendre la formule cartésienne, le credo biomimétique érige la nature en ingénieur ou en professeur à suivre pour éviter les erreurs. Un tel renversement des relations avec la nature ne fait guère sortir du dualisme initial : il véhicule même une conception proche de l’imaginaire créationniste, laissant croire que la vie dépendrait d’un dessein visant à trouver des solutions techniques aux relations entre les organismes et leurs milieux3. Plutôt qu’une description du réel, c’est en vérité une interprétation relevant du regard techniciste jeté par les humains sur la nature. Au lieu de l’injonction à observer la nature pour l’imiter, l’anthropologie cherche à comprendre ce que font concrètement les humains lorsqu’ils s’engagent dans des projets plaçant les organismes et les écosystèmes comme des modèles. Loin d’être des opérations techniques univoques, l’imitation ou l’inspiration apparaissent comme des processus dont la complexité est restituée grâce à des méthodes empruntées à l’anthropologie des techniques4. Dans le sillage de Pardelà nature et culture5, la perspective comparatiste, adoptée avec Lauren Kamili et Fabien Provost dans le numéro de Techniques & Culture consacré aux Biomimétismes, souligne de surcroît les variations culturelles dans les manières d’imiter la nature6 . Sans prétendre avoir trouvé des solutions défintives, une réflexion sur la vie – entendue comme un phénomène évolutif faisant apparaître de manière aléatoire une grande variété d’êtres vivants –invite à adopter une démarche plus exploratoire, prenant le temps de l’élaboration interdisciplinaire. C’est dans cet esprit que nous avons fondé le collectif « La vie à l’œuvre », avec des représentants des sciences de la nature, des sciences humaines et sociales et du monde de l’art, afin de réfléchir aux problèmes soulevés par les biotechnologies contemporaines et la définition de la vie7. Dans une contribution à la revue Stream sur les Nouvelles intelligences, publiée par l’agence PCA-Stream, nous explicitons cette démarche en établissant des analogies entre la manière dont la vie produit différents niveaux d’organisation et la façon dont nous avons progressivement élaboré une intelligence collective, comme si une coalescence faisait progressivement émerger, en nous et avec nous, un être vivant composé d’une multiplicité d’expériences8 . La force de notre collectif consiste paradoxalement dans la reconnaissance du fait que nos différents points de vue ne peuvent être que partiels. Sans être un modèle, cette forme de collaboration semble être une pertinence pour aborder les problèmes soulevés par les relations entre le vivant et la ville.

Cette démarche est mise en pratique dans un exercice de prospective, initié par le cabinet d’architecture TVK, l’AREP et BNP Paribas Real Estate, autour d’un projet de réhabilitation de l’ancien site de la gare de La Rapée, situé au cœur de la ZAC Charenton-Bercy (Paris 12e). Engagés dans une réflexion sur la manière de transformer ce lieu historique en une « cité du vivant », ces opérateurs ont sollicité notre collectif pour éclairer les articulations entre un milieu où coexistent plusieurs espèces vivantes et la construction d’infrastructures et de bâtiments d’habitation. Notre texte, intégré à un document de travail et intitulé « Dans l’Atelier de la vie », ne fixe pas d’emblée des décisions concernant la réhabilitation de la gare de La Rapée. Notre analyse préfère s’appuyer sur une méthodologie interdisciplinaire pour esquisser des pistes et initier un dialogue entre une pluralité d’acteurs (habitants, scientifiques, partenaires publics et privés, associations, artistes) sur

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la qualité de la vie à Paris. Plutôt qu’une projection utopiste, nous suggérons de tirer profit des réalités biologiques, écologiques et sociales à l’œuvre dans un ensemble où s’imbriquent infrastructures humaines et réseaux vivants en perpétuelle évolution. Notre effort scientifique consister à indiquer comment des principes d’actions peuvent s’appuyer sur l’objectivation quantitative des contraintes – matérielles, énergétiques, écologiques, etc. – avec lesquelles composer. Elle prend aussi en compte les dimensions sociales, technologiques et anthropologiques en jeu dans la cohabitation des humains avec des animaux, des végétaux, des champignons, et des micro-organismes – sans jamais oublier que les humains sont des vivants.

Concrètement ce travail repose sur des visites du site, afin d’identifier les ordres de faits (biologiques, architecturaux, géologiques, sociaux, historiques, etc.), où des enquêtes interdisciplinaires explorent modalités d’imbrications entre processus vitaux et processus techniques. Lors de workshops et de séances d’écriture sur documents partagés, la réflexion collective identifie des problématiques, à l’interface entre le vital et le social, pour imaginer de nouvelles manières de concevoir les projets de construction. Présenté de manière synthétique, notre propos s’organise autour de cinq mots-clés : Réseaux, Dynamiques, Évolutions, Cycles, Mondes. Ces entrées heuristiques sont conçues comme des « indicateurs », pour reprendre un terme de Durkheim, visant à orienter le regard et scruter les interactions entre les dynamiques biosociales et les conceptions de la ville. L’enjeu est d’éviter l’emploi de ces catégories générales comme des métaphores englobant indistinctement agentivité des humains et des vivants non humains, comme le fait par exemple Anna Tsing dans Le champignon de la fin du monde9 , lorsqu’elle attribue à ces derniers la capacité d’avoir des « projets » ou d’être des « faiseurs de monde ».

Dans le même esprit, une recherche interdisciplinaire se développe à l’université PSL, au sein du groupe de recherche « Ville vivante », à travers une réflexion autour de la notion de « Ville métabolique » initiée en partenariat avec l’agence PCA-Stream. En mars 2023, lors d’une semaine de formation Villes vivantes : concevoir, construire et habiter les mondes urbains du futur, les étudiants et les étudiantes ont reçu un enseignement interdisciplinaire couplé à des visites de sites afin d’apprendre à repérer des « indicateurs du vivant » dans l’espace urbain. Depuis l’article séminal d’Abel Wolman sur le « métabolisme des villes », de nombreux travaux envisagent la ville comme un métabolisme où la circulation de flux (nourriture, énergie, eau, etc.) fait l’objet d’une modélisation quantitative10 . Dans cette optique, le fait que dans le monde entier des villes connaissent une décroissance retient l’attention11. Ces espaces urbains, aujourd’hui en décroissance, fonctionnaient bien autrefois ; ils ont connu une croissance qui s’est parfois poursuivie sur une très longue période, contribuant à la richesse de ses habitants. La décroissance territoriale est un processus ni simple, ni unique. Elle affecte ces territoires dans leurs dimensions sociales, spatiales, économiques et environnementales tout en étant symptomatique de l’avènement d’un nouveau régime urbain, dans lequel la croissance des villes n’est plus aussi certaine que celle imaginée dans une période où la croissance urbaine était la règle12. L’ouvrage de synthèse Handbook on Shrinking Cities esquisse des pistes pour des approches interdisciplinaires de phénomènes biosociaux13 : dans quelle mesure ces espaces offrent-ils de nouveaux modes de revitalisation et quelles sont les options possibles ? Quels types d’approches de planification sont nécessaires pour faire face aux réalités spécifiques de ces espaces en décroissance ? Les villes en décroissance seront-elles les nouveaux espaces

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de créativité pour devenir ou rester des « villes vivantes » ?

De façon complémentaire, la « ville métabolique » fait également référence à la coexistence entre des métabolismes dans l’espace urbain, ce qui amène à des investigations centrées sur les relations entre les organismes, humains et non humains. Cela implique la mise en place d’observations sur les pratiques plus qualitatives. La marche constitue un bon exemple. Les travaux de l’Unit for Biocultural Variation and Obesity, dirigée par Stanley Ulijaszek à l’université d’Oxford, sur les liens entre alimentation, activité physique et urbanisme, suggèrent de traiter cette pratique comme un facteur à prendre en compte pour modéliser les manières de vivre dans un environnement construit14 . Dans le même temps, la marche peut être considérée comme un mode phénoménologique d’appréhension de la réalité urbaine 15 . Marcher, arpenter le territoire sans rester contraint dans les infrastructures de la mobilité, permet de s’intéresser au vivant, au climat, aux marges, aux limites, aux espaces invisibles ou dysfonctionnels, ces lieux sans valeur apparente ou parfois dérangeants. Au-delà de sa spontanéité et de sa banalité, la marche apparaît comme un apprentissage et un art de l’observation qui fait éprouver corporellement comme cognitivement les liens d’interdépendances et les relations interscalaires. Appréhender la ville vivante avec la notion de métabolisme suppose donc d’élaborer des approches intégratives, conjuguant l’objectivation quantitative et l’expérience phénoménologique pour mieux cerner les contours de la coexistence des infrastructures et des organismes, humains autant que non humains, de même que l’articulation entre les projets humains et la part d’aléatoire accompagnant le développement des systèmes techniques comme des systèmes vivants. Des ouvrages tels que Natura Urbana de Matthew Gandy ou Lively Cities de Maan Barua, des chercheurs au département de géographie de l’université de Cambridge illustrent bien les investigations attentives à la diversité des manifestations du vivant dans les villes16 . Pour l’anthropologie de vie, comme pour les investigations interdisciplinaires, les programmes de recherche pour étudier la ville vivante ne sauraient se contenter d’établir des analogies entre organismes et phénomènes urbains, ni imaginer que l’observation des environnements naturels contiendraient les solutions pour concevoir la ville de demain. C’est la spécificité et la complexité même de ces phénomènes à l’interface entre la nature et la société qui demande à être appréhendée avec des démarches collectives d’enquêtes dont l’objet et les méthodes restent encore largement à inventer.

1 Perig Pitrou, Ludovic Coupaye & Fabien Provost (éditeurs), « Des êtres vivants et des artefacts. L’imbrication des processus vitaux et des processus techniques », Actes du colloque, musée du quai Branly, 9 & 10 avril 2014, 2016. URL : https://actesbranly.revues. org/653

2 Perig Pitrou, Les anthropologues et la vie, Mimésis Éditions, 2022.

3 Perig Pitrou, Lauren Kamili & Fabien Provost, « Techniques et Natures. Pour une approche anthropologique des biomimétismes », Techniques & Culture 73, pp. 20-33.

4 Fabien Provost, Lauren Kamili & Perig Pitrou « Enquêter sur l’imitation du vivant. Remarques méthodologiques », Techniques & Culture 73, pp. 208-221.

5 Philippe Descola, Par-delà nature et culture, Gallimard, 2005.

6 Lauren Kamili, Perig Pitrou & Fabien Provost, « Biomimétismes. Imitation des êtres vivants et modélisation de la vie », Techniques & Culture, 73.

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Les activités du collectif interdisciplinaire « La vie à l’œuvre » sont présentées sur le site : https://lifeinthemaking.net/fr/

8 Collectif La vie à l’œuvre, « L’intelligence collective à l’œuvre », Stream, 5, pp. 467-487.

9 Anna Lowenhaupt Tsing, Le champignon de la fin du monde : sur la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme, La Découverte/Les Empêcheurs de penser en rond, 2017.

10 Abel Wolman, « The Metabolism of Cities », Scientific American, 213, 3, 1965, pp. 178-193. Voir aussi Sabine Barles, « Le métabolisme urbain et la question écologique », Les Annales de la recherche urbaine, Vol. 92, 1, pp. 2002.

11 C. Martinez Fernandez et al., « Shrinking Cities: Urban Challenges of Globalization », International Journal of Urban and Regional Research 36, vo. 2, 2012, pp. 213-25. URL: doi.org/ doi:10.1111/j.1468-2427.2011.01092.x.

12 Emmanuèle Cunningham-Sabot, « Villes en décroissance, « Shrinking Cities », Construction d’un objet international de recherche » (HDR, Université Panthéon-Sorbonne (Paris I), 2012. https://halshs.archivesouvertes.fr/tel-03184829.

13 Karina Pallagst et al., Handbook on Shrinking Cities (Cheltenham, UK ; Northampton, MA, USA: Edward Elgar Publishing Ltd, 2022).

14 Stanley Ulijaszek, « Physical activity and the human body in the (increasingly smart) built environment », Obesity Reviews, 19, 2018, pp. 84-93.

15 Sabine Chardonnet Darmaillacq (éd.), Le génie de la marche, Poétique, savoirs et politiques des corps mobiles, Hermann 2016.

16 Maan Barua, Lively Cities. Reconfiguring Urban Ecology, Duke, 2023. Matthew Gandy, Natura Urbana. Ecological Constellations in Urban Space, MIT Press, 2022.

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Ruralité, frugalité et petites villes vivantes

Lacroix
Florine

Les bouleversements de 2020 amplifient l’attrait pour le rural. En même temps que cette attirance se développe, les maux des bourgs et petites villes d’aujourd’hui* s’amplifient : dépendance à la voiture, mitage, perte d’attractivité, dévitalisation, paupérisation, développement des zones commerciales qui concurrencent les centres-villes, manque de mise en valeur du patrimoine et des espaces publics, déclin démographique et commercial en centre-bourg, forte présence du minéral.

La campagne est automobile. L’accès aisé à la voiture éclate et disperse l’espace rural, ses services, ses commerces puis dévitalise les centres et dissout les relations sociales.

La construction de l’espace rural doit s’inscrire dans une démarche vivante, écologique et sociale. L’urbanisme durable passe par un urbanisme frugal : réparer en étant résilient, réactiver en utilisant le déjà-là, rendre accueillant, vivant, désirable, joyeux, être économique et créatif, écologique et social, renverser les dépendances, réactiver le local, placer le vivant, l’animal, l’humain, le végétal au cœur des considérations.

La frugalité est un enjeu contemporain, un outil méthodologique de transformation des communes rurales vivantes. La frugalité est une stratégie économique support de créativité au service d’une éthique et d’une esthétique du projet. C’est autant une mise en valeur du déjàlà que des usages, une recherche d’économie de ressources et de foncier favorisant le confort, la fluidité ainsi que le plaisir. Penser rural et frugal c’est penser un développement et un aménagement non standardisé, c’est s’insérer dans une construction socio-écologique cohérente qui a le souci du détail, de la sobriété, de la simplicité, du minimum. Comment faire plus avec moins tout en développant une stratégie économique en même temps qu’ une vision du projet qu’il faut inventer ?

La frugalité est multiscalaire et, avant tout, se pense à l’échelle du territoire, du paysage.

Revitaliser les communes passe par l’ancrage dans le contexte patrimonial et paysager, il convient de penser les transformations en partant du socle, en imaginant le prolongement des lignes topographiques, des espaces naturels et agricoles au cœur de la construction ou de la réhabilitation des communes comme de leurs espaces publics et bâtis. Les centres historiques sont déjà construits selon des implantations géographiques stratégiques et évidentes. Le développement des communes, la création de nouveaux espaces, l’aménagement d’espaces publics doit passer par ce double lien au paysage et au centre urbain. Tous deux se prolongent pour accueillir les nouveaux programmes. Le caractère routier signe la perte de lien au paysage. Il apparaît nécessaire de fonder les projets d’aménagement sur le lien à la géographie combiné aux usages pour des projets d’architecture, d’urbanisme et de paysage vivants, frugaux, qui trouvent leur inspiration dans le déjà-là. Une approche imbriquant les échelles tout en articulant le contexte paysager et géographique au contexte urbain, social, architectural, permet de trouver les bases de la morphologie urbaine en offrant une structure solide aux espaces en transformation. Ainsi, la géographie, le tissu historique et le paysage ne font plus qu’un avec l’urbanité au profit de la qualité de vie, du plaisir urbain, de la fluidité et de la fonctionnalité. La trame qui découle du contexte devient un outil de structuration et de fabrique urbaine. De même qu’elle permet la lecture, la réorganisation et le partage des sols et des usages, elle veille aux transitions ville-campagne, installe une charpente pérenne. Le rural doit se construire autour du frugal, et répondre à la nécessité de créer du lien et de la cohérence.

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L’éloge d’une écologie urbaine frugale en milieu rural

Le lien au paysage, la mise en place de trames ainsi que le prolongement du contexte agricole et paysager rend évident le développement d’une écologie urbaine à l’échelle villageoise. L’écologie dans l’espace public et le développement urbain n’est pas réservé aux centres urbains denses. Prôner l’écologie au service d’un projet urbain contemporain en milieu rural est nécessaire, est frugal. Le développement de la notion d’écosystème favorable à l’espace public vivant se caractérise par la perméabilité des sols, la gestion des eaux pluviales, l’amélioration de la qualité de vie, le développement des modes de déplacements actifs, l’augmentation de la biodiversité, la mise en scène du vivant en lien avec le contexte, l’ouverture des sols. Ouvrir les sols pour planter permet d’apporter du vivant dans l’espace public, de le structurer, d’évoquer les paysages, de donner des espaces de détente, de loisirs, de convivialité (comme le jardinage), de plaisir, de confort aux habitants. Planter change l’ambiance et le climat. Les ouvertures dans le sol rompent avec la minéralité et offrent une nouvelle vision de l’aménagement plus en lien avec la nature environnante, qui devient symbole d’une diversité. Le végétal n’est pas objet ou cosmétique, il est outil de l’écosystème des villes et villages. Une biodiversité se développe à l’échelle du territoire et se décline selon les situations. L’éloge du vivant en milieu rural et sa mise en scène peuvent passer par des plantations qui apportent services, usages et confort. Une forêt urbaine, un alignement de fruitiers, une haie vive, des jardins partagés, une trame de verger, un espace en prairie, un massif planté vont apporter ombre et fraîcheur, changer l’ambiance tout en étant supports de biodiversité et de production agricole et forestière. Le vivant est sauvage, le vivant est comestible, le vivant change au fil des saisons et des usages. Nous pouvons imaginer une multiplicité de mises en œuvre du vivant qui associe végétal et spatialité, ombre et fraîcheur, pédagogie et usages, trame et structure, agrément et comestible, fertilité, perméabilité et gestion de l’eau. La nature a horreur du vide, laisser une zone ouverte s’enfricher offre des ressources pour l’avenir. Utiliser les dynamiques naturelles, laisser faire le vivant, déployer les ressources en place peut-être un mode de gestion innovante des espaces publics qui jardine le vivant en place. L’enfant est curieux et gourmand, rendre sa cour ou son trajet comestible instaure un nouveau rapport au vivant. Penser dans le développement urbain des parcelles dédiées à une agriculture diversifiée, par exemple maraîchère, offre des services aux habitants, minimise les trajets, rediversifie la campagne et ses productions qui sont trop souvent des monocultures incluses dans un système qui implique transports et déplacements. Il est utile de réintroduire de la production agricole, même en centre-bourg, car l’on assiste partout à la perte du rapport agriculture/alimentation. L’agriculture, notamment le maraichage, participe à la vitalité du bourg et de son centre. Il peut être soutenu par les politiques publiques et prendre place sur des parcelles communales. Cette production locale peut s’accompagner d’ateliers avec les habitants et les écoles, de temps villageois communs et de partage de nouvelles techniques de maraichage. La ville devient comestible, pédagogique et productive. La frugalité c’est aussi la réduction de la dépendance, notamment alimentaire.

La ressource en eau est limitée, le temps consacré à la gestion des espaces publics est contraint, les avaloirs, grilles, ouvrages de gestion des eaux pluviales encombrent et standardisent l’espace public. La gestion alternative et vertueuse des eaux de ruissellement est

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une démarche écologique et frugale. Gérer naturellement les eaux pluviales, favoriser l’infiltration dans des revêtements perméables, dans des massifs, pieds d’arbres, espaces plantés, est un enjeu au cœur de tous les projets. Les éléments et les milieux interagissent pour une gestion simplifiée et naturelle de la pluie. Cette gestion peut s’insérer dans les plis du paysage, dans la topographie, supporter des trames plantées et résonner avec le contexte.

Nouveau vernaculaire et esthétique du minimum

La standardisation de l’aménagement urbain métropolitain ou rural par ses formes, matériaux et mobiliers, impacte négativement l’attractivité et l’insertion dans le contexte local, patrimonial, historique et paysager. La défense d’une esthétique du minimum, d’une esthétique frugale et d’un nouveau vernaculaire est résolument un outil pour des petites villes vivantes, vivifiées, situées. Le vocabulaire d’un projet qui s’inspire du contexte, du vernaculaire architectural et paysager, offre la possibilité de proposer un nouveau vernaculaire ancré dans l’esthétique locale, rurale, villageoise. Cette mise en valeur du déjà-là passe par un projet frugal qui porte une esthétique singulière, qui fait plus avec moins, utilisant des matériaux, en lien avec le paysage, l’architecture et les ressources. Il s’agit d’une démarche contemporaine, dans la continuité de l’esprit rural tout en faisant le lien entre la nature et l’urbanité pour un projet à la croisée du paysage, de la construction, de l’écologie, de la scénographie villageoise et de la ruralité. Il s’agit de réinterpréter le vernaculaire dans des formes évidentes, brutes, simples pour faire corps avec le paysage, marquer l’articulation entre le contexte rural, agricole, naturel et le contexte urbain du bourg en tirant parti de cette juxtaposition dans les formes, plantations et matériaux.

La géologie est une base solide de la définition du vocabulaire d’aménagement pour un nouveau vernaculaire. La déclinaison de roches calcaires, volcaniques ou granitiques dans l’aménagement définit la base de la matérialité, de la morphologie, de la spatialité, des usages, du vivant, propose une communication et des allers-retours entre les échelles, évoque le grand paysage et se soucie du détail. Le réemploi est à mobiliser dans la définition de cette esthétique du minimum. Les ressources déjà là ont un impact écologique minimum, donnent du sens tout en inscrivant le projet dans un récit paysager, patrimonial ou historique. Les ressources à réemployer doivent être inventoriées, déclinées, dessinées.

Co-construire, usages et concertations

Placer le citoyen, l’habitant, l’usager au cœur de la transformation urbaine pour faire du site un laboratoire, des transformations un sujet collectif pour mener une écologie sociale. Réaliser la conception du projet de même que l’animation d’ateliers et réunions de concertation de façon concomitante de sorte à converger vers le même but : (ré)-activer le site en projet. Impliquer les acteurs dès le lancement de l’opération dans une phase de concertation, collaboration et participation permet de donner un appui solide à la démarche de projet. Cette approche imprègne le concepteur des singularités du territoire et fait de l’espace public le creuset de la vie sociale ; fait de l’urbanisme un acte collectif. Le site devient laboratoire, lieu d’expérimentation : travailler, réfléchir, échanger et projeter in situ. Les ateliers sont

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différents outils de perception, d’appropriation et de projection des espaces publics. La démarche instaure un échange productif entre le concepteur avec son approche d’expertise et les habitants au cœur de la localité, forts d’une connaissance intime et subjective de leur lieu de vie. La communication avec le site en projet passe par la communication avec les acteurs. Cette interaction doit être introduite par des médias diversifiés : cartes, maquettes, croquis, collectes, inventaires, cartes mentales, implantations échelle 1, etc.

La frugalité porte une dimension écologique, sociale, économique, et culturelle pour construire, de façon contemporaine, des espaces urbains et ruraux durables qui concilient besoins et ressources, usages, qualité et beauté. Développer ruralité et frugalité pour répondre aux enjeux écologiques contemporains, aux aspirations sociales, pour penser différemment le rapport à la voiture, utiliser le territoire comme laboratoire, valoriser les ressources et partir du paysage. La frugalité permet de se positionner et d’apporter une réponse innovante, adaptée et singulière. C’est un outil pour innover et proposer un projet qualitatif et économique, donner la place à tous les usagers et mobilités, au végétal, à la convivialité, au plaisir.

*renvoie au dispositif de l’État « Petites villes de demain »

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La

recherche

en

métabolisme urbain comme levier pour un aménagement des espaces ouverts et des trames vertes et bleues plus sensible aux ressources

Moosavi Daniel Otero Peña
Daniela Perrotti
Sareh

Le métabolisme urbain (MU) est un champ de recherche interdisciplinaire qui s’appuie sur des disciplines aussi variées que l’écologie industrielle, urbaine, politique ou encore politico-industrielle1 .

La recherche en MU considère les villes comme des systèmes ouverts dont le métabolisme résulte des interactions avec d’autres systèmes anthropogéniques et leur environnement naturel. Une meilleure compréhension du MU et des processus qui y sont à l’œuvre peut faciliter la transition écologique en permettant aux villes d’adopter une approche régénérative plutôt qu’extractive, en tirant parti de la capacité des systèmes vivants à atténuer les impacts des activités urbaines sur la biosphère2 .

Si le concept de métabolisme urbain fascine les chercheurs, la recherche en MU elle-même fournit des outils analytiques permettant d’évaluer l’utilisation des ressources par les systèmes urbains. Dès lors que ces outils sont mis en pratique et inscrits dans les politiques publiques, ce champ de recherche peut servir de levier pour mettre en place des stratégies circulaires en milieu urbain3. Si l’on admet de plus en plus le rôle fondamental que joue le MU dans sa dimension territoriale, ses applications pratiques en matière de conception de l’environnement bâti restent encore peu nombreuses4 .

Les études qui s’appuient sur des méthodes d’analyse du métabolisme urbain telles que l’analyse de flux de matière (AFM) ne portent en général que sur les bâtiments et ne prennent pas suffisamment en compte les espaces ouverts de même que les trames vertes et bleues (TVB) (parcs urbains, jardins privés, réserves naturelles, voies d’eau, etc.)5. Des stratégies de conception et d’aménagement d’espaces ouverts et de TVB plus économes en ressources peuvent répondre conjointement aux objectifs de performance environnementale et satisfaire aux critères de bien-être humain ainsi qu’à la santé des écosystèmes6. Des recherches récentes ont mis en évidence l’impact des services écosystémiques fournis par les TVB sur les flux de matière et d’énergie en zone urbaine7. La manière dont les espaces ouverts et les TVB sont conçus et aménagés peut exercer une influence considérable sur la demande en ressources naturelles, ce qui démontre l’intérêt d’appliquer les méthodes d’analyse du MU8 et de développer des approches territorialement explicites de ces dernières. Cet article examine les défis que pose actuellement la mise en œuvre des méthodes propres au métabolisme urbain dans le but de concevoir et d’aménager des espaces ouverts ainsi que des TVB en proposant une synthèse de diverses études théoriques et empiriques. Une étude de cas sur la ville de Mexico servira à illustrer une application spatialement explicite de l’AFM. Pour finir, nous reviendrons sur les frontières de la recherche en MU, au regard des nouvelles clés de compréhension du métabolisme des « villes vivantes » qu’offre cette approche.

Approches spatialement explicites du métabolisme urbain et principaux défis

Un nombre croissant de travaux souligne l’intérêt des analyses du MU spatialement explicites pour l’élaboration des politiques publiques et des stratégies de gestion de ressources à échelle urbaine. Par exemple, une étude réalisée à Bangalore, en Inde, sur la corrélation eau-énergie, révèle qu’en recoupant un ensemble de données spatialement explicites sur l’eau et l’énergie (consommation à l’échelle d’un quartier, réseaux de collecte et de distribution), les chercheurs ont été en mesure

A Introduction

d’identifier les segments les plus inefficaces du réseau d’eau potable et les secteurs à forte demande en énergie ainsi que les liens entre ces derniers et les caractéristiques géographiques de la ville9. Une autre étude SIG (système d’information géographique) portant sur les urines et les déjections fécales à l’échelle d’un quartier ou d’un bâtiment a permis de fournir des informations utiles à l’aménagement des systèmes sanitaires de la ville d’Amsterdam10. Non seulement ces études prouvent-elles l’intérêt de l’analyse spatiale du MU à plusieurs échelles (ville – quartier – bâtiment), mais elles mettent également en exergue la nécessité de renforcer les méthodes servant à la collecte de données métaboliques spatialement explicites. Certains défis de taille se posent lors de l’intégration d’approches spatialement explicites du MU dans les pratiques de conception et d’aménagement de l’espace urbain, notamment par rapport au transfert de connaissances pour leur mise en application. Par exemple, une évaluation rétrospective d’une recherche visant à analyser le MU d’Helsinki (Finlande) a démontré que la reconnaissance des différentes formes de savoir détenu, d’un côté, par les scientifiques et de l’autre, par des praticiens de l’aménagement urbain (de leurs potentiels comme de leur limites), était une condition essentielle à la mise en place des collaborations efficaces entre pratique et recherche11 . En outre, les limitations imposées par les délais et les budgets des projets de recherche en MU seraient susceptibles de diminuer l’efficacité des efforts entrepris collaborativement. Figurent également, parmi d’autres freins, le manque de politiques et de dispositions réglementaires propices à l’intégration des analyses du MU dans la pratique de l’aménagement et de la conception de l’espace12/13 (compilation d’appels d’offre et/ou cahiers de charge). Une étude auprès de 101 professionnels en aménagement urbain et du paysage a révélé d’autres obstacles quant à l’intégration de méthodes propres au MU dans les processus de conception : manque de données accessibles (notamment par rapport à l’origine des matériaux de construction), compétences limitées en analyse des données quantitatives, familiarisation limitée avec les méthodes d’analyse du cycle de vie. En matière de gestion de ressources, une gouvernance rigide et top down était aussi perçue comme un obstacle à des approches innovantes et alternatives en termes d’utilisation de matière et d’énergie14 En dépit des défis actuels, des études récentes soulignent qu’une meilleure compréhension territoriale de la demande en ressources peut contribuer à identifier des espaces d’opportunités en milieu urbain pouvant, par exemple, contrebalancer la présence de quartiers ayant une forte demande énergétique ou une production de déchets élevée. Ce point sera davantage développé dans la partie suivante par le biais d’une étude de cas.

Utilisation efficace des ressources dans les réseaux d’espaces ouverts à Mexico

En s’appuyant sur une étude métabolique de la ville de Mexico, Otero Peña et al 15 ont élaboré une méthode permettant de déterminer en quoi l’utilisation des données SIG peut améliorer la pertinence et applicabilité de la recherche en MU à l’aménagement et à la gestion des espaces ouverts de la région. Cette étude a été menée en compilant des données primaires SIG avec les jeux de données suivants : (1) flux de ressources, et notamment consommation d’eau potable et écoulement des eaux usées, consommation d’électricité, production de déchets solides organiques et inorganiques à l’échelle municipale et déchets de construction ; (2) emplacement et capacité des

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Carte synthétique des résultats de l’analyse MU spatialement explicite menée dans la région métropolitaine de Mexico (tirée d’Otero Peña, D., Perrotti, D., & Mohareb, E., art. cit.).

infrastructures et services publics de gestion de ressources ; (3) caractéristiques climatiques et géographiques de la ville, réseaux d’espaces ouverts ; (4) emplacement des communautés vulnérables ; et (5) emplacement des zones de préservation autochtone et des terres communales ainsi que leur découpage administratif. Les résultats mettent en évidence la localisation et la proximité des endroits où se concentrent les flux urbains et les infrastructures, tant à l’échelle de la région métropolitaine que de ses différentes communes. S’appuyant sur l’évaluation de l’utilisation des ressources et des espaces ouverts au sein de chaque commune, des stratégies d’aménagement ont été proposées afin d’accroître l’accessibilité à ces ressources de même que leur utilisation efficace. Par exemple, il a été préconisé que les communes fortement urbanisées et au taux de consommation d’eau potable élevé puissent renforcer leur système d’approvisionnement en eau en y ajoutant des infrastructures décentralisées. De plus, aménager des systèmes communaux de collecte des eaux de pluie dans les espaces publics (quartiers désaffectés, installations sous-exploitées), pourrait contribuer à mutualiser les efforts, à réduire les coûts matériels, à améliorer l’accessibilité à l’eau des collectivités vulnérables et à réduire la pression sur le réseau hydraulique grâce à des solutions locales et décentralisées. Une reconfiguration spatiale de ces espaces pourrait, en outre, contribuer à l’offre d’espaces verts publics, par exemple au travers de zones humides artificielles et d’aménagements paysagers. Dans les quartiers à forte concentration de communautés vulnérables, la valorisation de ressources naturelles locales (telles que les forêts, pâturages et terres agricoles) pourrait favoriser une gestion décentralisée des ressources tout en offrant des possibilités de loisirs, en même temps qu’elle encouragerait le bien-être communautaire. Les organisations socioenvironnementales et la gestion décentralisée des ressources peuvent être renforcées à travers l’implication des leaders locaux dans des processus participatifs de collecte de données dans le cadre du SIG.

Aux frontières de la recherche sur le métabolisme des villes vivantes

Afin de transformer la manière dont nos villes et nos paysages sont conçus par rapport aux ressources naturelles, il est impératif que les professionnels de l’aménagement et de la conception de l’espace se mobilisent afin de mieux cerner l’interdépendance entre les flux de ressources et les caractéristiques spécifiques des espaces où ces mêmes ressources sont utilisées. Cela nécessite de faire progresser leurs compétences dans les méthodes d’analyse qualitative et quantitative du métabolisme urbain. Des concours, à l’instar d’Europan, peuvent catalyser le développement d’approches radicalement nouvelles susceptibles de transformer le fonctionnement de nos villes eu égard à leur utilisation de ressources naturelles. Des méthodes émergentes d’analyse spatialement explicites du MU permettent une collaboration efficace entre recherche et pratique, dans la mesure où elles relient les compétences de chaque partie prenante avec les politiques et leurs champs d’application. De telles collaborations sont à même d’ouvrir la voie à d’autres recherches interdisciplinaires à l’avenir, touchant à d’autres dimensions, physiques, spatiales et temporelles du métabolisme de villes vivantes. Enfin, des recherches plus approfondies sur les modes de collaboration scientifique recherche/pratique sont essentielles afin de tirer parti de l’intégration des multiples systèmes de connaissances mobilisés par les méthodes d’analyse du métabolisme urbain.

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Comment déployer un vocabulaire commun sur le métabolisme des villes vivantes à travers plusieurs systèmes de connaissances (en recherche comme en pratique) ? Et comment diffuser un tel vocabulaire de manière à faciliter un dialogue inclusif permettant une nouvelle compréhension, non binaire, des systèmes « urbains » et « vivants » ?

1 Newell, J. P., Cousins, J. J., « The boundaries of urban metabolism: Towards a political–industrial ecology », Progress in Human Geography, 39(6), 2017, pp. 702-728. https://doi.org/10.1177/0309132514558442

2 Thomson, G., & Newman, P. « Urban fabrics and urban metabolism–from sustainable to regenerative cities », Resources, Conservation and Recycling, 132, 2018, pp. 218-229. doi:https://doi.org/10.1016/j. resconrec.2017.01.010

3 Kennedy, C., Pincetl, S., & Bunje, P., « The study of urban metabolism and its applications to urban planning and design. Environmental Pollution, 159(8), 2011, 1965-1973. doi:https://doi.org/10.1016/j. envpol.2010.10.022

4 Perrotti, D., « Urban metabolism: old challenges, new frontiers, and the research agenda ahead », In P. Verma, P. Singh, R. Singh, & A. S. Raghubanshi (Eds.), Urban Ecology, Elsevier, 2020, pp. 17-32.

5 Augiseau, V., & Barles, S., « Studying construction materials flows and stock: A review », Resources, Conservation and Recycling, 123, 2017, pp. 153-164. doi:https://doi.org/10.1016/j.resconrec.2016.09.002

6 Perrotti, D. & Iuorio, O., « Green Infrastructure in the Space of Flows: An Urban Metabolism Approach to Bridge Environmental Performance and User’s Wellbeing », in Lemes de Oliveira, F. & Mell, I. (eds.), Planning Cities with Nature. Dordrecht, Springer, 2019, pp. 265-277. https://doi.org/10.1007/978-3-030-01866-5_18

7 Perrotti, D., & Stremke, S., « Can urban metabolism models advance green infrastructure planning? Insights from ecosystem services research », Environment and Planning B: Urban Analytics and City Science, 47(4), 2020, pp. 678-694. doi:https://doi. org/10.1177/2399808318797

8 Otero Peña, D., Perrotti, D., & Mohareb, E., « Advancing urban metabolism studies through GIS data: Resource flows, open space networks, and vulnerable communities in Mexico City », Journal of Industrial Ecology, 26(4), 2022, pp. 1333-1349. doi:https://doi. org/10.1111/jiec.13261

9 Nalini, N. S., « The Great Divide: exploring the divergence between urban metabolism in theory and practice in water supply system in Bengaluru », International Journal of Urban Sustainable Development, 9(1), 2017, pp. 1-20. doi:https://dio.org/10.1080/19463138.2016.11914 97

10 Wielemaker, R., Stuiver, J., Zeeman, G., & Weijma, J., « Identifying Amsterdam’s nutrient hotspots: A new method to map human excreta at building and neighborhood scale », Journal of Industrial Ecology, 24(3), 2020, pp. 473-484. doi:https://doi.org/10.1111/ jiec.12962

11 Perrotti, D., « Evaluating urban metabolism assessment methods and knowledge transfer between scientists and practitioners: A combined framework for supporting practice-relevant research », Environment and Planning B: Urban Analytics and City Science, 46(8), 2019, pp. 1458-1479. doi:https://doi. org/10.1177/2399808319832611

12 Otero Peña, D., Perrotti, D., & Mohareb, E., art.cit.

13 Amenta, L., & Van Timmeren, A., « Beyond Wastescapes: Towards Circular Landscapes. Addressing the Spatial Dimension of

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Circularity through the Regeneration of Wastescapes », Sustainability, 10(12), 2018, p. 4740. doi:https://doi.org/10.3390/su10124740

14 Moosavi, Perrotti and Stephan, 2023, publication à venir.

15 Otero Peña, D., Perrotti, D., & Mohareb, E., art.cit.

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Villes vivantes bis : les raisons d’un thème

Entretien avec Alain Maugard

Pour sa 17e session, le concours Europan reconduit le thème précédent des Villes vivantes ; pourriez-vous revenir sur ce choix et peut-être nous indiquer ce qu’est une ville vivante, selon vous ?

Alain Maugard En effet, c’est important de dire pourquoi nous avons jugé bon de faire deux sessions sur le thème Villes vivantes. La première chose à dire aux candidats est qu’Europan insiste sur ce thème parce que nous pensons qu’il est d’une très grande actualité. Pour le dire de façon très simple, on a pensé au thème Villes vivantes avant la période du Covid, et il se trouve qu’en pleine session E16, avant même les résultats, il y a eu l’épidémie et les confinements, lesquels n’ont fait qu’étayer la pertinence du thème retenu. À ce moment, un vivant singulier, le virus, nous a contraints à modifier nos modes de vie ainsi que notre rapport à l’urbain. Dans une ville qui a gardé la même morphologie, le métabolisme a changé. C’est la définition même de l’idée selon laquelle «je peux vivre dans la même ville en l’utilisant autrement.» On pense d’autres usages, une autre organisation. C’est une démonstration en vraie grandeur de cette notion de métabolisme.

Cela fait partie intégrante du travail de l’architecte et de l’urbaniste. Faire vivre différemment en période de crise, ou pour s’adapter aux nouveaux enjeux sociétaux. Le métabolisme ne se substitue pas à la morphologie, mais il la complète.

Nous avons aujourd’hui des exemples de terrasses étendues, ou de pistes cyclables créées durant les confinements. Beaucoup sont restées. On a vécu autrement et on s’aperçoit, lorsque l’épidémie est retombée, que certains aménagements sont finalement plus agréables pour les habitants et devraient être permanents.

Le métabolisme, c’est aussi la question de la transformation du stock existant. Pour raisonner numériquement, dans le secteur du logement dans lequel le flux de neuf n’atteint pas un pour cent du stock, il est nécessaire de transformer l’existant pour apporter de la qualité de vie. En France, un jeune de 20 ans occupe 20 mètres carrés en moyenne. À 60 ans, la même personne, 60 mètres carrés. Ça n’a quand même aucun sens. Est-ce qu’il faut construire quelque chose de plus pour trouver une solution de 30 mètres carrés, bien faite, pour la personne âgée ? Ou bien on la trouve dans une autre organisation du stock ? On peut dès lors imaginer plein de scénarios en suivant ce raisonnement. Ces questions se posent aussi à l’échelle de l’urbanisme, où la ville est aussi dominée par le déjà-là.

Est-ce que le thème Villes vivantes n’interroge pas aussi notre rapport à la biodiversité dans nos aménagements urbains ?

AM Bien entendu, d’autant que l’épidémie a aussi été le moment d’une prise de conscience de l’absence, ou de l’insuffisance de nature en ville. Lorsqu’on ne peut que se déplacer sur des courtes distances, le manque de nature proche devient insupportable. On ne peut pas continuer sans la présence de la nature, il faut qu’elle soit forte dans la ville. Il y a aujourd’hui un désir qui est moteur pour l’architecture et l’urbanisme. Ce n’est pas une mode, c’est une réalité dont on prend conscience à la suite d’une crise sanitaire qui a ouvert nos horizons. Donc je défends fortement ces deux idées : le métabolisme et la forte

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présence de la nature en ville. C’est-à-dire qu’on ne peut pas penser à l’intensité urbaine si on n’a pas dedans, en son cœur, une intensité végétale et biodiversitaire. Les événements nous ont amenés à vouloir continuer cette exploration du thème que l’on est loin d’avoir épuisé.

Il y aurait donc une continuité dans ces deux sessions d’Europan ? L’une s’appuierait sur l’autre pour l’enrichir en quelque sorte ?

AM Cette continuité remonte bien plus loin, elle est inscrite dans l’ADN d’Europan qui, avec son conseil scientifique, élabore les thèmes des sessions les uns à partir des autres depuis plus de 30 ans. Cela se voit très nettement avec la série des Villes adaptables, productives, puis vivantes.

Villes adaptables (E12, E13), était le grand moment du processus : un travail sur le métabolisme et sur la souplesse plutôt que la conception de projets rigides que l’on déroule sans se soucier du temps et du contexte. Les Villes productives (E14, E15) sont arrivées après. Le thème venait du constat que les villes n’avaient plus d’autonomie, ni alimentaire, ni sur les matériaux, ni sur l’eau, etc. Le vivant, lui, arrive en général à une autonomie globale au sein de son environnement. Il se maintient dans le temps, s’auto-organise. Donc quand on y regarde bien, l’apport du vivant vient comme un enchaînement cohérent avec cette idée de force productive.

Ne peut-on pas toutefois identifier une démarche commune, une spécificité du concours Europan ?

AM Europan, c’est de l’innovation, mais par des projets qui se mettent en œuvre, et qui sont d’une certaine façon expérimentaux. Ce n’est pas un discours théorique sur la ville, et encore moins prescriptif. On pourrait dire que c’est de la créativité expérimentale, de la recherche-action. C’est la grande différence par rapport à d’autres recherches théoriques. Europan se demande : comment agir ? que faire ? que tenter ?

Ici la comparaison avec le vivant est assez intéressante. Il y a des mutations dans le vivant qu’on peut assimiler à ces expérimentations urbaines. C’est l’idée de Darwin, non pas au sens compétitif « que le meilleur gagne », mais au sens où l’on fera des tentatives qui seront adaptées au milieu, et d’autres qui le seront moins. Cela veut dire que Europan est un accélérateur de mutations. Moi je prétends que Europan, pour la ville vivante, c’est du darwinisme accéléré… c’est une formule évidemment.

Le temps n’est-il pas un facteur décisif à ce titre ? Il faut du temps pour qu’un quartier se construise, pour qu’il soit approprié par des usagers.

AM C’est exact. Mais vous pouvez voir dans les réponses des équipes que, de plus en plus, les projets se montent par phases. On fait une première intervention. On voit si ça marche. Si ça marche, on continue. Si ça ne marche pas, on change notre fusil d’épaule. La possibilité d’erreur est admise dans le projet lui-même.

Et les collectivités ont justement besoin de ce fonctionnement ! Nous leur disons : vous ne prenez pas tant de risques

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que ça, puisque c’est progressif. Vous nous donnez votre intention, il y a un projet, mais la façon dont il est conduit permet de faire des allers-retours. Et cela redonne une place à ce qui a pu s’appeler l’urbanisme transitoire, ou tactique… On est en train de mener des mutations, dans le temps et l’espace. On explore l’idée que l’urbanisme n’est pas que l’espace et ses trois dimensions, c’est aussi une question de temps.

Pendant longtemps, le phasage, c’était la construction du premier tiers du terrain, puis du deuxième tiers, et on finissait par le troisième tiers. Or, il vaut mieux engager un mouvement de transformation de la ville sans viser tout de suite l’objectif de la transformation finale. La première phase veut peut-être remettre des arbres, traiter le mobilier urbain pour requalifier le quartier. Et puis il y a une valeur immobilière qui naît. Dès qu’il y a de la valeur immobilière, il est possible de commencer à faire tel ou tel type de bâtiment…

Qu’est-ce que cela signifie pour les candidats qui répondent au concours ?

AM En général, on confie à Europan des questions difficiles, sur des sites qui n’ont pas d’orientations urbaines claires, parce que si c’était un endroit classique où le programme était connu et les procédures classiques adaptées, il n’y aurait pas besoin d’un concours comme Europan. Si la ville n’a pas trop d’idées préconçues, elle est ouverte à des propositions très innovantes qui bousculent les idées plus qu’ailleurs. C’est le seul concours où l’on peut gagner en disant que la question était mal posée, voilà comment il fallait la poser, et voilà ma réponse à une question mieux posée.

Dans E16, les équipes ont montré une tendance générale à élargir le site de réflexion, à aller chercher des territoires au-delà de périmètres rouges, afin de clarifier leurs intentions sur le site de projet. Les candidats ont redécouvert les forces vives de la ville, ancrées sur son territoire, avec des racines, si je puis dire, qui iraient plus loin. On dit aux équipes E17, servezvous de toutes les couches de l’histoire, la commande doit aussi être enrichie par le vivant.

Pour comprendre cet élargissement de l’étude, l’idée de système est pour moi déterminante, c’est-à-dire qu’il faut une vision globale. Ce n’est pas un problème partiel qu’on leur demande de régler. Ils doivent plonger la commande dans des espaces plus larges. On a besoin de gérer les effets d’interrelations. Si par exemple, on transforme, comme on le verra, un ancien hôpital, cela va créer une onde de choc sur le quartier, puis sur la ville. Il faut regarder cette onde de choc sur l’ensemble, et s’il le faut, aller engager des traitements ponctuels dans cet écosystème altéré.

L’étude peut aussi s’élargir par l’interdisciplinarité. Et là, il y a quelque chose qui est apparu et qui me paraît capital, c’est le tripode : architecte, urbaniste, paysagiste. Ce ne sont plus trois disciplines qui s’additionnent, et dans lesquelles chacun se limite à son titre. Il faut qu’elles forment un système. C’est l’idée d’osmose entre ces métiers, il demeure une porosité. Bien entendu d’autres disciplines sont bienvenues pour éclairer le thème des Villes vivantes comme l’écologie, les sciences naturelles et humaines.

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Nous disons aux candidats d’E17 : ne vous enfermez pas dans une seule problématique. On attend de vous que vous trouviez une solution équilibrée sur le territoire.

Cela ne pousse-t-il pas à des réponses toujours plus générales, toujours plus larges ?

AM Ce n’est pas tout à fait ça. Il faut ajouter l’idée de complémentarité et de la spatialisation architecturale. On ne peut pas tout traiter dans un concours avec ses délais courts, et ses trois planches de rendu. Ce n’est pas contradictoire avec la vision globale. Il est intéressant de voir des projets qui ont une vision de l’écosystème mais qui l’abordent par un biais qui pourra être complémentaire avec d’autres projets.

Et puis, cela fait sens au niveau des trois projets sélectionnés pour les suites du concours. Le jury s’intéresse aussi à la complémentarité. Par exemple, les trois équipes de Quimper se sont mises d’accord pour travailler ensemble après le concours sous l’impulsion de la collectivité territoriale.

De plus, cette capacité à faire, attendue des candidats, ne doit pas être qu’une réponse urbanistique, ou de métabolisme générique. On attend aussi des candidats un projet d’architecture. Il est important de rappeler le sous-titre du thème qui invite à ré-imaginer des architectures en prenant soin des milieux habités. L’architecture s’entend en un sens très large et ne se borne pas seulement à de la construction neuve, il peut être question d’espaces extérieurs, d’espaces publics, de transformations du patrimoine bâti.

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Propos recueillis par Ruben Madar et Louis Vitalis

L’architecture comme vitalité ? B

L’altérité par les villes vivantes ?

Fabien Gantois

L’architecture et plus largement l’urbanisme sont aujourd’hui au défi de l’avenir du monde. Prenant place sur des sols où chaque mètre cube de terre accueille plus d’êtres vivants que la Terre ne porte d’êtres humains, construite à partir de matériaux impactant la qualité de l’environnement, elle est désormais perçue comme une des activités humaines à l’origine de l’altération de notre monde. Serait-elle désormais sans droit de construction au prétexte que la matière de sa réalisation est, qu’on le veuille ou non, une ponction et une altération du monde ? Si oui, où loger les êtres à venir, comment accueillir les déplacés du monde ? Faut-il arrêter le cours du temps alors que l’état actuel des choses est largement imparfait ? Au risque d’être coupable, du moins complice, l’architecte est sommé d’agir avec éthique. Mais l’architecture doit-elle être entendue comme le simple respect de principes qui gouverneraient des actes de l’architecte, sorte de guide professionnel pour l’aider à agir dans des contextes où le choix est possible, s’apparentant davantage à une méthode de projet qu’à une véritable morale ?

Analyse sans fin

Dans la course à la transformation écologique des processus d’aménagement des villes et des territoires, l’utilisation de la data est désormais au centre de toutes les attentions. Dans le souhait d’établir un rapport d’équilibre entre ville et nature, le recueil exhaustif de données concernant le vivant joue un rôle essentiel dans la constitution d’une connaissance approfondie de laquelle pourra émerger un aménagement équilibré entre besoins des humains et besoins des nonhumains. Initiée notamment outre-Atlantique au sortir de la seconde guerre mondiale par l’architecte paysagiste McHargh, cette méthode a pour objet de constituer un modèle écologique fondé sur une accumulation spatialisée de données tant sur l’environnement que sur les manifestations humaines afin de non seulement définir des zones de comptabilités entre l’un et l’autre mais aussi afin d’ envisager un enrichissement mutuel. Il s’agit de lutter contre la déstabilisation des écosystèmes – à la source de l’entropie de l’environnement (c’est-à-dire une dégradation de l’organisation du vivant), mais aussi d’aller plus loin en poursuivant l’objectif d’une symbiose créatrice néguentropique (c’est-à-dire une complexification de l’organisation du vivant), à l’image du processus vital à l’œuvre depuis la formation de la Terre. Géologie, hydrologie, faune, flore, relief, risques naturels mais aussi activités industrielles, qualités scéniques, santé de la population, etc. sont autant de données qui participent à la constitution d’un recueil à même de former la matrice d’une conception écologique au service des besoins des humains et des non-humains. Soulignons ici que la richesse de la méthode ne réside pas dans la simple accumulation des données mais bien dans l’identification des relations entre les catégories et les possibilités d’évolutions néguentropiques. Il faut aussi rappeler ici que l’informatique, alors naissante, a très vite été mobilisée pour réaliser le traitement sérieux des données (donnant ainsi naissance au système d’informations géographique, SIG, aujourd’hui largement répandu dans l’aménagement). La question des capacités de descriptions scientifiques du monde est au cœur de ce dispositif et pose la question de sa propre limite. En effet, formulé ainsi, le projet pleinement écologique ne serait possible que sous condition de parfaite connaissance, plaçant ainsi le savoir total de toutes les choses comme préalable à toute action.

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Pour autant, force est de constater que toutes les sociétés n’ont pas attendu la maîtrise informatisée du traitement des données pour pleinement respecter le vivant et leur environnement. Sans considérer la connaissance scientifique comme superflue, elle demeure néanmoins dans l’incapacité à épuiser la distance entre le sujet et le monde, parce que sa fonction est précisément de tisser une frontière entre les deux, entre un observant et un observé. Ne faut-il pas alors renverser la méthode et considérer l’environnement comme un sujet à part entière avec les mêmes garanties de droits ? Avec cette hypothèse, on écarte le préalable du savoir exhaustif du réel qui se révélait être une impasse. Cette frontière tombée, il est désormais possible d’engager une démarche pleinement éthique car de sujet à sujet, dans le respect des sujets. La récente actualité autour des droits juridiques des choses, et notamment la reconnaissance du fleuve Whanganui comme personne au même titre que tout habitant de Nouvelle-Zélande par le parlement en 2017, est la manifestation de ces profondes mutations qui animent notre rapport au monde. Soulignons ici que ces droits juridiques accordés aux « choses » ont été accordés dans d’anciennes colonies occidentales, sur demande de populations dites « natives ». Le mot « environnement », qui soustend une idée anthropocentrée – il y aurait l’Homme au centre et le reste autour, ne doit-il pas céder la place à une perception holistique du monde, à savoir parfaitement égalitaire ? Sinon, pourquoi la conscience de notre présence au monde ?

Pour l’architecte, cette mutation impacte en profondeur les méthodes du projet : il n’y a plus d’un côté l’architecte, sujet projetant, et de l’autre l’environnement, assujetti au projet. Acteur de la construction dont les effets sur la santé du monde sont aujourd’hui largement documentés, chacun de ses actes est décisif. Il a dorénavant une responsabilité éthique élargie à l’ensemble du vivant. L’architecte en est devenu l’obligé.

Pour assurer avec éthique ses missions de conception des espaces de vie, l’emploi d’outils qui n’objectivent pas le monde s’avère essentiel. En effet, l’éthique du projet ne réside pas tant dans une intégration scientifique du réel dans le projet que dans une considération du monde. Autrement dit, aucunement besoin d’attendre la connaissance du monde et une forme de progrès technique pour agir. Agir avec éthique, c’est engager un rapport direct, plein et simultané avec le réel sans s’appuyer sur un savoir qui met à distance par l’emploi d’outils interposés entre le sujet et son environnement. C’est aussi considérer l’autre (autrui, les autres vivants, le monde) dans toutes ses dimensions y compris dans celles qui nous échappent. Le projet éthique effleure le monde ; il reconnaît le monde sans nécessairement le connaître. Cette attitude ne revendique pas la connaissance du monde mais cherche à lui donner a priori toute sa place pour mieux y prendre place en parfait respect.

Le corps et l’architecte

En conséquence, l’éthique n’impose-t-elle pas un retour dans le monde de l’architecte, c’est-à-dire un engagement de ce dernier avec son corps, pour justement faire corps avec les autres corps ? L’hypothèse d’une réévaluation des outils de l’architecte laisse entrevoir un renouvellement des méthodes de conceptions et envisager une autre manière d’être au monde. Le plein engagement du toucher, de l’odorat, de l’ouïe, voire du goût, au côté de la vue jusqu’à présent largement dominante,

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Retour au monde

offre les possibilités de nouvelles relations élargies avec le vivant. Parallèlement, la considération des fonctionnements physiologiques et notamment les relations entre les êtres vivants et les biotopes ouvre des champs fertiles à la création architecturale.

Agir sur le creux du monde

Au regard des dégâts et désordres produits par l’extension des établissements humains sur l’environnement depuis la révolution industrielle, la tentation est grande pour les architectes de tout arrêter. Ne plus construire serait un acte de résistance. Pourtant, les deux derniers siècles se sont tellement construits à l’écart du vivant, ont produit tellement d’espaces contre et en creux du monde, que ce dernier en est devenu vulnérable. Parions ici que c’est justement sur ces espaces en creux et déjà là qu’il faut désormais intervenir. Système agricoles, rivières, canaux, conurbations, villes, villages, infrastructures, immeubles, maisons, sont en effet les nouveaux champs d’un profond travail d’évaluation et de renouvellement, déjà en mouvement mais qui doit être intensifié. C’est par des actions sur les espaces anthropisés, à toutes les échelles, avec pour ambition de tisser des liens pérennes avec le vivant, qu’il sera possible de faire adhérer les établissements humains au monde. Parions que ce qui relève aujourd’hui de l’anthropique puisse être pleinement adapté pour accueillir l’altérité du vivant. N’hésitons pas à proposer des projets qui transforment radicalement nos espaces et notre rapport au monde. Dépassons les visions courttermistes qui pallient la seule urgence. N’ajournons pas les faisabilités comme les écueils administratifs et ambitionnons des villes vivantes et pérennes sur le temps long.

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si Je ne suis qu’un animal parmi les autres ?

Anne-Lise Dauphiné-Morer Et

Et si, l’artificialisation des sols était notre Nature ? Et si, je n’avais pas à donner la parole à l’autre ? Et si, je n’avais pas à penser à la place de l’autre ? Est-ce que je construirais toujours des passerelles pour les cervidés ?

L’intention de ce texte est de proposer un exercice de pensée, un changement de point de vue, un décentrage. L’intention est, par ce décentrage, de générer des questions nouvelles, des approches autres. Pour cela, ce texte est construit autour d’un « Et si » : Et si je regardais les choses plutôt comme cela ?

La question qui m’est posée aujourd’hui est : comment considérer le non-humain dans ma façon d’appréhender l’espace ? Celle qui vient avant, de mon point de vue, porte sur ce qu’est cette considération. Qu’est-ce que je mets derrière ? Quelle est sa nature, sa motivation ? Je vois dans la considération le rapport aux autres, dont les non-humains. Et c’est, il me semble, en explorant ce rapport qu’on pourra voir apparaître d’autres façons de penser la construction architecturale. Et ce sont ces façons-là qui m’intéressent.

L’hypothèse que l’on va faire tout au long de ce texte, le « et si », est la suivante : aujourd’hui quand on considère l’autre (qu’il soit animal non humain ou encore végétal), c’est toujours en rapport à l’humain. Cette considération de l’autre « pondérée » par l’humain, nous enferme dans des questionnements qui nous excluent du reste du vivant et brident la créativité.

Cette considération pondérée par l’humain prend notamment la forme de la distance entre moi et l’autre. Parce qu’il a des capacités proches des nôtres ou non, je considère l’autre plus ou moins. On tiendra plus compte, par exemple, des espèces qui auraient les mêmes émotions que nous que des autres. Légalement, un chimpanzé et un insecte ne seront pas protégés de la même manière.

On va ensuite hiérarchiser l’autre en fonction de soi, notamment en lui attribuant une utilité (matérielle ou symbolique) ou une nonutilité. La considération varie entre les espèces en voie de disparition (utilité symbolique), par exemple le cerf élaphe, ou des espèces d’élevage (utilité matérielle), par exemple le daim, et celles dites nuisibles (sans utilité), comme par exemple le chevreuil. Ces trois espèces étant pourtant toutes des cervidés. Cette hiérarchisation est bien entendu une conséquence, une extension du premier point. Enfin, le dernier effet de cette considération relative à soi, à l’humain, sa dernière expression, est le « je me mets à la place de ». Par exemple, j’imagine ce que ça fait d’être un cervidé qui vit à côté d’une grande ville en lisière de forêt et je vais construire des espaces en fonction de ce que je pense que l’autre pense. C’est ainsi qu’apparaissent les passerelles pour que les cervidés puissent traverser la ville, la route, etc.

Pour dépasser ces trois écueils, je vous propose trois temps. Au cours de ces temps, nous allons repérer les principales questions issues du cadre de pensée « Nous Et les autres / Contre les autres/ En dehors des autres » et tenter d’aller vers le cadre de pensée « Nous Parmi les autres ».

Premier écueil : la distance de moi à l’autre Le premier écueil, celui de la distance à l’autre, trouve son expression dans la question de l’artificiel et du naturel. Se poser la question du naturel contre l’artificiel sous-entend que ce qui est relatif à l’être humain n’est plus naturel. On agit comme si lui et ses actions, ses impacts, n’étaient plus naturels. Cette question, en sortant l’humain de sa biologie, enferme la pensée. Architecturalement parlant, on restreint la réflexion à « quel impact ai-je le droit d’avoir sur mon

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environnement en l’artificialisant ? ». Pourtant, si je prends l’exemple du termite (Syntermes dirus), il va avoir un impact remarquable sur son environnement. Du haut de ses 1 cm de long, il génère des monticules de déchets faisant jusqu’à 2,5 m de hauteur, c’est-à-dire 250 fois plus grands que lui, ce qui à l’échelle de l’humain donnerait des monticules de 400 m de hauteur. Mais ce n’est pas tout, par le biais de ses galeries il restructure complètement le sol et en modifie la Nature Et si, comme pour le termite, on ne se pose pas cette question de l’humain qui artificialise le sol, mais plutôt de l’humain qui adapte son environnement en fonction de ses besoins ? Il apparaît alors que nos besoins sont relatifs à notre environnement et à ce qui nous entoure. La question se déplace de « comment tenir compte de contraintes de non-artificialisation d’un sol » à « comment je fais pour que ce sol me soit pérenne et me permette de vivre longtemps ».

Ce premier pas de côté n’est pas encore suffisant. Cette question reste bien trop anthropocentrée de par son approche relative aux besoins de l’humain et à sa pérennité. Nous sommes toujours dans « le Nous Et les Autres ».

Deuxième écueil : Au-dessus ou en dessous ?

Les autres sont à considérer. Mais quelle est la nature de cette considération ? Je vais prendre l’exemple de la considération de « minorités » dans notre société. Souvent on entend, par ceux qui détiennent déjà la parole, (et sont donc détenteurs d’un certain pouvoir) le fameux « Je vais donner la parole à ». Que font ces personnes ? Elles gardent le pouvoir en décidant, en considérant qui mérite d’avoir la parole, de s’exprimer. Or, en tant que femme, j’estime que j’ai la parole de fait La parole que j’ai, existe de fait. Elle n’est pas tributaire de la volonté de la considérer ou non de la part de celui qu’on dira puissant. On ne me donne pas la parole, je la prends. La question pour le puissant n’est alors plus « à qui je dois donner la parole » mais plutôt « comment je laisse la parole ? », « comment je me tais ? ». Ainsi, entendre que cette parole est de fait, c’est-à-dire qu’elle existe quoi que j’en pense, impose de passer de la question « comment je donne la parole et à qui » à « comment l’entendre ? » et donc « comment me taire et écouter ? ». Cela impose donc un nouveau décentrage. Dans la question de l’architecture et des autres espèces, cela pourrait se traduire du passage de « je considère que les pigeons et les chats n’ont rien à faire en ville » ou encore « je considère que les cervidés ont le droit de passer sur le pont » à, de fait, ces autres espèces existent. Elles existent dans cet espace alors, « comment je les laisse posséder et modifier cet espace ? », autrement dit « comment je fais pour me taire et les écouter ? ». Finalement, on passe d’une considération morale, éthique ou encore de droit, à une considération de fait, ce qui ouvre sur la question :

Qu’est-ce que cela veut dire en architecture qu’être en mesure d’écouter l’autre ?

Troisième écueil : à la place de Le risque de cette question, celui à éviter, est le troisième écueil de la pensée majoritaire, le « je pense à la place de ». Ne pas penser à la place de l’autre, pour ne pas tomber toujours dans ce même écueil de se dire qu’il n’existe pas vraiment sans moi, en dehors de moi. Me mettre à parler à sa place peut se traduire par « Untel aurait dit que ». Mais alors, comment je fais pour laisser un espace de parole à l’autre ? Surtout qu’ici l’autre est multiple, que je ne peux pas concevoir ces autres dans leur totalité et que certainement, certains de ces autres ne me conçoivent même pas ? Et même si j’arrivais à concevoir ces

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espèces, je ne peux pas penser à leur place : comment rendre belle une ville pour un pigeon ? Est-ce que déféquer sur la ville n’est pas une manière pour lui de l’esthétiser ? Ou encore de lutter, de protester contre cet aménagement de l’espace ?

Voici la proposition que je soumets : faire avec le Et si. Et si, plutôt que de me demander ce que pense l’autre, on se demandait quelles sont ses intentions ?

Les intentions – quelles que soient leurs formes – ce n’est pas l’individu lui-même, c’est une expression de lui à un moment donné. Cette temporalité, ce décalage, cette distance, lui laissent l’espace d’exister de fait. En architecture, quand j’occupe l’espace, j’ai un impact sur ceux qui vivaient, vivent et vivront là. On pourrait être tenté (notamment avec l’approche que l’on tente de déconstruire ici), de minimiser voire d’annihiler cet impact. Mais cela n’est pas possible, je finirais par ne rien faire. Et si, sachant que je vais avoir un impact, je me demande comment je laisse à l’autre le choix de réagir à cet impact-là ? Comment je fais pour laisser à l’autre la responsabilité de ce que je lui fais dans ma construction architecturale ? Autrement dit, comment je pense l’espace pour que l’autre puisse faire un choix, et puisse me l’exprimer ? Comment je crée des espaces qui me permettent d’entendre, de voir le choix de l’autre ? Si on reprend notre exemple de la passerelle, et si plutôt que de faire cette passerelle, je créais un espace où lorsque les autres espèces ont envie de venir, elles viennent, lorsqu’elles ont envie de modifier l’espace, elles le modifient ?

N’étant pas une architecte moi-même, je ne peux imaginer, sans tomber dans un des trois écueils décrits ici, quel(s) impact(s) ce texte pourrait avoir sur une réflexion architecturale. Cependant, je peux vous proposer encore un pas vers ce et si, en vous invitant dans l’espace de réflexion suivant :

■ Et si, je dois imaginer un dispositif qui laisse le choix à cette multitude – multitude que je ne peux pas imaginer réellement –de prendre part ou pas à ce projet ?

■ Et si l’élément clé de voûte d’un projet est « je laisse le choix à l’autre – quel qu’il soit, animal, végétal – d’accéder, de vivre et de modifier cet espace » ?

Dans cet espace, finalement, construiriez-vous une passerelle pour les cervidés ?

Et surtout, quels espaces (de réflexion) allez-vous inventer ?

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de l’architecture à l’épreuve de l’Anthropocène

Léa Mosconi Le langage

En 1986, juste après la catastrophe de Tchernobyl, le sociologue allemand Ulrich Beck écrivait dans La société du risque : « Nous avons appris à répondre aux menaces de la nature externe en construisant des cabanes et en accumulant des connaissances. Mais nous sommes livrés quasiment sans défense aux menaces industrielles de cette seconde nature intégrée au système industriel.1 » Quel est le langage des cabanes de la seconde nature ? Est-il possible d’identifier des caractéristiques, un vocabulaire, voire un registre esthétique que mobiliserait l’architecture à l’épreuve de l’Anthropocène ? Ce texte propose d’explorer les conditions d’apparition de cette architecture du nouveau régime climatique2 et de saisir si celle-ci s’accompagne de la constitution d’un nouveau langage ou d’une nouvelle méthodologie de projet.

La difficulté d’un récit composite

La question écologique s’affirme nettement dans la société à la fin des années 1980 : ce récit autour de l’environnement est alors aussi bien porté par différents événements mondiaux comme la création du GIEC fin 1988, la diffusion de son premier rapport en 1990, le sommet de la Terre de Rio en 1992, qu’il est exploré dans divers ouvrages, parfois dissonants, comme Les trois écologies de Félix Guattari (1989), Le contrat naturel de Michel Serres (1990), Nous n’avons jamais été modernes de Bruno Latour (1991) ou encore Le nouvel ordre écologique de Luc Ferry (1992). Ce récit écologiste est pluriel, largement polarisé autour de trois approches richement documentées par les historiens de l’environnement Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz3 , à savoir celle de la croissance verte, issue d’un capitalisme qui n’aurait pas renoncé au progrès ni à l’industrie et qui en proposerait une version écologique, celle de la décroissance rouge, ancrée dans une vision marxiste de la société et en rupture avec le monde néolibéral, et enfin celle de la collapsologie, portée par l’idée d’une eschatologie écologique certaine.

Dans le milieu de l’architecture, on observe cette même multiplicité dans l’appréhension de la question environnementale qui est aussi bien portée par des discours autour d’un développement durable vert et d’une ingénierie verte, qu’elle est défendue par des discours autour du remploi, de l’écologie urbaine ou de la mésologie. Au-delà de la question politique et du clivage croissance-décroissance, la question écologique en architecture est particulièrement composite de par les multiples approches possibles, aux enjeux parfois contradictoires. Prenons un exemple. Les recherches menées par la LPO, la Ligue de protection des oiseaux, et la Mairie de Paris, montrent que la capitale a vu sa population de moineaux chuter de 72% entre 2003 et 20164 . Une des causes identifiées est le manque d’anfractuosités dans la ville notamment imputable aux rénovations thermiques des bâtiments et à la généralisation de l’isolation thermique par l’extérieur. Pourtant, cette rénovation thermique est un des piliers d’un projet architectural vertueux en termes d’énergie. Dans ce cas spécifique, ce sont donc deux approches de l’écologie, celle de l’énergie et celle de la biodiversité, qui se retrouvent en contradiction, générant l’une et l’autre une résolution formelle ainsi qu’ un vocabulaire différent. D’une démarche technophile à une démarche low-tech, de la question de l’intégration au milieu à celle de l’énergie, l’architecture écologique est donc parcourue par des approches multiples et par une très grande hétérogénéité. Est-ce le caractère composite du récit qui rend difficile l’identification d’un langage ? Peut-être. Faisons un pas de côté et prenons l’exemple de l’architecture postmoderne.

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Elle est elle-même très composite, diverse et multiple, c’est d’ailleurs en partie ce qui la caractérise. Pourtant, l’architecture postmoderne construit un langage, que Charles Jencks5 et d’autres critiques d’architecture ont largement documenté. Comment le postmoderne transforme-t-il l’hétérogénéité en langage quand la pluralité des démarches écologiques semble neutraliser toute identification formelle ?

On peut faire aisément l’hypothèse que le caractère composite de l’architecture écologique ne suffit pas à expliquer que nous éprouvions des difficultés à en établir le langage. Par exemple, l’architecture écologique qui a dominé les années 2000, l’architecture durable, se caractérise, en partie, par le fait qu’elle pénètre massivement l’ensemble de la production architecturale sans en modifier l’allure. Elle ne propose pas un nouveau langage : les dispositifs énergétiques qu’elle articule sont discrets et souvent sans implications formelles majeures. Seule peut-être la généralisation de l’isolation thermique par l’extérieur, comme le montre très bien l’article « Date de péremption, voir l’emballage6 » de la critique d’architecture Ariane Wilson, induit subtilement un langage légèrement différent.

Un récit sans théorie ?

Si nous poursuivons le parallèle avec l’architecture postmoderne, on peut émettre l’hypothèse que si celle-ci construit un langage, c’est peut-être aussi car elle construit en premier lieu un discours théorique fort et structuré. Ce discours est porté par des ouvrages majeurs de l’histoire de l’architecture, comme Le langage de l’architecture postmoderne de Charles Jencks (1979) ou encore De l’ambiguïté en architecture de Robert Venturi (1966), par des débats parfois houleux entre théoriciens du mouvement moderne et du postmodernisme et enfin par des expositions mettant en tension les divergences idéologiques et formelles entre néo-modernes et postmodernes. La théorie sur laquelle l’architecture postmoderne s’appuie est solide et dense, ce qui lui permet d’ancrer un langage fécond et facilement identifiable.

L’observation des conditions d’affirmation de la question écologique chez les architectes nous offre quelques pistes pour comprendre la fragilité de la théorie de l’architecture écologique. La considération pour l’environnement se développe dans le milieu de l’architecture des années 1990 et 2000 en deux temps.

D’une part par les pionniers, qui dès les années 1990 (et même souvent dans les décennies précédentes), s’engagent dans leurs discours comme dans leurs projets pour une architecture écologique : ces pionniers ne génèrent pas un débat théorique structurant dans le milieu de l’architecture, ou du moins celui-ci reste à la marge.

D’autre part, les sommets mondiaux sur le climat institutionnalisent la question écologique et participent au développement d’une réglementation énergétique qui touche fortement le bâtiment dès le début des années 2000 ; les entreprises du bâtiment et les maîtres d’ouvrage s’emparent de cette question : de nouveaux marchés se développent, et la question écologique, après avoir été institutionnalisée, est soutenue et portée par les constructeurs. Les différentes instances du milieu de l’architecture, notamment le Conseil national de l’Ordre des architectes, font alors de l’écologie une question majeure et inévitable : celle-ci investit massivement l’ensemble de la production architecturale dès le milieu des années 2000. Les conditions même de l’émergence de l’écologie chez les architectes ne sont pas propices à instaurer un débat théorique profond, l’écologie étant brutalement

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imposée aux architectes par les instances dominantes (politiques, financières, institutionnelles) sans qu’elle ait généré un débat d’idées au sein de la profession.

Une bifurcation de la méthode

Certes, il est difficile d’identifier le langage du récit composite que construit l’écologie dans le milieu de l’architecture. Certes, la théorie de l’architecture écologique est peut-être encore un peu fragile et encore assez peu structurée au regard de la théorie de l’architecture du mouvement moderne ou de la théorie de l’architecture postmoderne. Alors que fait l’écologie à l’architecture ? Si l’on observe les implications du nouveau régime climatique sur le projet d’architecture dans sa globalité, si l’on examine ce qu’apportent les différents travaux et outils des sociologues, historiens, anthropologues et philosophes de l’environnement à la conception architecturale, on peut constater alors quelques vacillements stimulants. C’est peut-être là, au creux de la méthode de projet, que se loge le vrai bouleversement qu’opère le récit écologiste. Les travaux du philosophe Bruno Latour, largement mobilisés dans les écoles d’architecture, dans les laboratoires de recherche comme dans les discours de certains architectes, semblent avoir participé à faire muter les outils de la conception architecturale7. Le philosophe, qui a profusément contribué à penser notre héritage moderne de même que la crise écologique, a aussi construit des dispositifs tout en proposant des méthodes pour penser le projet dans un monde soumis au nouveau régime climatique. La théorie de l’acteur réseaux, qu’il a construite avec Michel Callon et Madeleine Akrich dans les années 1980, est mobilisée dans le processus de projet pour en appréhender les ramifications, donner à lire le rôle des actants, et rendre compte de la complexité des situations. L’outil de la cartographie de la controverse, vision didactique de la théorie de l’acteur réseaux développée par Latour, est aussi déployé dans les séminaires et ateliers de projet de certaines écoles d’architecture, comme dans les agences de certains architectes. Si la pensée de Latour nourrit les questionnements du monde de l’architecture sur la crise des valeurs modernes et sur l’eschatologie écologique, elle percute surtout le projet d’architecture dans son processus de conception. Faire parler les actants, donner une voix aux populations de loutres, au trou de la couche d’ozone comme au ruisseau qui déborde, c’est opérer un décentrement dans la manière dont on pense et fabrique le projet. C’est également ce que proposent les philosophes et commissaires d’exposition Kantuta Quirós et Aliocha Imhoff dans l’ouvrage Qui parle (pour les non-humains)8 en explorant les outils à mettre en place pour faire parler ces actants silencieux, par des dispositifs de traduction, de porte-parolat, des protocoles d’attention pour porter la voix de ceux qui n’en n’ont pas. C’est aussi la figure de l’architecte qui est interrogée, qui passe de l’architecte auteur à l’architecte enquêteur dont le rôle est de restituer, dans sa complexité, le territoire du projet et la diversité de ses habitants.

En 1988, l’architecte et professeur Anatole Kopp publiait l’ouvrage Quand le moderne n’était pas un style mais une cause9 , questionnant dans une époque postmoderne aux déploiements de langages gesticulants, le dévoiement des idées en style. Si la thèse de l’Anthropocène a bouleversé sans ménagement le monde de l’architecture, sa faible implication formelle est peut-être l’indice que le langage est encore en gestation ou que l’ancrage théorique sur lequel s’appuie cette architecture de la transition est encore fragile. C’est peut-être,

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et surtout, également l’indice que l’architecture à l’épreuve de l’Anthropocène interroge les conditions même de sa conception, de sa production et de sa réalisation, questionne ses méthodologies et affine ses outils. De ces outils, de cette méthode, vont peut-être émerger une architecture des actants, à l’affût des indices lui permettant de concevoir des lieux où cohabitent humains, vulpes, coléoptères, et bien d’autres.

1 Ulrich Beck, La société du risque. Sur la voie d’une autre modernité, Traduction de Risikogesellschaft (1re éd. Suhrkamp Verlag, 1986), Aubier, 2001, p. 9.

2 Expression empruntée à Bruno Latour, qu’il déploie notamment dans Face à Gaïa, huit conférences sur le nouveau régime climatique, La Découverte, 2015.

3 Voir notamment Christophe Bonneuil, Jean-Baptiste Fressoz, L’événement anthropocène, la Terre, l’histoire et nous, Le Seuil, 2013.

4 LPO Île-de-France (lpo-idf.fr) : https://lpo-idf.fr/?pg=do&sj=30

5 Voir Charles Jencks, Le langage de l’architecture postmoderne, Londres Academy, 1979.

6 Ariane Wilson, « Date de péremption, voir l’emballage », Criticat, n°17, 20160, pp. 89-113.

7 Margaux Darrieus, Léa Mosconi, « Bruno Latour ou le retour de la philosophie en architecture » AMC, annuel 2022, janvier 2023.

8 Kantuta Quiros, Aliocha Imhoff, Qui parle ? (Pour les non-humains), PUF, 2022.

9 Anatole Kopp, Quand le moderne n’était pas un style mais une cause, École nationale supérieure des beaux-arts, 1988.

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L’école-village ou comment un programme spécifique peut dépasser ses propres usages pour revitaliser un tissu de centre-bourg

?

Édouard
Thomas Lecourt Studio Rijsel
Cailliau

l’occasion de la première session des Villes vivantes, nous avions poursuivi nos réflexions entre le programme spécifique de l’école et le dépassement de ses propres limites pour revitaliser les tissus de centres-bourgs. Notre proposition de « l’école-village » alors primée en 2021 dans le cadre d’E16 mettait en regard la réalité construite avec les réflexions plus prospectives que peut impliquer ce programme de l’école. Ce sont ces idées qui sont développées ici sur la question des villes vivantes.

Nous avons pris conscience, en intervenant dans les tissus ruraux et de centres-bourgs, que nous devions les considérer comme des éléments fragilisés. Paradoxalement en place depuis des décennies, ils ont subi, au fil du temps, des altérations à plus ou moins grande échelle, métamorphosant les usages en place. Ainsi, avec l’individualisation des modes de vie, l’emménagement de foyers dans ces communes sans y travailler, les lieux de communauté d’avant (épiceries, petits commerces, cafés, marchés, etc.) ont été vidés par les zones d’activités et les centres commerciaux des villes proches. De plus, un manque de réflexion sur l’harmonisation, la conservation de ces paysages urbains les a complètement déstructurés. En effet on peut lire sur les photos historiques du début du XXe siècle une grande homogénéité dans ces compositions, un ensemble de briques rouges, de tuiles et de pavés qui conférait une grande puissance minérale. Ce n’est plus le cas aujourd’hui après que chacun a entrepris ses travaux de rénovation sans garde-fou, sans ligne directrice, recouvrant la brique d’un enduit blanc ou remplaçant les menuiseries en bois par du PVC blanc.

L’enjeu est alors double, esthétique et fonctionnel, mais il pose pourtant la même question : Comment donc « refaire village » pour revitaliser ces tissus ?

Le programme de l’école est un invariant dans ces communes (quand il n’a pas été mutualisé par les intercommunalités, mais c’est un sujet à part entière). En effet contrairement à d’autres programmes culturels ou sportifs, il est difficile de transiger avec l’école. La ville ou le village se doit d’offrir à ses habitants des lieux d’éducation bien dimensionnés et en bon état. Pour autant c’est souvent dans un caractère de « presque trop tard » que les appels d’offre paraissent. Nous avons fait des visites où les enfants étaient accueillis dans des conditions terribles, eu égard au non-entretien de ces bâtiments communaux datant des années 50.

Le programme, généralement lapidaire, tente alors de résorber l’état existant. Pas de planification à moyen et long terme, à l’échelle d’un village voire à plus grande échelle, juste la réponse à un état de détérioration et d’évolution de la population qui tente de profiter des subventions disponibles. Ainsi, un énoncé classique des programmes scolaires en milieu rural que l’on peut rencontrer est : « Suite à la construction d’un nouveau lotissement dans la commune, le village souhaite réhabiliter thermiquement son école, la doter de deux classes supplémentaires et agrandir son espace de restauration ».

Comment transformer cette commande de base en dézoomant, en imaginant les usages non pas de l’école en tant que telle mais de tout un village, avec ses porosités, ses parcours, ses temporalités ?

Au-delà du programme en lui-même, donc de la mission de programmation de définition des besoins purs, il nous semble nécessaire de procéder à un diagnostic à plus grande échelle en amont de l’édition de

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tout appel d’offre. Cet audit est pour nous le moment de porter l’ambition du village sans se heurter à des problématiques ni trop techniques ni trop économiques. Cette réflexion sur les potentialités du village nous l’avons menée lors de la dernière édition d’Europan dans un projet nommé « l’école-village. » Nous pensons à l’école-village comme un anti-modèle. Elle n’a pas de forme. Elle n’est pas reproductible. C’est une ultra-contextualisation. À la manière d’un médecin de campagne nous diagnostiquons des maux à intensité variable auxquels des dispositifs spatiaux et architecturaux vont tâcher de répondre : La place du village est-elle au bon endroit ? Est-elle justement dimensionnée ? Que faire de l’ancien café ? Le marché hebdomadaire répond-il aux besoins des habitants ? des producteurs ? Les espaces publics accueillent-ils les bons usages ? dans les bonnes temporalités ? Le réseau viaire est-il optimisé ? sécurisé ? Existe-t-il du foncier disponible ? Quel est l’état du patrimoine architectural et paysager ? Ces questions vont ouvrir la voie non pas à une débauche de dispositifs architecturaux, s’accumulant et engendrant une construction neuve « forcée », mais bien à l’optimisation maximale des forces en présence qui sera rendue possible par la réalisation de quelques catalyseurs. Ils agiront comme des relais ou des impulsions qui permettront d’incarner, de faire exister l’école-village. Il peut s’agir de la réhabilitation de l’école qui va partager ses usages comme la pratique sportive, le restaurant scolaire, des salles de réunion qui serviront aussi aux habitants le soir comme le week-end. Il peut s’agir aussi d’une halle en bois sur la place du village qui abrite le marché dans de meilleures conditions en même temps qu’elle favorise l’installation d’une partie d’agriculture urbaine. Cette dernière bénéficierait alors d’une vitrine. La halle pourrait également héberger des pratiques sportives comme des cours de fitness ou de danse (quartier libre, Lille-Vauban). C’est un processus qui doit à la fois porter l’ensemble des usages et ambitions possibles dans le village (et il existe beaucoup d’initiatives, notamment les nouveaux programmes de tierslieux) tout en développant des dispositifs économiques capables de mutualiser un maximum d’équipements dans le but d’optimiser les dépenses. Corrélativement il s’agit aussi de réduire les interventions au minimum pour un maximum d’effet sur le centre-bourg, en replaçant ainsi dans un second temps l’intervention architecturale au centre de la revitalisation de la vie du village.

Comment l’architecture peut-elle s’intégrer, initier des interactions culturelles et sociales ?

La commune de Vendegies-sur-Écaillon souhaitait déplacer l’école maternelle de l’autre côté de la nationale, dans le but d’éviter aux enfants de la traverser pour rejoindre la cantine. L’exemple de Vendegies-surÉcaillon nous force à penser que le programme de base – sans pouvoir se métamorphoser, puisque la logique de marché public, par la mise en concurrence, incite à un respect du programme – peut bien s’adapter à la réalité du terrain et ses différents potentiels. Dans une procédure adaptée, nos interlocuteurs réguliers et immédiats sont les élus euxmêmes (maire, adjoint travaux, adjoint finances, adjoint culture et enfance, etc.). Dans ces projets – onéreux à l’échelle de la commune

l’ensemble des interlocuteurs se mobilise, dépassant l’enjeu de « la construction du mandat ». C’est donc dans le développement du projet que les échanges prennent en substance et en valeur : énoncé des états de fait, des difficultés, des envies, tout en nourrissant les

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besoins lapidaires originels. Les possibilités de l’école-village apparaissent dans ce temps d’études. En ce sens, le village est un incubateur de nouveaux programmes.

Ces interactions fertiles – avec le programme, le quartier,  le paysage ou la biodiversité – sont introduites par l’entremise du dialogue mené entre le programme de l’école qui se reconnecte aux usages du village. Au travers de l’évocation concrète des dispositifs architecturaux mis en place, nous invitons à découvrir des facettes de la ville vivante : semer le potentiel pour de nouveaux usages.

Le terrain choisi est issu de la préemption par la mairie de parcelles de maisons individuelles démolies. Présentant une forte déclivité pour le Nord (3 m), il offre – en partie haute – une échappée sur le paysage lointain. Encerclé de programmes publics (cantine, école primaire, périscolaire, salle des fêtes, église) historiquement tournés vers les voies extérieures, le site est vaste, dépourvu de structure. Il énonce les enjeux : clarifier la structure urbaine en introduisant des interactions programmatiques.

L’école conserve une forme d’intériorité, puisque implantée en cœur d’îlot. Pour autant, nous avons choisi de l’ouvrir – de manière maîtrisée –, en opérant un travail minutieux de dialogue avec l’existant. L’école, traversée, est rendue « marchable », trait d’union dans la ville favorisant la revitalisation du tissu urbain.

La topographie dont hérite le site est l’outil œuvrant au parcours de l’école. Si l’ancienne école était située en contrehaut, l’installation de la nouvelle école dans le sens de la pente accentue les qualités du parcours. La traversée se matérialise par la galerie – un nouveau volume – dont la longueur qualifie le nouvel espace public issu de la fragmentation de la cour des primaires. Ainsi, la structuration du lieu géométrise la cour des primaires, tandis qu’un espace paysager est défini en contrebas. Un second mouvement, perpendiculaire, renforce le caractère liant de l’école, entre église et presbytère.

Si l’école est traditionnellement hermétique à son environnement proche, la gestion des limites et le rapport au paysage permettent de renforcer le lien avec l’existant en conservant son rôle protecteur. À la fois limite et ouverture, un mur rideau se déploie sur toute la longueur du bâtiment perpendiculairement à la pente. Cette transparence instaure un dialogue entre les enfants et le village en créant des interactions de part et d’autre de ces deux mondes. En rehaussant cette circulation, le regard est élevé au loin, vers le grand paysage, inscrivant ce spectacle dans le quotidien des enfants. Au contraire, la cour des maternelles est fermée pour des raisons de sécurité, s’installant d’ailleurs à l’endroit le plus abrité du site. Un mur d’enceinte en briques, empruntant sa matérialité aux bâtiments avoisinants, chemine en s’adaptant au déjà-là : des fondations existantes, une tombe à conserver ; le pignon du presbytère sur lequel s’adosser. La ligne de crête découpe un paysage de cimes d’arbres et de toitures qui vient s’incarner à travers deux grands cadrages vers le jardin du presbytère.

Le second enjeu, de l’ordre de la vie en communauté, est favorisé par les interactions programmatiques. Comprendre le cycle des habitudes quotidiennes de Vendegies-sur-Écaillon amène une amplitude d’usages selon les temporalités du projet. Cela fonctionne par l’intégration de divers dispositifs architecturaux initiant des ambitions au-delà du programme de l’école.

La topographie imposant un système structurel adapté, l’école se dote d’un socle en béton accueillant les organes techniques et libérant le plateau haut. Dans un enjeu de tissage, ce socle héberge un vaste local de rangement à destination des services techniques municipaux voisins.

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Ensuite, le dispositif de galerie qui relie l’ancienne et la nouvelle école tout en protégeant les enfants de la pluie et des vents dominants qui empêchaient l’usage confortable de la cour, se caractérise comme évolutif. Nous y avons aussi intégré un espace de vie – actuellement la tisanerie des enseignants – opportunité pour de futurs usages qui prendront place dans la cour du haut. Cet ancrage est rendu possible par la présence d’une petite cuisine et de sanitaires. Par la simplicité de ce geste – imprévu – la cour peut accueillir en toute autonomie une cérémonie, un événement de village ou un cinéma en plein air et ce, au cœur d’un site sécurisé.

La flexibilité du bâtiment est renforcée par la mise en œuvre d’une charpente métallique. Elle est choisie pour son efficacité et sa rapidité de mise en œuvre, tissant un lien de parenté avec les constructions vernaculaires environnantes – hangars agricoles. La portée donne l’orientation en plan, installant l’école entre cour et couloir. À nouveau, un traitement particulier est donné aux programmes communs. En se dotant de portes accordéons, la salle d’activités – aussi périscolaire – devient un espace tampon. Si elle relie la cour et la galerie, elle peut s’ouvrir complètement à la ville, en reliant l’église et le presbytère en dehors du temps scolaire, dans le cadre de kermesses ou d’événements culturels et sportifs. La structure métallique se déploie jusque dans la galerie, suggérant la finesse voulue dans le dialogue haut/bas. Enfin les dispositifs vitrés apportent tantôt la transparence et les cadrages lointains ; tantôt un jeu de reflets mettant en scène ciel et environnement ; tantôt révélant la domesticité des espaces de l’école par la chaleur des aménagements en bois intérieurs.

L’école, inscrite au cœur du village, tisse une relation étroite et nouvelle avec celui-ci. Son écriture linéaire et discrète ne perturbe pas la lecture du paysage existant en place depuis des décennies. Pour autant, la galerie métallique, d’écriture plus contemporaine, devient un fil conducteur, à la fois d’une nouvelle image au cœur du village et support du potentiel de vie au sein de l’école en interaction avec le village.

Ce rayonnement créé par l’école de Vendegies au profit des habitants et du village résonne avec notre proposition de l’école-village primée à Europan. Nous sommes convaincus que, par ce type de programme et d’échelle, l’architecture peut participer à « faire village », à tisser des liens entre les habitants par les opportunités qu’elle offre au-delà de la réponse à son propre programme. Dépasser les limites, franchir les seuils, permet d’incarner le rôle social de l’architecte et de travailler sur l’éducation au sens large du terme. Apprendre à vivre en communauté, tisser les liens entre les générations, créer une économie de village, grandir ensemble dans des conditions qui « rendent possible » sont autant de thématiques à profondément valoriser dans les réponses qu’apportent les architectes dans ce type de programme en écho aux villes vivantes.

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Le thème européen

Villes vivantes 2 : Ré-imaginer des architectures en prenant soin des milieux habités

Annexe

La session Europan 17 se donne comme objectif de continuer autour du même thème qu’Europan 16 Villes vivantes en approfondissant ces évolutions de contenus et de méthodes de la conception.

Il s’agit de se poser la question des capacités régénératrices des milieux vivants autour de nouvelles écologies architecturales, urbaines et paysagères, tentant de dépasser l’opposition nature-culture et l’anthropocentrisme dans des temps marqués par les perturbations et l’urgence climatique.

La possibilité même de vivre est désormais en question pour tous étant donné l’excès des consommations des ressources naturelles par certains groupes humains au détriment des besoins de la population totale, dépassant ce que la planète Terre peut renouveler.

Urgence climatique, surexploitation, pollution, inégalité et iniquité, autant de bouleversements et de désorientations qui en appellent à des actions du care ou prendre soin pour ménager les coexistences et le tissage du vivre-ensemble, ce qui s’inscrit dans un radical changement de paradigme. Joan Tronto, une des principales théoriciennes politiques de l’« éthique du care » le définit comme « une activité caractéristique de l’espèce humaine incluant tout ce que nous faisons en vue de maintenir, de continuer ou de réparer notre “ monde ” de telle sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible ». Ce qui suppose de s’inscrire dans une reconnaissance des appartenances et interactions en jeu dans les situations qui seront proposées au concours. Pour Europan 17, les contextes se situent dans un changement d’approche pour penser et produire l’espace de manière plus immersive afin de prendre soin des milieux vivants. Se pose la question de l’habitabilité de la planète Terre associée à des enjeux aussi bien de métabolisme (nouvelle gestion des flux d’éléments naturels, de matières et d’humains avec un objectif de développement d’économies circulaires) que d’équité et de solidarité (inclusivité des acteurs dans les processus) qui étaient déjà partiellement à l’œuvre dans les contextes d’Europan 16.

Comment ré-imaginer des architectures qui s’incarnent dans des « visions » et des « récits » du devenir des sites entre présent et futur ?

Face à ces challenges territoriaux, il est plus que nécessaire de créer des reconfigurations spatiales complexes, globales et dynamiques, dans les milieux habités endommagés afin de revitaliser des communautés biologiques et humaines.

L’approche par le prendre soin induira des logiques de projets innovantes, dynamiques et variées qui doivent se croiser :

■ Produire une compréhension active du déjà-là, une intelligence des situations ;

■ Réparer les territoires / espaces maltraités par soustraction et recréation ;

■ S’engager dans des projets urbains sobres (consommation foncière réduite) et dans des projets architecturaux économes en matières, en technicité, en énergie, attentifs aux ressources dans leur impact sur la Terre ;

■ Renforcer, régénérer ou créer des qualités d’hybridité nature / culture ;

■ Relier l’échelle de réflexion stratégique et dynamique des territoires (les grands enjeux écologiques structurants) à celle des espaces de proximité à repenser (espaces du quotidien et espaces partagés) ;

Annexe

■ Imaginer / créer aujourd’hui des architectures en pensant la relation temps présent / temps futur et donc leur fabrication et leur adaptabilité temporelle (développement durable) ; Prendre en compte dans les projets des processus de conception et fabrication impliquant l’ensemble des acteurs dans leur diversité et leurs rôles. Pour atteindre cette complexité, les situations qui seront retenues pour le concours Europan 17 doivent permettre que les projets rendus puissent activer dans différents contextes et à différentes échelles :

■ Des liens de symbiose entre le monde vivant et le monde culturel, des relations vitales entre êtres humains et non humains ;

■ Des synergies spatiales (actions menées de concert entre éléments, organes ou parties prenantes différents) : ce sont des types de reliances naturelles et culturelles à différentes échelles ;

■ La prise en compte des temporalités (cycles et rythmes du vivant et du social) dans des projets-processus.

Par le comité scientifique d’Europan Europe

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Cahier iconographique : Petite archéologie visuelle des Villes vivantes à partir des archives d’Europan, sélectionnées par Louis Vitalis et Ruben Madar, à partir des projets :

p. 71 De la ville à la campagne, projet mentionné sur le site de Pays de Dreux, Europan 15, Dinh-Luan Pham,Renzo Colin, Louise Le Marc Hadour, Lucile Pasche.

p. 72 Field work, projet lauréat sur le site de Triel-sur-Seine, Europan 10, Valérie Helman, Magali Euverte, Isabelle Kite, Severine Lucas & Fenêtre sur ciel, projet lauréat sur le site de Dunkerque, Europan 2, Antoinette Robain, Thierry Lacoste.

p. 73 Suites Europan 13 à Goussainville, Collectif Hyacinthe s’Imagine : Carla Bazi, Camille Le Bivic, Frédéric Blaise, Guillaume Duranel, Julia Lenoir, Florent, Vidaling ; Societé Fernand Pose.

p. 74 Les champs des possibles, projet mentionné sur le site de Seihl, Europan 10, Ilham Laraqui, Marc Bringer & Des histoires de jardins, projet lauréat sur le site de Dunkerque / Grande-Synthe, Europan 3, David Trottin, Emmanuelle Marin-Trottin, Nicolas Borel, Olivier Fontvielle, Anne Ponscarme.

p. 75 Entre pierre et jardin, projet lauréat sur le site de Saintes, Europan 3, Armand Nouvet, Thibaud Babled, Laurent Berger, Marc Reynaud, Cyrille Véran.

p. 76 La nature au quotidien, projet mentionné sur le site de Hénin-Carvin, Europan 8, Fabien Gantois.

p. 77 Entrecroisements, projet mentionné sur le site de Fosses, Europan 12, Morvan Rabin, Alline Correa Bouric, Vincent Prié.

p. 78 Cultivating the city, projet lauréat sur le site d’Amiens, Europan 14, Adèle Ribuot, Cléo Borzykowski, Laura Castagne, Antoine Gabillon, Agnès Jacquin, Charlotte Rozier.

p. 79 Suites Europan 13 à Goussainville, Collectif Hyacinthe s’Imagine : Carla Bazi, Camille Le Bivic, Frédéric Blaise, Guillaume Duranel, Julia Lenoir, Florent, Vidaling ; Societé Fernand Pose.

p. 80 Suite Europan 12 à Marseille, Concorde (mandataire) : Simon Moisière, Nicolas Persyn, Jean Rodet, Adrien Zlatic, Wagon Landscaping (paysagiste), CEC WRD (BET), Erilia (MOA).

p. 81 La fourmilière, projet mention spécial sur le site de Toulouse, Europan 14, Hélène Grosdidier, Arnaud Jouanchicot & Suite Europan 12 à Marseille, Concorde & De la ville à la campagne, projet mentionné sur le site de Pays de Dreux, Europan 15, Dinh-Luan Pham,Renzo Colin, Louise Le Marc Hadour, Lucile Pasche.

p. 82-83

Suite Europan 12 à Marseille, Concorde & Articulations productives, projet lauréat sur le site de Guebwiller, Europan 14, Meriem Chabani, Etienne Chobaux, John Edom.

p. 84 Limites avec vues, projet lauréat sur le site de Montbéliard, Europan 6, Éric Dolent, Alexandre De Muizon, Philippe Maillols, Anthony Roubaud, Sophie Dumas, Damien Laurens & Field work, projet lauréat sur le site de Triel-sur-Seine, Europan 10, Valérie Helman, Magali Euverte, Isabelle Kite, Severine Lucas.

p. 85 Si tu vas faire les courses, emmène les enfants faire du sport, projet mentionné sur le site de Belfort, Europan 4, Stéphane Pertusier, Anne-Cécile Comar, Philippe Croisier & Anastrophe végétale, projet mentionné sur le site de Eckbolsheim-Wolfisheim, Europan 7, Daniel Gasser, Sébastien Arnold, Luc Perret, Véronique Schoeny.

p. 86 De la ville à la campagne, projet mentionné sur le site de Pays de Dreux, Europan 15, Dinh-Luan Pham,Renzo Colin, Louise Le Marc Hadour, Lucile Pasche.

p. 87 Jurassic Parks, projet lauréat sur le site de Besançon, Europan 14, Clara Loukkal et Benoît Barnoud & 95 secondes de surprise, projet lauréat sur le site de Strasbourg, Europan 5, Bruno Ressouche, Laurent Gonin, Saïd Bara, Denis Charlemagne.

p. 89 Field, projet lauréat sur le site de Bordeaux, Europan 9, Lorenzo Bronner, Andrea Viglino & Limites avec vues, projet lauréat sur le site de Montbéliard, Europan 6, Éric Dolent, Alexandre De Muizon, Philippe Maillols, Anthony Roubaud, Sophie Dumas, Damien Laurens.

p. 89 Les champs des possibles, projet mentionné sur le site de Seihl,

Europan 10, Ilham Laraqui, Marc Bringer & Entre pierre et jardin, projet lauréat sur le site de Saintes, Europan 3, Armand Nouvet, Thibaud Babled, Laurent Berger, Marc Reynaud, Cyrille Véran.

p. 90 Laboratoire insulaire - Tectonique chloroph’île, projet mentionné sur le site de Dijon, Europan 8, Magali Volkwein, Virginie Gloria, Estelle Vincent.

p. 91 95 secondes de surprise, projet lauréat sur le site de Strasbourg, Europan 5, Bruno Ressouche, Laurent Gonin, Saïd Bara, Denis Charlemagne.

p. 92 Limites avec vues, projet lauréat sur le site de Montbéliard, Europan 6, Éric Dolent, Alexandre De Muizon, Philippe Maillols, Anthony Roubaud, Sophie Dumas, Damien Laurens.

p. 93 La nature au quotidien, projet mentionné sur le site de Hénin-Carvin, Europan 8, Fabien Gantois.

p. 94 Ponctuations, projet cité sur le site de Saint-Herblain, Europan 12, Mélaine Ferré, Pierre-Yves Arcile, Benoit Moreira, Miguel Gonzalez & Cultivating the city, projet lauréat sur le site d’Amiens, Europan 14, Adèle Ribuot, Cléo Borzykowski, Laura Castagne, Antoine Gabillon, Agnès Jacquin, Charlotte Rozier & Articulations productives, projet lauréat sur le site de Guebwiller, Europan 14, Meriem Chabani, Etienne Chobaux, John Edom.

p. 95 L’amateur… rend possible l’imprévisible…, projet lauréat sur le site de Fosses, Europan 12, Mathieu Holdrinet, Arnaud Ledu, Emilien Robin.

p. 96-97

De la ville à la campagne, projet mentionné sur le site de Pays de Dreux, Europan 15, Dinh-Luan Pham,Renzo Colin, Louise Le Marc Hadour, Lucile Pasche.

p. 97 Si tu vas faire les courses, emmène les enfants faire du sport, projet mentionné sur le site de Belfort, Europan 4, Stéphane Pertusier, Anne-Cécile Comar, Philippe Croisier & Articulations, lignes et vides, projet mentionné sur le site de Jeumont, Europan 5, Refky Chelly, Catherine Guillot.

p. 98 De la ville à la campagne, projet mentionné sur le site de Pays de Dreux, Europan 15, Dinh-Luan Pham,Renzo Colin, Louise Le Marc Hadour, Lucile Pasche & Articulations, lignes et vides, projet mentionné sur le site de Jeumont, Europan 5, Refky Chelly, Catherine Guillot.

p. 99 Jurassic Parks, projet lauréat sur le site de Besançon, Europan 14, Clara Loukkal et Benoît Barnoud.

p. 100 Des histoires de jardins, projet lauréat sur le site de Dunkerque / Grande-Synthe, Europan 3, David Trottin, Emmanuelle Marin-Trottin, Nicolas Borel, Olivier Fontvielle, Anne Ponscarme & Correspondances, projet mentionné sur le site de Chessy, Europan 5, Nathalie Quiot, Sarah Langinieux, Christophe Lassere, Bernard Porcher, Martin Langinieux.

EuropanC17 A L i v i n g C i t i e s 2

Hélène Peskine Foreword

The purpose of this collection of texts is to suggest perspectives and develop an interdisciplinary point of view on the 17th session of Europan, Living Cities 2, in order to inspire the teams that enter the competition. The diversity of the authors’ backgrounds and fields of expertise or research is itself an indication of the many threads linking the city and the living world. I would like to thank them warmly for agreeing to take up their pens to guide the candidates and to give knowledgeable expression to what this new session of Europan can contribute in terms of support in the design and implementation of innovative projects.

We are not starting entirely from scratch, in terms of the formal responses, since this session will be the second to explore this theme.

In session 16, I was struck by the power of the concept of living cities, and the appetite among young designers to mine it for new ideas and new ways of visualising cities and territories. From geography to naturalist ecology, from industrial memory to toponymy, the submissions were determined to show that the “already there” is fundamental to a lasting and sustainable vision of urban development. It is a lesson for more established figures who hesitate to follow the path of ecological transition, and specifically that of frugality in land use, a particular ambition at the Department of Ecological Transition. It is also a significant indication of what interests the younger generation in terms of architectural and urban design, partway between creation and conversion for a built legacy that is of such value in both cultural and environmental terms.

In many projects, we could see a new, powerful and detailed respect for natural ecosystems, for landscape, for know-how. We could measure the new awareness in the profession’s emerging generations of the failings of predatory, resource-intensive, short-termist and profit-driven development. We observed with interest these attempts to find a new path to meeting the needs expressed by clients and local authorities. And finally, we could see a strong commitment to longterm perspectives —geology, the slow transformation of territories and land— at the same time as an emphasis on the ecological emergency. What we perhaps found lacking, in that first session of Living Cities, which —it should not be forgotten— was marked by the shock caused by the Covid-19 pandemic and its effects, what we found lacking was… architectural projects! Let me explain and try to convey the feeling I experienced throughout that session and beyond, an impression that often strikes me about this new generation of designers. The growing pace of climate change and biodiversity erosion are making young architects timid about the stance to adopt towards implementing projects. There is a great deal of uncertainty about what solutions to choose in order to avoid the damage caused by the previous generations, or to avoid creating new problems. It is tempting to do as little as possible, to limit one’s aspirations to cleaning up the existing fabric and reviving natural spaces and species. In this respect, the frugality and subtlety of certain proposals were applauded. But needs still have to be met: homes, food, hospitality, production, education, connection… Tomorrow’s world will have to learn to solve the difficult problem of doing better with less. This means tackling projects, built projects, settled projects, not giving up. In this session, I want to express the hope that the teams will find the way to reconcile these two imperatives. That is the objective of the competition and it is also essential in order to show positive and inclusive visions of tomorrow’s city to all those with the capacity to fulfil them.

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Louis Vitalis
Introduction

The theme for the 17th session of Europan was decided at European level at the beginning of 2022: it would be Living Cities 2. An encore that has become standard since Adaptable Cities 1 and 2 for Europan 13-14. The setting of the theme triggers the whole cycle of the competition: the quest for sites in the participating countries, the production of the site briefs, the registration process for candidates, laying the groundwork for the subsequent submissions, jury deliberations, forums, results… and the operational follow-through.

The theme is the theoretical anchor point for this whole process, a flexible guide. It requires a particular type of approach, both situated and forward-looking, instantiated in architectural, urbanistic and landscape projects. For Europan France, it has long been the practice to sustain this theme throughout the cycle, notably through contributions from different personalities in different disciplines, this time with the publication of the Cahiers d’Europan (Europan Notebooks). So this is a Cahier C17A to open the session… and Cahier C17B will provide a retrospective analysis of the ideas put forward by the teams.

In attempting to carry out this ambitious task, which was assigned to me in October 2022, I decided to divide the question into two parts: first to explore the integration of the living world and its singularity into a spatial argument specific to architecture and the city, and then to consider the vitality specific to urban and architectural design activities in the context of bio-eco-diversity. Contributors from different disciplinary backgrounds were approached: anthropology with Perig Pitrou, ethology with Anne-Lise Dauphiné-Morer, urbanism with Daniella Perrotti and her colleagues, landscape architecture with Florine Lacroix and, of course, architecture with Fabien Gantois, Léa Mosconi and the Rijsel studio, not forgetting the engineer Alain Maugard, President of Europan France. The views put forward by all these different authors are entirely their own and independent of the Europan organisation. Moreover, their positions are not always concordant, and we have made no attempt to smooth out the differences. Both the discrepancies and complementarities that can be identified in these writings in our view constitute the rich interplay of free expression.

As the candidates prepare to design projects that answer to the practical, stringent and complex reality brought to them by municipal representatives, this collection seeks to give substance to the European theme by setting out various avenues for research. We hope that these different ideas and perspectives will help the teams of architects, landscape architects and urban designers on whom Europan’s main contribution depends.

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Spatializing the living world ?

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and interdisciplinary perspectives on the Living City

Perig Pitrou Anthropological

For millennia, human societies have developed knowledge, know-how and symbols that have helped them to alter natural environments by building a great diversity of cultural worlds. The means employed to act on the living world – agriculture, livestock breeding, horticulture, apiculture, etc. – and the structures – houses, tracks, roads, transport and storage facilities – contribute to this way of inhabiting the world. As well as biodiversity, the diversity of technologies and social organisations developed to maintain the coexistence between living creatures, both human and nonhuman, constitutes a treasury of experiences from which to draw ideas about rethinking our relationship to the environment. The contemporary era has shown that the power to alter nature generated by human inventiveness is best directed when accompanied by reflection on how to coexist harmoniously with a multiplicity of organisms and ecosystems.

Within this framework, the “Anthropology of Life” provides instruments for exploring the different scales of interweaving between technical processes and life processes,1 and for imagining the city of tomorrow. This very dynamic field focuses on the diversity of the conceptions of life developed by human societies, and how they reflect the sociotechnical conditions that structure their interactions with the living world. Everywhere on the planet, humans can observe, in their own bodies and in nature, life processes such as procreation, birth, growth, regeneration and ageing, which depend on a power that they are aware that they do not fully control. This is apparent in the effort, encountered in all societies, to discover the causes of these phenomena, by forging “theories of life”, and to develop technologies and institutions designed to maintain the best conditions for collective existence in a given environment.2

Contemporary questions about urbanism and architecture associated with the theme of the “living city” gain from being tackled from this anthropological perspective within the context of an interdisciplinary dialogue that asserts the value of empirical studies when it comes to describing different levels of interaction between forms of social organisation and dynamics specific to biological and ecological systems. How does knowledge of the living world, and of life, influence the design of cities and of ways of inhabiting? How can technological innovations help to coordinate human projects with the agency specific to living systems, notably in order to take into account the random dimension of evolving processes? How do human institutions, which gives stability to rules and values (in the economic, moral, legal, religious, aesthetic domains) in sociopolitical organisations, maintain coexistence between living beings, human and nonhuman, and between the different forms of life experienced by human beings according to their age, gender and culture? Answering these questions requires the use of methods that are capable of framing biological and social dynamics within a broader structure, in order to elucidate ways of constructing and inhabiting an urban environment.

This kind of approach is a departure from discourses that assert –and sell – the supposed capacity of biomimetics to provide solutions to the ecological crisis. Stereotypical arguments encouraging human beings to imitate or take inspiration from nature are thriving. They generally draw on a reductive vision of the living world, viewed through superficial appearances rather than as a complex phenomenon whose mechanisms are inaccessible to immediate human perception. While some environmental disasters result from the tendency of Western industrial societies to imagine human beings as “masters and

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possessors” of nature, as Descartes put it, the biomimetic creed views nature as an engineer or teacher to be followed in order to avoid mistakes. This reversal of the relations with nature scarcely differs from the initial dualism: it even conveys a conception close to the creationist view, suggesting that life is directed towards the purpose of finding technical solutions to the relations between organisms and their environments.3 Rather than a description of reality, this interpretation in fact reflects the technical character of the human perception of nature. Instead of seeking to observe nature for purposes of imitation, the goal of anthropology is to understand what, in concrete terms, human beings do when they undertake projects in which organisms and ecosystems are used as models. Rather than one-way technical operations, imitation or inspiration are processes that achieve complexity through methods borrowed from the anthropology of technology. 4 In the wake of Beyond Nature and Culture,5 the comparative approach adopted with Lauren Kamili and Fabien Provost in the issue of Techniques & Culture dedicated to Biomimetics, further highlights cultural variations in ways of imitating nature.6

Rather than claiming to have found solutions, thinking about life – understood as an evolving phenomenon that randomly gives rise to a large variety of living creatures – calls for a more exploratory approach, one that takes the time for interdisciplinary examination. This was our mindset when we found it the “La vie à l’œuvre” (Life at Work) collective, with representatives from the natural sciences, social sciences and humanities, and from the art world, in order to think about the problems raised by contemporary biotechnologies and about the definition of life. 7 In a contribution on New intelligences to the journal Stream, published by Agence PCA-Stream, we explain this approach by drawing analogies between the way life produces different levels of organisation and the way that we have gradually developed a collective intelligence, as if a process of coalescence had gradually led to the emergence, in us and with us, of a living entity composed of multiple experiences.8 The power of our collective lies paradoxically in the recognition of the fact that our different points of view can only be partial. Without being a model, this form of collaboration seems relevant in tackling the problems raised by the relations between the living world and the city.

This approach is applied practically in a prospective exercise initiated by the architecture firm TVK, by AREP and by BNP Paribas Real Estate, around a project to renovate the former Rapée Station site, located at the heart of the Charenton-Bercy ZAC (urban development zone, Paris, 12th arrondissement). Looking at ways to transform this historic site into a “City of the Living”, these firms asked our group to cast light on the connections between an environment in which several living species coexist and the construction of infrastructures and apartment buildings. Our text, entitled “In the Workshop of Life”, part of a working document, does not immediately reach conclusions regarding the renovation of the station site. Instead, it draws on an interdisciplinary methodology to identify possible pathways and to initiate a dialogue between multiple stakeholders (inhabitants, scientists, public and private partners, civil society organisations, artists) on quality of life in Paris. Rather than seeking to achieve a utopian outcome, we suggest taking advantage of the biological, ecological and social realities operating in an ensemble characterised by the interweaving of human infrastructures and constantly evolving networks of life. Our scientific aim is to

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indicate how principles of action can draw on a quantitative inventory of the constraints – material, energy-related, ecological, etc. – that have to be accommodated. It takes into account the social, technological and anthropological dimensions in play when human beings cohabit with animals, plants, fungi and microorganisms, never forgetting that human beings are also part of the living world.

In practical terms, this work is based on site visits conducted in order to identify the nature of the realities (biological, architectural, geological, social, historic, etc.) and in order to explore, through interdisciplinary surveys, the forms of interaction between life processes and technical processes. In workshops and shared writing sessions, the aim of group discussion is to identify the problems, the interface between the vital and the social, in order to devise new ways of designing construction projects. To simplify somewhat, our argument is formed around five keywords: Networks, Dynamics, Evolutions, Cycles, Worlds. These keywords are used as heuristic devices, “indicators” – to borrow a term from Durkheim – that help us to focus on and explore the interactions between biosocial dynamics and conceptions of the city. The challenge is to avoid using these general categories as metaphors that indiscriminately equate human agency to the agency of nonhuman creatures, as does Anna Tsing in The Mushroom at the End of the World,9 when she ascribes to mushrooms the capacity to have “plans” or to be “worldmakers”.

Interdisciplinary research along the same lines is being developed at PSL University within the “Living City” research group, exploring the notion of the “Metabolic City”, initiated in partnership with the PCA-Stream agency. In March 2023, during a training week on Living Cities: designing, building and inhabiting the urban worlds of the future, students followed a course of interdisciplinary study combined with site visits in order to learn how to identify “indicators of the living world” in urban space.

Since Abel Wolman’s seminal article on the “metabolism of cities”, it has become common to find books that envisage the city as a metabolism in which the circulation of flows such as food, energy, water, etc. is modelled quantitatively.10 In this view, the fact that cities the world over are experiencing degrowth is significant.11 These now shrinking urban spaces used to work well, growing in some cases over very long periods, and increasing the wealth of their inhabitants. Territorial shrinkage is a process that is neither simple nor unique. It affects these spaces in their social, spatial, economic and environmental dimensions, and is symptomatic of the advent of a new urban regime, in which the growth of cities is no longer as certain as was imagined during a period when urban growth was the rule.12 The overview provided in the Handbook on Shrinking Cities sets out possibilities for interdisciplinary approaches to biosocial phenomena:13 to what extent do these spaces offer possibilities for new forms of revitalisation and what are the potential options? What types of approaches to planning are needed to tackle the specific realities of these shrinking spaces? Will shrinking cities be the new spaces of creativity to become or remain “living cities”?

The term “metabolic city” also refers to the coexistence of metabolisms in urban space, which leads into research that focuses on the relations between human and nonhuman organisms. This implies the need for more qualitative observations of practices. Walking is a good example. The work done by the Unit for Biocultural Variation and Obesity, headed by Stanley Ulijaszek at Oxford University, on the links between diet, physical activity and urbanism, suggests that this practice should be treated as one of the factors

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to be taken into account when modelling lifestyles in a built environment. 14 At the same time, walking can be considered as a phenomenological means of observing urban reality.15 Walking, strolling through an area without being restricted by mobility infrastructures, is a way to explore the living world, climate, margins, boundaries, invisible or dysfunctional spaces, apparently valueless or sometimes disturbing places. Apart from its spontaneity and its ordinariness, walking is a means of learning and an art of observation that makes us experience interdependency relations and interscalar relations both physically and cognitively.

Considering the living city through the prism of metabolism thus requires the development of integrated approaches that combine quantitative objectivation and phenomenological experience in order to better measure the nature of the coexistence between infrastructures and both human and nonhuman organisms, and the connection between human plans and the random aspects associated with the development of technical systems and living systems. Books like Natura urbana by Matthew Gandy or Lively Cities by Maan Barua, researchers at Cambridge University’s Department of Geography, provide a good illustration of investigations that are attentive to the diversity of the manifestations of the living world in cities.16

For the anthropology of life, as well as for interdisciplinary investigations, research programmes on the living city cannot be content with establishing analogies between organisms and urban phenomena, nor can they imagine that observing natural environments will bring design solutions for the city of tomorrow. It is the specificity and the complexity of these phenomena, at the interface between nature and society, which needs to be explored with interdisciplinary forms of investigation, for which the goals and the methodologies largely remain to be devised.

1 Perig Pitrou, Ludovic Coupaye & Fabien Provost (editors), “Des êtres vivants et des artefacts. L’imbrication des processus vitaux et des processus techniques”, Actes du colloque, musée du quai Branly, 9 & 10 avril 2014, 2016. URL: https://actesbranly.revues.org/653

2 Perig Pitrou, Les anthropologues et la vie, Mimésis Éditions, 2022.

3 Perig Pitrou, Lauren Kamili & Fabien Provost, “Techniques et Natures. Pour une approche anthropologique des biomimétismes”, Techniques & Culture 73, pp. 20-33.

4 Fabien Provost, Lauren Kamili & Perig Pitrou “Enquêter sur l’imitation du vivant. Remarques méthodologiques”, Techniques & Culture 73, pp. 208-221.

5 Philippe Descola, Par-delà nature et culture, Gallimard, 2005.

6 Lauren Kamili, Perig Pitrou & Fabien Provost, “Biomimétismes. Imitation des êtres vivants et modélisation de la vie”, Techniques & Culture, 73.

7 The activities of the interdisciplinary group “La vie à l’œuvre” are presented on this website: https://lifeinthemaking.net/fr/

8 Collectif La vie à l’œuvre, “L’intelligence collective à l’œuvre”, Stream, 5, pp. 467-487.

9 Anna Lowenhaupt Tsing, The Mushroom at the End of the World: On the possibility of life in the capitalist ruins, Princeton University Press, 2015.

10 Abel Wolman, “The metabolism of cities”, Scientific American, 213, 3, 1965, pp. 178-193. See also Sabine, Barles, “Le métabolisme urbain et la question écologique”, Les Annales de la recherche urbaine, Vol. 92, 1, pp. 2002.

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11 C. Martinez Fernandez et al., “Shrinking Cities: Urban Challenges of Globalization”, International Journal of Urban and Regional Research 36, vo. 2, 2012, pp. 213-25. URL: doi.org/ doi:10.1111/j.1468-2427.2011.01092.x.

12 Emmanuèle Cunningham-Sabot, “Villes en décroissance, “Shrinking Cities”, Construction d’un objet international de recherche” (HDR, Université Panthéon-Sorbonne (Paris I), 2012. https://halshs. archives-ouvertes.fr/tel-03184829.

13 Karina Pallagst et al., Handbook on Shrinking Cities (Cheltenham, UK; Northampton, MA, USA: Edward Elgar Publishing Ltd, 2022).

14 Stanley Ulijaszek, “Physical activity and the human body in the (increasingly smart) built environment”, Obesity reviews, 19, 2018, pp. 84-93.

15 Sabine Chardonnet Darmaillacq (éd.), Le Génie de la marche, Poétique, savoirs et politiques des corps mobiles, Hermann 2016.

16 Maan Barua, Lively Cities. Reconfiguring urban ecology, Duke, 2023. Matthew Gandy, Natura urbana. Ecological constellations in urban space, MIT Press, 2022.

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Rurality, frugality and small living communities

Florine Lacroix

The upheavals of 2020 have increased the attraction of the countryside. While this attraction has continued to grow, the problems of today’s villages and small towns* are also growing: car dependency, urban encroachment, loss of attractiveness, devitalisation, impoverishment, development of retail parks that compete with village and town centres, failure to improve legacy qualities and public spaces, demographic and commercial decline of town and village centres, domination of artificial surfaces.

The countryside is vehicular. Easy access to the car fragments and disperses rural space, its services and shops, then devitalises town centres and dissolves social relations.

A living, ecological and social approach is needed in the construction of rural space. Sustainable urbanism means frugal urbanism: repairing with resilience, reactivating by using the resources in place, making places friendly, lively, desirable, joyful, being economical and creative, ecological and social, overturning dependencies, reactivating the local, focusing above all on the living world, the animal world, the human world, the plant world.

Frugality is a contemporary priority, a methodological tool for making rural communities living communities. Frugality is an economic strategy that supports creativity in the quest for an ethic and an aesthetic of the project. It is a way to build upon existing qualities and practices, a way to pursue economic uses of resources and land that prioritise comfort, fluidity and pleasure. Thinking rural and frugal means adopting a non-standardised approach to development and planning, it means adopting a coherent socio-ecological perspective emphasising detail, simplicity, sobriety, minimalism. How can we do more with less while developing an innovative economic strategy and project vision?

Frugality is a multiscale standpoint which needs, above all, to be applied at the territorial and landscape level.

Revitalising communities begins with embeddedness in the fabric of buildings and landscape. Changes should be undertaken from the bottom, by imagining extensions to the topographical lines, the natural and agricultural spaces central to the construction or rehabilitation of communities and their public and built spaces. The construction of historic centres already reflects strategic and obvious geographical characteristics. The development of towns and villages, the creation of new spaces, the planning of public spaces should take into account this dual link with the landscape and with the urban centre. Continuity with both is needed to accommodate new programmes. If the central feature of a place is the road, it signals the loss of connection with the landscape. Development projects need to be rooted in geography together with living uses. They need to be frugal in their architectural, urbanistic and landscape approaches, drawing their inspiration from what is already there. In an approach where scales are linked and the landscape and geographical context connects to the urban, social and architectural context, it is possible to find the foundations of urban morphology and give solid structure to changing spaces. As a result, geography, the legacy fabric and the landscape combine to create urban conditions characterised by quality of life, urban pleasure, fluidity and functionality. The framework that derives from the context becomes a tool for urban structure and production, a way to interpret, reorganise and distribute surfaces and practices, to manage the transitions between town and countryside

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and build a lasting pattern. Rural communities need to be built around frugality and reflect the need to create connections and coherence.

In praise of a frugal urban ecology in the countryside

The connection with the landscape, the establishment of patterns and continuity with the agricultural and landscape context signals the necessity of developing an urban ecology at community scale. The need for ecology in public spaces and spatial planning is not restricted to dense urban centres. Promoting ecology within a contemporary urban project in a rural environment is both necessary and frugal. The development of the notion of an ecosystem that fosters living public space is characterised by permeable ground surfaces, rainwater management, better quality of life, the development of active travel modes, greater biodiversity, a strong and contextualised presence of the living world, open land surfaces. Opening up areas of land for vegetation is a way to bring life into public space, to structure it, to evoke landscapes, to provide places for relaxation, leisure, socialising, gardening, pleasure, and comfort. Vegetation changes the atmosphere and the climate. Open land surfaces provide a break from the hard minerality of the urban environment and offer a new perspective on urban design, greater connections with nature and is a signal of diversity. Vegetation is not an object or an ornament, it is the ecosystemic tool for towns and villages. Biodiversity develops at the larger territorial scale and varies according to local contexts. The living world can be instantiated and staged in a rural milieu through the planting of vegetation that provides services, uses and comfort. An urban woodland, a line of fruit trees, a living hedge, shared gardens, a section of orchard, an area of meadowland, a plant-covered hill bring shade and cool, alter the atmosphere while supporting biodiversity and farming and forestry production. The living world can be wild, the living world can be edible, the living world changes with seasons and practices. We can imagine multiple ways to introduce the living world into urban communities, combining vegetation and space, shade and cool, education and practice, pattern and structure, pleasure and practicality, fertility, permeability and water management. Nature abhors a vacuum. Wilding an open area creates resources for the future. Exploiting natural dynamics, letting nature have its way, using the resources already in place can be an innovative way of managing public spaces, a way to cultivate the living resources present. Children are curious and love to eat. Making the playground or the walk to school edible creates a new relationship with the living world. Including dedicated plots for different farming activities in urban development, for example market gardening, is away to provide services for residents, to shorten supply routes, and to reintroduce diversity into the countryside, where production often consists of monocultures within a system that demands long-distance transport and travel. It is useful to reintroduce agricultural production, even into the centre of towns, because everywhere the link between farming and food is being lost. Farming, in particular market gardening, which can also be supported by public policies and take place on municipal land, contributes to the vitality of towns and town centres. Similarly, workshops with schools, the teaching of new vegetable growing techniques, encourages local sharing and production. The town becomes edible, educational and productive. Frugality is also about reducing dependency, in particular food dependency. Water resources are limited, the time assigned to managing public

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spaces is restricted, the drains, grilles and gutters used to manage rainwater lead to cluttered and standardised public spaces. The alternative, virtuous way of managing run-off water is ecological and frugal. Managing rainwater naturally, allowing rain to drain through permeable surfaces, in hills, at the foot of trees, in planted areas, should be a priority in all projects. Elements and environments interact for simplified and natural rain management. This method of management can be incorporated into folds in the landscape and into the topography, support networks of vegetation and resonate with the local environment.

New vernacular and minimalistic aesthetic

The standardisation of urban planning, whether in cities or the countryside, with its forms, materials and objects, has a negative impact on the attractiveness and coherence of local environments, be it heritage features, historical fabric or landscape. Proposing a minimalistic, frugal aesthetic and a new vernacular is unquestionably a tool for small towns that are living, vital and situated. A project whose vocabulary is inspired by the context, by the vernacular of architecture and landscape, offers the possibility of developing a new language anchored in the local, rural, village aesthetic. Existing conditions are enhanced by a frugal project endowed with its own distinct aesthetic, which does more with less, using materials in ways that connect with local landscape, architecture and resources. It is a contemporary approach, consistent with the spirit of the countryside, which nevertheless connects nature with urban qualities for a project that stands at the interface between landscape, construction, ecology, the village setting and rurality. The idea is to reinterpret the vernacular in clear, raw, simple forms in order to become one with the landscape, to mark the connection between the natural rural and agricultural environment and the urban conditions of the town or village by taking advantage of this juxtaposition of forms, vegetation and materials.

Geology is a solid foundation for defining the vocabulary of spatial planning for a new vernacular. The variations on limestone, volcanic or granite rock in spatial planning set the basis of materiality, morphology, spatiality, uses and the living world, maintain communication and back-and-forth between scales, embrace the wider landscape and focus on detail.

Reuse needs to be key factor in defining this minimalist aesthetic. The resources already in place have minimum ecological impact, give meaning and integrate the project into a narrative of landscape, heritage or history. The resources to be reused need to be identified, classified, drawn.

Co-construction, practices and consultations

Placing the citizen, the inhabitant, the user at the heart of urban transformation in order to turn the site into a laboratory, to turn change into a community project, a process of social ecology. The project design process should be accompanied by continuous workshops and consultation meetings in order to arrive at the same goal: (re)activating the project site. Involving stakeholders from the very start of the operation in a phase of consultation, collaboration and participation gives a strong foundation to the project process. This approach also serves to immerse the designer in the character of the territory and to make public space the crucible of social life, turning

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design into a community act. The site becomes a laboratory, a place of experiment: working, thinking, discussing and designing in situ. Workshops are tools of perception, creating a sense of ownership and planning for public spaces. This approach instigates a productive exchange between the designer with the expert’s perspective, and local people informed by their intimate and subjective knowledge of the place where they live. Communication with the project site is about communication with the stakeholders, an interaction that entails a variety of media: maps, models, sketches, collections, inventories, mind mapping, scale 1 drawings, etc.

Frugality brings an ecological, social, economic and cultural dimension to the process of building, in a contemporary way, sustainable urban and rural spaces that reconcile needs and resources, uses, quality and beauty. Developing rurality and frugality is a way to respond to contemporary ecological challenges, social aspirations, a way to forge a different relationship with the car, using the territory as a laboratory, maximising the use of existing resources and drawing on the landscape. Frugality is a standpoint, the foundation of an innovative, adaptive and distinctive response. It is a tool for innovation, the instrument of a high quality and economical project, which gives space to all users and mobilities, to vegetation, to conviviality, to pleasure.

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* reference to the government policy on the “Small towns of tomorrow”
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Urban Metabolism research can leverage resourcesensitive planning and design of open spaces and green infrastructure

Daniela Perrotti Sareh Moosavi

Daniel Otero Peña

Urban metabolism (UM) is an interdisciplinary research field, spanning across disciplines as varied as industrial ecology, urban ecology, political ecology, political-industrial ecology1. In UM research, cities are studied as open systems or organisms with a metabolism resulting from the interactions with other anthropogenic systems and the natural environment. Understanding UM and the processes that drive it can help transitioning from ecologically extractive to regenerative cities, by capitalising on the capacity of living systems to reverse anthropocentric damage to the biosphere2 .

Besides researchers’ fascination for the UM concept, UM research provides analytical tools to assess the resource intensity of urban systems; when applied in policy and practice, it can leverage the implementation of evidence-base circular strategies3. While the importance of understanding the spatial dimensions of UM is increasingly recognized, its practical applications in planning and designing the built environment remain few4 .

Studies using popular UM methods such as material flow analysis (MFA) often focus on buildings only, and do not take sufficient account of open spaces and green infrastructure (GI) such as urban parks, private gardens, nature reserves, and waterways5. Design and planning strategies for resource-efficient open spaces and GI can jointly address environmental performance targets, and the fulfillment of human wellbeing and ecosystems’ health6. Emerging research has shed light on the impacts of ecosystem services provided by GI on material and energy flow accountings in urban areas7. The spatial configuration of open spaces and how they are planned and designed with respect to existing and future resource flows can have a great impact on resource accessibility and demand; hence improving the UM8 This highlights the need for spatially explicit approaches to UM. This article investigates existing challenges in applying UM approaches in planning and designing open spaces and GI, based on a synthesis of conceptual and empirical studies. A case study example is provided showcasing the methods used to apply spatially explicit MFA to develop resource-efficient open spaces in Mexico City. Finally, UM research frontiers relative to unlocking novel understanding of the metabolism of living cities are discussed.

Spatially explicit approaches to UM and key challenges

A growing number of works highlight the benefits of integrating spatially explicit UM flow/stock accounts for informing citylevel policymaking and resource management strategies. For example, a water-energy nexus study in Bengaluru, India, shows that by overlapping spatially explicit water and energy datasets (district-level consumption and resource infrastructure), researchers were able to identify inefficient sections of the drinking water network and relate them with high energy demand districts and geographic features of the city9. Another GIS study of urine and faeces rejections at the neighbourhood and building levels informed the planning of sanitary systems in Amsterdam10 . Besides demonstrating the value of multiscales quantitative-qualitative spatial UM analysis of critical flows/ stocks, these studies also highlight the need to consolidate spatially explicit data harvesting methods.

Key challenges exist in integrating spatially explicit UM approaches in planning and design practices, including the lack of

A Introduction

specialist knowledge and knowledge transferability into practice. For example, a retrospective evaluation of a collaborative UM project in Helsinki, Finland demonstrated that acknowledgement of limits and potential of scientists’ specialist knowledge and planning practitioners’ tacit knowledge were key to leverage effective mutual learning processes11. It also showed that limited budget and timeframes in UM projects can undermine the effectiveness of collaborative efforts. Other barriers include limited methods for integrating spatially explicit UM data12, and the lack of enabling regulations and policies13 . A survey with 101 urban and landscape design practitioners revealed other key limitations in incorporating UM approaches in design processes, including the lack of accessible data (for example on materials’ origins), and limited competencies for engaging with quantitative data through, for example, Life Cycle Assessment methods. Top-down and inflexible resource-management governance were also perceived as barriers to innovative approaches in designing with material and energy alternatives14

Despite existing challenges, an emerging body of case studies highlight that a spatial understanding of resource demand can help identify opportunities in the urban space for mitigating resourcerelated vulnerabilities (e.g., neighbourhoods with high energy demand or waste generation). We explore this further through an example in the following section.

Case study example: Resource-efficient open space networks in Mexico City

Using Mexico City as a case study, Otero Peña et al.15 developed a method to investigate how the use of Geographic Information System (GIS) data can improve the applicability of UM research in the planning and management of open space networks. The UM assessment of Mexico City was undertaken through the compilation of primary GIS data and the following available datasets for their use in the planning and design of optimized open spaces in Mexico City: (1) resource flows, including drinking water consumption and wastewater outflows, electricity consumption, generation of organic and inorganic municipal solid waste, and construction waste; (2) location and capacity of utility infrastructure and resource management facilities; (3) geographic features of the city, including open space networks; (4) location of vulnerable communities; and (5) location of indigenous areas and communal lands and their administrative limits.

The results highlight the location and proximity of areas in which urban flows and infrastructure are concentrated, both at the city and borough scale. Building on the assessment of resource use and available open spaces at the borough scale, planning strategies were proposed to increase the accessibility and efficient use of these resources. Highly urbanized boroughs with high drinking water consumption per capita can expand their water supply system by adding decentralized infrastructures. Moreover, planning communal rainwater harvesting systems in public spaces, damaged inhabited milieus, and underused resource facilities can contribute to mutualizing efforts, reducing material costs, improving water accessibility for vulnerable communities, and reducing pressure on the water system through local and decentralized solutions. Spatial reconfigurations of these spaces can also contribute to the provision of public green spaces, for example through constructed wetlands and landscaping. Boroughs with a high concentration of vulnerable communities and nature reserves could reinforce existing urban development plans, integrating

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Synthesis map showing the results of the spatially explicit UM analysis conducted in the Mexico City Region (from Otero Peña, D., Perrotti, D., & Mohareb, E., art. cit.).

individuals and organized groups to preserve and enhance local resources (e.g., forests, grasslands, and agriculture fields), while providing opportunities for recreation and promoting community identity and wellbeing. Involving community leaders in participatory design processes and GIS data collection can strengthen local socio-environmental organizations and favour decentralized resource management.

Research frontiers: living city metabolism

To transform the ways our cities and landscapes are designed in relation to natural resources, spatial practitioners need to deeply engage with the interdependencies between resource flows and the specific attributes of the spaces in which resources are used. This requires advancing their competencies for working with qualitative and quantitative UM methods. Competitions such as Europan, provide an avenue for radical approaches to resource-sensitive design that can transform the ways our cities operate within planetary boundaries. Emerging tools and datasets allow for effective science-practice collaboration in spatially explicit UM assessments, by bridging UM stakeholders’ competencies and policy and practice domains. Significantly, such collaborations can unlock further interdisciplinary investigation into different (to date unforeseen) physical, spatial and temporal dimensions of the metabolism of living cities. Finally, further research into science-practice modes of collaboration is essential to leverage integration of different (evolving) knowledge systems in engaging with UM approaches. How to develop a common vocabulary on the metabolism of living cities across (research and practice) knowledge systems? And how to disseminate such a vocabulary in a manner to facilitate an inclusive dialogue on novel, non-binary understanding of ‘urban’ and ‘living’ systems?

1 Newell, J. P., Cousins, J. J., « The boundaries of urban metabolism: Towards a political–industrial ecology », Progress in Human Geography, 39(6), 2017, pp. 702-728. https://doi.org/10.1177/ 0309132514558442

2 Thomson, G., & Newman, P. « Urban fabrics and urban metabolism–from sustainable to regenerative cities », Resources, Conservation and Recycling, 132, 2018, pp. 218-229. doi:https://doi.org/10.1016/j. resconrec.2017.01.010

3 Kennedy, C., Pincetl, S., & Bunje, P., « The study of urban metabolism and its applications to urban planning and design. Environmental Pollution, 159(8), 2011, 1965-1973. doi:https://doi.org/10.1016/j. envpol.2010.10.022

4 Perrotti, D., « Urban metabolism: old challenges, new frontiers, and the research agenda ahead », In P. Verma, P. Singh, R. Singh, & A. S. Raghubanshi (Eds.), Urban Ecology, Elsevier, 2020, pp. 17-32.

5 Augiseau, V., & Barles, S., « Studying construction materials flows and stock: A review », Resources, Conservation and Recycling, 123, 2017, pp. 153-164. doi:https://doi.org/10.1016/j.resconrec.2016.09.002

6 Perrotti, D. & Iuorio, O., « Green Infrastructure in the Space of Flows: An Urban Metabolism Approach to Bridge Environmental Performance and User’s Wellbeing », in Lemes de Oliveira, F. & Mell, I. (eds.), Planning Cities with Nature. Dordrecht, Springer, 2019, pp. 265-277. https://doi.org/10.1007/978-3-030-01866-5_18

7 Perrotti, D., & Stremke, S., « Can urban metabolism models advance

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green infrastructure planning? Insights from ecosystem services research », Environment and Planning B: Urban Analytics and City Science, 47(4), 2020, pp. 678-694. doi:https://doi. org/10.1177/2399808318797

8 Otero Peña, D., Perrotti, D., & Mohareb, E., « Advancing urban metabolism studies through GIS data: Resource flows, open space networks, and vulnerable communities in Mexico City », Journal of Industrial Ecology, 26(4), 2022, pp. 1333-1349. doi:https://doi. org/10.1111/jiec.13261

9 Nalini, N. S., « The Great Divide: exploring the divergence between urban metabolism in theory and practice in water supply system in Bengaluru », International Journal of Urban Sustainable Development, 9(1), 2017, pp. 1-20. doi:https://dio.org/10.1080/19463138.2016.11914 97

10 Wielemaker, R., Stuiver, J., Zeeman, G., & Weijma, J., “Identifying Amsterdam’s nutrient hotspots: A new method to map human excreta at building and neighborhood scale », Journal of Industrial Ecology, 24(3), 2020, pp. 473-484. doi:https://doi.org/10.1111/ jiec.12962

11 Perrotti, D., « Evaluating urban metabolism assessment methods and knowledge transfer between scientists and practitioners: A combined framework for supporting practice-relevant research », Environment and Planning B: Urban Analytics and City Science, 46(8), 2019, pp. 1458-1479. doi:https://doi. org/10.1177/2399808319832611

12 Otero Peña, D., Perrotti, D., & Mohareb, E., art.cit.

13 Amenta, L., & Van Timmeren, A., « Beyond Wastescapes: Towards Circular Landscapes. Addressing the Spatial Dimension of Circularity through the Regeneration of Wastescapes », Sustainability, 10(12), 2018, p. 4740. doi:https://doi.org/10.3390/su10124740

14 Moosavi, Perrotti and Stephan, 2023, forthcoming publication.

15 Otero Peña, D., Perrotti, D., & Mohareb, E., art.cit.

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Reasons for a theme

Interview with Alain Maugard Living Cities 2:

In its 17th session, the Europan competition is continuing the theme from the previous session, Living Cities. Would you explain this choice and perhaps tell us what, in your view, a Living City is?

Alain Maugard: You’re right, it’s important to say why we thought it was the right thing to keep the theme of Living Cities for two sessions. The first thing to say to the candidates is that Europan is focused on the Living Cities theme because we think that it is currently very salient. To put it very simply, we thought of the Living Cities theme before Covid happened, and it turned out that right in the middle of the 16th session, before the results, we had the pandemic and the lockdowns. It illustrated the relevance of the Living Cities theme. At that moment, a particular kind of living entity, the virus, forced us to change our ways of life and our relationship to city living. Cities kept the same morphology, but their metabolism changed. That is the very definition of the idea that “I can live in the same city but use it in a different way”. People find different ways of doing things, a different organisation. It is a real-life demonstration of the notion of metabolism.

It is an integral part of the work of architects and urbanists. Finding different ways of living in time of crisis or of adapting to new societal challenges. Metabolism does not replace morphology, but complements it.

We now have examples of extended café terraces or cycle tracks created during the lockdowns. Many are still there. We lived in a different way and realised, when the pandemic retreated, that it is ultimately a more pleasant way to live.

Metabolism is also about changing the existing building stock. To speak in numerical terms, in the housing sector where the new build stream accounts for less than one percent of the total stock, the existing fabric needs to be changed in order to provide quality of life. In France, a 20-year-old lives in a space averaging twenty square metres. At the age of 60, the same person occupies sixty square metres. Frankly, that makes no sense. Is it really necessary to build something extra in order to find 30 well-made square metres for the older person to live in? Or can we get there by organising the existing stock in a different way? There are many scenarios that can be devised to achieve that. These questions also arise at the urban design level, where the city is also dominated by the existing fabric.

Doesn’t the Living Cities theme also challenge how we approach biodiversity in our urban projects?

AM Of course, and the pandemic also made us aware of the absence or insufficiency of nature in the city. When you can only travel short distances, the lack of access to nature close by becomes intolerable. We can’t go on without nature in the city, it needs to be present in a big way. The new emphasis on this is now driving architecture and urban design. It is not a fashion, it is a reality that we have become aware in the wake of a health crisis that expanded our horizons. So I am a strong advocate of these two ideas: metabolism and the abundance of nature in the city. This means that we can’t think about urban intensity if greenery and biodiversity are not a part of it, at the centre of it. Events prompted us to continue exploring this theme, and there is plenty left to explore.

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So there is a continuity in these two sessions of Europan? In a way, they mutually reinforce each other?

AM That continuity goes much further back, it is part of the DNA of Europan which, with its scientific council, has been developing the session themes in a linked sequence for more than 30 years. This is very clear with the series that ran from Adaptable Cities to Productive Cities, and now to Living Cities.

Adaptable cities (E12, E13) was the key moment in the process: a focus on metabolism and on flexibility rather than the design of rigid projects produced without reference to time and context. Productive Cities (E14, E15) came after that. This theme was based on the observation that cities no longer enjoyed autonomy in vital areas such as food, materials, water, etc. The living world generally achieves global autonomy within its environment. It is self-maintaining and self-organising over time. So when we look properly, the contribution of the living world is consistent with this idea of productive impetus.

Is it not possible, however, to identify a common approach… a specificity of the Europan competition?

AM Europan is about innovation, but innovation through projects that are implemented and are in some way experimental. It is not a theoretical argument about the city, let alone a set of instructions. It could be described as experimental creativity, action-research. That is the big difference compared with other theoretical approaches. Europan asks: how should we act? What should we do? What should we try?

Here, the comparison with the living world is quite interesting. There are mutations in the living world that can be compared with these urban experiments. It’s the Darwinian idea, not in the competitive sense of “survival of the fittest”, but in the sense of trying things that will be adapted to the environment, and others that will be less well adapted. It means that Europan is an accelerator of mutations. For myself, I argue that Europan, for the living city, is Darwin on speed… Obviously, that’s a metaphor.

Isn’t time an important factor for this? It takes time for a neighbourhood to evolve, for users to take ownership…?

AM That is true. But you can see in the teams’ submissions that projects now increasingly develop in phases. You start with an initial operation. You see if it works. If it works, you keep going. If it doesn’t work, you change tack. The possibility of error is incorporated into the project itself.

And this is precisely the approach that local authorities need! We tell them: it’s not as risky as it seems, since it’s gradual. You have told us what you want, there is a project, but the way of proceeding allows space and time for adjustment. And this makes room for what has been called transitional or tactical urbanism… a way of stimulating mutations in time and in space. It’s an exploration of the idea that the urban is is not just the three dimensions of space, but also a question of time.

For a long time, phasing was just about building the first third of the plot, then the second third, and finally the third

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third. However, it’s better to initiate a process of urban change without immediately focusing on the target of final transformation. The first phase may just involve planting trees, adjusting the street furniture to alter the image of the neighbourhood. And from this, maybe the real estate values go up. Once you get real estate value, you can start work on different types of buildings…

What does this mean for the candidates in the competition?

AM In general, Europan gets the difficult questions, on sites that have no clear urban direction, because if it were a typical place with a known programme and standard procedures… there would be no need for a competition like Europan. If the municipality doesn’t have too many preconceived ideas, it will be open to highly innovative proposals that challenge conventional wisdom. It is the only competition where people can win by saying that the question was wrong, or asked in the wrong way, and here is my answer to a better question.

In Europan 16, there was a general trend for the teams to expand the study site, to look for areas beyond the red boundary, in order to clarify their intentions on the project site. The candidates rediscovered the living forces of the city, anchored in its territory, with roots – so to speak – that extend further. To the teams in Europan 17, we say use all the layers of history, the brief should also be enriched by the living world.

In order to understand this expansion of the field of design, I consider the idea of a system very important, i.e. the need for a global vision. The teams are not being asked to solve a partial problem – even if the brief seems narrow – they must immerse themselves in the brief, in wider spaces. They need to manage the effects of interrelations. For example, if – as we will see – the brief is to convert a former hospital, that will create a shockwave across the neighbourhood, and then across the city. This shockwave has to be considered in full, and if necessary localised interventions will be required in this altered ecosystem.

The design process can also be broadened through interdisciplinarity. And here, something has emerged that seems to me very important, the trio of architect, urbanist, and landscape architect. This is no longer about three separate disciplines, where each expert is restricted to their specialty. They need to form a system. There needs to be an osmosis between these disciplines, a permeability. Of course, other disciplines are equally welcome to bring their vision to the Living Cities theme, for example ecology, natural and social sciences…

What we say to the E17 candidates is don’t limit yourself to a single question. We want you to find a balanced solution for the territory.

Doesn’t this lead to responses that are increasingly general, increasingly broad?

AM No, that’s not at all what it’s about. You have to have the idea of complementarity and architectural spatialisation. You can’t cover everything in a competition, with its short deadlines and its three-board submission. But that does not preclude a global view. It is interesting to see projects that have an ecosystemic

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vision but approach it from an angle that might be complementary with other projects.

And then that makes sense in terms of the three projects selected for the competition follow-on. The jury is also interested in complementarity. For example, the three Quimper teams agreed to work together after the competition at the prompting of the local authority.

Moreover, this capacity to make something that the candidates are expected to demonstrate cannot just be limited to urbanism or generic metabolism. The teams are also expected to produce a subject of architecture. It is important to remember the theme’s subtitle, which asks the candidates to reimagine architectures and to think about the environments people inhabit. Architecture here is understood in a broad sense, not just in terms of new buildings, but also aspects like outdoor spaces, street furniture, changes to the built fabric…

Interview conducted by Ruben Madar and Louis Vitalis

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Architecture as vitality ? B

Otherness through living cities ?

Fabien Gantois

Architecture and, more broadly, urban planning, have a part to play today in the future of the world. Taking their place on soil where every cubic metre is home to more living creatures than there are human beings on earth, building with materials that affect the quality of the environment, they are now perceived as among the human activities that are causing damage to our world. Should they now be stripped of the right to build on the grounds that the material used for construction, whether we like it or not, damages and depletes the earth? If so, where will future humans live, how will the world’s displaced find a home? Should we stop time in its tracks, however imperfect the current state of things? In order to escape guilt, or at least a charge of complicity, architects are called upon to act ethically. But should ethical action be understood as simple obedience to the principles that govern the architect’s activities, a sort of professional manual to help them act in circumstances where choice is possible, more a project methodology than a genuine moral compass?

Endless analysis

In the race for an ecological transformation in the processes of planning cities and territories, data and their use have become a universal focus of attention. In the desire to establish an equilibrium between city and nature, collecting data on every aspect of the living world plays an essential role in developing the in-depth knowledge from which balanced development – balance between the needs of humans and of nonhumans – can emerge. Notably introduced in the United States in the aftermath of the Second World War by the landscape architect Ian McHarg, the purpose of this method is to establish an ecological model based on the accumulation of spatialised data on both the environment and manifestations of human activity in order not only to identify areas of compatibility between the two but also with the aim of mutual enrichment. The aim is to prevent ecosystem destabilisation, which is a cause of environmental entropy (i.e. deterioration in the organisation of the living world), but also to go further by pursuing the goal of negentropy through creative symbiosis (i.e. an increase in the complexity of the organisation of the living world), consistent with the life process that has been going on since the formation of the Earth. Geology, hydrology, fauna, flora, topology, natural risks, but also industrial activities, landscape qualities, population health, etc. are all data that together constitute a collection that has the potential to become the template for an ecological approach that serves the needs of both humans and nonhumans. Let us stress here that the richness of the method lies not in the simple accumulation of data, but in identifying relations between the categories and the possibilities for negentropic change. It is worth noting that information technology, then still in its infancy, was very quickly recruited to the task of serious data processing (also giving birth to GIS, the geographical information system, which is now in widespread use in spatial planning). The issue of the capacity for a scientific description of the world is at the heart of the system and raises the question of its own limits. Indeed, formulated in this way, a fully ecological project would only be possible with perfect knowledge, in other words any action would be conditional on knowing absolutely everything in advance.

Return to the world

Nonetheless, it has to be said that not all societies have waited for computerised data processing in order to treat the living world and

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their environment with respect. Scientific knowledge is far from superfluous, but it cannot fill the gap between the subject and the world, because its function is precisely to construct a boundary between the two, between observer and observed. Is it not time to reverse the method, in other words to see the environment as a full subject, guarantee the same rights as other subjects? This perspective removes the requirement for total knowledge of reality, which has proved to be a dead end. With this barrier removed, it is now possible to embark upon a fully ethical path, since it is one founded on a relationship between subjects and on respect for subjects. The recent news on the legal rights of things, notably the New Zealand Parliament’s recognition in 2017 of the Whanganui River as a person like any other New Zealander, is an instantiation of these profound changes that are altering our relationship to the world. It should be emphasised here that these legal rights granted to “things” have been granted in former Western colonies, at the demand of so-called “indigenous” populations. Should not the word “environment”, which suggests an anthropocentric perspective – with human beings at the centre and the rest around –give way to a holistic perception of the world, i.e. one that is fully egalitarian? Otherwise, why the awareness of our presence in the world? For the architect, this change is having a profound impact on project methods: there is no longer the architect on one side, as the subject of the project, and the environment on the other, as the project’s object. As an agent of construction whose effects on the wellbeing of the world are now extensively documented, each of the architect’s acts is decisive. The architect now has a wider ethical responsibility to the entire living world. As a result, he or she has acquired an obligation.

In order to perform their role as designers of living spaces, architects are now obligated to use tools that do not objectify the world. Indeed, the ethics of the project lie not so much in the scientific incorporation of reality into the project, as in consideration for the world. In other words, there is no need to wait for knowledge of the world and a form of technological progress in order to act. Acting ethically means entering into a direct, full and immediate relationship with the real without relying on knowledge that creates distance by interposing tools between the subject and the environment. It also means considering the Other (other people, other creatures, the world) in all its dimensions, including those that lie outside our knowledge. The ethical project’s touch upon the world is light. It recognises the world without necessarily being cognizant of it. It is an attitude does not claim to know the world, but seeks as a principle to give priority to the world in order the better to settle into it with absolute respect.

The body and the architect

In consequence, is there not an ethical need for an equivalent in the world of the architect, i.e. for architects to engage with their own bodies so that they can become one with other bodies? The idea of a rethink of the architect’s tools offers a glimpse of a renewal in design methods and the possibility of another way of being in the world. Full engagement through the senses of touch, smell, hearing, or even taste, alongside sight – up to now by far the dominant sense – offers possibilities for new and wider relations with the living world. In parallel, the consideration of physiological functions and in particular the relations between living beings and biotopes is opening up fruitful avenues for architectural creation.

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Acting on the hollow world

Given the damage and disorder produced by the spread of human settlements across the environment since the Industrial Revolution, there is a great temptation for architects to stop everything. To stop building would be an act of resistance. However, the last two centuries have seen so much construction away from the living world, have produced so many spaces against and hollowed out of the world, that the world has become vulnerable. Our idea here is that it is precisely these hollow existing spaces that we now need to work on. Agricultural systems, rivers, canals, conurbations, cities, villages, infrastructures, apartment blocks, houses, are in fact the new materials for a profound process of reassessment and renewal, one that is already underway but needs to be pursued with greater intensity. It is by operations on anthropised spaces, at all scales, with the aim of forming lasting bonds with the living world, that it will be possible to reconnect human settlements with the world. The idea is that what is associated today with the anthropic can be fully adapted to accommodate the otherness of the living world. We need the courage to propose projects that radically alter our territories and relations to the world. Let us move beyond short-termist visions that do no more than alleviate the emergency. Let’s not be held back by feasibilities and administrative pitfalls – let us aspire to living cities that will endure into a far-off future.

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What if I’m just one animal among many ?

Anne-Lise Dauphiné-Morer

What if artificialising the land were in our Nature? What if I didn’t have to give others a voice? What if I didn’t have to think on behalf of others? Would I go on building bridges for deer?

The goal of this text is to propose a thought experiment, a shift of viewpoint, a decentring. The intention is to use this decentring to generate new questions, different approaches. For that reason, this text is built around “What if”: What if I looked at things more in this way?

The question I have been asked today is: how can I consider the nonhuman in my understanding of space? In my view, the question that precedes it concerns what it means to consider something. What is behind it? What is its nature, its motivation?

What I see as consideration is the relationship to others, including nonhuman others. And I think that it is by exploring this relationship that we can see the emergence of other ways of thinking about architectural construction. And it is those other ways that interest me.

The hypothesis I am going to advance throughout this text, throughout this “What if”, is as follows: at present, when we consider others (whether a nonhuman animal or a plant), it is always in relation to the human. This way of considering the other, always by reference to a human metric, traps us in a way of thinking that separates us from the rest of the living world and hinders creativity. This consideration, with the human as its default frame of reference, notably takes the form of a distance between self and other. The closer the capacities of the other are to mine, the more consideration I give. For example, we will care more about species that appear to share our emotions than those that don’t. Legally, a chimpanzee and an insect will not enjoy the same protection.

Others are thus placed in a hierarchy in relation to us, notably by the attribution of utility (material or symbolic) or non-utility. The level of consideration thus varies, for example, between endangered species (symbolic utility) such as the red deer, livestock species (material utility) such as the fallow deer, and species regarded as pests (without utility), such as the roe deer. Yet all three are species of deer. This hierarchy is, of course, a consequence, an extension, of the first point. Finally, the last effect of this consideration relative to self, relative to the human, its final expression, is “I put myself in the place of”. For example, I imagine what it’s like to be a deer living near a big city on the edge of the forest and I build places on the basis of what I think the other thinks. That’s how we started building bridges so that deer can cross the city, the road, etc.

To avoid these three pitfalls, I propose three stages. In the course of these stages, we are going to identify the main questions that arise from thinking within the “Us And others/Against others/ Outside others” framework and try to move towards an “Us Among others” framework.

First pitfall: the distance from me to the other

The first trap, the distance from the other, concerns the issue of the artificial and the natural. Contrasting the natural and the artificial implies that whatever humans produce is no longer natural. We act as if human beings and their actions, their impacts, were no longer part of Nature. By separating humans from their biology, this question inhibits thought. In architectural terms, we confine our thinking to “what impact do I have the right to cause to my environment by making

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it artificial?”  Yet if I take the example of the termite (Syntermes dirus, to avoid naming it), it has an extraordinary impact on its environment. With all its 1 cm length, it generates mounds of waste up to 2.5 m high, in other words 250 times its own size, which on human scale would be equivalent to mounds rising 400 m in height. But that is not all. The galleries it forms completely restructure and modify the Nature of the soil. What if, as with the termite, we stopped speaking of humans artificialising the soil, and instead spoke of humans adapting their environment to their needs? This reveals that our needs relate to our environment and to everything around us. The question shifts from how to tackle the challenge of not turning land into something artificial, to what we can do to keep the land viable and enable us to live a long life.

This first sidestep is still not enough. The question remains much too anthropocentric in its approach to human needs and human survival. We are still in the “Us And Others”.

Second pitfall: Above or below?

We need to consider others. But what is the nature of that consideration? I’m going to take the example of the consideration for “minorities” in our society. We often hear, from people who already have a voice (and therefore a certain power) the typical “I’m going to give a voice to”. What are these people doing when they say this? They maintain power by being the ones who decide, the ones that consider who deserves to have a voice, to express themselves. But as a woman, I believe that I quite simply have a voice. The voice I have exists as a fact. It doesn’t depend on whether or not some supposedly powerful person chooses to recognise it or not. A voice is not something I’m given, it is something I take. In that case, the question for the person of power is no longer “who should I give a voice to” but instead “how should I let people speak?”, “how should I hold my tongue?” Hence, seeing that a person has a voice, a voice that exists whatever I think, demands a shift from the question of “how should I give a voice and who should I give it to” to “how can I hear it?” and therefore “how can I shut up and listen?”. So this enacts another decentring. When it comes to the question of architecture and other species, this could be described as the transition from “I think that there should be no place for pigeons and cats in the city” or else “I think that deer have the right to cross the bridge” to the recognition that these other species quite simply exist. They exist in this place so the question is “how can I let them occupy and modify this space?”, in other words “how can I hold my tongue and listen to them?” Ultimately, we shift from moral, ethical or even legal consideration, to a consideration of fact, which opens up the question:

What does listening to others mean in architecture?

Third pitfall: on behalf of

The risk in this question, the risk to be avoided, is the third pitfall of conventional thinking – “I think on behalf of”. Not thinking for others, not always falling into the same trap of thinking that the other doesn’t really exist without me, outside me. Thinking on the other’s behalf actually means “So-and-so would have said that…”. So what can I do to leave space for the other to speak? Especially as in this case the other is multiple, so I can’t imagine those others in their totality, and undoubtedly some of those others have absolutely no conception of me. And even if I were able to imagine those species, I can’t think on their behalf: how do you make a city beautiful for a pigeon? Might not

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defecating on the city be a way for the pigeon to create beauty? Or else to resist, to protest against this way of arranging space?

This is what I propose: accept the What if What if, rather than wondering what the other thinks, we wondered about their intentions? Intentions – regardless of their forms – are not the actual individual, but an expression of the individual at a given moment. This temporality, this gap, this distance, gives the individual the space to exist as a reality. In architecture, when I occupy space, I have an impact on those who lived, live and will live there. One might be tempted (especially with the approach that I am trying to deconstruct here) to minimise or even eliminate that impact. But that is not possible. One would end up doing nothing. What if, in the knowledge that I am going to have an impact, I wondered how I could allow the other the choice to react to that impact? What can I do to allow the other the responsibility for what I do to her or him in the architecture I create? In other words, how can I design space in such a way that the other can make a choice and can tell me what it is? How can I create spaces that enable me to hear, to see the other’s choice? Going back to the example of the bridge, what if rather than building that bridge, I created a space that other species could visit when they wanted to visit, a space that other species could alter when they wanted to alter it?

Not being an architect myself, I can’t imagine – without falling into one of the three traps described here – what impact(s) this text might have on architectural thinking. However, I can suggest another step towards that what if by inviting you into the following thinking space:

■ What if I had to devise a system that left this multitude –a multitude that I cannot really imagine – the choice of whether or not to take part in this project?

■ What if the keystone element of a project were “I allow the other – whether animal or plant – the choice of visiting, living in and modifying this space”?

In the end, would you build a bridge for deer in this space? And above all, what spaces (of thought) are you going to invent?

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The language of architecture in the Anthropocene era

Léa Mosconi

In 1986, just after the Chernobyl disaster, the German sociologist Ulrich Beck wrote in Risk Society: “We learned to respond to the threats of external nature by building huts and accumulating knowledge. But we are virtually defenceless against the threats from this second nature internal to the industrial system.”1 What is the language of the huts of this second nature? Is it possible to identify traits, a vocabulary, even an aesthetic register that architecture could adopt in response to the anthropocene? This essay proposes to explore the conditions under which this architecture of the new climatic regime2 is emerging and to investigate whether this demands the development of a new language or a new project methodology.

The difficulty of a composite narrative

The issue of the environment really came to the fore in society in the late 1980s: this environmental narrative was driven at the time by different global events, such as the setting up of the IPCC at the end of 1988, the publication of its first report in 1990, the Rio Earth Summit in 1992, as well as explored in different, sometimes discordant writings, such as Félix Guattari’s The Three Ecologies (1989), The Natural Contract by Michel Serres (1990), Bruno Latour’s We Have Never Been Modern (1991) or Luc Ferry’s The New Ecological Order (1992). This environmentalist narrative is plural, mostly polarised around three perspectives very well documented by the environmental historians Christophe Bonneuil and Jean-Baptiste Fressoz:3 green growth, rooted in a capitalism that has not given up on progress or industry and proposes an ecological version of both; degrowth, originating in a Marxist vision of society and the rejection of the neoliberal world; and finally collapsology, a perspective characterised by the idea of an inevitable ecological eschatology.

In the architectural milieu, this same multiplicity can be observed in the handling of the environmental issue, where the language focuses on sustainable green development and green engineering, and the discourses are about reuse, urban ecology or mesology. Beyond the political issue and the growth-degrowth divide, the issue of the environment in architecture is particular composite because of the multiple approaches possible and the sometimes contradictory goals. Let’s look at an example. Research carried out by the LPO, France’s bird protection league, and the City of Paris, shows that the capital’s sparrow population fell by 72% between 2003 and 2016.4 One of the reasons identified is the lack of anfractuosity in the city, notably caused by thermal renovations to buildings and the spread of external heat insulation. Yet this improvement in thermal performance is one of the cornerstones of the goal of energy efficiency in architecture. In this specific case, therefore, there is a contradiction between two ecological objectives, energy efficiency and biodiversity, which each generate a different formal solution and vocabulary.

Between a technophile and low-tech approach, between environmental integration and energy efficiency, ecological architecture is thus riddled with different and highly heterogeneous perspectives. Is it the composite nature of the narrative that makes it difficult to identify a language? Perhaps. Let us step away a little and consider the example of postmodern architecture. It too is highly composite, diverse and multiple, which is in fact partly what defines it. Yet postmodern architecture constructs a language that has been largely documented by Charles Jencks5 and other architecture critics. How does the postmodern convert heterogeneity into a language when the multiplicity of ecological approaches seems to neutralise any form of identification?

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It can easily be argued that the composite nature of ecological architecture is not enough to explain why we experience difficulties in establishing its language. For example, the ecological architecture that dominated the 2000s – i.e. sustainable architecture – is partly defined by the fact that it has made extensive inroads into architectural production without changing the appearance of that production. It does not propose a new language: the energy-saving systems it employs are discreet and often lack major formal implications. Only perhaps the spread of exterior thermal cladding, as shown very clearly in the article “Use-by Date, check packaging”6 by the architecture critic Ariane Wilson, discreetly introduces a slightly different language.

A narrative without theory?

If we pursue the parallel with postmodern architecture, we might suggest that the reason why the latter constructed a language is perhaps because it first developed a strong and structured theoretical discourse. This discourse is presented in major works of architectural history, such as The Language of Postmodern Architecture by Charles Jencks (1979) or Complexity and Contradiction in Architecture by Robert Venturi (1966), in sometimes heated debates between theoreticians of the modern movement and of postmodernism, and finally by exhibitions that highlight the ideological and formal divergences between neo-moderns and postmoderns. The theory on which postmodern architecture is founded is solid and dense, and as a result can be represented in a fruitful and easily identifiable language. Observation of the conditions under which architects assert ecological values offers us a few ways to understand the fragility of theory in ecological architecture. Consideration for the environment developed in architectural circles in the 1990s and 2000s in two stages. On the one hand, among the pioneers who, starting in the 1990s (and sometimes – often – in the previous decades), were committed in both their words and their projects to an ecological architecture: these pioneers did not pursue an overarching theoretical debate in the architecture community, or at least any such debate remained marginal. On the other hand, the world climate summits institutionalised environmental goals and contributed to the development of energy regulations that heavily affected buildings from the early 2000s. Building firms and clients rallied to the cause: new markets developed, and environmental goals, now institutionalised, were supported and sustained by construction firms. The different institutions in the architecture industry, notably the National Council of the Order of Architects, espoused ecology as a major and crucial issue: it became a fundamental aspect of all architectural production from the mid-2000s onwards. The conditions in which ecology emerged as an architectural issue were themselves not conducive to the development of in-depth theoretical debate, since ecology was brutally imposed on architects by the dominant structures (political, financial, institutional) without generating ideasbased discussion within the profession.

A diversion in method

It is undoubtedly difficult to identify the language of the composite narrative that frames ecology in the architectural milieu. Undoubtedly too, the theory of ecological architecture is perhaps still somewhat fragile and weakly structured compared with the modern movement’s architectural theory or postmodern architecture theory. So what does

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ecology do to architecture? If we observe the implications of the new climatic regime for the architecture project as a whole, if we examine the contributions of the different ideas and tools of sociologists, historians, anthropologists and philosophers of the environment to architectural design, we can identify a few stimulating stirrings. It is perhaps here, hidden in project method, that we can find the real disruption caused by the ecologist narrative.

The writings of the philosopher Bruno Latour, widely cited in architecture schools, in research centres and in the discourses of certain architects, seem to have contributed to a change in the tools of architectural design.7 The philosopher, who thought at length about our modern heritage and about ecological crisis, also built systems and proposed methods for thinking about the architectural project in a world governed by the new climatic regime. Actor-network theory, which he developed with Michel Callon and Madeleine Akrich in the 1980s, is used to understand the ramifications of the project process, interpret the role of the actors, and decipher the complexity of situations. The tools of controversy mapping, a didactic version of actor-network theory developed by Latour, are also taught in seminars and project workshops in some architecture schools and architectural practices. While Latour’s thought stimulates questions in the architecture community about the crisis of modern values and ecological eschatology, it primarily affects the design process in the architecture project. Listening to the actors, giving a voice to otter populations, to the hole in the ozone layer or to an overflowing stream, leads to a decentring of the way the project is conceived and produced. A similar effect is proposed by the philosophers and exhibition curators Kantuta Quiros and Aliocha Imhoff in their book Qui parle (pour les non humains)8 –Who speaks (for nonhumans) – which explores the tools that can be introduced to hear what these silent actors have to say, through systems of translation, spokesmanship, and attention protocols that can convey the voice of the voiceless. This also challenges the role of architects themselves, proposing a transition from the architect as author to the architect as inquirer, tasked with restoring the project territory in all its complexity and its inhabitants in all their diversity.

In 1988, the architect and teacher Anatole Kopp published the book Quand le moderne n’était pas un style mais une cause9 (When the modern was not a style but a cause), which explores the expression of ideas in style in a postmodern era characterised by performative languages. If the idea of the anthropocene has brutally disrupted the world of architecture, the low level of the latter’s engagement is perhaps an indication that the language is still in gestation or that the theoretical foundation on which this architecture of transition stands is still fragile. It is perhaps, and especially, also an indication that architecture in the anthropocene is questioning the very conditions of its conception, its production and its implementation, is examining its methodologies and is refining its tools. From these tools, from this method, there may perhaps emerge an architecture of actors, an architecture on the lookout for clues that enable it to design places in which humans, vulpes, coleoptera and a host of others can coexist.

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1 Ulrich Beck, La société du risque. Sur la voie d’une autre modernité, Traduction de Risikogesellschaft (1re ed. Suhrkamp Verlag, 1986), Aubier, 2001, p. 9 (our translation).

2 Expression borrowed from Bruno Latour, notably used by him in Facing Gaia: Eight Lectures on the New Climatic Regime, La Découverte, 2015.

3 See in particular, Christope Bonneuil, Jean-Baptiste Fressoz, The Shock of the Anthropocene: The Earth, History and Us, Verso, 2017.

4 LPO Île-de-France (lpo-idf.fr): https://lpo-idf.fr/?pg=do&sj=30

5 See Charles Jencks, Language of Postmodern Architecture, London Academy, 1979.

6 Ariane Wilson, “Date de péremption, voir l’emballage”, Criticat, n°17, 20160, pp. 89-113.

7 Margaux Darrieus, Léa Mosconi, “Bruno Latour ou le retour de la philosophie en architecture” AMC, annuel 2022, janvier 2023.

8 Kantuta Quiros, Aliocha Imhoff, Qui parle ? (Pour les non humains), PUF, 2022.

9 Anatole Kopp, Quand le moderne n’était pas un style mais une cause, Edition des Beaux-arts, 1988.

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The villageschool: how a specific programme can radiate to revitalise a village centre

Edouard Cailliau Thomas Lecourt Studio Rijsel

In our project for the first session of Living Cities, we expanded our ideas on the specific programme for a school to explore ways to revitalise the fabric of a village centre. Our “village school” proposal, which won a prize in 2021 for Europan 16, drew a parallel between the built reality and the more forward-looking ideas that can be incorporated into a school programme. Those are the ideas we develop here in the context of the Living Cities theme. As we studied the rural margins and centre of the village, we became aware that these spaces were in fact fragile. Although they had been in place for decades, over time they had undergone varying degrees of change and alterations in their uses. For example, with more individualised lifestyles and the arrival of households that did not make their living in the village, the previous community spaces (groceries, small shops, café, markets…) were emptied by the business parks and shopping centres of the nearby towns. Moreover, a lack of thought about the harmonisation and conservation of these village landscapes had completely erased their structure. Looking at historical photos from the beginning of the century, one finds a great deal of homogeneity in these compositions, a combination of red bricks, tiles and paving stones that conveyed a strong sense of solid minerality. That is no longer the case: households have undertaken their own renovation work without regulations or guidelines, covering the brick with white render or replacing timber window frames and doors with white PVC.

This created a dual challenge of both aesthetics and function, but the question was the same: how could we “re-village” and thereby revitalise this fabric?

In communities like this, the school programme is an unchanging factor (when it is not pooled via intermunicipal structures, but that is another subject). In fact, by contrast with other cultural or sports facilities, it is difficult to compromise with schools. The town or village is required to offer its children places of education of sufficient size and quality. Despite this, calls for tenders tend to be published at the last moment. We have visited schools where children were taught in terrible conditions, in 1950s municipal buildings that had never been upgraded.

The programmes are generally rigid, focused on renovation rather than transformation. There is no medium- and long-term planning, at village or larger scale, just an attempt to deal with a dilapidated building and changing demographics and to qualify for the available subsidies. As a result, a typical wording found in rural school briefs might run as follows: “Following the construction of a new housing estate in the village, the municipality wishes to improve its school’s thermal performance, build two additional classrooms and increase its dining space.”

Enriching this basic brief by zooming out, imagining possibilities not just for the school but for a whole village, its porosities, its itineraries, its temporalities.

Beyond the basic programme, in other words the task of simply following the brief, we thought it essential to undertake a larger scale diagnosis before responding to any invitation to tender. For us, this audit was the moment for the village to express its aspirations before factoring in technical or economic constraints. We carried out this assessment of the village’s potential in the last session of

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Europan in a project called the “village school”. We think of this school project as an anti-model. It has no form. It is not replicable. It is ultra-contextualised. Like a country doctor, we diagnosed problems of varying severity and tried to find spatial and architectural remedies to treat them:

Is the village square in the right place? Are its dimensions right? What should we do with the old café? Does the weekly market meet the needs of the locals? Of producers? Are the public spaces being used in the right way? At the right times? Is the street system optimised? Is it safe? Is there any available land? What is the condition of the existing architectural and landscape fabric?

These questions lead not into a plethora of architectural proposals to be “squeezed” into new buildings, but to the optimisation of existing qualities, which is achieved by introducing a few catalysts. They act as conduits or stimuli that will give substance to – bring into existence – the village school. This might mean refurbishing the school and sharing its amenities, such as school facilities, the cafeteria, or meeting rooms, which local people can use on evenings and at weekends. It might also mean building a wooden hall on the village square to improve conditions for the market, and at the same time encouraging the introduction of urban farming that can be showcased in the new structure, which might also become a venue for sports activities such as fitness or dance classes (quartier libre, Lille-Vauban). It is a process that needs to support all possible practices and aspirations in the village (and there are many such initiatives, e.g. new “third-place” programmes), and at the same time develop economic arrangements for sharing amenities in order to optimise costs and minimise operations for maximum effect on the village centre, thus ultimately making the architectural intervention central to the revitalisation of village life.

How can architecture help to catalyse cultural and social interactions?

The original brief for the village of Vendegies-sur-Ecaillon was to move the nursery school to the other side of the main road, so that the children would no longer have to cross it in order to get to the canteen. The example of Vendegies-sur-Ecaillon shows us that the basic brief –which was unchangeable because the competitive tendering system for public contracts obliges bidders to follow the programme – can nevertheless be adapted to the reality and specific potential of its context. In a standard procedure, our regular and immediate interlocutors were the elected officials themselves (mayor, public works officer, finance officer, culture and youth officer…). In these projects – which are costly to the municipality – all the interlocutors participate, so it goes beyond the issue of “remaining in office”. It is therefore during the development of the project that the discussions grow in substance and value: discussions of facts, difficulties, ambitions, all of which modulate the original fixed demands. The possibilities of the villageschool emergee in the study phases, so in that sense the village acts as an incubator of new programmes. These fruitful interactions – around the brief, the neighbourhood, the landscape or biodiversity – were introduced through discussions about creating new connections between the school programme and village activities. By offering practical descriptions of the architectural operations, we encouraged our interlocutors to discover facets of the Living City: sowing the potential for new uses. The project land consisted of the plots of demolished detached

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houses acquired by the municipality through compulsory purchase. Sloping steeply from the north (a 3 m difference in level), the upper part offers views over the distant landscape. Surrounded by public programmes (canteen, primary school, extracurricular venues, village hall, church) that have historically faced outwards towards the roads, this was a large site devoid of structure. The objective emerged from these characteristics: to clarify the urban structure by developing interactions between programmes.

The school’s location in the centre of a block gave it an introspective character. Nonetheless, we decided to open it up – in a controlled way – by means of close and meticulous dialogue with the existing fabric. Through the creation of a crossing, the school would become “walkable”, a village connector that could play its part in revitalising the urban fabric.

The site’s natural topography is the tool that facilitates the route through the school. While the old school faced up the slope, rotating the new school to face down the slope accentuates the qualities of the route. The school is crossed via the gallery – a new structure long enough to add quality to the new public space created by breaking up the primary school courtyard. This reshapes the site to give the courtyard geometric form, while opening up the view to the landscape below. A second, perpendicular movement reinforces the character of the school as a connector between the church and the presbytery. While the school follows tradition in remaining closed to its immediate environment, the boundaries and connection to the landscape are managed in such a way as to strengthen the link with the existing fabric while maintaining its protective role. Forming both a boundary and an opening, a curtain wall runs the whole length of the building perpendicular to the slope. This transparency introduces a dialogue between the children and the village and creates interactions on both sides of these two worlds. The elevated position of the passage attracts the eye to the distant landscape, making the view a spectacular component of the children’s everyday experience. Conversely, the nursery school playground is enclosed for reasons of safety, and is also located in the most sheltered part of the site. A surrounding wall, made of the same brick as the neighbouring buildings, follows a trajectory adapted to existing features, skirting foundations and a tomb to be preserved and linking to the gable wall of the presbytery. The ridgeline forms a landscape of treetops and roofs framed by two large gaps visible from the presbytery garden.

The second priority, concerning community life, relies on the interactions between programmes. Observation of the cycle of daily life in Vendegies-sur-Ecaillon reveals a wide range of activities across the different timeframes of the project. The presence of different architectural features stimulates aspirations beyond the basic brief for the school programme.

Since the topography requires an appropriate structural system, the school stands on a concrete base that houses the technical utilities and leaves the upper platform free. For linkage purposes, this pedestal also accommodates a large storage unit that can be used by the nearby municipal technical departments.

The gallery structure connecting the old and new schools, which protects the children from the rain and the prevailing winds that had prevented comfortable use of the playground, is a scalable space. We also included a living space within it – currently a tea room for the teachers – which creates the potential for future activities that can use the upper courtyard. These connections are made possible by the presence of a small kitchen and toilets. Through the simplicity of

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this unforeseen outcome, the courtyard on its own can host a ceremony, a village event or an open-air cinema, all at the heart of a secure site. The building’s flexibility is reinforced by the use of a metal roof. This was chosen for its efficiency and speed of implementation, as well as its affinity with the composition of the surrounding farm buildings. The span determines the layout, placing the school between the courtyard and the corridor. Once again, the shared programmes are specifically designed for versatility. Because of its accordion doors, the activities hall – also an extracurricular venue – becomes a buffer space. While it links the courtyard and the gallery, it can also be fully opened up to the town, forming a link between the church and the presbytery outside school hours and providing a venue for carnival celebrations or cultural and sports events.

The metal structure extends as far as the gallery, providing the desired refinement in the dialogue between top and bottom. Finally, the glazed sections make for both transparency and access to distant views. In some cases it fosters an interplay of reflections that showcase the sky and the surroundings; elsewhere it reveals the domesticity of the school areas through the warmth of the internal wooden finishes. Standing at the heart of the community, the school establishes a new and close relationship with the village. Its linear and discreet form does not disrupt the long-standing connection with the landscape. Nonetheless, the metal gallery, with its more contemporary style, acts as a connecting thread, instantiating both a new image of the village centre and also the potential for interaction between school and village life. The influence that radiates from the Vendegies school to the village and its inhabitants resonates with our prize-winning village-school proposal for Europan. We are convinced that, through programmes of this type and scale, architecture can contribute to “village making”, to creating links between local people by the opportunities it offers beyond the requirements of the brief. Overcoming boundaries and crossing thresholds is a way to embody the social role of the architect and to work on education in the broad sense of the term. Learning to live in a community, forming bonds between generations, creating a village economy, growing together in conditions that “make things possible”, are themes that need to be deeply embedded in the responses that architects provide to this kind of brief, a programme for living cities.

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The European Theme

Living Cities 2: Reimagining Architectures By Caring For Inhabited Milieus

Annexe

The 17th session of Europan has set itself the goal of pursuing the same theme than Europan 16, Living Cities, taking these changes in the content and methods of design further.

The aim is to explore the regenerative capacities of living milieus amidst new architectural, urban and landscape ecologies that attempt to overcome the opposition between nature and culture and anthropocentrism during times marked by natural disruptions and a climate emergency.

The very possibility of living is now in doubt for all, given the excessive consumption of natural resources by certain human groups to the detriment of the needs of the global population, exceeding what planet earth can replace.

Climate emergency, overexploitation, pollution, inequality and iniquity —all these disorientations demand actions of care that address the coexistence and interrelationship of all the elements of the living world, and thus mandate a radical shift in paradigm. Joan Tronto, one of the chief political theorists of the “ethic of care”, defines care as “the characteristic activity of the human species which includes all that we do in order to maintain, perpetuate and repair our world so that we can live there as well as possible.”

This demands an awareness of the affiliations and interactions at work in the situations put forward for the competition. For Europan 17, the contexts demand a change towards a more immersive approach to the conception and production of space, an approach founded in care for living milieus. The habitability of Planet Earth is in question associated both with issues of metabolism (new ways of managing flows of natural elements, materials and human beings with the aim of developing circular economy) and issues of fairness and solidarity (inclusivity of actors in processes) which were already partially operative in the contexts in Europan 16. Reimagining architectures that are embodied in “visions” and “narratives” of the evolution of sites between present and future. In response to these territorial challenges, it is more than necessary to create complex, global and dynamic spatial reconfigurations in damaged inhabited milieus in order to revitalise biological and human communities.

The care-based approach will lead to a necessary interplay of innovative, dynamic and varied project processes:

■ Producing an active understanding of what is already in place, a situational intelligence;

■ Repairing mistreated territories/spaces by subtraction and recreation;

■ Engage in sober urban projects (reduced land consumption) and in architectural projects that are economical in terms of materials, technicality, energy, attentive to resources in their impact on the Earth;

■ Reinforcing, regenerating or creating qualities of hybridisation between nature and culture;

■ Linking the scale of strategic and dynamic reflection on territories (the large-scale structuring ecological challenges) with the scale of local spaces and their re-conception (everyday spaces and shared spaces);

■ Imagining / creating architectures with a view to the connection between present and future and therefore their production and adaptability over time (sustainable development);

■ Tackling projects with a readiness for design and production

processes that involve all actors with their diversity and their differing roles.

In order to achieve this complexity, the situations that will be chosen for the Europan 17 competition must be such that the projects submitted can activate in different contexts and at different scales:

■ Symbiotic links between the living world and the cultural world, vital relations between human and nonhuman beings;

■ Spatial synergies, natural and cultural reconnections at different scales;

■ Taking into account temporalities (cycles and rhythms of the living world and the social world) in process-projects.

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Quelques pistes bibliographiques suggérées par les auteurs pour approfondir toujours plus l’idée complexe des Villes vivantes et de leurs possibilités.

A few bibliographical references suggested by the authors to further explore the complex idea of Living Cities and their possibilities.

Terraforma, Manuel de cartographies potentielles, Frédérique Aït-Touati, Alexandra Arènes, Axelle Grégoire, éditions B42, 2019

Biodiversité urbaine : Pour une ville vivante, Émeline Bailly, Dorothée Marchand, Alain Maugard, éditions PC, 2019

Le Versant animal, Jean-Christophe Bailly, Bayard, 2007

Urbanisme et biodiversité : Vers un paysage vivant structurant le projet urbain, Philippe Clergeau, éditions Apogée/PUCA, 2020

Commune frugale : La révolution du ménagement, Collectif Mouvement pour une frugalité heureuse, Actes Sud, 2022

L’économie symbiotique : Régénérer la planète, l’économie, la société, Isabelle Delannoy, Actes Sud, 2017

Penser comme un rat, Vinciane Despret, Éditions Quæ, 2009

Villes vivantes catalogue des résultats de la 16e session en France, éditions Europan France, 2022

Living cities : Europan 16 results, éditions Europan Europe, 2022

Natura Urbana: Ecological Constellations in Urban Space, Matthew Gandy, MIT Press, 2022

La ville frugale , Jean Haëtjens, l’écopoche des éditions Rue de l’échiquier, 2021

Vivants d’abord, Les Carnets du paysage, n°40, mai 2022, Actes Sud/École nationale du paysage

La Méthode tome 2 : La vie de la vie, Edgar Morin, Le Seuil, 1980

Manuel d’écologie urbaine, Audrey Muratet, François Chiron, photographies Myr Muratet, Les presses du réel / collection Al Dante, 2021

Les anthropologues et la vie, Perig Pitrou, Mimésis, 2022

Biomimétismes : Imitation des êtres vivants et modélisation de la vie, Perig Pitrou, L. Kamili et F. Provost (dir.), Techniques & Culture, nº 73, 2020

Territoires du vivant : un manifeste biorégionaliste, Mathias Rollot, éditions Les Pérégrines, 2018

Villes durables, quelles villes pour demain ?, Christophe Rymarski (éd.), éditions sciences Humaines, 2020

160 Lectures

Les nouvelles intelligences Stream, n°5, PCA éditions, 2021

La Terre, le vivant, les humains : Petites et grandes découvertes de l’histoire naturelle, Jean-Denis Vigne, Bruno David (éds.), La Découverte, 2022

Sommes-nous trop « bêtes » pour comprendre l’intelligence des animaux ? / Are We Smart Enough to Know How Smart Animals Are?, Frans De Waal, Actes Sud, Traduction Lise & Paul Chemla, 2018 / W. W. Norton & Co, 2016

Villes et architectures en débat : Europan / Cities and architecture under debate: Europan, Chris Younès, Alain Maugard (éds.), Parenthèses, 2019

Lectures

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Édouard Cailliau et Thomas Lecourt sont les deux architectes fondateurs du Studio Rijsel. Ils travaillent sur des équipements publics en milieu périurbain ou rural et ont été primés à l’Équerre d’argent 2022 par une mention spéciale du jury et par le trophée Eiffel dans la catégorie «Apprendre ». Ils sont également lauréats de la session Europan 14 sur le site de Lille avec le projet «Écoto(w)ne» et mentionnés à la session Europan 16 sur le site de La Porte du Hainaut avec le projet de «l’école-village». En découlent naturellement les réflexions proposées ici. are the two architects who founded Studio Rijsel. They work on public facilities in suburban and rural areas and won the 2022 Équerre d’Argent architecture prize with a distinction from the jury and the Eiffel Trophy in the “Apprendre” (Learn/Teach) category. They also won the Europan 14 session on the Lille site with their “Écoto(w)ne” project and were runners-up in Europan 16 on the Porte du Hainaut site with the “Village-School” project. All this led naturally to the ideas proposed here.

Anne-Lise Dauphiné-Morer est ingénieure agronome spécialisée dans l’étude du comportement animal (éthologie), elle mène un travail de recherche qui questionne comment les animaux non humains sont étudiés dans cette discipline. Ainsi, dans le cadre de sa thèse, elle développe une nouvelle approche des intentions et de l’intentionnalité chez les non-humains, afin notamment d’évaluer les effets de leurs considérations sur la manière de questionner et d’étudier les animaux.

is an agricultural engineer specialising in the study of animal behaviour (ethology). Her research explores how nonhuman animals are studied in this discipline. For her doctoral thesis, she is developing a new approach to intentions and intentionality among nonhumans, notably with the aim of assessing the effects of these factors in how animals are investigated and studied.

Fabien Gantois est architecte et urbaniste à l’agence AAFG, enseignant à l’ENSA Paris-La Villette. Il a été primé pour son projet La nature au quotidien sur le site d’Hénin-Carvin lors d’Europan 8. Il a été consultant pour Europan dans l’expertise des projets et des sites au cours des sessions 10 à 14. Il est actuellement président du Conseil régional de l’Ordre des architectes d’Ile-de-France. is an architect and urbanist at AAFG, and teaches at ENSA Paris-La Villette. He submitted a winning project under the title La nature au quotidien on the Hénin-Carvin site in Europan 8. He was a consultant for Europan in assessing projects and sites in sessions 10 to 14. He is currently President of the Regional Council of the Île-de-France Order of Architects.

Florine Lacroix est paysagiste DPLG, diplômée de l’École nationale supérieure de paysage de Versailles. Elle fonde l’Atelier L. Paysage en 2016 à Vinezac en Ardèche, lequel réalise des missions de maîtrise d’œuvre et transforme des espaces publics ruraux et patrimoniaux entre naturalité et urbanité : jardins, places, rues, quartiers. Florine aborde une démarche liée à l’éloge du vivant en milieu rural, à l’écologie urbaine, au développement durable, au réemploi, à la frugalité et à l’expertise des usages. Elle est lauréate des AJAP 2020.

is a state certified landscape architect, a graduate of the Versailles Advanced National School of Landscape Architecture. She founded Atelier L. Paysage in 2016 at Vinezac, in the

Biographies

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Ardèche, which carries out project management assignments and converts part natural part urban rural and heritage spaces: gardens, squares, streets, neighbourhoods. Florine’s particular centres of interest are highlighting the living world in rural areas, urban ecology, sustainable development, reuse, frugality and the assessment of uses. She was a Winner of AJAP 2020.

Alain Maugard est ingénieur général des Ponts et Chaussées, actuellement président d’Europan France. Il a été directeur de la Construction et de l’Habitat, président du CSTB, directeur général de l’opération d’aménagement de La Défense. Il est l’auteur de plusieurs livres sur le bâtiment durable et la ville durable.

is an ingénieur général des Ponts et Chaussées (senior civil engineer), currently President of Europan France. He was Director of Construction and Housing, President of the CSTB (centre for the science and technology of construction), general manager of the La Défense development operation. He has written several books on sustainable building and sustainable city.

Léa Mosconi est architecte HMONP, docteure en architecture, maîtresse de conférences à l’ENSA Nantes et chercheuse au laboratoire AAU-UMR1563 CNRS/MCC. Elle a fondé l’Atelier Bony-Mosconi avec Henri Bony en 2015. L’atelier prépare actuellement l’exposition Paris animal qui se tiendra au Pavillon de l’Arsenal au printemps 2023. Au sein de ses activités, Léa Mosconi explore ce que font les récits autour de l’écologie, du vivant et de l’animal, à nos manières de penser l’architecture et la ville. Depuis 2021, elle est présidente de la Maison de l’architecture en Ile-de-France.

is a certified and qualified self-employed architect, with a doctorate in architecture, an assistant professor at ENSA Nantes and a researcher at the AAU-UMR1563 CNRS/MCC laboratory. She founded Atelier Bony-Mosconi with Henri Bony in 2015. The firm is currently preparing the Paris Animal exhibition which will be held at Pavillon de l’Arsenal in spring 2023. In her work, Léa Mosconi explores the effect of narratives around ecology, the living world and the animal world on the way we think about architecture and the city. Since 2021, she has been President of the Maison de l’architecture in Île-de-France.

Perig Pitrou est anthropologue, directeur de recherche au CNRS à la Maison française d’Oxford et au Laboratoire d’anthropologie sociale du Collège de France où il dirige l’équipe Anthropologie de la vie. Au sein de l’université PSL, il anime le collectif Ville vivante, composé des chercheurs et des chercheuses d’établissements tels que le Collège de France, l’ENS, l’ENSA Paris-Malaquais, l’École pratique des hautes études, MinesParistech PSL, l’ESCPI, l’École des chartes, dont l’objectif est d’élaborer des méthodologies interdisciplinaires pour guider de nouvelles manières de construire et d’habiter la ville.

is an anthropologist, a CNRS Research Director at the French Centre in Oxford and at the Collège de France Social Anthropology Laboratory, where he heads the “Anthropology of life” team. At Université PSL, he heads the “Living City” collective, which is made up of researchers from establishments such as Collège de France, ENS, ENSA Paris-Malaquais, the École pratique des hautes études, Mines-Paristech PSL, ESCPI, l’École des chartes. The objective of this collective is to develop interdisciplinary methods to guide new ways of building and inhabiting the city.

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Daniela Perrotti

Sareh Moosavi

Daniel Otero Peña sont cher cheurs à l’Urban Metabolism Lab, laboratoire de recherche interdisciplinaire voué à l’étude de la théorie et des modèles du métabolisme urbain, étendus comme levier pour faire avancer la compréhension des relations entre communautés urbaines et ressources naturelles. Daniela Perrotti, fondatrice du laboratoire, est professeure de paysage au Louvain Research Institute for Landscape, Architecture, Built Environment de l’UCLouvain. Sareh Moosavi y est chargée de recherche FNRS. Et Otero Peña y est enseignant-chercheur doctorant. are researchers at the Urban Metabolism Lab, an interdisciplinary research centre that studies the theory and models of urban metabolism, as an instrument to advance the understanding of relations between urban communities and natural resources. Daniela Perrotti, founder of the laboratory, is a professor of landscape at Louvain Research Institute for Landscape, Architecture, Built Environment, part of UCLouvain University. Sareh Moosavi is a researcher at FNRS, Belgium’s Fund for Scientific Research. Otero Peña is a researcher, teacher and PhD candidate at the same institution.

Hélène Peskine est architecte-urbaniste générale de l’État, diplômée de l’INSA Strasbourg et de l’École des ponts Paris Tech. Elle est actuellement secrétaire permanente du Plan urbanisme construction architecture (PUCA) et présidente de l’Europe des projets architecturaux et urbains (GIP-EPAU). Elle occupait précédemment la fonction de directrice adjointe du cabinet de la ministre de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer. is a state certified ar chitect and urban planner, a graduate of INSA Strasbourg and of École des ponts Paris Tech. She is currently permanent secretary of Plan urbanisme construction architecture (PUCA) and President of Europe des projets architecturaux et urbains (GIP-EPAU). Previously, she was Deputy Director of the office of the Minister for the Environment, Energy and the Sea.

Louis Vitalis est architecte diplômé de l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Val de Seine, docteur en architecture et enseignant-chercheur à l’ENSA Paris-La Villette. Ses recherches portent sur la conception et ses rapports aux usages et aux sciences dont la biologie. Il a suivi les sessions 12 à 16 en travaillant à l’organisation du concours au sein du secrétariat français d’Europan. is an architect, a graduate of École nationale supérieure d’architecture de Paris Val de Seine, holds a PhD in architecture and is a teacher and researcher at ENSA Paris La Villette. The subject of his research is design and its connections with practices and with the sciences, notably biology. He has been involved in sessions 12 to 16 of Europan, helping to organise the competition at the French secretariat.

Biographies

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Biographies

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Cahiers Europan C17A

mars 2023

Contributions au thème de la session 17, Villes vivantes 2 : Ré-imaginer des architectures en prenant soin des milieux habités

Une publication numérique d’Europan France Editions. Retrouvez toutes nos publications sur notre site internet europanfrance.org

Association Europan France, 16 bis rue François Arago, 93100 Montreuil, France 01 48 57 72 66, contact@europanfrance.org

Éditeur

Europan France

Responsable de la publication

Isabelle Moulin

Conception éditoriale

Isabelle Moulin

Louis Vitalis

Coordination éditoriale

Louis Vitalis

Rédaction

Édouard Cailliau

Anne-Lise Dauphiné-Morer

Fabien Gantois

Florine Lacroix

Thomas Lecourt

Ruben Madar

Alain Maugard

Sareh Moosavi

Léa Mosconi

Daniel Otero Peña

Perig Pitrou

Daniela Perrotti

Hélène Peskine

Louis Vitalis

Relecture et corrections

Maud Bataille

Conception graphique

Maison Solide (Alexandre Essayie, Pablo Grand Mourcel)

Cet ouvrage est composé en Suisse Works (Swiss Typefaces), Arial Narrow (Monotype) et Architype 45 90 (Sasha Bente).

Traduction du français vers l’anglais

John Crisp

Crédits

Tous les documents reproduits dans cette publication appartiennent à leurs auteurs

Europan

Dans le cadre de la ville durable et des changements qualitatifs qu’elle opère avec la prise en compte de l’économie des ressources, des nouvelles mobilités et de la valorisation des espaces naturels, Europan donne corps à l’idée d’une Europe de la jeune architecture, de l’urbanisme et du paysage, en organisant une fédération de pays européens autour de concours de projets architecturaux et urbains ainsi que d’échanges professionnels dans ces domaines de la conception. Nous constituons des échanges scientifiques et culturels. Ces échanges doivent permettre de mieux partager ce qui est commun aux pays et aux villes d’Europe, de faire bénéficier des expériences de chacun tout en affirmant les spécificités nationales, régionales et locales. Nous offrons à des jeunes professionnels européens de la conception architecturale et urbaine la possibilité d’exprimer dans des projets des idées nouvelles qui contribuent au développement des villes européennes, en les aidant à réaliser des opérations qui mettent ces idées en œuvre. Nous associons à notre démarche des villes européennes en recherche de réponses urbaines innovantes aux évolutions des modes de vie.

Les inscriptions au concours Europan 17 se font sur le site internet d’Europan Europe, et sont ouvertes jusqu’au 30 juillet 2023 : europan-europe.eu

Liens https://twitter.com/EuropanFrance https://vimeo.com/europanfrance https://www.youtube.com/channel/ UCRhNmSO0yM2djHzLxZcvS8g/ https://www.instagram.com/europanfrance/

Remerciements

Les collectivités territoriales de la 16e et 17e session Villes vivantes (Aulnat, Auneuil, Bassens, Bernay Terres de Normandie, Courcy/Grand Reims, Douaisis Agglo, Fleurance, Grenoble, Grenoble Alpes Métropole, Guérande, Istres, La Porte du Hainaut, Le Niortais, Le Palais, Limoges, Marseille, Nantes Métropole, Pont-Aven, Rennes Métropole, Rouen Normandie Métropole, Quimper), les villes européennes participantes, les équipes sélectionnées Europan 16, Europan Europe, le Plan urbanisme construction architecture (PUCA), l’Europe des Projets architecturaux et urbains (GIP EPAU), la Cité de l’architecture & du patrimoine.

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I S B N 978-29 5 7 2 4 4 355

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