ÉDUCATION : stop aux idées reçues !
Quand il s’agit d’éducation, tout le monde pense avoir son mot à dire : entre conseils plus ou moins bienvenus d’un côté et injonctions sociales de l’autre. Josette Serres, docteure en psychologie du développement, spécialiste des neurosciences, d’observer les enfants lors de leurs jeux avant d’interpréter. Ils font des expériences pour comprendre leur nouvel environnement et nous devons leur laisser ce temps de questionnement Découvrez sa passionnante approche qui croise preuves scientifiques et accompagnement bienveillant, pour faire tomber nos idées reçues sur l’éducation et redonner du sens au rôle du parent !
Pourquoi a-t-on autant d’idées reçues sur l’éducation ?
En matière d’éducation, tout le monde a un avis. C’est moins le cas pour la physique quantique ! Pourtant, les étapes du developpement de l’enfant reposent sur des preuves scientifiques. Depuis les années 90, nos connaissances sur le développement du cerveau des tout-petits ont explosé. Malheureusement, ces découvertes, publiées pour la plupart dans des revues scientifiques, ont du mal à se faire connaître du grand public, et même des professionnel·les du secteur. Laissant ainsi le champ libre aux interprétations, aux injonctions contradictoires, ou aux conseils sur qu’« il faut » ou « ne faut pas faire », en matière d’éducation.
Quelles sont les idées reçues que vous rencontrez le plus souvent ?
« Il faut lui apprendre à partager», « dire merci », « attendre son tour »… Nous attendons beaucoup des enfants, notamment en matière de compétences sociales. Or, ce sont des compétences en construction ! Ainsi, avant 18 mois (en moyenne !), un enfant n’a pas encore la conscience des autres. Quand il prend le jeu d’un autre, ce n’est pas pour le lui « piquer » mais pour l’imiter, afin de s’identifier
à lui en se synchronisant à ses actions. C’est le début de la reconnaissance de l’autre. Alors, un conseil : Pour les aider à attendre leur tour et pour éviter les crises faites diversion et donnez des repères : « Juliette joue avec la voiture rouge, et toi, tu joues avec les maracas. Quand je taperai dans les mains, vous pourrez échanger ! »
Et pour les aider à partager, si vous êtes parents d’enfants rapprochés ou de jumeaux (cela vaut aussi pour les crèches ou les assistantes maternelles !) : achetez les jouets en double exemplaire (et de même couleur !). Des jouets identiques réduisent de 70% les conflits entre les enfants* !
En tant qu’adulte, quelle posture adopter ?
Le cerveau des enfants est câblé pour comprendre son environnement. Laissons-les évoluer naturellement. Nous n’avons rien à leur apprendre, leur cerveau est parfaitement équipé pour la vie sociale et les apprentissages : langage, mathématiques, empathie, collaboration. À nous, adultes, de leur proposer toutes les opportunités possibles pour accompagner la construction de leurs connaissances.
Comment ? D’abord en les laissant expé-
rimenter. Une chaise, avant de leur permettre de s’asseoir, est avant tout un objet à découvrir, sur lequel il peut monter, poser des jeux, taper... Notre rôle revient alors à lui dire : « je te laisse faire tes explorations mais je suis là et je te protège en cas de danger ! ».
Il faut aussi garder en tête que les enfants apprennent par imitation et répétition. Nous voulons qu’ils disent « merci » ? Soyons d’abord des bons modèles !
Enfin, parents et professionnel·les doivent prendre le temps de s’affranchir des « on dit » et s’informer sur les étapes du développement du cerveau de l’enfant, ses forces et ses faiblesses. C’est en comprenant que l’on devient compétent.
Le mot de la fin ?
Observez les enfants, faites-leur confiance et faites-vous confiance !

Pour aller plus loin :
• « Et si on revisitait certaines idées sur les enfants ? » de Josette Serres et Anne-Marie fontaine
• « Laissons-les expérimenter ! », de Josette Serres et Christine Schuhl
* source : Jacqueline Nadel, spécialiste du développement
• Propos recueillis par Laura Musseau, Responsable communication
ÊTRE PARENTS, AUJOURD’HUI... pas si facile !
En quelques décennies, le modèle éducatif traditionnel a été bouleversé, grâce notamment à l’émergence des neurosciences et de l’éducation dite positive ou bienveillante ! Une chance pour la génération future qui trouvera sur son chemin de plus en plus d’adultes respectueux et capables de les accompagner dans le développement de leur potentiel.
Mais quelle pression pour les jeunes parents qui apprennent à l’être quand on sait que sur la question de l’éducation, il y a autant d’avis que de professionnel·les, d’ouvrages ou de posts sur les réseaux sociaux !
Bienvenue dans ce que l’on appelle les injonctions paradoxales, ou quand le parent ne sait plus à quel saint se vouer… Le risque ? Ne plus se faire confiance, couper toute spontanéité instinctive dans notre relation à nos enfants, voire même tomber dans l’hyper-parentalité : « une tension excessive sur la parentalité et parfois, sur l’enfant et ses performances. Cela vient, à l’origine, d’une très bonne intention : être un parent très performant. Mais l’excès est de vouloir être un parent parfait, dans un monde parfait et avec des enfants parfaits », explique Bruno Humbeeck, dans son ouvrage, Apprendre à lâcher prise pour le bien des parents et des enfants. Chers parents, lisez, nourrissez-vous des nouveaux courants pédagogiques, mais surtout, posez-vous de temps en temps, la question : « à trop vouloir en faire, à tout contrôler, même le bonheur de ma famille et de mes enfants, est-ce que je n’en n’oublie pas la relation authentique que je peux avoir avec moi-même et avec mes enfants ? »
Une nouvelle injonction ? Peut-être ! Mais une injonction à être des parents sereins et à faire équipe avec vos enfants !

• par Caroline Larroque, Éducatrice de jeunes enfants
PARENTALITÉ EN ENTREPRISE : cassons les codes !

Problèmes de garde, inversion des priorités, manque de sommeil, grand bouleversement… le retour au travail, après un congé maternité ou parental, n’est pas un long fleuve tranquille !
93% des salariés estiment que l’équilibre des vies est très important1. La capacité à accompagner la conciliation des vies est donc essentiel pour l’entreprise, surtout lorsque l’on sait que des collaborateurs heureux sont : 2 fois moins malades, 6 fois moins absents, 9 fois plus loyaux, 31% plus productifs, et 55% plus créatifs », nous précise Tiphaine Mayolle, Consultante en Parentalité & Equilibre des vies en entreprise, lors d’un récent entretien.
Ce sujet ne concerne pas seulement les entreprises mais bien toute la société, et s’y intéresser c’est aussi répondre concrètement aux Objectifs de Développement Durable.
Le rôle essentiel des professionnel·les de la petite enfance
Les professionnel·les de la petite enfance ont naturellement un rôle à jouer auprès des parents qu’il·elles accompagnent, en créant un lien de confiance avec eux ou encore en proposant des temps d’échanges. C’est dans ce cadre qu’Eponyme a par exemple créé « Les Midis de la parentalité », un espace de dialogue ouvert aux jeunes parents sur leur pause déjeuner. Un succès qui se déclinera, dès le printemps 2023, avec le lancement des « P’tits dej de la parentalité » !

Objectif : alléger sa charge émotionnelle et mentale, en échangeant avec d’autres parents, qui partagent des problématiques proches.
Professionnel·les de la petite enfance et parents
Mais qu’en est-il des professionnel·les de la petite enfance qui sont parents ?
« Le sujet a été abordé lors de la dernière édition de notre Café des pros3, avec la mise en lumière d’un autre enjeu : celui de la double culpabilité des professionnel·les de la petite enfance qui confient la garde de leur enfant à un tiers, pour prendre soin de ceux des autres ! Les échanges ont été riches et sources de réflexion, pour améliorer et
questionner notre politique de qualité de vie au travail ! », explique Ingrid Bergeaud, co-fondatrice d’Eponyme.
Certaines entreprises, conscientes de ces enjeux pour les salarié·es, se sont emparées du sujet. Réservation de places en crèches, aménagement d’espace dédié à l’allaitement, adaptation des horaires de travail au rythme familial, allongement des congés parentaux, soutien à la parentalité en entreprise, entretien de pré-reprise, maintien du lien pendant le congé parental… autant de mesures qui ouvrent le champ des possible pour faire avancer sur le sujet.
« Mais c’est avant tout un changement culturel qui doit s’opérer pour que la parentalité ne soit plus envisagée comme un frein à la carrière, et que le travail ne nuise pas à la sérénité familiale »., conclue Tiphaine Mayolle.
Pour aller plus loin : « La parentalité en entreprise expliquée à mon boss », de Tiphaine Mayolle - éd. Kawa
1 Baromètre OQVT 2017
2 D’après une étude Harvard/MIT publiée dans l’Harvard Business Review
3 Les Cafés des pros d’Eponyme sont des rendezvous bi-mensuels, où la parole est libre et écoutée, autour du travail quotidien.