

Marie Assénat
Rebecca Genet
J’ai rêvé d’un
gâteau
Marie Assénat
Rebecca Genet
gâteau
haut qui ne peut se décrire en un mot
Marie Assénat
Rebecca Genet
Bienvenue dans notre livre !
C’est presque le début.
Tout a commencé par la drôle d’idée de deux amies de longue date qui aiment autant dormir que manger.
Dans son atelier, Marie rêvait de gâteaux insensés. Avec ses pinceaux et ses gouaches, elle les transformait en peintures, puis les envoyait à Rebecca.
Dans sa cuisine, celle-ci faisait de son mieux pour les réaliser en vrai. La cuisine était saccagée, les gâteaux étaient photographiés, les copains et les copines invités et tout était mangé. Ça s’est passé comme ça pendant des mois. Et puis, Rebecca a imaginé des récits-poésies entre les gâteaux rêvés de Marie et ses gâteaux qui avaient pris vie (et si ça rime, c’est parce que c’est joli).
Bienvenue dans notre livre !
Maintenant, c’est vraiment le début.
J’ai rêvé un rêve des plus colorés
J’ai vu ses couleurs même les yeux fermés
Derrière mes paupières, elle se promenait
Une dame étonnante, une dame étonnée
Avec un col rose et une jupe à pois
Des soleils levants à la place des bras
Avec un chapeau comme une fleur
Et des grandes fesses rondes comme ma sœur
Si ses couleurs sont contagieuses
Notre rencontre sera merveilleuse
Ne me réveillez pas trop tôt
Si je suis avec Dame Gâteau !
Dans ma cuisine, j’en ai fait trois
Grand rond, étroit, petit comme ça
J’y ai mis des amandes, j’y ai mis du citron
Des graines de fenouil parce que c’est très bon
Une crème au curcuma en guise de fond de teint
Car sa mine dorée, je m’en souviens bien
Et pour l’habiller de rose, follement chic
Betterave et framboises, ingrédients magiques
Au pinceau sucré je peins son visage
C’est elle, la voilà, ce n’est pas un mirage
Cette fois mes yeux ne sont pas fermés…
Dame Gâteau, ravie de vous rencontrer !
J’ai rêvé d’un gâteau très haut
Qui ne peut se décrire en un mot
Un peu tremblotant parfois
Marron avec des gros pois
De l’or qui coule sur les côtés !
Une poire sur un nuage rosé !
Des rayures au-dessus, surprenant
C’est un Délice dégoulinant…
Dans ma cuisine, j’en ai cuit plein
Avec du café comme parfum
Une crêpe une crêpe une autre crêpe
Pendant des heures sans qu’on m’arrête
De la chantilly entre chaque couche
Pour avoir des épices plein la bouche
Cacao, cardamome et café
Une sauce au caramel salé
Des rayures en pelures, ça c’est dingue
Une poire givrée sur sa meringue
Voici que mon rêve est réalité
Délice dégoulinant, je viens te… MANGER !
J’ai rêvé d’une montagne bleutée
Pas lisse mais toute cabossée
Quand j’ai regardé de plus près
J’ai vu du bleu et du violet
Ce n’est pas une montagne du tout
C’est un gâteau en boules, c’est fou !
Comme la neige sous un crépuscule
Ou un igloo fait de cent bulles
J’ai cru y voir deux yeux brillants
Est-ce que quelqu’un se cache dedans ?
Ce mets aux arrondis charmants
M’a fait saliver en dormant
À mon tour j’aimerais qu’on m’y roule
Il va me faire Perdre la boule !
Dans ma cuisine, il reste du café
J’en fais un gâteau parfumé
Et le chou rouge dans mon potager
Va colorer les boules bleutées
(car du chou rouge naît du jus bleu,
c’est quelque chose de merveilleux)
Le gâteau fut réduit en miettes
Pas le temps de faire sa toilette
Les miettes liées au mascarpone
Ont roulé pour trouver leur forme
Trempée dans du chocolat bleu
La montagne est née sous mes yeux
Elle sera difficile à gravir
Mais délicieuse à engloutir
Perdre la boule ? Avec PLAISIR.
J’ai rêvé d’une poule bien bronzée
Assise sur un gâteau doré
Elle a l’air de dormir, c’est sûr
On dit qu’elle couve des œufs durs
Ils ne sont même pas sous ses fesses
Ils dégringolent avec maladresse
Avec leurs couleurs de joyaux
Bleus et puis rouges, petits et gros
Est-ce que c’est son anniversaire ?
Une bougie flambe vers son derrière
Si elle se réveille pour sa fête
Elle dansera follement dans ma tête
Je crois qu’il n’y a rien de plus cool
Que ce rêve de Charlotte aux poules…
Dans ma cuisine, j’ai fait tremper
Des biscuits cuillère allongés
J’en ai tapissé mon moule
Mais dedans il n’y a pas de poule !
Il y a de la crème et des poires
Ce sera le dessert ce soir
La poule, elle, ira par-dessus
Croquante au cacao, vois-tu ?
Je colore ma pâte d’amandes
Pour pondre des œufs sans attendre
Sa bougie sera allumée…
Charlotte aux poules, on va danser !
J’ai rêvé d’une toute petite île
Mais elle n’a pas l’air bien fragile
Le palmier dessus rigole bien
Il s’amuse là-bas, c’est certain
Est-ce de la neige éternelle
Qui se détache devant ce ciel ?
La montagne est pourtant bien verte
Sur cette étonnante île déserte
On dirait une plage par-dessous
Toute parsemée de sable roux
La nuit a l’air de tomber
Sur cette mystérieuse Île glacée...
Dans ma cuisine, il y a un grand bol
Je l’ai rempli de boules de glace molle
Ce mont de glace une fois gelé
Sur un gâteau fut posé
Le tout bien enrobé de crème
J’en écrirais presque un poème
Il y a du sésame sur la plage
Et du thé vert dans le nappage
Et sur la drôle de pente laiteuse
Des glissades vertigineuses
Car une famille de confettis bleus
Se jette dessus à qui mieux mieux
J’aimerais m’y promener pour de vrai
Île glacée, je prends mon billet !
J’ai rêvé d’un pic, d’un mont, d’un sommet
Était-ce vert bleuté ou bleu-vert, qui sait ?
Sa pente n’était pas raide mais ondulée
Ses touffes d’herbe rouge aux reflets dorés
Ses petits moulins tournaient dans le vent
Tant de tourbillons d’un vert éclatant
Et là-haut, tiens donc, une autre couleur
Des herbes qui un jour ont changé d’humeur
Qui ont dit comme ça : Le rouge, ça suffit
Nous serons bleues d’encre dans nos nouvelles vies
Alors elles grimpèrent jusque tout en haut
Pour être visibles même par les oiseaux
Quelle que soit l’histoire de ce mont vibrant
Je l’appelle Monticule tourbillonnant…
Dans ma cuisine, j’ai mélangé
Crème de marrons et beurre salé
Œufs, farine, levure et tout ça
En un gâteau, puis deux, puis trois
Taillés en montagne pointue
Poudrée, tournoyante et touffue
Ses herbes en caramel croquant
Pourraient chatouiller les passants
Mais moi, elles me reconnaîtront
On s’est connu en rêve, voyons…
Oh, Monticule tourbillonnant
Te voici en vrai, c’est étourdissant !
J’ai rêvé d’une odeur, savez-vous ?
C’était celle d’une fleur, voyez-vous
Toute rose éclatante au sourire ravi
Elle ensoleilla mon lit dans la nuit
Car là, flamboyant derrière ses pétales
Le soleil se couche pendant qu’elle s’étale
Tout comme le sommeil est venu pour moi
Il arrive cueillir ma fleur, le voilà
Il lui chante tout bas, elle ferme les yeux
Je crois que ça y est, on dort toutes les deux
Vraiment, elle m’enchante
Cette Fleur craquante !
Dans ma cuisine, j’ai alterné
Crème vanillée, biscuit meringué
Et un glaçage au cacao
Pour garder ma fleur bien au chaud
J’ai coulé l’habit de feuilles blanches
En meringue autour de ses hanches
J’ai boutonné son pyjama
Je ne voulais pas qu’elle prenne froid
Là, sur sa flaque de caramel
Voici le lit de ma fleur-sommeil
Maintenant elle ronfle paisiblement
Ses rêves peuplés de fleurs des champs
Fleur craquante, continue de rêver
Je t’attends pour petit-déjeuner.
J’ai rêvé de couleurs et de confettis
J’ai rêvé d’une folle folie rouge rubis
J’ai rêvé de vaaagues de crème chantilly
J’ai vraiment aimé le rêve de cette nuit
Je voulais manger les paillettes brillantes
Mais elles sautillaient, folles et chatoyantes
Je voulais lécher le nuage de crème
Mais des billes dorées le gardaient pour elles
J’ai voulu croquer la cime pointillée…
Mais là mon frère m’a réveillée !
Est-ce qu’une autre nuit sera si géniale
Quand dans ma tête vit la Gelée Royale ?
Dans ma cuisine, si vous saviez
Ce que j’ai fait une fois réveillée
J’ai réfléchi devant mon frigidaire
N’ayant pu manger mon imaginaire
Je voulais retrouver dans mon assiette
Mon rêve épatant et toutes ses paillettes
Alors, eau sucrée et fleur d’oranger
Abracadabra ont fait une gelée
La crème fut fouettée et posée dessus
(oui ça remuait et glissait, j’ai vu)
Mais elle n’a pas dû attendre longtemps
Quelques confettis et j’y mets les dents
Gelée Royale, j’ouvre la bouche, entre…
Gelée Royale, enfin dans mon ventre !
J’ai rêvé d’un chapeau, je crois
Oui je vous l’assure, non je ne mens pas
Il était terriblement élégant
Je l’aurais porté, ça c’est évident
Était-ce le chapeau d’une comtesse ?
Il avait des airs de noblesse
Était-ce celui d’un jeune acrobate
Ainsi habillé de pierres écarlates ?
Non j’ai trouvé, c’est bien ma veine…
J’ai rêvé du Chapeau de la Reine !
Dans ma cuisine, j’ai fait ça tout rond
Une génoise en forme de chapeau melon
Une crème légère pour l’habiller
(si c’est trop lourd on ne peut pas danser)
Les joyaux, à croquer, c’est trop dur
Alors je pioche dans la nature
Raisins et groseilles, ces baies lumineuses
Seront pour ma reine comme des pierres précieuses
J’y ajoute enfin quelques pétales bleus
Ils virevolteront dans le ciel venteux
Maintenant je peux dire, devant mon miroir
Chapeau de la Reine, viens, on sort ce soir !
J’ai rêvé d’une tente (pas ma tante Helga !)
Avec des rideaux qui s’ouvrent comme ça
Ils ondulent vaguement après chaque passage
Ils gardent peut-être quelque bête sauvage
Un vieux lion qui jongle avec cent saucisses
Une grande autruche rose, sa fille et son fils
Ou d’autres merveilles qu’on n’imagine pas
Un monde délicieux caché juste là
Prairies, montagnes, bois et rivières
Des nuages déments en crème pâtissière
Quand je veux m’enfuir, je ferme les yeux
Et j’entre dans ce Chapiteau crémeux !
Dans ma cuisine, j’ai imaginé
Un gâteau aux pistaches ondulé
Dedans, il est vert comme une forêt
Et bien moelleux grâce à du lait
Rose et rouge, bleu, vert et doré
J’ajoute mes bonbons préférés
Si les rideaux sont à la fraise
Il se peut que l’entrée nous plaise
Et là j’imagine une pluie d’éléphants
Même en sachant ce qu’il y a dedans
C’est qu’il a une nature mystérieuse
Cet abri né de ma tête curieuse
J’y vais d’abord, vous viendrez après
Chapiteau crémeux, révèle tes secrets…
J’ai rêvé d’un gâteau fruité
(pas d’autre mot pour le présenter)
Plein de fruits sucrés, juteux et croquants
Comme au marché un jour de printemps
Où j’aurais tout acheté, c’est coquin
Pour les autres gens, il n’y a plus rien
Il reste des brioches au sucre de canne
Un cochon rôti, une botte de pivoines
Vous pouvez manger du pain et du miel
Et pardonnez-moi, c’est exceptionnel
Je ne voulais vraiment embêter personne
En rêvant ce rêve de façon gloutonne
Mais voici le jour, la nuit est partie
Et je veux croquer cette Folie aux fruits !
Dans ma cuisine, j’ai fait un gâteau
(c’est bien simple, il n’y a pas d’autre mot)
Dedans bien moelleux, du citron, des pommes
Dessus des fruits sous toutes les formes
Frais, givrés, confits ou en pâte d’amandes
Qu’importe, je les ajoute à la demande
Car plus on a de fruits, plus on rit
C’est quelque chose que j’ai appris
Je les empile sur un glaçage crémeux
Si ça dégouline, c’est presque tant mieux
J’ai fini, c’est prêt, à table, venez vite !
Ma Folie aux fruits, tu connais la suite…
Ceci n’était qu’un aperçu de J’ai rêvé d’un gâteau très haut qui ne peut se décrire en un mot. Pour découvrir la suite, rendez-vous en librairie ou sur notre boutique en ligne www.maison-georges.com
Des gâteaux étonnants prennent vie en cuisine comme par magie.
Des poèmes amusants racontent joyeusement de délicieux récits.
Une invitation à la gourmandise et à l’imagination.