EchoBio n°25 - Eau secours ! Protégeons la vie

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Dossier

consommation humaine revendiqué à base de nanoparticules manufacturées n’a reçu d’agrément du ministère de la Santé.

L’aluminium en cause

La féminisation des poissons est un phénomène attribué en partie à l’augmentation, dans leur milieu, d’oestrogènes, via la pilule contraceptive, les pesticides ou certains conservateurs. particulièrement étudiés, explique Céline Lagarrigue, de l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée et Corse : le bioréacteur à membranes, le filtre à charbon actif et l’ozonation, sans pour autant que leur réelle performance ne soit validée et communément acceptée. En France, il n’y a pas encore d’installation spécialement conçue pour traiter les micropolluants”. Pour enrayer la contamination à la source, d’aucuns appliquent aux unités d’assainissement les mêmes exigences que celles des stations de traitement de l’eau. De fait, l’eau rejetée dans les milieux naturels est quasiment aussi propre que celle fournie aux citoyens. “Les Suisses ont tendance à généraliser ce procédé. À mon sens, cette opération, eu égard au coût supplémentaire supporté par le contribuable, ne se justifie que si l’impact s’avère inacceptable”, poursuit Thomas Pelte. Autre zone d’ombre : il ne faut pas sous-estimer la création de métabolites dont les effets peuvent s’avérer pires que la molécule de départ !

Certaines matières ajoutées pour potabiliser l’eau suscitent en effet des inquiétudes. C’est le cas de l’aluminium (sulfate d’aluminium, sels d’aluminium prépolymérisés) utilisé lors du traitement des eaux comme réactif chimique dans l’étape de coagulation. Or, cette substance est fortement soupçonnée de favoriser la maladie d’Alzheimer qui, incurable et mortelle, est la cause la plus fréquente de démence sénile. En 2000, l’étude Paquid, menée par une unité de l’Inserm sur les départements de la Gironde et de la Dordogne, concluait que, selon le taux d’aluminium dans l’eau potable (mais inférieur pourtant à la norme de 0,2 mg/ l), le risque de développer la maladie d’Alzheimer est multiplié par deux. En 2003, l’Afssa, soutenu par l’Afssaps et l’Institut de veille sanitaire, affirmait qu’“en l’état actuel des connaissances”, “une relation causale ne peut être raisonnablement envisagée”. L’inquiétude n’étant pas partagée par tous, faut-il pour autant la nier ? Suivant le principe de précaution, la ville de Paris a renoncé à ce procédé et flocule aux sels ferriques. Dans les pays du Sud, des alternatives existent. Ainsi, les graines de Moringa, totalement biodégradables, remplacent le sulfate d’alumine pour éliminer la turbidité de l’eau. En revanche, l’innovation en matière de dépollution se paye. Conséquence logique : le prix de l’eau ne fait qu’augmenter. En moyenne, elle coûte 3 euros/m3, si l’on intègre la consommation (sur la base familiale de 120 m3 par an), l’assainissement et l’abonnement. Alors, pour stopper cet engrenage, ne serait-il pas plus judicieux de protéger la ressource aquatique ?

La bio au secours de l’eau 507 zones de captages d’eau ont été déclarées sensibles, voire problématiques, suite au Grenelle de l’Environnement. Il y a donc urgence à les préserver pour se mettre en conformité avec

Nanoparticules

et maxi-interrogations

Et demain ? Que pourrait bien charrier comme nouveaux polluants le lit de nos rivières ? Les nanoparticules posent question d’autant que leur injection directe dans des nappes souterraines, dans un but de traitement des eaux en amont, est envisageable : l’étape de coagulation-floculation se ferait naturellement ! Cependant, dès 2008, l’Anses émettait des réserves : “Compte tenu des connaissances encore parcellaires sur le devenir des nanoparticules libres dans les milieux poreux, de l’absence d’outils de mesure en routine, de l’existence de technologies alternatives, de la possibilité de migration vers des prises d’eau destinées à produire une eau destinée à la consommation, il est vivement recommandé que l’injection directe de nanoparticules à des fins de traitement dans les aquifères pollués soit interdite en France.” À ce jour, aucun traitement des eaux vouées à la

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EchoBio

/ Septembre Octobre 2010

Le musée de l’eau, à Pont-en-Royans, en Isère, décrit le cycle naturel de l’eau et prěsente une passionnante collection d’eaux du monde.


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