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de architectura
from #6 Novembre 2019
La Grille Libératrice et l’Espace Intermédiaire : Quand le « Rationnalisme High-Tech » de Renzo Piano réenchante l’Habitat Social Parisien.
Habilement camouflés au sein du tissu parisien dense et populaire du XIXème arrondissement, se cachent rue de Meaux, un ensemble résidentiel, aux façades d’apparences neutres, mais qui abrite entre leurs murs un corpus de bâtiments uniques, marqués à leur livraison en 1991 du célèbre sceau de l’Equerre d’Argent.
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Cet ensemble de logements sociaux contemporains est le fruit non-défendu de la collaboration prolifique, troisième du nom, entre l’architecte italien Renzo Piano (Pritzker Price 98’) et les paysagiste français Michel Desvigne (Grand Prix Urbanisme 2011) et Christine Dalnoky.
Aux antipodes d’une vision ouverte de l’ilot parisien, ce projet de 220 logements prends le parti de faire s’articuler, sur une parcelle enclavée de forme rectangulaire, quatre grands blocs de bâtiments rassemblés autour d’une cour intérieure composée de bouleaux aux formes élancées et de chèvrefeuilles rampants.
Malgré son faible budget, ce projet brille par sa capacité à questionner et réinventer le logement social classique.
Au niveau de la composition végétale, l’objectif était ainsi de recréer une nature artificielle qui prennent la forme d’une ‘‘forêt urbaine’’. Ce jardin bucolique permet ainsi aux habitants de s’isoler des nuisances sonores urbaines et au bâtiment de capter une lumière directe et continue, créant ainsi un véritable ‘‘ilot de fraicheur’’ propices aux rencontres de voisinages cultivées.
Au niveau constructif, le travail de l’architecte s’est illustré tant à l’échelle de la ville qu’à l’échelle du détail structurel. D’un point de vue urbain, les façades modulaires divisées chacune en trois trames permettent ainsi une continuité avec la ville en s’alignant aux murs pignons et aux gabarits existants. Une trame verticale régulière aux multiples variantes qui se prolonge à l’horizontal dans le tracé des allées du jardin sauvage. Les volumes à la géométrie épurée reprennent les codes typologiques de l’usine et sont ponctués à leurs extrémités de fentes dévoilant les différents accès aux bâtiments tout en brisant l’aspect monolithique général.
Enfin, au niveau de la matérialité, l’édifice tire sa spécificité d’une structure à double peau composée de béton composite et d’un fin parement de brique de terre cuite [ndlr : Cité Internationale de Lyon].
Par la transplantation gracieuse et délicate d’un véritable morceau de paysage bio-climatique (Arboretum de Chevreloup de Versailles) tout en brisant les codes du bâti compact Haussmannien, le Paysagiste et l’Architecte, par leur « désobéissance commune », font retrouver aux HBM, leurs lettres de noblesse.
Vincent Richard du Perron