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Phénix
from #6 Novembre 2019
Phénix
Et si l’architecture était un moyen d’apporter de nouveaux caractères à ce monde changeant ? L’architecture comme phénix, renaissant de ses cendres.
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Espace de bureaux transformé en logements, usine devenue musée, rue transformée en allée ; la réhabilitation de l’ancien est aujourd’hui une véritable problématique pour les architectes. Dans ce domaine, on entend souvent dire qu’« aujourd’hui tout a été fait », mais bien au contraire, tout reste à faire. Nous sommes sans aucun doute à l’aube d’une nouvelle ère de l’architecture, celle du faire neuf avec l’ancien, celle qui fait muer les édifices d’autrefois, qui, tel un serpent, doivent faire peau neuve pour s’adapter à cette nouvelle époque.
Le temps est aujourd’hui une notion qui n’est plus prise comme étant abstraite. Les objets, les édifices, vieillissent, s’usent, se rabougrissent, restent dans l’oubli… pourtant subsiste l’âme, l’idée, l’essence. C’est cette âme de l’architecture que les nouvelles programmations permettent de revaloriser, elles donnent à des lieux délaissés une importance plus actuelle. L’idée n’est pas d’inventer à partir de rien mais de réussir à s’inspirer sans plagier, à emprunter sans voler pour réinventer, sans simplement copier. C’est ce que l’on apprend en ENSA : à concevoir l’architecture comme une éponge qui s’inspire de toutes autres matières.
L’architecture aujourd’hui n’est plus juste une question, eh bien, d’architecture. A l’heure de l’anthropocène chacun espère une remise en question de l’architecture de par la sociologie, ou tout autre étude des comportements humains. En effet, par cette analyse des fonctions et du commun de ces vingt dernières années, différentes aptitudes apparaissent : l’hyperconsommation grandissante, qui se remet petit à petit en question ; la rapidité de transmission des informations ou encore le culte de l’image et du paraître au travers des réseaux sociaux. Il en découle alors de nouvelles approches de l’architecture, comme une architecture de l’iconographie, qui doit faire sens, rapidement. Puis, une architecture éphémère et réflective, avec par exemple la question du réemploi et de la requalification.
Mais d’autres domaines des arts et des arts appliqués sont atteints, c’est le cas du design d’objet. L’objet devient partie intégrante de l’espace : comme Perec qui qualifierait la place du crayon sur le bureau, bureau lui-même placé dans une pièce, l’objet doit se penser dans le temps de la pièce, dans le temps de l’édifice et non pas uniquement comme objet propre. Beaucoup d’architectes se posent la question de l’ameublement de leur espace, hier comme aujourd’hui, c’est le cas de Mackintosh, de Le Corbusier ou encore d’Alvar Aalto. Les nouvelles programmations sont aussi un sujet qui touche le design, le marketing ou la vente. Aujourd’hui rien n’est plus possible sans l’image que renvoie un objet à consommer. Est-ce quelque chose qu’il faut changer ? Est-ce au contraire une opportunité pour l’architecte de pouvoir enfin s’affirmer ?
Léa Balmy et Maud Laurentie